La science : le rationalisme

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2 - Les limites de la connaissance

a) Scire aut nescire ?

Un stoïcien fonde la réalité du monde sur la perception que lui en fournissent ses sens. Sénèque ne peut admettre le point de vue de ceux qui affirment que le monde perçu par les sens n'est qu'une illusion et que la connaissance est au mieux subjective, au pire impossible...

 

 

SENEQUE : Lucius Annaeus Seneca fut un grand personnage du début de l'Empire; à la fois sénateur, écrivain initiateur d'un style nouveau, et propagateur de l'enseignement stoïcien dans le monde romain, il nous a laissé plusieurs oeuvres très différentes. A la fin de sa vie, entre 62 et 65, il rédigea les Questions naturelles, une compilation des théories élaborées par des Grecs sur des phénomènes naturels tels que comètes, tremblements de terre...

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Comment pouvons-nous être certains de connaître et de ne pas être victimes d'illusions (mirage, rêve, illusion d'optique, erreur de jugement...) ? L'homme est-il capable de connaître ? De connaître tout ? Les penseurs, antiques ou modernes, ont adopté différentes attitudes sur ce sujet :

Protagoras dicit de omni re in utramque partem ex aequo disputari posse.  
Nausiphanes dicit ex his quae videntur esse, nihil magis esse quam non esse.  

Parmenides dicit ex his quae videntur esse, nihil esse, uno excepto universo.
Zenon Eleates dicit nihil esse...
Si Protagorae credo, nihil in rerum natura est nisi dubium; si Nausiphani, hoc unum certum est : nihil certi esse; si Parmenidi, nihil est praeter unum; si Zenoni, ne unum quidem.
Non facile dicam utris magis irascar : illis qui nos nihil scire voluerunt, an illis qui ne hoc quidem nobis reliquerunt : nihil scire !

   vocabulaire

Protagoras dit que sur tout sujet on peut aussi bien défendre le pour que le contre.
Nausiphanes dit que parmi les choses qu'on voit, rien n'a plus de chance d'exister que de ne pas exister.
Parménide dit que parmi les choses qu'on voit rien n'existe excepté l'unique Universel.
Zénon d'Elée dit que rien n'existe...
Si je suis Protagoras, il n'y a rien dans le monde, que le doute; si j'approuve Nausiphanes, il n'y a que cette certitude : il n'y a pas de certitude; selon Parménide, rien n'existe en dehors de l'Universel; pour Zénon, même l'Universel n'existe pas.
Je ne pourrais dire aisément contre lesquels je m'emporte le plus: contre ceux qui ont voulu que nous ne sachions rien, ou contre ceux qui ne nous ont même pas laissé cette aptitude : ne rien savoir !

Sénèque, Lettres,88.

 

Protagoras (Protagoras,ae) : Sophiste originaire d'Abdère (485 - 411). Il enseignait l'art de la persuasion et la technique de l'argumentation en adoptant un point de vue relativiste ("l'homme est la mesure de toute chose").

Nausiphanes (Nausiphanes,is) : Philosophe grec du 4e A.C.N.; disciple de Démocrite, il enseigna l'atomisme à Epicure.

Parmenides (Parmenides,is) : Philosophe grec de l'Ecole d'Elée (vers 540 - vers 450). Adversaire de la physique évolutive des Ioniens, il n'accorde l'existence qu'à une réalité éternelle et unique (Unum). Il influencera l'idéalisme platonicien.

Zenon (Zenon,onis) Eleates (Eleates,is) : Zénon d'Elée (Vélia en Italie du sud) vécut au 5ème et fut le disciple de Parménide.Il voulut démontrer l'impossibilité de la multiplicité de la réalité prônée par les Ioniens et les Pythagoriciens en montrant les contradictions qu'elle induit lorsqu'on l'applique à l'explication du mouvement.(cf. les apories de Zénon : Achille et de la tortue; la flèche).  

Les domaines de la connaissance.

* La connaissance de ce qui existe nous est fournie par le témoignage de nos sens (qui sont fiables) : c'est le sensualisme.

* Les sens nous trompent (illusion). La connaissance est une construction de l'esprit;

elle ne peut donc porter que sur des concepts, sur des idées : c'est l'idéalisme.

Le statut de la connaissance.

Pouvons-nous atteindre la connaissance ?

- On peut le nier absolument : scepticisme (on ne peut rien savoir).

- On peut admettre un minimum de vraisemblances : probabilisme (on admet sous réserve, pour pouvoir agir).

- On peut admettre un ensemble de vérités énoncées par une Autorité : dogmatisme (ille dixit).

aequus, a, um : égal, équitable (aequum est : il convient) (ex aequo : à égalité)
an
, conj. : est-ce que, si (int. ind.), ou (int. double)
certus, a, um
: 1. séparé 2. certain, sûr, dont on ne doute pas, avéré, clair, manifeste 3. arrêté, décidé, résolu (en parl. des choses); qui a pris une résolution (en parl. des personnes) 4. déterminé, fixé; qqf. un certain, quelque 5. sûr, digne de confiance, certain, solide, ferme, régulier, assuré, honnête 6.sûr de, certain de, informé de (en parl. des personnes)
credo, is, ere, didi, ditum
: I. 1. confier en prêt 2. tenir pour vrai 3. croire II. avoir confiance, se fier
de
, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
dico, is, ere, dixi, dictum
: dire, appeler
disputo, as, are
: raisonner, argumenter
dubius, a, um
: douteux (dubium, i, n. : le doute)
Eleates, ae
, m. : d'Elée
ex
, prép. : + Abl. : hors de, de
excipio, is, ere, cepi, ceptum
: 1. retirer de, excepter, stipuler expressément 2. accueillir, recevoir (une nouvelle)
facile
, adv. : facilement

hic, haec, hoc
: adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
ille, illa, illud
: adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
in
, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
irascor, eris, i, iratus sum
: se mettre en colère
magis
, adv. : plus
natura, ae
, f. : la nature
Nausiphanes, is
, m. : Nausiphane (Philosophe grec)
ne
, 1. adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; 2. conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté) 3. adv. d'affirmation : assurément 4. interrogatif : est-ce que, si
nihil
, indéfini : rien
nisi
, conj. : si... ne... pas ; excepté
non
, neg. : ne...pas

nos, nostrum
: nous, je
omnis, e
: tout
Parmenides, is
, m. : Parmènide
pars, partis
, f. : la partie, le côté
possum, potes, posse, potui
: pouvoir
praeter
, adv. : sauf, si ce n'est prép. : devant, le long de, au-delà de, excepté
Protagoras, ae
, m. : Protagoras
quae
, 4 possibilités : 1. nominatif féminin singulier, nominatif féminin pluriel, nominatif ou accusatif neutres pluriels du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quam
, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
qui
, 1. nominatif masculin singulier ou nominatif masculin pluriel du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quidem
, adv. : certes (ne-) ne pas même
relinquo, is, ere, reliqui, relictum
: laisser, abandonner

res, rei
, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
scio, is, ire, scivi, scitum
: savoir
si
, conj. : si
sum, es, esse, fui
: être
uniuersus, a, um
: tout entier

unus, a, um
: un seul, un
uter, tra, trum
: lequel des deux ?, l'un des deux
video, es, ere, vidi, visum
: voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler)
volo, vis, velle
: vouloir

Zenon, onis
, m. : Zénon
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