Vivre ses passions : l'amour |
L'amour fou |
TIBULLE
: On sait peu de choses sur la vie d'Albius TIBULLUS : il appartenait à
une famille riche qui fut dépouillée d'une partie de ses biens après
Philippes ; il fit deux voyages, l'un en Aquitaine (avec MESSALA CORVINUS
chez qui il connut Horace et Ovide), l'autre en Orient. Tibulle chante surtout l'amour avec ses joies, ses espoirs, ses déceptions, ses souffrances ; il exprime aussi son dégoût pour la vie turbulente, son désir de tranquillité, son goût pour la campagne, sa tristesse face à la mort qui le ravit fort jeune. Son oeuvre comprend 4 livres d'élégies (le Corpus Tibullianum), mais tout n'est pas de lui : le troisième livre est attribué à un certain Lygdamus et le quatrième contient six billets de Sulpicia, la nièce de Messala. Son originalité : l'union de l'amour et de la nature (thème qu'on retrouvera chez J.-J. ROUSSEAU), la sérénité de la vie campagnarde, remède à la maladie d'amour. Autres textes de Tibulle Retour à la table des matières Index général |
Cet amour, qui n'est pas fréquent, que la majorité des hommes n'éprouve jamais, est un amour anarchique et destructeur. |
Et la terre peut bien s'écrouler Peu m'importe, si tu m'aimes Je me fous du monde entier Tant que l'amour inondera mes matins Tant que mon corps frémira sous tes mains Peu m'importe les problèmes Mon amour puisque tu m'aimes J'irai jusqu'au bout du monde Je me ferai teindre en blonde Si tu me le demandais J'irai décrocher la lune J'irai voler la fortune Si tu me le demandais Je renierai ma patrie Je renierai mes amis Si tu me le demandais On peut bien rire de moi Je ferai n'importe quoi Si tu me le demandais Si un jour la vie t'arrache à moi Si tu meurs, que tu sois loin de moi Peu m'importe, si tu m'aimes Alors moi je mourrai aussi Nous aurons pour nous l'éternité Dans le bleu de toute l'immensité Dans le ciel plus de problèmes Mon amour crois-tu qu'on s'aime Dieu réunit ceux qui s'aiment 1. L'Amour tyran Il n'y a pas de petit ou de grand amour, ça n'existe pas. Il y a l'amour passion et l'amour tout court, l'amour tendresse, l'amour amitié, appelez ça comme vous voudrez, celui que l'on éprouve sous des formes variées, à des degrés divers, avec des bas, des hauts, des va, des vient, pour ses parents, ses gosses, ses copains, sa femme très souvent ou son mari. Lâches ou serrés, ces liens-là se chevauchent, s'accompagnent, s'excluent, se complètent, s'épanouissent selon les saisons, les âges de la vie, les circonstances aussi. Tout autre est la passion. Exclusive, jalouse, anthropophage, la passion ne supporte aucune forme de séparation. Si vous le savez heureux, bien portant, occupé, fidèle éventuellement, votre tendresse, dût-elle s'en affliger, se résignera à l'absence prolongée, voire à l'éloignement momentané d'un être cher. Elle s'y fera. La passion elle, en fera une maladie, ce qu'elle est au demeurant. Elle vous empêche de dormir, elle vous fait perdre le boire et le manger. Ce qui la distingue fondamentalement de la tendresse, c'est la souffrance qu'elle entraîne et dont elle se nourrit. Proust a dit tout ça une fois pour toutes. Et pourtant j'ai été très émue d'entendre une dame rencontrée par hasard mardi après-midi sur A2 (Aujourd'hui la vie) nous expliquer ce qu'elle ressentait, ce qu'elle éprouvait pour cet homme, son époux; ils ont plusieurs enfants dont dépende sa vie. Elle s'est ouvert les veines quand elle a su ou cru qu'il avait une aventure. Pourquoi lui ? Elle n'en sait rien. Elle porte en elle une énorme charge affective, explosive, qui s'est branchée sur ce type, mais qui peut très bien, un jour, elle ne s'en cache pas, se fixer sur un autre. Une jeune femme, enfin séparée du père de son gamin, a fini par échapper à cette tyrannie qu'elle exigeait sans même s'en rendre compte. Il en était arrivé à la traiter comme un chien, à la laisser coucher sur son paillasson, derrière la porte verrouillée. Elle s'en sort difficilement. Elle est encore en état de manque. Plus touchant peut-être, le visage caché dans l'ombre d'un homme marié, père de famille, qui évoquait avec une émotion intacte cette course contre la mort, un cancer, qu'ont été ses quelques mois de bonheur torturé auprès de son premier amant, sa seule passion. Il ne lui reste plus à présent que la tendresse en partage. C. SARRAUTE dans Le Monde, 27 janvier 1983. 2. On verra avec profit le film de Woody ALLEN, Intérieurs. |
ab,
prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par adflo, as, are : souffler, souffler sur alius, a, ud : autre, un autre amor, oris, m. : l'amour avitus, a, um : ancestral, paternel bibo, is, ere, bibi, bibitum : boire Circe, is, f. : Circé (magicienne qui métamorphosa les compagnons d'Ulysse, experte en potions magiques) colo, is, ere, colui, cultum : honorer, cultiver, habiter cupidus, a, um : désireux ego, mei : je eo, is, ire, ivi, itum : aller equa, ae, f. : la jument et, conj. : et. adv. aussi etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus gero, is, ere, gessi, gestum : 1. porter 2. exécuter, faire grex, gregis, m. : le troupeau habeo, es, ere, bui, bitum : avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme herba, ae, f. : l'herbe hippomanes, is, n. : l'hippomane (l'humeur que rendent les juments ; elle servait pour les philtres magiques) ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ... imperium, ii, n. : le pouvoir (absolu) indomitus, a, um : indompté, insoumis, rebelle inguen, inis, n. : le bas-ventre, l'aine, le sexe (masculin ou féminin) iubeo, es, ere, iussi, iussum : 1. inviter à, engager à 2. ordonner lar, is, m. : le lare (divinité protectrice de la maison) lex, legis, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité Medea, ae, f. : Médée meus, mea, meum : mon mille, n. pl. ia, ium : mille (milia : quand il s'agit de plusieurs milliers) misceo, es, ere, ui, mixtum : mélanger modo, adv. : seulement ; naguère, il y a peu (modo... modo... tantôt... tantôt...) moneo, es, ere, ui, itum : avertir, engager à Nemesis, is, f. : Némésis nos, nostrum : nous, je placidus, a, um : doux, calme, paisible prosum, prodes, prodesse, profui : être utile, servir quid, 1. Interrogatif neutre de quis : quelle chose?, que?, quoi?. 2. eh quoi! 3. pourquoi? 4. après si, nisi, ne num = aliquid quidem, adv. : certes (ne-) ne pas même quin, inv. : pourquoi ne... pas ?, bien plus, construction des verbe de doute négatifs (non dubito quin) quisquis, quidquid ou quicquid : quiconque quod, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel? sed, conj. : mais sedeo, es, ere, sedi, sessum : 1. être assis 2. siéger 3. séjourner, demeurer sedes, is, f. : le siège, la place si, conj. : si stillo, as, are : tomber goutte à goutte sub, prép. : + Abl. : sous sum, es, esse, fui : être terra, ae, f. : la terre Thessalus, a, um : Thessalien titulus, i, m. : le titre, l'inscription, l'affiche ubi, adv. : où; conj. quand (ubi primum : dès que) vendo, is, ere, didi, ditum : vendre venenum, i, n. : le poison, le venin Venus, neris, f. : Vénus verus, a, um : vrai video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler) vultus, us, m. : le regard, le visage |
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