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table des matières de l'œuvre dE JULIEN

 

 

FRAGMENTS

 

LETTRES

POÉSIES

 

 

FRAGMENTS.

I (01).

Il te reste du loisir, ton naturel est excellent, et tu aimes la philosophie comme personne ne l'a jamais aimée. Voilà les trois éléments, dont la réunion a suffi pour faire d'Amphion l'inventeur de la musique antique, à savoir le temps, le souffle divin et l'amour de l'harmonie. Car le manque d'instruments n'est pas un obstacle à cette découverte : celui qui possède ces trois dons, y parvient aisément. La tradition ne nous apprend-elle pas qu'Amphion n'inventa point seulement l'harmonie, mais par l'harmonie la lyre, soit inspiré par un souffle surhumain, soit aidé de quelque faveur divine qui lui prêta son irrésistible appui? C'est ainsi que la plupart des anciens sages, avec ces trois soutiens, semblent s'être livrés résolument à l'étude de la philosophie, sans éprouver d'autre besoin.

II (02).

Qui ne connaît l'anecdote des Éthiopiens (03) sur un de nos mets les plus estimés? On leur présente un gâteau, et ils disent qu'ils s' étonnent de ce que nous vivons en mangeant des ordures (04). Tel est du moins le récit du véridique historien de Thurium (05). Il excite aussi des peuples ichthyophages et carnivores, qui n'ont aucune idée, même en rêve, de notre manière de vivre, s'il faut eu croire les auteurs qui ont écrit l'histoire de la terre habitée. Celui de ceux qui essayerait d'imiter leur manière de vivre, ne s'en trouverait pas mieux que ceux qui prennent de la ciguë, de l'aconit ou de l'ellébore.

III. (06)

L'outrage que nous a fait le gouverneur de la Grèce (07), tu l'as supporté avec le courage d'un homme qui n'y voit rien qui le touche. Mais prendre avec chaleur la défense et les intérêts de la ville (08) où tu as séjourné, c'est la marque d'une âme philosophique. Selon moi, la première action est digne de Socrate, la seconde de Musonius (09). Socrate disait qu'il n'est pas au pouvoir des méchants de nuire à l'homme de bien (10). Musonius s'occupait de fortifications quand il fut exilé par ordre de Néron.

IV (11).

Nous courûmes vers la forêt Hercynienne (12), et je vis alors un objet phénoménal. Oui, j'ose te garantir n'avoir jamais rien vu de pareil, au moins que je sache, dans tout l'empire romain. Qu'on se figure les roches escarpées des Tempé de Thessalie (13), ou celles des Thermopyles (14), ou l'immense, le gigantesque Taurus (15), et l'or sera encore loin du spectacle étrange de la foret dite Hercynienne.

V (16).

Julien aux Corinthiens.

. . . . C'est de mon père que me vient mon amitié pour vous. Car il a séjourné dans votre ville. A son retour de chez vous, comme Ulysse de chez les Phéaciens (17), il s'est vu délivré de ses longues courses errantes... Là mon père a trouvé le repos.

VI (18).

Nous avons suivi les préceptes de l'illustre hiérophante Jamblique (19).... Nous avons été dociles à la voix d'Empédotime (20) et de Pythagore, dont Héraclide de Pont (21) a recueilli l'héritage.

VII (22).

... Ils ne savaient que prier.

VIII (23).

. . . . De peur que, en aiguisant leur langue, ils ne soient prêts à répondre aux dialecticiens des Grecs.

IX (24).

On nous perce, comme dit le proverbe, de nos propres flèches. On s'arme de nos écrits pour nous faire la guerre.



poESIES. *55
POÉSIES. Sur le vin fait avec de l'orge'.
Quoi! tu te dis Bacchus, ô breuvage imposteur? Je ne te connais point : le Bacchus véritable, Enfant de Jupiter, du nectar a l'odeur; Toi tu n'as que du bouc le parfum détestable. Le Gaulois que le ciel a privé de raisin Te produit dans ses brocs avec l'aide du grain. Don offert par Cérès au tranchant des faucilles, Je ne vois pas en toi la liqueur de Bacchus; Et comme tu nourris plus que tu ne petilles, Je t'appelle Bromos, et non pas Bromius'.
Sur un orgue'.

Il s'offre à mes regards de singuliers pipeaux :
C'est dans un sol d'airain qu'ils ont pris la naissance. L'homme de les gonfler n'aurait pas la puissance : Il faut un air lancé par des cuirs de taureaux, Et qui pénètre au fond des plus légers tuyaux. Cependant un artiste, aux mouvements agiles,
Laisse glisser ses doigts, prompts comme des éclairs; Et la touche, adaptée aux chalumeaux dociles, Exhale, en bondissant, d'harmonieux concerts.
t Autrement dit ta bière.
a Bpâuoz est une espèce d'orge ou d'avoine; Bp sto;, frémissant, est an surnom de Bacchus.
Voyez t. XX dr la Société des Antiquaires de France. — Cf., pour les détails techniques relatifs à cette pièce, dans le Journal des maîtrises du ta septembre 1862, un article élégant et érudit de 'I. Félix Clément, l'un des rédacteurs en chef.

156 OEUVRES DE I: E?1PERECR JULIEN.
Énigme sur un équilibriste'.
Vois cet arbre planté droit sur cette colline :
Sa racine est vivante, et ses fruit' sont parlants. Pour se dresser là-haut, pour v prendre racine, Et pour avoir des fruits, il lui faut deux instants.
Sur un vers d'Homère qui a six pieds, dont trais dactyles.
Fille d'lcarios, la sage Pénélope'
S'avance sur six pieds, en n'ayant que trois doigts'.
t Le mot xovtoadivrzt, que nous avons traduit par équilibriste, signifie, â pnrl,rrment parle', tau homme qui tient sur son fouit une herche au haut de laquelle jouent des enfants. Voici donc la clef de l'énigme de Julien L'arbre, c'est la esche; la colline, c'est le front; la racines c'est l'équili¬briste; les fruits, ce sont les enfants.
2 Ce vers se rencontre plusieurs fois dans Homère, notamment alpiste, XI, 445; XVI; 435; XVII, 5:52.
3 lI v a là un jeu dr muts intraduisible, le mut grec ôâxtuÀot signifiant â In (ois doigt et dactyle.



 

(01) Extrait de Suidas, au mot Ἀμφίων.

(02) Extrait de Suidas, au mot Ἡρόδοτος..

(03) Voyez ce récit dans Hérodote, liv. Ili, chah. xx et suivants.

(04) Hérodote, liv. III. chap. XXII.

(05) Pour cette dénomination d'Hérodote, voyez lettre XXII, p. 374, note 4.

(06) Extrait de Soldas, au mot Μουσώνιος Καπέτωνος.

(07) Heyler croit qu'il y a dans ce fragment une allusion aux faits racontés dans la lettre XXXV.

(08) Argos, en admettant la conjecture d'Heyler.

(09) Voyez sur Mummius, Lucien, Néron ou le Percement de l'Isthme, t. Il, p. 518 de notre traduction, et Aulu-Gelle, Nuits Attiques, liv. XVI, chap. I. — Cf. Épître à Thémistius.

(10) Platon, Apologie de Socrate, chap. XVIII.

(11) Extrait de Suidas, au mot Χρῆμα.

(12) Actuellement, selon les uns, les montagnes boisées de l'Erzgebirge, et, selon d'autres, le Schwarzwald ou Forêt noire. Voyez-en la description dans Jules César, Guerre des Gaules, liv. VI, chap. 24 et suivants.

(13) Tout le monde connaît ces vallons fameux, compris entre l'Olympe et l'Ossa, sur les rives du Pénée, trop vantés chez les ancien, et quelque peu rabaissés par les modernes.

(14) Aujourd'hui Lycostomos ou Bocca-di-Lupo, défilé célèbre dans l'antiquité, une des clefs de la Grèce.

(15) Chaîne de montagnes fameuse de l'Asie Mineure. Le point culminant est le mont Argée, Ardjisch-Dagh, qui n'élève à 3,841 mètres au-dessus du niveau de la mer.

(16) Extrait du discours de Libanius pour .Aristophane. — Ce fragment jette quelque jour sur la vie mal connue de Jules Constance, père de Julien.

(17) Voyez Homère, Odyssée, XI11, 116.

(18) Fragment de l'ouvrage perdu de Julien, intitulé Κρόνια ou les Saturnales.

(19) Il s'agit ici du célèbre disciple de Porphyre. Voyez la lettre XXXIV.

(20)  Philosophe et physicien. Il avait écrit un traité sur l'acoustique.

(21) Péripatéticien distingué, dont Cicéron a fait plusieurs fois l'éloge.

(22) Dans ce passage, extrait de Zosime, liv. Ill, chap. III, ,§ 3, Julien désigne des soldats chrétiens qu'il considère comme des lâches.

(23) Extrait de Suidas, au mot Μάρης, et de Socrate, Hist. ecclésiast., liv. III, chap. 12. C'est une idée qui souvient au texte de la lettre XLII. Nous y renvoyons le lecteur.

(24) Extrait de Théodoret, Hist. ecclésiast, liv. Ill, chap. 18. — Cf. également la lettre XLII.