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TABLE DES MATIÈRES DE LA MÉTÉOROLOGIE

table des matières de l'œuvre d'Aristote

ARISTOTE

 

 

MÉTÉOROLOGIE.

 

LIVRE iII

 

livre 1 - livre 2

 

texte grec

 

 

 

LIVRE III.

CHAPITRE PREMIER.

Du tonnerre; des éclairs; des trombes ou typhons ; des foudres. Explication commune de tous ces météores : c'est l'air qui en est toujours la cause. -- Observation de l'auteur sur les effets de la flamme dans l'incendie du temple d'Éphèse.

 

§ 1. [370b. 3] Parlons maintenant des autres effets de cette sécrétion, en suivant notre méthode habituelle. C'est l'air qui, sécrété petit à petit et s'écoulant çà et là, se renouvelant sans cesse, et soufflant en rendant ses parties toujours plus légères, produit le tonnerre et les éclairs. S'il est accumulé et plus dense, et que la sécrétion se réduise en parties moins ténues, il devient le vent d'ouragan ; il est alors très violent ; car c'est la rapidité de la sécrétion qui fait sa force.

§ 2. Lors donc que la sécrétion est considérable et continue, elle produit le même effet que lorsqu'elle s'élance en sens contraire ; car alors il se manifeste une grande abondance de pluie et d'eau: Ces deux phénomènes sont en puissance identiques, quant à la matière ; mais lorsque le principe de l'une ou de l'autre puissance vient à agir, il en sort sécrété de cette manière celui des deux phénomènes dont la quantité a été la plus grande, ici la pluie, et là, c'est-à-dire de l'autre exhalaison, le vent d'ouragan.

§ 3. Le tourbillon de vent se forme lorsque l'air sécrété et sortant d'un nuage, repousse l'air qui est dans l'autre nuage, comme on le voit lorsque le vent est forcé de passer d'un endroit plus large dans un plus étroit, par exemple entre les portes ou les défilés. Il arrive en effet fréquemment dans ces cas que la première partie du corps qui s'écoule ayant été repoussée, soit parce que l'espace ne cède pas devant elle, soit parce que le lieu est trop étroit, soit parce qu'il y a un courant d'air opposé, il se forme un cercle et un tourbillon d'air. Ce qui est en avant empêche le reste d'avancer ; ce qui est en arrière pousse toujours, de sorte que l'air est forcé de prendre une direction oblique et de se porter là où il ne se rencontre pas d'obstacle. Et ceci se fait d'une manière continue jusqu'à ce qu'il se forme une seule masse, c'est-à-dire qu'il se fasse un cercle ; car toute figure qui n'a qu'un seul et unique mouvement de translation ne peut être nécessairement qu'un cercle. C'est donc ainsi que se forment les tourbillons sur la terre, et c'est aussi le même principe qui les forme dans les nuages. Seulement, de même que dans l'ouragan le nuage se résout toujours et que le vent devient continu, de même ici la partie continue du nuage est toujours entraînée à la suite.

§ 4. Mais quand le vent ne peut avoir d'issue, à cause de sa densité, il tourne d'abord circulairement par la cause que nous venons d'indiquer, et il est porté en bas, parce que [371a] toujours les nuages s'épaississent dans cette partie d'où la chaleur s'échappe.

§ 5. Ce phénomène, s'il est sans couleur, est appelé Typhon ; c'est du vent, et pour ainsi dire une tempête incomplète. Le Typhon ou la trombe ne se produit jamais quand il fait froid, pas plus que le vent de nuages ne se produit jamais quand il neige, parce que ces deux météores sont des vents, et que le vent est une exhalaison sèche et chaude ; or la gelée et. le froid, lorsqu'ils ont une force supérieure, éteignent aussitôt le principe, qui tendrait encore à se produire.

§ 6. Mais il est évident que la gelée et le froid ont une force prédominante ; car autrement il n'y aurait pas de neige, et les météores humides ne seraient pas congelés, puisqu'ils ne le sont que quand le froid l'emporte.

§ 7. La trombe ou Typhon se forme donc quand la tempête ne peut se dégager du nuage où elle est enfermée. Cela tient à la résistance du tourbillon, lorsque la spirale entraîne avec elle sur la terre le nuage dont elle ne peut se débarrasser. Là où elle souffle en droite ligne, elle ébranle par le vent qui s'échappe, fait tourner dans un mouvement circulaire, et enlève avec violence, tout objet sur lequel elle s'abat.

§ 8. Lorsque déchiré vivement le phénomène prend feu, et ceci arrive quand l'air devient plus léger, on l'appelle un météore brûlant, un Prester ; car il enflamme et brûle l'air, qu'il colore par son ignition.

§ 9. S'il y a dans le nuage lui-même une grande quantité d'air de chassé et que cet air soit léger, c'est alors une foudre. Si l'air est tout à fait léger, mais qu'il ne brûle pas à cause de sa légèreté même, alors les poètes lui donnent le surnom d'Étincelant ; s'il est moins léger et moins brûlant, c'est ce qu'ils nomment un météore enfumé.

§ 10.  L'un est emporté par sa légèreté même; et dans le mouvement rapide qui l'anime, il passe et s'écoule avant de s'enflammer et de noircir, en s'arrêtant quelques instants. L'autre au contraire, qui est plus lent, a le temps de prendre couleur, mais sans brûler ; et il passe tout à coup avec rapidité, avant d'agir.

§ 11. C'est là ce qui fait aussi que les corps qui résistent à la percussion qu'ils reçoivent de la foudre, en conservent quelque trace ; ceux qui ne résistent pas n'en éprouvent aucun effet. Par exemple dans un bouclier, le revêtement de bronze a pu être fondu par la foudre, tandis que le bois n'avait rien. ressenti ; c'est que le bois étant plus rare, l'air s'écoule et s'échappe en le traversant avec rapidité. Et de même, la foudre ne brûle pas en traversant des étoffes ; elle y fait simplement comme un trou. Ce qui précède prouve bien que ces phénomènes sont tous des vents.

§ 12. Mais on peut quelquefois s'en convaincre par des observations directes. C'est ce que l'on a pu remarquer naguère dans l'incendie du temple d'Éphèse. La flamme y fit à plusieurs reprises des tourbillons compacts et tout à fait séparés. Il est donc évident [371b] que la fumée est un vent et que la fumée se brûle, ainsi qu'on l'a démontré antérieurement ailleurs. Mais c'est surtout quand elle est très épaisse qu'on voit bien clairement qu'elle n'est qu'un vent.

§ 13. Ce qui se passe dans les petits foyers, se manifestait avec bien plus de force dans l'incendie d'Éphèse, parce que c'était toute une grande masse de combustible qui brûlait. Les bois où le vent trouvait son origine étant une fois rompus, le vent sortait en masses énormes dans le sens où il soufrait ; et il s'élevait fort haut en se consumant. On voyait bien alors la flamme s'enlever et retomber sur les maisons.

§ 14. Ainsi il faut croire que toujours le vent précède et accompagne la foudre; et si on ne le voit pas, c'est qu'il est sans couleur. Voilà pourquoi tous les objets qu'elle doit atteindre sont agités avant même d'être frappés, comme si le principe du vent se faisait sentir à l'avance. C'est ainsi également que les tonnerres et les éclairs fendent les objets, non par le bruit, mais parce que le vent qui a produit le coup et le bruit, vient à se sécréter et à sortir du nuage dans le même moment ; et alors si le vent vient à frapper les objets, il les divise; mais pourtant il ne les brûle pas.

§ 15. Voilà ce qu'on avait à dire du tonnerre, de l'éclair et du nuage orageux, et aussi des ouragans, des trombes et des foudres. On voit que ce ne sont là qu'un seul et même phénomène, et l'on voit aussi quelle est la différence de tous ces météores.

Livre III, Ch. I, § 1. Parlons maintenant des autres effets, on voit que le troisième livre est étroitement lié au second ; et dans le texte, on peut remarquer que l'un de ces livres est uni à l'autre par des particules adversatives, dont la première est à la fin du second livre, et la dernière au début du troisième. Il semble que l'ordre régulier de l'exposition aurait exigé que le chapitre 9 du second livre fit partie du troisième livre, comme le voulait Vicomercatus. Mais on sait que cette distinction par livre n'appartient pas à Aristote, et qu'elle est venue, selon toute apparence, ou de Théophraste, héritier de ses manuscrits, ou peut-être même d'Andronicus de Rhodes, au temps de Cicéron. On pourrait encore, comme le veut M. Ideler, joindre le premier chapitre du troisième livre au livre II, et ne commencer le troisième livre qu'au chapitre 2. -- De cette sécrétion, de l'exhalaison sèche ou humide, froide ou chaude, sécrétée dans l'atmosphère, après s'être élevée de la terre. — Notre méthode habituelle, Aristote a déjà employé une expression analogue pour la même idée, plus haut, livre I, ch. I, § 3. Voir aussi la Politique, livre 1, ch. 1, § 3, et ch. 3, § 1, p. 4 et 40, de ma première traduction. -- C'est l'air, le texte dit précisément : le souffle. Pour Aristote le souffle est quelque chose de plus léger et de plus ténu que l'air; mais ici j'ai cru devoir conserver ce dernier mot. -  Le vent d'ouragan, d'après l'étymologie et l'explication d'Alexandre d'Aphrodisée, le mot grec signifie : un vent sorti des nuages. Je ne crois pas qu'il y ait dans notre langue de mot correspondant; et le fait lui-même n'est peut-être pas très exacte¬ment observé.

§ 2. Lors donc que la sécrétion, la pensée de ce § est fort obscure ; et les manuscrits ne donnent pas de variantes. L'auteur veut démontrer, à ce qu'il semble, que les vents sortis des nuages ont la même cause que les pluies abondantes. — En sens contraire, c'est-à-dire, quand elle redescend sous forme de pluie, après être montée sous forme d'exhalaison de diverse nature. — Ces deux phénomènes, le vent d'ouragan sorti des nuages, et la pluie.

§ 3. Le tourbillon de vent, le texte n'est pas si formel et la phrase n'y est pas très régulière grammaticalement; j'ai dû lui donner une construction plus précise. — Et sortant d'un nuage, j'ai dû ajouter ces mots pour rendre la force de l'expression grecque. -- Ou les défilés, le texte dit : let routes. — Du corps qui s'écoule, le corps qui s'écoule est ici l'air mais en mouvement par diverses causes. — L'espace ne cède pas devant elle, je tire cette explication du commentaire d'Alexandre d'Aphrodisée. — Le lieu est trop étroit, il faut entendre ici par le lieu, les intervalles des corps entre lesquels le vent est obligé de passer. -- Et un tourbillon d'air, le texte dit précisément : « un tourbillon de souffle.» -- Ce qui est en avant, l'expression du texte est aussi vague. -- Une direction oblique, pour tourner l'obstacle qui lui est opposé. — Une seule masse, ou un tout. — Un seul et unique mouvement, Voir la théorie du mouvement circulaire dans la Physique, livre VIII, ch. 14, p. 553 de ma traduction, tome II. — Les tourbillons sur la terre.... dans les nuages, il semble que l'auteur veut établir une différence et un rapport entre les tourbillons qu'on peut observer à la surface de la terre, et ceux qui se forment dans les parties supérieures de l'atmosphère ; mais un peu plus bas, la comparaison n'est plus établie entre les tourbillons terrestres et atmosphériques, mais bien entre deux espèces de  tourbillons qui se passent l'un et l'autre dans les nuages. Voir le § 5. Le commentaire d'Alexandre d'Aphrodisée ne donne aucun éclaircissement sur ce point ; et les explications de Vicomercatus ne sont pas satisfaisantes. Le passage reste obscur. — Seulement, il semble qu'il va être question de la différence des tourbillons sur la terre et des tourbillons dans les nuages ; mais ou voit qu'il n'en est rien. — Dans l'ouragan, le texte dit : « Quand le vent d'ouragan se produit. » -- De même ici, Alexandre comprend qu'il s'agit du typhon ou trombe. D'après tout le contexte, ceci devrait se rapporter aux tourbillons terrestres. -  Est toujours entraînée à la suite, de manière à former enfin un cercle. Le texte d'ailleurs n'est pas aussi formel.

§ 4. Que nous venons d'indiquer, dans le  §3. -- Il est porté en bas, et se dirige vers la terre. -- Les nuages s'épaississent, Alexandre d'Aphrodisée trouve que cette théorie n'est pas tout à fait d'accord avec celles qui précèdent ; et selon lui, il vaudrait mieux dire que la chaleur s'échappe dans la partie où les nuages s'épaississent, plutôt que le contraire.

§ 5. S'il est sans couleur, il semble alors que ce phénomène se confond avec l'éclair, qui en diffère parce qu'il est coloré et visible. Le typhon au contraire ne se manifeste que par le mouvement qu'il cause dans les nuages. --- Typhon, j'ai conservé le mot grec, parce que je ne sais pas au juste quel est le mot correspondant en notre langue. Le typhon est une sorte de trombe. Voir plus haut, § 7. — Une tempête incomplète, le texte dit précisément : non digérée. De plus il se sert ici, pour exprimer la tempête du même mot dont il s'est servi pour désigner plus haut le vent issu des nuages. Je n'ai pu répéter la même expression. — Ou la trombe, j'ai ajouté ces mots. -- Le vent de nuages, même remarque que plus haut sur ce mot. — Ces deux météores, le texte n'est pas tout à fait aussi précis. — Des vents, mot à mot : Des souffles. — Une exhalaison sèche et chaude, que le froid éteint et dissipe. — Le principe de l'exhalaison sèche et chaude qui produit le typhon et le vent de nuages.

§ 6. La gelée et le froid, j'ai répété ces deux mots d'après la phrase précédente ; mais le teste ne les désigne que par un pronom. --- Ne seraient pas congelés, le texte n'est pas tout à fait aussi formel.

§ 7. La trombe ou typhon, il est très probable, d'après la description donnée dans ce §, que le typhon n'est pas autre chose qu'une trombe. — Quand la tempête, ou le vent de nuages. — Où elle est enfermée, le texte n'est pas tout à fait aussi formel. -- A la résistance du tourbillon, et à la masse considérable des matières qu'il entraîne avec lui. -- La spirale; ou l'hélice, pour reproduire le mot grec. — Le nuage dont elle ne peut se débarrasser, c'est là, à ce qu'il semble, la différence qu'Aristote vent établir entre le vent de nuages et la trombe, l'ecnéphias et le typhon. L'ecnéphias est plus sec et plus pur; le typhon entraîne avec lui une partie du nuage où il s'est formé. — En droite ligne, c'est-à-dire sur son trajet et son parcours. La trombe tourne sur elle-même tout en s'avançant. Sur sa route, elle entraîne et bouleverse tout ce qu'elle rencontre.- --- Et enlève avec violence, ce sont bien les caractères de la trombe.

§ 8. Le phénomène prend feu, le texte n'a ici qu'un participe au neutre, sans désignation spéciale d'aucun substantif. Il est certain, d'ailleurs, que la trombe ne prend jamais feu ; et Aristote veut parler sans doute du vent qui est la cause initiale de la trombe. — L'air, le texte dit précisément : Le souffle. — Devient plus léger, il ne suffit pu que l'air soit plus léger; il faut en outre que le mouvement soit beaucoup plus violent et d'une rapidité extrême. — Un météore brillant, je ne vois pas dans la science actuelle un mot qui réponde exactement à celui du texte, que j'ai dû paraphraser. — Un Prester, j'ai répété le mot grec après la traduction que j'en donne. Il est difficile de savoir de quel phénomène réel Aristote entend parler ; ce phénomène doit avoir quelque rapport avec la trombe, et ce ne sont pas les bolides ordinaires. -- Par son ignition, ceci pourrait se rapporter aux bolides lumineux.

§ 9. Et que cet air soit léger, Aristote a bien senti qu'il fallait ici quelque agent spécial et plus puissant; mais ce n'est qu'à la fin de notre XVIIIe siècle qu'on a pu expliquer précisément le phénomène de la foudre. — C'est alors une foudre, toutes les circonstances de la foudre ne sont pas assez exactement décrites; mais au temps d'Aristote l'analyse ne pouvait guère aller plus loin. -- D'Étincelant, je n'ai pas trouvé dans notre langue de mot qui répondit mieux au mot poétique du texte. Homère est le poète qu'Aristote veut désigner ici, Iliade, chant VIII, v. 133. — S'il est moins léger et moins brûlant, j'ai préféré cette variante, qui s'accorde mieux avec le contexte, § 10. Quelques manuscrits donnent : « S'il est moins léger, mais qu'il brûle. » M. Ideler a suivi cette dernière leçon, qu'a aussi Alexandre d'Aphrodisée. — Un météore enfumé, j'ai dû paraphraser l'épithète grecque.

§ 10. L'un, est le premier genre de foudre nommé étincelant par les poètes. -- Et de noircir, les objets qu'il frappe. — L'autre, c'est le second genre de foudre que les poètes appellent enfumé. -- Qui est plus lent, Voir le § 9. — Mais sans brûler, ceci confirme la leçon que j'ai adoptée au § précédent.

§ 11. A la percussion qu'ils reçoivent de la foudre, le texte n'a qu'un mot. — En conservent quelque trace, le fait n'est pas absolument exact.— N'en éprouvent aucun effet, même remarque. Les effets que veut indiquer Aristote peuvent être très réels; mais ils ne sont pas constants dans tous les cas. -- Étant plus rare:, c'est-à-dire ayant des pores plus larges; mais la foudre agit très souvent sur les bois comme sur les métaux, et même aussi sur des matières encore plus tendres. -- Ne brûle pas en traversant les étoffes, ce peut être vrai dans quelques cas; mais dans d'autres, les étoffes sont brûlées. -- Sont tous des vents, ou des souffles.

§ 12. Par des observations directes, le texte dit précisément : « par les yeux. » — Ce que l'on a pu remarquer, il semble presque, dans le texte, que l'auteur a dû être témoin du phénomène qu'il décrit. -- Naguère ou de notre temps ; le texte dit précisément : maintenant. L'incendie du temple d'Éphèse est de l'an 356 avant J.-C., le jour même, dit-on, de la naissance d'Alexandre. -- La flamme, c'est un rapprochement entre la flamme de l'incendie et le feu de la foudre; mais il y a peu de rapports entre les deux phénomènes. — Que la fumée est un vent, et que par suite, d'après cette théorie, la foudre en est un aussi. — La fumée se brûle, ce fait est exact; mais on ne voit pas bien en quoi il se rapporte à la foudre. - Antérieurement ailleurs, ceci peut se rapporter au Traité de la génération et de la corruption, livre II, ch. 4, p. 331, b, 26, édit. de Berlin. Voir aussi dans la Météorologie elle-même, plus loin, livre IV, ch. 9, § 41. -- Qu'elle n'est qu'un vent, la fumée est alors comme un vent très visible. Mais toutes ces explications ne se rapportent pas assez directement à la foudre.

§ 13. Ce qui se passe dans les petits foyers, suite de la digression. L'observation d'ailleurs est exacte et curieuse. -- Dans l'incendie d'Éphèse, le texte dit simplement : alors. — Les bois, sans doute les poutres qui entraient dans la construction du temple. — Étant une fois rompus, j'ai conservé l'expression même du texte; et il semble que l'auteur suppose que les bois se rompaient sous l'action de la chaleur avant même d'être enflammés. Alexandre d'Aphrodisée n'a pas commenté ce passage avec les développements habituels de son explication.

§ 14. Ainsi il faut croire, comme ceci est une conclusion, il est clair que l'exemple de l'incendie d'Éphèse, tout insuffisant qu'il est, a pour but de faire mieux comprendre le phénomène de la foudre. -- Le vent précède et accompagne la foudre, c'est en résumé ce qu'Aristote a voulu prouver par cette description de l'incendie d'Éphèse. — Si on ne le voit pas, tandis qu'on le voit sans la moindre incertitude dans la fumée. Voir plus haut, § 13. — Parce qu'il est sans couleur, Voir plus haut, § 8 et § 15. — Sont agités, le fait est exact, bien qu'Aristote ne pût pas en savoir la cause; et l'action de l'électricité peut souvent se faire sentir avant même que la foudre n'ait touché les objets qu'elle frappe. -- Non par le bruit, il est probable qu'Aristote réfute ici quelque théorie reçue de son temps. — Le vent ou le souffle. — A se sécréter et à sortir du nuage, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. — Il ne les brûle pas, Alexandre d'Aphrodisée prétend que c'est la foudre seule qui brûle; et il distingue entre le tonnerre et la foudre. Le tonnerre est le bruit, et la foudre est le feu qui consume et brise les objets qu'elle touche.

§ 15. Voilà ce qu'on avait à dire, Voir plus haut, livre II, ch. 9, § 22. Ici ce résumé est bien placé; mais il ne l'était pas plus haut.-- Du nuage orageux ou du vent de nuages, Voir plus haut, §§ 1 et suiv. — Des ouragans ou presters, Voir plus haut, § 8. — Des trombes ou typhons, Voir plus haut, § 5. — Un seul et même phénomène, on admet aujourd'hui que tous ces phénomènes sont différents les uns des autres, et on ne les ramène pas à une cause unique, comme le fait Aristote; mais si sa théorie n'est pas exacte, elle est du moins fort conséquente et systématique. -- La différence de tous ces météores, Aristote ne les confond pas aussi complètement qu'il semblerait au premier coup d'oeil.

 

CHAPITRE Il.

Du halo et de l'arc-en-ciel; des parhélies et des verges ou bâtons lumineux ; description de ces phénomènes; circonstances où ils se produisent; variétés. — La cause de tous ces phénomènes est la réfraction de la lumière. — Erreur des anciens sur l'arc-en-ciel lunaire ; observations personnelles de l'auteur. -- Effets généraux des miroirs. Citation d'un ouvrage sur les perceptions des sens.

 

§ 1. Parlons maintenant du halo et de l'arc-en-ciel ; disons ce qu'ils sont l'un et l'autre, et quelle cause les produit. Parlons aussi des parhélies et des verges ou bâtons lumineux ; car tous ces phénomènes se produisent par des causes qui sont identiques. Il faut d'abord bien connaître les circonstances et les faits relatifs à chacun d'eux.

§ 2. Pour le halo, on en voit fréquemment le cercle tout entier, et il se forme soit autour du soleil, soit autour de la lune et des astres les plus brillants. Il se montre la nuit tout aussi bien que le jour, à midi tout aussi bien que le soir. Il est plus rare au lever du soleil ou près de son coucher.

§ 3. L'arc-en-ciel au contraire ne forme jamais un cercle complet, et sa section n'est jamais plus grande qu'une demi-circonférence. C'est au coucher ou au lever du soleil que, pour le plus petit cercle, la corde est la plus grande ; mais quand le soleil est plus haut sur l'horizon, la corde est d'autant plus petite que le cercle est plus grand. Après l'équinoxe d'automne, quand les jours se 'raccourcissent, il se forme à toute heure du jour. Dans l'été, il ne se montre guère vers midi. Il n'y a jamais plus de deux arcs-en-ciel à la fois.

§ 4. Chacun d'eux a trois couleurs ; les [372a] couleurs sont identiques dans tous deux, et elles sont en nombre égal, moins vives dans l'arc extérieur et disposées dans un sens contraire. L'arc intérieur a sa première et plus grande circonférence écarlate ; l'arc extérieur a sa plus petite circonférence de cette couleur et la plus rapprochée de celle-là, les autres étant posées d'une façon analogue.

§ 5. Ces couleurs sont à peu près les seules que les peintres ne puissent point reproduire. Ils essayent d'en obtenir quelques-unes par des mélanges divers. Mais l'écarlate, le vert et le violet ne peuvent jamais être le résultat d'un mélange, et ce sont-là les couleurs que présente l'arc-en-ciel. La couleur qui est entre l'écarlate et le vert semble assez souvent être fauve.

§  6. Les parhélies et les verges ou bâtons lumineux ne se forment jamais qu'obliquement et de côté. Ces phénomènes ne viennent point d'en haut ni près de la terre, ni du côté opposé au soleil. On ne les voit donc jamais la nuit ; et ils apparaissent toujours pendant que le soleil est au-dessus de l'horizon, soit qu'il s'élève, soit qu'il s'abaisse. Le plus fréquemment, c'est au moment du coucher. Lorsque le soleil est au milieu du ciel, le phénomène est plus rare. C'est ainsi qu'il se produisit sur le Bosphore. Durant tout le jour, deux parhélies qui s'étaient levés avec le soleil l'accompagnèrent, et persistèrent jusqu'à son coucher.

§ 7, Voilà les circonstances qui accompagnent chacun de ces phénomènes. Quant à la cause qui les produit, elle est la même pour tous : ils ne sont qu'une réfraction. La différence tient uniquement t la manière dont la réfraction a lieu, et aux corps d'où elle vient, selon qu'elle part du soleil et de quelqu'autre corps lumineux.

§ 8. L'arc-en-ciel se produit le jour; mais dans l'opinion des anciens il ne se produisait jamais la nuit par l'effet de la lune. Ce qui induisait les anciens en erreur, c'est que ce phénomène nocturne est très rare ; et voilà comment il leur échappait ; mais il se produit réellement, bien qu'il ne se produise pas souvent.

§ 9. La cause en est que les couleurs disparaissent dans l'obscurité, et qu'il faut en outre le concours de plusieurs conditions, lesquelles doivent toutes se réunir pour un seul et même jour du mois. Ainsi il faut nécessairement, pour que le phénomène ait lieu, qu'il y ait pleine lune ; et même alors il ne peut se former qu'à son lever ou à son coucher. Mais en plus de cinquante ans, nous n'avons pu l'observer que deux fois.

§ 10. Il faut d'abord bien savoir que le rayon lumineux, qui est réfracté par l'eau, l'est également par l'air, et par tous les objets qui ont une surface polie. C'est ce que prouvent les démonstrations que nous avons établies en parlant de la vue, et les phénomènes des miroirs, dont quelques-uns reproduisent aussi les formes des objets, tandis que d'autres n'en reproduisent que les couleurs.

§ 11. Ces miroirs sont ceux qui sont [372b] tout petits, et qui n'offrent aucune dimension sensible. Dans ces miroirs en effet, il est impossible que la forme paraisse ; car elle paraîtrait avec une dimension quelconque, puisque toute forme en même temps qu'elle est forme a aussi une dimension ; mais comme alors il faut nécessairement que quelque chose paraisse, et que la forme ne peut pas paraître, reste la couleur seule qui peut se montrer.

§ 12. Parfois la couleur des corps brillants paraît brillante ; parfois aussi, soit qu'elle se mêle à celle du miroir, soit que la vision soit trop faible, elle produit l'apparence d'une autre couleur. Du reste, nous avons déjà présenté ces théories dans ce que nous avons démontré relativement aux sens ; ici donc complétons-les, en nous servant des principes qui ont été déjà posés par nous.

Ch. II, § 1 . Du halo et de l'arc-en-ciel, les deux phénomènes sont assez différents l'un de l'autre, comme le prouve la description même d'Aristote; mais comme ils sont tous deux des effets d'optique, on conçoit qu'on ait pu les réunir. — Des parhélies et des verges, même remarque. —  Par des causes qui sont identiques, ils sont tous des réfractions de la lumière. — Les circonstances et les faits relatifs à chacun d'eux, c'est la méthode d'observation recommandée, si ce n'est appliquée, aussi rigoureusement que nous pourrions le faire aujourd'hui. Voir plus haut, ch. I, § 1 et la note.

§ 2. Et des astres les plus brillants, en général la science moderne ne s'est guère occupée que des halos du soleil et surtout de la lune. Ceux des étoiles sont trop peu visibles. Mais il est assez remarquable que les anciens, privés de tous nos instruments d'optique, aient pu faire des observations aussi délicates. Voir plus loin, ch. 3, § 1. -- Tout aussi bien que le jour, il semble tout d'abord qu'il faudrait renverser la phrase et dire : Le jour tout aussi bien que la nuit ; mais quoique les halos soient plus remarquables autour de la lune, l'auteur ayant commencé par dire qu'ils se forment autour du soleil, on conçoit mieux la justesse de sa pensée et de l'ex-pression dont il se sert.

§ 3. L'arc-en-ciel au contraire, cette description succincte de l'arc-en-ciel mérite beaucoup d'attention, tout incomplète qu'elle est ; elle fait le plus grand honneur à l'esprit observateur d'Aristote. — Ne forme jamais un cercle complet, notre mot d'arc-en-ciel a cet avantage de représenter parfaitement le fait ; le mot grec est moins heureux. -- Qu'une demi-circonférence, l'arc-en-ciel n'est jamais plus grand; mais il est souvent plus petit. — Le plus petit cercle, il faut entendre non que le diamètre du cercle est plus petit, mais que la portion apparente au-dessus de l'horizon est plus petite. -- La corde est la plus grande, parce que le cercle est alors fort ouvert, et l'arc fait partie d'un cercle dont le diamètre est énorme. -- Que le cercle est plus grand, cette expression peut faire équivoque d'après ce qui précède ; mais il est clair que l'auteur veut dire que la corde est d'autant plus petite que la demi-circonférence est plus près d'être complète. Le cercle diminue à mesure que le soleil monte sur l'horizon. — Dans l'été, il ne se montre guère vers midi, Aristote est tout à fait d'accord sur ce point avec la science moderne. Voir la Météorologie de M. Kaemtz, traduction française, p. 413. Seulement Aristote ne sait pas la cause mathématique de ces phénomènes, dont il analyse très exactement les détails. — Jamais plus de deux arcs-en-ciel à la fois, on en a quelquefois observé trois ; mais le phénomène est assez rare pour que personne avant Aristote eût eu peut-être l'occasion de l'observer ; et lui-même n'avait pu sans doute l'observer davantage.

§ 4. A trois couleurs, on sait qu'aujourd'hui on distingue sept couleurs et non trois. Les anciens avaient poussé l'analyse moins loin; et de plus, ils n'avaient pas décomposé la lumière. -- Moins vives dans l'arc extérieur, le fait est exact et tout le monde le remarque. -- Et disposées dans un sens contraire, même observation. -- Sa première et plus grande circonférence, le fait est exact, c'est-à-dire que le bord extérieur du plus petit arc est rouge. — La plus petite circonférence, c'est-à-dire son bord intérieur. -- D'une façon analogue, c'est-à-dire en sens inverse de l'arc qui est intérieur et plus petit.

§ 5. Que les peintres ne puissent pas reproduire, dans toute leur vivacité, sous-entendu ; ou bien l'auteur a-t-il peut-être voulu dire que ces trois couleurs primitives sont celles dont les peintres se servent pour composer toutes les autres. -- L'écarlate, le vert et le violet, la série complète est, comme ou sait : rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo, violet. Aristote n'indique et n'a observé que les deux extrêmes et le milieu. Ce sont en effet les couleurs les plus frappantes. — Entre l'écarlate et le vert, Aristote ne borne donc pas à trois le nombre des couleurs de l'arc-en-ciel d'une manière absolue; il entrevoit d'autres nuances, qui sans doute ne lui semblent pas assez marquées pour qu'on les nomme. -- Être fauve, c'est l'orangé et le jaune. J'ai pris le terme de fauve, bien que le terme grec signifie surtout : blond.

§ 6. Les parhélies, on entend par parhélie une image du soleil presqu'aussi brillante que lui. Parfois ces images sont au nombre de deux ou trois. — Les verges ou bâtons lumineux, le texte n'a qu'un seul mot. Dans le langage de la science actuelle, les verges sont appelées Colonnes ; c'est un des météores les moins observés, peut-être parce qu'il est assez rare. — Obliquement et de côté, il n'y a qu'un seul mol dans le texte grec. — Ne viennent point d'en haut, l'auteur veut dire sans doute que le parhélie n'est jamais au-dessus du vrai soleil. — Au soleil, j'ai ajouté ces mots. — Le plus fréquemment, c'est au moment du coucher, je ne sais si cette observation est bien exacte. -- Est au milieu du ciel, c'est-à-dire quand le soleil passe au méridien. — Sur le Bosphore, M. Ideler remarque avec raison que le Bosphore étant fort peu connu des anciens au temps d'Aristote, ils y plaçaient une foule de phénomènes peu ou mal observés, et tout à fait extraordinaires. C'est ainsi que les Romains ont fait long temps pour la Germanie, et que nous le faisons aussi nous-mêmes pour la Sibérie ou certaines parties de l'Amérique. -- Deux parhélies qui s'étaient levés avec le soleil, le phénomène n'est pas impossible, et par conséquent la tradition que rapporte Aristote peut être fort exacte. Ordinairement les parhélies, ainsi que les colonnes, tiennent à des flocons de neige et à des cristaux de neige très ténus, qui flottent dans l'atmosphère, et où se réfléchissent les rayons lumineux. Voir plus loin, ch. 6, § 7, l'explication détaillée du parhélie.

§ 7. Ils ne sont qu'une réfaction, de la lumière soit qu'elle vienne du soleil ou de tout autre astre. En d'autres termes, ce ne sont que des phénomènes optiques de l'atmosphère Voir les Derniers Analytiques, livre II, ch. 15, §, p. 270 de ma traduction. A la manière, selon que les rayons sont plus ou moins obliques, plus ou moins verticaux, plus ou moins forts. — Et au corps, soleil, lune, planètes ou étoiles, selon les divers phénomènes. -- Lumineux, ou par lui-même ou par réflexion. Il semble que tout ce § 7 serait mieux placé à la fin du chapitre.

§ 8. L'arc-en-ciel, l'auteur relient à l'arc-en-ciel, dont il a déjà dit quelques mots un peu plus haut, et auquel il reviendra avec tous les développements nécessaires dans le ch. 4. --- Dans l'opinion des anciens, Anaxagore, Démocrite, Empédocle, etc. etc. — En erreur, en effet, c'est une erreur ; les arcs-en-ciel de lune sont très réels ; seulement on les observe peu, à cause des raisons excellentes que donne Aristote lui-même. — Bien qu'il ne se produise pas souvent, le fait est exact.

§ 9. Il faut nécessairement, c'est peut-être dire trop. -- En plus de cinquante ans, ceci ne veut pas dire qu'Aristote ait pu observer personnellement durant un espace de temps aussi long; mais l'observation n'en est pas moins curieuse, et elle atteste une persévérance rare.

§ 10. Le rayon lumineux, le texte dit précisément : la vision ou la rue. J'ai cru pouvoir préciser davantage les choses dans ma traduction. — Qui est réfracté par l'eau ou brisé par l'eau; j'ai préféré le terme le plus scientifique. -- Les démonstrations que nous avons établies, le texte n'est pas aussi formel. On pourrait comprendre aussi d'une manière plus générale qu'il s'agit des démonstrations de l'Optique. J'ai préféré le premier sens à cause de la fin de ce chapitre où Aristote cite un de ses ouvrages, comme sans doute il en cite un autre ici. — Et les phénomènes des miroirs, dont l'étude constituait, même chez les anciens, une partie de l'Optique. -- N'en reproduisent que les couleurs, en effet, suivant la forme des miroirs, les contours des objets disparaissent tout à fait et sont méconnaissables, tandis que les couleurs sont encore fort apparentes. Il faut entendre ici le terme de miroir dans un sens très large. Des gouttelettes de pluie ou de rosée, par exemple, réfléchissent les couleurs, d'après la théorie d'Aristote; mais elles sont trop petites pour réfléchir la forme entière des objets. Seulement Aristote confond ici deux phénomènes fort différents : l'un de réfraction, et l'autre de simple réflexion.

§ 11. Qui sont tout petits, comme les gouttelettes de pluies ou les vésicules de brouillard répandues dans l'atmosphère. — Et n'offrent aucune dimension sensible, le texte dit précisément : division, au lieu de Dimension. — Une dimension, même remarque. — Reste la couleur seule, cette théorie n'est pas absolument fausse, bien qu'elle soit peu complète.

§ 12. Paraît brillante, dans les miroirs, petits ou grands, où elle est réfléchie. — Soit que la vision soit trop faible, j'ai pris avec intention ce mot de vision qui peut se prêter à un double sens. Alexandre d'Aphrodisée comprend qu'il s'agit de la vue. Selon moi, il peut être question aussi de l'image.— Nous avons démontré relativement aux sens, Alexandre d'Aphrodisée rapporte cette indication au Traité de la Sensation et des choses sensibles. Voir ce traité, ch. 2, § 5, p. 29 de ma traduction. Voir aussi le Traité de l'âme, livre Il, ch. 7, § 1 et suiv. p. 208 de ma traduction. -- Déjà posés par nous, le texte n'est pas aussi formel.

 

CHAPITRE III.

Explication du halo : c'est aussi une réfraction; signe de beau temps ou de pluie. Démonstration graphique de la forme nécessairement circulaire du halo; il se forme plus souvent autour de la lune qu'autour du soleil ; et pourquoi.

 

§ 1. Occupons-nous d'abord de la forme du halo ; et disons pourquoi il est circulaire, et aussi pourquoi il se produit soit autour du soleil, soit autour de la lune, soit même autour de quelques autres astres. L'explication sera la même pour tous ces cas.

§  2. C'est une réfraction de la vision, lorsque l'air et la vapeur se condensent en nuage, la vapeur étant fort égale et réduite en parties très ténues.

§ 3. Voilà comment la condensation des vapeurs est un signe de pluie ; leur dispersion et leur disparition sont des signes aussi, celle-ci de beau temps, et celle-là de vent. Quand la vapeur ne disparaît pas ou qu'elle ne se disperse point, et qu'au contraire elle peut arriver à prendre toute sa consistance naturelle, c'est un signe très probable de pluie.

§ 4. Car alors c'est la preuve qu'il s'est formé cette condensation qui, donnant à l'épaississement une sorte de continuité, doit nécessairement finir par se tourner en eau. Voilà pourquoi ces condensations de vapeurs sont en général plus noires que toutes les autres.

§ 5. Quand au contraire la vapeur se disperse, c'est signe de vent ; car cette dispersion ne peut être causée que par le vent qui souffle déjà, bien qu'on ne le sente pas encore. Ce qui le prouve bien, c'est que le vent vient du côté où la dispersion est la plus forte.

§ 6. Quand la vapeur se dissipe et disparaît, c'est signe de beau temps ; car si l'air n'est pas encore en état de dominer la chaleur qui y est contenue, ni de passer à l'épaississement aqueux, il est clair que la vapeur n'est pas encore dégagée de l'exhalaison sèche et ignée ; et c'est là ce qui fait le beau temps. Voilà donc dans quelles conditions se trouve l'air, quand la réfraction a lieu.

§ 7. [373a] La vision se réfracte de la nuée qui est condensée, soit autour du soleil, soit autour de la lune ; et voilà pourquoi le halo ne se montre pas en sens contraire comme l'arc-en-ciel. Comme la vision est partout également réfractée, il faut nécessairement qu'il se forme un cercle ou une partie de cercle ; car des lignes menées d'un même point vers un même point seront toujours des lignes égales, qui se briseront sur la circonférence d'un cercle.

§ 8. Soit d'un point A, vers le point B, la ligne réfractée ACB ; puis, AFB ; puis, ADB. Les lignes AC, AF, AD sont égales entr'elles, ainsi que les lignes menées à B, CB, FB, DB. Joignons la ligne AEB. Ainsi les triangles sont égaux ; car ils sont tous à angle droit sur une même ligne AEB.

§  9. Soient menées des perpendiculaires sur AEB, à partir des angles; de C, la perpendiculaire CE; de F, FE ; de D, DE. Elles sont égales ; car elles sont dans des triangles égaux ; elles sont toutes sur un seul plan, puisque toutes se réunissent à angles droits sur la ligne AEB, et en un seul point E. La ligne décrite sera donc un cercle, et E sera le centre. Soit B, le soleil ; et A, la vue; la circonférence CFD, le nuage, d'où la vision est réfractée vers le soleil.

§ 10. Il faut supposer qu'ici les miroirs se touchent ; mais par leur petitesse même, chacun à part est invisible ; et de la réunion de tous, il semble ne s'en former qu'un seul par la continuité.

§ 11. C'est la couleur blanche qui se montre, parce que le soleil paraît en un cercle continu dans chacun des miroirs, et qu'il n'y présente aucune dimension appréciable. C'est surtout du côté de la terre que le halo se forme, parce qu'il y a moins de vent ; car du moment que le vent souffle, il est clair qu'il ne peut y avoir d'accumulation visible. Le pourtour qui touche la partie blanche paraît noir ; et il le paraît d'autant plus que la blancheur voisine le fait ressortir.

§ 12. Les halos se forment plus souvent autour de la lune qu'autour du soleil, parce que le soleil, étant plus chaud qu'elle, dissout plus vite les concrétions de l'air. C'est par les mêmes causes que le halo se forme autour des astres ; mais les signes qu'ils donnent ne sont pas les mêmes, parce qu'ils ne révèlent que des concrétions excessivement petites, qui ne sont pas encore en état de rien produire.

Ch. 3, § 1. De la forme du halo, Voir plus haut, ch. 2, § 2. -- Autour de quelques autres astres, planètes ou étoiles. -- L'explication sera la même, Voir plus haut, ch. 2, § 7.

§ 2. Une réfraction de la vision, Voir plus haut, ch. 2, § 12. -- L'air et la vapeur, peut-être n'aurait-il fallu parler que de la vapeur. La vapeur étant fort égale, ou peut-être, de surface fort unie. Et réduite en parties fort ténues, ce sont les vésicules du brouillard, par exemple. La science moderne a essayé de constater leurs dimensions et leurs diamètres, qui ont été trouvés de 0,014 à 0,035 de millimètres, selon les diverses saisons de l'année. Voir la Météorologie de Kaemtz, traduction française, p. 103. Il est clair d'ailleurs que cette description du halo est insuffisante, et qu'elle ne le fait pas assez connaître.

§ 3. La condensation des vapeurs, il faut entendre ici le mot de Condensation dans le sens d'Accumulation, et non dans son sens scientifique ordinaire. -- Est un signe de pluie, parce qu'en effet, s'il ne se formait pas des accumulations de vapeurs, la pluie ne serait pu possible. — Leur dispersion, de manière qu'il reste encore des vapeurs, mais qu'elles soient disséminées. — Leur disparition, de manière qu'elles soient tout à fait absorbées. --Toute sa consistance naturelle, le texte n'est pas aussi formel.

§ 4. Cette condensation qui donnant à l'épaississement, le texte est aussi embarrassé que ma traduction; mais je n'ai pas cru pouvoir y rien changer -- Ces condensations de vapeurs, le texte est moins précis. -- Plus noires que toutes les autres, le fait est exact; mais la cause indiquée par Aristote ne l'est pas; et il est assez probable que c'est la présence de l'électricité qui donne aux nuages la couleur foncée qu'ils ont quelquefois.

§ 5. C'est signe de vent, l'explication est ingénieuse. -- Qui souffle déjà, le texte dit simplement : « Qui est déjà. » — On ne le sente pas encore, sous-entendu, sur terre.

§ 6. Se dissipe et disparaît, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. -- En état de dominer la chaleur, c'est-à-dire que l'air n'a pas pu se refroidir encore assez pour que la vapeur s'y change en eau. — La vapeur, qui produira l'eau. — Dégagée de l'exhalaison sèche, qui échauffe l'air et l'empêche de se condenser en pluie. -- Voilà donc dans quelles conditions, il ne semble pas que ces conditions soient assez spéciales au halo. Le commentateur grec, sans doute Alexandre d'Égée, cite ici les travaux de son maître Sosigène sur la théorie de la vision, et il rappelle aussi ceux de Posidonius, qui n'a fait que suivre Aristote; f° 116, recto, ligne 10, édit. de 1527.

§ 7. La vision se réfracte de la nuée, le texte n'est pas plus clair; et j'ai craint de fausser le sens en précisant davantage. Ce n'est pas directement la vision ou la vue qui se réfracte, comme Aristote le dit; mais le rayon du soleil ou de la lune est réfracté dans les nuages, avant d'arriver jusqu'à nos yeux. — En sens contraire, c'est-à-dire à l'opposé du point où est l'astre. Voir au chapitre suivant la théorie de l'arc-en-ciel. — Comme la vision, le texte n'est pas aussi précis. — Ou une partie de cercle, quand les nuages n'entourent pas l'astre complètement. -- Des lignes menées d'un même point, il faut se représenter deux cônes opposés par leurs bases. Il est évident que les lignes menées du sommet d'un des cônes au sommet de l'autre cône, en passant par sa bise, seront toutes égales. — Sur la circonférence d'un cercle, qui est ici la base commune des deux cônes.

§ 8. D'un point A sommet d'un premier cône. — Vers le point B, sommet de l'autre cône, opposé par sa base au premier. — La ligne réfractée ACB, c'est-à-dire une ligne qui suit la surface du cône en partant du sommet; elle va jusqu'à la base; et là elle est réfractée, c'est-à-dire brisée, pour aller au sommet de l'autre cône. -- Les lignes AC, AF, AD, toutes ces lignes sont égales, puisqu'elles partent toutes du même sommet et qu'elles aboutissent à une seule circonférence. Elles sont en quelque sorte des rayons. -- Menées à B, sommet de l'autre cône. —Joignons la ligne AEB, c'est-à-dire les deux sommets des cônes par une ligne qui passe par le centre de leurs bases, E. Les triangles sont égaux, ce sont les triangles formés par la ligne qui joint les sommets, par les lignes qui vont des sommets à la base, et par celles qui, de la circonférence de la base, vont au centre de cette même base.

§ 9. A partir des angles, c'est-à-dire des points de la circonférence où les lignes parties d'un sommet se brisent pour aller à l'autre sommet. -- De C..., de F..., de D, C,F,D, sont des points pris sur la circonférence de la base commune des deux cônes. — Et en un seul point E, qui est le centre de la base des cônes. — Sera donc un cercle, c'est évident d'après la figure qui vient d'être décrite; mais ceci n'explique peut-être pu suffisamment comment le halo lui-même est circulaire.. Soit B le soleil, c'est-à-dire le sommet du cône supérieur. — Et A, la vue, c'est-à-dire le sommet du cône inférieur. -- La circonférence CFD, qui est la base des deux cônes opposés.— D'où la vision, ou la vue.— Réfractée vers le soleil, c'est le contraire qu'il faudrait dire : « d'où le soleil est réfracté vers la vue. » C'est le rayon solaire qui est réfracté; ce n'est pas le rayon qu'on suppose parti des yeux. Pour toute cette explication géométrique, voir la figure ci-jointe.

§ 10. Les miroirs, qui sont les vésicules de vapeurs dont le nuage est formé, et qui sont d'une extrême ténuité. Chacun à part, j'ai rappelé un peu plus haut, § 2, quelles sont les dimensions excessivement petites que la science moderne trouve aux vésicules de la vapeur et du brouillard. -- Par la continuité, puisque les vésicules se touchent, comme on vient de le dire.

§ 11. La couleur blanche, le texte dit : le blanc. -- Parce que le soleil, l'expression du texte n'est pu aussi précise; et la phrase n'est pas régulièrement construite sous le rapport de la grammaire. — Dans chacun des miroirs, qui sont les vésicules de la vapeur. — Aucune dimension appréciable, à cause de la petitesse même des vésicules sur lesquelles tombent les rayons. -- C'est surtout le phénomène, toute cette phrase est rejetée par Vicomercatus et par M. Ideler à la fin du §, où elle semble mieux placée; mais cette transposition, que n'admet pas non plus l'édition de Berlin, ne m'a pas paru indispensable.— Que le halo se forme, le texte n'est pas tout à fait aussi précis. La pensée d'ailleurs n'est peut-être pas très juste; et on ne conçoit pas que le halo puisse se former autrement que du côté de la terre; car du côté du soleil nous ne savons pas comment il se produit, puisque nous ne pouvons l'observer. Alexandre d'Aphrodisée remarque lui-même que ce passage est obscur. -- Parce qu'il y a moins de vent, le vent est moins fort à la partie inférieure du nuage qu'à sa partie supérieure, que nous ne pouvons pas voir. — D'accumulation visible, j'ai reproduit la concision du texte. L'auteur veut dire que les vapeurs chassées par les nuages ne s'arrêtent pas assez longtemps pour que le phénomène soit visible. — Le pourtour qui touche la partie blanche, le texte n'est pas aussi explicite. — Paraît noir, le fait est exact; mais il aurait fallu tâcher de l'expliquer après l'avoir constaté. C'est difficile sans doute; et je ne crois pas que la science moderne y soit parvenue. -- Le fait ressortir, le texte n'est pas aussi précis.

§ 12. Qu'autour du soleil, j'ai ajouté ces mots qui sont impliqués dans le contexte ; et le reste de la phrase prouve qu'il ne s'agit que d'une comparaison entre le soleil et la lune. — Les concrétions de l'air, c'est-à-dire les accumulations de vapeurs. L'expression n'est peut-être pas juste ; mais le fait est exact, et la science moderne poussant l'analyse plus loin, a distingué plusieurs degrés dans la formation des vapeurs : les cirrus, les cumulus, les stratus, les nimbus, avec leurs variétés de cirrocumulus, de cirrostratus, de cumulo-stratus, etc. etc. Les marins avaient dès longtemps remarqué ces différences qui correspondent pour eux à des changements importants dans l'atmosphère. Voir la Météorologie de Kaemtz, traduction française, p. 108. -- Par les mêmes causes, qui out été exposées plus haut, § § 6 et 7. — Autour des astres, planètes ou étoiles fixes. — Les signes qu'ils donnent ne sont pas les mêmes, les signes sont relatifs au beau ou au mauvais temps. Voir plus haut, § 3. — En état de rien produire, c'est-à-dire capable de produire de la pluie. Cette théorie des halos est loin d'ètre complète ; mais elle est encore une des plus développées que présente l'histoire de la science.

 

 

 

CHAPITRE IV.

Explication détaillée de l'arc-en-ciel ; aberrations diverses de la vision ; réfraction de la lumière du soleil dans les gouttes de pluie; effet analogue de la lumière des lampes. De l'arc-en-ciel dans l'eau que font jaillir les rames des bateaux; les corps noirs. Opposition des couleurs ; changements que produisent les contrastes. Observations des brodeurs; nuances imperceptibles. — Des trois couleurs de l'arc-en-ciel ; renversement de l'ordre des couleurs dans le second arc-en-ciel, toujours plus pâle que le premier. Pourquoi il n'y a jamais plus de deux arcs-en-ciel.
 

§ 1. Nous avons déjà, dit que l'arc-en-ciel n'est qu'une  réfraction; reste à savoir quelle est au juste cette réfraction, comment elle se forme, et quelle est la cause de toutes les circonstances qui l'accompagnent. C'est ce que nous allons expliquer.

§ 2. La vision semble se réfracter de tous les corps lisses ; [373b] l'air ainsi que l'eau sont rangés parmi ces corps. Elle vient de l'air, quand il se trouve condensé. La faiblesse seule de la vue suffit pour qu'il produise souvent une réfraction, même sans condensation ni épaississement, comme il arrivait à un malade qu'on cite et qui avait la vue mauvaise et peu perçante.

§ 3. Il lui semblait toujours voir sa propre image qui le précédait et qui le regardait en sens contraire de lui. Cet effet venait de ce que la vision était réfractée de l'individu à l'individu lui-même. La vision était dans cet homme tellement faible et tellement légère par suite de la maladie, que l'air qui était tout près de lui et qu'il ne pouvait repousser, devenait un miroir, comme l'air qui est loin et épais.

§ 4. C'est là aussi ce qui fait qu'en mer, les cimes des promontoires paraissent plus élevées, et que les dimensions de tous les objets augmentent quand souffle le vent du sud-est. C'est encore ce qui se produit pour les objets qui paraissent à travers des brouillards ; par exemple, le soleil et les étoiles, quand ils se lèvent ou qu'ils se couchent, semblent plus grands que quand ils sont au milieu du ciel.

§ 5. C'est surtout l'eau dans les nuages qui cause les réfractions les plus fortes, et elle en produit quand elle commence à se former plus encore que n'en produit l'air lui-même ; car chacune des parties dont la réunion compose la goutte, est plus encore un miroir que la nuée ne peut l'être.

§ 6. Comme il est évident, ainsi que d'ailleurs on l'a dit plus haut, que dans les miroirs de ce genre il n'y a que la couleur seule qui paraisse et que la forme des objets ne se reproduit pas, voici ce qui arrive nécessairement. Quand il va commencer à pleuvoir et que l'air qui est dans les nuages se condense déjà en gouttelettes, sans qu'il pleuve encore, s'il . y a à l'opposite le soleil ou quelqu'autre corps assez brillant pour que.. le nuage fasse miroir et que la réfraction se produise à l'opposé du corps qui brille, il faut de toute nécessité qu'il y ait reproduction apparente de la couleur, mais non de la forme.

§ 7. Or chacun des miroirs étant petit et imperceptible, et la continuité de grandeur qu'on aperçoit ne venant que d'eux tous réunis, il est inévitable que cette grandeur continue paraisse être de la même couleur.

§ 8. Car chacun des miroirs fournit la même couleur au continu ; et comme ces circonstances ne se présentent que quand le soleil et le nuage sont dans cette position, et que nous sommes placés entre deux, il faut qu'il se forme une apparence par suite de la réfraction.

§ 9. C'est dans ces conditions, et dans ces conditions toutes seules à l'exclusion des autres, que se produit l'arc-en-ciel. Il est donc évident que l'arc-en-ciel est une réfraction de la vision relativement au soleil ; et c'est là ce qui fait qu'il se produit toujours à l'opposé du soleil tandis que le halo se produit autour de cet astre. Tous deux ne sont pourtant que des réfractions ; mais la variété des couleurs fait une différence pour l'arc-en-ciel.

§ 10. L'une de ces réfractions vient de l'eau et du noir, et elle part de loin ; l'autre au contraire se fait de près, et elle vient de l'air qui de sa nature est plus blanc. Mais la partie brillante paraît écarlate à cause du noir, ou en se réfractant dans le noir ; ce qui revient tout à fait au même.

§ 11. On peut voir quand on fait du feu avec des bois verts combien la flamme en est rouge, parce que le feu, qui, par lui-même est brillant et de couleur blanche, se mêle à beaucoup de fumée ; et le soleil vu à travers le brouillard ou de la fumée paraît aussi rougeâtre et écarlate.

§ 12. C'est ainsi que la réfraction de l'arc-en-ciel, du moins la première, paraît avoir cette couleur, parce que la réfraction se forme de très petites gouttelettes, et que celle du halo ne l'a pas. Nous parlerons plus tard des autres couleurs.

§ 13. Du reste, la condensation où se forme le halo, ne peut pas durer longtemps autour du soleil ; ou il pleut, ou elle se dissout. Mais quand l'astre et le nuage sont diamétralement opposés, il faut un certain intervalle de temps avant que l'eau ne se produise ; et sans cette circonstance, les halos seraient colorés tout comme l'arc-en-ciel.

§ 14. Les météores qu'on appelle verges ou bâtons lumineux n'ont pas cette apparence dans toute leur étendue, et ils ne l'ont pas non plus circulairement; ils ne l'ont qu'en partie et faiblement ; car s'il y avait un brouillard pareil à celui que formerait l'eau ou tel autre corps noir, ainsi que nous l'avons dit, l'arc-en-ciel se montrerait tout entier, comme celui qu'on voit aux lampes.

§ 15. On peut observer en effet que c'est le plus habituellement quand le vent du midi souffle en hiver, que se montre autour des lampes l'arc-en-ciel ; et il est surtout apparent pour ceux qui ont les yeux humides, parce que leur vue est bien vite réfractée à cause de sa faiblesse.

§ 16. Dans ce cas, grâce à l'humidité de l'air et à la suie qui s'échappe de la flamme et s'y mêle, il se forme un miroir qui tient aussi à la couleur noire de la suie ; car la suie est une sorte de fumée. En effet la lumière de la lampe n'est pas blanche ; elle paraît rougeâtre tout autour et irisée. Mais elle n'est pas rouge, parce que la vision, qui est réfractée, est courte, et que le miroir est noir.

§ 17. L'arc-en-ciel qui se forme sous les rames qu'on retire de la mer est, quant à la position, tout à fait pareil à celui qui se forme dans le ciel ; mais la couleur le rapproche davantage de celui qui se forme aux lampes; il n'est pas précisément rouge ; mais il semble avoir une couleur de pourpre. La réfraction vient des gouttelettes très petites, mais continues. Elles sont déjà tout à fait de l'eau divisée.

§ 18. Il se forme également un arc-en-ciel, [347a] lorsque l'on jette des gouttelettes d'eau légères dans un endroit qui est placé, relativement au soleil, de telle façon que le soleil éclaire d'un côté et qu'il y ait ombre de l'autre.

§ 19. Dans un lieu ainsi disposé, si étant en dedans on jette quelques gouttes d'eau dans le lieu qui est en dehors, là où les rayons cessent et font ombre, l'arc-en-ciel se montre aussitôt. Le mode de formation, la couleur et la cause de cet arc-en-ciel sont identiquement les mêmes que pour celui qui est formé par l'effet des rames; car la personne qui jette les gouttes dans ce cas, fait avec sa main ce que la rame peut faire.

§ 20. Que ce soit bien là comment se produit la couleur de l'arc-en-ciel, c'est ce qu'on verra sans peine par les remarques suivantes, qui s'appliqueront également aux autres couleurs du phénomène. Il faut d'abord, ainsi que je viens de le dire, se bien figurer et admettre que la lumière sur un corps noir, ou à travers un corps noir, produit la couleur rouge ; en second lieu, que la vue en s'étendant devient plus faible et moins sûre; enfin et en troisième lieu, que le noir est une sorte de négation de la couleur ; car le noir ne se produit que parce que la vision vient à manquer. Aussi, c'est là ce qui fait que tous les objets éloignés paraissent plus noirs, parce que la vision ne peut pénétrer jusqu'à eux.

§ 21. On peut voir du reste tout cela d'après ce qui se passe pour les sens ; car c'est à eux que se rapportent proprement les études sur ces matières. Nous n'en parlerons ici qu'autant qu'il en sera besoin pour notre sujet. C'est donc pour cette cause que les objets plus éloignés semblent plus noirs, plus petite et plus unis, ainsi que les objets qui sont vus dans les miroirs ; de même que les nuages paraissent plus noirs dans l'eau que quand on regarde les nuages eux-mêmes.

§ 22. Et la raison en est bien évidente,: c'est qu'à cause de la réfraction, ces objets ne sont aperçus que très faiblement. Il importe peu d'ailleurs que ce soit l'objet vu ou bien la vue elle-même qui change ; le résultat, quoi qu'il en soit, est toujours le même en définitive,

§ 23. A tout ceci, il faut avoir bien soin d'ajouter encore cette considération. Quand le nuage est près du soleil, si on le regarde, on n'y voit rien de coloré ; mais il semble tout blanc ; tandis que, si l'on regarde ce même nuage dans l'eau, il a quelque couleur de l'arc-en-ciel. Il est donc évident que de même que la vue, brisée à cause de sa faiblesse, fait paraître le noir plus noir qu'il n'est, de même aussi elle fait paraître le blanc moins blanc, et le fait tirer sur le noir.

§ 24. La vision plus forte passe au rouge ; la vision qui suit passe au vert, et la plus faible encore passe au violet. Plus loin il n'y a plus de vision possible ; il n'y en a que dans ces trois couleurs ; et tout finit ici après trois, comme dans la plupart des autres choses. Le changement des autres couleurs devient imperceptible à nos sens. voilà pourquoi aussi l'arc-en-ciel [375a] ne paraît que de trois couleurs.

§ 25. Les deux arcs qui se forment les ont également, mais en sens contraire. Le premier arc-en-ciel a la couleur rouge extérieurement ; car c'est de la circonférence la plus grande que la plus forte vision tombe vers le soleil ; et la plus grande circonférence est celle du dehors. Celle qui suit et la troisième sont dans des rapports proportionnels. Si donc nous ne nous sommes pas trompés eu décrivant l'apparence des couleurs, il faut nécessairement que l'arc-en-ciel en ait trois, et qu'il n'ait absolument que ces trois seules couleurs.

§ 26. Si le jaune se montre aussi, c'est à cause de la proximité même des couleurs. Ainsi, le rouge près du vert paraît blanc ; et ce qui le prouve bien, c'est que plus le nuage est noir, moins les couleurs de l'arc-en-ciel sont mêlées. Or c'est dans ce cas que le rouge paraît le plus jaune. Dans l'arc-en-ciel, le jaune se produit entre la couleur rouge et la couleur verte. C'est donc à cause de la noirceur du nuage circulaire que toute la partie rouge de ce nuage paraît si blanche ; et en effet. elle est blanche en comparaison du reste.

§ 27. Et réciproquement, quand l'arc-en-ciel s'efface et s'éteint, la couleur rouge se rapproche beaucoup du blanc, parce que le rouge se dissipe ; car la nuée, qui est blanche, tombant à côté du vert, passe au jaune.

§ 28. La meilleure preuve de tout cela, c'est l'arc-en-.ciel qui est formé par la lune. Il semble tout à fait blanc ; et ce phénomène tient à ce qu'il paraît dans un nuage qui est noir, et durant la nuit. C'est absolument comme du feu sur du feu ; du noir près du noir fait que ce qui est un peu blanc paraît tout à fait blanc ; et ici, c'est la couleur rouge qui est dans ce cas.

§ 29. C'est encore là un phénomène qu'on peut bien observer sur les nuances des fleurs. Ainsi, dans les tissus et dans les broderies, on ne saurait dire combien les nuances de certaines couleurs mises tout près d'autres couleurs diffèrent d'apparence ; par exemple, des laines rouges mêlées à des laines blanches ou noires, ou bien placées sous tel ou tel jour. Aussi, les brodeurs disent-ils qu'ils se trompent bien souvent sur les nuances, quand ils travaillent à la lampe et qu'ils ne s'aperçoivent pas qu'ils prennent les unes pour les autres.

§ 30. Ainsi donc, on a expliqué comment l'arc-en-ciel a trois couleurs et pourquoi il n'a que ces trois-là. C'est par une seule et même cause que l'arc-en-ciel double, qui enveloppe le premier, a tout à la fois des couleurs plus pâles, et qu'elles y sont placées dans une disposition inverse.

§ 31. La vue en effet s'élargissant davantage voit l'objet comme s'il était plus éloigné ; et dans le phénomène du second arc-en-ciel, il en est tout à fait de même.

Ainsi la réfraction qui vient de l'arc-en-ciel intérieur est plus faible, [375b] parce que cette réfraction même se produit de plus loin, de telle sorte que, venant plus petite à l'oeil, elle fait paraître les couleurs moins vives.

§ 32. Et si les couleurs sont renversées, c'est qu'il tombe vers le soleil davantage de réfractions de la circonférence la plus petite, qui est la circonférence intérieure ; car étant plus près de la vue, elle est réfractée de la circonférence du premier arc-en-ciel, qui est la plus rapprochée. Or, dans l'arc-en-ciel extérieur, la circonférence la plus rapprochée, c'est la plus petite. Ainsi, elle aura la couleur rouge, tandis que la circonférence qui suit et la troisième seront dans des rapports proportionnels. Soit l'arc-en-ciel extérieur, B ; l'arc intérieur, A ; les couleurs : C le rouge, D le vert, E le violet. Le jaune paraîtra en F.

§ 33. Il n'y a pas trois arcs-en-ciel, et encore moins davantage, parce que déjà le second est très pâle ; de telle sorte que la troisième réfraction serait excessivement faible, et qu'elle ne pourrait pas aller jusqu'au soleil.
 

Ch. IV, § 1. Nous avons déjà dit, Voir plus haut, ch. 2, § 7. — Qu'une réfraction, et par conséquent le phénomène tout entier n'est qu'un phénomène d'optique. -- Au juste, j'ai ajouté ces mots. — De toutes les circonstances qui l'accompagnent, on voit avec quelle rigueur Aristote es¬saie d'appliquer la méthode d'observation. -- C'est ce que nous allons expliquer, le texte est moins formel.

§ 2. La vision, Voir plus haut, ch. 2, §§ 10 et 12. Voir aussi le Traité de la sensation et des choses sensibles, ch. II, § 4, p. 28 de ma traduction. — Semble se réfracter, et aussi se réfléchir. J'ai déjà remarqué qu'Aristote confondait souvent les deux phénomènes de la réflexion et de la réfraction de la lumière. Voir plus haut, ch. 2, § 10. — Tous les corps lisses, c'est évidemment alors une réflexion et non une réfraction proprement dite. -- L'air ainsi que l'eau, on conçoit que l'eau puisse être considérée comme un corps lisse; mais on le conçoit moins pour l'air, à cause de sa mobilité. -- Il se trouve condensé, sous forme de vapeurs ou de nuages. — De la vue, ici c'est bien de la vue et de la disposition des yeux qu'il s'agit, comme la suite le prouve. — Il produise souvent une réfraction, ceci semble se rapporter à l'air ; et d'après la construction de la phrase dans le texte, il n'y a pas le moindre doute ; mais il vaudrait mieux dire : « Il se produise souvent une réfraction.» — Sans condensation ni épaississement, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. -- Un malade qu'on cite, dans bien des cas d'ophtalmie, le malade voit les objets tout irisés à cause du sang qui s'est infiltré dans quelques parties de l'oeil, et qui réfracte la lumière. -- Mauvaise, ou courte. — Peu perçante, c'était surtout par l'altération des divers liquides de l'oeil. Selon Alexandre d'A-phrodisée, ce malade, dont l'affection avait été fort remarquée, se nommait Antiphéron, et il était d'Orée. Aristote en parle aussi dans le traité de la Mémoire, ch. 1, § 9, p. 119 de ma traduction.

§ 3. Sa propre image qui le précédait, le texte n'est pas tout à fait aussi précis. -- De l'individu à l'individu lui-même, j'ai ajouté : de l'individu. -- Qu'il ne pouvait repousser, c'est la traduction exacte du texte. Il semble que dans le système d'Aristote, les rayons partis des yeux percent les couches de l'atmosphère, et les repoussent ainsi plus ou moins loin. La locution vulgaire de « Vue perçante » se rapporte elle-même à un ordre d'idées analogue. — Comme l'air qui est loin, pour que ceci fût exact, il faudrait que dans tous les cas l'image se produisît à distance pour les vues les plus saines, comme elle se produisait pour ce malade ; ce qui n'est pas. - Et épais, à cause des différentes couches d'air accumulées les unes devant les autres.

§ 4. Les cimes des promontoires, le texte dit simplement : les pointes. -- Quand souffle le vent du sud-est, parce que le vent du sud-est apportait sans doute en Grèce beaucoup d'humidité dans l'atmosphère. - Semblent plus grands, observation très juste, qu'Aristote sans doute n'a pas faite la premier, mais que le premier il a constatée dans ses ouvrages. -- Que quand ils sont au milieu du ciel, à l'horizon, il faut que les rayons lumineux pénètrent les couches nombreuses et humides de l'atmosphère où ils sont déviés ; et l'astre paraît beaucoup plus grand. Au méridien, il paraît beaucoup plus petit, parce que les couches de vapeurs sont bien moindres et plus sèches en sens perpendiculaire.

§ 5. L'eau dans les nuages, le texte dit simplement : l'eau ; mais évidemment il s'agit ici de l'eau qui est dans les nuages, sous forme vésiculaire. -- Quand elle commence à se former, et qu'elle se constitue à l'état de nuage, d'après l'explication d'Alexandre d'Aphrodisée. -- Que n'en produit l'air lui-même, le fait est exact. -- La goutte de pluie, ou la vésicule de vapeur. -- Que la nuée ne peut l'être, parce que la lumière est encore plus diffuse sur les nuages qu'elle ne l'est sur chacune des gouttelettes.

§ 6. On l'a dit plus haut, ch. 2, § 10 et 11. -- Il va commencer à pleuvoir, le texte dit précisément : « Quand il commence à pleuvoir. » Ce qui ne s'accorde pas bien avec ce qui suit. J'ai tâché de rétablir la concordance en détournant un peu l'expression. — A l'opposite, dans la partie du ciel opposée à celle où le phénomène va se passer. -- Assez brillant pour que le nuage fasse miroir, c'est-à-dire que la lumière est assez puissante pour parvenir jusqu'au nuage tout éloigné qu'il est. -- Et que la réfraction se produise, malgré la distance où le nuage peut être placé relativement au corps lumineux. — Mais non de la forme, Voir plus haut, ch. 2, § 10.

§ 7. Étant petit et imperceptible, Voir plus haut, ch. 2, § 11. — Paraisse être de la même couleur, ceci ne se comprend pas bien, puisque l'arc-en-ciel est de plusieurs couleurs, et de trois au moins, comme on l'établira plus bas. Mais peut-être l'auteur veut-il parler des différentes lignes concentriques qui composent l'arc-en-ciel, et en effet chacune de ces lignes, dans sa continuité semi-circulaire, conserve une seule et même couleur. Ainsi comprise, la description d'Aristote serait exacte.

§ 8. Fournit la même couleur au continu, c'est dans la continuité d'une même ligne, ou si l'on veut d'une même bande. — Sont dans cette position, la science moderne a poussé plus loin l'analyse, et elle a déterminé précisément sous quel angle les rayons du soleil devaient entrer dans les gouttelettes de pluie, pour que l'arc-en-ciel se produisit par la décomposition de la lumière. Les angles varient quelque peu de grandeur selon la nature et la couleur des rayons lumineux; il y a deux degrés de différence entre les angles des rayons rouges et ceux des rayons violets. — Nous sommes placés entre deux, une des conditions essentielles du phénomène, c'est que le spectateur soit placé entre le soleil et le nuage. Le soleil, le spectateur et le centre du nuage sont sur une même droite.

§ 9. Toutes seules à l'exclusion des autres, le texte n'est pas tout à fait aussi positif. — De la vision relativement au soleil, il faudrait dire au contraire une réfraction du rayon solaire vers l'oeil, — A l'opposé du soleil, le soleil étant derrière le spectateur. — Se produit autour de cet astre, Voir plus haut, ch. 3, § 7. -  La variété des couleurs, et aussi la forme, qui est circulaire dans un cas, et semi-circulaire, dans l'autre.

§ 10. Et du noir, j'ai gardé la concision du texte. Le noir, c'est le nuage, généralement très sombre, sur lequel se projette l'arc-en-ciel. — Et elle part de loin, elle vient en effet du soleil jusqu'au nuage, qui est placé à l'opposite, de manière que les rayons du soleil y entrent sous un certain angle. --- L'autre au contraire, la réfraction du halo.— Se fait de près, il serait très difficile de fixer la distance du halo à l'astre qui le produit; sa position est tout autre, et elle suffit pour expliquer comment nous le croyons plus près de l'astre, sans que peut-être il le soit.— Vient de l'air, dans lequel il y a toujours beaucoup de vapeurs et d'humidité. -- Est plus blanc, que le nuage sur lequel l'arc-en-ciel est projeté. — La partie brillante, c'est-à-dire la circonférence extérieure du premier arc-en-ciel. — Paraiî écarlate, en effet, le bord extérieur du premier arc-en-ciel est rouge, et son bord intérieur est violet. --- A cause du noir, par le contraste que la partie brillante fait avec le nuage sombre du fonds. -- En se réfractant, j'ai cru devoir ajouter ces mots, qui m'ont paru indispensables; mais j'ai d'ailleurs conservé la concision du texte autant que je l'ai pu. Je l'aurais défiguré en le développant.

§ 11. Et de couleur blanche, le fait est peu exact ; et c'est la théorie seule qui prête au feu une blancheur qu'il n'a pas. — Se mêle à beaucoup de fumée, il est certain que le feu paraît plus rouge quand il est vu au travers de la fumée; mais ceci ne prouve pas qu'il soit blanc de sa nature, comme le prétend Aristote. -- Rougeâtre et écarlate, il n'y a qu'un seul mot dans le texte grec.

§ 12. Du moins la première, ceci peut se comprendre de deux façons: ou il s'agit du premier arc-en-ciel dont le bord extérieur est rouge; ou il s'agit de la première bande de ce mime arc-en-ciel. Cette différence d'ailleurs importe peu. -- Plus tard, Voir plus loin, § 25.

§ 13. Où se forme le halo, j'ai ajouté ces mots. --- Ne peut pas durer longtemps, il semble au contraire que les halos durent ordinairement autour de la lune, si ce n'est autour du soleil, plue longtemps que les arcs-en-ciel. -- Mais quand l'astre et le nuage, le texte est beaucoup moins précis. — Sont diamétralement opposés, le texte dit simplement: Des contraires.— Avant que l'eau ne se produise, c'est-à-dire que la vapeur ne se forme en gouttelettes qui produiront de la pluie. -- Sans cette circonstance, c'est-à-dire si la vapeur ne disparaissait pas aussi vite.

§ 14. Verges ou bâtons lumineux, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. On appelle aussi ces météores des Colonnes. Voir plus loin, ch. 6. — Cette apparence, de la coloration plus ou moins prononcée.— Circulairement, comme le halo, ou demi-circulairement comme l'arc-en-ciel. -- Qu'en partie et faiblement, je ne sais si le fait est exact et si la science moderne l'a constaté. Le phénomène étant assez rare, l'observation est d'autant plus difficile. -- L'eau, qui est dans le nuage où se reflète l'arc-en-ciel. — Ou tel autre corps noir, Voir plus haut, § 10. — Ainsi que nous l'avons dit, id. ibid. -- Celui qu'on voit aux lampes, c'est un halo plutôt qu'un arc-en-ciel, qui, dans certains cas, paraît autour des lampes.

§ 15. Quand le vent du midi souffle, parce que le vent du midi apportait dans la Grèce beaucoup d'humidité venant de l'évaporation marine. Qui ont les yeux humides, et larmoyante par maladie ou par toute autre cause. --- A cause de sa faiblesse, Voir plus haut, § 3 l'exemple d'Antiphéron.

§ 16. A la suie, le mot n'est peut-être pas très exact; mais notre langue ne m'en a pas offert de meilleur.— Il se forme un miroir, il aurait mieux valu dire : « une sorte de miroir. » -- A la couleur noire de la suie, le texte n'est pas tout à fait aussi formel. -- Une sorte de fumée, le texte dit : « fumeuse. » -- N'est pas blanche, non plus que celle du feu. Voir plus haut, § 11. -- Rougeâtre, ou couleur de pourpre, c'est-à-dire un peu violacée. -- Elle n'est pas rouge, comme la couleur de l'arc-en-ciel. -- La vision, qui est réfractée, est courte, c'est-à-dire que la lampe n'est pas très éloignée de l'oeil, par lequel il y a réfraction de la lumière. Voir plus haut, § 10. --- Et que le miroir est noir, ceci semble contredire ce qui a été dit plus haut, § 10, où le fond noir sur lequel se projette l'arc-en-ciel, était considéré comme augmentant la vivacité de la couleur rouge.

§ 17. Qui se forme sous les rames, l'expression est peut-être trop concise et un peu incomplète. L'arc-en-ciel se forme bien sous les rames ; mais c'est précisément dans les gouttes d'eau qui tombent de la rame qu'on relève. -- Quant à la position, c'est-à-dire qu'il faut que le soleil et le spectateur soient placés de même, par rapport aux gouttelettes tombant des rames, que par rapport aux gouttelettes suspendues dans les nuages où se forme l'arc-en-ciel céleste.— Précisément rouge, le fait n'est pas très exact ; et l'arc-en-ciel dans ce cas a bien les couleurs du prisme. — Une couleur de pourpre, et un peu violacée, par conséquent. Des gouttelettes, qui découlent de la rame enlevée au-dessus de l'eau. --- Tout à fait de l'eau, et non pas seulement de la matière d'eau, comme les vésicules qui forment le nuage. J'emprunte cette explication à Alexandre d'Aphrodisée.

§ 18. Il se forme également un arc-en-ciel, le texte n'est pas tout à fait aussi formel. -- Lorsque ton jette des gouttelettes d'eau, même remarque. -- Au soleil.... le soleil, répétition qui est dans le texte. Ceci est d'ailleurs une véritable expérience ; et c'est plus qu'une simple observation.

§ 19. Dans le lieu qui est en dehors, ou bien : à quelqu'un qui se tient en dehors. --- Et font ombre, c'est l'expression même du texte; je l'ai reproduite, bien qu'elle soit assez bizarre, puisque c'est l'absence même des rayons qui produit l'ombre. — Qui est formé par l'effet des rames, ou plutôt : « Qui est formé dans les gouttes d'eau tombant des rames. »

§ 20. Comment se produit la couleur de l'arc-en-ciel, le texte est moins précis.-- Aux autres couleurs, ces autres couleurs se réduiront à deux, comme on le verra plus bas ; et Aristote ne donne à l'arc-en-ciel que trois couleurs en tout. Voir plus bas, § 25. -- Je viens de le dire, plus haut §§ 10 et 11: — Sur un corps noir, le texte dit précisément : « dans un corps noir. » — De la couleur, j'ai ajouté ces mots. Le fait d'ailleurs est exact ; et le noir est comme une absence de la lumière, et par conséquent, une négation de couleur. — La vision vient à manquer, cette expression est peu précise ; mais je n'ai pas voulu la modifier, de peur de faire mal comprendre le texte. — Plus noirs, et surtout plus petits. Voir le § suivant.

§ 21. D'après ce qui se passe pour les sens, le texte ne peut pas avoir une autre signification. Mais il est évident qu'Aristote veut désigner ici, comme le croit Alexandre d'Aphrodisée, ses ouvrages sur les sens : c'est-à-dire le Traité de la sensation et des choses sensibles, ch. 2 et 3, p. 26 et 36, de ma traduction, et le Traité de l'âme, livre II, ch. 7, p.198, de ma traduction. -- Plus unis, peut-être aurait-il mieux valu traduire : Plus uniformes.

§ 22. A cause de la réfraction, la réfraction n'est pas la seule cause de ces effets d'optique ; l'éloignement y a aussi une grande part en diminuant les angles ; mais si Aristote n'a pas poussé l'analyse usez loin, c'est déjà beaucoup qu'il ait entrevu et posé toutes ces questions. -- Ne sont aperçus que très faiblement, c'est la traduction assez exacte du texte, dont l'expression est aussi vague que celle dont je me suis servi. -- L'objet vu ou bien la vue elle-même, cette question a une grande importance scientifique, et pour l'exacte explication des faits. Mais il est évident que ce n'est ni l'objet ni la vue qui change ; mais c'est le milieu atmosphérique où se passe le phénomène. La distance, selon qu'elle s'accroît ou qu'elle diminue, change tous les angles sous lesquels l'image de l'objet arrive à l'organe.

§ 23. Il semble tout blanc, quand le nui est blanc par lui-même ; ce qui n'est pas toujours. — Dans l'eau, il a quelque couleur, à cause de la réfraction que les rayons lumineux subissent dans le liquide. — Brisée à cause de sa faiblesse, cette faiblesse peut tenir soit à l'organe lui-même, soit à la distance qui diminue l'intensité des rayons lumineux.

§ 24. La vision plus forte, l'ex-pression de l'original aurait pu être plus précise ; mais il est bien remarquable qu'Aristote ait senti que entre les diverses couleurs il devait y avoir une différence de réfrangibilité. -- Et la plus faible encore passe au violet, ceci n'est plus exact, et la moindre réfrangibilité se trouve au milieu, c'est-à-dire dans le vert ou les couleurs avoisinantes. Le violet retourne au rouge et s'en rapproche. -- Il n'y a plus de vision possible, cette observation est très profonde, et la science moderne ne la contredirait pas. — Dans ces trois couleurs, les seules qu'Aristote ait distinguées dans l'arc-en-ciel, quoiqu'il vît bien qu'on y pouvait encore distinguer plusieurs nuances. — Tout finit ici après trois, Voir sur le nombre Trois un passage du Traité du Ciel, livre I, ch. 1, p. 268, a, il, édit. de Berlin. — Des autres couleurs, le texte n'est pas tout à. fait aussi précis, et le mot dont il se sert est indéterminé. -- Ne paraît que de trois couleurs, le texte n'est pas tout à fait aussi précis.

§ 25. Mais en sens contraire, le fait est exact ; et il est ici fort bien décrit, sauf le nombre des couleurs, quoique, d'ailleurs, Aristote reconnaisse bien qu'il y a plus de trois nuances. Voir le § suivant. -- La plus forte vision, j'ai reproduit exactement l'expression du texte, tout obscure qu'elle est ; mais évidemment l'auteur veut dire que la réfraction est d'autant plus forte que la circonférence est plus grande. - Et la plus grande circonférence est celle du dehors, c'est vrai pour la couleur rouge de l'arc-en-ciel intérieur; mais comme dans le second arc-en-ciel, le rouge est sur la circonférence la plus petite, l'explication n'est pas suffisante ; et Aristote aurait pu s'en apercevoir lui-même. -- Dans des rapports proportionnels, de réfrangibilité et de coloration. -- Que ces trois seules couleurs, le § suivant prouve qu'Aristote reconnaissait aussi qu'on pouvait distinguer d'autres nuances dans l'arc-en-ciel.

§ 26. Si le jaune se montre ainsi, le jaune est la troisième couleur du prisme : rouge, orangé, jaune, vert, etc. -- De la proximité même des couleurs, cet effet est très réel, et l'on sait aujourd'hui, après les beaux travaux de M. Chevreul, quelle influence les couleurs exercent les unes sur les autres quand elles sont rapprochées. Voir les faits cités plus loin, § 29. -- Près du vert paraît blanc, c'est trop dire; mais le rouge près du vert perd eu effet de son intensité ; et en ce sens, on peut dire qu'il tourne au blanc. -- Plus le nuage est noir, le nuage sur lequel se projette l'arc-en-ciel. -- Sont mêlées, cette observation est très délicate; mais les' couleurs, quelque tranchées qu'elles soient, ne sont pas réduites à trois, comme le dit. Aristote. -- Le rouge paraît le plus jaune, ceci n'est pas exact ; ce n'est pas que le rouge paraisse plus jaune ; mais le jaune prend plus d'intensité comme le reste des couleurs. — Entre la couleur rouge et la couleur verte, c'est exact ; mais outre la couleur jaune, on distingue encore la couleur orangée entre le rouge et le jaune. Aristote confond donc trois couleurs en une seule, et il comprend l'orangé et le jaune dans le rouge. — Paraît si blanche, cet effet du contraste est certain, bien qu'on ne puisse pas dire précisément que le rouge passe au blanc.

§ 27. Se rapproche beaucoup du blanc, le texte est beaucoup moins précis, et il n'a ici qu'un adverbe dont le sens est obscur. Mais il me semble que ce qui précède autorise tout à fait le sens que j'ai préféré. --- La nuée qui est blanche, c'est-à-dire cette portion de l'arc-en-ciel qui, d'abord rouge, s'éteint peu à peu, et passe au jaune avant de devenir blanche à côté du vert.

§ 28. L'arc-en-ciel qui est formé par la lune, l'arc-en-ciel lunaire est beaucoup plus rare que l'arc-en-ciel solaire .— Il semble tout à fait blanc, ceci n'est pas exact, et l'on a observé quelquefois toutes les couleurs du prisme dans l'arc-en-ciel lunaire. Mais Aristote aurait pu dire que ces couleurs sont beaucoup plus pâles; c'est peut-être en ce sens qu'il parle de la blancheur de cette espèce d'arc-en-ciel. — Comme du feu sur du feu, cette expression un peu concise veut dire que le feu sur du feu paraît moins ardent que quand il est isolé. -- Du noir près du noir, le noir près du noir paraît moins noir que s'il est à côté du blanc. — Fait que ce qui est un peu blanc, il aurait fallu développer ceci davantage; mais la pensée générale se comprend bien. Le contraste rend beaucoup plus blanc ce qui l'est peu. — Qui est dans ce cas, c'est-à-dire qui est un peu blanche, comparativement au nuage noir qui l'entoure.

§ 29. Même sur les nuances des fleurs, ajoutez : « que l'on brode ou que l'on fait en teinture. « Le texte dit simplement : « Sur les fleurs; » mais la suite prouve qu'il s'agit non des fleurs naturelles, mais des couleurs appliquées sur des étoffes. -- Différent d'apparence, c'est sur ce fait que sont fondées toutes les théories admirables de M. Chevreul sur le contraste simultané des couleurs. Seulement le savant moderne a poussé l'analyse beaucoup plus loin et c'est un des sujets sur lesquels il est facile de se donner le spectacle des progrès de la science.— Ou bien placées sous tel ou tel jour, j'adopte la leçon suivie par M. Ideler, et dont le sens ne diffère pas essentiellement de la leçon vulgaire. — En travaillant à la lampe, c'est une remarque qu'on peut faire soi-même à tout moment. Les couleurs vues le noir à la lumière sont à peine reconnaissables.

§ 30. Pourquoi il n'a que ces trois là, Voir plus haut, § 25. -- L'arc-en-ciel double, on pourrait dire aussi Le second arc-en-ciel. -- A des couleurs plus pâles, le fait est exact et très facile à observer. -- Dans une disposition inverse, même remarque.

§ 31. S'élargissant davantage, parce que l'arc extérieur est plus grand que l'arc intérieur. — Comme s'il était plus éloigné, la raison paraît assez ingénieuse; mais elle n'est pas peut-être fort exacte. L'arc pourrait être plus rapproché tout en étant plus grand; alors il serait plus visible, et ses couleurs seraient plus intenses. — Et dans le phénomène du second arc-en-ciel, le texte n'est pas aussi précis. — Se produit de plus loin, c'est-à-dire que l'angle est plus ouvert, à moins qu'on ne suppose que le second arc-en-ciel n'est pas dans le même plan que le premier, et qu'il se trouve dans un plan plus éloigné.. — Plus petite, c'est le mot même du texte. On pourrait traduire aussi : « plus faible. »

§ 32. Et si les couleurs sont renversées, seconde partie du phénomène. Voir plus haut, § 30. — Davantage de réfractions, l'expression du texte est plus vague. — Qui est la circonférence intérieure, du second arc-en-ciel. — Étant plus près de la vue, comme étant moins large.Voir le § précédent. -- Qui est la plus rapprochée, et qui est la circonférence rouge du premier arc-en-ciel. — Ainsi elle aura la couleur rouge, l'explication peut ne pas paraître suffisante. Le texte est d'ailleurs trop concis, et c'est là une des causes qui le rendent obscur, indépendamment de la difficulté même que présente le phénomène. — Seront dans des rapports proportionnels, c'est-à-dire que la seconde bande sera verte, et la troisième sera violette. — Soit l'arc-en-ciel extérieur B, il faudrait tracer ici deux demi-cercles concentriques qui représenteraient les deux arcs-en-ciel. Les couleurs seraient placées, dans le premier : violet, vert, rouge, EDC; et dans le second, à l'inverse : rouge, vert, violet, CDE. Le jaune F serait placé dans les deux arcs entre le rouge et le vert, d'après la théorie d'Aristote. Voir plus haut, dans ce chapitre, § 4, et dans le chapitre suivant, § 1.

§ 33. Il n'y a pas trois arcs-en-ciel, le fait est inexact ; et quelquefois il se produit un troisième arc, dont les couleurs sont encore moins vives que celles du second.

 

CHAPITRE V.

Démonstration graphique de l'arc-en-ciel ; positions diverses du soleil; construction des figures géométriques propres à expliquer la réfraction des rayons solaires. — Arcs-en-ciel lunaires. -- Époques de l'année où peut se produire l'arc-en-ciel.

 

§ 1. Que l'arc-en-ciel ne puisse pas être entièrement circulaire, que la section ne puisse pas aller au-delà de la demi-circonférence, et que toutes les conditions du phénomène soient bien telles que nous les avons dites, c'est ce dont on peut se convaincre sans peine en étudiant la figure ci-jointe.

§ 2. Un hémisphère au-dessus de l'horizon est représenté par A ; son centre est C ; et tel autre point s'élevant sur l'horizon est représenté par S. Si les lignes tombant de C, en forme de cône, font de la ligne SC une sorte d'axe, et que les lignes menées de C vers N se brisent à partir de la demi-circonférence vers S, c'est-à-dire sur le plus grand angle, les lignes menées de C formeront en tombant une circonférence de cercle.

§ 3. Et si la réfraction a lieu, soit au lever soit au coucher de l'astre, la partie qui est au-dessus de la terre sera une demi-circonférence de cercle coupé par l'horizon. Mais quand l'astre sera en ascension, la portion de cercle interceptée sera toujours moindre que la demi-circonférence elle sera la plus petite possible, lorsque l'astre est au méridien.

 

§ 4. Supposons d'abord que l'astre soit à son lever représenté par S. Supposons aussi que la ligne CN soit réfractée sur S, et que le plan représenté par A soit mené en passant par le triangle SCN. La section de la sphère sera donc un cercle. Prenons le plus grand possible, celui qui est représenté par A. Il n'y a en effet aucune différence à choisir des plans quelconques qui, de la ligne SC, peuvent être menés suivant le triangle [376a] CNS. Ainsi donc, les lignes menées des points SC ne pourront pas se rencontrer, dans ce rapport, sur tel ou tel autre point du demi-cercle représenté par A.

§ 5. En effet, puisque les points S et C sont donnés, la ligne SC le sera aussi, et la ligne NS le sera également, tout comme le rapport de NS à NC. Par conséquent, le point N touchera une périphérie donnée, que nous représentons par MN. Par suite, la section des périphéries sera donnée. Mais je dis que sur toute autre partie de la périphérie MN, le même rapport ne subsistera pas entre les  mêmes points dans le même plan.

§ 6. Soit donc une ligne prise en dehors, DB, et que  D soit coupé par rapport à B dans la proportion de NS à NC. NS est plus grand que NC, puisque la réfraction du cône se fait sur le plus grand angle ; et qu'en effet, NS sous-tend le plus grand angle du triangle NCS. Ainsi D est plus grand que B.

§ 7. Que l'on ajoute à B la ligne F, de telle sorte que BF soit à D ce que D est à B. Ensuite, supposons que B soit à une autre ligne, CP, comme F est à CS, et que de P à N soit menée la ligne PN.

§ 8. P sera donc le pôle du cercle sur lequel tombent les lignes menées de C. Ainsi, ce que F est à CS, B le sera à CP et D à PN. En effet on peut supposer aussi que cela n'est pas, et que le rapport a lieu avec une ligne plus petite ou plus grande que PN, parce qu'en effet il n'y aurait aucune différence.

§ 9. Que ce soit par exemple relativement à PR. Ainsi les lignes SC, CP et PR seront entr'elles dans le même rapport que FBD. Mais FBD étaient proportionnellement comme D est à B, comme FB est à D. Ainsi PR est à PC comme PS est à PR.

§ 10. Si donc des points CS, les lignes SR et CR sont jointes à R, les lignes jointes auront le même rapport que SP à PR. En effet, c'est à un même angle P que se rapportent proportionnellement les angles du triangle SPR et du triangle CRP. Ainsi, PR est à CR dans le même rapport que SP est à PR.

§ 11. De plus, NS est à NC dans le même rapport [376b] que D est à B. Ainsi, en partant des points SC, des lignes ayant le même rapport iront coïncider non seulement à la périphérie NM, mais encore sur tout autre point. Or c'est là ce qui est impossible.

§ 12. Puis donc que D ne peut se rapporter ni à une ligne plus petite que NP, ni à une ligne plus grande, car on le démontrerait de même, il faut nécessairement qu'il se rapporte à la ligne NP. Ainsi ce que NP est à PC, PS l'est à NP, et l'autre ligne NS l'est à NC.

§ 13. Si donc en prenant le pôle P, et la distance NP, on décrit un cercle, il touchera tous les angles que forment, en se brisant, les lignes menées du cercle NS. Si non, on démontrerait également que les lignes menées de l'un et l'autre côté du demi-cercle ont le même rapport ; ce qui a été démontré impossible.

§ 14. Si donc on trace le demi-cercle A autour du diamètre SCP, les lignes menées de SC et se réfractant vers N, seront également dans tous les plans et feront l'angle égal CNS ; et l'angle que feront les lignes SP et NP sur SP sera toujours égal.

§ 15. Ainsi, les triangles sur SP et CP sont égaux à SNP et CNP. Leurs perpendiculaires tomberont sur le même point de SP et seront égales. Qu'elles tombent en O, le centre du cercle sera donc O ; et le demi-cercle, c'est-à-dire NM, est enlevé de l'horizon.

§ 16. Car on sait que le soleil ne domine pas les parties supérieures de l'atmosphère et qu'il ne domine que les matières qui sont transportées près de la terre, et qu'il fait écouler l'air. C'est là ce qui est cause que l'arc-en-ciel n'est jamais un cercle complet. Il arrive aussi, mais rarement, qu'il se produit dans la nuit par l'effet de la lune. C'est qu'elle n'est pas toujours pleine, et naturellement elle est trop faible pour dominer l'air. L'arc-en-ciel se forme surtout là où le soleil domine le plus ; car là aussi il se forme dans l'arc-en-ciel le plus de gouttelettes.

§ 17. Soit donc encore l'horizon représenté par ABC. Que l'on élève S et que l'axe soit ici représenté par SP, on fera tout le reste de la démonstration, comme auparavant. Mais ce pôle du cercle, P, sera au-dessous de l'horizon AC, [377a] quand le point S s'y sera élevé.

§ 18. Or le pôle, le centre du cercle et celui du nouvel horizon qui termine le lever de l'astre, seront sur la même ligne ; car le cercle est représenté par SP.

§ 19. Mais comme CS est au-dessus du diamètre AC, le centre serait d'abord au-dessous de l'horizon AC, sur la ligne CP, et au point O. Ainsi la section supérieure du demi-cercle, représentée par XYZ, est plus petite ; car XYZ est un demi-cercle. Mais maintenant il est coupé par AC, l'horizon. YZ sera invisible, pour peu que le soleil lui-même s'élève vers le méridien. Plus S est élevé, plus le pôle est bas, ainsi que le centre du cercle.

§ 20. Si dans les jours plus courts qui. viennent après l'équinoxe d'automne, il se peut que l'arc-en-ciel se produise toujours, et si dans les jours plus longs qui sont compris entre l'un et l'autre équinoxe, l'arc-en-ciel ne se produit jamais à midi, la cause en est que toutes les sections du côté de l'Ourse sont plus grandes que la demi  circonférence, et qu'elles deviennent toujours de plus en plus grandes, à mesure que la partie qu'on ne voit pas continue à se rapetisser. Mais les sections qui sont vers le méridien de l'équinoxe sont, l'une, la section supérieure, très petite, et l'autre, qui est au-dessous de la terre, fort grande. Et toujours à mesure que le soleil s'éloigne, les sections sont de plus en plus grandes.

§ 21. Par conséquent, dans les- jours qui avoisinent le solstice d'été, à cause de la grandeur des jours, avant que S n'arrive au milieu de la section et qu'il ne soit au méridien, P est déjà tout à fait en bas, parce que le méridien est fort loin de la terre, par suite de la grandeur de la section.

§ 22. Mais dans les jours qui avoisinent le solstice d'hiver, comme les sections des cercles ne sont pas très élevées au-dessus de la terre, il faut nécessairement que le phénomène se passe tout à l'inverse ; car il n' y a pas besoin alors que le point S soit fort élevé, pour que le soleil arrive au méridien.

 

Ch. V, §  1. Entièrement, j'ai ajouté ce mot. — Que nous les avons dites, le texte n'est pas aussi formel. Voir les chapitres précédents. — La figure ci-jointe, j'ai déjà remarqué plus haut, livre I, ch. 8, 18, que, selon toute apparence, Aristote avait été le premier inventeur de ces illustrations appliquées à des explications scientifiques. Les mathématiques ont dû nécessairement faire usage de figures dès leurs premiers pas; (voir plus haut, livre II, ch. 6, § 3) ; mais c'est un procédé qu'Aristote a étendu à toutes les sciences.

§ 2. Un hémisphère au-dessus de l'horizon, voir la figure ci-jointe ; elle aidera à suivre la démonstration. — Tel autre point s'élevant au-dessus de l'horizon, ce point est le soleil ou la lune, c'est-à-dire le corps lumineux qui doit produire l'arc-en-ciel. -- De C en forme de cône, C, centre de l'hémisphère et de l'horizon, est aussi la place du spectateur. Vicomercatus a remarqué avec raison que les lettres choisies par Aristote étaient les premières des mots grecs exprimant les objets qu'il veut désigner : Kappa, première lettre de Kentron, pour le centre; Héta, première lettre de Hélios, pour le soleil ; Mu, première lettre de Mélan, le noir, le nuage. Cependant la lettre A représente l'hémisphère, bien qu'elle ne commence pas ce mot en grec, non plus qu'en français. J'ai imité l'exemple d' Aristote, en adoptant l'idée de Vicomercatus; et voilà pourquoi j'ai pris les lettres C pour Centre, S pour Soleil, N pour Nuage, et A pour Hémisphère. — En forme de cône, veut dire que l'angle SCN ne pourra jamais être droit, et qu'il restera toujours plus ou moins obtus à mesure que le point lumineux S élèvera sur l'horizon. — Sur le plus grand angle, l'angle SCN plus grand que l'angle SNC, ou que l'angle NSC. — Une circonférence de cercle, ou plutôt une demi-circonférence, puisqu'il ne s'agit que d'un hémisphère, comme on le dira au § suivant, et comme on vient de le dire un peu plus haut. Nais Aristote suppose que le mouvement pourrait se continuer sur la circonférence entière.

§ 3. Au lever et au coucher de l'astre, cette indication est bien vague ; et peut-être eût-il fallu préciser la hauteur de l'astre au-dessus de l'horizon. — Sera en ascension, le texte dit simplement : « en haut; » mais il est évident que l'astre est supposé en mouvement. — Interceptée, j'ai ajouté ce mot. -- Quand l'astre est au méridien, c'est-à-dire quand il est au plus haut de sa course, et qu'il n'a plus qu'à redescendre.

§ 4. Supposons d'abord que l'astre soit à son lever, première partie de la démonstration. L'astre qui est le soleil est supposé à son lever ; et l'on veut prouver que l'arc-en-ciel ne sera qu'une demi-circonférence. Pour que ceci se comprenne mieux, il faut retourner la figure tout eu conservant la même construction géométrique. Mais je n'ai pu joindre ici des figures comme plus haut, parce que je ne suis pas assez sûr de la disposition qu'il faudrait leur donner. Le soleil S se lève ; le spectateur est toujours au centre en C ; le nuage d'où les rayons doivent être réfractés est en N. — Le plan représenté par A, le texte dit précisément : la surface. --- Un cercle, l'expression n'est pas juste, puisqu'il ne s'agit d'abord que d'un hémisphère, et qu'ensuite ce n'est qu'une section sphérique ; mais la vue en C reçoit un faisceau de rayons lumineux, qui forment un cône, et dont la bue est un cercle. --- Le plus grand possible, le cercle représenté par A n'est pas le plus grand possible précisément, puisque ce n'est qu'un hémisphère ; mais ce cercle passant par le centre est un des grands cercles de la sphère. -- Peuvent être menés, selon que l'astre s'élève plus ou moins au-dessus de l'horizon, le point S varie, et les rayons se déplacent sans que le plan soit changé. -- Les lignes menées des points SC, il faut sous-entendre : « Dans un autre plan. » -- Du demi-cercle, ce n'est en effet qu'une demi-sphère.

§ 5. Puisque les points S et C, c'est-à-dire le point de l'horizon où l'astre se lève, et le centre où est l'observateur. -- Ainsi que la ligne SC, qui est le demi-diamètre. — NS le sera également, c'est-à-dire la ligne menée de l'astre au nuage. — Le rapport de NS à NC, ce rapport varie à mesure que l'astre s'élève au-dessus de l'horizon. — Une périphérie donnée, il faut supposer que c'est la circonférence des rayons lumineux partis du soleil, et qui se projettent au-dessous de l'horizon aussi bien qu'au-dessus ; ils viennent rencontrer le nuage en un point donné N. --- La section des périphéries, il faut supposer que les deux circonférences sont d'une part celle des rayons solaires, et de l'autre celle de l'hémisphère; mais le texte aurait dû fournir ces explications, qui sont indispensables; et il reste très obscur à cause de sa concision. -- Le même rapport, le rapport de NS à NC.— Entre les mêmes points, c'est-à-dire le soleil, le nuage et l'observateur.

§ 6. Prise en dehors, de la figure qu'on vient de tracer plus haut. On ne voit pas d'ailleurs à quoi sert cette construction particulière dans la démonstration générale. -- Que D soit coupé par rapport à B, on peut faire DB égale à NS, et BF égale à NC; ou bien, il faudrait supposer que la ligne D a un autre commencement que D, puisqu'il faut au moins deux points pour déterminer une ligne. — La réfraction du cône, Voir plus haut, § 2. Le cône est formé des rayons partant de l'oeil du spectateur, pour aller au nuage où se produit l'arc-en-ciel — Est plus grand que B, dans la propo¬tion qui dent d'être indiquée.

§ 7. La ligne F, c'est-à-dire une ligue commençant à F, et ayant la longueur voulue. — Que BF, ce n'est pas BF qu'il faudrait dire, mais BFF, c'est-à-dire une ligne qui surpasserait BF comme DB surpasse DF. Les indications du texte sont ici encore très -insuffisantes, et il est évident qu'il y a dans tout ce passage un grand désordre. Malgré les efforts les plus attentifs, je n'ai pu le corriger. — Soit à D ce que D est à B, des lignes ne peuvent pas être désignées par une seule lettre, et il en faut au moins deux pour les déterminer. — Supposons que B, on ne voit pas comment cette nouvelle hypothèse est nécessaire à la démonstration ; et je ne suis pas du tout assuré que la construction que j'indique soit convenable.

§ 8. F.... B.... D.... même observation que plus haut ; il faudrait partout deux lettres au lieu d'une, pour déterminer les lignes. Ici encore des figures seraient fort utiles ; mais je n'ai osé les tracer toutes.

§ 9. Relativement à PR, la ligne PR est plus petite sur la figure que la ligne, PN. — Que FBD, même observation que plus haut : des lignes ne peuvent pas être déterminées par une seule lettre. — Étaient proportionnellement, Voir plus haut, § 7, où cette proportion est indiquée, mais d'une manière insuffisante. — Ainsi PR est à PC, ces proportions ne sont pas exactes, du moins sur la figure que j'ai été amené à supposer.

§ 10. Auront le même rapport, Je dois faire remarquer que cette proportion ne ressort pas de la figure que j'ai donnée. — Ainsi PR est à CR, même observation.

§ 11. De plus NS est à NC, il semble que dans ce § on devrait prouver la seconde alternative posée à la fia du § 8, et qu'après avoir démontré que la ligne cherchée ne peut pas être PR plus petite que PN, il resterait à faire voir que cette ligne ne peut pas être plus grande. Mais je ne trouve pas du tout que ce § 11 donne la démonstration attendue, et il n'est pas moins obscur que les précédents.

§ 12. Puis donc que D, ce § pris en lui-même et à part est clair; mais on ne voit pas le lien par lequel il se rattache aux autres, comme en étant la conclusion. Ici encore D ne peut à lui seul exprimer une ligne.

§ 13. En prenant le pôle P, comme centre avec un rayon égal à NP. -- Ce qui a été démontré impossible, Voir plus haut, § 11, si toutefois c'est bien à ce passage que se rapporte cette vague indication.

§ 14. Le demi-cercle A autour du diamètre SCP, en prenant un centre convenable, qui doit nécessairement se trouver au-delà de C. -- Menées de SC, c'est-à-dire du soleil à l'oeil du spectateur qui regarde le nuage N. — Dans tous les plans, il aurait fallu indiquer, plus précisément de quels plans on entend parler, et il n'est pas aisé de le deviner, d'après le peu qui est dit dans le texte. --. L'angle égal CNS, l'angle que fait le rayon parti de l'oeil du spectateur vers le nuage avec le rayon parti du soleil vers l'arc-en-ciel. -- Sera toujours égal, parce que ce sera toujours un angle droit, à ce qu'il semble.

§ 15. Sur le même point de SP, ce point est P; mais si le soleil s'élève au-dessus de l'horizon, le point P se déplacera, et il tombera alors en un autre point quelconque au-dessous du diamètre PS. Joignant ce nouveau point à s par un diamètre, le centre se déplacera; et au lieu d'être en C, il tombera par exempte en 0, dans la proportion même où le soleil se sera élevé au-dessus de l'horizon. Le demi-cercle de l'arc-en-ciel se sera réduit proportionnellement; et plus le soleil sera haut, plus l'arc-en-ciel se réduira. -- Est enlevé de l'horizon, j'ai traduit littéralement; mais il est évident que l'expression est inexacte. L'arc-en-ciel ne pourrait tout à fait disparaître que ai le soleil était au zénith. Je ne me dissimule pas tout ce qu'ont d'incomplet les explications que je viens d'essayer de donner; mais je n'ai pu faire mieux, et j'ai des raisons de douter que même les géomètres les plus habiles puissent dissiper les obscurités de ce passage. Il semble bien qu'Alexandre dans son commentaire l'a compris sans trop de peine. Vicomercatus se flatte aussi de l'élucider parfaitement. Je dois avouer que je n'ai pas été aussi heureux que lui. Le texte est évidemment altéré et très insuffisant.

§ 16. Ce paragraphe n'a pas été commenté par Alexandre d'Aphrodisée, et il est bien probable que de son temps ce § ne faisait pas partie du texte. Il est déjà dans Olympiodore, et il est resté dans tous les travaux postérieurs. Il n'en est pas moins évident qu'il interrompt la suite de la démonstration, et qu'il n'est point ici à sa place. Je l'y laisse cependant, pour ne pas changer trop profondément la tradition. Peut-être faudrait-il le renvoyer à la fin de ce chapitre. Camotius s'est efforcé de démontrer que ces considérations se rattachaient étroitement aux précédentes; mais le lien qu'il a essayé d'établir n'est pas très solide; et c'est évidemment une digression. — Les parties supérieures de l'atmosphère, le texte n'est pas tout à fait aussi formel. — Les matières qui sont transportées près de la terre, j'ai adopté avec M. Ideler cette leçon, que donnent quelques manuscrits, au lieu de la leçon vul¬gairement suivie et qui est moins satisfaisante. — C'est là ce qui est cause que l'arc ciel n'est jamais un cercle complet, cette conclusion fort peu amenée ici répond à la première partie de la démonstration annoncée plus haut, § 1. — Mais rarement, Voir plus haut, ch. 2, §§ 8 et 9. — Pour dominer l'air, j'ai conservé l'expression même du texte qui est inférieure et non la section supérieure; mais comme le soleil marche réellement vers Z et non vers S, il faut renverser la figure entière. Je n'ai pas pu la tracer autrement que je ne l'ai fait, à cause de la nécessité même du dessin.— YZ sera invisible, parce qu'en effet il descend de plus en plus au-dessous de l'horizon. Plus le pôle est bas, en effet P descend de plus en plus à mesure que S s'élève davantage. — Le centre du cercle, que forment les rayons solaires sur les nuages, et dont l'arc-en-ciel n'est qu'une partie.

assez obscure; mais l'auteur veut dire que les rayons de la lune ne sont pas assez intenses pour que la réfraction ait lieu comme pour les rayons solaires. — L'arc-en-ciel se forme surtout plus de gouttelettes, Olympiodore n'a pas cette dernière partie du §, et on peut la regarder comme une interpolation, surtout en ce qui concerne le dernier membre de phrase : « Car là aussi il se forme dans l'arc-en-ciel le plus de gouttelettes. » Cette idée, qui d'ailleurs est exprimée incomplétement, paraît tout à fait inexacte.

§ 17. Soit donc encore, c'est la seconde partie de la démonstration (Voir plus haut, § 4), pour prouver que la demi-circonférence diminue à mesure que l'astre s'élève au-dessus de l'horizon. -- Que l'on élève S, c'est-à-dire que l'astre s'élève au dessus de l'horizon, au lieu d'être à l'horizon même. — Et que l'axe, Voir plus haut, § 2. -- Le pôle du cercle, P, c'est-à-dire l'extrémité du diamètre mené de S à P.

§ 18. Le cercle est représenté par SP, parce que SP est le diamètre de ce cercle.

§ 19. CS est au-dessus, parce que l'astre s'est élevé au-dessus de l'horizon. — Le centre serait d'abord au-dessous de l'horizon, le centre de la figure descend en effet au-dessous de l'horizon, à mesure que l'astre s'élève au-dessus. — La section supérieure, c'est-à-dire celle où est le soleil; plus le soleil monte au méridien, plus la section diminue. Mais il semble, d'après la figure que je donne, qu'il faudrait dire la section

§ 20. Après l'équinoxe d'automne, du 22 septembre au 22 mars, de l'équinoxe d'automne à l'équinoxe da printemps. — L'arc-en-ciel se produise toujours, c'est la traduction exacte du texte; mais la suite prouve que par toujours il faut comprendre, avec Alexandre d'Aphrodisée, toute la durée de la journée, l'arc-en-ciel se produisant à midi aussi bien qu'aux autres heures. — Entre l'un et l'autre équinoxe, de l'équinoxe du printemps à celui d'automne. Ne se produit jamais à midi, je ne sais si le fait est bien exact; mais cette observation est du moins très curieuse, et je ne vois pas que la science moderne ait dirigé ses recherches en ce sens, et ait constaté le rapport de l'arc-en-ciel aux différentes heures du jour. — Que toutes les sections du côté de l'Ourse, à mesure que le soleil s'abaisse vers le solstice d'hiver, les portions de cercle qu'il décrit au-dessous de l'horizon, et qui sont vers le nord, deviennent de plus en plus grandes. -- La partie qu'on ne voit pas, le texte n'est pas aussi formel; je n'ai pas voulu m'éloigner trop de l'ex-pression grecque; mais elle est pan exacte en ce sens que la partie qu'on ne voit pas est précisément au contraire celle qui est éclairée par le soleil. Probablement, l'auteur a voulu dire qu'à mesure que les sections du nord grandissaient au-dessus de l'horizon, celles qui se trouvaient au-dessous diminuaient de plus en plus. — Vers le méridien de l'équinoxe, c'est-à-dire les cercles quotidiens que le soleil décrit au-dessus de l'horizon, vers l'époque de l'équinoxe d'automne. -- A mesure que le soleil s'éloigne, le texte n'est pas aussi formel. -- Les sections sont de plus en plus grandes, du côté du nord.

§ 21. De la grandeur des jours, le texte n'est pas aussi précis. -- Au milieu de la section, c'est-à-dire au milieu de sa course quotidienne. — Et qu'il ne soit au méridien, c'est sous une forme plus claire la répétition de ce qui précède. — Par suite de la grandeur de la section, en d'autres termes, parce que le cercle décrit par le soleil au-dessus de la terre est de plus en plus grand. Le texte d'ailleurs emploie le mot de Section d'une manière équivoque; mais je n'ai pu le changer. -- P est déjà, Voir la figure donnée plus haut à la page 255.

§ 22. Les sections des cercles, que le soleil décrit chaque jour dans sa course apparente au-dessus de la terre. -- Le phénomène se passe tout à 'inverse, il eût mieux valu développer ceci, et expliquer la pensée tout au long. -- Alors, j'ai ajouté ce mot. -- Le point S, Voir les figures des pages 253 et 255. Le point S est le soleil. — Soit fort élevé, le soleil paraît en hiver beaucoup plus près de l'horizon, quand il passe au méridien, qu'il ne l'est en été.

 

CHAPITRE VI.

Du parhélie. Des verges lumineuses. Explication de ces deux phénomènes; moments où ils se produisent; positions qu'ils prennent. Du halo.

 

§ 1. Il faut croire que ce sont des causes semblables à celles qu'on vient d'exposer qui produisent le parhélie et les verges ou bâtons lumineux. Ainsi, le parhélie se forme par la vision réfractée d'un certain point vers le soleil ; et les verges se forment, parce que la vision tombe sur un nuage, étant telle que nous avons dit qu'elle est toujours, lorsque les nuages étant près du soleil, elle est réfractée de quelque corps aqueux vers le nuage.

§ 2. Les nuages eux-mêmes paraissent [377b] incolores, quand on les regarde directement; mais, vu dans l'eau, le nuage apparaît plein de verges. La seule différence, c'est que, pour ce dernier cas, la couleur du nuage semble être dans l'eau, tandis que dans les verges on la voit sur le nuage lui-même.

§ 3. Ce phénomène des verges a lieu lorsque la composition du nuage est inégale, rare dans telle partie, et dense dans telle autre; ici plus aqueuse, et là moins aqueuse. La vue alors étant réfractée vers le soleil, la forme du soleil ne s'aperçoit pas à cause de la petitesse des miroirs; et quant à la couleur, comme le soleil, qui est brillant et blanc, se réfléchit sur une surface irrégulière, et que la vue est réfractée vers lui, une partie de la couleur paraît rouge, et l'autre paraît verte ou jaune.

§ 4. Il n'y a d'ailleurs aucune différence à ce que la vue passe à travers ces corps, ou que la vue soit réfractée par eux. Dans l'un et l'autre cas, la couleur paraît être la même, de telle sorte que si dans l'un il du rouges il y en a également dans l'autre. Ainsi donc, lés verges sont produites par l'irrégularité du miroir, qui ne réfléchit pas la figure, mais seulement la couleur.

§ 5. Quant au parhélie, il a lieu lorsque l'air est aussi homogène que possible, et qu'il est également dense partout, de manière à paraître blanc. La régularité du miroir fait qu'il n'y a qu'une seule couleur dans l'apparition. Mais la réfraction de la vision totale, en tombant tout entière sur le soleil, réfléchie par un brouillard qui est épais, et qui, sans être déjà, de l'eau, est tout proche d'en être, fait paraître la couleur propre du soleil comme elle serait réfractée par un airain poli ; et c'est à cause de son épaisseur.

§ 6. Ainsi donc, la lumière du soleil étant blanche, le parhélie paraît blanc tout comme lui. C'est là aussi ce qui fait que le parhélie est un signe de pluie bien plutôt que ne le sont les verges; car alors l'air est bien mieux disposé pour produire de l'eau. L'air du midi en produit plus que celui du nord, parce que l'air du midi se change plus facilement en pluie que l'air du nord.

§ 7. Ces phénomènes se produisent ainsi que nous l'avons dit, au coucher et au lever du soleil ; et ils ne viennent ni d'en haut ni d'en bas, mais de côté, les verges aussi bien que les parhélies. Ils ne sont placés non plus ni trop près ni trop loin du soleil ; car si le soleil est près, il dissout l'agglomération ; et si elle est trop éloignée, la vue ne se réfracte pas ; car plus elle s'éloigne d'un si petit miroir, plus elle s'affaiblit.

§ 8. Voilà pourquoi les halos non plus ne se forment jamais à l'opposé du soleil. Si le halo se produit en haut [378a] et près du soleil, le soleil le dissout ; s'il est loin, la vue étant plus faible qu'il ne faut pour faire réfraction, elle ne tombera plus sur le soleil. Mais si le halo est placé obliquement et au-dessous de l'astre, il est possible que le miroir soit assez éloigné pour que, d'une part, le soleil ne puisse dissoudre l'agglomération, et que d'autre part, la vision reste assez compacte et entière pour que, portée vers la terre, elle ne s'égare pas comme si elle était portée au travers du vide.

§ 9. Le phénomène n'a pas lieu au-dessous du soleil, parce que près de la terre, il serait dissous par l'astre ; mais quand il est en haut dans le milieu du ciel, la vision se disperse et s'éteint. Et même, il ne se produit pas du tout obliquement quand le soleil est au milieu du ciel ; car la vision n'est pas portée sous la terre, de telle sorte qu'elle vient très peu vers le miroir, et que la partie réfractée devient absolument faible et impuissante.

Ch. VI, § 1. — Qu'on vient d'exposer, pour l'arc-en-ciel et pour le halo. -- Le parhélie, le parhélie est un second soleil paraissant à côté du premier, par quelque réflexion de la lumière sur les nuages. -- Et les verges ou bâtons lumineux, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. Les bâtons lumineux sont appelés aussi Colonnes. C'est encore une réflexion de la lumière ; seulement le corps sur lequel cette réflexion a lieu est placé perpendiculairement dans l'atmosphère ; et la science moderne croit que ce corps est composé de petits cristaux de glace en suspension dans l'air. -- D'un certain point, cette indication est bien vague ; et ce qui ferait croire qu'il manque ici quelque chose, c'est que plusieurs manuscrits complètent la phrase en disant : « De quelque nuage placé au-dessous du soleil. » Je n'ai pas adopté cette variante, parce qu'elle-même elle n'est pas satisfaisante. -- Sur un nuage, j'ai ajouté ces mots qui sont implicitement compris dans l'expression grecque. -- Étant telle que nous avons dit qu'elle est toujours, la phrase de l'original est au moins aussi embarrassée que celle de la traduction ; mais je n'ai pas pu la changer, de peur d'altérer une définition qui, d'ailleurs, me paraît tout à fait insuffisante. — Elle est réfractée de quelque corps, il sembla qu'il y aurait ici plus d'une seule réfraction. -- Aqueux, le texte dit précisément : humide.

§ 2. Paraissent incolores, c'est-à-dire qu'ils paraissent de couleur blanche. — Quand on les regarde directement, ou plutôt quand on les regarde eux-mêmes, au lieu de regarder leur image. — Pour ce dernier cas, le texte dit simplement : alors. — Semble être dans l'eau, cette expression n'est pas très claire; et l'auteur veut dire sans doute que c'est la réfraction de la lumière dans l'eau qui donne une couleur au nuage.

§ 3. Ce phénomène des verges, le texte n'est pas aussi formel ; mais il ne s'agit évidemment que des verges ; et il sera question du parhélie un peu plus bas, § 5. — La composition du nuage est inégale, l'explication est ingénieuse, quoiqu'elle ne soit pas exacte. -- La forme du soleil ne s'aperçoit pas, Voir, plus haut, ch. 2, § 10, les considérations générales sur l'action des miroirs. — Une partie de la couleur paraît rouge, c'est une des trois couleurs de l'arc-en-ciel. -- Paraît verte, même remarque. — Ou jaune, Voir plus haut, ch. 4, § 26.

§ 4. A travers ces corps ou si l'on veut : ces miroirs, ou encore : ces nuages ; l'expression du texte est tout à fait indéterminée. -- Les verges sont produites, cette phrase résume ce qui précède. -- Qui ne réfléchit pas la figure, Voir plus haut, ch. 2, § 10.

§ 5. Également dense partout, il fait alors miroir aussi complètement que possible. — Il n'y a qu'une seule couleur dans l'apparition, la lumière est alors simplement réfléchie ; elle n'est pas réfractée. Mais la réfraction de la vision totale, la phrase est très embarrassée dans le texte connue dans la traduction ; mais j'ai dû la reproduire telle qu'elle est, par les raisons que j'ai données plus haut. — La couleur propre du soleil, c'est-à-dire la lumière blanche. — A cause de son épaisseur, l'épaisseur d'un brouillard n'est peut-être pas en ce sens- une expression bien choisie, quoiqu'on dise fort bien que le brouillard est épais.

§ 6. Le parhélie paraît blanc, et fait l'effet d'un second soleil. --- Est un signe de pluie, le brouillard étant épais, il est tout simple qu'il se ahane bientôt en pluie. L'air du midi, l'expression paraît d'abord assez singulière ; mais elle est exacte ; et l'auteur veut dire que l'atmosphère chaude du midi est plus disposée à se convertir en pluie que l'atmosphère froide du nord.

§ 7. Ainsi que nous l'avons dit, Voir plus haut, eh. 2, § 6. --- Ni d'en haut ni d'en bas, selon Alexandre d'Aphrodisée, ces expressions signifient que les parhélies ne se forment ni avant le lever du soleil, ni après son coucher. -- Mais de côté, l'étymologie même du mot Parhélie indique la position du phénomène ; c'est un second soleil apparent à côté du vrai soleil. Ni trop pris ni trop loin, cette expression est un peu vague ; mais les anciens n'avaient pas imaginé, au temps d'Aristote, de mesurer les distances dans le ciel par les angles que forment les objets avec l'œil du spectateur immobile. -- L'agglomération des vapeurs sur lesquelles la réfraction doit se faire. — D'un si petit miroir, les vésicules de brouillard ou de vapeur.

§ 8. A l'opposé du soleil, comme se forme l'arc-en-ciel, par exemple. -- En haut, c'est-à-dire dans les régions les plus hautes de l'atmosphère. — Le soleil le dissout, ou plutôt il dissout les vapeurs dans lesquelles se formerait l'apparence du halo. — S'il est loin, même remarque. -- Pour faire réfraction, en réalité, ce n'est pas la vue qui fait réfraction ; mais elle perçoit la réfraction qui se produit dans certains cas. — Elle ne retombera plus sur le soleil, j'ai ajouté ces derniers mots, qui sont implicitement compris dans l'expression grecque. — Si le halo est placé obliquement et au-dessous de l'astre, le texte n'est pas aussi formel. -- Le miroir, que fait la vapeur condensée sous forme de nuage. — L'agglomération, des vapeurs. — Reste assez compacte, le texte n'est pas aussi précis. -- Et entière, j'ai ajouté ces mots pour rendre toute la force de l'expression grecque. — Portée vers la terre, c'est-à-dire jusqu'à l'oeil de l'observateur. — Au travers du vide, par vide, il faut entendre l'absence à peu près complète de l'air et surtout de la vapeur. La lumière serait alors diffuse, et il n'y aurait pas de réfraction possible. Voir sur le vide la Physique, livre IV, ch. 8, p. 281, du 2e volume de ma traduction.

§ 9. Près de la terre, c'est-à-dire placé entre la terre et le soleil. — Quand il est en haut, le soleil ou le halo? J'ai conservé l'équivoque du texte de peur de me tromper ; mais il semble qu'il s'agit plutôt du soleil. -- Se disperse et s'éteint, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. -- Quand le soleil est au milieu du ciel, c'est-à-dire quand le soleil passe au méridien. Je ne sais si le fait est exact, et si le parhélie ne peut pas se produire même en plein midi. La vision n'est pas portée sous la terre, j'ai traduit le texte tel que le donnent tous les manuscrits et toutes les éditions ; mais je ne vois pas ce qu'il peut vouloir dire, et les explications qui en ont été essayées ne me semblent pas du tout l'éclaircir. Ce qu'il y a de plus probable, c'est que l'auteur paraît admettre que l'interposition de la terre gène la vision et l'empêche de se réfracter, comme il le faudrait pour que le parhélie fût possible. Mais encore une fois, ce passage reste inintelligible, et' il le sera tant qu'on n'aura point découvert de variante. -- Vers le miroir, c'est-à-dire la partie de l'atmosphère où se forme le parhélie.

 

CHAPITRE VII.

Résumé et fin des théories antérieures. -- Énoncé d'un nouveau sujet, suite des précédents; action de l'exhalaison fumeuse et de l'exhalaison vaporeuse dans le sein de la terre; Idée générale de la formation des métaux.

 

§ 1. Voilà donc à peu près l'ensemble des phénomènes que présente la sécrétion dans les espaces placés au-dessus de la terre ; et nous savons à présent quel est le nombre de ces phénomènes et quelle en est la nature. Reste à expliquer les phénomènes qu'elle cause dans le sein même de la terre, quand elle se trouve renfermée dans quelques  unes de ses parties. Elle y produit aussi deux espèces différentes de corps, parce qu'elle-même est naturellement double, ainsi qu'elle les produit dans la région supérieure.

§ 2. En effet, les exhalaisons sont au nombre de deux, la vaporeuse et la fumeuse, comme nous l'avons dit ; et il y a aussi deux espèces pour tous les corps qui sont dans la terre : les minéraux et les métaux.

§ 3. L'exhalaison sèche, en brûlant les matières, produit tous les minéraux, et par exemple toutes les espèces diverses de pierres qui ne se dissolvent pas dans l'eau : la sandaraque, l'ocre, le minium, le soufre, et tant d'autres substances pareilles. La plupart des minéraux ne sont que de la poussière colorée, ou de la pierre formée de cette composition, comme par exemple le cinabre.

§ 4. L'exhalaison vaporeuse produit les métaux, qui sont ou fusibles ou ductiles, comme le fer, l'or, l'airain. C'est l'exhalaison vaporeuse qui, en étant renfermée dans la terre, y produit tous ces corps. Et l'exhalaison agit surtout dans les pierres, lorsqu'elle est pressée en un tout compact, à cause de leur sécheresse même, et qu'elle s'y coagule, comme elle se change en rosée, ou en gelée après qu'elle a été sécrétée ; seulement tous ces corps naissent avant que l'exhalaison ne soit sécrétée en eau,

§ 5. Aussi sont-ils tantôt liquéfiables comme de l'eau, et tantôt ne le sont-ils pas. La matière de l'eau y était jadis en puissance ; mais elle n'y est plus, et ils ne viennent même pas d'une eau qui aurait subi déjà quelque modification, comme en viennent les sucs ; car ce n'est pas ainsi que se forme ici de l'airain, là de l'or. Mais chacun de ces corps existent avant qu'ils ne se forment par l'action de l'exhalaison coagulée.

§ 6. C'est là ce qui fait que tous ces corps sont combustibles et que tous ont de la terre, parce qu'ils ont tous de l'exhalaison sèche ; l'or seul est incombustible au feu.

§ 7. Voilà donc ce que tous ces corps ont de commun. Maintenant il faut les étudier en détail et à part, en distinguant d'abord chacune de leurs espèces.
 

Ch. Vll. Tout ce chapitre 7 sert de transition du Ille livre au IVe. Voir la Dissertation sur la composition de la Météorologie.

§ 1. La sécrétion, le terme dont se sert le texte est aussi vague et aussi général. — Au-dessus de la terre, Voir plus haut, livre I, ch. 1er, § 2, la définition de la météorologie; et dans ce même livre, ch. 3, § 15, la distinction des deux exhalaisons. --- Dans le sein de la terre, il a été déjà question de ces phénomènes souterrains quand l'auteur a traité des tremblements de terre, livre II, ch. 8. Mais il s'agit ici plus particulièrement des substances que la terre renferme, et dont la formation est attribuée à la même cause qui produit les phénomènes météoriques. — Est naturellement double, Voir plus haut, livre 1, ch. 3, § 15.

§ 2. Comme nous l'avons dit, Voir plus haut, livre I, eh. 3, § 15. — Deux espèces, on voit que l'analyse n'était pas alors poussée très loin ; mais à première vue, cette généralité n'était pas fausse, et elle était suffisante. Il faut nous rappeler nous-même combien la géologie est récente.

§ 3. En brûlant les matières, le texte n'est pas tout à fait aussi précis. -- Tous les minéraux, l'expression même de l'original signifie « toutes les substances qu'on tire des mines ou des carrières. » C'est ce que j'ai voulu reproduire par le mot de minéraux. — Dans l'eau, j'ai ajouté ces mots. -- La sandaraque, ces matières sont assez singulièrement choisies; mais elles étaient de celles qui frappaient davantage l'attention des anciens. — Que de la poussière colorée, il eût été bon de citer les minéraux qu'on prétendait désigner par là. De cette composition, c'est-à-dire par l'action de l'exhalaison sèche.

§ 4. L'exhalaison vaporeuse produit les métaux, il semble que ce devrait être plutôt l'exhalaison sèche, et qu'ici les rôles sont renversés. — Et l'exhalaison agit surtout, il faudrait sous-entendre que c'est l'exhalaison sèche et non plus l'exhalaison vaporeuse (Voir plus haut, § 3); mais le texte ne fait pas cette distinction ; et à la tournure de la phrase, on doit croire qu'il s'agit toujours de l'exhalaison vaporeuse. Mais ce n'est pas possible, puisqu'il vient d'être dit que c'est l'exhalaison sèche qui produit les minéraux et toutes les pierres. Cependant la suite démontre que ce doit être l'exhalaison vaporeuse, laquelle seule peut produire de l'eau; et par conséquent, il y a ici quelque contradiction. — Seulement tous ces corps, j'ai suivi pour tout ce § l'explication d'Alexandre d'Aphrodisée. — L'exhalaison ne soit sécrétée en eau, le texte est moins formel.

§ 5. Liquéfiables comme de l'eau, le texte dit simplement : « Sont-ils comme de l'eau. » J'ai cru devoir être un peu plus précis. — La matière de l'eau, venue de l'exhalaison vaporeuse. — Qui aurait subi déjà quelque modification, l'expression est bien vague; mais je n'ai pas cru devoir la préciser. — Comme en viennent les sucs, c'est-à-dire tous les liquides qui outre l'eau pure contiennent quelque goût particulier, comme l'eau de mer ou les eaux minérales, par exemple.

§ 6. Tous ont de la terre, c'est l'expression même du texte. — Ils ont tous de l'exhalaison sèche, Voir plus haut, § 3, une théorie différente qui borne l'action de l'exhalaison sèche aux minéraux et ne l'étend pas aux métaux. — incombustible au feu, ou peut-être, non inflammable.

§ 7. Ont de commun, c'est de venir tous de l'exhalaison, soit sèche, soit humide. — Il faut les étudier en détail, c'est l'objet du quatrième livre de ce traité.

 

FIN DU LIVRE III DU TRAITÉ DE LA Météorologie.