La science : genèse d'une théorie

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I - La révolution copernicienne.

5° - Témoignage : un esprit curieux

SENEQUE : Lucius Annaeus Seneca fut un grand personnage du début de l'Empire; à la fois sénateur, écrivain initiateur d'un style nouveau, et propagateur de l'enseignement stoïcien dans le monde romain, il nous a laissé plusieurs oeuvres très différentes. A la fin de sa vie, entre 62 et 65, il rédigea les Questions naturelles, une compilation des théories élaborées par des Grecs sur des phénomènes naturels tels que comètes, tremblements de terre...

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Beaucoup de gens craignent l'apparition de comètes dont ils guettent le lever et le coucher. Les comètes sont-elles des phénomènes qui apparaissent pour fournir aux humains des présages, ou s'agit-il de corps semblables aux planètes dont le retour est périodique ?

Illo quoque pertinebit haec excussisse ut sciamus utrum mundus, terra stante, circumeat an, mundo stante, terra vertatur. Fuerunt enim qui dicerent nos esse quos rerum natura nescientes ferat, nec caeli motu fieri ortus et occasus, nos ipsos oriri et occidere. Digna res contemplatione, ut sciamus in quo rerum statu simus, pigerrimam sortiti an velocissimam sedem, circa nos deus omnia an nos agat.

   vocabulaire

De plus, il sera intéressant d'avoir remué ces questions pour que nous sachions si c'est le monde qui tourne alors que la Terre reste en place, ou si c'est la Terre qui tourne alors que le monde reste immobile. En effet, il s'est trouvé des gens pour affirmer que c'est nous que transportent, à notre insu, les éléments naturels, et que ce n'est pas un mouvement du ciel qui produit les levers et couchers (astronomiques), mais que c'est nous qui nous levons et nous couchons. Le sujet est digne de la réflexion pour que nous sachions quelle est notre situation : avons-nous hérité d'un siège inerte ou très rapide ? Est-ce autour de nous que la Divinité fait tout avancer, ou est-ce nous qu'elle pousse ?

SÉNÈQUE, Questions Naturelles, VII,3.

* Les Questions naturelles ont été rédigées entre 62 et 65. En faisant le point sur les comètes, Sénèque parle incidemment des deux représentations de l'Univers conçues par des Grecs. Remarquons que fidèle à la méthode antique, il cite de mémoire, sans mention de ses sources, ni des créateurs de ces systèmes.

* Le stoïcisme est un système panthéiste : la Nature est à la fois matière (passive) et moteur (actif). C'est ce que désignent les termes rerum natura et deus.

* Le style de Sénèque est caractéristique : très dense et très nerveux. Notons aussi que Sénèque n'utilise pas encore de terminologie scientifique.

Textes parallèles.

Plutarque, Sur ce qui plaît aux philosophes, 806 (100 P.C.N.)

Pour les autres la Terre est immobile. Pour Philolaos le Pythagoricien, elle se déplace sur un cercle autour du feu, exactement comme le Soleil et la Lune. Héraclide du Pont et Ecphante le Pythagoricien font bouger la Terre, non d'une manière erratique, mais comme une roue qui, du Couchant au Levant, tourne autour de son centre.

Plutarque, Sur la face visible de la Lune, 923. (100 P.C.N.)

Ne nous poursuivez pas en justice pour impiété comme les Grecs auraient dû le faire, de l'avis de Cléanthe, pour Aristarque le Samien : il troublait le foyer du monde, car il pensait sauver les apparences en assurant que le ciel est immobile tandis que la Terre accomplit une révolution autour de l'écliptique tout en tournant sur son propre axe...

Notons l'évolution des idées : le souci de "sauver les apparences", c'est-à-dire d'établir une concordance entre observations et représentations théoriques, s'impose au début de notre ère, au fur et à mesure que s'affine la précision des mesures astronomiques .

Montaigne, Essais, II, Chap. 12. (composés entre 1572 et 1588)

Le ciel et les estoiles ont branlé trois mille ans; tout le monde l'avait ainsi cru jusques à ce que Cléanthe le Samien, ou, selon Théophraste, Nicetas le Syracusien s'avisa (sic) de maintenir que c'estoit la Terre qui se mouvait par le cercle oblique du Zodiaque tournant à l'entour de son essieu; et, de notre temps, Copernicus a si bien fondé cette doctrine qu'il s'en sert très réglément à toutes les conséquences astronomiques.

Montaigne tire du changement de paradigme astronomique un argument qui conforte son scepticisme.

ago, is, ere, egi, actum : 1. mettre en mouvement, pousser 2. faire, traiter, agir
an
, conj. : est-ce que, si (int. ind.), ou (int. double)
caelum, i
, n. : le ciel
circa
, prép + acc. : autour de
circumeo, is, ire, ii, itum
: entourer, faire le tour de
contemplatio, ionis
, f. : l'action de regarder attentivement, la contemplation
deus, i,
m. : le dieu
dico, is, ere, dixi, dictum
: dire, appeler
dignus, a, um
: digne
enim
, conj. : car, en effet
et
, conj. : et. adv. aussi
excutio, is, ere, cussi, cussum
: faire sortir violemment en secouant, secouer, arracher, dépouiller; scruter, examiner
fero, fers, ferre, tuli, latum
: porter, supporter, rapporter
fio, is, fieri, factus sum
: devenir
hic, haec, hoc
: adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
ille, illa, illud
: adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
in
, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
ipse, a, um
: (moi, toi, lui,...) même
motus, us
, m. : 1.le mouvement 2. le mouvement de l'âme 3. le mouvement de foule
mundus, i
, m. : le monde, le firmament; les objets de toilettes, les ornements, les instruments (mundus, a, um : propre)
natura, ae,
f. : la nature
nec
, adv. : et...ne...pas
nescio, is, ire, ivi, itum
: ignorer
nos, nostrum
: nous, je
occasus, us
, m. : le coucher (du soleil)
occido, is, ere, occidi, occisum
: I. 1. tomber à terre 2. succomber, périr 3. se coucher II. couper, mettre en morceaux, tuer
omnis,
e : tout
orior, iris, iri, ortus sum
: naître, tirer son origine, se lever (soleil)
ortus, us
, m. : le lever, la naissance, l'origine
pertineo, is, ere, tinui
: s’étendre jusqu’à (ad et acc.) ; appartenir à, concerner; + infinitif : il est important, pertinent de
pigerrimus, a, um
: superlatif de piger, gra, grum : paresseux, inerte
qui
, 1. nominatif masculin singulier ou nominatif masculin pluriel du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quo
, 1. Abl. M. ou N. du pronom relatif. 2. Abl. M. ou N. du pronom ou de l'adjectif interrogatif. 3. Faux relatif = et eo. 4. Après si, nisi, ne, num = aliquo. 5. Adv. =où ? (avec changement de lieu) 6. suivi d'un comparatif = d'autant 7. conj. : pour que par là
quoque
, adv. : aussi
quos
, 1. accusatif masculin pluriel du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliquos. 4. faux relatif = et eos
res, rei
, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
scio, is, ire, scivi, scitum
: savoir
sedes, is
, f. : le siège, la place
sortior, iris, iri, itus sum
: tirer au sort, choisir par le sort,
status, us
, m. : l'attitude, la position, la forme de gouvernement, le bon état
sto, as, are, steti, statum
: se tenir debout
sum, es, esse, fui
: être
terra, ae
, f. : la terre
ut
, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
uter, tra, trum
: lequel des deux ?, l'un des deux
velocissimus, a, um
: superlatif de velox, ocis : rapide
verto, is, ere, verti, versum
: tourner, changer, traduire
texte
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