ARISTOTE
MÉTAPHYSIQUE
LIVRE IX
table des matières de la métaphysique
LIVRE IX
CHAPITRE
PREMIER |
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§ 1.
[1045b] Nous
avons antérieurement traité de l'Être compris au sens primordial de
ce mot, c'est-à-dire de la substance, à laquelle se rapportent
toutes les autres catégories de l'Être. C'est en effet par leur
rapport à la substance que toutes les autres espèces d'êtres,
quantité, qualité et tous les modes dénommés de la même manière,
sont appelés aussi du nom d'Êtres. Tous ils impliquent la notion de
la substance, ainsi que nous l'avons établi dans nos premières
études. |
§ 1. Antérieurement. Voir plus haut, liv. Vll, ch. I, § 1er; et liv. V, ch. VII et ch. VIII. - Nos premières études. Ceci se rapporte aux deux livres V et VII, et, d'une manière générale, à peu près à tout ce qui précède. L'indication est d'ailleurs bien vague. § 2. La parfaite réalité, ou Entéléchie. Il n'y a que ce dernier mot dans le texte grec. J'ai cru devoir en donner la paraphrase, pour que ce mot trop peu usité d'Entéléchie fût plus clair. § 3. De cette sorte de puissance. Aristote distingue deux espèces de puissance : l'une, qui se rapporte surtout au mouvement, et qui pourrait être appelée du nom de Force; l'autre, qui est une simple possibilité. Il traite de la première dans ce chapitre et dans les suivants; et de la seconde, dans le chapitre VI. M. Bonitz remarque, non sans raison, que, dans les théories qui vont suivre, Aristote a plus d'une fois mêlé les deux notions. qu'il veut cependant distinguer complètement. § 4. Ailleurs. Voir notamment liv. V, ch. XII. - Les Puissances en géométrie. Dans notre langue également, le mot de Puissance employé au sens géométrique est une simple homonymie. - Possibles ou impossibles. C'est la seconde signification du mot de Puissance. - Parce qu'elles sont ou ne sont pas d'une certaine façon. Cette explication peut paraître insuffisante et beaucoup trop vague. Plus loin, ch. VI, elle sera plus complète et plus claire. C'est, d'après le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise, que j'ai ajouté le mot de Géométriquement, qui n'est pus dans le texte; car Alexandre rapporte encore aux mathématiques les mots de Possibles et Impossibles qui signifieraient alors : Élevées à une puissance, et non élevées à une puissance. Si la ligne droite, dit Alexandre, est élevée à la seconde puissance, elle est quadruple, et elle forme le carré comme le nombre multiplié par lui-même; si elle reste simple elle est dite être sans puissance. Dans notre langue, les mots de Possibles et d'impossibles n'ont jamais cette signification. § 5. Qui se rapportent à la même espèce. C'est-à-dire, qui sont réellement des puissances, et qui ne le sont pas seulement par homonymie. Mais dans ce cas il serait mieux de dire : « A l'espèce même », au lieu de « A la même espèce ». - Dans un autre. Ou: En tant que la chose est autre. La suite éclaircit ce que tette formule peut avoir d'obscur, au premier coup d'oeil. J'ai d'ailleurs adopté la variante recommandée par MM. Schwegler et Bonitz, et qui s'appuie sur le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise. L'être peut exercer sa puissance d'agir ou de souffrir par rapport â un autre être, ou par rapport à lui-même. Par exemple, on peut guérir une autre personne, ou se guérir soi-même. Mais, dans ce dernier cas, on joue en quelque sorte un double rôle ; on ne se guérit pas en tant qu'on est malade; mais on se guérit soi-même en tant qu'on est autre que malade. Cette distinction est bien subtile. Pour tout ce chapitre, il faut avoir sous les yeux la définition de la Puissance, liv. V, ch. XII. § 6. Ces puissances mêmes. Les puissances énumérées au § précédent. - Parce que c'est en bien. Voir la même distinction, liv. V, ch, XII, § 2. - Ces dernière puissances. Celles d'agir en bien, ou de subir une action bonne et utile. - Des puissances antérieures, C'est-à-dire, celles d'agir simplement, ou de souffrir simplement. Tout ce passage peut sembler bien obscur. § 7. Une seule et unique puissance que celle d'agir et de souffrir. Il serait plus exact de distinguer complètement les deux puissances ; et un peu plus loin, Aristote lui-même est obligé de faire cette distinction. - Mais en un autre sens. C'est qu'en effet on ne peut pas confondre ces deux nuances. § 8. L'une de ces puissances. Celle de souffrir une action. - La graisse... peut devenir inflammable. Jetée sur le feu, la graisse y brûle ; exposée à la chaleur, elle fond; ainsi les actions qu'elle souffre sont différentes même de la part d'un seul et même agent, le feu; à plus forte raison, si les agents sont différents, les actions doivent différer aussi. Le froid, par exemple, n'agirait pas de même sur la graisse; il la congèlerait, loin de la liquéfier ou de la consumer comme le feu le fait. § 9. L'autre puissance. C'est-à-dire, celle de l'action produite et non plus soufferte. - Et qu'il n'est pas autre. Voir plus haut, §§ 5 et suivants. Si l'être peut agir sur lui-même, il faut en quelque sorte qu'il se dédouble et qu'il sorte de sa nature ordinaire et normale. Ainsi, on peut se soigner et se guérir, soi-même mais à la condition d'être préalablement malade. § 10. L'impuissance et l'Impuissant J'ai dit prendre ces mots, pour répondre à la formule grecque; mais ils n'ont pas tout à fait le même sens en notre langue.
§ 11. La privation.
Voir plus haut, liv. V, ch. XXII ; et aussi ch. XXVII. Voir
également les Catégories, ch. X, §§ 11 et suivants. |
CHAPITRE II |
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§ 1. Comme, parmi les principes du genre
de ceux dont nous venons de parler, les uns se trouvent dans des êtres sans vie,
et que les autres se trouvent dans des êtres animés, en leur âme, et dans cette
partie de l'âme qui possède la raison, [1046b] il s'ensuit évidemment que, parmi les
puissances aussi, les unes sont irraisonnables, et que les autres sont douées de
raison. |
§ 1. Cette partie de l'âme qui possède la raison. Voir le Traité de l'âme, liv. III, ch. IV, § 3, p. 290 et suivantes de ma traduction. La raison se confond avec l'intelligence. § 2. Ou facultés. J'ai ajouté ces mots, paraphrase et complément du seul mot qui est dans le texte. - Les arts et toutes les sciences qui produisent quelque chose. J'ai adopté la leçon recommandée par MM- Schwegler et Bonitz, et qui semble résulter aussi du commentaire d'Alexandre d'Aphrodise et de la traduction de Bessarion. Voir sur le rapport de l'art et de la science, plus haut, liv. I, ch. I, § 20. - Le changement dans un autre en tant qu'autre. Voir ch. I, § 5. C'est la définition générale de la notion de Puissance. - Les puissances douées de raison. On pourrait traduire aussi: les Forces, au lieu de Puissances. Ces puissances raisonnables ne sont d'ailleurs que dans l'homme seul; elles sont comme un de ses privilèges. - La chaleur. Dans l'ordre de la nature, la chaleur est une force qui n'a jamais qu'une seule et même action, celle d'échauffer. - S'appliquer tout à la fois. La médecine, on peut dire, s'applique à la santé pour la conserver, ou pour la rétablir, tandis qu'elle s'applique à la maladie pour la détruire et la supprimer. - Et la chose et sa privation. C'est-à-dire ici, la santé et la maladie, qui en est la privation. - A ce qui est son objet propre. Le texte n'est pas aussi formel. § 3. Ces sortes de sciences. C'est-à-dire les sciences rationnelles. - En soi et directement. Il n'y a qu'un mot dans le texte. - A l'un des deux. Au contraire positif; et, par exemple, en médecine, à la santé, contraire de la maladie; mais la santé est quelque chose de positif, tandis que la maladie est une privation. - Accidentelle et indirecte. Ici encore, il n'y a qu'un seul mot dans le texte. - Ablation. C'est textuellement la reproduction du mot grec. - L'ablation et la disparition. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. § 4. La science est une puissance. On peut trouver que ces idées ne se suivent pas très régulièrement. - L'âme a le principe du mouvement. Et elle peut, à son gré, se porter à l'un ou à l'autre des contraires. - Loin de là. J'ai ajouté ces mots. - Rien qu'elle ne s'y trouve pas de la même manière. M. Schwegler pense que cette phrase est une simple glose. Cependant Alexandre d'Aphrodise a déjà cette leçon, qui ne paraît pas l'embarrasser. § 5. Dans le même centre. Le texte se sert d'un pronom neutre qui n'a rien de défini; j'ai dû préciser davantage ma traduction. - Font tout le contraire des puissances irrationnelles. On pourrait traduire aussi; « font les deux contraires, que ne font pas les puissances irrationnelles ». Les deux sens sont également acceptables, et le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise autoriserait les deux; mais peut-être pour le second, le texte n'est pas tout à fait suffisant, et faudrait-il quelque légère addition. - De faire bien. Il faudrait ajouter : « ou de souffrir en bien ». - Souffrir, a d'ailleurs ici la simple signification d'affection dans les deux sens; c'est la passivité substituée à l'action, salle aucune idée de souffrance proprement dite. |
CHAPITRE III |
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§ 1. Il y a quelques philosophes qui prétendent, comme les Mégariques, que
l'on n'a de puissance absolument qu'au moment où l'on agit; et que là où l'on
n'agit pas, on n'a pas non plus de puissance. Ils soutiennent, par exemple, que
celui qui ne construit pas ne peut pas construire, mais que celui qui construit
est le seul qui ait la puissance de construire, au moment où il construit. Et de
même, pour tout le reste. |
§ 1. Comme les Mégariques. Voir sur la doctrine des Mégariques, M. Ed. Zeller, Philosophie des Grecs, t. II, pp. 207 et 220, 3e édition. - Et de même pour tout le reste. C'est confondre absolument l'acte et la puissance, la simple possibilité et la réalité. La réfutation d'Aristote est victorieuse; mais la théorie des Mégariques est si singulière qu'on pourrait douter qu'elle soit ici rapportée exactement, si l'autorité d'Aristote n'était pas tout à fait décisive. § 2. Il n'est pas difficile devoir. Ainsi, Aristote semble étonné lui-même de l'erreur où les Mégariques sont tombés. - En état de pouvoir construire. Dans notre langue, la nuance est la même que dans la langue grecque; et l'observation est générale. Les Mégariques soutiennent donc un paradoxe, en même temps qu'une erreur. - Il faudrait en conclure. La conclusion est absurde; mais elle est la conséquence rigoureuse de la théorie des Mégariques. § 3. Mais alors.... L'objection est irréfutable; et elle suffit à renverser l'assertion contraire. L'artiste se remet sur-le-champ au travail quand il veut, parce que, en effet, la faculté n'a pas cessé d'être en lui, bien qu'il ne l'exerçât pas. Mais peut-être les Mégariques, sans nier la permanence trop évidente de la faculté, ont-ils voulu dire seulement que l'artiste n'est réellement et pleinement artiste qu'au moment où il pratique effectivement son art. - C'est au système de Protagore. Voir ce qui a été dit de Protagore plus haut, liv. III, ch. u, § 27.
§ 4. Où la nature voudrait
qu'il l'eût. Il y a ici quelque léger désordre dans le texte;
MM. Schwegler et Bonitz ont proposé des corrections ingénieuses,
soit d'après d'autres passages analogues d'Aristote, soit d'après le
commentaire d'Alexandre d'Apbrodise. J'ai suivi la leçon que donnent
plusieurs manuscrits cités par M. Bonitz, et qui suffit. Le sens
d'ailleurs ne peut être douteux. - Ou sourds. M. Bonitz
remarque avec raison qu'Alexandre d'Aphrodise n'a pas commenté ces
mots, que sans doute ne portait pas l'exemplaire sur lequel il
travaillait; ils sont en effet inutiles; et selon toute apparence,
ce n'est qu'une addition de quelque copiste. § 6. Ces théories. C'est-à-dire, les théories des Mégariques, et celles des partisans de Protagore. - Le mouvement et la production. C'est une seule et même chose dans ce passage. - Actuellement. J'ai ajouté ce mot qui m'a paru indispensable. § 7. La puissance et l'acte. En d'autres termes, la simple possibilité d'être et l'existence effective et actuelle. - Les identifient et les confondent. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. - Une distinction de petite importance. On conçoit bien qu'Aristote attache une grande importance à cette théorie; car c'est surtout à lui qu'elle est due; et en réalité, elle est du plus grand intérêt; on ne doit jamais confondre l'Être, qui est à l'état de simple possibilité, avec l'Être actuel et réel. § 8. Qui peut être ne soit pas... soit cependant. C'est la catégorie de la substance. - Qui est capable de marcher. C'est la catégorie de l'action, ou de la manière d'être; voir les Catégories, ch. IX, p. 107 de ma traduction, où cette théorie est développée. § 9. Puissance, ou faculté. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. Les deux mots français représentent les deux sens du mot grec. § 10. A la réalisation complète. Le mot grec est Entéléchie; je l'évite le plus souvent que je peux, parce qu'il reste trop obscur pour nous, bien que, depuis Leibniz, on en ait fait un assez grand usage. - Le mouvement qui paraît dire un acte réel. C'est, en effet, le mouvement qui surtout révèle et atteste la vie. - D'autres catégories. On pourrait traduire aussi d'une manière plus générale « Bien qu'on leur applique aussi d'autres attributions »; et de fait, les attributs d'Intelligibles et de Désirables cités un peu plus bas, s'ils sont des qualités, ne sont pas présentés sous la forme universelle des dix catégories ordinaires. - Complètement en acte, en Entéléchie. Il n'y a que ce dernier mot dans le texte ; j'ai dû le paraphraser. |
CHAPITRE IV |
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§ 1. Si donc le possible, tel que nous l'entendons, n'est possible qu'en
tant que, par la suite, il pourrait se réaliser, il est évident qu'on ne peut
pas dire avec vérité d'une chose qu'on regarde comme possible, qu'elle ne se
réalisera jamais, puisque alors la notion véritable de l'impossible nous
échapperait. Je cite un exemple, et je dis que c'est comme si l'on soutenait que
la diagonale peut être mesurée, mais que cependant elle ne le sera pas; et qu'on
pensât qu'il n'y a rien d'impossible en cela, attendu que rien n'empêche en
effet qu'une chose qui peut être, ou qui peut se produire, ne soit point, ou ne
se produise jamais. |
§ 1. Tel que nous l'entendons. Et qu'on l'a expliqué dans les discussions précédentes. Dans l'idée du possible, on comprend toujours l'idée de la réalité; ou autrement, le possible n'aurait aucun sens. - La notion véritable. J'ai ajouté ce dernier mot. - La diagonale peut être mesurée. C'est-à-dire, qu'elle est commensurable au côté. - Et qu'on pensât qu'il n'y a rien d'impossible. Ainsi compris, l'impossible n'existe plus; car, si la diagonale était commensurable, il est certain qu'à un moment donné elle serait mesurée. § 2. C'est-à-dire. Le texte n'est vas aussi formel, ni aussi développé. - La moindre impossibilité. Puisque dire d'une chose qu'elle est possible, c'est admettre qu'elle peut être; son existence n'a donc rien de contradictoire. § 3. L'erreur et l'impossibilité. L'erreur est produite par l'esprit, qui se trompe; l'impossibilité vient de la nature même des choses. - A étant, B doit nécessairement être. Voir la même démonstration littérale dans les Derniers Analytiques, liv. I, ch. XV, § 6, p. 60 de ma traduction. § 4. Soit donc A possible. C'est la première hypothèse que pose l'auteur : si A est possible, B l'est comme lui; et si A passe de la puissance à l'acte et de la simple possibilité à la réalité complète, B y passe en même temps, par le rapport de connexion qui existe entre eux. - Admettons, puisqu'on le veut, qu'il soit impossible. C'est la thèse de l'adversaire qu'Aristote admet un instant pour la réfuter. - Il est nécessaire également que B le soit. Il semble que ce membre de phrase embarrasse toute la suite du raisonnement. MM. Bonitz et Schwegler ont proposé diverses modifications, dont aucune ne dissipe toutes les difficultés. M. Schwegler ne semble pas d'ailleurs attacher une très grande importance à cette démonstration littérale; et l'on peut partager son avis. Une explication sous forme ordinaire aurait certainement valu mieux. § 5. Que B soit comme on le dit. C'est-à-dire, que B soit impossible. - De la même manière que l'est A. Cette argumentation, qui est certainement un peu longue et un peu obscure, peut se réduire à ceci que, supposant A et B dans cette relation, que l'existence de l'un entrains l'existence de l'autre, il s'ensuit nécessairement que, si, au lieu d'être, l'un des deux est simplement possible, il faut que le second soit possible également. Mais on doit avouer que cette démonstration n'était pas indispensable pour établir le véritable sens du mot Possible, but spécial de ce chapitre. L'exposition pouvait être beaucoup plus simple. |
CHAPITRE V |
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§ 1. De toutes les puissances, ou facultés, que nous pouvons posséder, les
unes sont naturelles et innées, comme les facultés des sens; les autres viennent
de l'exercice et de l'habitude, comme le talent du joueur de flûte; d'autres
encore résultent d'un apprentissage, comme les arts qu'on acquiert par l'étude.
Pour les facultés qui sont le fruit de l'habitude et de la réflexion, il faut
nécessairement, pour les acquérir, que les êtres aient été antérieurement en
acte. Mais pour celles qui ne viennent pas de cette source, comme pour celles
qui ne sont pas passives, cette disposition antérieure n'est pas nécessaire. |
§ 1. Que nous pouvons
posséder. Le texte n'est pas aussi formel ; mais les exemples
qui suivent justifient l'addition que j'ai cru devoir faire. -
Naturelles et innées. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. -
Résultent d'un apprentissage. La distinction n'est peut-être
pas assez marquée; l'art de jouer de la flûte est bien aussi le
résultat d'une étude et d'un apprentissage. - Qu'on acquiert par
l'étude. J'ai ajouté ces mots. - Cette disposition antérieure.
Le texte grec a simplement un pronom neutre indéterminé. § 3. Le patient et l'agent. Alexandre d'Aphrodise cite pour exemples le feu et le combustible ; dès que tous deux se rencontrent dans les circonstances favorables, l'un brûle, l'autre est brûlé, l'action et la passion s'exerçant sur-le-champ, et par une inévitable nécessité. - Les facultés irraisonnables. Ma traduction est un peu plus précise que le texte; mais le sens est clair, quoiqu'en notre langue l'expression puisse paraître un peu étrange. Je n'ai pas voulu traduire « Les forces irrationnelles », parce que cette forme de langage aurait pu sembler trop moderne. § 4. Les deux contraires à la fois. Les êtres doués de raison et d'intelligence peuvent produire indifféremment l'un ou l'autre des contraires, mais non pas les deux à la fois. - Ou le désir ou la préférence réfléchie. Voir la Morale à Nicomaque, liv. VI, ch. I, § 1, p. 195 de ma traduction. - Il y a nécessité qu'il fasse la chose. L'expression est bien forte, et c'est peut-être ne pas tenir assez de compte du libre arbitre de l'homme. § 5. Dans la mesure même où cette puissance existe. J'ai adopté la légère correction admise ici par M. Bonitz, qui s'appuie lui-même sur Alexandre d'Aphrodise.
§ 6. La puissance
simultanée. Ou ne peut faire les deux contraires que
successivement, on réalité; mais, en puissance, on a la faculté des
deux à la fois. C'est comme la matière qui peut indifféremment
recevoir un des deux contraires, mais tour à tour, et non
simultanément, parce que la matière aussi n'est qu'en puissance,
comme Aristote l'a dit si souvent. |
CHAPITRE VI |
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§ 1. Après avoir étudié la puissance qui est relative au mouvement,
analysons l'acte lui-même; et montrons ce que nous entendons par l'Acte, et ce
qu'il est dans ses modifications diverses. Ces divisions, en effet; nous feront
voir clairement, et du mime coup, que le possible n'est pas simplement, pour
nous, ce qui naturellement peut mouvoir une autre chose ou être mû par elle,
soit absolument, soit clans une certaine mesure, mais aussi que le mot de
Possible a, selon nous, une seconde signification. Aussi bien, dans nos études,
avons-nous déjà touché ces sujets. |
§ 1. Après avoir étudié. Voir plus haut, ch. I, § 3. - Qui est relative au mouvement. C'est-à-dire, celle qui passe a l'acte, et qui, de simplement possible, devient actuelle. - Ce que nous entendons par l'acte. C'est l'objet spécial de ce chapitre; mais l'explication peut ne pas sembler suffisante. - Mouvoir... ou être mû. Selon que le possible se rapporte à l'action ou à la passion. - Mais aussi... J'ai dû développer ici le texte, qui est très concis. - Dans nos études. Ceci peut se rapporter au liv. V, ch. XII, où est donnée la définition de la puissance. § 2. L'acte d'une chose. La définition de l'acte par la puissance n'est peut-être pas très régulière, puisque l'acte est l'opposé de la puissance, et qu'on pourrait tout aussi bien définir la puissance en disant qu'elle est l'opposé de l'acte. - Le moitié d'une ligne. Ou du Diamètre. Le texte est indéterminé. - Il ne pratique pas actuellement la science. Le texte grec n'a qu'un seul mot: la traduction littorale serait : « Il ne spécule pas ». § 3. Aux exemples particuliers. Qui suivent et qui en effet sont très clairs. - Qui construit... qui peut construire. Ce peut être, ou des ouvriers différents, ou le même ouvrier, considéré à des moments et sous des aspects divers. § 4. Des deux membres de cette différence. Dans les exemples cités, le premier membre montre l'acte, c'est-à-dire l'action, proprement dite et présente, d'une faculté quelconque; le second montre la faculté à l'état virtuel; elle pourrait agir, mais elle n'agit pas; elle est latente, au lieu d'être effective. - Simplement. J'ai ajouté ce mot. - L'existence par rapport à une matière. La matière est uniquement en puissance; l'existence est au contraire une actualité réelle et complète, une réalisation de la puissance, une Entéléchie. § 5. Quant à l'infini et au vide. Voir la Physique, liv. III, ch. VI, p. 96 de ma traduction, sur l'infini; et liv. IV, ch. VIII, p. 184, sur le vide. En se référant à ces passages, M. Bonitz trouve qu'Aristote traite ici bien légèrement (mira levitate) ces deux grandes questions de l'infini et du vide. Il croit que la notion de Puissance ne peut pas s'appliquer à l'infini dans le sens ordinaire de ce mot, qui indique toujours, dans la langue du Péripatétisme, le passage à l'acte, le mouvement qui réalise les choses. Mais l'infini ne peut jamais se réaliser; ou autrement, il cesserait d'être l'infini. § 6. Séparée et individuelle. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. - C'est parce que la division... M. Bonitz repousse cet argument; et la divisibilité à l'infini ne lui semble pas répondre à la notion de Puissance, telle qu'Aristote l'a toujours exposée, puisque jamais l'infini ne peut parvenir à l'acte et à une complète réalisation; ce qui serait contraire â son essence. § 7. Jamais les actions... Ce paragraphe et les suivants, jusques et y compris le § 11, manquent dans beaucoup de manuscrits; et comme Alexandre d'Aphrodise ne commente pas ce long passage, on doit supposer que le manuscrit dont il se servait l'omettait aussi. Il y a donc lieu de révoquer en doute l'authenticité de cette fin du ch. VI. C'est bien cependant le style d'Aristote; c'est bien sa pensée. malgré les obscurités qui la voilent. Mais le texte est corrompu dans une foule de détails, et M. Bonitz n'hésite pas à dire qu'aucune autre partie de la Métaphysique n'offre autant d'incorrections de tout genre. Ce serait aller trop loin que de vouloir supprimer tout ce passage; mais M. Bonitz le refait dans une certaine mesure, et il en propose une rédaction nouvelle, calquée sur l'ancienne, dans son commentaire. J'ai suivi en partie dans ma traduction le texte ainsi rectifié; mais je reconnais toujours que, même après tous ces changements, il laisse beaucoup à désirer; et en somme, peut-être eût-il mieux valu le passer tout à fait sous silence, comme l'ont fait Alexandre d'Aphrodise et Bessarion. - Qui ont une limite. L'expression est un peu vague; mais on comprend assez la différence entre une limite et un but. - On cherche à se faire maigrir. On peut trouver que l'exemple a quelque chose de singulier; il eût été facile aussi d'en trouver un plus frappant. - Les choses.. L'expression du texte est tout à fait indéterminée, et l'on pourrait entendre aussi qu'il s'agit des Êtres et des Organes qui maigrissent. Les choses qui font maigrir sont évidemment autre chose que la maigreur. § 8. Le but véritable. Le texte n'est pas aussi net; je me suis décidé pour ce sens; mais je n'en suis pas parfaitement sûr. - L'action est complète... elle ne l'est pas. Les exemples qui sent allégués ne montrent pas assez clairement la différence que l'auteur veut faire saillir. - Il apprend. Ceci veut dire sans doute que l'étude, qui mène à la science, est une action incomplète; La science est le but, l'étude n'est qu'un moyen pour y arriver. § 9. Qu'on cessât d'être ce qu'on est. J'ai dû ici développer un peu le texte, pour le rendre plus intelligible. - Les uns des mouvements, les autres des actes. C'est bien là une distinction que l'auteur veut établir; mais on peut trouver qu'elle n'est pas établie suffisamment. § 10. Tout mouvement est incomplet. Parce que le mouvement n'est pas un but, mais qu'il conduit simplement un but, qui est en dehors de lui. - Ce n'est pas dans un seul et même moment. Ces idées ne se suivent pas beaucoup entre elles. - C'est un autre être. Même remarque sur l'incohérence du texte. § 11. C'est la même chose. Ici encore, il est bien difficile de comprendre la vraie pensée du texte. On voit bien qu'il s'agit toujours de distinguer entre l'acte et le mouvement; mais les expressions dont se sert l'auteur sont bien insuffisantes. |
CHAPITRE VII |
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§ 1. Essayons de préciser les cas où l'on peut dire d'une chose qu'elle est
en puissance, et les cas où elle n'y est pas; car elle ne peut pas y être à un
moment quelconque indifféremment. Par exemple, l'élément de la terre est-il ou
n'est-il pas en puissance un homme? La question pourrait surtout être faite
quand l'élément de la terre est changé déjà en liqueur prolifique; mais, même
dans ce cas, on ne saurait nier qu'il n'y ait tel moment où cette transformation
ne puisse pas encore avoir lieu. Il en est en ceci comme en médecine. Tout être
sans exception ne peut pas être guéri par le médecin, pas plus qu'il ne l'est au
hasard; mais il y a tel être qui peut guérir, et l'on dit alors que cet être est
guéri en puissance. |
§ 1. L'élément de la terre. Il ne faut pas être trop étonné de cette étrange physiologie, qui donne l'élément terreux pour la matière des sécrétions du corps humain. Voir encore un peu plus loin, § 4. - Où cette transformation. Le texte n'est pas aussi formel. La transformation est celle de l'élément terreux en un germe humain. - Comme en médecine. Cette idée de la médecine est amenée bien brusquement, et la comparaison n'apporte pas plus de clarté dans la pensée. - Par le médecin. J'ai ajouté ces mots. - Est guéri en puissance. L'expression n'est peut-être pas tout à fait juste; l'être est plutôt « guérissable » que guéri. § 2. La pensée. Ou, la libre volonté de l'homme. - A la réalité actuelle et complète. Le texte dit seulement « A l'Entéléchie ». - Pour reprendre l'exemple de l'être qui est guéri. J'ai dû développer ici le texte, pour que la pensée fût plus claire. - Que ce soit en lui. La remarque est sans doute exacte; mais il est vrai aussi que, pour que la guérison ait lieu, il faut tout à la fois qu'il n'y ait pas d'obstacle extérieur, non plus que d'obstacle intérieur. § 3. Quand on dit d'une maison qu'elle est en puissance. Le texte est encore ici moins développé que ma traduction. - Celui qui l'a conçue. L'expression grecque n'est qu'un pronom neutre, dont le sens est tout à fait indéterminé; j'ai cru devoir le préciser davantage. Mais Alexandre d'Aphrodise comprend ce passage autrement. Pour lui, le pronom neutre qu'emploie le texte ne signifie pas autre chose que la matière dont la maison sera faite, c'est-à-dire, les poutres, les pierres, les briques, etc. - Soit en puissance. Ou, plus simplement: « Soit possible ». - On peut en dire encore autant. La pensée n'est pas très claire, et il semble que ceci n'est qu'une répétition de ce qui a été dit plus haut, § 2. § 4. N'est pas encore en puissance. La pensée n'est peut-être pas très juste. La puissance existe indépendamment des circonstances extérieures, qui sont nécessaires à sa réalisation. - Le même principe. Il faudrait peut-être ajouter aussi « Et les mêmes conditions ». - De la terre. Même remarque que plus haut, § 1, sur cette singulière genèse, qui prend la terre pour le principe matériel de toutes choses. - Elle se change en airain. C'est sans doute parce que les métaux se trouvent dans la terre que l'on croyait qu'elle les produit. C'étaient là les théories de l'Antiquité. § 5. Il est fait de cette chose. Aristote forge ici un mot nouveau, que j'ai dû paraphraser. - N'est pas bois, mais il est en bois. L'exemple est fort clair; mais il est assez étrange, bien qu'au fond l'observation soit exacte, - Le coffre n'est pas en terre. Parce que la terre est l'élément dernier du bois; mais c'est le bois et non la terre qui, en puissance, est coffre; en d'autres termes, qui peut devenir coffre. § 6. On est arrivé à la matière première. Comme dans l'exemple précédent, la terre serait la matière première du coffre, parce qu'elle est par supposition l'élément du bois, dont le coffre est fait. Le texte remonte même plus haut dans l'exemple qui suit, et la matière première du coffre serait le feu, d'où vient l'air, qui donne naissance à la terre, comme la terre produit le bois dont le coffre est formé. Il est inutile encore une foie d'insister sur ces bizarres théories, qui, d'ailleurs, ont duré jusqu'au seizième siècle. § 7. C'est que l'un. C'est-à-dire, le sujet. - L'aube. C'est-à-dire, l'universel, le genre ou l'espèce. - C'est l'homme. Homme est encore un terme universel, bien qu'il le soit moins qu'Animal; il aurait mieux valu prendre un terme purement individuel : Socrate, Coriscus, ou tout autre. - De telle ou telle chose. Le texte répète ici le mot forgé que j'ai signalé plus haut, § 4 : « Le coffre est de bois ». § 8. C'est la substance. En d'autres termes, le sujet, qui reçoit les qualités et qui est individuel. Le terme dernier pourrait être appelé aussi le terme premier, selon que l'on commencerait la série par l'individu, en remontant jusqu'à l'universel, on selon que l'on descendrait de l'universel l'individu, comme l'auteur le fait ici. - De déterminer. Il y a des manuscrits qui ont ici une négation; mais le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise ne connaît pas cette négation, et la plupart des éditeurs l'ont repoussée; ce qui ne veut pas dire qu'à un certain point de vue, il ne fût possible de la soutenir. - La matière et les qualités... sont indéterminées. Pour la matière, c'est toujours ainsi qu'Aristote la considère; pour les qualités, comme la blancheur, la rondeur, etc., elles sont indéterminées, en ce sens que ce sont des termes universels, applicables à une foule d'objets, sans être elles-mêmes des objets déterminés au sens réellement individuel. |
CHAPITRE VIII |
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§ 1. D'après ce que nous avons dit plus haut, sur les acceptions diverses du
mot d'Antérieur, on doit bien voir que l'acte est antérieur à la puissance. Et
quand je dis Puissance, je n'entends pas parler uniquement de cette puissance
déterminée que nous avons appelée le principe du changement dans un autre en
tant qu'autre; mais je veux parler, en général, de tout principe quelconque de
mouvement, ou d'inertie. |
§ 1. Plus haut. Voir liv. V, ch. XI, la définition du mot Antérieur, et ses acceptions diverses. - Que nous avons appelée. Voir plus haut, ch. I, § 5. - Ou en tant qu'autre. J'adopte ici la même variante que pour le passage qui vient d'être cité. - De tout principe quelconque. Soit qu'il agisse dans l'individu lui-même, soit qu'il agisse au dehors. § 2. La nature. M. Bonitz cite un passage du Traité du ciel, qui explique bien clairement ce qu'il faut entendre ici par Nature; voir ce traité, liv. IlI, ch. II, § 11, p. 242 de ma traduction. La nature d'un être est le principe intérieur qui peut causer en lui le changement, sans l'intervention d'aucune force extérieure. La puissance est, dans l'être, ce qui peut amener un changement avec le concours du dehors et sur le dehors. Pour la définition du mot de Nature, voir plus haut liv. V, ch. IV. - Pour la raison... substantiellement... sous le rapport du temps. Voilà le trois points de vue qui vont être expliqués dans ce qui suit. § 3. Au point de vue de la raison. Ou « de la notion ». - A ce qui est en état de passer à l'acte. Par conséquent, la notion d'Acte est antérieure à celle de Puissance, puisqu'on ne peut comprendre cette dernière notion que grâce à la première, antérieurement comprise. - La notion... la connaissance. La nuance entre les deux expressions n'est pas assez marquée ; je n'ai pas voulu la marquer davantage dans ma traduction. - La connaissance de l'acte. Le texte grec n'est pas aussi développé. § 4. Sous le rapport du temps. Voir le § 2. - Si ce n'est numériquement. M. Schwegler trouve que ces mots sont peu utiles, et il croit que c'est une interpolation, qu'on pourrait supprimer sans inconvénient. - En fait. Ces mots ne sont pas dans le texte grec, et ce n'est dans ma traduction qu'une paraphrase et une formule, un peu plus claire que la précédente. § 5. L'influence préalable. J'ai ajouté l'épithète, qui me semble ressortir nécessairement du contexte. - Le musicien. On pourrait entendre aussi: « le savant, l'homme instruit ». En d'autres termes, l'instruction reçue suppose toujours quelqu'un qui la donne, et le savant nécessairement vient du savant. § 6. Dans nos études sur la substance. Voir plus haut liv. VII, ch. VII, § 1. - A la cause d'où elle sort. Le texte est moins précis. - D'être constructeur. C'est-à-dire, d'être supposé capable de construire. Il faut que l'artiste ait déjà prouvé son talent par quelque oeuvre, pour qu'on le juge capable d'en produire une nouvelle. - Apprend à en jouer en en jouant. Il semble donc qu'il a déjà ce talent, qu'il cherche à acquérir. § 7. Cette assertion sophistique. MM. Bonitz et Schwegler rappellent avec raison la théorie de la réminiscence dans le Ménon de Platon; voir la traduction de M. Victor Cousin, pp. 173 et suivantes. - Notre Traité du Mouvement. C'est la Physique, liv. VI, ch. X, § 1, p. 379 de ma traduction. § 8. De la génération et du temps... de la substance. Un peu plus haut, § 2, les divisions ne sont pas tout â fait les mêmes; au lieu de la Génération, c'est la Raison, ou la définition. § 9. Postérieurs en génération. C'est-à-dire, « qui se produisent plus tard ». J'ai conservé la formule grecque, bien qu'un peu obscure, parce que let exemples suivants l'éclaircissent complètement. L'homme fait est postérieur en génération à l'enfant, puisque, avant d'arriver à l'âge adulte, il faut d'abord traverser l'enfance. - Par respect. Peut-être vaudrait-il mieux traduire : « par la forme », comme à la fin de la phrase. § 10. Tend, et se dirige. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. - Et la production. Ou « la génération ». - N'est compréhensible. L'expression grecque est un peu plus vague. - Pour avoir la vue. La faculté de la vue est une simple puissance, dont l'acte de la vision est le vrai but. - La faculté de spéculer scientifiquement. Toute cette fin du § cet obscure, et les efforts des commentateurs les plus sagaces n'ont pas réussi à l'éclaircir. Alexandre d'Aphrodise n'est pas à cet égard plus heureux que ses successeurs, et l'explication qu'il donne n'est guère plus satisfaisante. - Qui s'exercent à la spéculation scientifique. J'ai ajouté tout ce développement, qui ne se trouve que très implicitement dans le texte, mais qui m'a paru nécessaire. - Si ce n'est d'une certaine façon. Ou plutôt, comme le dit Alexandre d'Aphrodise, « dans une si faible mesure que cette spéculation est à peu près nulle, en comparaison de la véritable et complète spéculation, â laquelle se livre le savant ». - Pour se livrer à leur étude. J'ai ajouté cos mots, qui me semblent ressortir du commentaire d'Alexandre d'Aphrodise. § 11. Elle est aussi en puissance. La pensée n'est pas assez nettement exprimée. L'auteur veut dire sans doute que, même pour la matière, l'acte est antérieur à la puissance. Il est bien subtil de dire que la forme existe avant la matière; ou alors, on semble retomber dans la théorie platonicienne des Idées. La matière ne reçoit l'existence que de la forme, qui vient se joindre à elle, et la tirer de la simple possibilité, oit elle est comme si elle n'était pas. - Pour toutes les autres choses. L'expression est bien vague, et il aurait fallu la préciser davantage. -Dont la fin propre est un mouvement. Alexandre d'Aphrodise cite l'exemple de la danse, dont la fin est le mouvement, mais où cependant l'acte est encore antérieur à la puissance. Cette interprétation paraît bien peu naturelle. § 12. Aussi, la nature... La pensée n'est pas exprimée d'une manière tout à fait complète; et l'exemple de la nature ne paraît pas suffisamment amené. M. Bonitz comprend que la nature a atteint son but, quand elle a fait un homme doué de toutes ses facultés, sentant, voulant, agissant. - L'Hermès de Pauson. Les manuscrits varient sur le nom de l'artiste, et ils disent Pason on Passon, aussi bien que Pauson; j'ai préféré ce dernier nom, parce qu'il est celui d'un peintre bien connu, qu'Aristote a cité plusieurs fois dans la Politique, liv. V, ch. V, § 7 p. 279 de ma traduction, 3e édition, dans la Poétique, ch. II, § 2, p. 10. Des commentateurs ont cru qu'il s'agissait ici, non d'un peintre comme était Pauson, mais d'un sculpteur: c'est le mot d'Hermès qui sans doute les aura trompés; mais on ne voit pas pourquoi un peintre n'aurait pas pu faire aussi bien qu'un sculpteur, et même mieux, le trompe-l'oeil dont parle Alexandre d'Aphrodise. L'Hermès était fait de telle sorte qu'on ne savait si la statue était sous la pierre ou en dehors de la pierre. Mais ce pouvait être une pierre en peinture et non une pierre réelle; et il semble même que la peinture offrait plus de facilités que la sculpture pour produire un tel effet. Quoi qu'il en puisse être, l'auteur veut dire que, tant que le maître n'a pas constaté la science réelle et actuelle de ses élèves, on ne sait pas positivement s'ils ont la science ou s'ils ne l'ont pas. Mais exprimer ceci en disant que l'on ne sait si la science est dehors ou dedans, c'est tout au moins une formule singulière. - C'est l'oeuvre. Entendez l'oeuvre des élèves, faisant acte de science. § 13. Le mot même d'Acte... Dans notre langue, les mêmes rapprochements de mots peuvent avoir lieu: acte, action, actuel, etc., etc. - La réalisation complète de la chose. Le texte dit en un seul mot : l'Entéléchie. - La fin dernière est l'usage. Voir un passage presque tout à fait semblable dans la Morale à Eudème, liv. VII, ch. XIII, § 1, p. 443 de ma traduction. § 14. Dans le cas de la vision. J'ai cru devoir préciser le texte, qui ne se sert que d'un adverbe indéterminé. - Dans le cas de la maison édifiée. Même remarque. - Est plus marquée que la puissance. Ici encore, ma traduction est plus développée et plus précise que le texte. MM. Schwegler et Bonitz ont remarqué tous deux qu'Alexandre d'Aphrodise avait fait quelque confusion dans ce passage, dont le sens d'ailleurs ne peut être douteux. - Donc.. Ceci peut paraître une répétition peu nécessaire de ce qui précède ; et l'on croirait que c'est une simple glose. D'ailleurs, Alexandre d'Aphrodise a déjà cette phrase dans son exemplaire, et il la commente. - Que le mouvement... C'est la formule générale, dont on vient de citer quelques cas particuliers. § 15. Dans les êtres. L'expression du texte est vague, et j'ai dû la déterminer, d'après les exemples qui suivent. - Exclusivement. J'ai ajouté ce mot, qui me semble ressortir de tout le contexte. - La spéculation. Voir plus haut, § 10. - Comme la vie est dans l'âme. En considérant surtout l'âme comme le principe vital, ainsi que le fait Aristote dans le Traité de l'Âme. - On peut même en dire autant du bonheur. Le bonheur est, en effet, un sentiment tout intime, qui peut très bien ne se manifester par aucun signe extérieur. - Une vie d'un certain genre. C'est peut-être une simple glose. Voir la théorie générale du bonheur dans la Morale à Nicomaque, liv. IX et X. § 16. L'acte est antérieur à la puissance. C'est le principe que l'auteur a essayé d'établir dans tout ce chapitre. - Ainsi que nous l'avons démontré. Voir plus haut, §§ 3 et 4. - Du moteur premier et éternel. Voir sur cette grande théorie, qui est la plus importante de la Métaphysique le liv. XII, ch. VI et chapitres suivants. § 17. De la supériorité de l'acte. Le texte n'est pas tout à fait aussi explicite; mais le sens ne peut être douteux. - Les deux termes de la contradiction. En effet, le possible peut rester à l'état de possible et n'être jamais, tout aussi bien qu'il peut être, en arrivant à l'acte et en se réalisant. Il y a donc, en effet, une alternative. - Appartenir à quoi que ce soit. Il semble qu'il aurait mieux valu dire d'une manière générale et absolue : « Ne peut jamais exister. » § 18. A certains égards... de la qualité ou du lieu. Alexandre d'Aphrodise cite en exemple les deux grands corps de la lune et du soleil. Ainsi, la lune, impérissable et éternelle comme elle l'est, varie cependant en qualité, puisque tantôt elle est pleine et que tantôt elle ne l'est pas. Le soleil varie également de lieu, selon l'astronomie des Anciens ; et cependant il est impérissable et éternel, comme le ciel entier. - Quant aux choses nécessaires. Voir l'Herméneia, ch. XIII, p. 190 et suivantes de ma traduction. - Elles ne peuvent pas non plus être en puissance. L'idée même de nécessaire est contraire à celle de possibilité. § 19. S'il s'agit d'un mouvement éternel. Comme celui des astres dont le ciel est peuplé. Le mouvement est actuel et il est incessant; il n'y a pas lieu en ce cas une simple puissance ; c'est-à-dire, ainsi que je l'ai ajouté dans ma traduction, ce mouvement ne peut pas indifféremment à « être ou n'être pas »; il est éternel et nécessaire. - Si ce n'est pour le point d'où il part. Si c'est bien là la pensée, comme je le crois, l'auteur veut dire que le sens du mouvement pourrait seul varier, mais que le mouvement en lui-même est indéfectible. - Sa matière ne soit en puissance. Le texte n'est pas aussi formel ; mais cette interprétation me semble tout à fait confirmée par le § suivant. - Les philosophes de la nature. Alexandre d'Aphrodise pense qu'Aristote veut designer ici Empédocle et ses partisans. - Ces grands corps ne se fatiguent point. Voir le Traité du Ciel, liv. II, ch. I § 3, p. 116 de ma traduction. - La possibilité de la contradiction. C'est-à-dire qu'ils sont toujours en acte, et qu'ils ne peuvent pas tantôt être et tan tôt n'être point. Les conditions qui leur sont éternellement imposées ne varient pas. § 20. Cette défaillance. C'est-à-dire, la fatigue dont il vient d'être question. - Le mouvement qui les anime. Le mouvement de la terre, c'est uniquement ici de tomber en bas; le mouvement du feu, c'est de s'élever en haut, d'après les théories de physique adoptées par les Anciens. - Quant aux autres puissances. C'est-à-dire, quant aux genres divers de possibilités. - Ce que nous en avons dit. Voir plus haut, ch. II. - L'alternative des contraires. Le texte n'est pas aussi formel. - Où la raison peut intervenir. Plus haut, ch. II, § 1, Aristote a distingué les puissances douées de raison et les puissances irrationnelles ; voir aussi ch. VII, § 2. § 21. Par trop logiques. Alexandre d'Aphrodise comprend que le mot du texte exprime les Mathématiques, plutôt que la Logique. L'interprétation que je donne peut s'appuyer spécialement sur deux passages du liv. Xlll, ch. V, § 8, et ch. VIII, § 18. § 22. Concluons donc. Résumé plus net que la discussion qui l'amène. - Un changement quelconque. Qui fait passer les choses de la puissance à l'acte et réalise leur forme. |
CHAPITRE IX |
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§ 1. L'acte d'une puissance louable et bonne est toujours meilleur et plus
louable qu'elle; voici ce qui le prouve. Tout ce qui n'est qu'à l'état de simple
puissance peut réaliser égarement les contraires. Ainsi, l'être dont on dit
qu'il peut être en santé, est aussi le même être qui peut être malade; et il a
ces deux possibilités à la fois; car c'est une seule et même puissance que celle
de se bien porter ou d'être malade, d'être en repos ou en mouvement, de bâtir la
maison ou de l'abattre, d'être bâtie ou d'être abattue. |
§ 1. Louable et bonne. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. - Qui peut être malade. J'ai admis la légère correction proposée par M. Bonitz ; M. Schwegler l'approuve aussi, quoiqu'il ne l'ait pas admise dans son texte. - Une seule et même puissance. Ou Possibilité. § 2. De pouvoir les contraires. C'est l'expression même du texte. - Il y a donc nécessité. Il ne paraît pas que cette conclusion soit absolument nécessaire d'une manière générale; les deux contraires peuvent être également indifférents ; ni l'un ni l'autre ne sont, ni bien, ni mal. - L'acte est donc au-dessus de la puissance. Il s'agit ici du bien, tandis qu'au contraire l'acte est au-dessous de la puissance quand il s'agit du mal.
§ 3. Quand il s'agit du
mal. Cette restriction justifie l'explication donnée au §
précédent. - Le pouvoir comprend à la fois les deux contraires.
Et par suite, ce qui peut être mal peut aussi être bien, tandis que
le mal, une fois réalisé, n'est plus que le mal. - Des choses
réelles. Le texte dit simplement : « Des choses
».
Il semble que l'on pourrait
en dire autant du bien, puisque ce qui peut être bien peut aussi
être mal. M. Schwegler remarque avec raison que la pensée de ce
passage n'est pas assez claire. - Postérieur. Ou inférieur. -
Les choses de principes. C'est la traduction exacte du
l'expression grecque, qui est également bien vague, quoique la
pensée ne puisse pas être douteuse. § 5. Les choses qui ne sont qu'en puissance. Dans le cas particulier dont il s'agit, ou réalise les choses en faisant les constrictions géométriques qui sont nécessaires à la démonstration. On est en puissance de la solution cherchée; mais pour l'obtenir en fait, il faut tracer les figures qui la font saillir aux yeux de quiconque possède quelques notions de géométrie. - La Puissance vient de l'acte. Le mot de Puissance semble avoir ici un sens un peu différent du sens ordinaire ; et, d'après l'exemple précédent, il paraîtrait que c'est plutôt l'acte qui vient de la puissance. - L'acte considéré numériquement. C'est-à-dire, l'être actuel et particulier ; pour être, il faut d'abord qu'il soit possible. M. Bonitz trouve la dernière proposition bien peu intelligible; et il ne voit pas comment elle se lie à ce qui précède. Je partage tout à fait son avis. |
CHAPITRE X |
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§ 1. Parmi les acceptions
diverses où l'on prend l'Être et le Non-être, exprimés, tantôt selon les formes
des catégories, et tantôt selon la puissance ou l'acte de ces formes, ou selon
les contraires, [1051b]
l'Être, pris dans son acception éminente, c'est le vrai ou le faux. |
§ 1. C'est le vrai ou le faux. Je pense, avec M. Schwegler, contre l'opinion de M. Bonitz, que ce chapitre ne tient pas aux discussions qui le précèdent. Cette théorie sur l'Être et le Non-être, pris pour la vérité ou l'erreur, a été exposée plus haut, liv. VI, ch. II et III . Il ne semble pas qu'il soit utile d'y revenir ici. § 2. A les réunir ou à les diviser. Voir les Catégories, ch. II, § 1, p. 55 de ma traduction. Les mots n'énoncent une vérité, ou une erreur, que quand ils sont combinés entre eux; séparés les uns des autres, ils n'affirment point, et ils ne nient point. - Ce qui est divisé est divisé. C'est le cas de la négation. - Ce qui est réuni est réuni. C'est le cas de l'affirmation. Mais l'on suppose toujours que la pensée et l'énonciation qui l'exprime, sont conformes à la réalité des choses. § 3. Qui sont toujours réunies. Par exemple, la diagonale ou le diamètre est toujours incommensurable à la circonférence ; l'incommensurabilité et le diamètre sont donc toujours réunis. Voir plus bas, § 5. - Être les deux contraires. Par exemple, quelqu'un est assis; et, peu d'instants après, il est debout. § 4. Qui peuvent être ou ne pas être. La plupart de nos actions sont dans ce cas; et une foule de phénomènes naturels y sont aussi. - Et toujours faux. Et a ici le sens de On, comme le remarque M. Bonitz. Voir le Traité de l'Âme, liv. III, ch. VI, § 7, p. 311 de ma traduction. § 5. Qui ne sont pas combinées. Par exemple, les substances particulières et simples, comme les individus que perçoivent nos sens, un homme, un arbre, une pierre, dont on affirme uniquement l'existence, sans y joindre aucun attribut. § 6. Le vrai et te faux ne sont plus... Il n'y a, pour ces cas, ni affirmation ni négation proprement dites ; il n'y a qu'une simple énonciation, désignant la chose par son nom, sans en dire quoi que ce soit. - Percevoir ces choses. Le texte dit expressément : « Toucher » ces choses; j'ai cru devoir prendre une expression plus générale. - L'affirmation et !a simple énonciation. Dans le grec, l'opposition est bien plus marquée, à cause de la composition étymologique des mots. - C'est les ignorer. Ce n'est pas faire une erreur; Aristote distingue l'erreur et l'ignorance, comme il vient de distinguer l'affirmation et l'énonciation simples. - Si ce n'est indirectement. C'est-à-dire, en confondant l'erreur avec l'ignorance. § 7. Absolument de même pour les substances non combinées. Il semble que ceci est une répétition du § 5; car il n'a pas cessé d'être question des substances simples, c'est-à-dire, des substances considérées en elles-mêmes et sans aucun attribut. - Toutes en acte et non pas en puissance. C'est la réalité, le fait, l'acte; ce n'est pas une simple possibilité. - Il devrait tenir de quelque autre être. Comme toute autre espèce de mouvement; ce ne serait plus l'être en soi et pour lui-même. § 8. De chance possible d'erreur. Voir plus haut, § 6. - Mais quant à l'être Un. C'est l'individu, qui est ce qu'il est purement et simplement, sans aucun attribut, et sans aucune addition. - Qui ne ressemble pas d'ailleurs à la cécité. Attendu que la cécité est une privation absolue et irrémédiable, tandis que l'ignorance peut cesser d'un moment à l'autre ou par un acte de volonté, ou par l'effet seul du hasard. § 9. Immobiles. Ou « immuables ». - Erreur de temps. Comme ces choses ne varient pas, on ne peut pas se tromper sur le temps, en croyant que, tantôt elles saut, et tantôt ne sont pas, de telle ou telle façon. - Immobilité. Ou : « Immutabilité », Comme le prouvent les exemples qui suivent. Les figures géométriques et les nombres ont éternellement les mêmes propriétés. - Aucun nombre pair na peut être premier. Puisque tout nombre pair est toujours divisible par deux, et que le nombre premier est indivisible. |
FIN DU LIVRE IX DE LA MÉTAPHYSIQUE. |