Manou

MÂNAVA DHARMA ÇÂSTRA - LOIS DE MANOU

 

TRADUITES DU SANSKRIT PAR G. STREHLY

Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer

LIVRE IV

LIVRE III - LIVRE V

 

 

 

 

 

 

 

MÂNAVA DHARMA ÇÂSTRA

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LOIS DE MANOU

TRADUITES DU SANSKRIT

PAR

G. STREHLY

ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

PROFESSEUR AU LYCÉE MONTAIGNE

ERNEST, LEROUX, ÉDITEUR

28, RUE BONAPARTE, 28

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1893

 

LOIS DE MANOU

 

TRADUITES DU SANSKRIT

PAR

G. STREHLY

 

 

 

LIVRE QUATRIÈME

Les Devoirs du Maître de maison : Subsistance, étude du Véda, devoirs moraux, aliments permis ou défendus.

NOTES EXPLICATIVES

1. Après être resté le premier quart de son existence auprès de son précepteur, le Brahmane ayant pris femme passera le deuxième quart dans sa propre maison.

2. Le genre de vie qui ne cause aucun tort aux créatures, ou qui en cause le moins possible, est celui que doit adopter le Brahmane, sauf en cas de détresse.

3. Il doit amasser des biens autant qu'il est nécessaire à sa subsistance par les occupations irréprochables qui lui sont propres, sans fatiguer son corps.

4. Il peut vivre du Rita et de l'Amrita, ou du Mrita ou du Pramrita, ou même du Satyânrita, mais jamais de la Svavritti.

5. Rita désigne l'action de glaner des grains et des épis; Amrita c'est (ce qu'on reçoit) sans l'avoir demandé; Mrita (c'est) au contraire l'aumône sollicitée; Pramrita désigne l'agriculture.

6. Satyânrita désigne le commerce, dont on peut vivre à la rigueur; la domesticité est appelée Svavritti; aussi (un Brahmane) doit-il l'éviter.

7. On peut avoir une provision de grains suffisante pour remplir son grenier, ou pour remplir une jarre, ou n'en avoir que pour trois jours, ou enfin n'avoir aucune provision pour le lendemain.

8. Or de ces quatre Brahmanes maîtres de maison, (c'est) chaque fois le dernier dans l'ordre (qui) doit être tenu pour supérieur (au précédent, comme étant celui qui) par sa vertu a le mieux subjugué le monde.

9. L'un d'eux subsiste par six occupations, l'autre par trois, l'un par deux, le quatrième enfin vit (par une seule qui est) l'enseignement de la Sainte-Écriture.

10. Que celui qui vit en glanant des épis et des grains, toujours attentif à l'entretien du feu sacré, accomplisse seulement les sacrifices qui ont lieu aux changements de lune et aux solstices.

11. En aucun cas il ne doit pour subsister poursuivre une occupation mondaine; qu'il vive delà vie d'un Brahmane, droite, sincère et pure.

12. Celui qui désire le bonheur doit chercher le parfait contentement et dompter ses sens ; car le bonheur a pour racine le contentement, et le malheur l'inverse.

13. Un Brahmane sorti de noviciat et qui mène l'un quelconque des genres de vie (précédemment énoncés), doit remplir les devoirs (suivants, dont l'observation) lui assure le ciel, une longue vie et la gloire.

14. Il doit toujours, sans se lasser, remplir les obligations qui lui sont prescrites par le Véda, car celui qui les remplit dans la mesure de ses moyens atteint la condition suprême.

15. Dans la prospérité ou dans le malheur, il ne doit pas chercher la richesse avec trop d'avidité, ni par des actes défendus, ni (accepter) de n'importe qui.

16. Qu'il ne s'attache point par sensualité aux objets des sens; qu'il réprime par la raison l'attachement excessif à ceux-ci.

17. Il doit fuir tous les biens qui empêchent l'étude du Véda, et (toujours être occupé à) l'enseigner comme il convient; car c'est là (ce qui lui procurera) la réalisation de ses désirs.

18. Il doit vivre ici-bas en mettant ses vêtements, ses paroles, ses pensées en conformité avec son âge, ses occupations, sa fortune, sa science et sa race.

19. Il doit toujours avoir sous les yeux ces traités qui développent rapidement la science, qui conduisent à la richesse, qui sont profitables, ainsi que les traités interprétatifs du Véda.

20. Car plus un homme étudie les traités, plus il acquiert de science, et plus son savoir brille.

21. Il doit autant que possible ne jamais négliger les sacrifices aux Sages, aux Dieux, aux Êtres, aux hommes et aux Mânes.

22. Certaines gens connaissant le rituel, accomplissent constamment les (cinq) grands sacrifices dans leurs organes des sens, sans faire aucun effort (extérieurement).

23. Les uns sacrifient constamment leur respiration dans leur parole, et leur parole dans leur respiration, voyant la récompense impérissable du sacrifice dans (leur) parole et (leur) respiration.

24. D'autres Brahmanes, voyant par l'œil de la science que l'accomplissement de ces sacrifices a pour base la science, les font toujours par la science seule.

25. (Un Brahmane) doit toujours offrir le sacrifice au feu au commencement et à la fin du jour et de la nuit, et accomplir à la fin de chaque quinzaine les sacrifices de la nouvelle et de la pleine lune.

26. Quand le grain (précédemment recueilli) est épuisé, le Brahmane doit faire une oblation de grain nouveau ; à la fin de chaque saison, il doit accomplir le sacrifice qui a lieu tous les quatre mois, à l'époque du solstice offrir un animal domestique, à la fin de l'année faire les offrandes de soma.

27. Un Brahmane qui entretient les feux (sacrés), s'il désire vivre longtemps, ne doit pas manger du grain nouveau ou de la viande, avant d'avoir offert les prémices du grain nouveau et (sacrifié) un animal domestique.

28. Car ses feux (sacrés), avides de grain nouveau et de viande, s'ils n'ont pas été honorés par les prémices du grain et par l'offrande d'un animal domestique, cherchent à dévorer ses souffles vitaux.

29. Qu'aucun hôte ne séjourne dans sa maison sans être honoré autant que possible d'un siège, d'aliments, d'une couche, d'eau ou de racines et fruits.

30. Les hérétiques, les gens qui ont des occupations défendues, ceux qui vivent comme des chats, les gens perfides, les sceptiques et ceux qui vivent comme des hérons, il ne doit pas les honorer même d'une parole.

31. Il doit honorer (en leur donnant part) aux offrandes destinées aux Dieux et aux Mânes les Brahmanes maîtres de maison, instruits, qui ont quitté leur précepteur après avoir étudié le Véda et accompli leurs vœux ; mais qu'il évite ceux qui sont tout le contraire.

32. Selon ses moyens un maître de maison doit donner (des aliments) à ceux qui ne cuisent pas pour eux-mêmes (tels que les étudiants ou les religieux mendiants), et attribuer une part à (tous) les êtres, sans (toutefois) qu'il en éprouve aucun détriment.

33. Un (Brahmane) sorti de noviciat, étant pressé par la faim, peut implorer des secours d'un roi, ou d'une personne pour laquelle il sacrifie, ou de son élève, mais d'aucun autre ; telle est la règle.

34. Un (Brahmane) sorti de noviciat qui est en état (de se procurer sa subsistance) ne doit jamais se laisser périr de faim, ni porter des vêtements vieux ou sales, quand il a du bien.

35. Qu'il ait les cheveux, les ongles, la barbe coupés, qu'il soit le maître de ses sens, qu'il porte des vêtements blancs, qu'il soit pur, constamment appliqué à l'étude du Véda et à ce qui peut lui être salutaire.

36. Qu'il porte un bâton de bambou, un pot plein d'eau, un cordon sacré, une poignée d'herbe kousa et deux boucles d'oreilles brillantes en or.

37. Il ne doit point regarder le soleil quand il se lève ou quand il se couche, quand il est éclipsé, quand il se reflète dans l'eau, ou quand il est à son zénith.

38. Il ne doit point enjamber la corde (à laquelle est attaché) un veau, ni courir quand il pleut, ni regarder son image dans l'eau ; telle est la règle.

39. (En passant près) d'un monticule, d'une vache, d'une idole, d'un Brahmane, (d'un pot) de beurre clarifié ou de miel, d'un carrefour, ou d'arbres bien connus, il doit les avoir à sa droite.

40. Quelque désir fougueux qu'il éprouve, il ne doit point approcher sa femme à l'époque des règles, ni coucher avec elle dans le même lit.

41. Car lorsqu'un homme approche une femme qui a ses règles, sagesse, énergie, force, vue, vitalité, (tout) dépérit (en lui).

42. (Mais) s'il évite sa femme quand elle a ses règles, sagesse, énergie, force, vue, vitalité, (tout) croît (en lui).

43. Il ne doit pas manger avec sa femme, ni la regarder quand elle mange, éternue, bâille, ou quand elle est assise nonchalamment.

44. Un Brahmane qui tient à son énergie, ne doit point regarder sa (femme) lorsqu'elle s'applique du kohol sur les yeux, quand elle se parfume d'essences, quand elle est sans vêtement, ou quand elle accouche.

45. Il ne doit point prendre d'aliments n'ayant qu'un seul vêtement, ni se baigner tout nu ; il ne doit point uriner sur une route, sur des cendres, ni dans un parc à vaches,

46. Ni dans une terre labourée, ni dans l'eau, ni sur une pile de bois, ni sur une montagne, ni dans un temple en ruines, ni sur une fourmilière,

47. Ni dans les trous habités par des êtres vivants, ni en marchant, ni debout, ni sur le bord d'un fleuve, ni sur la cime d'un mont.

48. Qu'il n'évacue jamais d'excréments ou d'urine la face tournée vers le vent, le feu, un Brahmane, le soleil, l'eau ou des vaches.

49. Qu'il dépose (ses excréments) après avoir couvert (le sol) avec du bois, des mottes, des feuilles, de l'herbe, et autres choses semblables, en retenant ses paroles, étant pur, le corps enveloppé et la tête couverte.

50. Le jour il évacuera ses urines et ses excréments le visage tourné vers le Nord, la nuit la face tournée vers le Sud, aux deux crépuscules de la même manière que le jour.

51. Dans l'ombre ou dans l'obscurité, soit de jour, soit de nuit, un Brahmane peut faire (ses besoins) le visage tourné dans la direction qui lui plaît, comme aussi dans le cas où il craindrait pour sa vie.

52. Elle périt l'intelligence de celui qui urine en face du feu, du soleil, delà lune, dans l'eau, en face d'un Brahmane, d'une vache, du vent.

53. Il ne doit point souffler sur le feu avec sa bouche, regarder une femme nue, jeter dans le feu des immondices, ni s'y chauffer les pieds.

54. Il ne doit point placer (le feu) sous (un lit ou autre meuble semblable), ni marcher par-dessus, ni le mettre au pied (de son lit quand il dort), ni faire de mal à être qui vive.

55. Il ne doit ni manger, ni se mettre en route, ni se coucher au moment du crépuscule ; il ne doit ni tracer des lignes sur la terre, ni ôter la guirlande (qu'il porte).

56. Qu'il ne jette dans l'eau ni urine, ni excréments, ni crachat, ni autre chose souillée d'immondices, ni sang, ni poisons.

57. Il ne doit point dormir seul dans une maison déserte, ni éveiller quelqu'un qui dort, ni causer avec une femme qui a ses règles, ni aller à un sacrifice sans être invité.

58. Dans l'emplacement consacré au feu, dans un parc à vaches, en présence de Brahmanes, en récitant le Véda, en mangeant, qu'il ait le bras droit découvert.

59. Un homme sage ne doit point déranger une vache en train de boire, ni raconter la chose à qui que ce soit; s'il voit un arc-en-ciel au firmament, qu'il ne le montre à personne.

60. Il ne doit point habiter dans un village où la loi est négligée, ni (séjourner) longtemps dans celui où les maladies sont nombreuses ; il ne doit point se mettre en route tout seul, ni rester longtemps sur une montagne.

61. Une doit point résider dans un royaume (gouverné par) un Soudra, ni dans (une contrée) pleine de gens qui n'observent pas la Loi, ni dans celle qui est envahie par les hérétiques, ni dans celle qui est possédée par des gens des plus basses castes.

62. Il ne doit point manger (une substance) dont on a extrait l'huile, ni se rassasier outre mesure, ni (prendre ses repas) trop tôt (le matin) ou trop tard (le soir), ni (manger) dans la soirée quand il a (trop copieusement) déjeuné.

63. Il ne doit faire aucun effort sans but, ni boire de l'eau dans le creux de sa main, ni manger des mets (placés) sur son giron ; il ne doit jamais être curieux.

64. Il ne doit ni danser, ni chanter, ni jouer d'un instrument, ni claquer (des mains), ni grincer (des dents), ni dans la colère faire du tapage.

65. Qu'il ne se lave jamais les pieds dans un bassin de cuivre ; qu'il ne mange pas dans un plat cassé, ni dans (un vase) d'apparence impure.

66. Il ne doit point porter des souliers, des vêtements, un cordon sacré, un ornement, une guirlande, un pot à eau, qui aient déjà servi à d'autres.

67. Qu'il ne voyage point avec des bêtes de somme mal dressées, exténuées par la faim ou la maladie, ayant les cornes, les yeux ou les sabots endommagés, ou bien la queue mutilée.

68. Qu'il voyage toujours avec des (bêtes) bien dressées, rapides, portant des marques propices, d'une couleur et d'une forme irréprochables, et sans les stimuler beaucoup avec l'aiguillon.

69. Il doit éviter la chaleur (du soleil) qui vient de se lever, la fumée d'un cadavre (mis sur le bûcher) et un siège brisé ; il ne doit pas se couper (lui-même) les ongles ou les cheveux, ni se ronger les ongles avec les dents.

70. Il ne doit point écraser des mottes de terre ou arracher de l'herbe avec ses ongles; il ne doit faire aucun acte inutile, ou qui puisse avoir dans l'avenir des conséquences fâcheuses.

71. L'homme qui écrase une motte de terre, qui arrache de l'herbe ou qui ronge ses ongles, court rapidement à sa perdition, de même qu'un délateur ou une personne impure.

72. Il ne doit point raconter de médisances, ni porter de guirlande extérieurement; monter sur le dos d'une vache est en tout cas un acte répréhensible.

73. Il ne doit point entrer dans un village ou dans une maison enclose (de murailles) autrement que par la porte ; la nuit il doit se tenir à distance des racines d'arbre.

74. Il ne doit point jouer aux dés, ôter lui-même ses chaussures, manger couché sur un lit, ou tenant (ses aliments) dans sa main, ou (en posant le plat) sur un siège.

75. Après le coucher du soleil, qu'il ne prenne aucun aliment contenant des grains de sésame ; qu'il ne se couche jamais ici-bas tout nu, qu'il n'aille nulle part sans s'être rincé la bouche.

76. Qu'il mange les pieds humides, mais qu'il ne se couche jamais les pieds humides; car celui qui mange les pieds humides atteint un grand âge.

77. Il ne doit jamais s'engager dans un lieu inaccessible et impénétrable à la vue ; il ne doit pas regarder des excréments ou de l'urine, ni passer une rivière (en nageant) avec les bras.

78. Il ne doit point marcher sur des cheveux, des cendres, des os, des tessons, des graines de coton ou des épeautres, pour peu qu'il tienne à une longue existence.

79. Qu'il ne fréquente point des gens dégradés, des Tchândâlas, des Poulkasas, des fous, des orgueilleux, des gens de basse caste, des Antyâvasâyins.

80. Il ne doit donner à un Soudra ni un conseil, ni des restes (du repas), ni l'offrande destinée aux Dieux; il ne doit point lui expliquer la Loi, ni lui imposer aucune observance religieuse.

81. Car celui qui explique la Loi ou qui impose une observance religieuse à un Soudra, tombe avec lui dans l'enfer (appelé) Asamvrita.

82. Qu'il ne se gratte point la tête avec les deux mains jointes, qu'il ne la touche pas avant de s'être rincé la bouche, qu'il ne se baigne pas sans la (plonger dans l'eau).

83. Qu'il évite (dans la colère) d'empoigner les cheveux ou de donner des coups sur la tête ; quand il a baigné sa tête, qu'il ne touche aucun de ses membres avec de l'huile de sésame.

84. Qu'il n'accepte rien d'un roi non issu de (caste) kchatriya, d'un boucher, d'un fabricant d'huile, d'un débitant de liqueurs, ni de celui qui vit (du produit) d'un lupanar.

85. Une presse à huile est aussi (mauvaise) que dix boucheries, une taverne que dix presses à huile, un lupanar que dix tavernes, un roi (non kchatriya) que dix lupanars.

86. Un (tel) roi est tenu pour l'égal d'un boucher qui tiendrait dix mille boucheries; un présent de lui est (chose) horrible.

87. Celui qui reçoit des présents d'un roi avaricieux et transgresseur de la Loi ira successivement dans les vingt et un enfers suivants :

88. Tâmisra, Andhatâmisra, Mahâraourava, Raourava, Kâlasoûtra, Mahânaraka,

89. Sandjîvana, Mahâvîtchi, Tapana, Sampratâpana, Samghâta, Sakâkola, Koudmala, Poûtimrittika,

90. Lohasankou, Ridjîcha, Panthàna, la rivière Sâlmalî, Asipatravana et Lohatchâraka.

91. Des Brahmanes éclairés, qui ont étudié le Véda et désirent la félicité après la mort, sachant cela, n'acceptent rien d'un (tel) roi.

92. (Le maître de maison) doit s'éveiller au moment consacré à Brahme, réfléchir sur la vertu et les richesses, sur les peines physiques qu'elles entraînent et sur la véritable interprétation du Véda.

93. S'étant levé, ayant satisfait aux besoins naturels, s'étant purifié, recueilli, qu'il reste longtemps debout à murmurer (la prière), pendant le crépuscule du matin, et qu'à l'autre crépuscule (il récite de même la prière) en son temps propre.

94. Par de longues dévotions aux crépuscules, les sages acquièrent une longue existence, la science, la réputation, la gloire et la supériorité dans la connaissance du Véda.

95. Après avoir accompli suivant la règle (la cérémonie dite) Oupâkarman (le jour de la pleine lune du mois) Srâvana, ou du (mois) de Praouchthapada, un Brahmane doit pendant quatre mois et demi étudier assidûment le Véda.

96. Un Brahmane doit accomplir la (cérémonie dite) l'Outsardjana des Védas en dehors (du village) dans le (mois) Paoucha, ou au premier jour de la quinzaine blanche du (mois) Mâgha dans la matinée.

97. Après avoir accompli en dehors (du village) l'Outsarga des Védas suivant (les préceptes du) Livre (des lois), il doit suspendre la lecture pendant une nuit précédée et suivie d'un jour, ou bien pendant ce jour et la nuit (qui le suit).

98. Mais après cela il doit réciter assidûment les Védas pendant les (quinzaines) brillantes et tous les Védângas pendant les quinzaines obscures.

99. Il ne doit pas réciter en bredouillant, ou en présence de Soudras ; lorsqu'il a récité le Véda pendant la dernière veille de la nuit, qu'il ne se rendorme pas (quelque) fatigué (qu'il soit).

100. Un Brahmane zélé doit toujours réciter les parties métriques (du Véda) suivant la règle énoncée plus haut, et, s'il n'a pas d'empêchement, les Brâhmanas et les Mantras.

101. Celui qui étudie (le Véda) et qui l'enseigne à des élèves conformément à la règle, doit toujours éviter (de le faire dans) les heures où l'étude du Véda est interdite.

102. Quand le vent se fait entendre la nuit, et quand pendant le jour il y a des tourbillons de poussière, ce sont là, dans la saison des pluies, les deux (cas) où l'on doit suspendre la récitation du Véda : (tel est) l'avis de ceux qui connaissent (les règles de) la récitation.

103. Quand il y a des éclairs, du tonnerre et de la pluie, et quand il y a abondance de grands météores, la récitation (doit être suspendue), suivant Manou, jusqu'au même moment (du jour qui suit).

104. Si l’on voit ces (phénomènes) se produire (au moment des crépuscules), après que les feux ont été allumés (pour le sacrifice), qu'on sache alors qu'il ne doit pas y avoir de récitation, et de même quand on voit des nuages hors de saison.

105. Quand il se produit un bruit surnaturel, un tremblement de terre ou une éclipse des corps célestes, qu'on sache que la récitation (doit être suspendue) jusqu'au même moment (du jour qui suit), même (si le phénomène a lieu) dans la saison (des pluies).

106. Mais si les éclairs et le bruit du tonnerre (se produisent) quand les feux sacrés flambent, la suspension doit durer aussi longtemps que l'éclat (du soleil ou des étoiles) ; si le troisième (des phénomènes mentionnés plus haut se produit, il doit y avoir suspension) à la fois le jour et la nuit.

107. Ceux qui désirent la perfection du mérite spirituel doivent toujours suspendre la récitation dans les villages et dans les villes, et partout où (règne) une mauvaise odeur.

108. Dans un village où se trouve un cadavre, ou en présence d'un (homme sans loi, comme un) Soudra, quand une personne pleure, ou au milieu d'une réunion de gens, la récitation (doit être) suspendue.

109. Dans l'eau, à minuit, quand on évacue ses excréments ou son urine, quand on n'a pas encore rincé sa bouche, ou quand on a pris part à un repas funéraire, qu'on ne médite même pas dans son esprit (sur le Véda).

110. Un Brahmane éclairé qui a accepté une invitation à un repas funéraire en l'honneur d'une personne récemment décédée, ne doit point réciter le Véda de trois jours; il en est de même quand le roi vient d'avoir un fils ou qu'il y a une éclipse.

111. Aussi longtemps que subsistent sur le corps d'un Brahmane éclairé l'odeur et les taches (des aliments et des parfums) d'un repas funéraire en l'honneur d'une personne récemment décédée, il doit s'abstenir de la récitation védique.

112. Il ne doit point réciter le Véda couché, les pieds levés (sur un siège), ou avec une étoffe jetée sur les reins, ni après avoir mangé de la viande ou du riz et autres (aliments) à une naissance (ou à une mort),

113. Ni quand il y a du brouillard, ni quand (on entend) le bruit des flèches, ni pendant les deux crépuscules, ni à la nouvelle lune, ni le quatorzième jour (lunaire), ni le jour de la pleine lune, ni le huitième jour (lunaire).

114. Le jour de la nouvelle lune tue le maître spirituel, le quatorzième (jour tue) le disciple; le huitième et le jour delà pleine lune (tuent le souvenir du) Véda ; aussi faut-il les éviter.

115. Un Brahmane ne doit point réciter (le Véda) quand il y a une pluie de sable, quand les régions célestes sont en feu, quand un chacal hurle, quand un chien, un âne, ou un chameau font entendre leur cri, ni enfin au milieu d'une compagnie.

116. Qu'il ne récite point (le Véda) près d'un cimetière, ni près d'un village, ni dans un parc à vaches, ni portant un vêtement qu'il avait pendant ses rapports conjugaux, ni après avoir reçu un présent dans un sacrifice funéraire.

117. Quel que soit le présent reçu à un sacrifice funéraire, être vivant ou objet inanimé, il ne doit pas, après l'avoir accepté, réciter le Véda, car on dit du Brahmane que sa main est sa bouche.

118. Quand le village est envahi par des brigands, quand il y a une alarme causée par un incendie, qu'il sache que la récitation doit être suspendue jusqu'au même moment (du jour qui suit), ainsi que (dans tous les cas) de prodiges.

119. A propos d'un Oupâkarman ou d'un Outsarga, il est prescrit de suspendre la récitation pendant trois nuits; mais aux huitièmes jours (lunaires), ainsi qu'aux nuits qui terminent chaque saison (la suspension doit être) d'un jour et d'une nuit.

120. On ne doit pas réciter le Véda à cheval, ni sur un arbre, ni sur un éléphant, ni en bateau, ni sur un chameau, ni sur un âne, ni quand on est sur un terrain stérile, ni quand on est en voiture,

121. Ni pendant une dispute (verbale), ni pendant une rixe, ni au milieu d'une armée, ni durant une bataille, ni aussitôt après avoir mangé, ni pendant une indigestion, ni après avoir vomi, ni quand on a des renvois aigres,

122. Ni sans avoir demandé la permission à un hôte, ni quand le vent souffle avec force, ni quand le sang coule d'un membre, ni quand on a été blessé par une arme.

123. On ne doit jamais réciter le Rig-Véda ou le YadjourVéda, quand on entend le chant du Sâma-Véda, ni quand on a terminé un Véda, ou lu un Âranyaka.

124. Le Rig-Véda est consacré aux Dieux, le YadjourVéda aux hommes, le Sàma-Véda aux Mânes ; c'est pourquoi le son de ce dernier est (pour ainsi dire) impur.

125. Instruits de ces (choses) les Sages récitent quotidiennement d'abord l'essence des trois (Védas) dans l'ordre voulu, puis ils récitent le Véda lui-même.

126. Sachez qu'il faut suspendre la récitation un jour et une nuit, si un animal domestique, une grenouille, un chat, un chien, un serpent, un ichneumon ou un rat passent entre (le maître et le disciple).

127. Il y a deux (cas) où un Brahmane doit toujours soigneusement suspendre la récitation, (c'est) lorsque la place où il récite est impure, et (lorsque) lui-même n'est pas purifié.

128. Un Brahmane sorti de noviciat doit toujours être (chaste comme) un étudiant, au jour de la nouvelle lune, au huitième jour (lunaire), au jour de la pleine lune et au quatorzième jour (lunaire), même clans la saison (fixée pour les rapports conjugaux).

129. Qu'il ne prenne point de bain après le repas, ni étant malade, ni au milieu de la nuit, ni à plusieurs reprises avec ses vêtements, ni dans un étang inconnu.

130. Qu'il ne marche pas exprès sur l'ombre des (statues des) Dieux, ni sur celle (de son père ou autre) personne vénérable, ni sur celle d'un roi, d'un homme sorti de noviciat, de son précepteur, d'un roux, d'un initié.

131. A midi et à minuit, après avoir mangé de la viande à un repas funéraire, ainsi qu'aux deux crépuscules, qu'il ne séjourne point dans un carrefour.

132. Qu'il ne marche pas exprès sur des onguents, sur l'eau d'un bain, sur de l'urine ou des excréments, du sang, de l'humeur, du crachat ou du vomissement.

133. Qu'il n'honore point un ennemi, l'ami d'un ennemi, un pervers, un voleur ; (qu'il ne courtise pas) la femme du prochain.

134. Car en ce monde il n'est rien de si contraire à une longue existence que d'avoir des relations avec la femme d'autrui.

135. Celui qui désire prospérer ne doit certainement jamais mépriser un Kchatriya, un serpent et un Brahmane instruit, pour faibles (qu'ils soient).

136. Car ces trois (êtres) peuvent causer la mort de celui qui les méprise ; c'est pourquoi un sage ne doit jamais mépriser ces trois (êtres).

137. Qu'il ne se méprise pas lui-même pour ses insuccès passés, et qu'il poursuive jusqu'à la mort la fortune, sans désespérer de l'atteindre.

138. Il doit dire la vérité; il doit dire des (choses) agréables ; il ne doit pas dire de vérités désagréables, ni de mensonges agréables ; telle est la loi éternelle.

139. Qu'il dise « bien ! bien ! » ou simplement « bien ! » ; qu'il n'ait pas d'inimitiés pour des raisons futiles, et qu'il ne se dispute avec personne.

140. Qu'il ne voyage ni trop matin, ni trop tard, ni en plein midi, ni avec un inconnu, ni seul, ni avec un Soudra.

141. Qu'il n'insulte ni ceux qui ont un membre de moins, ni ceux qui ont un membre de trop, ni ceux qui manquent d'instruction, ni les gens très âgés, ni ceux qui sont dépourvus de beauté ou de fortune, ni ceux de basse extraction.

142. Un Brahmane qui a encore des aliments en bouche ne doit point toucher delà main une vache, un Brahmane ou le feu ; il ne doit point, bien portant, regarder la foule des corps lumineux dans le ciel, (s'il n'est) pas purifié.

143. S'il a touché ces (êtres) étant impur, il doit toujours avec la paume de la main asperger d'eau ses organes des sens, tous ses membres et son nombril.

144. A moins d'être malade, qu'il ne touche pas sans motif les trous de son (corps), et "s'abstienne (de porter la main) à tous les poils (des parties) secrètes.

145. Il doit être observateur des usages qui portent bonheur et des règles de bonne conduite, être pur, maître de ses organes, murmurer (la prière) et sacrifier au feu sans relâche.

146. Car lorsqu'on observe les usages qui portent bonheur et les règles de bonne conduite, qu'on est toujours pur, qu'on murmure (la prière), et qu'on fait les offrandes (au feu), on est à l'abri du malheur.

147. Qu'il récite tous les jours, sans se lasser, le Véda en temps voulu, car (les Sages) déclarent que c'est là le devoir par excellence ; tout autre est appelé devoir accessoire.

148. Par l'étude constante du Véda, par la pureté, par les austérités, par le respect de la vie des créatures, on a la réminiscence de ses existences antérieures.

149. (Celui qui) se rappelant ses existences antérieures continue à étudier le Véda, obtient, par son application constante au Véda, une félicité éternelle.

150. Aux jours de la nouvelle et de la pleine lune, il doit toujours accomplir l'offrande à Savitar et les rites propitia 144. Les trous sont au nombre de neuf (d'où vient aussi que le mot trou désigne figuréinent le nombre neuf), à savoir : les yeux, les oreilles, les narines, la bouche, le méat urinaire, l'anus.

toires ; il doit toujours honorer les Mânes au huitième (jour lunaire) et au (jour) suivant.

151. Loin de sa demeure il doit évacuer l'urine, loin de sa demeure (vider) l'eau du bain de pieds, loin aussi les restes d'aliments et la semence génitale.

152. Au matin il doit décharger son ventre, se peigner, se laver, se brosser les dents, se mettre du kohol sur les yeux, et adorer les Dieux.

153. Au jour de la nouvelle et de la pleine lune qu'il aille visiter les (images des) Dieux, les Brahmanes vertueux, le roi et les personnes qu'il doit révérer, pour (s'assurer) leur protection.

154. Qu'il salue avec respect les personnes âgées, qu'il leur cède son propre siège, qu'il s'asseye auprès d'elles en joignant les mains et qu'il les suive quand elles s'en vont.

155. Il doit sans relâche observer les coutumes vertueuses liées à ses propres occupations, qui ont été complètement déclarées par la révélation et par la tradition, et qui sont la base de la loi (sacrée).

156. Par une conduite (vertueuse) il obtient une longue vie, par elle (il obtient) la postérité désirée, par elle une richesse impérissable ; la conduite (vertueuse) détruit les (effets des) marques funestes.

157. Car un homme qui se conduit mal est blâmé dans le monde ; il est toujours infortuné, malade, et ne jouit pas d'une longue existence.

158. Même s'il est dépourvu de toute marque (annonçant le bonheur) l'homme d'une conduite vertueuse, plein de foi et sans envie, vit cent années.

159. Qu'il évite avec soin tout acte qui dépend d'autrui ; qu'il s'applique au contraire avec zèle à tout ce qui ne dépend que de lui-même.

160. Tout ce qui dépend d'autrui (cause de) la peine, tout ce qui dépend de soi-même (donne) du plaisir ; sachez que c'est là en somme la définition de la peine et du plaisir.

161. Tout acte qui procure à celui qui le fait une satisfaction intime, il doit l'accomplir avec zèle; mais qu'il évite (tout acte) contraire.

162. Qu'il ne fasse jamais de mal à son maître spirituel, à celui qui lui explique le Véda, à son père, à sa mère, à une personne qu'il doit révérer, aux Brahmanes, aux vaches, à un ascète.

163. Qu'il se garde de l'athéisme, des critiques sur le Véda, du mépris des Dieux, de la haine, de l'opiniâtreté, de l'orgueil, de la colère, de la dureté.

164. Il ne doit point, dans la colère, lever le bâton sur autrui, ni se livrer à des voies de fait (sur personne), sauf sur un fils ou un disciple ; ceux-là il peut les frapper pour les corriger.

165. Un Dvidjaqui menace seulement un Brahmane avec l'intention de le blesser, errera cent années dans l'enfer Tâmisra.

166. Si par colère il le frappe intentionnellement, même avec un brin d'herbe, il renaîtra pendant vingt et une existences dans des seins (d'animaux vils en punition de son) péché.

167. Si dans sa folie il fait couler le sang du corps d'un Brahmane, sans avoir été attaqué par lui, il s'attire après la mort des souffrances terribles.

168. Autant le sang (versé) ramasse (de grains) de poussière sur le sol, autant d'années celui qui a versé ce sang est dévoré par d'autres (animaux carnassiers) dans l'autre monde.

169. Donc un homme sensé ne devra jamais attaquer un Brahmane, ni le frapper même avec un brin d'herbe, ni faire couler le sang de son corps.

170. Le méchant, celui dont la fortune est illégitime, celui qui se complaît à faire sans cesse le mal, n'arrivent point au bonheur ici-bas.

171. Même quand on est victime de son honnêteté, on ne doit jamais tourner son esprit vers l'iniquité, en voyant les soudains revers de fortune des gens injustes et pervers.

172. L'iniquité pratiquée ici-bas ne produit pas toujours des fruits immédiats, non plus que la terre, mais s'avançant lentement, elle coupe les racines de celui qui l'a commise.

173. Si (le châtiment ne l'atteint) pas lui-même, (il atteint) ses enfants, sinon ses enfants (du moins) ses petits-enfants; l'injustice commise ne reste jamais sans fruit pour son auteur.

174. Il peut prospérer pour un temps par l'injustice, puis voir la prospérité, puis triompher de ses ennemis ; mais (à la fin) il périt jusqu'à la racine.

175. On doit toujours se complaire dans la vérité, dans la justice, dans une conduite vertueuse et dans la pureté; on doit châtier ses disciples conformément à la Loi (sacrée), et tenir en bride son langage, ses bras et son ventre.

176. La richesse et les plaisirs qui sont contraires à la Loi doivent être fuis, ainsi que tout (acte) même légitime qui entraînerait plus tard des regrets, et qui est réprouvé par le monde.

177. (Un Brahmane) ne doit pas être'actif de ses mains, de ses pieds, de ses yeux (sans nécessité); ilnedoit être ni déloyal ni bavard, et ne nuire à autrui ni en action, ni en pensée.

178. Qu'il marche dans le chemin des gens vertueux, qu'ont suivi son père et ses ancêtres ; en le suivant il n'éprouve aucun mal.

179. Avec un prêtre officiant ou un prêtre de la maison, avec un précepteur, un oncle maternel, un hôte, un subordonné, un enfant, une personne âgée ou infirme, avec un médecin, avec des parents paternels et des parents par alliance, ou des parents maternels,

180. Avec son père et sa mère, avec des parentes, avec son frère, son fils, sa femme, sa fille et ses esclaves, il ne doit point avoir de contestations.

181. En évitant toute contestation avec ces (personnes) un maître de maison est déchargé de tout péché ; en triomphant de ces (querelles) il conquiert tous les mondes suivants :

182. Le précepteur est maître du monde de Brahmâ, le père est tout-puissant dans le monde du Seigneur des créatures, un hôte est maître du monde d'Indra, un prêtre sacrifiant du monde des Dieux ;

183. Les parentes (disposent) du monde des Nymphes célestes, les parents maternels de celui de tous les Dieux réunis, les parents par alliance de celui des eaux, une mère et un oncle de celui de la terre;

184. Les enfants, les vieillards, les pauvres et les infirmes, doivent être regardés comme les seigneurs de l'air; un frère aîné est l'égal d'un père, une femme et un fils sont les égaux du propre corps (de quelqu'un) ;

185. L'esclave (de quelqu'un) est l'égal de son ombre, sa fille est l'objet suprême de sa tendresse ; c'est pourquoi (même) offensé par (l'une de) ces (personnes), il doit supporter (l'offense) sans colère.

186. Bien qu'autorisé à recevoir des présents, il doit éviter la propension (à en recevoir) ; car en acceptant des présents, la splendeur que lui communique le Véda s'éteint rapidement.

187. Un sage qui ne connaît pas les règles prescrites par la Loi pour l'acceptation des présents, n'en doit point recevoir, fût-il pressé par la faim.

188. Mais un ignorant qui accepte de l'or, une terre, un cheval, une vache, de la nourriture, un vêtement, des grains de sésame, du beurre clarifié, est réduit en cendres comme du bois (au feu).

189. L'or et les aliments détruisent sa longévité, une terre et une vache son corps, un cheval ses yeux, les vêtements sa peau, le beurre clarifié son énergie, les grains de sésame sa postérité.

190. Un Brahmane qui ne pratique pas les austérités, ne récite pas le Véda, et est enclin à recevoir des cadeaux, s'engloutit (dans l'enfer) avec (le donateur), comme avec un bateau en pierre dans l'eau.

191. C'est pourquoi l'ignorant doit redouter d'accepter des présents de n'importe qui; car pour un tout petit présent, un ignorant s'engloutit (dans l'enfer) comme une vache dans un bourbier.

192. Celui qui connaît la Loi n'offrira même pas de l'eau à un Brahmane qui a les mœurs du chat, ni à un Brahmane qui a les mœurs du héron, ni à un Brahmane ignorant du Véda.

193. Car le bien même légitimement acquis que l'on donne à ces trois (individus) porte préjudice dans l'autre monde et à celui qui donne et à celui qui reçoit.

194. De même que celui qui passe l'eau sur un bateau en pierre s'y engloutit, ainsi l'ignorant qui donne et l'ignorant qui reçoit s'abîment tous les deux (dans l'enfer).

195. Un homme qui déploie l'étendard de la vertu, tout en étant toujours avide, qui est hypocrite, qui dupe les gens, qui est malfaisant et qui calomnie tout le monde, doit être considéré comme ayant les mœurs du chat.

196. Un Brahmane aux yeux baissés, malhonnête, uniquement préoccupé de ses intérêts, perfide et affectant une feinte douceur, a les mœurs du héron.

197. Les Brahmanes qui agissent comme le héron, et ceux qui ont les manières du chat, tombent en punition de leur conduite coupable dans (l'enfer appelé) Andhatâmisra.

198. Celui qui a commis un péché ne doit pas faire pénitence, en se donnant l'apparence (d'agir en vue d'acquérir) du mérite spirituel, voilant ainsi son péché sous des pratiques pieuses, et en imposant aux femmes et aux Soudras.

199. De tels Brahmanes sont blâmés après la mort et ici-bas par les exégètes du Véda, et le vœu accompli sous un prétexte mensonger va aux démons.

200. Celui qui sans être étudiant gagne sa vie en portant les insignes d'étudiant, prend (sur lui) les péchés de (tous) les étudiants ; il renaît dans le ventre d'un animal.

201. On ne doit jamais se baigner dans l'étang d'un autre ; car en s'y baignant on se souille d'une partie des péchés de celui qui a creusé l'étang.

202. Celui qui a fait usage d'un véhicule, d'un lit, d'un siège, d'un puits, d'un jardin, d'une maison, sans que (le propriétaire les lui ait) donnés, endosse le quart des péchés (de celui-ci).

203. On doit toujours prendre ses bains clans des rivières, dans des étangs creusés par les Dieux, dans des lacs, dans des fossés et dans des sources.

204. Le sage doit constamment observer les devoirs supérieurs, mais non toujours les devoirs moindres ; car celui qui néglige les premiers et accomplit seulement les seconds déchoit.

205. Un Brahmane ne doit jamais manger à un sacrifice accompli par une personne étrangère à la science sacrée, ni à un sacrifice offert par un prêtre de village, par une femme, ou par un eunuque.

206. Car l'offrande faite par ces personnes porte malheur aux gens de bien et déplaît aux Dieux ; il faut donc s'en éloigner.

207. Qu'il ne mange jamais (des aliments offerts par) des gens ivres, en colère ou malades, renfermant des cheveux et des insectes, ou qui ont été touchés volontairement avec le pied,

208. Ou qui ont été regardés par un avorteur, ou touchés par une femme ayant ses règles, ou becquetés par les oiseaux, ou touchés par un chien,

209. Ou des aliments flairés par une vache, et particulièrement ceux qui ont été offerts à tout venant, ou les aliments (donnés par) une communauté ou par une courtisane, ou ceux que réprouve un homme instruit,

210. Ou les aliments (donnés) par un voleur, un musicien, un charpentier, un usurier, un initié (au sacrifice), un avare, un prisonnier dans les chaînes,

211. Par un maudit, un eunuque, une femme impudique, un hypocrite, ou des (aliments) aigris, de la veille, ou ceux d'un Soudra, ou les restes (de quelqu'un),

212. Ou les aliments (donnés par) un médecin, un chasseur, un homme cruel, un mangeur de restes, un homme violent, une femme en couches, ou les (aliments d'un homme qui quitte le repas avant les autres et) se rince la bouche, ou ceux (d'une personne) pour qui les dix jours (d'impureté) ne sont pas écoulés,

213. Ou les (aliments) offerts irrespectueusement, de la viande qui n'est pas traitée suivant les prescriptions, ou (les aliments donnés par) une femme sans époux (ou sans fils), par un ennemi, par (le seigneur d')une ville, par un homme dégradé de sa caste, ou ceux sur lesquels on a éternué,

214. Ou les aliments (donnés par) un calomniateur, un menteur, un homme qui vend (la récompense) des sacrifices, un danseur, un tailleur, un ingrat,

215. Par un forgeron, un Nichâda, un acteur, un orfèvre, un vannier, un armurier,

216. Par un éleveur de chiens, un marchand de liqueurs, un blanchisseur, un teinturier, un homme malfaisant, ou celui dans la maison duquel (réside à son insu) un amant de sa femme,

217. Par ceux qui tolèrent un amant (de leur femme), qui sont constamment gouvernés par leur femme, les aliments (donnés pour) un mort avant que les dix jours (d'impureté) soient écoulés, ou des (mets) répugnants.

218. Les aliments (donnés par) un roi ôtent l'énergie, ceux d'un Soudra la supériorité dans la science divine, ceux d'un orfèvre la longévité, ceux d'un corroyeur la renommée ;

219. Ceux (que donne) un artisan détruisent la postérité, ceux d'un blanchisseur la force, ceux d'une communauté et d'une courtisane excluent des mondes (meilleurs) ;

220. Ceux (que donne) un médecin sont (comme) du pus, ceux d'une femme impudique sont (comme) du sperme, ceux d'un usurier (comme) des excréments, ceux d'un armurier (comme) des immondices ;

221. Les aliments des autres (catégories) qu'on a successivement énumérées comme étant celles dont on ne doit pas goûter la nourriture, sont, au dire des Sages, (l'équivalent) de la peau, des os et des poils.

222. Donc si l'on a mangé sans intention des aliments d'une quelconque de ces (personnes, on doit s'imposer) un jeûne de trois jours ; si on en a mangé en connaissance de cause, ainsi que du sperme, des excréments ou de l'urine, on doit faire la pénitence simple.

223. Un Brahmane instruit ne doit pas manger les mets cuits (apprêtés par) un Soudra qui n'accomplit pas de Srâddhas ; mais, à défaut (d'autre) ressource, il peut accepter de lui (des aliments) crus en quantité suffisante pour une nuit.

224. Car les Dieux ayant pesé (les qualités et les défauts) d'un théologien avare et d'un usurier généreux, ont déclaré la nourriture (donnée) par l'un et par l'autre équivalente.

225. Le Seigneur des créatures venant à eux a dit: « Ne faites pas égal ce qui est inégal ; car la nourriture (donnée par) l'homme généreux est purifiée par la foi ; (celle de) l'autre est souillée par le manque de foi. »

226. On doit toujours sans relâche accomplir avec foi les sacrifices et les oeuvres pies; car accomplis avec foi et au moyen de richesses légitimement acquises, ces deux (actes) sont (la source de récompenses) impérissables.

227. Qu'on observe toujours le devoir de libéralité, tant dans les sacrifices que dans les oeuvres pies, avec des sentiments de joie, dans la mesure de ses moyens, lorsque l'on trouve un vase (digne de recevoir les dons).

228. Quand on vous demande, donnez toujours quelque chose, si peu que ce soit, (et) sans rechigner ; car il se trouvera un vase (digne de recevoir les dons) qui vous déchargera de tout péché.

229. Celui qui donne de l'eau obtient de la satisfaction ; celui qui donne des aliments, un bonheur impérissable; celui qui donne des grains de sésame, la postérité désirée ; celui qui donne une lampe, d'excellents yeux ;

230. Celui qui donne de la terre, obtient de la terre ; celui qui donne de l'or, une longue vie ; celui qui donne une maison, de magnifiques habitations ; celui qui donne de l'argent, une beauté supérieure ;

231. Celui qui donne un vêtement (obtient) une place dans le monde de Tchandra ; celui qui donne un cheval, une place dans le monde des Asvins ; celui qui donne un taureau, une grande fortune ; celui qui donne une vache, (une place dans) le monde du Soleil ;

232. Celui qui donne une voiture ou un lit (obtient) une épouse ; celui qui donne la protection, la souveraineté ; celui qui donne du grain, un bonheur éternel ; celui qui donne le Véda, l'égalité avec Brahme.

233. Le don du Véda surpasse tous les autres dons : eau, aliments, vache, terre, vêtement, grains de sésame, or, beurre clarifié.

234. Quelle que soit l'intention dans laquelle on fait un don quelconque, on en recevra (la récompense) suivant cette intention (dans une autre vie), avec les honneurs (qu'on mérite).

235. Celui qui reçoit respectueusement et celui qui donne respectueusement vont l'un et l'autre au ciel ; dans le cas contraire (ils tombent) en enfer.

236. On ne doit pas tirer vanité de ses austérités, dire un mensonge après avoir sacrifié, injurier les Brahmanes même offensé par eux, ni publier ce qu'on a donné.

237. Par le mensonge le sacrifice est anéanti, par l'orgueil (le mérite) des austérités est perdu, par les outrages aux Brahmanes la longévité, et par l'ostentation le (fruit du) don.

238. Sans faire de mal à aucune créature, on doit accumuler de la vertu petit à petit, comme les termites (font) leur fourmilière, afin (d'obtenir) un compagnon dans l'autre monde.

239. Car dans l'autre monde ni père, ni mère, ni enfants, ni femme, ni parents ne sont là pour (vous servir de) compagnons ; la vertu seule vous reste.

240. Chacun naît seul, meurt seul, recueille seul (le fruit) de ses bonnes actions, et seul (le châtiment) de ses mauvaises.

241. Laissant le cadavre à terre comme un morceau de bois, ou une motte de terre, les parents (du défunt) s'en vont en détournant la face ; sa vertu (seule) suit (son âme).

242. Qu'il ne cesse donc d'accumuler petit à petit la vertu pour (avoir) un compagnon (dans l'autre vie) ; car avec la vertu pour compagne, on traverse les ténèbres impénétrables (de l'enfer).

243. Elle conduit rapidement dans l'autre monde, rayonnant et revêtu d'un corps éthéré, l'homme qui a eu pour objet principal le devoir, et qui a effacé ses péchés par la pénitence.

244. Celui qui désire élever sa lignée, doit toujours contracter des alliances avec les gens les plus éminents, et éviter tous les gens vils.

245. Un Brahmane qui toujours s'allie avec les gens les plus éminents, et évite les gens inférieurs, atteint le premier rang ; dans le cas contraire (il descend) à la condition de Soudra.

246. Un homme ferme dans ses entreprises, doux, patient, qui n'a point commerce avec les gens de mœurs cruelles, et ne fait aucun mal (aux créatures), grâce à une telle conduite, conquiert le ciel par sa continence et sa libéralité.

247. Il peut accepter de tout le monde du bois, de l'eau, des racines et fruits, des aliments non sollicités, ainsi que du miel et l'offre d'une protection.

248. Le Seigneur des créatures a déclaré que les aumônes apportées et offertes, sans avoir été préalablement sollicitées, peuvent être acceptées même d'un pécheur.

249. Pendant quinze années les Mânes ne mangent pas (les offrandes) de (l'homme) qui dédaigne ces (aumônes), et le feu ne porte pas (son) oblation (vers les Dieux).

250. Il ne doit point rejeter (les dons tels que) : un lit, une maison, de l'herbe kousa, des parfums, de l'eau, des fleurs, des pierres précieuses, du lait suri, des grains, du poisson, du lait, de la viande et des légumes.

251. Dans le désir d'assister les personnes qui ont droit à son respect, ou celles qui sont dans sa dépendance, ou bien pour honorer les Dieux ou des hôtes, il peut accepter (des présents) de n'importe qui ; mais il ne doit pas en profiter lui-même.

252. Mais si ses parents sont morts, ou s'il vit séparé d'eux dans (une autre) maison, il doit, lorsqu'il cherche sa subsistance, l'accepter (seulement) des gens de bien.

253. Un métayer, un ami de la famille, un bouvier, un esclave, un barbier, (sont) parmi les Soudras (ceux) dont il peut manger les aliments, ainsi que celui qui s'offre (pour entrer à son service).

254. (Ce dernier) doit en se présentant faire connaître quelle sorte de personne il est, ce qu'il désire faire, et comment il entend le servir.

255. Celui qui se donne auprès des gens de bien pour un autre que ce qu'il est réellement, est le plus grand des pécheurs sur terre : c'est un voleur, un usurpateur de personnalité.

256. Toutes choses sont fixées par la parole, ont pour racine la parole, procèdent de la parole ; donc celui qui vole la parole est un (homme) qui vole tout.

257. Après s'être acquitté suivant la règle de ses devoirs envers les grands Saints, les Mânes, les Dieux, et avoir transmis tout (son avoir) à son fils, on doit demeurer (dans la maison) détaché (des choses terrestres).

258. On doit constamment méditer seul et à l'écart sur (ce qui est) salutaire à l'âme ; car celui qui médite dans la solitude atteint la félicité suprême.

259. Voilà la règle constante de conduite d'un Brahmane maître de maison, et les prescriptions concernant celui qui est sorti de noviciat ; (elles sont) une source d'accroissement en sainteté et (sont) louables.

260. Un Brahmane instruit dans les livres saints, qui se conforme à ces règles, et qui continuellement détruit (en lui) le péché, sera glorifié dans le monde de Brahme.

3. Qui lui sont propres, svaih « qui sont prescrites pour sa caste ». (Kull.)

4. Ces termes techniques sont expliqués dans les vers suivants ; leur sens littéral n'a aucune trace de rapport avec les idées qu'ils désignent dans ce passage : rta c'est « la vérité » ; amrta « l'ambroisie » ; mrta « la chose morte, ou le mort » ; pramrta signifie la même chose que mrta, ou suivant l'interprétation de B. « ce qui cause bien des morts », suivant L. « substance très mortelle » ; satyânrta signifie « vérité et fausseté » ; çvavrtti « vie de chien »

5. Unchaçila : je considère ce mot comme un composé copulatif : les deux termes signifient glaner.

6. Le commerce « et l'usure ». (Kull.)

7. Pour remplir son grenier : cette expression signifie suivant Kull. « une provision de trois ans ». Pour remplir une jarre « une provision d'un an ». Medh. dit : « 11 peut avoir du grain et autres biens en quantité suffisante pour entretenir de nombreux domestiques, une épouse et tout ce qui s'ensuit durant trois années. »

8. Subjugué le monde, en d'autres termes « a gagné le plus de mérite spirituel ». C'est une locution courante de dire qu'un « saint subjugue le monde par ses vertus ».

9. Les six occupations, suivant Kull., sont « glaner, recevoir l'aumône, la demander, le labourage, le commerce et l'usure » cf. v. 5 et 6 et note 6. Suivant Medh. la sixième occupation est « l'enseignement ». Les trois occupations, sont, suivant Kull., « enseigner, sacrifier, recevoir l'aumône ». Les deux occupations sont, suivant Kull., « sacrifier et enseigner ». L'occupation unique, le Brahmasattra désigne la récitation quotidienne du Véda ou l'enseignement.

10. L'entretien du feu sacré, l'Agnihotra.

14. La condition suprême désigne ici comme ailleurs « la délivrance finale ».

15. Prasangena « avec avidité » signifierait, suivant Kull., « par des arts qui séduisent les hommes, tels que la musique et le chant ». Le sens que j'ai adopté est autorisé par le commentaire de Nâr.

16. Par la raison, manasà. B. traduit « (en réfléchissant à leur indignité) dans son cœur ».

17. Yathâtathà est traduit par le Dictionnaire de Saint-Pétersbourg « comme il convient ». D'autre part le commentaire l'explique par kena api upàyena, « par n'importe quel moyen ».

19. Les traités interprétatifs du Véda : le mot nigama désigne ici les Aùgas; par çâstra « traité » Manou a en vue les ouvrages sur la religion, les lois, la médecine, l'astrologie, etc.

22. Extérieurement, c'est-à-dire pour les offrir extérieurement.

23. « Pendant qu'un homme récite un Brâhmana (traité religieux), il est dans l'impossibilité de respirer, et alors il sacrifie sa respiration dans sa parole ; pendant qu'un homme respire, il est dans l'impossibilité de réciter, et alors il sacrifie sa parole dans sa respiration ». (Kull.)

25. Les sacrifices de la nouvelle et de la pleine lune sont le darça et le paurnamâsa.

26. L'oblation avec du grain nouveau est l'àgrayana;— chaque saison est de quatre mois; — le sacrifice qui a lieu tous les quatre mois (câturmâsya) est appelé ici adhvara.

28. Les souffles vitaux, prânâs, c'est-à-dire son existence.

30. Les gens qui vivent comme des chats sont les hypocrites. Cf. plus bas au v. 196, la définition de ceux qui vivent comme des hérons.

31. Peut-être faut-il avec B. séparer pour le sens vedavidyâvratasnâtân de çrotriyân grhamedhinalï et en faire deux termes différents : « ceux qui sont devenus Snâtakas après avoir étudié le Véda ou accompli leurs vœux, (et) les maîtres de maison qui sont çrotriyas (instruits) ».

33. D'un roi « de la caste des Kchatriyas ». (Kull.) — Yâjya « une personne pour laquelle il sacrifie » est traduit par d'autres « le sacrificateur ».

34. Se procurer sa subsistance « par sa science ou par d'autres moyens ». (Kull.)

40. Pramatta, littéralement « en rut »; à propos de cette prescription cf. III, 45 sqq.

41. Tejas « énergie » signifie aussi gloire.

43. Suivant Kull. « avec sa femme » signifie « dans le même plat, ekapâtre ».

44. Le kohol ou poudre d'antimoine dont les femmes en Orient se peignent les paupières.

46. Citi « pile de bois » ou « pile de briques » (B.), ou « bûcher funèbre ». (L.) J'ai supprimé kadâoana « en aucun temps » qui m'a paru un remplissage.

47. Naditîram àsàdya « sur le bord d'un fleuve ». Le gérondif àsàdya est souvent employé comme équivalent d'une préposition, sur ou dans. Cependant B. lui donne toute sa valeur verbale « en atteignant la rive ».

51. « Lorsqu'il y a impossibilité de distinguer les régions célestes ». (Kull.) — Il craindrait pour sa vie « de la part des voleurs, des tigres et autres » (Kull.)

55. Du crépuscule, du matin ou du soir. — Oter sa guirlande : « il ne doit point l'ôter lui-même, mais se la faire ôter par un autre ». (Kull.)

57. Quelqu'un qui dort « quelqu'un qui lui est supérieur en richesse, en science, etc. ». (Kull.) — Sans être invité « sans être choisi en qualité de prêtre officiant ». (Kull.)

59. B. traduit « une vache qui allaite (son veau) ». Kull. dit : « une vache qui boit de l'eau ou du lait », et il ajoute « si elle boit le lait d'autrui, il ne doit point le dire à celui dont elle boit le lait ». — L'arc-en-ciel, littéralement l'arc d'Indra.

63. Curieux « sans motif ». (Kull.)

61. « Il ne doit pas exécuter des danses, chants, ou morceaux de musique, non commandés par les castras ». (Kull.)

65. Vase d'apparence impure bhâvapratidûshite signifie litt. « souillé par nature ». Le commentaire dit « qui fait naître un doute dans l'esprit », c'est-à-dire de la pureté duquel on n'est pas sûr. A noter l'interprétation toute différente suivie par B. H. : « Qu'il ne mange pas dans un plat cassé, ni lorsque (son) esprit est troublé. »

69. Bâlâtapa, signifie littéralement « jeune chaleur ». Kull. citant l'opinion de Medh. explique ainsi : « pratharnoditâdityatâpa » : il ajoute que d'autres entendent « le soleil dans le signe de la Vierge ».

70. Ecraser des mottes de terre « sans motif ». (Kull.)

72. Raconter des médisances ou « se chamailler ». (B.) — « Extérieurement à sa touffe de cheveux » (Kull.), ou peut-être « extérieurement à ses habits ». Suivant d'autres commentateurs, « en dehors de la maison ».

74. Oter ses souliers, « les porter avec la main dans un autre lieu ». (Kull.)

76. Les pieds humides, parce qu'il vient de prendre un bain de pieds ; en d'autres termes le bain de pieds doit précéder le repas, mais non le coucher.

77. Inaccessible, « parce qu'il est embarrassé d'arbres, de lianes et de ronces, et qu'il recèle des serpents, voleurs et autres ». (Kull.)

79. Un Càndàla est le fils d'un Soudra et d'une femme Brâhmanî, cf. X, 12. —Pulkasa (Joly) ou Pukkasa né d'un Nishâda et d'une femme Soudra, cf.X, 18. — Antyâvasâyin né d'un Càndâla et d'une femme Nishàdï, cf. X. 39.

80. A un Soudra « qui n'est pas son esclave ». (Kull.)

82. Avant de s'être rincé, littéralement « ayant encore des restes d'aliments en bouche ».

83. Empoigner les cheveux « les siens ou ceux d'un autre ». (Kull.) — Quand il a baigné sa tête « dans l'huile de sésame ». (Kull.) Il est probable qu'au vers précédent il s'agit aussi d'un bain d'huile.

84. On a vu plus haut qu'il y avait parfois des rois Soudras. — Un débitant de liqueurs, littéralement « celui qui a pour enseigne un étendard. »

85. Joly imprime veçyâ au lieu de veça, « un roi est l'égal des prostituées » ; mais la gradation est plus régulière avec veça.

92. Le moment consacré à Brahma : un muhùrta est égal à 1/30e du jour, soit 48 minutes. — Le brâhmya muhûrta est, suivant Kull., « la dernière veille de la nuit ».

93. La prière : la gàyatrï.

94. La réputation « pendant leur vie », la gloire « après leur mort ». (Kull.)

95. « L'Upâkarman, ainsi que le remarque B., est l'ouverture solennelle de la période scolaire brahmanique, et l'Utsarjana ou Utsarga en est la clôture ». Le mois Çrâvana tombe en juillet et août, le mois Praushthapada ou Bhâdrapada en août-septembre.

96. Le mois Pausha tombe en décembre-janvier, le mois Mâgha en janvier-février. Le texte porte Pushya et non Pausha. Suivant B., Pushya désigne le jour Pushya, c'est-à-dire le sixième jour lunaire de chaque mois ; il ajoute dans sa traduction entre parenthèse « du mois Pausha ». Suivant L., ce mot désigne le huitième astèrisme lunaire.

97. Une nuit précédée et suivie d'un jour, littér. « une nuit ailée » ; le jour de l'Utsarga la nuit qui suit et le lendemain, ou seulement le jour de l'Utsarga et la nuit qui suit.

98. Les quinzaines brillantes et les quinzaines obscures sont déterminées par les phases de la lune.

100. Les parties métriques, sont, suivant Kull., « la gâyatrî et le reste ». — Le deuxième hémistiche porte brahman synon. de Veda que Kull. explique par Brâhmana. Les Brâhmanas sont des traités religieux composés pour et par les Brahmanes. Les Mantras sont des hymnes ou prières.

104. Hors de saison, « hors de la saison des pluies ». (Kull.)

106. « Si l'éclair et le bruit du tonnerre ont lieu au crépuscule du matin, la suspension doit durer autant que la lumière du soleil, autant que le jour; si ces (phénomènes) ont lieu au crépuscule du soir, la suspension doit durer autant que la lumière des étoiles, autant que la nuit ». (Kull.) — Le troisième (cesha) : « Sur les trois (phénomènes) mentionnés plus haut, à savoir éclair, tonnerre, pluie, si le restant, le troisième, c'est-à-dire la pluie, se produit, il y a suspension aussi bien la nuit que le jour, le jour et la nuit ». (Kull.)

110. Il s'agit ici d'une cérémonie ekoddishta ; cf. III, 247. Quand le roi est sûtaka, c'est-à-dire lorsqu'il se trouve dans l'état d'impureté par suite de la naissance d'un fils. — Une éclipse, littéralement : « Quand Ràhu apparaît. » Râhu est un dragon mythologique qui de temps à autre se jette sur le soleil ou la lune pour les dévorer : de là les éclipses.

111. Parfums, « safran et autres ». (Kull.)

112. Ou à une mort : les personnes deviennent impures par suite d'une naissance ou d'un décès.

117. Sa main est sa bouche: c'est-à-dire, le péché est égal de réciter le Véda après avoir reçu (en les prenant dans sa main) des présents à un Çrâddha, ou après avoir mangé {en les mettant dans sa bouche), des aliments à un Çrâddha.

119. Upâkarman : cf. v. 95. — Trois nuits et trois jours. Les Hindous comptent par nuits aussi bien que par jours. Les saisons sont au nombre de six : vasanta le printemps, grïshma l'été, varsha la saison pluvieuse, çarad l'automne, hemanta l'hiver, çiçira le froid. Kull. développe ainsi le deuxième hémistiche : « après le jour de la pleine lune du mois d'Agrahâyana (novembre-décembre), aux huitièmes jours lunaires des trois quinzaines noires (subséquentes), etc. ».

123. Les prières du Sâma Véda, comme le remarque L., sont en vers et destinées à être chantées, celles du Rig Véda sont en vers, mais doivent être récitées ; celles du Yadjour Véda sont généralement en prose. — Après « quand on a terminé un Véda ou lu un Aranyaka » Kull. ajoute : « on doit attendre un jour et une nuit avant de commencer la lecture d'un autre Véda ». Un Âranyaka est un traité religieux destiné à être lu dans la solitude des forêts (aranya).

124. Le texte dit « impur ». Le commentaire adoucit l'expression par iva. — Tout ce qui touche à la mort nécessite une purification.

125. L'essence « la syllabe mystique OM, les (trois) paroles (bhûh, bhuvah et svah) et la Sâvitrî ». (Kull.)

128. Sur la saison fixée pour les rapports conjugaux, cf. III, v. 45 sqq.

130. Guru désigne les parents, le précepteur et généralement ceux auxquels on doit le respect. — D'un roux; : babhru désigne peut-être un animal de poil roux, notamment une vache rousse. — Un initié « au sacrifice ».

132. Peut-être simplement : « qu'il ne se tienne pas en contact avec ».

139. La première partie de ce vers est obscure. L'interprétation de Nâr. est celle-ci : « Ce qui est bien, qu'il dise que c'est bien, ou qu'il appelle bien même ce qui n'est pas bien : bhadram ity eva va 'bhadram api ». Mais ce précepte serait en contradiction avec celui du vers 138, « il ne doit pas dire de mensonges agréables. »

145. Mangalâcârayukta : on peut faire, comme je l'ai fait, des deux premiers termes un composé copulatif, ou au contraire on peut y voir un composé de dépendance, et la traduction se réduit à « observateur des usages qui portent bonheur ».

150. Le jour de la nouvelle lune et le jour de la pleine lune sont les jours appelés Parvan. L'offrande à Savitar (le Soleil), ou peut-être l'offrande accompagnée de la Sâvitrî. — Rites propitiatoires, çânti, ou suivant d'autres « expiatoires ».

151. Kull. explique âvasatha, demeure, par « l'emplacement du feu sacré ». — Nisheka est expliqué par retas sperme : précepte étrange, car on ne peut supposer qu'il s'agisse d'une émission volontaire ; peut-être faut-il entendre par là l'eau qui a enlevé les traces d'une pollution involontaire.

152. Se peigner, ou peut-être « s'habiller, s'attifer ».

153. Les personnes qu'il doit révérer, ses gurus.

154. En joignant les mains, c'est-à-dire en faisant le salut appelé anjali.

155. La révélation et la tradition désignent le Véda et le recueil des lois.

156. Les marques funestes, alakshanam, c'est-à-dire le malheur : la cause est mise ici pour l'effet.

162. Kull. mentionne ici l'opinion d'un autre commentateur: « Mais Govindarâja, généralisant la défense de leur faire du mal, dit qu'il ne doit pas leur faire de mal, même quand ceux-ci le menacent d'une arme », c'està-dire même en cas de légitime défense. Toutefois cette opinion est contredite au v. 167, qui reconnaît le droit de légitime défense.

163. L'athéisme : le mot nâstikya signifie littéralement « l'opinion qu'il n'y a pas un autre monde ». (Kull.) — Ce mot stambha, que j'ai traduit par opiniâtreté, est interprété très diversement par les autres traducteurs, « hypocrisie » (L.); « fraude » (B. H.); « manque de modestie ». (B.)

165. Seulement, « mais qui ne le tue pas ». (Kull.)

166. Pâpayonishu, littéralement « dans des seins coupables », par exemple « clans le sein d'une chienne ou d'autres animaux ». (Kull.)

168. D'autres animaux; carnassiers, tels que « chiens, chacals et autres ». (Kull.)

170. Anrta, illégitime, signifie, suivant Medh. « de la richesse acquise en faisant une déclaration mensongère dans un témoignage pour le jugement d'un procès ».

172. S'avançant lentement : Claudo pede poena, dit une sentence bien connue.

175. Le texte dit àryavrtti, une conduite digne d'un Àrya, c'est-à-dire d'un Dvidja. Kull. explique ce mot par sadàcàra.

176. Comme exemple d'un « acte même légitime » Kull. cite le cas d'un homme chargé de famille qui donnerait tout son avoir. — Réprouvé, ou peut-être « qui ferait de la peine aux gens ».

178. Suivant une autre interprétation na rishyate veut dire « il ne fait aucun mal ».

179. Rtvij prêtre officiant, purohita prêtre domestique.

180. Au lieu de « avec son frère et son fils » on peut entendre « avec le fils de son frère ».

181. Déchargé de tout péché, « des péchés qu'il a commis à son insu ». (Kull.)

182. Le Seigneur des créatures Prajâpati.

183. Les Nymphes ou Apsaras ; tous les Dieux réunis, les Viçvadevas.

185. L'esclave est comparé à l'ombre parce qu'il suit partout le maître — Krpanani plus exactement « objet de pitié ».

186. Autorisé « par sa science et sa sainteté ». (Kull.)

191. De n'importe qui, ou bien, suivant une autre interprétation, « n'importe quel présent ».

192. Cf. v. 195 et 196.

200. Littéralement « celui qui sans (avoir le droit déporter des) insignes, vit en les portant » ; le commentaire cite par exemple « l'étudiant et les autres », et mentionne parmi les insignes usurpés la ceinture, le bâton, etc.

201. Une partie de ses péchés, « le quart ». (Kull.)

203. Les étangs creusés par les Dieux : expression un peu obscure ; peut-être « naturels », ou encore, suivant l'interprétation de L., « creusés en l'honneur des Dieux ».

204. Les premiers s'appellent yama, les seconds niyama. Kull. citant l'opinion du législateur Yâjilavalkya, range parmi les premiers « la chasteté, la compassion, la patience, la méditation, la sincérité, l'honnêteté, ne faire de mal à personne, ne pas voler, la douceur, la tempérance » ; parmi les seconds « le bain, le silence, le jeûne, le sacrifice, la lecture du Véda, la répression des instincts sexuels, l'obéissance au guru, la pureté, l'absence de colère et l'attention ». Je ne saisis pas bien la nuance entre la chasteté, brahruacarya, et la répression des instincts sexuels, upasthanigraha.

205. Une personne étrangère à la science sacrée, littéralement non çrotriya. — Un prêtre de village : B. traduit « celui qui sacrifie pour une multitude de gens. »

207. Ivres, ou bien « fous ». — Des cheveux et des insectes ou bien des « insectes de cheveux », c'est-à-dire des poux.

208. Bhrùnaghna, avorteur, littéralement tueur de foetus, serait suivant certains commentateurs l'équivalent de brahmaghna, meurtrier d'un Brahmane.

209. Offerts atout venant, ghushtânnani ; Kull. explique ainsi ce mot: « Pour lesquels on a crié : qui veut en manger ? »

211. Abhiçasta, maudit : « celui qui est en horreur à tout le monde pour avoir commis un péché mortel ». (Kull.) — Eunuque ou hermaphrodite. —On peut réunir les deux derniers termes « les restes d'un Soudra ».

212. Lïtt. : « des aliments pour lesquels le rincement de bouche a eu lieu ». — Une femme qui vient d'accoucher, sûtikâ, est impure pendant les dix jours qui suivent ; un décès entraîne également dix jours d'impureté.

213. Vrthâmàmsa : j'ai traduit d'après le Dictionnaire de Saint-Pétersbourg. Kull. explique ce terme « devatâdim uddiçya yannakrtam, qui n'a pas été préparée à l'intention des divinités et autres ». L. traduit « de la viande qui n'a pas été offerte en sacrifice » ; B. « non mangée pour un but sacré ».

215. Nishâda né d'un Brahmane et d'une femme Soudra. Cf. X, 8.

216. Malfaisant, nrçamsa ou « un homme sans pitié ».

221. Au lieu de ete ' nye, B. H. lit ebhyo ' nye « autres que celles qui ont été mentionnées ».

222. La pénitence simple est appelée krechra; cf. XI, 212. — Ainsi que du sperme: il vaudrait peut-être mieux traduire, comme L., « de même que si l'on avait goûté de la liqueur séminale ».

224. Un théologien, unçrotriya.

225. On peut fermer les guillemets après « ce qui est inégal. »

226. Les œuvres pies : « creuser un étang de lotus, une source, faire une fontaine, un jardin de plaisance ». (Kull.)

228. Pâtra un vase, c'est-à-dire une personne digne de recevoir les bienfaits.

229. La satisfaction « par l'exemption de la faim et de la soif ». (Kull.)

230. Calembour sur rûpya, argent (conservé dans le mot roupie) et rûpa beauté.

231. Candra est le Dieu Lunus ; — autre jeu de mots sur açva cheval et Açvin : les deux Açvins, fils du soleil, sont les Dioscures des Grecs. La corrélation d'un certain nombre de ces termes est fondée sur des consonances ; le rapport qui unit les autres est peu intelligible pour nous.

232. Celui qui donne le Véda est le précepteur. — Jeu de mots sur Brahman qui signifie à la fois Véda et Brahme. L'égalité avec Brahme signifie l'union avec Brahme.

234. L'intention : « soit par désir d'obtenir le ciel, soit sans aucune vue intéressée ». (Kull.)

238. Dharma, vertu ou mérite spirituel.

249. Le feu est considéré comme véhicule de l'oblation du sacrifice, parce qu'il s'élève vers le ciel.

250. « Qui ont été donnés sans qu'on les ait demandés. » (Kull.)

251. Les personnes qui ont droit à son respect sont ses gurus : « père, mère, etc. ». (Kull.)—Celles qui sont dans sa dépendance sont « sa femme et autres ». (Kull.)

253. L. entend tout différemment le mot bhojyânna : « Ceux qui peuvent manger la nourriture qui leur est donnée par ceux auxquels ils sont attachés ».

254. Quelle sorte de personne il est : « quelle est sa famille, quel est son caractère, etc. ». (Kull.)

257. Ses devoirs « envers les Saints par la lecture du Véda, envers les Mânes par la procréation d'un fils, envers les Dieux par les sacrifices ». (Kull.) Le fils est destiné à accomplir après sa mort les Çràddhas. — Madhyastham âsthitah, littéralement arrivé à l’indifférence. Kull. commente ainsi cette expression : « détaché de son fils, de sa femme, de ses richesses, etc., et toutes ses pensées tournées vers Brahme ».

e ainsi : « pratharnoditâdityatâpa » : il