ARISTOTE
MÉTAPHYSIQUE
LIVRE X
table des matières de la métaphysique
MÉTAPHYSIQUE D'ARISTOTE LIVRE X
CHAPITRE
PREMIER |
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§ 1. [1052α] Dans ce que nous avons dit plus haut des
acceptions diverses de certains mots, nous avons établi que le mot
d'Unité a des significations multiples. Parmi ces significations
diverses, il est quatre nuances que nous avons particulièrement
distinguées, comme exprimant l'unité d'une manière primordiale et
essentielle, et non d'une façon accidentelle et indirecte. |
§ 1. Ce que nous avons dit plus haut. Voir liv. V, ch. VI, la définition de l'unité. - Il est quatre nuances. Ces quatre nuances vont être énumérées les unes après les autres, dans ce qui suit; mais elles ne sont peut-être pas distinguées entre elles aussi nettement qu'on pourrait le désirer. - Particulièrement distinguées. On pourrait ajouter: « En les résumant », afin de rendre toute la force do l'expression grecque. - Accidentelle ou indirecte. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. § 2. On appelle Un tout ce qui est continu. C'est la première nuance de l'unité; voir plus haut, liv. V, ch. VI, § 4. - Simple contact... simple lien. Le texte ne dit que Contact et Lien. - On appelle encore Un. Seconde nuance de l'unité, c'est-à-dire un total, un tout, et particulièrement un tout formé par la nature propre de l'objet. Voir encore livre VI, ch. II. § 3. Pour qu'il en soit... Il semble que ce § a été déplacé, et qu'il devrait venir dans le § précédent, après ce qui est dit du mouvement « le plus indivisible et le moins complexe ». Je ne propose pas cependant ce déplacement, qui n'a pour lui l'autorité d'aucun manuscrit. Le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise paraît bien ne connaître que le texte actuel. § 4. Dont nous venons de parler. Le texte n'est pas aussi formel; voir, plus haut, le § 2. - Une seule et mérite définition. C'est l'unité de toute, les espèces rangées sous un même genre, ou l'unité des individus compris sous une même espèce. - La notion rationnelle. Le texte dit, mot mot: « La pensée ». - En espèce ou en nombre. Ce sont, ou les espèces dont le genre est formé, ou enfin les individus. Ce sont deux nuances nouvelles d'unité, qui, avec les deux précédentes, forment les quatre nuances annoncées dans le § 1. - L'indivisible numérique. Le mot d'Individu n'a pas un autre sens. - Dans l'objet connu. C'est la traduction exacte de l'expression grecque; mais la pensée reste obscure; et le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise ne donne pas d'éclaircissement sur ce point. - L'unité première. C'est-à-dire, l'unité de l'individu. § 5. Voilà donc. Ce résumé donne très nettement les quatre acceptions diverses du mot d'Unité : Continu, Tout. Individu, Universel. - Leur mouvement soit indivisible. On ne voit pas bien comment cette condition est applicable à un Continu, et à un Tout, qui l'un et l'autre peuvent être immobiles. - Leur notion. Le mot grec est le même que dans le § précédent. § 6. Ou définition. J'ai ajouté ces mots, qui sont la paraphrase du précédent. - A tout autre objet. Un peu plus bas, § 9, il sera dit que l'unité, dans son acception la plus haute, est la mesure, qui, dans chaque genre, sert a apprécier tout le reste. § 7. Il en est ici comme des mot d'Élément et de Cause. Les exemples qui suivent expliquent suffisamment la pensée: quand un dit du feu qu'il est un élément, on définit le feu lui-même, mais on ne définit pas l'élément; on ne peut donc pas confondre la définition de l'élément avec celle du feu, à qui l'attribut d'Élément est appliqué, quand on dit : « Le feu est un élément ». - Qui sont des causes ou des éléments. J'ai ajouté ces mots pour éclaircir et fixer la pensée. - Et peut-être l'infini... Cette parenthèse n'est peut-être qu'une interpolation; mais elle est déjà dans le texte dont se sert Alexandre d'Aphrodise, comme l'atteste son commentaire. - Et en un autre sens. La distinction est peut-être bien subtile; le feu est toujours un élément; mais il n'est pas l'élément; et c'est une chose si évidente, qu'il est à peine besoin de l'exprimer. - Le feu reçoit cet attribut. C'est-à-dire que le feu est appelé un élément, parce que c'est l'élément qui en est le fonds essentiel. § 8. Les mots de Cause, d'Unité... Voir lé début du § précédent. - Inséparable. Ce mot doit avoir ici le même sens qu'Indivisible, comme le remarque M. Bonitz; au fond, c'est l'individu qui représente éminemment l'idée d'unité; il est indivisible; il forme un tout bien défini; il n'occupe qu'un seul lieu ; il est Un, à tous les égards et sous tous les rapports. § 9. Et éminemment, dans le genre de la quantité. Notre langue est ici dans le même cas que la langue grecque, et l'idée d'unité s'y attache plus particulièrement à la quantité, et au cette quantité discrète qu'on appelle le nombre. - Au moyen de l'unité. Soit comprise au sens d'une mesure particulière, soit au sens de l'élément du nombre, qui se compose toujours d'unités accumulées. § 10. Dans toutes les autres choses. C'est-à-dire, dans toutes les choses autres que le nombre. - Indifféremment aux contraires. L'expression peut sembler obscure; mais le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise l'explique fort bien. Le poids, par exemple, mesure tout à la fois la pesanteur et la légèreté relatives des choses; la vitesse mesure également la vitesse et la lenteur. Seulement, il semble que celle double alternative pourrait s'appliquer encore tout aussi bien à la longueur, puisqu'une chose est longue ou courte; à la largeur, puisqu'une chose est large ou droite, etc. - Un mouvement de plus grande vitesse. Voir plus loin, § où la mesure de la vitesse est le mouvement sidéral, regardé comme le plus rapide de tous les mouvements. § 11. C'est le pied. Chez nous, c'est le mètre, rattaché directement à la terre, sur laquelle nous habitons et vivons. - Comme insécable. C'est-à-dire, comme unité indivisible. - La mesure exacte. Sans fraction, ni résidu. § 12. La longueur d'un stade. Le stade avait 600 pieds, qui correspondent à 185 de nos mètres. - Le poids d'un talent. Le talent attique représente en poids un peu plus de 26 kilogrammes; en argent, il valait 3.560 francs. Ce sont là des quantités assez considérables; et l'on peut s'y tromper, tandis que pour l'unité abstraite, pour celle qui compose les nombres, on ne se trompe jamais, puisqu'elle est immuable. - Évidemment. J'ai ajouté cette épithète, qui ressort de tout le contexte et qui complète la pensée. § 13. Le mouvement du ciel est uniforme. Les progrès de la science astronomique confirment de plus en plus ce grand fait, que les hommes ont observé de très bonne heure. - Le plus rapide de tous les mouvements. Voir le Traité du Ciel, liv. II, ch. IV, § 7, p. 139 de ma traduction. - Le dièse. D'après le § suivant, il paraît certain que le dièse n'était, dans la musique grecque, qu'un quart de ton; il fallait deux dièses pour faire un demi-ton, l'intervalle le plus petit possible parmi les sons musicaux perceptibles; mais alors la mesure en musique n'est plus le dièse, mais le double dièse. Il y a donc une contradiction entre le § 13 et le § 14. - Telle que nous l'avons expliquée. Voir plus haut, §9. § 14. Ils sont nécessaires en théorie. On sait que la théorie de la musique avait déjà fait de grands progrès avant Aristote et qu'un de ses disciples, Aristoxène, lui en fit faire encore de plus considérables. - Dans le langage. J'ai ajouté ces mots qui, sont indispensables. - Plusieurs sons qui nous servent de mesure. Il est difficile de bien comprendre ce passage. M. Bonitz pense qu'il s'agit ici des brèves et des longues dans la prononciation des mots. Je crois plutôt qu'il s'agit des syllabes, où doivent se combiner une voyelle et une consonne. - Le diamètre... Le côté... Se mesurent également par deux. Je pense avec M. Bonitz que ceci ne peut s'entendre que des grandeurs mathématique élevées au carré; mais elles sont élevées à la seconde puissance, et non mesurées par Deux. - Le pied se partage en indivisibles. - M. Bonitz trouve avec raison que cette pensée est inintelligible; le pied est indivisible en tant qu'unité, comme toute autre unité, par rapport aux objets qu'elle serti mesurer. Mais alors, il ne peut pas se partager en indivisibles; car il serait non plus l'unité, mais une grandeur quelconque qui ne serait pas prise pour mesure. - Ainsi que nous l'avons déjà expliqué, Voit plus haut, § 12. § 15. Du même genre que les objets. Le principe est évident, et il sert à réfuter la théorie de Protagore, qui fait de l'homme la mesure des choses ; voir le § suivant. - Une monade. C'est l'unité numérique; je lui laisse ce nom tout grec, pour la distinguer de l'unité prise dans toute l'étendue de ce mot. - Que ce soit un nombre. C'est que, en effet, la monade n'est pas un nombre; elle sert à former et à mesurer les nombres. § 16. Par la même méprise. Le texte n'est pas aussi formel; mais il est clair, par ce qui suit, qu'Aristote blâme cette théorie. - Sont mesurées. L'expression est très juste; et cet argument suffirait à lui seul à réfuter toute la théorie. - Quelle est la taille que nous avons. L'auteur veut dire sans doute que, tout en croyant nous mesurer nous-mêmes, nous sommes néanmoins mesures par une autre personne. M. Bonitz trouve que cette comparaison n'est pas heureuse ; « Exemplo parum illo quidem feliciter adhihito » - C'est Protagore. Voir plus haut, liv. IV, ch. V, la réfutation du système de Protagore. - En ne disant rien au fond. Ceci n'est peut-être pas très exact. Protagore est loin de ne rien dire; et ses doctrines ont encore aujourd'hui même des partisans. C'est une grave erreur qu'il énonce, et cette erreur durera sans doute autant que l'esprit humain lui-même. § 17. En tant qu'elle est l'unité. Voir plus haut, § 14, la note sur la divisibilité du pied à l'infini. |
CHAPITRE Il |
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§ 1. Quant à l'essence et à la nature de l'unité, il nous faut reprendre la
recherche que nous avons effleurée plus haut dans nos Questions, et nous
demander ce qu'est l'unité en elle-même, et quelle est l'idée que nous devons
nous en faire. L'unité est-elle par elle-même une substance réelle, comme l'ont
cru les Pythagoriciens d'abord, et comme Platon le crut après eux? Ou bien
plutôt, n'y a-t-il pas une nature servant de support à l'unité? Et ne faut-il
pas, pour parler plus clairement de l'unité, se rapprocher davantage des
philosophes physiciens, pour qui l'unité est tantôt l'Amour, tantôt l'Air, et
tantôt l'Infini? |
§ 1. Dans nos Questions. Voir plus haut, liv. III, ch. IV. - Les Pythagoriciens d'abord. Voir plus haut, liv. I, ch. V, §§ 7 et 8, et 12 et 13. - Comme Platon. Voir plus haut, liv. I, ch. VI, § 10. - Une nature. Le mot de Nature est pris ici, comme souvent ailleurs, dans le sens de substance. - Servant de support. C'est la paraphrase du mot grec. - Des philosophes physiciens. Ceux de l'École d'Ionie, et aussi Empédocle. Anaximène et Anaximandre. § 2. Dans nos études. Voir plus haut, liv. VII, ch. XIII, § 4. - Que l'universel soit une substance en ce sens... Le texte est assez embarrassé, et il est difficile d'en tirer un sens plus net que celui que je donne. La pensée générale est d'ailleurs très claire : « L'universel, qui est une forme commune, n'est jamais qu'un attribut; il ne peut être une substance ». - L'unité ne peut pas être non plus une substance. L'Un et l'Être sont les termes les plus universaux possible; ils m'appliquent à toutes les substances; mais ils n'ont eux-mêmes rien de substantiel. § 3. Les genres. En effet. les genres sont des universaux plus ou moins étendus; mais ils ne peuvent jamais être des substances. - Que la substance universelle. J'ai ajouté l'épithète. d'après le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise. - A tout nécessairement. Le tette n'est pas plus précis; mais ai l'on s'en rapporte à ce même commentaire, « A tout », veut dire ici: « A toutes les catégories », à celle de la substance aussi bien qu'à toutes les autres. § 4. Certainement pour les couleurs. On peut trouver, avec Alexandre d'Aphrodise, que ces pensées ont peu de liaison entre elles. - Car l'obscurité n'est que cela. M. Schwegler pense que c'est là une glose, et je ne puis que partager son opinion. - Si les êtres étaient des couleurs. L'hypothèse a quelque chose de singulier; et il eût été facile de présenter la pensée sous une forme plus directe. - Une unité d'une certaine espèce. C'est-à-dire que l'Un serait alors une certaine réalité substantielle, et non une abstraction. - Ou d'intervalles musicaux. Paraphrase et explication du mot Dièse. Voir plus haut, ch. 1, § 14. - Car voyelle ou une consonne. J'ai emprunté cette glose au commentaire d'Alexandre d'Aphrodise. - Serait le triangle. Parce qu'on suppose que le triangle est l'origine de toutes les autres figures, en tant que la plus simple de toutes, puisqu'on ne peut circonscrire l'espace avec moins de trois lignes. - Pour tous les autres genres. ici le mot de Genres est pris pour celui de Catégories. § 5. Dans les modifications. C'est-à-dire, dans les catégories autres que celle de la substance, bien qu'il n'y en ait ici que trois d'énumérées. - On y distingue cependant, Le texte n'est pas aussi formel ; mais c'est le sens qu'indique le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise. - Pour la catégorie des substances. Le texte dit simplement « Pour les substances ». - Qui s'étend à tout. Voir plus haut, § 3. Dans la substance, l'unité ne se confond pas avec la substance même, et elle n'est qu'un attribut de cette substance. Donc, il en doit être de même dans toutes les catégories, et réciproquement. - Et particulière... et individuelle. J'ai ajouté ces mots pour mieux fixer le sens du mot « Une » qui est sent dans le texte. Voir la fin du § 6. § 6. L'Être et l'Un se confondent. Voir plus haut, liv. IV, ch. II, § 6. - Substantiellement. J'ai ajouté ce mot. - Sa qualité. Aristote n'énumère ici que deux catégories; mais il est bien entendu que cette observation s'applique également à tontes les autres. - Ce qui prouve l'identité de l'Être et de l'Un. Le texte n'est pas aussi formel; mais j'ai dû le préciser davantage, parce que je n'ai pas voulu faire une phrase trop longue. - Particulier et individuel. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte grec. |
CHAPITRE III |
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§ 1. Il y a plusieurs nuances d'opposition entre l'unité et la pluralité; et l'une
de ces nuances est celle où l'unité et la pluralité sont opposées l'une à
l'autre., comme le sont l'indivisible et le divisible; et c'est ainsi qu'on
appelle pluralité ce qui est divisé ou est divisible, tandis qu'on appelle unité
ce qui est indivisible ou n'est pas divisé. |
§ 1. Plusieurs nuances d'opposition. Aristote distingue ici, comme plus bas, entre les Contraires et les Opposés. Le terme d'Opposés est général; celui de Contraires n'exprime qu'une espèce. Voir les Catégories, ch. X, p.109 de ma traduction; voir aussi plus haut, liv. V, ch. X. § 2. Étant au nombre de quatre. Voir les Catégories, loc. cit. - Ne pouvant être considérées. Quelques manuscrits et le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise donnent cette leçon; M. Bonitz l'adopte dans son texte ; M, Schwegler ne l'a pas admise dans le sien, tout en l'approuvant dans ses notes. - Par sa notion. Le texte n'est pas plus précis, et le terme dont il se sert est très vague. - Dans la Classification des Contraires. Voir plus haut, liv. IV, ch. II, § 8. Alexandre d'Aphrodise pense que la citation faite ici se réfère au Traité du Bien; comme ce traité n'est pas parvenu jusqu'à nous, il est difficile de juger si cette référence est exacte : mais il semble bien quelle peut se rapporter aussi au passage du livre IV, où il est également question de l'unité et de la pluralité. La Classification des Contraires doit sans doute se confondre avec le Choix des Contraires. Voir la note sur cette indication au livre IV, ch. II, § 8. § 3. Et la première de ces nuances. Le texte n'est pas aussi précis. J'ai adopté la leçon recommandée par M. Bonitz, et qu'il tire du commentaire d'Alexandre d'Aphrodise. - De la notion. Ou « de la Définition » - Que vous êtes Un et identique à vous-même. L'exemple est peu amené et assez singulièrement choisi. § 4. En troisième lieu. J'ai marqué ces distinctions beaucoup plus que ne le fait le texte, qui se contente de pronoms et d'articles neutres, dont le sens est toujours très vague. - De leur substance première. Le mot de Substance doit être entendu ici dans le sens de Nature. - A angles égaux. J'ai dû supprimer un article, comme le fait M. Bonitz; et il ne faut pas, en effet, distinguer ici entre les quadrangles égaux et les quadrangles à angles égaux; c'est parce qu'ils se confondent qu'on peut les appeler identiques. Cette leçon s'appuie encore sur le commentaire d'Alexandra d'Aphrodise. § 5. On appelle Semblables. Voir plus haut, § 3. - Sont de la même espèce. Cette première nuance de la similitude est empruntée aux Mathématiques. - Susceptibles de plus et de moins. Il eût été utile de citer un exemple pour éclaircir la pensée. - D'une seule et même espèce. Il semble qua ceci soit une répétition de ce qui précède. § 6. Que l'étain. Ou « le plomb ». - Semblable à l'argent. La leçon ordinaire ajoute : « ou à l'or » . Comme Alexandre d'Aphrodise n'a pas commenté ces mots, M. Bonitz pense qu'il faut les rejeter. J'ai suivi son avis; et il me paraît, comme à lui, que cette addition gêne la suite entière de la pensée, loin de l'éclaircir, bien que tous les manuscrits la donnent. - Rougeâtre, Le mot grec est presque identique à celui de Feu; je n'ai pu converser cette ressemblance étymologique dans notre langue. § 7. D'Autre et de Dissemblable. Expressions qui sont opposées à celles d'Identique et de Semblable. - Entre deux choses. J'ai ajouté ces mots, qui sont utiles pour éclaircir la pensée. - A l'usage des Mathématiques. Voir plus haut, § 5. L'auteur eût bien fait de donner ici un exemple spécial de l'emploi du mot Autre en Mathématiques. § 8. Il n'y a pas... Tout ce paragraphe est obscur, parce que le texte n'emploie que des pronoms neutres, dont la détermination est indécise. J'ai dû être plus précis; mais je ne suis pas sûr d'avoir complètement saisi le sens. La contradiction est la négation et l'affirmation d'une même chose, et il faut nécessairement que l'un des deux membres soit vrai. Dans l'opposition, l'alternative n'est pas nécessaire - Et qu'on nie. j'ai ajouté ces mots, que justifie le contexte. On peut d'ailleurs trouver que cette distinction est un peu subtile. Ce qui n'est pas le même est autre; et réciproquement. Seulement Autre paraît avoir plus d'extension. Une chose peut n'être pas la même qu'une autre, tout en en étant fort rapprochée; Autre indique une différence absolue. C'est en partie ce qu'explique le paragraphe suivant, en comparant les deux expressions d'Autre et de Différent. § 9. Différent et Autre. La nuance est délicate ; mais elle est juste, quoiqu'elle soit peut-être plus marquée dans la langue grecque que dans la nôtre. - Comme, par exemple. Il est été possible de donnera l'exemple cité une forme moins générale et plus claire, en le précisant davantage. - L'opposition par contraires. Le texte dit en un seul mot : « la Contrariété »; d'ailleurs notre langue peut permettre l'emploi de ce terme. M. Bonitz pense que cette dernière phrase : « Les contraires sont différents, etc., » est une interpolation. Il ne propose pas cependant de la supprimer. § 10. Toutes les choses qui sont différentes. Toute cette fin du chapitre présente des obscurités inintelligibles dans le texte ordinaire. M. Bonitz a proposé des rectifications qu'il appuie sur le le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise, qui a eu certainement sous les yeux une leçon différente de celle que nous avons aujourd'hui. - A certains égards. J'ai ajouté ces mots, que le § 9 justifie, et qui sont indispensables pour éviter une apparence de contradiction. - D'une manière générale. Même observation. - Les mêmes par le genre. La leçon vulgaire dit « Les mêmes par l'espèce » - Ailleurs. Voir plus haut, V, ch. X. |
CHAPITRE IV |
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§ 1. Comme les choses qui
diffèrent entre elles peuvent offrir plus ou moins de différence, il doit dès
lors y avoir une différence qui soit la plus grande différence possible.
Celle-là, je l'appelle la Contrariété, l'opposition des contraires. On peut
s'assurer par l'induction que c'est bien là, en effet, la plus grande de toutes
les différences possibles. C'est que les choses qui sont de genre différent
n'ont pas moyen de marcher les unes vers les autres; elles ont toujours de plus
en plus de distance entre elles, et elles ne sont jamais susceptibles de se
rencontrer. Mais, quand les choses ne diffèrent qu'en espèces, elles peuvent
naître et venir des contraires, qui sont les points extrêmes. Or, la distance
des extrêmes est la plus grande qu'on puisse imaginer; et c'est précisément
celle que les contraires nous présentent. |
§ 1. La Contrariété, l'opposition des contraires. Il n'y a qu'un seul mot du texte, celui de Contrariété, auquel j'ai ajouté une paraphrase qui l'explique. - Par l'induction. C'est-à-dire, en considérant toutes les espèces possibles de différence les unes après les autres, et c'est ce que fait l'auteur dans ce qui suit. - Naître et venir des contraires. Par le changement qui s'opère entre eux, le blanc devient noir; et à son tour, le noir devient blanc, parce que le blanc et la noir sont deux espèces dans le genre Couleur, et que l'un peut passer à l'autre dans un même sujet, Voir plus loin, liv. XI, ch. XII, § 11; voir aussi plus haut liv. V, ch. X. § 2. Parfait et fini. Il n'y a dans le texte qu'un seul mot, qui a les deux sens. Voir plus haut, liv. V, ch. XVI - Elle comprend et renferme. Le grec n'a qu'un seul mot qui peut avoir cette double signification. § 3. La différence sera conséquemment parfaite. Le texte n'est pas aussi précis. - Un seul et unique contraire. Même observation. - D'une manière générale.... M. Bonitz blâme toute cette fin du §, qu'il trouve peu démonstrative; et il pense que Aristote aurait pu la supprimer, parce que, dit-il, de ce que la différence n'exige que deux termes, mais qu'elle peut en avoir davantage, il ne s'ensuit pas nécessairement que la contrariété n'en ait aussi que deux. On peut rependre que la contrariété étant la différence par excellence, elle a le caractère éminent de la différence; et elle se contente de deux termes, qui sont les extrêmes. § 4. A celle différence. J'ai ajouté ces mots, qui me semblent indispensables. - Que celles du genre et de l'espèce. On pourrait trouver qu'il y a ici une sorte de contradiction. puisque les contraires ne peuvent être que dans l'espèce, et qu'ils doivent nécessairement avoir le même genre, comme le fait remarquer M. Bonitz; mais relativement un genre supérieur, les genres subordonnés ne sont que des espèces; et le mot de Genre n'aurait pas dans ce passage d'autre sens que celui d'Espèce. Les phrases qui suivent semblent le prouver. - Une seule et même possibilité. C'est-à-dire, un seul et même sujet, qui tour à tour reçoit les contraires, lesquels changent ses qualités sans changer sa substance. § 5. La même puissance... la même possibilité. Il n'y a qu'un seul mot dans le grec. - Une seule et unique science. C'est-à-dire que l'on connaît à la fois les deux contraires; car l'un fait connaître l'autre. - Pour un seul et unique genre. Le mot de Genre n ici le même sens que plus haut; considéré relativement aux contraires, ce n'est qu'une espèce, ou, si l'on veut, un genre subordonné à un genre supérieur. § 6. La première des Contrariétés. Le mot de Première a ici le sens de Principale; c'est la contrariété la plus forte, et c'est de celle-là que dérivent toutes les autres. - Possession.... privation. Voir plus haut, liv. V, ch. XX et ch. XXII. - Parfaite et finie. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte; voir plus haut, § 2. - Ces deux contraires, privation et possession. J'ai ajouté, Privation et Possession, qui ne sont pas dans le texte. § 7. Sous le nom d'Opposés. Sur la différence des Opposés et des Contraires, voir les Catégories, ch. X, p. 109 et suivantes de ma traduction. - La première de toutes ces oppositions. Dans les Catégories, la contradiction ne vient qu'en dernier lieu; d'ailleurs, la théorie est la même, quoique l'ordre soit un peu différent. Mais en disant « La première », Aristote veut peut-être dire simplement que c'est l'opposition dont il s'occupent en premier lieu. § 8. Ailleurs. Voir plus haut, liv. V, ch. XXII. - Est égal ou n'est pas égal. C'est une contradiction. Si l'on procède par affirmation et négation, il n'y a pas d'intermédiaire possible. - Égal ou inégal. Ce sont des contraires; ce n'est pas une contradiction: mais ici la nuance est si faible qu'on a peine à la distinguer et quelle peut paraître bien subtile. § 9. Une sorte de privation. Voir plus haut, § 6. - Toute privation n'est pas absolument une Contrariété. Il peut y avoir des degrés, ou des intermédiaires, dans la privation; il n'y en a pas pour tes contraires. C'est ce qui est expliqué dans le § suivant, sans que l'explication soit bien claire. § 10. Cette distinction. Le texte n'est pas aussi précis. - Par l'induction. voir plus haut, ch. III, § 10. - A un certain égard. Voir plus haut, § 7. § 11. Ni bon ni mauvais. Parce que le bien et le mal n'ont pas de limites précises. - Ont un sujet déterminé. Il semble que ceci n'est pas une addition à ce qui précède; ce serait plutôt un résumé; car c'est précisément parce que le bien et le mal ne sont pas rigoureusement déterminés, qu'ils peuvent avoir des intermédiaires, tandis que tout nombre doit nécessairement être, ou pair, ou impair. M. Bonitz propose ici un léger changement, qu'il appuie de l'autorité d'Alexandre d'Aphrodise, et qui justifie tout a fait l'explication que je donne. Au lieu de: « Enfin il y a aussi des contraires », il faudrait traduire, « parce qu'il y a des contraires ». § 12. Sous forme de privation. Voir plus haut, § 6. - L'unité et la pluralité. Voir plus haut, ch. III. Toute cette discussion est bien peu méthodique. |
CHAPITRE V |
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§ 1. Comme c'est toujours un seul
contraire qui est opposé à un seul contraire, on peut se demander comment
l'unité peut être opposée à la pluralité, et comment l'égal est opposé au grand
et au petit. Dans une opposition, on énonce toujours laquelle des deux qualités
la chose possède : par exemple, on dit que la chose est blanche, ou noire ;
qu'elle est blanche, ou qu'elle n'est pas blanche. Mais nous ne disons pas que
l'objet est un homme, ou qu'il est blanc, à moins que nous ne le disions dans
une hypothèse particulière, comme, par exemple, quand on demande si Cléon est
venu, ou si c'est Socrate. |
§ 1. Être opposée. Il ne faut pas perdre de vue la distinction de Contraire et d'Opposé. Un contraire n'a jamais qui un contraire; mais dans une opposition, il peut y avoir une alternative, si on l'exprime dans la forme qu'on donne à sa pensée. - L'égal est opposé au grand et au petit. Mais l'égal n'est pas le contraire de l'un et de l'autre à la fois. - Blanche ou noire. C'est la contrariété. - Blanche..,. pas blanche. C'est la contradiction. - Est un homme, ou qu'il est blanc. Parce que la il n'y a pas d'opposition, pas plus qu'il n'y en a entre Cléon et Socrate. § 2. Cette dernière forme d'interrogation. Le texte n'est pas aussi formel. - Mais voici d'où elle est venue. « D'où », signifie la forme ordinaire de l'opposition, où il n'y a qu'un seul terme en regard d'un seul terme. - Mais si effectivement. Le texte n'est pas aussi développé; mais j'admets la ponctuation proposée par M. Bonitz, qui ne consiste que dans le déplacement d'une virgule. Le sens qu'il donne, et que j'adopte, est conforme à celui que donne le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise. - Sont-ils venus tous les deux? Ou est-ce.... Il y a là une alternative régulière. § 3. La nature de l'opposition de l'Égal. — Il semble que l'égal soit également contraire au plus grand et au plus petit, et que par suite il ait deux contraires à la fois. Cette question peut paraître bien subtile, et l'utilité n'en est pas frappante. - Aux deux à la fois. Parce qu'une chose n'a jamais qu'un contraire. § 4. Plusieurs contraires. L'égal aurait en effet trois contraires : d'abord le grand et le petit, et en outre l'inégal. - Le même sens par rapport aux deux. C'est-à-dire : Si l'inégal est inégal au plus petit, aussi bien qu'au plus grand pris ensemble; et alors l'Inégal est opposé à la fois tu plus grand et au plus petit, qui, tous deux réunis, ne forment qu'un seul membre de l'opposition. - Des philosophes qui prétendent. M. Bonitz pense que l'auteur veut désigner les Platoniciens. Je ne saurais préciser à quel passage de Platon ceci peut faire allusion. Alexandre d'Aphrodise ne donne sur ce point aucune lumière. § 5. L'égal est l'intermédiaire. Il vient d'être démontré que l'égal n'est point le contraire, ni du petit, ni du grand; on veut démontrer ici qu'on ne peut pas le prendre pour leur intermédiaire. L'égal n'est pas une moyenne entre l'un et l'autre. - Parfaite et finie. Voir plus haut ch. IV, § 3. § 6. Ou une négation, ou une privation. Voir plus haut, ch. IV, § 7. - La négation privative. C'est l'expression même du texte; cela revient à dire que l'égal n'est, ni le grand, ni le petit. - Énoncer les trois termes. Qui sont l'égal, le plus grand et le plus petit. - Une privation absolument nécessaire. Voir plus haut, ch. IV, §§ 10 et 11. - Que dans les choses. Les choses désignées ici sont les quantités, qui sont seules naturellement susceptibles de grandeur et de petitesse. §. 7. Qu'il est bien un intermédiaire. Ceci contredit ce qui est dit plus haut, § 5; et l'on a nié qua l'égal pût servir d'intermédiaire entre le grand et le petit, tandis qu'ici on l'affirme. Mais on peut croire que, dans le premier cas, il s'agit des quantités, et que, dans le second passage, la notion d'intermédiaire s'applique à dos choses qui ne sont pas réellement des quantités, comme le bien et le mal, le blanc et le noir, etc., etc. - Ni bon, ni mauvais. Voir plus haut, ch. IV, § 11, où cet exemple est déjà donné. - Plusieurs acceptions différentes. C'est-à-dire que les nuances, soit du bien, soit du mal, peuvent varier A l'infini. - Déterminée précisément. J'ai ajouté ces mots. § 8. Un intermédiaire qui n'est ni main ni chaussure. Ce n'est pas là un intermédiaire proprement dit; c'est une simple négation des deux termes qu'on prétend bien à tort mettre en opposition ; et comme s'exprime Aristote : C'est une négation simultanée. - Un certain intervalle naturel. Par exemple, entre le blanc et le noir. Les contraires représentent les deux extrémités d'une ligne, et l'espace continu qui les sépare peut être rempli par une foule d'intermédiaires pour aller de l'un il l'autre. - Entre une main et une chaussure, Le texte n'est pas aussi formel; mais le sens ne peut être douteux, Voir plus haut, ch, IV, § 1, |
CHAPITRE VI |
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§ 1. On peut se poser les mêmes questions
en ce qui concerne l'unité et la pluralité; car si l'on admet que la pluralité
soit opposée à l'unité d'une façon absolue, on s'expose à quelques difficultés
insurmontables. Alors l'unité deviendrait le Peu, ou le petit nombre, puisque la
pluralité est opposée aussi au petit nombre. Puis, le nombre Deux deviendrait
une pluralité, puisque le double est plusieurs fois l'Un ; et que c'est là ce
qui fait que l'on dit que Deux est le double. |
§ 1. Les mêmes questions. Voir plus haut, ch. III et ch. V, ce qui est dit sur l'opposition de l'unité et de la pluralité ; l'auteur revient ici à ce sujet, et il se demande quelle est précisément la nature de l'opposition entre l'unité et la pluralité. Cette opposition ne peut pas être absolue, ni simple; elle a bien des nuances qu'il faut distinguer. - Alors l'unité... Première difficulté. - Puis, le nombre Deux,.. Seconde difficulté. Ces deux difficultés seront résolues plus ou moins bien dans les §§ suivants. § 2. Serait-il une pluralité? Alors le nombre Deux, en tant que pluralité, est l'opposé de Un et de Peu; et, par suite, l'unité se confond avec le Peu, puisqu'elle a le même opposé que lui. Voilà l'exposé de la première difficulté ; plus loin, viendra la réfutation de cette théorie. - De plus... Exposé de la seconde difficulté. - Ce qui est Beaucoup est un grand nombre. Ces formules peuvent sembler assez bizarres dans notre langue; je crois qu'elles le sont également en grec. J'ai dû les reproduire le moins mal que j'ai pu. La distinction qu'Aristote établit ici est réelle, et les choses qui forment une grande masse sont aussi en grand nombre. - Un continu indéterminé. Alexandre d'Aphrodise comprend qu'il s'agit ici d'un continu indéterminé comme l'air, ou l'eau, dont il est question un peu plus bas. On peut dire, en effet, d'un continu de ce genre qu'il y en a beaucoup ; mais on ne peut pas dire réciproquement qu'il y en a un grand nombre, comme on le dit de bien d'autres choses. Il y a des manuscrits qui donnent une leçon différente : « Un continu facile à déterminer » au lieu d'Indéterminé. J'ai préféré cette dernière leçon d'après Alexandre d'Aphrodise, quoique M. Bonitz ait préféré l'autre. Les deux peuvent s'expliquer également bien. L'eau, par sa mobilité même, est facile à limiter et à déterminer par tout corps extérieur; mais par elle-même, elle n'a point de limite déterminée précisément; et de là vient qu'elle ne polit jamais faire nombre. - Une sorte de pluralité. L'expression est juste, quoiqu'elle paraisse d'abord contradictoire. Peu implique une certaine quantité qui, étant divisible, représente autre chose qu'une unité, c'est-à-dire, une pluralité plus ou moins considérable. - L'unité une pluralité. Ici, la contradiction est évidente; mais ce n'est pas Aristote qui commet cette erreur. Il montre seulement qu'elle est la conséquence de cette théorie qui confond l'idée de Peu avec l'unité même. § 3. En parlant de l'eau. C'est « le continu indéterminé » dont il est question dans le § précédent. - En grand nombre. C'est une paraphrase plutôt qu'une traduction ; mais je ne pouvais éclaircir l'expression du texte que de cette manière. - En un second sens. Le texte est moins précis. § 4. Entre... les objets mesurés ou mesurables. J'adopte ici le léger changement que propose M. Bonitz dans la place des mots. Avec cette correction, le texte est tort intelligible, et il ne l'est pas avec la leçon vulgaire. - Du multiple qu'il est une pluralité. Il semble que c'est là une tautologie; l'idée de Multiple implique nécessairement celle de nombre, ai ce n'est très grand, du moins plus grand que le nombre qui est multiplié. § 5. Deux est peu. Et par conséquent, ce n'est pas l'unité qui représente le Peu, comme on le prétendait; voir plus haut la fin du § 2. Toutes ces nuances sont excessivement délicates. § 6. Aussi Anaxagore. Il est difficile, comme le remarque de M. Bonitz, de voir quel est le sens véritable de cette objection contre la théorie d'Anaxagore. Alexandre d'Aphrodise ne donne aucun éclaircissement sur ce point. Ce passage reste profondément obscur; car les manuscrits ne fournissent aucune variante. - En nombre infiniment petit. Ceci semble peu conforme â cette première partie de la théorie d'Anaxogore, ou il prétendait que les choses étaient infinies en nombre. Peut-être Aristote veut-il dire qu'Anaxagore aurait dû se borner exclusivement à déclarer que le nombre des choses est infiniment petit, parce que c'est à cette condition qu'elles peuvent être infinies. - Le Peu, le petit nombre. Le texte dit simplement le Peu; j'ai ajouté la paraphrase, pour que l'expression fût moins obscure. - L'unité et la pluralité dans les nombres. C'est la question posée an début de ce chapitre, § 1. § 7. Ailleurs. Voir plus haut V, ch. XV; et aussi dans les Catégories, ch. VII, p. 81 de ma traduction. La théorie qui est rappelée ici n'est pas tout à celle qui a été exposée plus haut. - Pris comme contraires. Ceci ne semble pus tout A fait d'accord avec là théorie ordinaire d'Aristote, qui distingue toujours les contraires et les relatifs. - La science.... l'objet su. C'est là un véritable relatif; c'est une nuance réelle des relatifs, l'un empruntant réciproquement son appellation à l'autre; l'objet su est su par la science; et, à l'inverse, la science sait l'objet su. § 8. Mais rien ne s'oppose. On ne voit pas comment cette pensée se rapporte à celles qui précèdent immédiatement. Alexandre d'Aphrodise la commente, sans essayer d'établir la moindre liaison entre ces théories diverses. Ceci d'ailleurs répond a la difficulté soulevée plus haut, à la lin du § 2; et Aristote s'efforce de démontrer que l'unité ne peut pas être confondue avec le Peu. - Sont opposés. Il faut se rappeler que le terme d'opposé a beaucoup plus d'extension que celui de Contraire; voir plus haut, ch. IV, § 7. - Que nous venons d'exposer. Dans le § précédent, où de relatif tire son appellation du terme auquel il se rapporte. - Tout ce qui peut être Un n'est pas nombre. Ce passage est encore obscur, à moins qu'il ne veuille simplement signifier que l'unité n'est pas un nombre. Ce qui est assez évident, puisque c'en l'unité qui forme les nombres. - D'indivisible. Alexandre d'Aphrodise cite comme indivisibles les atomes qui voltigent dans les rayons du soleil. Je n'affirmerais pas que ceci réponde parfaitement à la pensée de l'auteur; et en tout cas, si ces particules presque imperceptibles ne sont pas des nombres, tout en étant Unes, c'est uniquement leur ténuité qui les soustrait à notre perception. On voit de reste qu'elles sont en grand nombre, bien qu'on ne puisse pas les compter. § 9. Dont on vient de parler. Voir plus haut, § 7. - A celui de l'unité et de la pluralité. J'ai ajouté ces mots, qui m'ont paru indispensables et que confirme tout le contexte; cette comparaison de l'unité et de la pluralité est l'objet de tout ce chapitre. - Est mesurée par l'objet su. La science n'est pas la mesure des choses; Ce sont les choses au contraire qui sont la mesure de la science. Alexandre d'Aphrodise s'en réfère au Traité de l'Âme, pour faire comprendre comment la science se confond avec l'objet su, et comment l'intelligence se confond avec l'intelligible. C'est l'esprit qui conçoit la notion de l'objet sans sa matière, et qui, par là, se l'assimile. Voir ma traduction, liv. Ill, ch. IV, § 6, p. 293. § 10. Quant à la pluralité. Voyez plus haut, § 1, où il a été dit que la pluralité n'est pas absolument opposée à l'unité, et que, dans cette opposition, il faut distinguer des nuances. - N'est pas le contraire de l'unité. Ce qui serait alors une opposition absolue, puisque, dans un même genre, Cette opposition est celle des contraires. - Ainsi qu'on l'a déjà dit. Voir plus haut, § 4. - La pluralité est la relatif de l'unité. J'ai dû développer le texte pour l'éclaircir; il est excessivement concis; mais le sens que je donne est celui que propose Alexandre d'Aphrodite. - Quand on la considère comme un nombre. Même remarque. - C'est l'objet su qui est l'unité et la mesure. Ici encore, j'ai suivi l'explication d'Alexandre d'Aphrodite, qu'adopte aussi M. Bonitz. - Et la mesure. La conjonction Et n'est pas dans le texte ordinaire; mais elle est dans celui d'Alexandre d'Aphrodite ; et M, Bonitz la recommande, sans d'ailleurs aller jusqu'à l'adopter. |
CHAPITRE VII |
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§ 1. Comme il peut y avoir un intermédiaire entre les contraires, et qu'il y en a
réellement pour quelques-uns, il faut nécessairement que les intermédiaires
viennent des contraires, puisque, toujours, les intermédiaires et les choses
dont ils sont les intermédiaires sont dans le même genre. Par intermédiaires,
nous entendons toutes les modifications par lesquelles doit, de toute nécessité,
passer d'abord le changement de ce qui change. Ainsi, par exemple, quand on veut
monter de la note la plus basse à la plus haute, quelque peu de temps qu'on y
mette, il faut passer d'abord par les sons intermédiaires.
Il en est de même s'il s'agit des couleurs, ou, pour aller du blanc au
noir, il faut préalablement passer par le rouge brun et le gris, avant d'arriver
au noir. Même observation pour tous les autres intermédiaires. |
Ch. VII. Alexandre d'Aphrodise n'a pas commenté ce chapitre, ni les suivants jusqu'à la fin du livre; il est possible qu'il les ait regardés comme apocryphes, ou qu'il ne les ait pas eus dans son manuscrit. Ces chapitres dont pas une liaison nécessaire avec ce qui précède, et ils n'ont guère plus de liaison entre eux. § 1. Viennent des contraires.... Sont dans le même genre. Cette discussion remplira tout le chapitre. - Toutes les modifications. Le texte est moins précis. - Le Changement de ce qui change. Cette répétition est dans le grec. - De la note la plus basse. Ceci semble indiquer que la musique grecque avait une gamme, dès le temps d'Aristote. J'ai déjà eu l'occasion de remarquer que l'école d'Aristote avait fait faire de grands progrès à l'art musical. Voir plus haut ch. I, § 14, et la note. - Par le rouge brun et le gris. Ici, la science grecque est moins avancée; mais il ne faut pas attacher à ces théories erronées plus d'importance qu'elles n'en ont. La pensée générale est très claire; et cela suffit. § 2. D'une manière indirecte. Ceci revient à dire que, si l'on change de genre, il n'y a plus d'intermédiaires possibles. - Du genre de la couleur. M. Boniz suppose le changement d'un corps rond qui serait de couleur blanche, en un corps qui deviendrait cubique. Le corps pourrait rester blanc, tout en prenant la forme d'un cube. Mais alors ce corps ne changerait pas de couleur, il changerait de figure; ce qui serait un changement indirect. - Pris en soi, Et d'une manière générale. § 3. La contradiction. Voir plus loin la même théorie, liv. XI, ch. XII, § 13. - Ou opposition. C'est la paraphrase du mot grec Antithèse. Aristote est obligé de prendre ici, dans sa langue, un substantif dont la racine est un peu différente de celle du substantif, et du verbe, qu'il emploie d'ordinaire pour exprimer l'idée d'Opposés. § 4. Quant aux autres opposés. Voir dans les Catégories , ch. X, § 2, p. 110 de ma traduction, la discussion complète sur les Opposés et leurs quatre espèces. - Entre le grand et le petit. Qui sont l'un et l'autre des quantités, tandis que la science et l'objet su n'en sont pas. § 5. D'un genre supérieur, Le texte est moins formel ; j'ai ajouté le mot de Supérieur, que justifie tout le contexte. - Au dessus d'eux. Même remarque. - La couleur qui fait discerner les objets. C'est la définition du Blanc; et c'est en même temps la première différence contraire, dans l'ordre des couleurs. - Qui les fait confondre, Différence contraire, qui est sur le même rang que la première. Le noir produit un effet contraire au blanc. § 6. Qui différent ainsi. C'est-à-dire, comme les premières différences du genre dans lequel sont les contraires. Ainsi que le remarque très bien M. Bonitz, ces différences ne sont pas dans le genre, puisque ce ne sont pas des couleurs; mais elles définissent le genre. - Ces nouvelles différences. J'ai ajouté le mot « Nouvelles », pour distinguer les différences secondaires des différences primordiales. - Qui ne sont pas contraires en genre. Les premières différences ne peuvent pas être contraires en genre, puisqu'elles ne font que définir un seul et même genre, en le présentant sous deux aspects divers et opposés. - Leurs intermédiaires. Les intermédiaires peuvent loi venir du blanc ou venir du noir, selon que les couleurs intermédiaires peuvent éclairer ou obscurcir les objets, en proportion plus ou moins forte. § 7. Se composer génériquement des contraires. J'ai dû développer ici le texte, qui est très obscur à force de concision, et qui n'emploie que des termes très vagues. - En fait des principes. Parce qu'il faut, en effet, partir de l'un des deux contraires, avant d'arriver aux intermédiaires. - Quelque élément nouveau. Qui est un intermédiaire, qui tient plus ou moins du contraire d'où il sert, comme il arrive pour les couleurs. § 8. En résumé. On peut trouver que ce résumé n'est pas absolument exact. - Point de termes. Le texte est moins formel, et il n'emploie qu'un pluriel neutre. - Provenir des contraires. Voir plus haut, § 1. - Tous les termes inférieurs. Ici encore, le texte n'a qu'un pronom neutre tout indéterminé. |
CHAPITRE VIII |
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§ 1. L'être qui est autre en
espèce I'est relativement à un certain être, dans une certaine relation; et
cette relation doit être commune aux deux êtres comparés. Par exemple, s'il
s'agit d'un animal qui soit autre en espèce, il faut que les deux êtres soient
des animaux. Ainsi, il y a nécessité que les êtres qui diffèrent en espèce
soient dans le même genre. Ce que je nomme Genre est précisément ce qui fait
qu'on appelle d'un nom identique les deux êtres que l'on compare c'est ce qui
reçoit la différence essentiellement et non par accident, [1058a]
soit qu'on le considère comme matière, soit qu'on le considère de toute autre
façon. |
§ 1. Cette relation doit être commune. Cette relation est le genre, dont les différences essentielles constituent les espèces. Les êtres qui forment ces espèces sont autres en tant qu'individus et en tant qu'espèces; niais ils sont du même genre. - Qui soit autre en espèce. Par exemple, l'homme et le cheval, qui sont cités au § suivant. Sur la définition des êtres qui sont autres en espèce, voir plus haut, liv. V, ch. IX. § 5, et ch. X, § 6. - Ce que je nomme Genre, Voir liv. V, ch. XXVIII, la définition du genre. - Essentiellement et non par accident. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. Les différences ne sont pas de simples attributs du genre ; elles sent essentielles au genre, qui, sans elles, ne serait qu'un mot et n'aurait aucune réalité. - Comme matière. L'expression du texte est aussi vague. L'auteur veut dire sans doute que le genre peut être considéré comme la matière des espèces; bien entendu, la matière logique, Voir un peu plus loin, § 5. § 2. Ce même animal... soit autre. Il peut sembler ici qu'il y ait quelque contradiction. L'animal pris en soi n'est pas différent dans l'homme et dans le cheval ; mais l'espèce plutôt que le genre est autre, bien que, dans le langage ordinaire, on dise que l'homme est un animal autre que le cheval. - Et je le répète. J'ai ajouté ces mots, afin d'atténuer autant que possible la répétition que fait ici Aristote, sans indiquer qu'il la fait. § 3. La variété autre. Le grec a un seul mot, qui n'a peint de correspondant en français, « Altruisme » rendrait assez exactement la forme du grec; mais je n'ai pas voulu adopter ce mot barbare, qui, d'ailleurs, a un sens différent pour ceux qui l'ont proposé. - Varie et qu'il est autre. Ici encore, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. - Une contrariété. Voir plus haut, ch. IV, § 1, la note sur ce mot. - Une opposition par contraires. Ceci est une simple paraphrase. - Nous avons dit. Voir plus haut, ch. IV, § 1. - Dune chose à une autre. Je n'ai pas voulu préciser davantage le sens, qui est aussi vague dans le texte. § 4. Dans la même classe de catégorie. Voir, plus haut, la même expression, ch. III, § 10. - Appartenir simultanément. L'espèce est différente; il n'y a que le genre qui appartienne aux deux contraires à la fois : par exemple, les espèces du blanc et du noir sont différentes ; mais leur genre, c'est-à-dire la couleur, est le même peur les deux, et pour les intermédiaires. - Est une contrariété. M. Bonitz conteste avec raison cette expression ; Ies espèces sont autres, mais elles ne sont pas contraires; l'homme est différent du cheval, il n'est pas Ie contraire du cheval. - A titre de contraires. Même observation. - Opposées. C'est à peine si l'on peut dire que les différences sont opposées entre elles ; elles sont simplement autres. - Dans la division. Du genre en ses espèces. Mais les espèces ne sont pas contraires entre elles, parce qu'on les distingue les unes des autres. § 5. Ce qu'on appelle le genre. M. Bonitz voudrait changer cette leçon vulgaire, et dire, par une simple modification de quelques lettres dans le texte : « Relativement au genre, qui est universel. » Cette leçon serait certainement préférable; mais aucun manuscrit ne l'autorise. - Ni différer de lui spécifiquement. Il n'y a qu'un autre genre qui puisse différer du genre spécifiquement, quand les deux genres sont subordonnés eux-mêmes à un genre supérieur. - La matière, en effet... Cette pensée est très obscure, et il est bien difficile de l'éclaircir. La matière dont il s'agit ici est le genre, qui en la matière des espèces ; or, le genre est déterminé par des différences qui ne lui appartiennent pas, et qui constituent les espèces. Les différences sont donc en quelque sorte nées du genre, et elles n'appartiennent qu'aux espèces seules. Je hasarde cette explication, tout en la trouvant bien peu satisfaisante. - Au sens de race. Voir plus haut la même explication, liv. V, ch. XXVIII, § 2. § 6. Il ne peut non plus y avoir... J'ai dit ici développer le texte, qui est excessivement concis, sans doute parce qu'il ne fait guère que répéter ce qui précède. - Une contrariété. Voir plus haut, § et la note, sur ce mot peu usité dans notre langue. |
CHAPITRE IX |
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§ 1. On pourrait se demander comment il
se fait que la femme ne diffère pas spécifiquement de l'homme, bien que
cependant le féminin et le masculin soient contraires, et que la différence ici
soit une contrariété. On peut aussi se demander, d'une manière générale,
pourquoi, dans les animaux, le mâle et la femelle ne sont pas différents
d'espèce, quoique cette différence de sexe soit essentielle dans l'animal, et
qu'elle n'y soit pas accidentelle, comme la couleur noire ou blanche, mais que
ce soit en tant qu'animal que l'animal est mâle ou femelle. |
§ 1. La femme ne diffère pas spécifiquement de l'homme. La question a quelque chose de bizarre, et l'on ne s'attendait pas à cette discussion, que rien n'a préparée. Elle peut être rattachée à ce qui précède, en ce que l'auteur cherche quelles sont les différences qui peuvent constituer une espèce, et celles qui n'y suffisent pas. Le sexe est une de ces dernières différences constituant des individus différents, mais non des différences d'espèce. - D'une manière générale. J'ai ajouté ces mots, qui ressortent du contexte. § 2. Telle contrariété. Ou Opposition par contraires. - Sont autres en espèce. Ou Contraires en espèce. - Beaucoup moins intéressées. Il serait peut-être plus exact de dire que les propriétés du genre n'y sont pas du tout intéressées. Les seules choses qui soient alors modifiées sont les qualités des individus, qui changent de couleur, par exemple, sans que leur espèce soit altérée en rien. § 3. Un nom séparé. J'ai ajouté l'épithète, qui m'a paru indispensable pour compléter la pensée. - La matière ici, c'est l'homme. C'est le genre Homme, qui est considéré comme la matière des espèces, et, par suite, des individus. - Individuels. J'ai ajouté ce mot, qu'exige le contexte. - Des espèces de l'homme. MM. Bonitz et Schwegler expliquent ce passage comme je le fais moi-même. « Les espèces de l'homme », au lieu de « la matière de l'homme », que donnent plusieurs éditions, entre autres celle des Aldes et quelques manuscrits. - Le composé. C'est-à-dire, l'individu composé de la matière et de la forme. - Le triangle en bois. La leçon vulgaire est : « Un cercle en bois. » Mais la correction est indispensable, et je l'ai adoptée avec M. Bonitz et M. Schwegler, bien que ni l'un ni l'autre ne l'aient admise dans leur texte. Sylburge avait le premier signalé cette correction nécessaire. - Une contrariété. L'expression n'est peut-être pas très juste; le cercle n'est pas le contraire du triangle; c'est seulement une figure différente. § 4. Contrariété dans leur définition. Mme observation que plus haut; il n'y a pas contrariété précisément entre la définition de l'homme et celle du cheval. Il n'y a qu'une différence d'un animal à un autre. - Une contrariété entre l'homme blanc et le cheval noir. Le noir et le blanc sont en effet contraires; mais le cheval et l'homme ne le sont pas. - La véritable contrariété. Le texte est moins formel. On peut trouver que ces théories, purement logiques, sont obscures. § 5. Quant un sexe. Voir plus haut, § 1. - Affections. Ou, Modifications. § 6. Être d'une autre espèce. Voir plus haut, ch. VIII, § 1. Ce résumé, plus ou moins exact, a toutefois cette utilité de joindre étroitement ce chapitre à celui qui précède. |
CHAPITRE X |
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§ 1. Comme les contraires sont autres en
espèce, et comme le périssable et l'impérissable sont des contraires, puisque la
privation est une impuissance définie, il faut nécessairement que le périssable
et l'impérissable soient de genres différents. Nous ne les avons considérés
jusqu'à présent que comme des appellations universelles; et dès lors, il
pourrait sembler que ce n'est pas une nécessité que tout impérissable et que
tout périssable soient spécifiquement autres, pas plus qu'il n'est nécessaire
que le blanc et le noir soient d'espèces différentes. Le même être, en effet,
peut à la fois être fun et l'autre, tant qu'il s'agit de termes universels; et,
par exemple, l'homme peut être tout ensemble blanc et noir; et même pour ce qui
concerne les individus, un seul et même homme peut être, mais non pas à la fois,
noir et blanc. |
§ 1. Sont autres en espèce. Voir plus haut, ch. VII, § 1, la définition de cette formule. - Une impuissance définie. C'est l'expression même du texte, qui ne laisse pas que d'être assez obscure. L'impuissance, pour l'impérissable, consiste à ne pas pouvoir périr; c'est une privation. Mais l'impérissable semble par là être mis au-dessous du périssable, bien que son éternité même doive le mettre au-dessus de tout. Quoi qu'il en soit, l'impérissable et le périssable s'opposent l'un à l'autre, comme la privation et la possession, qui sont des contraires. - De genres différents. M. Bonitz n'hésite pas à proposer de changer ici le mot de Genre, donné par toue les manuscrits, en celui d'Espèce, afin de mettre la fin de la phrase en rapport avec le commencement. Mais tout le reste du chapitre est consacré bien établir que le périssable et l'impérissable sont contraires en genre, et non pas seulement en espèce. Peut-être alors vaudrait-il mieux faire porter la correction sur le début de la phrase et dire : « Comme les contraires sont autres en genre. » C'est le parti que semble adopter M. Schwegler, bien qu'il ait conservé dans son texte la leçon vulgaire. Mais toutes ces corrections ne suffisent même pas, puisque, dans la suite de ce §, les deux contraires, le périssable et l'impérissable, ne sont considérés que comme spécifiquement, et non génériquement, contraires. - Le blanc et le noir soient d'espèces différentes. Le blanc et le noir sont l'un et l'autre du même genre, la Couleur ; mais ce sont des couleurs d'espèce différente. - Tandis qu'il s'agit de termes universels. Par exemple, le mot Homme étant universel, l'homme peut être à la fois blanc et noir, puisqu'il y a en même temps des hommes blancs et des hommes noirs. Pour l'individu, il n'en est pas tout à fait de même, et si le même individu peut aussi être blanc et noir, ce n'est que successivement, et non pas à la fois. § 2. Contraires l'un à l'autre. En espèce, mais non pas en genre. - Serait périssable et impérissable. Ce qui est contradictoire et impossible. § 3. De genres différents. C'est là, je crois, la pensée véritable de tout ce chapitre : c'est en genre, et non pas seulement en espèce, que le périssable et l'impérissable sont différents. Voir plus haut. § 1. § 4- Idées ou espèces. Il n'y a qu'un mot dans le texte; mais il a les deux sens; et j'ai cru devoir mettre les deux mots, parce que la critique s'adresse évidemment à la théorie des Idées platoniciennes. - Quelques philosophes. C'est Platon surtout; ce sont aussi ses successeurs. - Spécifiquement identiques aux individus. L'Idée est impérissable; l'individu est périssable, au contraire, dans le système platonicien; il semble donc en résulter que les Idées et les individus étant de même espèce, le périssable et l'impérissable sont de même espèce aussi, tandis qu'Aristote essaie d'établir qu'ils sont de genres différents. - Plus que la différence d'espèce. On peut trouver que cette discussion se termine bien brusquement, et qu'elle est bien insuffisante. |
FIN DU LIVRE X DE LA MÉTAPHYSIQUE. |