Manou

MÂNAVA DHARMA ÇÂSTRA - LOIS DE MANOU

 

TRADUITES DU SANSKRIT PAR G. STREHLY

Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer

LIVRE III

LIVRE II - LIVRE IV

 

 

 

 

 

 

 

MÂNAVA DHARMA ÇÂSTRA

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LOIS DE MANOU

TRADUITES DU SANSKRIT

PAR

G. STREHLY

ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

PROFESSEUR AU LYCÉE MONTAIGNE

ERNEST, LEROUX, ÉDITEUR

28, RUE BONAPARTE, 28

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1893

 

LOIS DE MANOU

 

TRADUITES DU SANSKRIT

PAR

G. STREHLY

 

 

 

LIVRE TROISIÈME

Le Maître de maison : Mariage et Devoirs religieux.

NOTES EXPLICATIVES

1. Le voeu (d'étudier) les trois Védas (dans la maison) du précepteur doit être observé durant trente-six ans, ou la moitié ou le quart de ce temps, ou bien jusqu'à ce qu'on les possède à fond.

2. Celui qui a étudié dans l'ordre voulu les (trois) Védas, ou deux Védas ou un seul Véda, et n'a jamais enfreint les règles du noviciat, peut entrer dans l'ordre de maître de maison.

3. Renommé pour (l'accomplissement) de ses devoirs, ayant reçu de son père (charnel ou spirituel) l'héritage du Véda, il devra, orné d'une guirlande et assis sur un lit de repos, être honoré d'abord (du présent) d'une vache (et d'un mélange de miel et de lait suri).

4. Après avoir, avec l'assentiment de son précepteur, pris le bain final et accompli suivant la règle la cérémonie du retour à la maison, que le Brahmane épouse une femme de même caste ayant les signes (qui présagent la prospérité).

5. (Une personne) qui n'est pas parente jusqu'au sixième degré de sa mère, et n'appartient pas à la famille de son père, (voilà celle) qu'on recommande à unDvidja (de choisir) pour le mariage et l'union conjugale.

6. Même quand elles seraient grandes et riches en vaches, chèvres, brebis, grains et biens (de toutes sortes), voici les dix familles qu'il doit éviter, en s'unissant à une épouse :

7. Celle où l'on néglige les sacrements, celle où il n'y a pas d'enfant mâle, celle où l'on n'étudie pas le Véda, celle où le système pileux est trop développé, celle où régnent les hémorroïdes, la phtisie, la dyspepsie, l'épilepsie, la lèpre blanche et l'éléphantiasis.

8. Il n'épousera point une jeune fille rousse, ayant un membre de trop, maladive, trop peu ou trop velue, bavarde ou (ayant les yeux) rouges,

9. Ni celle dont le nom est tiré d'une étoile, d'un arbre, d'un fleuve, ou qui porte un nom barbare, un nom de montagne, d'oiseau, de serpent, ou un nom d'esclave, ou un nom inspirant la terreur.

10. La femme qu'il épouse doit avoir le corps exempt de difformités, un nom de bon augure, la démarche d'un flamant ou d'un éléphant, le duvet et les cheveux fins, les dents petites et les membres délicats.

11. Un homme sensé n'épousera point une (fille) sans frère ou de père inconnu, par crainte (dans le premier cas d'épouser) une fille substituée, (dans le second cas, de contracter une union) illicite.

12. Aux Dvidjas il est enjoint d'épouser en premier lieu une femme de même caste; mais pour ceux que l'amour pousse (à un second mariage), voici suivant l'ordre (des castes) les (femmes) qui doivent être préférées.

13. Il est déclaré qu'un Soudra (ne peut épouser) qu'une (femme) Soudra, un Vaisya une Soudra ou une (personne) de sa propre caste, un Kchatriya (peut choisir dans) les deux (castes) précédentes ou dans sa propre caste, un Brahmane dans toutes ces trois (castes) et dans la sienne propre.

14. En aucune histoire il n'est raconté qu'une femme Soudra (soit devenue la première) épouse d'un Brahmane ou d'un Kchatriya, même en cas de nécessité.

15. Les Dvidjas qui par folie épousent une femme de la dernière caste, font bientôt tomber leur famille et leurs descendants à la condition de Soudras.

16. Selon Atri et (Gotama) fils d'Outathya, celui qui épouse une Soudra déchoit (immédiatement de sa caste) ; suivant Saounaka, (il déchoit) à la naissance d'un fils, suivant Bhrigou, lorsque ce (fils) a un enfant (mâle).

17. Le Brahmane qui met dans son lit une Soudra va en enfer; s'il a d'elle un fils, il est déchu de sa qualité de Brahmane.

18. Les Dieux et les Mânes ne mangent pointles (offrandes) de celui qui se fait assister par une (femme Soudra) dans les rites en l'honneur des Dieux, des Mânes et des hôtes, et luimême ne va point au ciel.

19. Pour celui qui boit l'écume des lèvres d'une Soudra, qui a été au contact de son haleine, ou qui en a un fils, aucune purification n'est prescrite.

20. Apprenez maintenant en peu de mots les huit (modes) de mariage (propres) aux quatre castes, prospères ou funestes en ce monde et dans l'autre.

21. (Ce sont les modes dits) de Brahmâ, des Dieux, des Saints, du Seigneur de la création, des mauvais Esprits, des Musiciens célestes, des Démons, et enfin le huitième et le plus vil, celui des Vampires.

22. Quels sont ceux qui sont autorisés pour chaque caste, quels sont les qualités et les défauts de chacun d'eux, (c'est ce que) je vais vous expliquer complètement, ainsi que les bonnes ou mauvaises qualités des enfants (qui en naissent).

23. Sachez que les six (premiers) dans l'ordre sont autorisés pour un Brahmane, les quatre derniers pour un Kchatriya, les mêmes, sauf le rite des Démons, pour un Vaisya et un Soudra.

24. Suivant l'opinion de (certains) sages, les quatre premiers sont permis à un Brahmane, un seul, le rite des Démons, à un Kchatriya, et le rite des mauvais Esprits à un Vaisya ou à un Soudra.

25. Mais ici (dans ce traité), sur les cinq (derniers), trois sont déclarés légitimes et deux illégitimes : le rite des Vampires et celui des mauvais Esprits ne doivent jamais être usités.

26. Soit séparés, soit réunis, les deux rites précédemment énoncés, celui des Musiciens célestes et celui des Démons, sont déclarés légitimes pour un Kchatriya.

27. (Quand un père) donne sa fille, après l'avoir vêtue et honorée (par des cadeaux), à un homme instruit dans le Véda et vertueux, qu'il a volontairement invité, (c'est ce qu'on) appelle le mode de Brahmâ.

28. (Quand un père) ayant paré sa fille, la donne au cours d'un sacrifice à un prêtre officiant qui accomplit dûment le rite, (c'est ce qu'on) appelle le mode des Dieux.

29. (Quand un père) donne sa fille suivant la règle, après avoir reçu du prétendant un taureau avec une vache, ou deux couples (de ces animaux) pour (l'accomplissement) d'un sacrifice, (c'est ce qu'on) appelle le mode des Saints.

30. (Lorsqu'un père) donne sa fille avec cette formule : « Pratiquez tous deux vos devoirs ensemble », et avec les honneurs (dus, c'est ce qu'on appelle) le mode du Seigneur de la création.

31. (Quand le prétendant) après avoir donné aux parents et à la jeune fille des cadeaux proportionnés à ses moyens, reçoit sa fiancée de son plein gré, (c'est ce qu'on appelle) le mode des mauvais Esprits.

32. L'union volontaire d'un jeune homme et-d'une jeune fille doit être regardée comme le mode des Musiciens célestes : elle naît du désir, et a pour but final le plaisir sexuel.

33. Le rapt, avec effraction, blessures ou meurtre (des parents), malgré les pleurs et les cris de la jeune fille, s'appelle le mode des Démons.

34. Quand (un homme) se rend maître par surprise d'une jeune fille endormie, ivre ou folle, c'est le mode des Vampires, le huitième et dernier et le plus exécrable (de tous).

35. Pour les Brahmanes, le don d'une fille (précédé de libations) d'eau est le plus approuvé : pour les autres castes, (la cérémonie se fait) au gré de chacun.

36. Écoutez maintenant, ô Brahmanes, l'exposé complet que je vais vous faire des qualités que Manou a attribuées à chacun de ces (modes) de mariage.

37. S'il est vertueux, le fils d'une femme mariée suivant le mode de Brahmâ délivre du péché dix de ses ancêtres, dix de ses descendants, et lui-même vingt et unième.

38. De même le fils d'une femme épousée suivant le mode des Dieux (délivre) sept ancêtres et sept descendants ; le fils d'une femme épousée suivant le mode des Saints, trois (ancêtres) et trois (descendants); le fils d'une femme épousée suivant le mode du Seigneur de la création, six (ancêtres) et six (descendants).

39. Les quatre (premiers modes de) mariage dans l'ordre énoncé, à commencer par le mode de Brahmâ, donnent naissance à des enfants qui brillent par la connaissance des Védas, et sont estimés des gens de bien,

40. Possédant les qualités de beauté et de bonté, riches, renommés, nageant dans les plaisirs, très vertueux et qui vivent cent années.

41. Mais des (quatre) autres (modes) blâmables de mariage naissent des enfants cruels et menteurs, ennemis du Véda et de la Loi sacrée.

42. D'un mariage sans reproche naît pour les hommes une postérité sans reproche, et d'un (mariage) répréhensible (naît une postérité) répréhensible ; on doit donc éviter les (modes d'union) entachés de blâme.

43. La cérémonie de la Prise de la main est prescrite (quand les) femmes (sont) de même caste (que leurs maris) ; voici le rite (qu'on doit suivre) dans les mariages avec des femmes d'une caste différente.

44. En épousant un homme de caste supérieure, une Kchatriya doit tenir une flèche, une Vaisya, un aiguillon, une Soudra le bord d'un vêtement.

45. (Un mari) attaché à sa femme doit toujours l'approcher à l'époque favorable, et il peut l'approcher (en tout autre temps) par désir du plaisir sexuel, à l'exception des jours lunaires défendus, en observant cette interdiction.

46. On appelle époque naturelle de la femme seize (jours et seize) nuits (par mois) avec quatre autres jours, désapprouvés par les gens vertueux.

47. Mais parmi ces (seize nuits) les quatre premières ainsi que la onzième et la treizième sont défendues, les autres sont recommandées.

48. Dans les nuits paires on engendre des garçons, dans les nuits impaires des filles ; aussi, quand on désire un fils, doit-on approcher sa femme dans les (nuits) paires à l'époque favorable.

49. Si la semence de l'homme prédomine, c'est un fils qui naît ; si la semence de la femme prédomine, c'est une fille ; s'il y a égalité (entre les semences) il naît un eunuque, ou une fille et un garçon; s'il y a faiblesse ou insuffisance (dans les deux), au contraire (il n'y a pas conception).

50. Celui qui s'abstient de femmes pendant les nuits défendues, et pendant huit autres est (l'égal en chasteté d')un novice, en quelque ordre qu'il vive.

51. Un père connaissant (son devoir) ne devra pas accepter la moindre gratification (pour le don) de sa fille ; en acceptant par cupidité une gratification, il serait le marchand de sa fille.

52. Les parents qui dans leur folie vivent sur le bien d'une femme (et s'approprient) les voitures ou les vêtements d'une femme (sont) coupables (et) vont en enfer.

53. Quelques-uns ont dit que (le présent) d'un taureau et d'une vache (fait) à un (mariage) suivant le rite des Saints était une gratification, (mais) à tort ; (car) grande ou petite, toute gratification (acceptée par le père) serait un marché.

54. Quand les parents ne prennent pas (pour eux) le cadeau (fait à la jeune fille), ce n'est pas un marché ; il n'y a là qu'une marque d'honneur et d'affection envers la jeune épouse.

55. Les femmes doivent être honorées et parées par leurs pères, frères, maris et beaux-frères, s'ils désirent une grande prospérité.

56. Là où les femmes sont honorées, les dieux sont contents ; là où elles ne le sont pas, tous les sacrifices sont stériles.

57. Une famille où les femmes sont malheureuses dépérit très rapidement ; celle où elles ne le sont pas, prospère toujours.

58. Les maisons maudites par les femmes qui n'ont pas été honorées (comme il faut) périssent de fond en comble, comme détruites par enchantement.

59. C'est pourquoi les hommes soucieux de leur prospérité doivent toujours honorer les femmes aux jours de fête et dans les cérémonies, (en leur offrant) des parures, des vêtements et des friandises.

60. Dans une famille où le mari se complaît avec sa femme et la femme avec son mari, la prospérité ne peut manquer d'être durable.

61. Car si la femme ne brille pas (par sa parure), elle ne peut charmer son époux, et d'autre part si le mari n'éprouve aucun charme, il ne naît point de postérité.

62. Quand la femme brille (par sa parure), toute la famille resplendit ; mais si elle ne brille pas, tout est sans éclat.

63. Contracter des mésalliances, négliger les rites, ne pas étudier le Véda, outrager les Brahmanes, (voilà ce qui fait) déchoir les familles.

64. Les métiers, le négoce, (la procréation) d'enfants rien qu'avec des femmes Soudrâs, le (trafic) des chevaux, du bétail et des voitures, l'agriculture et le service du roi,

65. Les sacrifices (offerts) pour des personnes indignes, l'incrédulité (en ce qui concerne les récompenses futures) des bonnes oeuvres, (voilà ce qui) détruit rapidement les familles où l'étude du Véda est négligée.

66. Mais les familles riches de la connaissance du Véda, quoique pauvres de biens, sont comptées parmi les familles honorables et acquièrent une bonne réjDutation.

67. Avec le feu sacré nuptial le maître de maison devra suivant la règle accomplir les rites domestiques, les cinq (grands) sacrifices et la cuisson quotidienne (des aliments).

68. Le maître de maison a cinq instruments de destruction (des êtres animés), le foyer, la meule, le balai, le mortier, le pot à eau, par l'emploi desquels il est lié (au péché).

69. Pour expier dans l'ordre (les péchés encourus par l'emploi de) tous ces (cinq instruments), les grands Sages ontprescritau maître de maison les cinq grands sacrifices quotidiens.

70. La lecture du Véda est le sacrifice à Brahme, l'offrande de gâteaux et d'eau est le sacrifice aux Mânes, l'offrande au feu est (le sacrifice) aux Dieux, l'offrande de nourriture (est le sacrifice) aux Êtres, l'accomplissement des devoirs d'hospitalité est le sacrifice aux hommes.

71. Celui qui dans la mesure de ses moyens ne néglige pas ces cinq grands sacrifices, n'est pas souillé par les péchés (commis en employant) les cinq instruments de destruction, quoique demeurant toujours dans sa maison.

72. Celui qui ne nourrit pas ces cinq (sortes de personnes), les Dieux, les hôtes, les gens sous sa dépendance, les Mânes et lui-même, bien qu'il respire, ne vit pas.

73. On appelle encore ces cinq sacrifices : Ahouta, Houta, Prahouta, Brâhmya-Houta et Prâsita.

74. L'Ahouta est la prière murmurée, le Houta est l'offrande au feu, le Prahouta est l'offrande de nourriture aux Êtres, le Brâhmya-Houta est le respect envers les Brahmanes et le Prâsita est l'offrande aux Mânes.

75. (Le maître de maison) doit être constamment appliqué à la lecture du Véda et à (l'accomplissement) des sacrifices aux Dieux ; car celui qui est exact (à offrir) des sacrifices aux Dieux soutient (tout) ce (monde) animé et inanimé.

76. L'offrande convenablement jetée dans le feu parvient au soleil ; le soleil engendre la pluie ; la pluie engendre la nourriture par laquelle (subsistent) les créatures animées.

77. De même que toutes les créatures subsistent par l'air, ainsi tous les (autres) ordres vivent par le secours du maître de maison.

78. Parce que les individus (appartenant) aux trois (autres) ordres reçoivent quotidiennement du maître de maison des secours en instruction religieuse et en nourriture, (l'ordre du) maître de maison est le plus éminent de tous.

79. Quiconque désire une (félicité) impérissable (au) ciel et un bonheur constant ici-bas doit soutenir avec zèle (les devoirs de) cet (ordre) que ne peuvent soutenir les gens sans empire sur leurs organes.

80. Les Saints, les Mânes, les Dieux,les Êtres et les hôtes réclament du maître de maison (les offrandes ; c'est pourquoi) celui qui connaît (son devoir) doit faire pour eux (ce qu'ils demandent).

81. Qu'il honore suivant la règle les Saints par la récitation du Véda, les Dieux par les oblations au feu, les Mânes par les offrandes funéraires, les humains par des aliments et les Êtres par l'offrande (dite) bali.

82. Il doit chaque jour faire une offrande funéraire avec du riz ou autre (aliment), ou avec de l'eau, ou bien avec du lait, des racines et des fruits, pour contenter les Mânes.

83. Qu'il nourrisse au moins un Brahmane (dans la cérémonie) en l'honneur des Mânes qui fait partie des cinq grands sacrifices ; mais qu'à cette occasion il n'en nourrisse aucun au (sacrifice) adressé à tous les Dieux réunis.

84. Chaque jour un Brahmane doit faire, dans le feu domestique, suivant la règle, avec la nourriture préparée à l'intention de tous les Dieux réunis, une oblation aux divinités suivantes :

85. D'abord au Feu et à la Lune (séparément) et à tous deux conjointement, puis à tous les Dieux réunis, ensuite à Dhanvantari,

86. A Kouhoû, à Anoumati, au Seigneur des créatures, au Ciel et à la Terre conjointement, enfin au Feu du bon sacrifice.

87. Après avoir ainsi offert exactement l'oblation (dans le feu), qu'il (aille) vers chacun des points cardinaux, (de l'Est) vers le Sud, et adresse (l'offrande) bali à Indra, à Yama, à Varouna, et à Soma ainsi qu'à leurs suivants.

88. En disant : « (Adoration) aux vents », il répandra (l'offrande) près de la porte ; en disant : « (Adoration) aux eaux », il la répandra dans l'eau; en disant : « (Adoration) aux arbres », il la jettera sur le pilon et le mortier.

89. Au chevet (de son lit) qu'il fasse (une offrande) à Srî, au pied (de son lit) à Bhadrakâlî; au centre de sa demeure qu'il adresse une (offrande) bali à la fois à Brahmâ et au Dieu de la maison.

90. Qu'il lance en l'air une (offrande) bali pour tous les Dieux réunis ; (qu'il en fasse une le jour) pour les Esprits qui errent le jour, et (la nuit) pour les Esprits qui errent la nuit.

91. Qu'il fasse au sommet de la maison une (offrande) bali, pour la prospérité de tous les êtres, et qu'il jette tout le reste dans la direction du Sud pour les Mânes.

92. Il devra répandre à terre doucement (une part) pour les chiens, les hommes déchus de leur caste, les êtres vils, les gens atteints de maladies graves, les corneilles et les insectes.

93. Le Brahmane qui honore ainsi perpétuellement tous les êtres va tout droit, revêtu d'un corps glorieux, au séjour suprême.

94. Après avoir ainsi accompli l'oblation bali, il doit donner d'abord à manger à son hôte et faire suivant la règle l'aumône à un mendiant et à un novice.

95. Autant le (disciple) qui offre suivant la règle une vache à son précepteur, acquiert, de mérite pour sa bonne action, autant le Dvidja maître de maison en acquiert en donnant l'aumône.

96. Qu'il donne suivant la règle l'aumône ou un pot plein d'eau, après l'avoir orné (de fleurs et de fruits) à un Brahmane connaissant le véritable sens du Véda.

97. Les offrandes aux Dieux et aux Mânes faites par des gens ignorants sont stériles, si, dans leur folie, les donateurs (en) offrent (une part) à des Brahmanes qui ne sont que des cendres.

98. (Mais) une oblation au feu (qui est) la bouche d'un Brahmane riche en savoir et en austérités, délivre de l'infortune, et même d'un péché grave.

99. Dès qu'un hôte arrive, il faut lui offrir un siège et de l'eau, ainsi que des aliments suivant ses moyens, après l'avoir honoré selon la règle.

100. Un Brahmane qui n'a pas été honoré (dans la demeure d'un maître de maison) emporte tout (le mérite) des bonnes oeuvres de celui-ci, même s'il (ne vit que) d'épis glanés et offre les cinq grands feux.

101. Herbe, terre, eau et bonne parole, (voilà) quatre choses (qui) ne font jamais défaut dans la maison des gens de bien.

102. Un Brahmane qui demeure une (seule) nuit est appelé un hôte (atithi) ; il est nommé ainsi parce qu'il ne reste pas perpétuellement (anityam-sthita).

103. Un Brahmane qui habite le même village, ou qui vient pour passer le temps, ne doit pas être considéré comme un hôte, même quand il arrive dans une maison (dont le maître) a une épouse et (entretient) les feux sacrés.

104. Les maîtres de maison assez insensés pour accepter la nourriture d'autrui, en punition de cette (faute) deviennent après leur mort les bestiaux de ceux qui leur ont donné des aliments et autres telles (choses).

105. Le maître de maison ne doit point renvoyer le soir un hôte amené par le (coucher du) soleil ; qu'il vienne en temps opportun ou non, il ne faut pas qu'il reste dans la maison sans nourriture.

106. Il ne doit rien manger lui-même sans en faire manger à son hôte ; le respect envers les hôtes procure la richesse, la gloire, une longue vie et le ciel.

107. Siège, chambre, lit, politesse au départ, soin à servir, (tout cela) doit être supérieur pour les (hôtes) supérieurs, modeste pour les (hôtes) humbles, égal pour les (hôtes) d'égale condition.

108. L'offrande à tous les Dieux réunis terminée, si un nouvel hôte arrive, on lui donnera des aliments suivant ses moyens, mais sans renouveler l'offrande bali.

109. Un Brahmane ne doit point proclamer sa famille et sa race pour (se faire donner) des aliments; celui qui fait parade de ces (choses) pour (se faire donner) des aliments est appelé par les Sages « mangeur de vomissement ».

110. Mais un Kchatriya (venant) dans la maison d'un Brahmane n'est pas considéré comme un hôte, non plus qu'un Vaisya, un Soudra, un ami, des parents, un précepteur.

111. Mais si un Kchatriya arrive dans la maison (d'un Brahmane) en qualité d'hôte, (le maître de la maison) peut aussi lui donner à manger à son gré, après que les Brahmanes mentionnés plus haut sont rassasiés.

112. Même quand un Vaisya et un Soudra arrivent dans la maison en qualité d'hôtes, il peut les faire manger avec ses domestiques, en leur témoignant de la bonté.

113. Quant aux autres (personnes) telles que ses amis, etc., venues chez lui par affection, il doit les faire manger avec sa femme, après avoir préparé suivant ses moyens les aliments.

114. Qu'il n'hésite pas à servir d'abord, même avant ses hôtes, les jeunes épouses, les enfants, les malades, les femmes enceintes.

115. L'insensé qui mange le premier avant d'avoir servi ces (diverses personnes) ne se doute pas, pendant qu'il mange, qu'il servira (après sa mort) de pâture aux chiens et aux vautours.

116. Après que les Brahmanes, les parents, les serviteurs ont dîné, le maître de maison et son épouse peuvent manger ensuite ce qui reste.

117. Après avoir honoré les Dieux, les Saints, les hommes, les Mânes et les Divinités tutélaires de la maison, le maître de maison.mangera ensuite ce qui reste.

118. Il ne mange que du péché celui qui prépare (des aliments pour lui seul) ; en effet les aliments qui restent du sacrifice sont prescrits pour la nourriture des gens de bien.

119. Qu'il honore par une offrande de miel un roi, un prêtre officiant, un étudiant-dont le noviciat est terminé, un précepteur, un gendre, un beau-père, un oncle maternel, (lorsqu'ils viennent) de nouveau après une année révolue.

120. Un roi et un (Brahmane) instruit qui arrivent au moment de la célébration d'un sacrifice doivent être honorés par une offrande de miel, mais non s'il n'y a point de sacrifice (célébré) ; telle est la règle.

121. L'épouse doit faire le soir avec la nourriture préparée une offrande bali, sans (réciter) aucune formule sacrée ; car (l'oblation) dite à tous les Dieux réunis est prescrite pour le soir et pour le matin.

122. Après avoir accompli le sacrifice aux Mânes, un Brahmane qui entretient un feu (sacré) doit tous les mois, à la nouvelle lune, offrir le repas funéraire appelé Pindânvâhâryaka.

123. Les Sages ont appelé Anvâhârya l'offrande funéraire mensuelle aux Mânes ; elle doit être faite soigneusement avec les viandes prescrites.

124. Je vais dire exactement quels Brahmanes on doit inviter en cette (solennité), quels sont ceux qu'on doit exclure, en quel nombre, et avec quels aliments (on doit les traiter).

125. On doit en traiter deux à la cérémonie en l'honneur des Dieux, trois à la cérémonie en l'honneur des Mânes, ou bien un seulement à chacune des deux ; même quand on est riche, on ne doit pas rechercher une nombreuse compagnie.

126. La nombreuse compagnie détruit ces cinq (choses, à savoir) : l'accueil honorable (fait aux hôtes, l'opportunité) de lieu et de temps, la pureté et la réunion de Brahmanes (vertueux); aussi ne doit-on pas désirer nombreuse compagnie.

127. La cérémonie des morts appelée le sacrifice aux Mânes, (quia lieu) au jour delà nouvelle lune est renommée; cette cérémonie des morts prescrite par la tradition procure sans cesse des prospérités à celui qui est exact à la (célébrer).

128. Les oblations aux Dieux et aux Mânes ne doivent être données par celui qui les offre qu'à un Brahmane instruit ; ce qu'on donne à ce Brahmane très méritant porte de grands fruits.

129. Rien qu'en invitant un seul homme instruit (à la cérémonie) en l'honneur des Dieux, (et à celle) en l'honneur des Mânes, on obtient une belle récompense, plutôt (qu'en nourrissant) même un grand nombre (de personnes) qui ne connaissent point le Véda.

130. On doit s'enquérir même (sur les ascendants) reculés d'un Brahmane qui a achevé l'étude du Véda ; un tel homme est un digne réceptacle des offrandes aux Dieux et aux Mânes ; c'est (vraiment) un hôte.

131. Quand même un millier d'hommes ignorants des livres saints prendraient part (à un repas funéraire), un seul homme instruit dans le Véda, (s'il est) satisfait (de l'accueil qu'on lui a fait) les vaut tous, suivant la loi.

132. Les offrandes aux Dieux et aux Mânes doivent être données à une personne distinguée par son savoir ; car les mains souillées de sang ne se purifient pas dans le sang.

133. Autant un ignorant du Véda avale de bouchées dans un sacrifice aux Dieux ou aux Mânes, autant (celui qui donne le repas) avalera après sa mort de javelots, d'épieux et de balles de fer incandescents.

134. Certains Brahmanes se consacrent à l'étude, d'autres aux austérités, d'autres aux austérités et à la lecture du Véda, d'autres aux oeuvres pies.

135. Les offrandes aux Mânes doivent être soigneusement données à ceux qui se consacrent à l'étude; mais les offrandes aux Dieux (peuvent être données) comme il convient aux (personnesdes) quatre (catégories) qu'on vient de mentionner.

136. (Supposez) un fils ayant étudié le Véda jusqu'au bout, et dont le père est ignorant, ou un fils ignorant dont le père a étudié le Véda jusqu'au bout :

137. De ces deux (personnages) on doit considérer comme le plus vénérable celui dont le père est instruit (dans le Véda) ; mais l'autre mérite d'être honoré à cause du respect dû aux livres saints.

138. A un sacrifice funéraire on ne doit point traiter un ami ; on peut gagner son affection par (d'autres) présents ; on doit à un sacrifice funéraire convier un Brahmane qu'on ne considère ni comme ennemi ni comme ami.

139. Celui dont les offrandes aux Dieux et aux Mânes ont pour objet les amis ne recueille après la mort aucun fruit de ses offrandes aux Dieux et aux Mânes.

140. L'homme qui dans sa démence contracte des amitiés au moyen d'un repas funéraire, méprisable entre tous les Dvidjas, perd le ciel, comme ayant acquis un ami par le moyen d'un sacrifice funèbre.

141. Cette offrande (consistant dans) un festin en commun (avec des amis) est appelée par les Brahmanes (l'oblation) aux démons; elle reste en ce monde comme une vache aveugle dans une étable.

142. De même qu'en semant sur un sol stérile le laboureur ne récolte aucun produit, ainsi en offrant les aliments du sacrifice à des gens ignorants des livres saints, le donateur ne retire aucun fruit.

143. Mais un présent fait suivant la loi à un homme instruit assure à celui qui le donne et à celui qui le reçoit la jouissance d'une récompense en ce monde et dans l'autre.

144. (A défaut d'un Brahmane instruit), on peut à son gré, dans un sacrifice funéraire, honorer un ami (vertueux) plutôt qu'un ennemi même instruit ; car l'offrande mangée par un ennemi reste sans fruit après la mort.

145. A un sacrifice funéraire on doit avoir grand soin de convier un (Brahmane) ayant étudié complètement le Véda et connaissant bien le Rig-Véda, ou un (Brahmane) versé dans le Yadjour-Véda (et) qui a été jusqu'au bout de (cette) branche (du Véda), ou un (Brahmane) instruit dans le SâmaVéda qui le possède en entier.

146. Si l'un de ces (trois) mange à un sacrifice funéraire après avoir été (convenablement) honoré, les ancêtres (de celui qui offre le repas) jusqu'au septième ascendant reçoivent une satisfaction durable.

147. Telle est la règle fondamentale pour l'accomplissement des sacrifices aux Dieux et aux Mânes ; apprenez la règle secondaire (que voici), toujours observée par les gens vertueux.

148. On peut convier (à un repas funèbre, à défaut d'un Brahmane instruit), son aïeul maternel, son oncle maternel, le fils de sa soeur, son beau-père, son précepteur, le fils de sa fille, son gendre, un parent, un prêtre officiant, ou une personne pour qui on offre un sacrifice.

149. Celui qui connaît la loi n'a pas besoin d'examiner un Brahmane (pour le convier) à la cérémonie en l'honneur des Dieux ; mais pour celle en l'honneur des Mânes, il doit l'examiner scrupuleusement.

150. Manou a déclaré indignes des offrandes aux Dieux et aux Mânes les Brahmanes voleurs, exclus de leur caste, eunuques ou athées.

151. On ne doit point convier à un sacrifice funéraire un homme qui porte les cheveux nattés, celui qui n'a point étudié le Véda, ni un infirme, un joueur, ni ceux qui sacrifient pour tout le monde.

152. Les médecins, les montreurs d'idoles, les marchands de viande, et ceux qui vivent de trafic doivent être exclus des sacrifices aux Dieux et aux Mânes.

153. Un homme au service d'un village ou d'un roi, un homme qui a mal aux ongles ou les dents noires, un (étudiant) qui fait de l'opposition à son précepteur, un (homme) qui néglige le feu (sacré), un usurier,

154. Un phtisique, un gardeur de troupeaux, un frère cadet marié avant son aîné, un (homme) qui néglige les (cinq grands) sacrifices, un ennemi des Brahmanes, un frère aîné qui ne s'est pas marié avant son cadet, un membre d'une corporation,

155. Un acteur, celui qui a enfreint ses vœux, le mari (en premières noces) d'une femme Soudra, le fils d'une femme remariée, un borgne, celui qui tolère dans sa maison un amant de sa femme,

156. Celui qui enseigne pour un salaire, et celui qui reçoit l'instruction moyennant salaire, l'élève d'un Soudra et le Soudra précepteur, un homme grossier dans ses paroles, le fils d'une femme adultère ou le fils naturel d'une veuve,

157. Celui qui délaisse sans motif sa mère, son père ou son précepteur, celui qui est entré en rapport avec des dégradés soit par les liens du Véda, soit par ceux du mariage,

158. Un incendiaire, un empoisonneur, celui qui mange le pain d'un fils adultérin, un vendeur de soma, un (homme) qui voyage par mer, un barde, un marchand d'huile, un faux témoin,

159. Un (fils) qui a procès avec son père, un joueur, un ivrogne, un (homme) atteint d'une maladie grave, un (homme) décrié, un trompeur, un marchand d'essences,

160. Un fabricant d'arcs et de flèches, l'époux d'une jeune sœur mariée avant son aînée, celui qui trahit un ami, celui qui vit du jeu, celui qui a pour précepteur son fils,

161. Un épileptique, un strumeux, un (homme) atteint de la lèpre blanche, un délateur, un fou, un aveugle, un détracteur des Védas, (tous ces gens) doivent être exclus.

162. Un cornac d'éléphants, un dresseur de boeufs, de chevaux, de chameaux, celui qui fait métier de l'astrologie, un éleveur d'oiseaux, ainsi qu'un maître d'escrime,

163. Celui qui détourne les cours d'eau, ou qui aime à les obstruer, un architecte, un messager, un planteur d'arbres (salarié),

164. Un dresseur de chiens, un fauconnier, un séducteur de filles, un homme malfaisant, un (Brahmane) qui mène la vie d'un Soudra, un sacrificateur aux dieux inférieurs,

165. Celui qui viole les bonnes coutumes, un eunuque, celui qui mendie perpétuellement, un cultivateur, un pied bot, un (homme) méprisé des gens de bien,

166. Un berger, un conducteur de buffles, l'époux d'une femme remariée, un croque-mort, (tous ces gens) doivent être soigneusement exclus.

167. Un Brahmane judicieux doit exclure des deux (cérémonies) ces (gens), les plus vils des Dvidjas, dont la conduite est répréhensible, et qui sont indignes d'être admis en respectable compagnie.

168. Un Brahmane sans instruction s'éteint comme un feu d'herbe ; on ne doit point lui donner l'offrande consacrée aux Dieux ; ce serait sacrifier dans les cendres.

169. Je vais dire sans rien omettre quel fruit revient (après la mort) au donateur qui offre l'oblation consacrée aux Dieux ou aux Mânes à une personne indigne d'être admise en respectable compagnie.

170. Ce qui a été mangé par des Brahmanes ayant rompu leur voeu, par des jeunes frères mariés avant leurs aînés et autres telles personnes indignes d'être admises, est en réalité dévoré par les démons.

171. Celui qui prend femme et allume le feu sacré, alors que son aîné n'est pas encore marié, est appelé Parivettar, et l'aîné Parivitti.

172. Tous deux, ainsi que la jeune fille avec laquelle l'hymen est contracté, (le père) qui la donne en mariage, et le prêtre du sacrifice (nuptial) vont tous les cinq en enfer.

173. Celui qui satisfait sa passion pour la femme de son frère mort, même quand elle a été légalement autorisée (à avoir un enfant de lui), doit être considéré comme l'époux d'une femme remariée.

174. Des femmes adultères il naît deux (sortes) de fils, le kounda et le golaka : le kounda si l'époux est encore vivant, le golaka après la mort de l'époux.

175. Ces deux êtres nés de la femme adultère font perdre au donateur ici-bas et après la mort (le fruit) des offrandes aux Dieux et aux Mânes, (dont il leur a) donné (une part).

176. Pour tous les (hôtes) honorables qu'un (homme) indigne d'être admis regarde manger, l'insensé qui donne (le repas funéraire) ne recueille aucun fruit dans l'autre monde.

177. Un aveugle, par sa présence, détruit pour le donateur (d'un repas) la récompense (que lui vaudrait la réception) de quatre-vingt-dix hôtes, un borgne (celle) de soixante, un (homme) atteint de lèpre blanche (celle) de cent, celui qui a une maladie grave (celle) de mille.

178. Le donateur (d'un repas funéraire) perd le fruit de son œuvre méritoire pour tous les Brahmanes (invités) qu'un (homme) qui sacrifie pour les Soudras, peut toucher avec ses membres.

179. Si par cupidité un Brahmane, quoique instruit dans le Véda, accepte un présent d'un tel (personnage), il va rapidement à sa perte, tel un pot de terre non cuite dans l'eau.

180. (La nourriture) donnée à un vendeur de soma devient de l'ordure ; à un médecin, du pus et du sang ; (donnée) à un montreur d'idoles elle se perd ; à un usurier, elle reste stérile.

181. Celle qui est donnée à un marchand ne (fructifie) ni dans ce monde ni dans l'autre, et (celle qu'on donne) à un Dvidja né d'une femme remariée, est comme l'offrande jetée dans la cendre.

182. Mais les Sages déclarent que la nourriture (offerte) aux autres gens indignes d'être admis et méchants, que l'on vient d'énumérer, (devient) graisse, sang, viande, moelle et os.

183. Apprenez maintenant complètement par quels Brahmanes peut être purifiée une compagnie polluée par (la présence) de gens indignes d'être admis, (et connaissez) ces Brahmanes éminents qui purifient une compagnie.

184. Ceux qui excellent dans la science du Véda et de tous les traités accessoires, et qui descendent de (prêtres) instruits, doivent être considérés comme les purificateurs d'une compagnie.

185. Un Brahmane qui s'est consacré à l'étude d'une des parties du Yadjour-Véda, celui qui entretient les cinq feux, celui qui connaît la portion du Rig-Véda appelée Trisouparna, celui qui est versé dans les six Angas, le fils d'une femme mariée suivant le rite de Brahmâ et celui qui chante la partie principale du Sâma-Véda,

186. Celui qui comprend le sens du Véda et celui qui l'enseigne, le novice qui a donné mille (vaches à son précepteur), un centenaire, (tels sont) les Brahmanes qui doivent être considérés comme purificateurs d'une compagnie.

187. La veille de la célébration d'un sacrifice funéraire, ou le jour même, on doit inviter dûment trois au moins des Brahmanes qui ont été mentionnés.

188. Un Brahmane invité à une (cérémonie) en l'honneur des Mânes, doit toujours être maître de ses sens ; qu'il s'abstienne de réciter le Véda, et que celui qui offre le sacrifice funèbre (l'imite).

189. Car les Mânes accompagnent ces Brahmanes invités, les suivent comme le vent (quand ils marchent) et s'asseyent près d'eux quand ils sont assis.

190. Un Brahmane invité suivant les règles à un sacrifice aux Dieux ou aux Mânes, et qui d'une manière quelconque manque (à l'invitation) est coupable, et deviendra (après sa mort) un porc.

191. Mais celui qui invité à un repas funéraire, satisfait sa passion avec une femme Soudra, se charge de tous les péchés commis par le donateur (du repas).

192. Exempts de colère, observateurs de la pureté, toujours chastes, ayant renoncé au combat, doués de grandes vertus, (tels) sont les Mânes, divinités primordiales.

193. Apprenez complètement quelle est l'origine de tous ces (Mânes), qui (ils sont), et par quels rites ils doivent être honorés.

194. Les (diverses) classes de Mânes sont considérées comme les fils de tous ces Saints, Marîtchi et les autres, enfants de Manou issu de Brahmâ.

195. Les Somasads fils de Virâdj sont considérés comme les ancêtres des Sâdhyas et les Agnichvâttas fils de Marîtchi sont fameux dans le monde (comme étant les ancêtres) des Dieux.

196. Les Barhichads fils d'Atri sont reconnus (comme les ancêtres) des Daityas, des Dànavas, des Yakchas, des Gandharvas, des Sarpas, des Râkchasas, des Souparnas et des Kinnaras.

197. Les Somapas (sont les ancêtres) des Brahmanes, les Havirbhoudjs ceux des Kchatriyas, les Âdjyapas ceux des Vaisyas, et les Soukâlins ceux des Soudras.

198. Les Somapas sont fils de Kavi, les Haviclimats fils d'Anguiras, les Âdjyapas de Poulastya, les Soukâlins de Vasichtha.

199. Les Agnidagdhas, les Anagnidagdhas, les Kâvyas, les Barhichads, les Agnichvâttas et les Saoumyas doivent être reconnus (pour les ancêtres) des Brahmanes seulement.

200. De ces classes principales de Mânes, qui viennent d'être énumérées, sachez qu'il existe ici-bas une infinité de fils et de petits-fils.

201. Des Sages sont issus les Mânes, des Mânes les Dieux et les Dànavas ; mais les Dieux (ont donné naissance) au monde entier, (avec j les êtres) animés et inanimés, dans l'ordre.

202. Même de l'eau (pure), offerte avec foi à ces (Mânes), dans des vases d'argent ou ornés d'argent, est la source d'une félicité impérissable.

203. Pour les Dvidjas, la cérémonie en l'honneur des Mânes est plus importante que la cérémonie en l'honneur des Dieux; car l'oblation aux Dieux qui précède l'oblation aux Mânes est déclarée un moyen propitiatoire pour celle-ci.

204. On doit commencer par une offrande aux Dieux comme (moyen de) protection pour (l'oblation aux Mânes) ; car les Démons emportent le repas funéraire privé de cette protection.

205. Il faut commencer et finir (un Srâddha) par une offrande aux Dieux, il ne faut ni commencer ni finir par l'offrande aux Mânes ; car celui qui commence et qui finit par l'offrande aux Mânes périt bientôt avec toute sa race.

206. Il faut enduire de fumier de vache un lieu pur et isolé, et avoir soin qu'il ait une pente vers le Sud.

207. Car les Mânes sont toujours satisfaits des offrandes faites en des lieux purs, sur les rives des fleuves et dans des endroits isolés.

208. Après que les Brahmanes ont fait convenablement leurs ablutions, il faut les faire asseoir séparément sur des sièges préparés, garnis d'herbe kousa.

209. Ayant fait asseoir ces Brahmanes irréprochables sur leurs sièges, il faut les honorer avec des guirlandes odoriférantes et des parfums, après avoir préalablement (honoré) les Dieux.

210. Après leur avoir apporté de l'eau, de l'herbe kousa et des grains de sésame, que le Brahmane autorisé par (tous les autres) Brahmanes ensemble fasse (l'oblation) dans le feu.

211. Ayant d'abord adressé à Agni, à Soma et à Yama, suivant les règles, une oblation (comme) moyen propitiatoire (du Srâddha) qu'il satisfasse ensuite les Mânes (par une offrande de riz).

212. Mais s'il n'y a point de feu (sacré), qu'il mette (les oblations) dans la main d'un Brahmane ; car le feu et un Brahmane c'est tout un, disent les Brahmanes qui connaissent les livres saints.

213. Ces Brahmanes exempts de colère, faciles à contenter, antiques, voués à la prospérité du monde, on les appelle les Dieux du sacrifice funéraire.

214. Après avoir fait (l'oblation) au feu (et) tourné complètement autour (en marchant de gauche) à droite, on doit asperger d'eau la terre avec la main droite.

215. Ayant fait trois boulettes du reste de l'offrande, on doit, avec recueillement et la face tournée vers le Sud, (les) offrir de la même manière que (les libations) d'eau.

216. Ces boulettes offertes suivant le rite, on doit, attentif, essuyer cette main (droite) avec (les racines) de ces brins d'herbe kousa, à l'intention des (ancêtres) qui mangent les parcelles essuyées.

217. S'étant rincé la bouche, tourné vers le Nord, ayant fait lentement trois suspensions d'haleine, celui qui connaît les textes sacrés adorera les six (divinités des) saisons et les Mânes.

218. De nouveau il versera lentement l'eau qui reste près des boulettes, et recueilli, il flairera ces boulettes dans l'ordre où elles ont été placées.

219. Prenant successivement de petites portions de ces boulettes, il les fera manger suivant la règle, à ces Brahmanes assis, avant (le repas).

220. Celui dont le père est encore en vie doit offrir le (repas funèbre) aux (Mânes des trois ancêtres) qui l'ont précédé ; ou bien encore il peut faire manger son père au repas funéraire comme un Brahmane.

221. Mais celui dont le père est mort, et dont l'aïeul (paternel) est encore en vie, doit, après avoir prononcé le nom de son père, mentionner celui de son grand grandpère.

222. Ou bien le grand-père peut prendre part au repas funèbre, a dit Manou, ou bien (son petit-fils) autorisé par lui peut de lui-même accomplir (la cérémonie) à sa volonté.

223. Ayant versé dans les mains de ces (hôtes) de l'eau mêlée de sésame, avec un brin d'herbe kousa, il (leur) donnera le sommet de ces boulettes en disant : « Svadhâ pour eux ! »

224. Puis ayant pris lui-même un (plat) rempli d'aliments avec ses deux mains, il le déposera doucement devant ces Brahmanes, en pensant aux Mânes.

225. Les aliments qu'on apporte sans les tenir entre les deux mains sont enlevés de force par les esprits malfaisants.

226. Les assaisonnements tels que bouillon, légumes et autres, lait frais ou lait suri, beurre fondu et miel, il doit les déposer avec soin par terre, étant attentif et recueilli,

227. (Ainsi que) les aliments durs et les divers mets, racines, fruits, viandes délicates, et boissons parfumées.

228. Ayant apporté tous ces (plats) successivement, recueilli et attentif, qu'il les offre (à ses hôtes) en (leur) expliquant toutes les qualités de chacun.

229. Il ne doit en aucun cas verser une larme, s'irriter, dire un mensonge, toucher les aliments avec le pied, ni les secouer.

230. Une larme envoie les mets aux Fantômes, la colère (les envoie) aux ennemis, le mensonge aux chiens, le contact du pied aux Démons, une secousse aux malfaiteurs.

231. Tout ce qui plaît aux Brahmanes, il doit le donner, libéralement, et faire des récits concernant l'Être suprême, car cela est agréable aux Mânes.

232. Dans un (sacrifice) aux Mânes, on doit faire entendre (à ses hôtes) la lecture du Véda, les livres de lois, les légendes, les épopées, les (récits des) Pourânas et les (textes apocryphes appelés) Khilas.

233. Content lui-même, qu'il charme (ses hôtes) Brahmanes, qu'il leur fasse manger successivement (de chaque chose) et qu'il les engage à plusieurs reprises (en leur présentant) le riz et autres (mets dont il proclamera) les qualités.

234. Qu'il ait soin, à un repas funéraire, de convier le fils de sa fille, fût-il en son noviciat, qu'il mette sur le siège une couverture (en poil de chèvre du Népal) et qu'il répande à terre des grains de sésame.

235. Trois (choses) purifient dans-un repas funèbre, le fils de la fille, la couverture et les grains de sésame ; trois (choses) y sont recommandées, la pureté, l'absence de colère et de précipitation.

236. Tous les aliments doivent être très chauds, et on doit les manger en silence; les Brahmanes (même) interrogés (à ce sujet) par celui qui donne (le repas) ne doivent point déclarer les qualités des mets.

237. Aussi longtemps que les aliments restent chauds et que l'on mange en silence, sans proclamer la qualité des mets, les Mânes prennent leur part (du repas).

238. Ce que l'on mange la tête couverte, ce que l'on mange la face tournée vers le Sud, ce que l'on mange avec des sandales (aux pieds), ce sont les Démons qui le dévorent.

239. Il ne faut pas qu'un homme de caste méprisée, un porc, un coq, un chien, une femme qui a ses règles, un eunuque voient manger les Brahmanes.

240. Tout ce qui est vu par eux durant une oblation au feu, une (distribution de) présents, un repas (donné à des Brahmanes), un sacrifice aux Dieux ou aux Mânes, est sans profit.

241. Le porc détruit (les effets de la cérémonie) par son flair, le coq par le vent de ses ailes, le chien par son regard, un homme de caste méprisée par son attouchement.

242. Un boiteux, un borgne, un homme mutilé ou celui qui a un membre de trop, quand même il serait le serviteur de celui qui offre (le repas funéraire), doit être éloigné de là.

243. Si un Brahmane ou un moine mendiant vient quêter sa nourriture, (le maître du repas) pourra lui faire honneur, suivant ses moyens, avec la permission de (ses hôtes) Brahmanes.

244. Ayant mélangé toutes sortes de mets (avec des assaisonnements) et les ayant aspergés d'eau, qu'il les dépose à terre, en les éparpillant (sur des brins d'herbe kousa), devant (ses hôtes) qui ont fini de manger.

245. Le reste (des aliments), et ce qui a été éparpillé sur des brins d'herbe kousa, doit être la part des (enfants) morts avant l'initiation et des (hommes) qui ont abandonné (sans motif) des femmes de leurs castes.

246. Les restes tombés à terre pendant un (repas en l'honneur) des Mânes sont déclarés la part des serviteurs dévoués et honnêtes.

247. Avant la célébration du (rite dit) Sapindîkarana, on doit (faire) en l'honneur d'un Brahmane qui vient de mourir un repas funéraire, sans (y joindre l'offrande) aux Dieux (réunis, et y) convier (un seul Brahmane) en offrant seulement une boulette.

248. Quand le (rite dit) Sapindîkarana a été accompli à son intention, suivant la loi, l'oblation des boulettes doit être faite par les fils de la manière (indiquée précédemment).

249. L'insensé qui après avoir mangé à un repas funéraire donne ses restes à un Soudra, tombe la tête la première dans l'enfer (appelé) Kâlasoûtra.

250. Si celui qui a pris part à un repas funéraire entre le jour même dans la couche d'une femme Soudra, les Mânes de ses (ancêtres) seront couchés pendant (tout) ce mois dans l'ordure de celle-ci.

251. Après avoir demandé (à ses hôtes) : « Avez-vous bien dîné ? » s'ils sont satisfaits, il les invitera à se rincer la bouche, et cette opération faite, il les congédiera en disant : « Reposez-vous (ici ou chez vous). »

252. A quoi les Brahmanes doivent aussitôt répondre : « Contentement soit ! » Car à toutes les cérémonies en l'honneur des Mânes, le mot « contentement » est la plus excellente des bénédictions.

253. Ensuite il doit faire connaître (à ses hôtes) qui ont terminé leur repas, ce qui reste des aliments, et avec l'autorisation des Brahmanes, en faire l'emploi qu'ils lui diront.

254. Dans un sacrifice aux Mânes il faut dire : « Avez-vous bien dîné ? » ; dans un sacrifice purificatoire pour une famille : « Avez-vous bien entendu ? » ; dans un sacrifice de réjouissance : « Avez-vous réussi ? » ; dans un sacrifice des Dieux : « Êtes-vous contents ? »

255. L'après-midi, les brins de kousa, la purification de la demeure, les grains de sésame, la distribution (des aliments), leur préparation, et des Brahmanes distingués sont des avantages dans une cérémonie en l'honneur des Mânes.

256. Les brins d'herbe kousa, les (prières) purificatrices, le matin, les offrandes de toutes sortes ainsi que les purifications précédemment indiquées, doivent être reconnus pour des avantages dans un sacrifice aux Dieux.

257. La nourriture des anachorètes, le lait, le soma, la viande non assaisonnée et le sel naturel sont dits les offrandes de nature.

258. Ayant congédié les (hôtes) Brahmanes, recueilli, silencieux et pur, la face tournée vers le Sud, on doit implorer (en ces termes) ces Mânes éminents :

259. « Puissent les hommes généreux abonder parmi nous! Puissent aussi (la science du) Véda et (notre) postérité (s'accroître) ! Puisse la foi ne jamais nous quitter ! Puissions-nous avoir beaucoup à donner ! »

260. Après avoir ainsi fait l'offrande, on doit aussitôt faire manger ces boulettes par une vache, un Brahmane, une chèvre, (les faire consumer) par le feu (sacré) ou les jeter dans l'eau.

261. Quelques-uns font l'offrande des boulettes après (le repas des Brahmanes) ; d'autres les font manger aux oiseaux, ou bien les jettent dans le feu ou dans l'eau.

262. Une épouse légitime fidèle à son mari, et attentive au culte des Mânes, devra manger soigneusement la boulette du milieu, (si elle) désire avoir un fils.

263. (Ainsi) elle enfantera un fils destiné à une longue vie, plein de gloire et de sagesse, riche, ayant une nombreuse postérité, vertueux et juste.

264. Ayant lavé ses mains et rincé sa bouche, (le maître du repas) devra préparer des aliments pour ses parents

(paternels) et après les leur avoir présentés avec respect, il fera dîner à leur tour ses parents maternels.

265. Qu'il laisse les restes des Brahmanes, jusqu'à ce que ceux-ci aient été congédiés ; ensuite il fera l'offrande de la maison: telle est la règle.

266. Je vais maintenant exposer, sans rien omettre, quelle (sorte d') offrande donnée aux Mânes suivant la règle, sert pour un long temps ou pour l'éternité.

267. Des grains de sésame, du riz, de l'orge, des haricots, de l'eau, des racines et fruits offerts suivant le rite satisfont les ancêtres des hommes pour un mois.

268. On les satisfait pour deux mois avec du poisson, pour trois avec de la chair de gazelle, pour quatre avec de la chair de mouton, pour cinq avec de la chair d'oiseau,

269. Pour six avec de la chair de chevreau, pour sept avec de la chair de daim, pour huit avec de la chair d'antilope, pour neuf avec de la chair de cerf.

270. Ils sont satisfaits dix mois avec de la chair de sanglier et de buffle, onze mois avec de la chair de lièvre et de tortue,

271. Un an avec du lait de vache et du riz au lait; la satisfaction (que leur donne) la chair d'un bouc blanc dure douze années.

272. L'herbe kâlasâka et le (poisson) mahâsalka, la chair de rhinocéros et celle d'une chèvre rouge, du miel et tous les aliments des ermites, leur procurent une satisfaction éternelle.

273. N'importe quelle (substance) mêlée à du miel, offerte le treizième (jour lunaire) en (la saison des) pluies et sous la constellation Maghâ (procure) aussi (une joie) impérissable.

274. a Puisse-t-il naître dans notre lignée quelqu'un qui nous donnera du riz au lait avec du miel et du beurre clarifié, le treizième (jour lunaire) et (à l'heure) où l'ombre de l'éléphant tombe à l'Est ! » (tel est le voeu des Mânes).

275. Tout ce qu'un homme de foi donne ponctuellement, selon la règle, devient pour les Mânes dans l'autre monde (la source d'un contentement) éternel et indestructible.

276. Dans la quinzaine noire, les jours à partir du dixième, le quatorzième excepté, sont recommandés pour un sacrifice funéraire, mais il n'en est pas de même des autres.

277. Celui qui accomplit (un sacrifice funèbre) aux jours pairs et sous les constellations paires, obtient (la réalisation) de tous ses désirs ; celui qui honore les Mânes aux (jours impairs et sous les constellations) impaires, obtient une brillante postérité.

278. Et de même que la deuxième quinzaine est préférable à la première, ainsi l'après-midi vaut mieux que la matinée pour (la célébration d'un) sacrifice funéraire.

279. On doit accomplir (la cérémonie) en l'honneur des Mânes ponctuellement, sans se lasser, jusqu'à la fin, suivant les prescriptions, le cordon sacré passé sur l'épaule droite, en marchant de gauche à droite, (et) en tenant l'herbe kousa dans la main.

280. On ne doit point faire de sacrifice funéraire pendant la nuit, car la nuit est réputée (appartenir) aux Démons, ni aux deux crépuscules, ni au moment qui suit le lever du> soleil.

281. On doit, suivant cette règle, offrir ici-bas le sacrifice funéraire, trois fois par an, en hiver, en été, en automne ; (mais) celui qui fait partie des cinq grands sacrifices, tous les jours.

282. L'oblation qui accompagne le sacrifice en l'honneur des Mânes, ne doit pas se faire dans un feu ordinaire, et la cérémonie funéraire (ne doit être accomplie) par un Brahmane entretenant le feu (sacré) qu'au jour de la nouvelle lune.

283. Un Brahmane qui après le bain satisfait les Mânes avec (une simple libation) d'eau obtient par là-même toute la récompense de l'accomplissement (quotidien) du sacrifice aux Mânes.

284. On appelle Vasous les (Mânes de nos) pères, Roudras (ceux de nos) grands-pères, Âdityas (ceux de nos) arrière grands-pères ; ainsi (s'exprime) le texte révélé éternel.

285. On doit toujours consommer le Vighasa, toujours manger l'Amrita ; le Vighasa est le reste d'un repas (funéraire), l'Amrita le reste d'un sacrifice.

286. Tout le rituel concernant les cinq sacrifices vous a été exposé ; écoutez maintenant la règle concernant la manière de vivre des Brahmanes.

2. Maître de maison : grhastha. L. d'après le commentaire de Medh. traduit : « Après avoir étudié dans l'ordre une branche (çâkhâ) de chacun des Livres sacrés, ou bien de deux, ou même d'un seul. »

3. De son père : ou de son précepteur qui est pour lui comme un père spirituel. —D'abord, c'est-à-dire, avant son mariage. —Le madhuparka ou don de miel, est un mélange de miel et de lait suri ou de beurre que l'on offre à un hôte ; le mot désigne aussi la cérémonie de la réception accompagnée de l'offre de ce plat.

4. Cette cérémonie s'appelle samàvartana. Le texte dit seulement « étant retourné à la maison ». — On appelle lakshana certains signes sur le corps, qui sont considérés comme de bon augure.

9. Un nom barbare, antya est remplacé dans le commentaire par mleccha — mais antya signifie exactement : le dernier. On peut donc entendre par là : « un nom d'une basse caste. »

10. Un nom de bon augure : ou bien « un nom agréable ». — La comparaison avec le flamant ou l'éléphant éveille une idée de grâce et de beauté féminine chez les Hindous.

11. Le texte est d'une concision extrême : « putrikà dharma çankayà, par crainte de la loi relative à la putrikâ » — putrikà « fille substituée », c'est une fille qu'un père sans enfant mâle prend à la place d'un fils, dans l'espoir qu'elle aura un enfant mâle, et avec l'intention d'adopter ce dernier en lieu et place de fils propre, cf. IX, 127. Notre traduction, qui suit l’interprétation de Kull., sépare putrikàdharma en putrikà + adharma, composé copulatif : putrikà se rapporte au premier cas, la fille sans frère, et adharma, péché, chose illicite, au deuxième, la fille d'un père inconnu, qui pourrait être par exemple parente ou issue d'une union illicite.

14. En aucune histoire : par histoire, il faut entendre ici quelque récit mythologique pouvant autoriser une pareille dérogation. — En cas de nécessité, c'est-à-dire « à défaut d'une femme de même caste. »

16. Atri, un des six seigneurs de la création engendrés par Manou, et aussi un Richi auteur de plusieurs hymnes védiques : il est cité ici comme législateur. Gotama ou Gaoutama auteur d'un Dharma-çâstra (édité par Stenzler) où se trouvent des règles relatives au mariage. — Bhrigou est aussi un des six seigneurs de la création, et c'est dans sa bouche même qu'est mis le récit des lois de Manou ; il est curieux qu'il se cite ici à la troisième personne. Voici comment B. entend la fin du vers : « Suivant Bhrgu, celui qui a un rejeton (mâle) d'une (femme Soudra seulement) ». — Tadapatyatayà, littéralement « par la qualité de celui-ci d'avoir une progéniture » (celui-ci se rapporte au fils, suta, précédemment énoncé). — Suivant Kull., la première règle s'applique spécialement à un Brahmane, la deuxième au Kchatriya, la troisième au Vaisya, de sorte que la déchéance serait plus ou moins immédiate selon la caste.

17. « Le Brahmane, qui néglige d'épouser une femme de sa caste, et qui, soit par le destin, soit par amour, épouse une Soudra ». Kull.

20. On peut détacher strî de vivâhân : « mariages avec des femmes des quatre castes. »

21. Rites Brâhma, Daiva, Àrsha, Prâjâpatya, Asura, Gàndharva, Râkshasa, Paiçâca. Cf. pour tous ces noms I, 37.

24. Le texte dit « poètes » et le commentaire « connaisseurs, sages ». Comme le fait observer B., malgré les efforts des commentateurs pour réconcilier ces opinions contradictoires, on voit qu'il y a divergence de vues sur les différents rites permis du mariage.

26. v Si entre une femme et un homme il existe au préalable un lien d'affection réciproque (rite Gàndharva), et que l'épouseur s'empare de la (jeune fille) par un combat ou autre moyen analogue et l'enlève (rite Râkshasa), alors il y a réunion des deux rites. » Kull.

27. Certains commentateurs rapportent arcayitvà « ayant honoré » au fiancé.

28. Dans ce cas, remarque B. H., « le prêtre qui accomplit le sacrifice reçoit la jeune fille comme une partie de ses honoraires. »

29. Dharmatah est rendu différemment par les divers traducteurs : B. H. « légalement » ; L. « pour l'accomplissement d'une cérémonie religieuse » ; B. « pour l'accomplissement de la loi sacrée ». Kull. explique ainsi : « dharmârtham yâgâdi siddhaye, en vue de la loi sacrée, pour l'accomplissement d'un sacrifice ou autre ». II faut entendre par là que ce n'est pas une gratification que le père reçoit : cf. III, 53.

31. De son plein gré : « et non comme dans, le mode ârsha, pour se conformer aux prescriptions de la loi sacrée ». (Kull.) Ce mode implique une sorte d'achat de la fiancée.

32. C'est l'union libre dont on voit un exemple fameux dans la pièce de Sakountalâ.

35. Au gré de chacun : ou bien « par (l'expression) du consentement mutuel ». (B.)

43. Cette cérémonie s'appelle pânigrahana.

44. « L'époux doit tenir l'autre bout delà flèche ou de l'aiguillon ». (Kull.)

45. A l'époque favorable : suivant Kull. « cette époque, caractérisée par l'apparition des règles, est propre à la fécondation de la femme ». — Les jours lunaires défendus ou Parvans sont les huitième, quatorzième et quinzième jour de chaque quinzaine. Cf. IV, 128. — Tadvrata signifie, suivant Kull., « désireux de lui plaire ».

46. Chez les Hindous on compte par nuits : voilà pourquoi dans l'expression seize nuits il faut comprendre les jours. — Ces jours sont comptés à partir de l'apparition des règles, çonitadarçanât prabhrti.

47. Cf. IV, 40, où Manou défend le coït à l'apparition des menstrues. Il y a dans ces prescriptions minutieuses une certaine confusion.

49. Ce vers contredit le précèdent, puisqu'il attribue le sexe de l'enfant non à l'influence du jour de la procréation, mais à la prédominance de la semence du père ou de celle de la mère ; cette explication n'a du reste pas plus de valeur que l'autre. — Eunuque, ou, suivant B. « hermaphrodite. »

50. Ordre, c'est-à-dire qu'il soit maître de maison, ou anachorète, ou mendiant; les novices sont tenus à la chasteté.

61. Par sa parure : « vastrâbharanâdinâ, par les vêtements, les parures, etc. ». (Kull.) B. traduit : « Si la femme n'est pas radieuse de beauté », et B. H. : « Si la femme ne se complaît pas avec son époux »; rocate a aussi le sens de « se complaire. »

64. Les métiers « tels que la peinture, etc. ». — Le négoce « tel que l'usure ». (Kull.)

67. Les rites domestiques : « les offrandes du soir et du matin prescrites par les grhyasùtras (sûtras relatifs au culte domestique) ». (Kull.)

68. Sûna signifie littéralement abattoir ; les créatures détruites par ces instruments sont naturellement les petits insectes.

70. La lecture du Véda, la récitation et l'enseignement du Véda. — Le sacrifice à Brahme, ou peut-être aussi « le sacrifice au Véda » : brahman = Véda. — L'offrande de gâteau et d'eau, appelée tarpana est destinée à contenter les Mânes : elle correspond aux inferise des Latins. — L'offrande au feu, homa, consiste à répandre dans le feu le beurre clarifié. — L'offrande de nourriture dite bali consiste à jeter les restes du repas du matin et du soir à la porte de la maison avec quelques formules adressées aux dieux inférieurs. —Les Êtres ou Esprits, bhùtas.

74. Huta désigne d'une façon générale une offrande; ahuta signifie nonoblation, c'est-à-dire adoration sans offrande. L'explication de brâhmyahuta repose sur une équivoque, bràhmya signifiant à la fois relatif à Brahman et relatif aux Brahmanes. Prâçita signifie littéralement chose mangée.

75. Le vers suivant explique en quoi celui qui offre le sacrifice « soutient le monde animé et inanimé » : les animaux se nourrissent des végétaux, les végétaux sont engendrés par la pluie, la pluie par le soleil, et le soleil luimême subsiste des oblations faites dans le feu.

79. Durbalendriyaih signifie littéralement dont les organes sont faibles ; mais Kull. commente durbala par asamyata « non refréné ».

82. L'offrande funéraire s'appelle Çrâddha.

83. A cette occasion atra, litt. : là. « L'objet de la seconde partie de ce vers, comme le remarque B., est de défendre que deux séries de Brahmanes soient nourries au Çrâddha quotidien, comme cela se fait au Pârvana Çrâddha, cf. v. 125 ».

84. Un Brahmane : suivant une remarque de Kull. cette prescription s'applique aux trois castes supérieures. — On peut aussi faire dépendre le génitif vaiçvadevasya de grhye gnau « dans le feu domestique (employé) pour préparer la nourriture à tous les dieux ».

85. Le feu Agni ; la lune Soma (soma désigne aussi le nectar des dieux). — Viçve devâh, tous les Dieux réunis, désigne des divinités d'ordre inférieur, au nombre de dix dont voici les noms : Vasu, Satya, Kratu, Daksha, Kâla, Kâma, Dhjti, Kuru, Purû-Ravas, Mâdravas. — Dhanvantari est le médecin des dieux, produit au barattement de l'Océan, le père de la médecine, l'auteur supposé de l'Àyur Véda, ouvrage médical considéré parfois comme un supplément de l'Atharva Véda.

86. Kuhû est la déesse de la nouvelle lune. — Anumati déesse de l'amour et de la génération ; c'est aussi une des phases de la lune. — Agni Svishtakrt est le Feu considéré comme le dieu qui accomplit heureusement le sacrifice.

87. Indra, chef des dieux et roi du ciel, le Jupiter indien ; son arme est le tonnerre. — Yama, le Pluton ou le Minos indien. —Varuna (Ouranos) personnification du ciel qui embrasse tout. — Soma ou Indu sont des noms de la lune, divinité du genre masculin chez les Indous. — Kull. fait remarquer qu'il doit se tourner « à l'Est pour Indra, au Sud pour Yama, à l'Ouest pour Varuna, et au Nord pour Soma ».

89. Çri ou Lakshmï, épouse de Vichnou et déesse de la prospérité. — Bhadrakâlî ou Durgâ, nom de l'épouse de Çiva. — Le dieu de la maison Vâstoshpati. — B. H. entend différemment: « On doit faire (cela) au Nord-Est à Çri; au Sud-Ouest à Bhadrakâlî, mais au milieu d'une demeure brahmanique on doit faire l'offrande aux deux seigneurs ». On peut en effet couper le composé brahmavâstoshpatibhyâm.

91. La prospérité de tous les êtres : B. personnifie « à Sarvàtmabhûti ».

92. Les êtres vils : çvapac signifie littéralement cuiseur de chiens (?) et désigne une catégorie d'êtres vils assimilés aux Cândâlas. — Atteints de maladies graves, ou bien « atteints de maladies en punition de leurs péchés (papa) antérieurs ».

94. On peut réunir les deux derniers termes « un novice mendiant ».

96. « Phalapushpàdinâ satkrtya: l'ayant garni de fruits, fleurs, etc. ». (Kull.) Mais satkrtya pourrait aussi avoir pour complément le Brahmane « l'ayant honoré dûment ». Au reste un peu plus loin Kull. ajoute que l'offrande doit être accompagnée d'une formule de salutation.

97. Brahmanes qui ne sont que des cendres : « parce qu'ils sont dépourvus de l'éclat que donne la connaissance du Véda ». (Kull.)

98. Mot à mot : « dans la bouche-feu » ; la bouche du Brahmane convié à manger l'offrande est comparée au feu dans lequel on jette l'offrande.

99. Arrive: « de son propre mouvement ». (Kull.) — Comme au vers 96 satkrtya peut signifier « ayant honoré son hôte », ou bien « ayant garni la nourriture d'ornements et autres accessoires ».

100. Il ne vit que d'épis glanés. Cf. IV, 5. — Les cinq grands feux sont, outre les trois énumérés au livre II, 231 : Gârhapatya, Dakshina, Ahavanîya, l'Àvasathya et le Sabhya.

101. Herbe: « A défaut d'autres aliments »; terre, « un endroit pour se reposer » et eau, « pour se laver ». (Kull.) — Ne font jamais défaut: un hôte trouve toujours cela.

102. Il est superflu de remarquer que l'étymologie d'atithi, hôte, n'est pas celle que donne Manou : a privatif et sthâ demeurer.

103. Qui vient pour passer le temps : Kull. commente ainsi : « qui gagne sa vie à raconter des histoires merveilleuses ou amusantes. »

110. « Parce que le Kchatriya et les autres sont d'un rang inférieur, les amis et les parents sont la même chose que lui-même, et le précepteur est supérieur ». (Kull.)

111. On peut construire différemment : « Si un Kchatriya arrive comme hôte dans la maison, après que les susdits Brahmanes ont mangé. » — A son gré : kâmam peut se rapporter au maître de la maison, ou à l'hôte : » autant que celui-ci le désire, à discrétion. » L'expression atithidharmena indique que l'hospitalité est un devoir strict.

113. Prakrtya signifie peut-être comme plus haut satkrtya : « après les avoir reçus avec bonté ».

118. Vidhîyate « sont prescrits » ou peut-être simplement « sont appelés ».

119. Une offrande de miel, le madhuparka. — Un étudiant : un snâtaka qui a pris le bain final.

120. Un Brahmane instruit : un Çrotriya. — Kull. ajoute : « mais un gendre et les autres, au bout d'une année, même sans qu'il y ait de sacrifice, doivent être honorés par un madhuparka ».

122. Le repas funéraire : le çrâddha; les cérémonies accomplies en l'honneur des parents décédés ont pour but d'assurer leur félicité dans l'autre monde. — Le repas pindânvâhâryaka, c'est-à-dire le repas funèbre où l'on offre des gâteaux appelés pinda.

123. Kull. explique ainsi ce nom : « parce qu'elle a lieu après (l'offrande des) gâteaux ».

126. B. H. : « la prospérité des Brahmanes »; B. « la sélection de vertueux Brahmanes comme hôtes »; L. : « la faveur de recevoir des Brahmanes ». Le sens est qu'une compagnie nombreuse est forcément mélangée.

127. Laukiki est expliqué par smârtikî « fondée sur la tradition, sur la smrti ». — Le verbe eti est d'une concision obscure. Suivant l'explication de Kull., « une récompense consistant en fils et petit-fils vertueux, en richesses, etc. », revient à celui qui accomplit cette cérémonie.

130. Suivant Kull. « il faut examiner la pureté de lignage du père, du grand-père, etc. ». — C'est là vraiment un hôte : « parce qu'il fait obtenir de grandes récompenses ». (Kull.)

131. Littéralement « qui ne possèdent pas les rcas », c'est-à-dire les hymnes sacrés. — Dharmatah, « suivant la loi », ou bien « dharma utpàdanena, par la production du mérite spirituel ». (Kull.)

132. Les offrandes, c'est-à-dire la nourriture consacrée. — Cette comparaison veut dire, suivant Kull.: « les mains souillées de sang ne se lavent pas dans le sang, mais bien dans l'eau pure ; ainsi la faute encourue, en donnant à manger à un sot, n'est pas effacée en donnant à manger à un autre sot, mais à un homme instruit ».

134. Aux œuvres pies : c'est-à-dire à l'accomplissement des rites sacrés.

135. Yathânyàyam : « conformément à la raison (de la loi sacrée) ». (B.)

136. Vedapâraga signifie, suivant le commentaire, qui a étudié les Védas et les Angas.

139. Ont pour objets les amis : c'est-à-dire celui qui invite à une cérémonie en l'honneur des Dieux ou des Mânes des gens pour s'en faire par là des amis. Cf. le vers suivant.

140. Çrâddhamitra : L. « voué au sacrifice par intérêt seulement ». Il me semble plus naturel de faire de ce mot un composé possessif.

141. B. fait dépendre dvijaih de dakshinâ et non d'abhihità : « l'offrande (de nourriture) par des Dvidjas ». — Le texte porte « dans une seule étable », mais je ne pense pas qu'il faille attacher un sens à eka. — Reste en ce monde, c'est-à-dire ne produit pas de fruit dans l'autre.

145. B. restreint Vedapâraga au Rig-Véda « un adhèrent du Rig-Véda qui a étudié une entière (recension de ce) Véda ». — Versé dans le Yadjour-Véda : un adhvaryu. — Il y a un quatrième Véda, l'Atharva-Véda, d'origine plus récente que les trois autres, et que Manou ne connaît pas.

148. Yàjya « une personne pour qui on offre le sacrifice » signifierait, selon d'autres, « celui qui accomplit le sacrifice ».

149. Examiner un Brahmane : au sujet de la pureté de sa famille (cf. v. 130), ou peut-être au point de vue personnel.

151. Qui porte les cheveux nattés: c'est-à-dire « un novice ». (Kull.) — Au lieu de durbala « faible, infirme », Medh. a une autre leçon suivie par L. et B. H., durbâla « sans prépuce ». — Qui sacrifient pour tout lemonde : le texte dit seulement « pour beaucoup de gens » tels que des dégradés ou autres.

152. B. H. met un point après « les marchands de viande » et rapporte le commencement du vers au vers précédent. — Les montreurs d'idoles ou « les prêtres d'un temple » (B.), ou « ceux qui adorent les idoles pour gagner leur vie ». (B. H.)

154. Je ne sais sur quelle autorité L. traduit ganàbhyantara par « un homme qui vit aux dépens de ses parents. »

155. Un acteur : ou un danseur, un chanteur. — Celui qui a enfreint ses vœux veut dire « un novice qui a manqué à la chasteté ».

156. On peut aussi prendre çûdraçishya pour un composé possessif, comme le fait B., « celui qui enseigne à des élèves Soudras ». — Un homme grossier en paroles : « ou suivant d'autres, un homme décrié (abhiçasta) ». (Kull.)

157. B. H. entend différemment: « celui qui est abandonné par sa mère ». — Les liens du Véda : c'est-à-dire en étudiant avec eux le Véda.

159. Un procès : ou simplement « des contestations. — Un joueur, ou bien « celui qui tient une maison de jeu ». — Sur les deux sens possibles de pàparogin, cf. v. 92 ; par maladie grave il faut entendre l'éléphantiasis ou la phtisie. — Abhiçasta « décrié », ou suivant B. « celui qui est accusé d'un péché mortel. »

164. Soudra : le texte porte vrshala. Suivant Kull. le sens est « celui qui gagne sa subsistance des Soudras çùdropaklplavrttih ». —Les divinités inférieures sont les Ganas.

165. Un pied bot: ou bien un homme qui a l'éléphantiasis aux jambes. — Kliva « eunuque » est traduit par L. « celui qui remplit ses devoirs avec négligence ».

167. Les deux cérémonies : c'est-à-dire celle en l'honneur des Dieux et celle en l'honneur des Mânes. Toutes ces infirmités sont considérées comme des punitions de fautes commises dans une vie antérieure.

168. Un feu d'herbes (sèches) est vite consumé et il ne reste plus que des cendres pour y verser l'offrande.

170. Par les démons : et non par les Dieux et les Mânes auxquels l'oblation est destinée, et par conséquent « ce sacrifice est stérile ». (Kull.)

171. Allume le feu sacré : c'est-à-dire accomplit la cérémonie de l'Agnihotra. — Est appelé : littéralement « doit être tenu pour. »

173. Cf. IX, 58 sqq., le cas où de tels rapports peuvent être autorisés. — Je faisdépendre kâmatah d'anurajyeta: on peut aussi en faire un adverbe à part « au grè de ses désirs, par passion ». — Un e femme remariée, une didhishù.

174. Las femmes adultères : littéralement « les femmes des autres. »

177. Vîkshya « voyant » c'est-à-dire « assistant » Le comm. dit : « à défaut de quelqu'un qui voit, un aveugle placé à un endroit où un autre pourrait voir ». — Atteint de maladie grave : cf. v. 92, et v. 159; cette maladie doit être naturellement encore plus grave que la lèpre, peut-être la consomption. Kull. dit seulement « rogarâja, la reine des maladies. »

178. Peut toucher avec ses membres : ou bien « dont il a touché les membres ». Il faut sous-entendre « pendant la durée du repas ».

180. Stérile : littéralement « apratishtham, qui ne se tient pas bien, qui n'est pas solide ». — B. traduit « ne trouve pas de place (dans le monde des Dieux) ».

183. Ces Brahmanes éminents : ou simplement « ces Brahmanes »; dvijâgrya signifie, comme dvijottama « le premier parmi les Dvidjas ».

184. Les traités accessoires sont les Angas. — Un prêtre instruit, un Çrotriya, un théologien.

185. Suivant le Dictionnaire de Saint-Pétersbourg trinâciketa signifie dans ce passage « qui a allumé trois fois le feu appelé nâciketa ». C'est aussi le nom d'une des parties du Yadjour-Véda.

187. Pûrvedyur aparedyurvà signifie littéralement « le jour précédent ouïe jour qui suit ». L'expression « le jour qui suit » est ambiguë, au moins en français ; elle semblerait désigner « le jour après le sacrifice ». Mais le commentaire de Kull. est précis : « le jour précédent, ou à défaut de celui-ci, le jour même du çrâddha ».

188. Qu'il s'abstienne de réciter le Véda : « à l'exception de la prière murmurée qui est obligatoire ». (Kull.)

190. A tikrâman: littéralement « qui transgresse » est commenté par « Bhojanam akurvânah ».

192. Les Mânes ou Pitris ne sont pas seulement les ancêtres divinisés des hommes, auxquels on offre des sacrifices ; ils sont aussi les ancêtres des Dieux et des génies, et les ancêtres primordiaux du genre humain.

193. Qui ils sont : peut-être ne faut-il pas faire de ye une proposition spéciale, mais le rapprocher de yaih : c'est la tournure grecque TIVEÎ T!

194. Cf. I, 35. — Hiranyagarbha, sein d'or, est un des noms de Brahmâ.

195. Virâdj, cf. I, 33.

196. Sur ces divers noms, cf. I, 37 et notes. Les Daityas fils de Diti, ou Asuras.

197. Somapa signifie buveur de soma. — Havirbhuj mangeur d'oblations. — ÀJ3'apa buveur de la graisse du sacrifice.

198. Kavi ou Bhrgu. — Havishmat = Havirbhuj.

201. Sages ou Saints, les Maharshis. — Les Dànavas, sorte des démons.

203. Àpyâyana : littéralement « un moyen de faire prospérer ».

204. Jeu de mots étymologique sur rakshas démon et le verbe rakshati, protéger.

206. Yama, seigneur des Mânes est régent du Midi.

207. En des lieux purs : « des lieux tels que les forêts et autres qui sont naturellement purs ». (Kull.)

208. Herbe sacrée usitée dans les cérémonies, Poa cynosuroïdes.

209. Irréprochables : ajugupsita, littéralement « non exécré », fait allusion sans doute à ces catégories mentionnées plus haut de Brahmanes qui doivent être exclus des cérémonies. — Peut-être aussi faut-il entendre « sans les insulter », c'est-à-dire « avec respect », comme traduit L.

210. On peut rapporter saha à kuryât : « qu'il fasse avec eux. »

212. S'il n'y a point de feu : « parce qu'il n'est pas encore marié ou que sa femme est morte ». (Kull.)

213. Facile à contenter : suprasâdân est commenté par « prasannamukhân, au visage serein ». — Antiques : d'une race primitive.

214. Construction embarrassée. Voici ce que dit Kull.: « Ayant fait la série des rites accompagnant l'oblation au feu, tels que l'aspersion du feu et autres (formalités), en allant vers la droite. »

215. De la même manière que l'eau : c'est-à-dire « avec la main droite ». (Kull.)

216. Ces ancêtres sont d'après Kull. « le grand grand-père et les autres ancêtres » en remontant, c'est-à-dire le père et l'aïeul de ce dernier. Les trois boulettes sont pour les trois premiers ascendants.

220. C'est-à-dire au grand-père, bisaïeul, etc. — Comme un Brahmane vipravat, c'est-à-dire « comme un des hôtes Brahmanes. »

222. Le grand-père peut prendre part au repas funèbre : « à la place du Brahmane qui le représenterait s'il était mort ». (Kull.) — A sa volonté : c'est-à-dire suivant Vishnu, auteur d'un code de lois, cité par Kull. « son grand-père vivant l'ayant autorisé à faire à sa guise, il peut à sa volonté ou bien faire manger son grand-père, ou bien faire deux Çrâddhas à l'intention de son père et de son bisaïeul ».

223. Svadhâ désigne la libation aux Mânes, et est une sorte d'interjection.

225. Sans les tenir dans les deux mains ; c'est-à-dire avec une seule main. — Les esprits désignent ici les Asuras. 227. Bhakshya, aliment qui a besoin d'être mastiqué.

230. Les fantômes, les Prêtas : « Une larme versée fait arriver les aliments du Çrâddha aux Prêtas, et il n'en revient aucune satisfaction aux Mânes ». (Kull.)

231. Ou bien « raconter des histoires védiques »; Brahman =Veda. B. traduit : « proposer des énigmes tirées du Véda ».

232. « Les livres de lois tels que le Code de Manou et les autres; — les épopées telles que le Mahâbhârata; — les légendes telles que le Sauparna, le Maitrâvâruna; — les Khilas tels que leÇrîsùkta, le Çivasankalpa, etc. ». (Kull.) — Les Purânas sont des recueils en vers des anciennes légendes, au nombre de dix-huit, attribués au sage Vyâsa (1000-1200 avant Jésus-Christ (?). Vyâsa est un nom qui signifie compilateur.

233. Guna signifie peut-être ici non pas qualité, mais comme au vers 226, « les assaisonnements ».

234. B. entend qu'il faut mettre cette couverture sur le siège de chaque hôte. B. H. « qu'il donne (à son hôte) une couverture pour siège. »

239. Un homme de caste méprisée veut dire ici un Cândâla, issu d'un Soudra et d'une Bràhmanî. — Un porc : Kull. explique varàha par « un porc de village », c'est-à-dire domestique, opposé à sanglier, sens ordinaire de varàha.

240. Présents : « tels que vache, or, etc. ». (Kull.)

241. Par son flair : « en respirant le parfum des mets ». (Kull.) 245. Morts avant l'initiation. D'après Kull. asamskrtapramîtânâm signifie « pour lesquels la cérémonie de la crémation n'a pas été faite » Cf. V, 69, où il est dit que les enfants morts avant l'initiation ne doivent pas être brûlés. — Kulayoshitâm « des femmes de leur caste » ou bien des « femmes de leur famille » (B. H.), ou bien « de.nobles femmes ». (B.) Ces interprétations et d'autres sont fournies par les commentateurs.

247. Le texte de Jolly porte asapinda au lieu d'âsapinda. La leçon avec a bref, autorisée par Kull. et plusieurs autres, signifierait « le sacrifice pour les personnes non-sapindas ». Le sapindîkarana a pour but de recevoir parmi les sapindas ou parents jusqu'au sixième degré inclus, un Brahmane récemment mort. Le çrâddha dont il est ici question s'appelle ekoddishta, adressé à un seul.

249. Kâlasûtra, nom qui signifie fil de la mort.

252. Le mot svadhâ.

254. Le sacrifice purificatoire pour une famille goshthaou goshthîçrâddha. — Le vrddhi-çràddha ou çrâddha pour l'accroissement de la prospérité est appelé ici abhyudaya, c'est-à-dire cérémonie célébrée à l'occasion de réjouissances. — Les quatre formules en question sont Svaditam, Suçrutam> Sampannam et Rucitam.

257. La nourriture des anachorètes : « du riz sauvage. » (Kull.) — Le soma est le jus exprimé de l'Asclepias acida. — La viande non assaisonnée : « dépourvue d'odeurs fortes et autres » (Kull.), ou bien, suivant l'interprétation de Medh., « la viande non défendue ».

265. L'offrande de la maison est l'offrande bali, l'oblation aux Bhûtas ou êtres.

268. De la chair d'oiseau « qu'il est permis aux Dvidjas de manger ». (Kull.)

269. Cerf: ruru, espèce particulière de cerf ou d'antilope.

271. Un bouc blanc, vârdhrînasa, appelé tripiva (qui boit par trois endroits), « parce que quand il boit l'eau d'une source, trois choses touchent le liquide : sa langue et ses deux oreilles, et ainsi il boit par trois endroits ». (Kull.)

272. Kâlaçâka, Ocimum sanctum. — Mahâçalka (?), poisson, crabe ou crevette.

273. Maghâ est le nom du dixième astérisme lunaire.

274. Quand l'ombre de l'éléphant tombe à l'Est, c'est-à-dire l'après-midi; l'éléphant est mis ici par synecdoque. Suivant Vishnu, cité par Kull., cette dernière condition est requise au défaut de la première ; il faudrait donc traduire : « Si ce n'est pas le treizième jour lunaire, en tout autre à l'heure où, etc. ».

277. Au lieu de arcan « honorant », il y a une autre leçon sarvân ; il faut sous-entendre alors l'idée exprimée par ce verbe : « (celui qui offre le Çrâddha) à tous les Mânes ».

279. En allant de gauche à droite : apasavyam est expliqué par Kull. « pitrtîrthena la partie de la main consacrée aux Mânes.

281. Trois fois par an est un minimum. Kull. dit : « Qu'il fasse tous les mois le Çrâddha réglementaire, ou à défaut de cela, la règle est qu'il en fasse un tous les quatre mois ».

284. Le texte révélé, c'est-à-dire la çruti.

285. Le reste d'un repas : « Le reste de ce qui a été mangé par les Brahmanes et autres ». (Kull.)

 

e année, même sans qu'il y ait de