Πολυβε, traduit par félix Bouchot Tome III

POLYBE

HISTOIRE GÉRALE

TOME SECOND : LIVRE VΙII.

Traduction française : Félix BOUCHOT.

LIVRE VII -LIVRE ΙΧ

Autre Traduction : DOM THUILLIER.

 

 

 

 

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HISTOIRE GÉNÉRALE.

LIVRE VIII.

SOMMAIRE.

I-III. Quand doit-on blâmer un homme d'avoir donné dans une embûche? — III-V. Acharnement de Rome et de Carthage. —V, VI. Marcellus et Appius assiègent Syracuse. — VI, VII. Sambuque. — VII-IX. Archimède. Machines à l'aide desquelles il combat les Romains. — IX, X. Les généraux romains renoncent à emporter d'assaut Syracuse, et changent le siège en blocus. — Χ, XI. Philippe en Messénie. Pourquoi l'auteur insiste sur les perfidies et les cruautés de ce prince. — Xl-XIV. Digression sur Théopompe. Langage indigne de cet historien à l'égard de Philippe, père d'Alexandre. Ses contradictions.— XIV, XV. Aratus meurt empoisonné. Taurion, agent de Philippe. — XVI-XVIII. Philippe s'empare de Lisse, de l'Acrolisse, au moyen d'un stratagème. — XVIII-XXV. Siège de la citadelle de Sardes. Achéus est livré à Antiochus par trahison. Bolis. Cambyle. — XXV, XXVI. Clémence d'Antiochus envers Xerxès, roi d'Armozate. — XXVI-XXXI. Tarente, aigrie contre les Romains, songe a se livrer aux Carthaginois. — XXXI-XXXVII. Comment Annibal est introduit dans Tarente. Philémène. Nicon. Mesures prises par Annibal en faveur des Tarentins et contre les Romains. Ceux-ci se réfugient dans la citadelle. Les Tarentins élèvent entre la citadelle et leur ville, sur le conseil d'Annibal, de redoutables retranchements, et établissent une communication nouvelle avec la mer, que leur fermait l'ennemi, maître du port. — XXXVII, XXXVIII. Mort de Tibérius. Prise de Syracuse. Les deux Scipion tués en Espagne. — XXXVIII. Fragments.

 


 

 

Ex Prooemio

 

 

I. Οὕτως οἱ πλείους τῶν ἀνθρώπων τὸ κουφότατον ἥκιστα φέρειν δύνανται, λέγω δὲ τὴν σιωπήν. [Cod. urb. fol. 102 med. margo; v. Liv. XXIV, 24, 2.]

1 a. [1] Περὶ δὲ τῶν τοιούτων περιπετειῶν πότερα χρῆ τοῖς πάσχουσιν ἐπιτιμᾷν, ἢ συγγνώμην ἔχειν, καθόλου μὲν οὐκ ἀσφαλὲς ἀποφήνασθαι, διὰ τὸ καὶ πλείους, τὰ κατὰ λόγον πάντα πράξαντας, ὅμως ὑποχειρίους γεγονέναι τοῖς ἑτοίμως τὰ παρ' ἀνθρώποις ὡρισμένα δίκαια παραβαίνουσιν. [2] Οὐ μὴν οὐδ' αὐτόθεν ἀποστατέον τῆς ἀποφάσεως ἀργῶς· ἀλλὰ, βλέποντα πρὸς τοὺς καιροὺς καὶ τὰς περιστάσεις, οἷς μὲν ἐπιτιμητέον τῶν ἡγεμόνων, οἷς δὲ συγγνώμην δοτέον. Ἔσται δὲ τὸ λεγόμενον δῆλον ἐκ τούτων. [3] Ἀρχίδαμος, ὁ τῶν Λακεδαιμονίων βασιλεὺς, ὑπιδόμενος τὴν Κλεομένους φιλαρχίαν, ἔφυγεν ἐκ τῆς Σπάρτης· μετ' οὐ πολὺ δὲ πάλιν πεισθεὶς, ἐνεχείρισεν ἑαυτὸν τῷ προειρημένῳ. [4] Τοιγαροῦν ἅμα τῆς ἀρχής καὶ τοῦ βίου στερηθεὶς, οὐδ' ἀπολογίαν αὑτῷ κατέλιπε πρὸς τοὺς ἐπιγιγνομενους. [5]  Τῆς γὰρ ὑποθέσεως τῆς αὐτῆς μενούσης, τῆς δὲ Κλεομένους φιλαρχίας καὶ δυναστείας ἐπηυξημένης, ὁ τούτοις ἐγχειρίσας αὐτὸν, οὓς φυγὼν πρότερον, ἔτυχε παραδόξως τῆς σωτηρίας, πῶς οὐκ εὐλόγως ἔμελλε τοῖς προειρημένοις ἐγκυρήσειν; [6]  Καὶ μὴν Πελοπίδας ὁ Θηβαῖος, εἰδὼς τὴν Ἀλεξάνδρου τοῦ τυράννου παρανομίαν, καὶ σαφῶς γινώσκων, ὅτι πᾶς τύραννος πολεμιωτάτους αὐτῷ νομίζει τοὺς τῆς ἐλευθερίας προεστῶτας, αὐτὸς οὐ μόνον τῆς Θηβαίων, ἀλλὰ καὶ τῆς τῶν Ἑλλήνων δημοκρατίας ἔπειθεν Ἐπαμεινώνδαν προεστάναι· [7] καὶ παρὼν εἰς Θετταλίαν πολέμιος ἐπὶ καταλύσει τῆς Ἀλεξάνδρου μοναρχίας, πρεσβεύειν πρὸς τοῦτον ὑπέμεινε δεύτερον. [8] Τοιγαροῦν γενόμενος ὑποχείριος τοῖς ἔχθροϊς, ἔβλαψε μὲν Θηβαίους μεγάλα, κατέλυσε δὲ τὴν αὐτῷ προγεγενημένην δόξαν, εἰκῇ καὶ ἀκρίτως πιστεύσας οἷς ἥκιστ' ἐχρῆν. [9] Παραπλήσια δὲ τούτοις καὶ Γνάϊος ὁ Ῥωμαίων στρατηγὸς ἔπαθε κατὰ τὸν Σικελικὰ πόλεμον, ἀλόγως αὑτὸν )ἐγχειρίσας τοῖς πολεμίοις· ὁμοίως δὲ καὶ πλείους ἕτεροι.

II. [1] Διὸ καὶ τοῖς μὲν ἀσκέπτως ἑαυτοὺς ἐγχειρίζουσι τοῖς ὑπεναντίοις ἐπιτιμητέον τοῖς δὲ τὴν ἐνδεχομένην  πρόνοιαν ποιουμένοις οὐκ ἐγκλητέον. [2] Τὸ μὲν γὰρ μηδενὶ πιστεύειν εἰς τέλος, ἄίπρακτον· τὸ δὲ, λαβόντα τὰς ἐνδεχομένας πίστεις, πράττειν τὸ κατὰ λόγον, άνεπιτίμητον. [3] Εἰσὶ δ' ἐνδεχόμεναι πίστεις, ὅρκοι, τέκνα, γυναίκες , ὁ μέγιστον, ὁ προγεγονὼς βίος. [4] Καὶ τὸ διὰ τῶν τοιούτων ἀλογηθῆναι καὶ περιπεσεῖιν, οὐ τῶν πασχόντων, ἀλλὰ τῶν πραξάντων ἐστὶν ἔγχλημα. [5] Διὸ καὶ μάλιστα μὲν τὰς τοιαύτας ζητεῖν πίστεις δεῖ, δι' ὧν ὁ πίστεις οὐ δυνήσεται τὴν πίστιν ἀθετεῖν. [6] Ἐπεὶ δὲ σπάνιον εὑρεῖν ἐστι τὸ τοιοῦτον· δεύτερος ἂν εἴη πλοῦς τὸ τῶν καὰά λόγον φροντίζειν, ἵνα, ἄν που καὶ σφαλλώμεθα, τῆς παρὰ τοῖς ἐκτὸς συγγνώμης μὴ διαμαρτάνωμεν. [7] Ὁ καὶ περὶ πλείους μὲν δὴ γεγένηται τῶν πρότερον ἐναργέστατον δ' ἔσται, καὶ τοῖς καιροῖς ἔγγιστον τοῖς ὑπὲρ ὧν ὁ νῦν δὴ λόγος ἐνέστηκε, τὸ κατ' Ἀχαιὸν συμβάν. [8] Ὃς, οὐδὲν τῶν ἐνδεχομένων πρὸς εὐλάβειαν καὶ πρὸς ἀσφάλειαν παραλιπὼν, ἀλλ' ὑπὲρ ἁπάντων προνοηθεὶς, ἐφ ὅσον ἀνθρωπινὴ γνώμη δυνατὸν ἦν, ὅμως ἐγένετο τοῖς ἐχθροῖς ὑποχείριος. [9] Τό γε μὴν συμβὰν ἔλεον μ`ρν τῷ παθντι κάὶ συγγνώμην ἀπειργάσατο παρὰ τοῖς ἐκτὸς, διαβολὴν δὲ καὶ μῖσος τοῖς πράξασιν.
 

 

 

 

(01) Suite de la guerre punique. — Troubles en Sicile, après la mort d'Hiéronyme. — Andranodore, tuteur de ce prince, aspire à la tyrannie, à l'instigation de sa femme ; mais il confie son secret à un acteur, nommé Ariston, qui le dénonce : c'est ainsi, dit Polybe, que)

I. La plupart des hommes ne savent pas s'assujettir à ce qu'il y a de plus facile, le silence.

( Andranadore est tué, de là peut-être la digression qui suit (2) )

l a. [1] Prononcer d'une manière absolue s'il faut, dans ces accidents, blâmer ceux qui en sont victimes ou les excuser est chose embarrassante, à cause du grand nombre d'hommes qu'on voit tomber au pouvoir de scélérats pour qui rien n'est sacré, après avoir cependant pris contre eux toutes les mesures nécessaires. [2] Ce n'est pas qu'on doive s'abstenir timidement de toute conclusion, mais il est juste de tenir compte des circonstances et des temps, avant de savoir s'il est bon de critiquer ces malheureux chefs ou de leur pardonner. Quelques exemples prouveront mieux cette vérité. [3] Archidamus, roi de Lacédémone, sur le soupçon des desseins ambitieux de Cléomène, quitta Sparte : et bientôt, cédant à quelques prières, vint se remettre entre les mains du prince. [4] Privé à la fois et du trône et de la vie, il périt sans excuse pour lui-même aux yeux de la postérité. [5] La situation était toujours la même, l'ambition et la puissance de Cléomène avaient grandi ; dès qu'il se livrait à ceux qu'il avait fuis auparavant et auxquels il n'avait échappé que par miracle, ne devait-il pas évidemment rencontrer le sort qu'il subit? [6] Pélopidas encore, qui connaissait la perversité du tyran Alexandre et savait que tout tyran a pour ennemis naturels les défenseurs de la liberté, qui avait plus d'une fois conseillé à Épaminondas de se constituer le protecteur non-seulement de l'indépendance de Thèbes, mais aussi de la Grèce entière, ne craignit pas, [7] après s'être présenté en ennemi dans la Thessalie afin de renverser Alexandre, de s'y rendre comme ambassadeur. [8] Prisonnier pour s'être témérairement confié à des hommes qu'il devait surtout éviter, il fit grand tort aux Thébains et effaça sa gloire passée. Cnéus éprouva le même sort dans là guerre de Sicile, parce qu'il s'était, sans raison, mis entre les mains des ennemis : on pourrait encore citer mille autres noms.

II. [1] Blâmons donc ceux qui se livrent à leurs adversaires au hasard : mais n'accusons point quiconque prend toutes les précautions possibles. [2] Ne vouloir se fier à personne, o'est se réduire à l'impuissance, et quand c'est après avoir reçu les garanties nécessaires qu'on accorde sa confiance, on ne doit pas encourir de blâme. [3] Les garanties valables sont les enfants, les femmes et surtout les antécédents de ceux à qui on s'adresse. [4] Lorsque malgré ces garanties on est trompé, déçu, la faute retombe non plus sur les victimes, mais sur les auteurs de la trahison. [5] Il faut donc d'abord prendre de telles assurances que celui qui les donne ne puisse manquer à sa parole. [6] Mais comme il est rare d'en rencontrer qui soient aussi solides, la seconde précaution à suivre est de bien calculer toutes les chances, afin que, si nous sommes encore frustrée dans notre espoir, nous obtenions au moins grâce auprès d'autrui. [7] Déjà plus d'un fait de ce genre s'est offert à nos yeux dans le passé, mais il en est un encore plus frappant et qui appartient à l'époque dont nous parlons : je veux dire le malheur d'Achéus. [8] Loin de négliger aucune des mesures nécessaires pouf sa sécurité et son repos, Achéus avait porté la prudence aussi loin que peut aller la sagesse humaine, et cependant il devint la proie de ses ennemis. [9] Mais, disons-le, son infortune lui mérita partout pitié et pardon, et aux traîtres qui le vendirent malédiction et haine.

 

 

III. [1] Οὐκ ἀλλότριον εἶναί μοι δοκεῖ τῆς ὅλης ἡμῶν ἐπιβολῆς καὶ τῆς ἐν ἀρχαῖς προθέσεως συνεπιστῆσαι τοὺς ἀκούοντας ἐπὶ τὸ μεγαλεῖον τῶν πράξεων καὶ τὸ φιλότιμον τῆς ἑκατέρου τοῦ πολιτεύματος προαιρέσεως, λέγω δὲ τοῦ Ῥωμαίων καὶ Καρχηδονίων. [2] Τίς γὰρ οὐκ ἂν ἐπισημήναιτο πῶς τηλικοῦτον μὲν πόλεμον συνεσταμένοι περὶ τῶν κατὰ τὴν Ἰταλίαν πραγμάτων, οὐκ ἐλάττω δὲ τούτου περὶ τῶν κατὰ τὴν Ἰβηρίαν, ἀκμὴν δὲ περὶ τούτων ἀδήλους μὲν ἔχοντες ἐπ᾽ ἴσον ἀμφότεροι τὰς ὑπὲρ τοῦ μέλλοντος ἐλπίδας, ἐφαμίλλους δὲ τοὺς κατὰ τὸ παρὸν ἐνεστῶτας κινδύνους, [3] ὅμως οὐκ ἠρκοῦντο ταῖς προκειμέναις ἐπιβολαῖς, ἀλλὰ καὶ περὶ Σαρδόνος καὶ Σικελίας ἠμφισβήτουν. ... καὶ πάντα περιελάμβανον, οὐ μόνον ταῖς ἐλπίσιν, ἀλλὰ καὶ ταῖς χορηγίαις καὶ ταῖς παρασκευαῖς; [4] ὃ καὶ μάλιστ᾽ ἄν τις εἰς τὸ κατὰ μέρος ἐμβλέψας θαυμάσειε. Δύο μὲν γὰρ Ῥωμαίοις κατὰ τὴν Ἰταλίαν μετὰ τῶν ὑπάτων ἐντελῆ προεκάθητο στρατόπεδα, δύο δὲ κατὰ τὴν Ἰβηρίαν, ὧν τὸ μὲν πεζὸν Γνάϊος εἶχε, τὸ δὲ ναυτικὸν Πόπλιος. [5] Οἰκείως δὲ ταῦτα συνέβαινε γίνεσθαι καὶ παρὰ Καρχηδονίοις. [6] Καὶ μὴν τοῖς κατὰ τὴν Ἑλλάδα τόποις ἐφώρμει καὶ ταῖς ἐπιβολαῖς τοῦ Φιλίππου στόλος, ἐφ᾽ οὗ τὸ μὲν πρῶτον Μάρκος Οὐαλέριος, μετὰ δὲ ταῦτα Πόπλιος ἐπέπλει Σουλπίκιος. [7] Ἅμα δὲ τούτοις Ἄππιος μὲν ἑκατὸν πεντηρικοῖς σκάφεσι, Μάρκος δὲ Κλαύδιος πεζικὰς ἔχων δυνάμεις, ἐφήδρευε τοῖς κατὰ τὴν Σικελίαν. [8] Τὸ δ᾽ αὐτὸ τοῦτ᾽ Ἀμίλκας ἐποίει παρὰ Καρχηδονίοις.

IV. [1] Δι᾽ ὧν ὑπολαμβάνω τὸ πολλάκις ἐν ἀρχαῖς ἡμῖν τῆς πραγματείας εἰρημένον νῦν δι᾽ αὐτῶν τῶν ἔργων ἀληθινὴν λαμβάνειν πίστιν. [2] Τοῦτο δ᾽ ἦν ὡς οὐχ οἷόν τε διὰ τῶν τὰς κατὰ μέρος ἱστορίας γραφόντων συνθεάσασθαι τὴν τῶν ὅλων οἰκονομίαν. [3] Πῶς γὰρ ἐνδέχεται ψιλῶς αὐτὰς καθ᾽ αὑτὰς ἀναγνόντα τὰς Σικελικὰς ἢ τὰς Ἰβηρικὰς πράξεις, γνῶναι καὶ μαθεῖν ἢ τὸ μέγεθος τῶν γεγονότων ἢ τὸ συνέχον, τίνι τρόπῳ καὶ τίνι γένει πολιτείας τὸ παραδοξότατον καθ᾽ ἡμᾶς ἔργον ἡ τύχη συνετέλεσε; [4] τοῦτο δ᾽ ἔστι τὸ πάντα τὰ γνωριζόμενα μέρη τῆς οἰκουμένης ὑπὸ μίαν ἀρχὴν καὶ δυναστείαν ἀγαγεῖν, ὃ πρότερον οὐχ εὑρίσκεται γεγονός. [5] Πῶς μὲν γὰρ εἷλον Συρακούσας Ῥωμαῖοι καὶ πῶς Ἰβηρίαν κατέσχον, οὐκ ἀδύνατον καὶ διὰ τῶν κατὰ μέρος ἐπὶ ποσὸν γνῶναι συντάξεων. [6] πῶς δὲ τῆς ἁπάντων ἡγεμονίας καθίκοντο, καὶ τί πρὸς τὰς ὁλοσχερεῖς αὐτοῖς ἐπιβολὰς τῶν κατὰ μέρος ἀντέπραξε, καὶ τί πάλιν καὶ κατὰ τίνας καιροὺς συνήργησε, δυσχερὲς καταλαβεῖν ἄνευ τῆς καθόλου τῶν πράξεων ἱστορίας. [7] Οὐ μὴν τὸ μέγεθος τῶν ἔργων οὐδὲ τὴν τοῦ πολιτεύματος δύναμιν εὐμαρὲς κατανοῆσαι διὰ τὰς αὐτὰς αἰτίας. [8] Τὸ γὰρ ἀντιποιήσασθαι Ῥωμαίους Ἰβηρίας ἢ πάλιν Σικελίας, καὶ στρατεῦσαι πεζικαῖς καὶ ναυτικαῖς δυνάμεσιν, αὐτὸ καθ᾽ αὑτὸ λεγόμενον οὐκ ἂν εἴη θαυμαστόν. [9] Ἅμα δὲ τούτων συμβαινόντων καὶ πολλαπλασίων ἄλλων κατὰ τὸν αὐτὸν καιρὸν ἐπιτελουμένων ἐκ τῆς αὐτῆς ἀρχῆς καὶ πολιτείας, καὶ θεωρουμένων ὁμοῦ τούτοις τῶν κατὰ τὴν ἰδίαν χώραν ὑπαρχουσῶν περιστάσεων καὶ πολέμων περὶ τοὺς ἅπαντα τὰ προειρημένα χειρίζοντας, [10] οὕτως ἂν εἴη μόνως σαφῆ τὰ γεγονότα καὶ θαυμαστὰ καὶ μάλιστ᾽ ἂν οὕτως τυγχάνοι τῆς ἁρμοζούσης ἐπιστάσεως. [11] Ταῦτα μὲν οὖν ἡμῖν εἰρήσθω πρὸς τοὺς ὑπολαμβάνοντας διὰ τῆς τῶν κατὰ μέρος συντάξεως ἐμπειρίαν ποιήσασθαι τῆς καθολικῆς καὶ κοινῆς ἱστορίας. [Cod. Urb. fol. 102 exc. ant. p. 196.]

(Retour en Sicile. — Marcellus est envoyé dans cette province. — Réflexions générales sur la constance des deux républiques en cette lutte.)

III. [1]  Il n'est pas, ce me semble, en dehors de notre sujet et du plan général que nous nous sommes tout d'abord tracé, d'appeler l'attention du lecteur sur la grandeur des événements que Rome et Carthage accomplirent alors, et sur l'invincible fermeté qu'elles montrèrent à l'envi. [2] N'est-ce pas merveille, en effet, de voir ces peuples, qui avaient à soutenir une guerre pour l'empire de l'Italie et une autre, non moins lourde, pour l'Espagne ; qui tous deux étaient incertains sur l'issue de cette lutte, et qui jusque-là avaient dans les combats passé par des chances diverses, se disputer, [3] comme si ces embarras ne leur suffisaient pas, la Sardaigne et la Sicile, et ne point se borner à de vaines espérances, mais multiplier les préparatifs qui pouvaient en assurer le succès? [4] Si l'on entre dans les détails, l'admiration redouble encore. Deux armées au grand complet sous les ordres des consuls protégeaient Rome en Italie, deux autres étaient en Espagne, celle de terre sous le commandement de Cnéus, celle de mer sous celui de Publius. [5] Même déploiement de forces chez les Carthaginois. [6] En outre, une flotte mouillée sur les côtes de la Grèce observait les démarches de Philippe ; Marcus Valérius et Publius Sulpicius y furent successivement attachés. [8] Enfin Appius, à la tête de cent quiu-quérèmes, et Marcus Claudius, des troupes de terre, veillaient sur la Sicile. Amilcar en faisait autant pour Carthage.

IV. [1] La vérité que plus d'une fois j'ai répétée au commencement de mon histoire, trouve ainsi, je l'espère, dans ces faits mêmes, une éclatante confirmation. [2] Cette vérité, c'est qu'il est impossible de voir, avec le seul secours d'une histoire partielle, la suite et l'économie générale des événements. [3] Comment, en lisant le récit isolé des faits accomplis en Sicile et en Espagne, en connaître ou même en concevoir la grandeur? [4] Comment (et quelle intéressante question !) savoir par quel moyen, par quelle conduite la fortune a pu accomplir la plus étonnante merveille de nos jours, c'est-à-dire  amener sous les lois, sous l'empire d'un seul peuple, toutes les nations connues du monde, fusion jusqu'alors inconnue? [5] On peut, avec une histoire partielle, apprendre jusqu'à un certain point de quelle manière Syracuse fut prise et l'Espagne domptée ; [6] mais les moyens par où Rome obtint cette souveraine puissance, les obstacles particuliers qui gênèrent ses prétentions à l'empire universel, et les secours, au contraire, que lui prêtèrent telles ou telles circonstances, voilà ce qu'il est malaisé de comprendre sans une histoire générale; [7] et dès lors on ne saurait bien apprécier la grandeur de cette ville et la valeur véritable de son gouvernement. [8] Que les Romains aient prétendu en même temps à l'Espagne et à la Sicile, qu'ils y aient envoyé des armées de terre et de mer à la fois, de telles entreprises, dites isolément, n'ont rien de bien remarquable ; [9] mais si l'on considère qu'au moment où ces expéditions avaient lieu, beaucoup d'autres étaient achevées par cette même république, si l'on songe aux malheurs et aux guerres qu'avait à soutenir à l'intérieur ce peuple qui faisait tant d'efforts au dehors, [10] alors tout devient plus clair, plus admirable ; tout est considéré au point de vue convenable. [11] Ces lignes s'adressent aux personnes qui espèrent trouver dans une histoire particulière les lumières qu'une histoire universelle peut seule fournir.

Res Siciliae

 

 

Ω. [1] Ὅτε δὴ τὰς Συρακούσας Ἐπικύδης τε καὶ Ἱπποκράτης κατέλαβον, ἑαυτούς τε καὶ τοὺς ἄλλους τῶν πολιτῶν τῆς Ῥωμαίων φιλίας ἀλλοτριώσαντες, οἱ Ῥωμαῖοι προσπεπτωκυίας αὐτοῖς ἤδη καὶ τῆς Ἱερωνύμου τοῦ Συρακοσίων τυράννου καταστροφῆς Ἄππιον Κλαύδιον ἀντιστράτηγον καταστήσαντες αὐτῷ μὲν τὴν πεζὴν συνέστησαν δύναμιν, τὸν δὲ νηΐτην αὐτοῖς στόλον ἐπετρόπευσε Μάρκος Κλαύδιος. [2] Οὗτοι μὲν δὴ τὴν στρατοπεδείαν ἐβάλοντο μικρὸν ἀποσχόντες τῆς πόλεως, τὰς δὲ προσβολὰς ἔκριναν ποιεῖσθαι τῇ μὲν πεζῇ δυνάμει κατὰ τοὺς ἀπὸ τῶν Ἑξαπύλων τόπους, τῇ δὲ ναυτικῇ τῆς Ἀχραδίνης κατὰ τὴν Σκυτικὴν προσαγορευομένην στοάν, καθ᾽ ἣν ἐπ᾽ αὐτῆς κεῖται τῆς κρηπῖδος τὸ τεῖχος παρὰ θάλατταν. [3] Ἑτοιμασάμενοι δὲ γέρρα καὶ βέλη καὶ τἄλλα τὰ πρὸς τὴν πολιορκίαν, ἐν ἡμέραις πέντε διὰ τὴν πολυχειρίαν ἤλπισαν καταταχήσειν τῇ παρασκευῇ τοὺς ὑπεναντίους, οὐ λογισάμενοι τὴν Ἀρχιμήδους δύναμιν, οὐδὲ προϊδόμενοι διότι μία ψυχὴ τῆς ἁπάσης ἐστὶ πολυχειρίας ἐν ἐνίοις καιροῖς ἀνυστικωτέρα. Πλὴν τότε δι᾽ αὐτῶν ἔγνωσαν τῶν ἔργων τὸ λεγόμενον. [4] Οὔσης γὰρ ὀχυρᾶς τῆς πόλεως διὰ τὸ κεῖσθαι κύκλῳ τὸ τεῖχος ἐπὶ τόπων ὑπερδεξίων καὶ προκειμένης ὀφρύος, πρὸς ἣν καὶ μηδενὸς κωλύοντος οὐκ ἂν εὐμαρῶς τις δύναιτο πελάσαι πλὴν κατά τινας τόπους ὡρισμένους, [5] τοιαύτην ἡτοίμασε παρασκευὴν ὁ προειρημένος ἀνὴρ ἐντὸς τῆς πόλεως, ὁμοίως δὲ καὶ πρὸς τοὺς κατὰ θάλατταν ἐπιπορευομένους, ὥστε μηδὲν ἐκ τοῦ καιροῦ δεῖν ἀσχολεῖσθαι τοὺς ἀμυνομένους, πρὸς πᾶν δὲ τὸ γινόμενον ὑπὸ τῶν ἐναντίων ἐξ ἑτοίμου ποιεῖσθαι τὴν ἀπάντησιν. [6] Πλὴν ὁ μὲν Ἄππιος ἔχων γέρρα καὶ κλίμακας ἐνεχείρει προσφέρειν ταῦτα τῷ συνάπτοντι τείχει τοῖς Ἑξαπύλοις ἀπὸ τῶν ἀνατολῶν.

ΩΙ. [1] Ὁ δὲ Μάρκος ἑξήκοντα σκάφεσι πεντηρικοῖς ἐποιεῖτο τὸν ἐπίπλουν ἐπὶ τὴν Ἀχραδίνην, ὧν ἕκαστον πλῆρες ἦν ἀνδρῶν ἐχόντων τόξα καὶ σφενδόνας καὶ γρόσφους, δι᾽ ὧν ἔμελλον τοὺς ἀπὸ τῶν ἐπάλξεων μαχομένους ἀναστέλλειν. [2] Ἅμα δὲ τούτοις ὀκτὼ πεντήρεσι, παραλελυμέναις τοὺς ταρσούς, ταῖς μὲν τοὺς δεξιούς, ταῖς δὲ τοὺς εὐωνύμους, καὶ συνεζευγμέναις πρὸς ἀλλήλας σύνδυο κατὰ τοὺς ἐψιλωμένους τοίχους, προσῆγον πρὸς τὸ τεῖχος διὰ τῆς τῶν ἐκτὸς τοίχων εἰρεσίας τὰς λεγομένας σαμβύκας. [3] Τὸ δὲ γένος τῆς κατασκευῆς τῶν εἰρημένων ὀργάνων ἐστὶ τοιοῦτο. [4] Κλίμακα τῷ πλάτει τετράπεδον ἑτοιμάσαντες, ὥστ᾽ ἐξ ἀποβάσεως ἰσοϋψῆ γενέσθαι τῷ τείχει, ταύτης ἑκατέραν τὴν πλευρὰν δρυφακτώσαντες καὶ σκεπάσαντες ὑπερπετέσι θωρακίοις, ἔθηκαν πλαγίαν ἐπὶ τοὺς συμψαύοντας τοίχους τῶν συνεζευγμένων νεῶν, πολὺ προπίπτουσαν τῶν ἐμβόλων. [5] Πρὸς δὲ τοῖς ἱστοῖς ἐκ τῶν ἄνω μερῶν τροχιλίαι προσήρτηντο σὺν κάλοις. [6] Λοιπὸν ὅταν ἐγγίσωσι τῆς χρείας, ἐνδεδεμένων τῶν κάλων εἰς τὴν κορυφὴν τῆς κλίμακος, ἕλκουσι διὰ τῶν τροχιλιῶν τούτους ἑστῶτες ἐν ταῖς πρύμναις. ἕτεροι δὲ παραπλησίως ἐν ταῖς πρώρραις ἐξερείδοντες ταῖς ἀντηρίσιν ἀσφαλίζονται τὴν ἄρσιν τοῦ μηχανήματος. [7] Κἄπειτα διὰ τῆς εἰρεσίας τῆς ἀφ᾽ ἑκατέρου τῶν ἐκτὸς ταρσῶν ἐγγίσαντες τῇ γῇ τὰς ναῦς, πειράζουσι προσερείδειν τῷ τείχει τὸ προειρημένον ὄργανον. [8] Ἐπὶ δὲ τῆς κλίμακος ἄκρας ὑπάρχει πέτευρον ἠσφαλισμένον γέρροις τὰς τρεῖς ἐπιφανείας, ἐφ᾽ οὗ τέτταρες ἄνδρες ἐπιβεβηκότες ἀγωνίζονται, διαμαχόμενοι πρὸς τοὺς εἴργοντας ἀπὸ τῶν ἐπάλξεων τὴν πρόσθεσιν τῆς σαμβύκης. [9] Ἐπὰν δὲ προσερείσαντες ὑπερδέξιοι γένωνται τοῦ τείχους, οὗτοι μὲν τὰ πλάγια τῶν γέρρων παραλύσαντες ἐξ ἑκατέρου τοῦ μέρους ἐπιβαίνουσιν ἐπὶ τὰς ἐπάλξεις ἢ τοὺς πύργους. [10] Οἱ δὲ λοιποὶ διὰ τῆς σαμβύκης ἕπονται τούτοις, ἀσφαλῶς τοῖς κάλοις βεβηκυίας τῆς κλίμακος εἰς ἀμφοτέρας τὰς ναῦς. [11] Εἰκότως δὲ τὸ κατασκεύασμα τῆς προσηγορίας τέτευχε ταύτης. ἐπειδὰν γὰρ ἐξαρθῇ, γίνεται τὸ σχῆμα τῆς νεὼς ταύτης καὶ τῆς κλίμακος ἑνοποιηθὲν παραπλήσιον σαμβύκῃ.

VIII. [1] Πλὴν οὗτοι μὲν τὸν τρόπον τοῦτον διηρμοσμένοι προσάγειν διενοοῦντο τοῖς πύργοις. [2] ὁ δὲ προειρημένος ἀνήρ, παρεσκευασμένος ὄργανα πρὸς ἅπαν ἐμβελὲς διάστημα, πόρρωθεν μὲν ἐπιπλέοντας τοῖς εὐτονωτέροις καὶ μείζοσι λιθοβόλοις καὶ βέλεσι τιτρώσκων εἰς ἀπορίαν ἐνέβαλε καὶ δυσχρηστίαν, [3] ὅτε δὲ ταῦθ᾽ ὑπερπετῆ γίνοιτο, τοῖς ἐλάττοσι κατὰ λόγον ἀεὶ πρὸς τὸ παρὸν ἀπόστημα χρώμενος εἰς τοιαύτην ἤγαγε διατροπὴν ὥστε καθόλου κωλύειν αὐτῶν τὴν ὁρμὴν καὶ τὸν ἐπίπλουν, [4] ἕως ὁ Μάρκος δυσθετούμενος ἠναγκάσθη λάθρᾳ νυκτὸς ἔτι ποιήσασθαι τὴν παραγωγήν. [5] Γενομένων δ᾽ αὐτῶν ἐντὸς βέλους πρὸς τῇ γῇ, πάλιν ἑτέραν ἡτοιμάκει παρασκευὴν πρὸς τοὺς ἀπομαχομένους ἐκ τῶν πλοίων. [6] Ἕως ἀνδρομήκους ὕψους κατεπύκνωσε τρήμασι τὸ τεῖχος ὡς παλαιστιαίοις τὸ μέγεθος κατὰ τὴν ἐκτὸς ἐπιφάνειαν. οἷς τοξότας καὶ σκορπίδια παραστήσας ἐντὸς τοῦ τείχους, καὶ βάλλων διὰ τούτων, ἀχρήστους ἐποίει τοὺς ἐπιβάτας. [7] Ἐξ οὗ καὶ μακρὰν ἀφεστῶτας καὶ σύνεγγυς ὄντας τοὺς πολεμίους οὐ μόνον ἀπράκτους παρεσκεύαζε πρὸς τὰς ἰδίας ἐπιβολάς, ἀλλὰ καὶ διέφθειρε τοὺς πλείστους αὐτῶν. [8] Ὅτε δὲ τὰς σαμβύκας ἐγχειρήσαιεν ἐξαίρειν, ὄργανα παρ᾽ ὅλον τὸ τεῖχος ἡτοιμάκει, τὸν μὲν λοιπὸν χρόνον ἀφανῆ, κατὰ δὲ τὸν τῆς χρείας καιρὸν ἐκ τῶν ἔσω μερῶν ὑπὲρ τοῦ τείχους ἀνιστάμενα καὶ προπίπτοντα πολὺ τῆς ἐπάλξεως ταῖς κεραίαις. [9] ὧν τινὰ μὲν ἐβάσταζε λίθους οὐκ ἐλάττους δέκα ταλάντων, τινὰ δὲ σηκώματα μολίβδινα. [10] Λοιπὸν ὅτε συνεγγίζοιεν αἱ σαμβῦκαι, τότε περιαγόμεναι καρχησίῳ πρὸς τὸ δέον αἱ κεραῖαι διά τινος σχαστηρίας ἠφίεσαν εἰς τὸ κατασκεύασμα τὸν λίθον. [11] ἐξ οὗ συνέβαινε μὴ μόνον αὐτὸ συνθραύεσθαι τοὔργανον, ἀλλὰ καὶ τὴν ναῦν καὶ τοὺς ἐν αὐτῇ κινδυνεύειν ὁλοσχερῶς.

VIII. [1] Τινά τε τῶν μηχανημάτων πάλιν ἐπὶ τοὺς ἐφορμῶντας καὶ προβεβλημένους γέρρα καὶ διὰ τούτων ἠσφαλισμένους πρὸς τὸ μηδὲν πάσχειν ὑπὸ τῶν διὰ τοῦ τείχους φερομένων βελῶν, ἠφίει μὲν καὶ λίθους συμμέτρους πρὸς τὸ φεύγειν ἐκ τῆς πρώρρας τοὺς ἀγωνιζομένους, [2] ἅμα δὲ καὶ καθίει χεῖρα σιδηρᾶν ἐξ ἁλύσεως δεδεμένην, ᾗ δραξάμενος ὁ τὴν κεραίαν οἰακίζων ὅθεν ἐπιλάβοιτο τῆς πρώρρας, κατῆγε τὴν πτέρναν τῆς μηχανῆς ἐντὸς τοῦ τείχους. [3] Ὅτε δὲ κουφίζων τὴν πρῶρραν ὀρθὸν ποιήσειε τὸ σκάφος ἐπὶ πρύμναν, τὰς μὲν πτέρνας τῶν ὀργάνων εἰς ἀκίνητον καθῆπτε, τὴν δὲ χεῖρα καὶ τὴν ἅλυσιν ἐκ τῆς μηχανῆς ἐξέρραινε διά τινος σχαστηρίας. [4] Οὗ γινομένου τινὰ μὲν τῶν πλοίων πλάγια κατέπιπτε, τινὰ δὲ καὶ κατεστρέφετο, τὰ δὲ πλεῖστα τῆς πρώρρας ἀφ᾽ ὕψους ῥιφθείσης βαπτιζόμενα πλήρη θαλάττης ἐγίνετο καὶ ταραχῆς. [5] Μάρκος δὲ δυσχρηστούμενος ἐπὶ τοῖς ἀπαντωμένοις ὑπ᾽ Ἀρχιμήδους, καὶ θεωρῶν μετὰ βλάβης καὶ χλευασμοῦ τοὺς ἔνδον ἀποτριβομένους αὑτοῦ τὰς ἐπιβολάς, [6] δυσχερῶς μὲν ἔφερε τὸ συμβαῖνον, ὅμως δ᾽ ἐπισκώπτων τὰς αὑτοῦ πράξεις ἔφη ταῖς μὲν ναυσὶν αὐτοῦ κυαθίζειν ἐκ θαλάττης Ἀρχιμήδη, τὰς δὲ σαμβύκας ῥαπιζομένας ὥσπερ ἐκσπόνδους μετ᾽ αἰσχύνης ἐκπεπτωκέναι. [7] Καὶ τῆς μὲν κατὰ θάλατταν πολιορκίας τοιοῦτον ἀπέβη τὸ τέλος.

IX. [1] Οἱ δὲ περὶ τὸν Ἄππιον εἰς παραπλησίους ἐμπεσόντες δυσχερείας ἀπέστησαν τῆς ἐπιβολῆς. [2] Ἔτι μὲν γὰρ ὄντες ἐν ἀποστήματι τοῖς τε πετροβόλοις καὶ καταπέλταις τυπτόμενοι διεφθείροντο, διὰ τὸ θαυμάσιον εἶναι τὴν τῶν βελῶν κατασκευὴν καὶ κατὰ τὸ πλῆθος καὶ κατὰ τὴν ἐνέργειαν, ὡς ἂν Ἱέρωνος μὲν χορηγοῦ γεγονότος, ἀρχιτέκτονος δὲ καὶ δημιουργοῦ τῶν ἐπινοημάτων Ἀρχιμήδους. [3] Συνεγγίζοντές γε μὴν πρὸς τὴν πόλιν οἱ μὲν ταῖς διὰ τοῦ τείχους τοξότισιν, ὡς ἐπάνω προεῖπον, κακούμενοι συνεχῶς εἴργοντο τῆς προσόδου. οἱ δὲ μετὰ τῶν γέρρων βιαζόμενοι ταῖς τῶν κατὰ κορυφὴν λίθων καὶ δοκῶν ἐμβολαῖς διεφθείροντο. [4] Οὐκ ὀλίγα δὲ καὶ ταῖς χερσὶ ταῖς ἐκ τῶν μηχανῶν ἐκακοποίουν, ὡς καὶ πρότερον εἶπα. σὺν αὐτοῖς γὰρ τοῖς ὅπλοις τοὺς ἄνδρας ἐξαιροῦντες ἐρρίπτουν. [5] Τὸ δὲ πέρας, ἀναχωρήσαντες εἰς τὴν παρεμβολὴν καὶ συνεδρεύσαντες μετὰ τῶν χιλιάρχων οἱ περὶ τὸν Ἄππιον, ὁμοθυμαδὸν ἐβουλεύσαντο πάσης ἐλπίδος πεῖραν λαμβάνειν πλὴν τοῦ διὰ πολιορκίας ἑλεῖν τὰς Συρακούσας, ὡς καὶ τέλος ἐποίησαν. [6] ὀκτὼ γὰρ μῆνας τῇ πόλει προσκαθεζόμενοι τῶν μὲν ἄλλων στρατηγημάτων ἢ τολμημάτων οὐδενὸς ἀπέστησαν, τοῦ δὲ πολιορκεῖν οὐδέποτε πεῖραν ἔτι λαβεῖν ἐθάρρησαν. [7] Οὕτως εἷς ἀνὴρ καὶ μία ψυχὴ δεόντως ἡρμοσμένη πρὸς ἔνια τῶν πραγμάτων μέγα τι χρῆμα φαίνεται γίνεσθαι καὶ θαυμάσιον. [8] Ἐκεῖνοι γοῦν τηλικαύτας δυνάμεις ἔχοντες καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν, εἰ μὲν ἀφέλοι τις πρεσβύτην ἕνα Συρακοσίων, παραχρῆμα τῆς πόλεως κυριεύσειν ἤλπιζον, [9] τούτου δὲ συμπαρόντος οὐκ ἐθάρρουν οὐδ᾽ ἐπιβαλέσθαι κατά γε τοῦτον τὸν τρόπον, καθ᾽ ὃν ἀμύνασθαι δυνατὸς ἦν Ἀρχιμήδης. [10] Οὐ μὴν ἀλλὰ νομίσαντες μάλιστ᾽ ἂν ὑπὸ τῆς τῶν ἀναγκαίων ἐνδείας διὰ τὸ πλῆθος τοὺς ἔνδον ὑποχειρίους σφίσι γενέσθαι, ταύτης ἀντείχοντο τῆς ἐλπίδος. καὶ ταῖς μὲν ναυσὶ τὰς κατὰ θάλατταν ἐπικουρίας αὐτῶν ἐκώλυον, τῷ δὲ πεζῷ στρατεύματι τὰς κατὰ γῆν. Βουλόμενοι δὲ μὴ ποιεῖν ἄπρακτον τὸν χρόνον, [11] ἐν ᾧ προσεδρεύουσι ταῖς Συρακούσαις, ἀλλ᾽ ἅμα τι καὶ τῶν ἐκτὸς χρησίμων κατασκευάζεσθαι, διεῖλον οἱ στρατηγοὶ σφᾶς αὐτοὺς καὶ τὴν δύναμιν, [12] ὥστε τὸν μὲν Ἄππιον ἔχοντα δύο μέρη προσκαθῆσθαι τοῖς ἐν τῇ πόλει, τὸ δὲ τρίτον ἀναλαβόντα Μάρκον ἐπιπορεύεσθαι τοὺς τὰ Καρχηδονίων αἱρουμένους κατὰ τὴν Σικελίαν. [Urb. fol. 104 exc. ant. p. 197.]

(Récit du siège de Syracuse. — Appius commande l'armée de terre. Marcellus celle de mer. — Description de la ville, cinq quartiers, parmi lesquels l 'Achradine, le Tyché, l'Epipole. )

V. [2] Les Romains poussèrent vigoureusement, sous la conduite d'Appius, le siège de Syracuse. Ils entourèrent la ville d'un cordon de troupes, du côté du portique qu'on appelle scythique, près duquel un vaste mur étend ses parapets parallèlement à la mer. [3] Puis ils préparèrent à la hâte des traits, des béliers et tous les instruments dont il était besoin, espérant pouvoir,  grâce au nombre de mains dont ils disposaient» achever tout en cinq jours et prévenir ainsi l'ennemi. Mais ils n'avaient point dans leur calcul tenu compte de l'adresse d'Archimède, ni songé que souvent le génie d'un seul homme est plus puissant que mille bras. L'expérience le leur fit connaître. [4] La ville était déjà suffisamment forte en elle-même par ses murailles, solidement établies sur des roches élevées et sur une terrasse en saillie, dont il n'était pas facile d'approcher, sans même qu'elles fussent défendues, si ce n'est en de rares endroits; [5] mais en outre, Archimède avait préparé tant de moyens de défense contre les attaques de mer et de terre, que les Syracusains n'avaient pour résister besoin de rien improviser, et pouvaient sur-le-champ tenir tête à l'ennemi. [6] Dès que les échelles et les béliers furent prêts, Appius s'occupa de les approcher des murailles du côté de l'hexapyle, au levant.

VI. [1] Cependant Marcellus faisait voile vers l'Achradine avec soixante vaisseaux à cinq rangs de rames, pleins de soldats armés de flèches, de frondes et de javelots, afin de balayer les remparts. [2] Ajoutez à cela huit quinquérèmes, dégarnies de leurs rames les unes à droite, les autres à gauche, attachées deux à deux par leurs flancs découverts, et sur lesquels, au moyen des rames maintenues sur les parois extérieures, on approchait des murs des machines nommées sambuques. [3] Voici quelle en était la disposition : [4] après avoir préparé une échelle d'une largeur de quatre pieds, dont la hauteur égale celle des murailles, et protégé les deux côtés de l'échelle par une balustrade de boucliers élevés, les Romains la placent en travers sur les côtés rapprochés des navires ensemble réunis, de manière à ce qu'elle dépasse de beaucoup les éperons. [5] Au sommet des mâts, sur ces mêmes navires, sont adaptées des poulies garnies de câbles. [6] Dès que le moment de s'en servir approche , on attache la tête de l'échelle à ces câbles et aussitôt les hommes placés sur la poupe dressent toute la machine à l'aide des poulies, tandis que d'autres, postés à la proue, la maintiennent par des arcs-boutants à la hauteur nécessaire. [7] Puis les rameurs de droite et de gauche serrant la terre de leurs vaisseaux, on essaye d'appliquer la machine aux murailles. [8] A l'extrémité de l'échelle est une planche garnie de claies des trois côtés, et sur cette planche quatre hommes combattent contre ceux qui, de leurs remparts, s'opposent à ce qu'on y adapte la sambuque. [9] Cette opération une fois faite, les quatre guerriers postés au-dessus de l'ennemi jettent bas les claies des deux côtés et descendent sur les remparts et sur les tours : [10] leurs camarades les suivent à travers la sambuque fortement assujettie par les cordes aux deux vaisseaux. [11] Cette machine doit son nom à la ressemblance que l'échelle dressée en l'air et le vaisseau qui la porte ont dans leur ensemble avec la sambuque (3).

VII. [1] Les Romains, ainsi préparés, songèrent à s'approcher des tours. [2] Mais Archimède, qui avait disposé des machines d'une portée extraordinaire à l'aide de puissantes catapultes, et de balistes fortement bandées, allait les frapper au loin et répandait parmi eux la confusion et le désespoir. [3] Aussitôt que les traits dépassaient le but, Archimède, les troublant de nouveau au moyen de machines moins fortes et toujours proportionnées à la distance, arrêtait leur ardeur et les empêchait d'approcher : [4] à ce point que Marcus, éperdu , fut obligé de choisir la nuit pour faire avancer les galères. [5] Mais quand les Romains se trouvèrent en deçà de la portée des traite, ils virent qu'Archimède avait encore pris ses dispositions contre les soldats combattant du haut des vaisseaux. [6] Il avait, en effet, creusé dans la muraille, à hauteur d'homme, des trous qui à l'extérieur avaient la grandeur d'une palme, et avait placé des archers et arbalétriers derrière ces meurtrières, et, frappant par là les assiégeants, il les réduisait à l'inaction. [7] Non seulement il avait l'avantage d'empêcher ainsi tous les mouvements des ennemis, qu'ils fussent près ou loin des murs, mais encore il leur tuait beaucoup de monde. [8] Enfin, pour tenter de détruire les sambuques, il avait établi sur toute l'étendue des remparts certaines machines qui d'abord n'étaient pas visibles, mais qui, au moment nécessaire, se dressaient de l'intérieur au-dessus des murailles et avançaient de beaucoup au delà du parapet. [9] Quelques-unes de ces machines lançaient des pierres du poids de dix talents, d'autres des masses de plomb. [10] Lors donc que les sambuques approchaient, les têtes de ces machines, tournées à l'aide d'un câble autant qu'il était utile, faisaient tomber par une poulie une lourde pierre. [11] Un tel coup ne brisait pas seulement la machine et le vaisseau : ceux même qui le montaient couraient le plus grand péril.

VIII. [1] D'autres machines, imaginées contre l'ennemi qui, attaquant la place à l'abri de mantelets, étaient assurés ainsi contre les traits jetés du haut des murs, lançaient des pierres assez pesantes pour forcer les Romains à quitter la proue. [2] En même temps s'abattait une main de fer attachée à un câble, laquelle venait saisir quelque part la proue du vaisseau, et celui qui dirigeait le bec de cette machine comme le gouvernail d'un navire, abaissait l'extrémité opposée de la poutre dans l'intérieur des murs.[3]  Lorsque, par cette manœuvre, il avait élevé la proue dans les airs et dressé le vaisseau sur sa poupe, il liait ce bras du levier de manière à le rendre immobile, et une poulie lançait à la fois au loin la main et le câble. [4] Parmi les navires, les uns tombaient sur le flanc, les autres étaient culbutés; la plupart, dont la proue était précipitée de haut dans les ondes, plongeaient , et la terreur et la mer envahissaient les soldats. [5] Marcus, singulièrement gêné par les inventions d'Archimède, voyait avec douleur les assiégés repousser ses attaques et lui causer de cruelles pertes. [6] Il plaisantait cependant sur ses malheurs, disant qu'Archimède faisait boire ses vaisseaux, et que les sambuques, repoussées comme des misérables à coups de bâton, n'étaient pas admises à cette distribution d'eau. [7] Tel était le siège du côté de la mer.

IX. [1] Appius, jeté dans des embarras non moins grands, renonça à poursuivre ses desseins contre Syracuse. [2] En effet, les soldats étaient encore loin dans la plaine, qu'ils se voyaient frappés par les machines dont les projectiles étaient aussi terribles par le nombre que par la puissance. Hiéron en avait fait les frais; la main d'Archimède avait exécuté les inventions de son génie. [3] Les Romains approchaient-ils de la ville , les uns étaient incommodés par les traits lancés des meurtrières dont j'ai parlé plus haut, et étaient ainsi tenus à distance ; les autres, qui combattaient sous les mantelets, étaient écrasés par les pierres et les poutres. [4] Les Syracusains faisaient encore beaucoup de mal aux Romains par les mains de fer qui se détachaient des machines que nous avons dites ; elles enlevaient les soldats tout armés et les broyaient contre terre. [5] Appius et Marcellus, retirés dans leur camp, tinrent enfin conseil avec les tribuns et résolurent à l'unanimité de tout risquer, à l'exception d'un assaut, pour s'emparer de Syracuse, et c'est ce qu'ils finirent par faire. [6] Durant huit mois qu'ils demeurèrent sous les murailles de la ville, il n'y a pas d'actions hardies, pas de stratagèmes qu'ils n'osèrent tenter; mais ils n'eurent plus le cœur d'employer la force ouverte : [7] tant souvent un seul homme, une seule intelligence qui s'applique sérieusement à quelque objet, exerce une influence étonnante, immense ! [8] Ces Romains, qui disposent de tant de forces et par terre et par mer, vont se rendre certainement maîtres de Syracuse si vous en enlevez un seul vieillard ; [9] mais il est là, et ils n'osent plus attaquer Syracuse, par les moyens, du moins, qu'Archimède saurait combattre! [10] Ils songèrent que les assiégés, qui étaient en grand nombre dans la ville, pourraient surtout être réduits par la famine, et se saisissant avec ardeur de cette espérance, ils interceptèrent par la flotte les convois maritimes, par l'armée les vivres qui venaient du côté de la terre. [11] Désireux, cependant, de ne pas perdre tout à fait le temps qu'ils employaient à assiéger Syracuse, et d'exécuter, dans l'intervalle, en d'autres parties de la Sicile quelque autre coup de main, les généraux partagèrent leurs troupes et le commandement. [12] Appius, avec les deux tiers de l'armée, continua le siège de la ville, et Marcus, suivi du dernier tiers, alla ravager les terres des peuples qui s'étaient prononcés pour Carthage.

 

 

 

 

 

X. [1] Ὅτι Φίλιππος παραγενόμενος εἰς τὴν Μεσσήνην ἔφθειρε τὴν χώραν δυσμενικῶς, θυμῷ τὸ πλεῖον ἢ λογισμῷ χρώμενος. [2] ἤλπιζε γάρ, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, βλάπτων συνεχῶς οὐδέποτ᾽ ἀγανακτήσειν οὐδὲ μισήσειν αὐτὸν τοὺς κακῶς πάσχοντας. [3] Προήχθην δὲ καὶ νῦν καὶ διὰ τῆς προτέρας βύβλου σαφέστερον ἐξηγήσασθαι περὶ τούτων οὐ μόνον διὰ τὰς πρότερον ἡμῖν εἰρημένας αἰτίας, ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ τῶν συγγραφέων τοὺς μὲν ὅλως παραλελοιπέναι τὰ κατὰ τοὺς Μεσσηνίους, [4] τοὺς δὲ καθόλου διὰ τὴν πρὸς τοὺς μονάρχους εὔνοιαν ἢ τἀναντία φόβον οὐχ οἷον ἐν ἁμαρτίᾳ γεγονέναι τὴν εἰς τοὺς Μεσσηνίους ἀσέβειαν Φιλίππου καὶ παρανομίαν, ἀλλὰ τοὐναντίον ἐν ἐπαίνῳ καὶ κατορθώματι τὰ πεπραγμένα διασαφεῖν ἡμῖν. [5] Οὐ μόνον δὲ περὶ Μεσσηνίους τοῦτο πεποιηκότας ἰδεῖν ἔστι τοὺς γράφοντας τοῦ Φιλίππου τὰς πράξεις, ἀλλὰ καὶ περὶ τῶν ἄλλων παραπλησίως. [6] Ἐξ ὧν ἱστορίας μὲν οὐδαμῶς ἔχειν αὐτοῖς συμβαίνει διάθεσιν τὰς συντάξεις, ἐγκωμίου δὲ μᾶλλον. [7] Ἐγὼ δ᾽ οὔτε λοιδορεῖν ψευδῶς φημι δεῖν τοὺς μονάρχους οὔτ᾽ ἐγκωμιάζειν, ὃ πολλοῖς ἤδη συμβέβηκε, τὸν ἀκόλουθον δὲ τοῖς προγεγραμμένοις ἀεὶ καὶ τὸν πρέποντα ταῖς ἑκάστων προαιρέσεσι λόγον ἐφαρμόζειν. [8] Ἀλλ᾽ ἴσως τοῦτ᾽ εἰπεῖν μὲν εὐμαρές, πρᾶξαι δὲ καὶ λίαν δυσχερὲς διὰ τὸ πολλὰς καὶ ποικίλας εἶναι διαθέσεις καὶ περιστάσεις, αἷς εἴκοντες ἄνθρωποι κατὰ τὸν βίον οὔτε λέγειν οὔτε γράφειν δύνανται τὸ φαινόμενον. Ὧν χάριν τισὶ μὲν αὐτῶν συγγνώμην δοτέον, [9] ἐνίοις γε μὴν οὐ δοτέον.

XI. [1] Μάλιστα δ᾽ ἄν τις ἐπιτιμήσειε περὶ τοῦτο τὸ μέρος Θεοπόμπῳ, ὅς γ᾽ ἐν ἀρχῇ τῆς Φιλίππου συντάξεως δι᾽ αὐτὸ μάλιστα παρορμηθῆναι φήσας πρὸς τὴν ἐπιβολὴν τῆς πραγματείας διὰ τὸ μηδέποτε τὴν Εὐρώπην ἐνηνοχέναι τοιοῦτον ἄνδρα παράπαν οἷον τὸν Ἀμύντου Φίλιππον, [2] μετὰ ταῦτα παρὰ πόδας, ἔν τε τῷ προοιμίῳ καὶ παρ᾽ ὅλην δὲ τὴν ἱστορίαν, ἀκρατέστατον μὲν αὐτὸν ἀποδείκνυσι πρὸς γυναῖκας, ὥστε καὶ τὸν ἴδιον οἶκον ἐσφαλκέναι τὸ καθ᾽ αὑτὸν διὰ τὴν πρὸς τοῦτο τὸ μέρος ὁρμὴν καὶ προστασίαν, [3] ἀδικώτατον δὲ καὶ κακοπραγμονέστατον περὶ τὰς τῶν φίλων καὶ συμμάχων κατασκευάς, πλείστας δὲ πόλεις ἐξηνδραποδισμένον καὶ πεπραξικοπηκότα μετὰ δόλου καὶ βίας, [4] ἐκπαθῆ δὲ γεγονότα καὶ πρὸς τὰς ἀκρατοποσίας, ὥστε καὶ μεθ᾽ ἡμέραν πλεονάκις μεθύοντα καταφανῆ γενέσθαι τοῖς φίλοις. [5] Εἰ δέ τις ἀναγνῶναι βουληθείη τὴν ἀρχὴν τῆς ἐνάτης καὶ τετταρακοστῆς αὐτῷ βύβλου, παντάπασιν ἂν θαυμάσαι τὴν ἀτοπίαν τοῦ συγγραφέως, ὅς γε χωρὶς τῶν ἄλλων τετόλμηκε καὶ ταῦτα λέγειν. αὐταῖς γὰρ λέξεσιν, αἷς ἐκεῖνος κέχρηται, κατατετάχαμεν. " [6] εἰ γάρ τις ἦν ἐν τοῖς Ἕλλησιν ἢ τοῖς βαρβάροις" φησί "λάσταυρος ἢ θρασὺς τὸν τρόπον, οὗτοι πάντες εἰς Μακεδονίαν ἁθροιζόμενοι πρὸς Φίλιππον ἑταῖροι τοῦ βασιλέως προσηγορεύοντο. [7] Καθόλου γὰρ ὁ Φίλιππος τοὺς μὲν κοσμίους τοῖς ἤθεσι καὶ τῶν ἰδίων βίων ἐπιμελουμένους ἀπεδοκίμαζε, τοὺς δὲ πολυτελεῖς καὶ ζῶντας ἐν μέθαις καὶ κύβοις ἐτίμα καὶ προῆγε. [8] Τοιγαροῦν οὐ μόνον ταῦτ᾽ ἔχειν αὐτοὺς παρεσκεύαζεν, ἀλλὰ καὶ τῆς ἄλλης ἀδικίας καὶ βδελυρίας ἀθλητὰς ἐποίησε. Τί γὰρ τῶν αἰσχρῶν ἢ δεινῶν αὐτοῖς οὐ προσῆν; [9] ἢ τί τῶν καλῶν καὶ σπουδαίων οὐκ ἀπῆν; ὧν οἱ μὲν ξυρόμενοι καὶ λεαινόμενοι διετέλουν ἄνδρες ὄντες, οἱ δ᾽ ἀλλήλοις ἐτόλμων ἐπανίστασθαι πώγωνας ἔχουσι. [10] Καὶ περιήγοντο μὲν δύο καὶ τρεῖς τοὺς ἑταιρευομένους, αὐτοὶ δὲ τὰς αὐτὰς ἐκείνοις χρήσεις ἑτέροις παρείχοντο. [11] Ὅθεν καὶ δικαίως ἄν τις αὐτοὺς οὐχ ἑταίρους, ἀλλ᾽ ἑταίρας ὑπελάμβανεν [εἶναι] οὐδὲ στρατιώτας, ἀλλὰ χαμαιτύπους προσηγόρευσεν. [12] ἀνδροφόνοι γὰρ τὴν φύσιν ὄντες ἀνδρόπορνοι τὸν τρόπον ἦσαν. [13] Ἁπλῶς δ᾽ εἰπεῖν, ἵνα παύσωμαι" φησί "μακρολογῶν, ἄλλως τε καὶ τοσούτων μοι πραγμάτων ἐπικεχυμένων, ἡγοῦμαι τοιαῦτα θηρία γεγονέναι καὶ τοιούτους τὸν τρόπον τοὺς φίλους καὶ τοὺς ἑταίρους Φιλίππου προσαγορευθέντας οἵους οὔτε τοὺς Κενταύρους τοὺς τὸ Πήλιον κατασχόντας οὔτε τοὺς Λαιστρυγόνας τοὺς τὸ Λεοντίνων πεδίον οἰκήσαντας οὔτ᾽ ἄλλους οὐδ᾽ ὁποίους."

XII. [1] Ταύτην δὲ τήν τε πικρίαν καὶ τὴν ἀθυρογλωττίαν τοῦ συγγραφέως τίς οὐκ ἂν ἀποδοκιμάσειεν; [2] οὐ γὰρ μόνον ὅτι μαχόμενα λέγει πρὸς τὴν αὑτοῦ πρόθεσιν ἄξιός ἐστιν ἐπιτιμήσεως, ἀλλὰ καὶ διότι κατέψευσται τοῦ τε βασιλέως καὶ τῶν φίλων, καὶ μάλιστα διότι τὸ ψεῦδος αἰσχρῶς καὶ ἀπρεπῶς διατέθειται. [3] Εἰ γὰρ περὶ Σαρδαναπάλλου τις ἢ τῶν ἐκείνου συμβιωτῶν ἐποιεῖτο τοὺς λόγους, μόλις ἂν ἐθάρρησε τῇ κακορρημοσύνῃ ταύτῃ χρήσασθαι. οὗ τὴν ἐν τῷ βίῳ προαίρεσιν καὶ τὴν ἀσέλγειαν διὰ τῆς ἐπιγραφῆς τῆς ἐπὶ τοῦ τάφου τεκμαιρόμεθα. [4] Λέγει γὰρ ἡ [ἐπι]γραφή,

ταῦτ᾽ ἔχω ὅσς᾽ ἔφαγον καὶ ἐφύβρισα καὶ μετ᾽ ἔρωτος
τέρπν᾽ ἔπαθον.

[5] Περὶ δὲ Φιλίππου καὶ τῶν ἐκείνου φίλων εὐλαβηθείη τις ἂν οὐχ οἷον εἰς μαλακίαν καὶ ἀνανδρίαν, ἔτι δ᾽ ἀναισχυντίαν λέγειν, ἀλλὰ τοὐναντίον μήποτ᾽ ἐγκωμιάζειν ἐπιβαλλόμενος οὐ δυνηθῇ καταξίως εἰπεῖν τῆς ἀνδρείας καὶ φιλοπονίας καὶ συλλήβδην τῆς ἀρετῆς τῶν προειρημένων ἀνδρῶν. [6] οἵ γε προφανῶς ταῖς σφετέραις φιλοπονίαις καὶ τόλμαις ἐξ ἐλαχίστης μὲν βασιλείας ἐνδοξοτάτην καὶ μεγίστην τὴν Μακεδόνων ἀρχὴν κατεσκεύασαν. [7] χωρὶς δὲ τῶν ἐπὶ Φιλίππου πράξεων αἱ μετὰ τὸν ἐκείνου θάνατον ἐπιτελεσθεῖσαι μετ᾽ Ἀλεξάνδρου πᾶσιν ὁμολογουμένην τὴν ἐπ᾽ ἀρετῇ φήμην παραδεδώκασι περὶ αὐτῶν. [8] Μεγάλην γὰρ ἴσως μερίδα θετέον τῷ προεστῶτι τῶν ὅλων Ἀλεξάνδρῳ, καίπερ ὄντι νέῳ παντελῶς, οὐκ ἐλάττω μέντοι γε τοῖς συνεργοῖς καὶ φίλοις, [9] οἳ πολλαῖς μὲν καὶ παραδόξοις μάχαις ἐνίκησαν τοὺς ὑπεναντίους, πολλοὺς δὲ καὶ παραβόλους ὑπέμειναν πόνους καὶ κινδύνους καὶ ταλαιπωρίας, πλείστης δὲ περιουσίας κυριεύσαντες καὶ πρὸς ἁπάσας τὰς ἐπιθυμίας πλείστης εὐπορήσαντες ἀπολαύσεως, οὔτε κατὰ τὴν σωματικὴν δύναμιν οὐδέποτε διὰ ταῦτ᾽ ἠλαττώθησαν, οὔτε κατὰ τὰς ψυχικὰς ὁρμὰς οὐδὲν ἄδικον οὐδ᾽ ἀσελγὲς ἐπετήδευσαν, [10] ἅπαντες δ᾽, ὡς ἔπος εἰπεῖν, βασιλικοὶ καὶ ταῖς μεγαλοψυχίαις καὶ ταῖς σωφροσύναις καὶ ταῖς τόλμαις ἀπέβησαν, Φιλίππῳ καὶ μετ᾽ Ἀλεξάνδρῳ συμβιώσαντες. Ὦν οὐδὲν ἂν δέοι μνημονεύειν ἐπ᾽ ὀνόματος. [11] Μετὰ δὲ τὸν Ἀλεξάνδρου θάνατον οὕτω περὶ τῶν πλείστων μερῶν τῆς οἰκουμένης ἀμφισβητήσαντες παραδόσιμον ἐποίησαν τὴν ἑαυτῶν δόξαν ἐν [12] πλείστοις ὑπομνήμασιν ὥστε τὴν μὲν Τιμαίου τοῦ συγγραφέως πικρίαν, ᾗ κέχρηται κατ᾽ Ἀγαθοκλέους τοῦ Σικελίας δυνάστου, καίπερ ἀνυπέρβλητον εἶναι δοκοῦσαν, ὅμως λόγον ἔχειν — ὡς γὰρ κατ᾽ ἐχθροῦ καὶ πονηροῦ καὶ τυράννου διατίθεται τὴν κατηγορίαν — τὴν δὲ Θεοπόμπου μηδ᾽ ὑπὸ λόγον πίπτειν.

XIII. [1] Προθέμενος γὰρ ὡς περὶ βασιλέως εὐφυεστάτου πρὸς ἀρετὴν γεγονότος οὐκ ἔστι τῶν αἰσχρῶν καὶ δεινῶν ὃ παραλέλοιπε. [2] Λοιπὸν ἢ περὶ τὴν ἀρχὴν καὶ προέκθεσιν τῆς πραγματείας ἀνάγκη ψεύστην καὶ κόλακα φαίνεσθαι τὸν ἱστοριογράφον, ἢ περὶ τὰς κατὰ μέρος ἀποφάσεις ἀνόητον καὶ μειρακιώδη τελείως, εἰ διὰ τῆς ἀλόγου καὶ ἐπικλήτου λοιδορίας ὑπέλαβε πιστότερος μὲν αὐτὸς φανήσεσθαι, παραδοχῆς δὲ μᾶλλον ἀξιωθήσεσθαι τὰς ἐγκωμιαστικὰς ἀποφάσεις αὐτοῦ περὶ Φιλίππου. [3] Καὶ μὴν οὐδὲ περὶ τὰς ὁλοσχερεῖς διαλήψεις οὐδεὶς ἂν εὐδοκήσειε τῷ προειρημένῳ συγγραφεῖ. ὅς γ᾽ ἐπιβαλόμενος γράφειν τὰς Ἑλληνικὰς πράξεις ἀφ᾽ ὧν Θουκυδίδης ἀπέλιπε, καὶ συνεγγίσας τοῖς Λευκτρικοῖς καιροῖς καὶ τοῖς ἐπιφανεστάτοις τῶν Ἑλληνικῶν ἔργων, τὴν μὲν Ἑλλάδα μεταξὺ καὶ τὰς ταύτης ἐπιβολὰς ἀπέρριψε, μεταλαβὼν δὲ τὴν ὑπόθεσιν τὰς Φιλίππου πράξεις προύθετο γράφειν. [4] Καίτοι γε πολλῷ σεμνότερον ἦν καὶ δικαιότερον ἐν τῇ περὶ τῆς Ἑλλάδος ὑποθέσει τὰ πεπραγμένα Φιλίππῳ συμπεριλαβεῖν ἤπερ ἐν τῇ Φιλίππου τὰ τῆς Ἑλλάδος. Οὐδὲ γὰρ προκαταληφθεὶς ὑπὸ βασιλικῆς δυναστείας, [5] καὶ τυχὼν ἐξουσίας, οὐδεὶς ἂν ἐπέσχε σὺν καιρῷ ποιήσασθαι μετάβασιν ἐπὶ τὸ τῆς Ἑλλάδος ὄνομα καὶ πρόσωπον. ἀπὸ δὲ ταύτης ἀρξάμενος καὶ προβὰς ἐπὶ ποσὸν οὐδ᾽ ὅλως οὐδεὶς ἂν ἠλλάξατο μονάρχου πρόσχημα καὶ βίον, ἀκεραίῳ χρώμενος γνώμῃ. [6] Καὶ τί δήποτ᾽ ἦν τὸ τὰς τηλικαύτας ἐναντιώσεις βιασάμενον παριδεῖν Θεόπομπον; εἰ μὴ νὴ Δί᾽ ὅτι ἐκείνης μὲν τῆς ὑποθέσεως τέλος ἦν τὸ καλόν, τῆς δὲ κατὰ Φίλιππον τὸ συμφέρον. [7] Οὐ μὴν ἀλλὰ πρὸς μὲν ταύτην τὴν ἁμαρτίαν, καθὸ μετέβαλε τὴν ὑπόθεσιν, ἴσως ἂν εἶχέ τι λέγειν, εἴ τις αὐτὸν ἤρετο περὶ τούτων. [8] πρὸς δὲ τὴν κατὰ τῶν φίλων αἰσχρολογίαν οὐκ ἂν οἶμαι δυνηθῆναι λόγον αὐτὸν ἀποδοῦναι, συγχωρῆσαι δὲ διότι πολύ τι παρέπεσε τοῦ καθήκοντος. [Exc. Peir. p. 18; 9, 6 — Cod. Urb. fol. 107 margo.]

(Vers la même époque, Valérius fait la guerre à Philippe, et lui reprend Oricum (4) -- Coup d'oeil sur la conduite de Philippe en Grèce. Aratus, après l'affaire du mont Ithorae, s'éloigne peu à peu de Philippe. — Le prince, vaincu par les Romains, revient dans le Péloponnèse, et cherche â tromper les Messéniens; il voit ses ruses démasquées, et a recours à la violence. — Polybe donnait à ce sujet de nombreux détails (5). —Digression sur Théopompe.)

X. Philippe, de retour dans la Messénie, ravagea les campagnes en ennemi avec plus de colère que de raison. [2] Il se flattait de pouvoir maltraiter ces malheureux peuples sans que ces victimes de sa brutalité conçussent jamais contre lui ni indignation ni haine !  [3] J'ai du reste été poussé à donner sur toutes ces cruautés de nombreux détails, et dans ce livre, et dans celui qui précède, non seulement par les motifs que j'ai déjà dits, mais encore par une considération nouvelle. Parmi les historiens, les uns ont complètement laissé de côté ce qui touche les Messéniens; [4] les autres, sous l'influence de l'amour et de la crainte, non seulement n'ont pas fait un crime à Philippe de son impiété et de sa tyrannie envers la Messénie, mais au contraire l'ont comblé d'éloges et ont érigé ses crimes en actions méritoires. [5] Or, ces infidélités que nous relevons au sujet des Messéniens dans les historiens de la vie de Philippe, nous les retrouvons encore, ou peu s'en faut, à propos de chacun de ses actes. [6] La conséquence en est que leur récit n'a pas le caractère de l'histoire: c'est un panégyrique. Je tiens , moi, pour maxime, qu'on ne doit se permettre à l'égard des rois ni ces calomnies ni ces louanges outrées auxquelles se sont laissés aller tant d'auteurs. [7] Il faut adopter un langage où la suite du récit soit en harmonie avec le commencement, et qui s'accommode successivement à la conduite de chaque prince. [8] Peut-être, du reste, ce précepte assez facile à établir, ne le serait*il pas à observer à cause des nombreuses circonstances et des mille positions où l'homme cède et ne peut ni dire ni écrire sa véritable pensée! Aussi est-il juste d'accorder à certains écrivains cette indulgence [9] qu'on doit savoir refuser à d'autres.

XI, [1] On ne pourrait, par exemple, blâmer trop sévèrement Théopompe à ce propos. Au commencement de son histoire de Philippe, père d'Alexandre, il nous dit qu'il a surtout été conduit à tenter l'œuvre qu'il publie, parce que jamais l'Europe n'a produit un héros semblable à Philippe, fils d'Amyntas, [2] Et ensuite, dans son exorde comme dans tout le cours de son ouvrage, il nous montre en ce prince un homme passionné pour les femmes, et qui, autant qu'il fut en lui, compromit sa maison par ses folies amoureuses et ses prodigalités; [3] un homme injuste ne reculant devant aucune ruse pour se faire des amis et des alliés, un Barbare qui réduisit à l'esclavage un grand nombre de peuples, et employa tour à tour contre les villes la violence ou la fraude ; [4] un débauché qui se livrait au vin avec fureur, et qui plus d'une fois se montra ivre dès le milieu du jour aux regards de ses familiers. [5] Si l'on veut lire les premières lignes du quarante-neuvième livre de Théopompe, on sera frappé de son inconséquence. Il n'a pas craint, entre autres phrases, d'écrire celles que nous allons citer, en ayant soin de conserver les termes dont lui-même s'est servi : [6] « Se trouvait-il chez les Grecs ou les Barbares quelques misérables perdus de débauche, sans pudeur? convoqués en Macédoine à la cour de Philippe, ils devenaient ses favoris. [7] Philippe faisait peu de cas des gens honnêtes, économes : mais des hommes prodigues, vivant dans l'ivresse et le jeu, voilà ceux qu'il estimait, qu'il poussait aux honneurs; [8] et non seulement il les mettait en état d'entretenir leurs désordres, mais encore excitait entre eux je ne sais quelle lutte de perversité et d'infamie. [9] Quel était le vice ou le crime qui ne trouvât place en leur âme? quel était le sentiment vertueux, honnête, qui n'en fût pas exclu? Les uns se rasaient le visage et s'épilaient avec un soin indigne de leur sexe ; les autres, parés d'une longue barbe, se livraient entre eux à d'horribles ébats ; [10] ils menaient avec eux deux ou trois enfants qui servaient à leurs amours et ils se prêtaient à eux pour le même usage : [11] ce n'était pas, à proprement parler, des amis, mais des amantes, des soldats, [12] mais des prostituées; ennemis des hommes par nature, ils s'en faisaient par corruption les adorateurs. [13] Enfin, pour briser ici cette longue digression que ne me permettent guère tant d'occupations diverses, et pour me résumer, je pense que ces indignes favoris, ces mignons de Philippe, furent plus brutaux, plus sauvages que les centaures de Pélion, que les Lestrigons des campagnes de Léontium, et que tous ces monstres dont parle la Fable. »

XII. [1] Qui ne flétrirait, je le demande, cette amertume, cette intempérance de style chez Théopompe, [2] je ne dis pas seulement pour avoir tenu ici un langage en opposition avec ses premières paroles, mais encore pour avoir menti à l'égard du roi et de ses amis avec aussi peu de pudeur que de convenance? [3] Quand il se fût agi de Sardanapale et de sa cour, à peine eût-il osé employer des expressions aussi flétrissantes ; et cependant nous savons la conduite de ce prince et ses débordements par l'inscription placée sur son tombeau, que voici :

« remporte avec moi tout ce que j'ai mangé, le souvenir de mes débauches et des plaisirs que me donna l'amour (6). »

[5] Mais lorsqu'on parle de Philippe et de ses amis, il ne s'agit plus de ne point les accuser de mollesse, de lâcheté ou d'impudicité ; l'écueil est, en voulant faire leur éloge, de ne pouvoir louer d'une manière vraiment digne de leur courage, de leur activité, [6] pour tout dire, de leurs vertus, ces héros qui, par leurs sueurs, et par leurs merveilleux exploits ont fait de la Macédoine, autrefois si faible, une puissance si forte et si considérable. [7] Sans parler des belles actions qui les illustrèrent sous Philippe, celles qu'ils accomplirent encore après sa mort, pendant le règne d'Alexandre, leur ont mérité dans l'univers une renommée de valeur que nul ne conteste. [8] Peut-être faut-il attribuer au chef même de l'expédition, à Alexandre, malgré sa jeunesse, une grande partie de ses succès; [9] mais belle aussi doit être la part de ses capitaines et de ses amis, des hommes enfin qui remportèrent sur l'ennemi tant d'illustres victoires, qui supportèrent tant de rudes fatigues, tant de périls, tant d'épreuves; qui, au sein de l'abondance, et en état, par leurs richesses, de satisfaire toutes leurs passions, ne laissèrent cependant ni leurs corps s'amollir, ni leurs cœurs leur faire commettre quelque chose d'injuste ou d'impie. [10] Presque tous les généraux qui vécurent avec Philippe et ensuite avec Alexandre (il est inutile de les nommer) montrèrent en leur conduite une grandeur, une audace et une sagesse vraiment royales. [11] Et plus tard, après la mort d'Alexandre, par cette même lutte où ils se disputèrent la plus forte partie de l'univers , ils laissèrent au monde un glorieux souvenir que la plupart des historiens ont perpétué. [12] Aussi, je conçois l'aigreur que l'historien Timée montre à l'égard d'Agathocle, roi de Sicile ; bien qu'exagérée, elle n'est pas déraisonnable : il fait le procès d'un homme, son ennemi, d'un despote, d'un méchant; mais la Colère de Théopompe est insensée.

XIII. [1] Dans ses préliminaires, on le voit, il parle de Philippe comme d'un prince bien fait pour la vertu, [2] et ensuite il n'est pas de désordre, de scandale qu'il ne lui reproche. Il faut donc reconnaître qu'au commencement de son histoire, dès les premières lignes, Théopompe a joué le rôle d'un imposteur et d'un courtisan, ou bien qu'en donnant ces détails il a été d'une simplicité puérile, s'il a cru qu'au moyen même de ces folles et coupables calomnies il paraîtrait plus véridique, et que l'éloge qu'il ferait de Philippe serait moins suspect. [3] Du reste, on ne saurait approuver, absolument parlant, le plan d'un écrivain qui, après avoir résolu de reprendre le récit des faits accomplis en Grèce, où Thucydide l'a laissé, et conduit sa narration jusqu'à la bataille de Leuctres, c'est-à-dire jusqu'à une époque pleine de si brillants faits, abandonne tout à coup et la Grèce et son histoire, quitte son texte et se met à raconter le règne de Philippe. [4] Il était plus juste et plus beau d'enfermer dans l'histoire môme de la Grèce celle de Philippe, que de suivre la méthode opposée.[5]  Il n'est pas d'auteur qui, en racontant le règne d'un prince, fût-il ébloui de sa puissance, ne se hâtât à la première occasion de rattacher aussitôt son récit au nom et à l'imposante figure de la Grèce; mais jamais homme, pour peu qu'il soit raisonnable, après avoir commencé par la Grèce et poussé un peu loin cette histoire , n'ira changer un tel sujet contre la biographie d'un roi et le tableau de sa grandeur. [6] Quelle nécessité a donc forcé Théopompe à ne pas s'inquiéter de ces contradictions ? C'est que, sans doute, le résultat d'une histoire des Grecs était seulement le bien et que celle d'un éloge en faveur de Philippe était l'utile. [7] Peut-être Théopompe pourrait-il toutefois excuser, auprès de qui lui en demanderait raison, le tort d'avoir changé de sujet. [8] Mais je pense qu'il ne lui serait pas possible de rendre compte de ses honteuses attaques contre les amis de Philippe, et qu'il devrait reconnaître en cela avoir manqué à toutes les bienséances.

 

 

 

XIV. [1] Φίλιππος δὲ τοὺς μὲν Μεσσηνίους πολεμίους γεγονότας οὐδὲν ἄξιον ἠδυνήθη λόγου βλάψαι, καίπερ ἐπιβαλόμενος κακοποιεῖν αὐτῶν τὴν χώραν, εἰς δὲ τοὺς ἀναγκαιοτάτους τῶν φίλων τὴν μεγίστην ἀσέλγειαν ἐναπεδείξατο. [2] Τὸν γὰρ πρεσβύτερον Ἄρατον, δυσαρεστηθέντα τοῖς ὑπ᾽ αὐτοῦ πεπραγμένοις ἐν τῇ Μεσσήνῃ, μετ᾽ οὐ πολὺ μετὰ Ταυρίωνος τοῦ χειρίζοντος αὐτῷ τὰ κατὰ Πελοπόννησον ἐπανείλατο φαρμάκῳ. [3] Παραυτίκα μὲν οὖν ἠγνοεῖτο παρὰ τοῖς ἐκτὸς τὸ γεγονός. καὶ γὰρ ἦν ἡ δύναμις οὐ τῶν παρ᾽ αὐτὸν τὸν καιρὸν ἀπολλυουσῶν, ἀλλὰ χρόνον ἔχουσα καὶ διάθεσιν ἐργαζομένη. [4] τόν γε μὴν Ἄρατον αὐτὸν οὐκ ἐλάνθανε τὸ κακόν. Ἐγένετο δὲ δῆλον ἐκ τούτων. [5] ἅπαντας γὰρ ἐπικρυπτόμενος τοὺς ἄλλους, πρὸς ἕνα τῶν ὑπηρετῶν Κεφάλωνα διὰ τὴν συνήθειαν οὐκ ἔστεξε τὸν λόγον, ἀλλ᾽ ἐπιμελῶς αὐτῷ κατὰ τὴν ἀρρωστίαν τοῦ προειρημένου συμπαρόντος καί τι τῶν πρὸς τῷ τοίχῳ πτυσμάτων ἐπισημηναμένου δίαιμον ὑπάρχον, εἶπε "ταῦτα τἀπίχειρα τῆς φιλίας, ὦ Κεφάλων, κεκομίσμεθα τῆς πρὸς Φίλιππον" [6] . Οὕτως ἐστὶ μέγα τι καὶ καλὸν χρῆμα μετριότης, ὥστε μᾶλλον ὁ παθὼν τοῦ πράξαντος ᾐσχύνετο τὸ γεγονός, εἰ τοσούτων καὶ τηλικούτων κεκοινωνηκὼς ἔργων ἐπὶ τῷ τοῦ Φιλίππου συμφέροντι τοιαῦτα τἀπίχειρα κεκόμισται τῆς εὐνοίας. [7] Οὗτος μὲν οὖν καὶ διὰ τὸ πολλάκις τῆς ἀρχῆς τετευχέναι παρὰ τοῖς Ἀχαιοῖς, καὶ διὰ τὸ πλῆθος καὶ διὰ τὸ μέγεθος τῶν εἰς τὸ ἔθνος εὐεργεσιῶν, μεταλλάξας τὸν βίον ἔτυχε πρεπούσης τιμῆς καὶ παρὰ τῇ πατρίδι καὶ παρὰ τῷ κοινῷ τῶν Ἀχαιῶν. [8] καὶ γὰρ θυσίας αὐτῷ καὶ τιμὰς ἡρωικὰς ἐψηφίσαντο, καὶ συλλήβδην ὅσα πρὸς αἰώνιον ἀνήκει μνήμην, ὥστ᾽ εἴπερ καὶ περὶ τοὺς ἀποιχομένους ἔστι τις αἴσθησις, εἰκὸς εὐδοκεῖν αὐτὸν καὶ τῇ τῶν Ἀχαιῶν εὐχαριστίᾳ καὶ ταῖς ἐν τῷ ζῆν κακοπραγίαις καὶ κινδύνοις. [Cod. Urb. fol. 106 extr. exc. ant. p. 198; ]

(L'auteur revient à l'objet véritable de son histoire; il poursuit le récit des cruautés de Philippe, aigri par le malheur. — Mort d'Aratus. )

XIV. (7) [1] Philippe, malgré son désir de ravager les campagnes des Messéniens, devenus ses ennemis, ne put leur causer aucun dommage considérable.; mais ce fut surtout contre ses amis les plus intimes qu'il signala ses cruelles fureurs. [2] Aratus avait désapprouvé la conduite de ce prince à Messène. Aussi, peu après Philippe le fit-il empoisonner par Taurion, chargé pour lui des affaires du Péloponnèse. [3] Ce forfait fut d'abord un secret pour le public ; car le poison dont il s'était servi n'avait pas cette violence qui tue sur-le-champ ; c'était un de ces poisons lents qui peu à peu ruinent la santé. [4] Aratus, cependant, s'aperçut de ce qu'il en était, comme le prouve l'anecdote suivante, [5] et s'il cacha la vérité à tous ceux qui l'entouraient, il ne la dissimula pas à un de ses serviteurs, Céphalon, en qui il avait une pleine confiance. Comme celui-ci, sans cesse auprès de son chevet durant sa maladie, lui faisait remarquer sur le mur de la salive mêlée de sang : «Voilà, dit Aratus à Céphalon, le fruit de notre amitié pour Philippe. » [6] Grand et bel effet de la modération ! La victime même du crime rougissait plus que son meurtrier de voir quelle récompense, après avoir pris une part si active à tout ce qui était utile pour Philippe, elle retirait de son dévouement. [7] Aratus reçut du moins de sa patrie et de la ligue achéenne, en mémoire de l'autorité qu'il avait souvent exercée chez les Achéens, et de ses nombreux et brillants services envers l'État, les hommages auxquels il avait droit. [8] On lui décerna les honneurs et les sacrifices réservés aux demi-dieux, et toutes ces marques d'estime qui font vivre un nom dans la postérité. Si les morts conservent encore quelque sentiment, Aratus a dû jouir de la gratitude des Achéens, et se féliciter d'avoir pour eux bravé sur la terre tant de fatigues et de périls.

 

 

 

XV. 8 [1]. Ὅτι Καύαρος ὁ βασιλεὺς τῶν ἐν τῇ Θρᾴκῃ Γαλατῶν βασιλικὸς ὑπάρχων τῇ φύσει καὶ μεγαλόφρων, πολλὴν μὲν ἀσφάλειαν παρεσκεύαζε τοῖς προσπλέουσι τῶν ἐμπόρων εἰς τὸν Πόντον, [2] μεγάλας δὲ παρείχετο χρείας τοῖς Βυζαντίοις ἐν τοῖς πρὸς τοὺς Θρᾷκας καὶ Βιθυνοὺς πολέμοις. [Exc. Peir. p. 26.]

XVI. [1] Πάλαι δὲ τῇ διανοίᾳ περὶ τὸν Λίσσον καὶ τὸν Ἀκρόλισσον ὤν, καὶ σπουδάζων ἐγκρατὴς γενέσθαι τῶν τόπων τούτων, ὥρμησε μετὰ τῆς δυνάμεως. ποιησάμενος δὲ τὴν πορείαν ἐπὶ δύ᾽ ἡμέρας, [2] καὶ διελθὼν τὰ στενά, κατέζευξε παρὰ τὸν Ἀρδάξανον ποταμόν, οὐ μακρὰν τῆς πόλεως. [3] Θεωρῶν δὲ τόν τε τοῦ Λίσσου περίβολον καὶ τὰ πρὸς τῇ θαλάττῃ καὶ τὰ πρὸς τὴν μεσόγαιον ἠσφαλισμένον διαφερόντως καὶ φύσει καὶ κατασκευῇ, τόν τε παρακείμενον Ἀκρόλισσον αὐτῷ καὶ διὰ τὴν εἰς ὕψος ἀνάτασιν καὶ διὰ τὴν ἄλλην ἐρυμνότητα τοιαύτην ἔχοντα φαντασίαν ὥστε μηδ᾽ ἂν ἐλπίσαι μηδένα κατὰ κράτος ἑλεῖν, τῆς μὲν περὶ τοῦτον ἐλπίδος ἀπέστη τελέως, τῆς δὲ πόλεως οὐ λίαν ἀπήλπισε. [4] Συνθεωρήσας δὲ τὸ μεταξὺ διάστημα τοῦ Λίσσου καὶ τοῦ κατὰ τὸν Ἀκρόλισσον πρόποδος σύμμετρον ὑπάρχον πρὸς τὴν ἐπιβολὴν τὴν κατὰ τῆς πόλεως, κατὰ τοῦτο διενοήθη συστησάμενος ἀκροβολισμὸν χρήσασθαι στρατηγήματι πρὸς τὸ παρὸν οἰκείῳ. [5] Δοὺς δὲ μίαν ἡμέραν πρὸς ἀνάπαυσιν τοῖς Μακεδόσι, καὶ παρακαλέσας ἐν αὐτῇ τὰ πρέποντα τῷ καιρῷ, τὸ μὲν πολὺ μέρος καὶ χρησιμώτατον τῶν εὐζώνων ἔτι νυκτὸς εἴς τινας φάραγγας ὑλώδεις ἔκρυψε κατὰ τὸν ἐπὶ τῆς μεσογαίου τόπον ὑπὲρ τὸ προειρημένον διάστημα, [6] τοὺς δὲ πελταστὰς εἰς τὴν ἐπαύριον ἔχων καὶ τὸ λοιπὸν μέρος τῶν εὐζώνων ἐπὶ θάτερα τῆς πόλεως κατὰ θάλατταν ἐχρῆτο τῇ πορείᾳ. [7] Περιελθὼν δὲ τὴν πόλιν, καὶ γενόμενος κατὰ τὸν προειρημένον τόπον, δῆλος ἦν ὡς ταύτῃ ποιησόμενος τὴν πρὸς τὴν πόλιν ἀνάβασιν. [8] Οὐκ ἀγνοουμένης δὲ τῆς τοῦ Φιλίππου παρουσίας ἦν πλῆθος ἱκανὸν ἐξ ἁπάσης τῆς πέριξ Ἰλλυρίδος εἰς τὸν Λίσσον ἡθροισμένον. [9] τῷ μὲν γὰρ Ἀκρολίσσῳ διὰ τὴν ὀχυρότητα πιστεύοντες μετρίαν τινὰ τελέως εἰς αὐτὸν ἀπένειμαν φυλακήν.

XVII. [1] Διόπερ ἅμα τῷ συνεγγίζειν τοὺς Μακεδόνας εὐθέως ἐκ τῆς πόλεως ἐξεχέοντο, θαρροῦντες ἐπί τε τῷ πλήθει καὶ ταῖς τῶν τόπων ὀχυρότησι. [2] Τοὺς μὲν οὖν πελταστὰς ὁ βασιλεὺς ἐν τοῖς ἐπιπέδοις ἐπέστησε, τοῖς δὲ κούφοις παρήγγειλε προβαίνειν πρὸς τοὺς λόφους καὶ συμπλέκεσθαι πρὸς τοὺς πολεμίους ἐρρωμένως. Ποιούντων δὲ τὸ παραγγελθέν, [3] ἐπὶ ποσὸν μὲν ὁ κίνδυνος πάρισος ἦν μετὰ δὲ ταῦτα καὶ ταῖς δυσχωρίαις εἴξαντες οἱ παρὰ τοῦ Φιλίππου καὶ τῷ πλήθει τῶν πολεμίων ἐτράπησαν. [4] Καταφυγόντων δὲ τούτων εἰς τοὺς πελταστὰς οἱ μὲν ἐκ τῆς πόλεως καταφρονήσαντες προῄεσαν καὶ συγκαταβάντες ἐν τοῖς ἐπιπέδοις προσεμάχοντο τοῖς πελτασταῖς. [5] οἱ δὲ τὸν Ἀκρόλισσον φυλάττοντες, θεωροῦντες τὸν Φίλιππον ἐκ διαδοχῆς ταῖς σπείραις ἐπὶ πόδα ποιούμενον τὴν ἀναχώρησιν, καὶ δόξαντες τοῖς ὅλοις αὐτὸν εἴκειν, ἔλαθον ἐκκληθέντες διὰ τὸ πιστεύειν τῇ φύσει τοῦ τόπου, [6] κἄπειτα κατ᾽ ὀλίγους ἐκλιπόντες τὸν Ἀκρόλισσον κατέρρεον ταῖς ἀνοδίαις εἰς τοὺς ὁμαλοὺς καὶ πεδινοὺς τόπους, ὡς ἤδη τινὸς ὠφελείας καὶ τροπῆς τῶν πολεμίων ἐσομένης. [7] Κατὰ δὲ τὸν καιρὸν τοῦτον οἱ τὰς ἐνέδρας ἐκ τῆς μεσογαίας διειληφότες ἀφανῶς ἐξαναστάντες ἐνεργὸν ἐποιήσαντο τὴν ἔφοδον. ἅμα δὲ τούτοις ἐκ μεταβολῆς οἱ πελτασταὶ συνεπέθεντο τοῖς ὑπεναντίοις. [8] Οὗ συμβάντος διαταραχθέντες οἱ μὲν ἐκ τοῦ Λίσσου σποράδην ποιούμενοι τὴν ἀναχώρησιν διεσῴζοντο πρὸς τὴν πόλιν, οἱ δὲ τὸν Ἀκρόλισσον ἐκλιπόντες ἀπετμήθησαν ὑπὸ τῶν ἐκ τῆς ἐνέδρας ἐξαναστάντων. [9] Διὸ καὶ συνέβη τὸ μὲν ἀνέλπιστον, τὸν Ἀκρόλισσον παραχρῆμα ληφθῆναι χωρὶς κινδύνων, τὸν δὲ Λίσσον τῇ κατὰ πόδας ἡμέρᾳ μετὰ μεγάλων ἀγώνων, ποιησαμένων τῶν Μακεδόνων ἐνεργοὺς καὶ καταπληκτικὰς προσβολάς. Φίλιππος μὲν οὖν, [10] παραδόξως ἐγκρατὴς γενόμενος τῶν προειρημένων τόπων, ἅπαντας τοὺς πέριξ ὑποχειρίους ἐποιήσατο διὰ ταύτης τῆς πράξεως, ὥστε τοὺς πλείστους τῶν Ἰλλυριῶν ἐθελοντὴν ἐπιτρέπειν αὐτῷ τὰς πόλεις. [11] οὐδεμία γὰρ ὀχυρότης ἔτι πρὸς τὴν Φιλίππου βίαν οὐδ᾽ ἀσφάλεια τοῖς ἀντιταττομένοις προυφαίνετο, κεκρατημένων μετὰ βίας τῶν προειρημένων ὀχυρωμάτων. [Cod. Urb. fol. 107 exc. ant. p. 199.]

(Conclusion sur la corruption soudaine de Philippe. — Influence funeste de Démétrius. — Effets de la flatterie. A cette digression, ou quelque autre de ce genre, se rattachait ce fragment sur Cavarus.)

XV. [1]  Cavarus, roi des Gaulois en Thrace, était vraiment digne du trône par la noblesse du cœur ; il avait l'âme grande. Il procura aux marchands qui se rendaient dans le Pont une entière sécurité ; il rendit enfin d'importants, d'éminents services aux Byzantins dans leurs guerres contre les Thraces et les Bithyniens ; mais il fut corrompu, malgré sa vertu, par le courtisan Sostrate, Chalcédonien d'origine.

XVI. [1] Depuis longtemps Philippe convoitait Lisse et sa citadelle, et pressé de faire cette conquête, il partit suivi de toutes ses troupes. Après avoir marché deux jours et franchi les défilés,[2]  il établit son camp près du fleuve Ardaxane, assez près de la ville. [3] A la vue de l'enceinte de Lisse, que la nature et l'art avaient merveilleusement fortifiée par terre et par mer, et de la citadelle voisine de Lisse, dont la situation élevée et les remparts présentaient un aspect peu propre à faire espérer d'enlever une telle place de vive force, il renonça à l'idée de prendre Acrolisse d'assaut, mais n'abandonna pas ses prétentions sur la ville. [4] Il remarqua que le terrain qui séparait Lisse de la montagne où s'élevait Acrolisse était assez étendu pour permettre un coup de main sur Lisse elle-même, et il résolut, en y engageant une escarmouche, d'avoir recours à un stratagème accommodé aux circonstances. [5] Il donna aux Macédoniens un jour de repos, en profita pour leur adresser les conseils nécessaires, cacha durant la nuit la plus grande [6] et la meilleure partie de ses troupes légères dans quelques ravins boisés, vers l'intérieur des terres au-dessus de l'espace dont nous avons parlé ; et le lendemain , suivi du reste des soldats armés à la légère et de ses peltastes, il se dirigea de l'autre côté de la ville, le long de la mer. [7] Il fit le tour de la place, et parvenu où l'on sait, feignit de vouloir livrer l'assaut. [8] A la première nouvelle de l'arrivée de Philippe, de toutes les parties, environnantes de l'Illyrie, des forces considérables s'étaient réunies dans Lisse. [9] Confiant en la force naturelle de l'Acrolisse, on n'y avait déposé qu'une faible garde.

XVII. [1] Aussi, dès que les Macédoniens approchèrent, les Illyriens, qui comptaient également et sur leur nombre et sur l'avantage des lieux, se répandirent hors de la ville. [2] Le roi eut à peine opéré ce mouvement, qu'il établit les peltastes dans la plaine et donna ordre aux troupes légères de se porter vers les hauteurs et d'en venir énergiquement aux mains avec l'ennemi. [3] D'abord le combat demeura indécis ; mais enfin les soldats de Philippe, vaincus et par la multitude de leurs adversaires et par les difficultés du terrain, prirent la fuite ; [4] ils se replièrent vers les peltastes, et les défenseurs de Lisse, enhardis par ce succès, poussèrent en avant sans tarder davantage, et descendus dans la plaine, attaquèrent les peltastes eux-mêmes. [5] Cependant les soldats enfermés dans l'Acrolisse, qui voyaient Philippe rappeler successivement ses cohortes delà mêlée, et s'imaginaient qu'il abandonnait le champ de bataille, se laissèrent, par trop de confiance en la force de leur position, éconduire de leur poste, [6] ils quittèrent donc peu à peu l'Acrolisse , et se précipitèrent par des chemins détournés dans la plaine, où ils croyaient déjà voir l'ennemi en fuite, et en leurs mains de riches dépouilles. [7] Mais alors les troupes apostées du côté de la terre se levèrent soudain et se jetèrent hardiment sur le champ de bataille, tandis que les peltastes, faisant volte-face, tinrent courageusement tête aux Illyriens. [8] Troublé par cette manœuvre, l'ennemi s'enfuit à son tour, et si la garnison de Lisse regagna, bien qu'en désordre, la ville, les troupes de l'embuscade fermèrent le chemin aux soldats de l'Acrolisse. [9] Ainsi, contre toutes les prévisions, la citadelle fut prise sans aucune peine. Le lendemain Lisse se rendit, mais ce fut après de nombreux combats et de terribles assauts livrée par les Macédoniens. Philippe, [10] devenu maître si merveilleusement de Lisse et d'Acrolisse, soumit du même coup toutes les peuplades d'alentour. La plupart des villes d'Illyrie lui ouvrirent Spontanément leurs portes , [11] il n'y eut plus de murailles qui parussent asses fortes, pas de retraites assez assurées contre sa puissance, quand de telles places avaient cédé à ses armes.

IV. Res Asiae

 

Δασαρῖται, ἔθνος Ἰλλυρίας.

Ὕσκανα, πόλις Ἰλλθρίδος, οὐδετέρως.

 

XVIII. [1] Βῶλις ἦν ἀνὴρ γένει μὲν Κρής, χρόνον δὲ πολὺν ἐν τῇ βασιλείᾳ διατετριφὼς ἐν ἡγεμονικῇ προστασίᾳ, δοκῶν δὲ καὶ σύνεσιν ἔχειν καὶ τόλμαν παράβολον καὶ τριβὴν ἐν τοῖς πολεμικοῖς οὐδενὸς ἐλάττω. [2] Τοῦτον ὁ Σωσίβιος διὰ πλειόνων λόγων πιστωσάμενος, καὶ παρασκευάσας εὔνουν ἑαυτῷ καὶ πρόθυμον, ἀναδίδωσι τὴν πρᾶξιν, λέγων ὡς οὐδὲν ἂν τῷ βασιλεῖ μεῖζον χαρίσαιτο κατὰ τοὺς ἐνεστῶτας καιροὺς ἢ συνεπινοήσας πῶς καὶ τίνι τρόπῳ δύναται σῶσαι τὸν Ἀχαιόν. [3] Τότε μὲν οὖν διακούσας ὁ Βῶλις, καὶ φήσας ἐπισκέψασθαι περὶ τῶν εἰρημένων, ἐχωρίσθη. [4] δοὺς δὲ λόγον ἑαυτῷ, καὶ μετὰ δύ᾽ ἢ τρεῖς ἡμέρας προσελθὼν πρὸς τὸν Σωσίβιον, ἀνεδέξατο τὴν πρᾶξιν εἰς αὑτόν, φήσας καὶ γεγονέναι πλείω χρόνον ἐν ταῖς Σάρδεσι καὶ τῶν τόπων ἐμπειρεῖν, καὶ τὸν Καμβύλον τὸν ἡγεμόνα τῶν παρ᾽ Ἀντιόχῳ στρατευομένων Κρητῶν οὐ μόνον πολίτην, ἀλλὰ καὶ συγγενῆ καὶ φίλον ὑπάρχειν αὑτῷ. [5] Συνέβαινε δὲ καὶ τὸν Καμβύλον καὶ τοὺς ὑπὸ τοῦτον ταττομένους Κρῆτας πεπιστεῦσθαί τι τῶν φυλακτηρίων τῶν κατὰ τοὺς ὄπισθε τόπους τῆς ἄκρας, οἵτινες κατασκευὴν μὲν οὐκ ἐπεδέχοντο, τῇ δὲ συνεχείᾳ τῶν ὑπὸ τὸν Καμβύλον τεταγμένων ἀνδρῶν ἐτηροῦντο. [6] Τοῦ δὲ Σωσιβίου δεξαμένου τὴν ἐπίνοιαν, καὶ διειληφότος ἢ μὴ δυνατὸν εἶναι σωθῆναι τὸν Ἀχαιὸν ἐκ τῶν περιεστώτων, ἢ δυνατοῦ καθάπαξ ὑπάρχοντος διὰ μηδενὸς ἂν ἑτέρου γενέσθαι τοῦτο βέλτιον ἢ διὰ Βώλιδος, τοιαύτης δὲ συνδραμούσης καὶ περὶ τὸν Βῶλιν προθυμίας, ταχέως ἐλάμβανε τὸ πρᾶγμα προκοπήν. [7] Ὅ τε γὰρ Σωσίβιος ἅμα μὲν προεδίδου τῶν χρημάτων εἰς τὸ μηδὲν ἐλλείπειν εἰς τὰς ἐπιβολάς, πολλὰ δ᾽ εὖ γενομένων ὑπισχνεῖτο δώσειν, [8] τὰς δὲ παρ᾽ αὐτοῦ τοῦ βασιλέως καὶ παρ᾽ Ἀχαιοῦ τοῦ σῳζομένου χάριτας ἐξ ὑπερβολῆς αὔξων εἰς μεγάλας ἐλπίδας ἦγε τὸν Βῶλιν. [9] ὅ τε προειρημένος ἀνήρ, ἕτοιμος ὢν πρὸς τὴν πρᾶξιν, οὐδένα χρόνον ἐπιμείνας ἐξέπλευσε, συνθήματα λαβὼν καὶ πίστεις πρός τε Νικόμαχον εἰς Ῥόδον, ὃς ἐδόκει πατρὸς ἔχειν διάθεσιν κατὰ τὴν εὔνοιαν καὶ πίστιν πρὸς τὸν Ἀχαιόν, ὁμοίως δὲ καὶ πρὸς Μελαγκόμαν εἰς Ἔφεσον. [10] Οὗτοι γὰρ ἦσαν, δι᾽ ὧν καὶ τὸν πρὸ τοῦ χρόνον Ἀχαιὸς τά τε πρὸς τὸν Πτολεμαῖον καὶ τὰς ἄλλας ἁπάσας τὰς ἔξωθεν ἐπιβολὰς ἐχείριζε.

XIX. [1] Παραγενόμενος δ᾽ εἰς τὴν Ῥόδον καὶ μετὰ ταῦτα πάλιν εἰς τὴν Ἔφεσον, καὶ κοινωσάμενος τοῖς προειρημένοις ἀνδράσι, καὶ λαβὼν αὐτοὺς ἑτοίμους εἰς τὰ παρακαλούμενα, μετὰ ταῦτ᾽ Ἀριανόν τινα τῶν ὑφ᾽ αὑτὸν ταττομένων διαπέμπεται πρὸς τὸν Καμβύλον, [2] φήσας ἐξαπεστάλθαι μὲν ἐκ τῆς Ἀλεξανδρείας ξενολογήσων, βούλεσθαι δὲ τῷ Καμβύλῳ συμμῖξαι περί τινων ἀναγκαίων. διόπερ ᾤετο δεῖν τάξασθαι καιρὸν καὶ τόπον, ἐν ᾧ μηδενὸς συνειδότος αὑτοῖς συναντήσουσι. [3] Ταχὺ δὲ τοῦ Ἀριανοῦ συμμίξαντος τῷ Καμβύλῳ καὶ δηλώσαντος τὰς ἐντολάς, ἑτοίμως ὁ προειρημένος ἀνὴρ ὑπήκουσε τοῖς παρακαλουμένοις, καὶ συνθέμενος ἡμέραν καὶ τόπον ἑκατέρῳ γνωστόν, εἰς ὃν παρέσται νυκτός, ἀπέπεμψε τὸν Ἀριανόν. [4] Ὁ δὲ Βῶλις, ἅτε Κρὴς ὑπάρχων καὶ φύσει ποικίλος, πᾶν ἐβάσταζε πρᾶγμα καὶ πᾶσαν ἐπίνοιαν ἐψηλάφα. [5] Τέλος δὲ συμμίξας τῷ Καμβύλῳ κατὰ τὴν τοῦ Ἀριανοῦ σύνταξιν ἔδωκε τὴν ἐπιστολήν. Ἧς τεθείσης εἰς τὸ μέσον ἐποιοῦντο τὴν σκέψιν Κρητικήν. [6] οὐ γὰρ ἐσκόπουν ὑπὲρ τῆς τοῦ κινδυνεύοντος σωτηρίας οὐδ᾽ ὑπὲρ τῆς τῶν ἐγχειρισάντων τὴν πρᾶξιν πίστεως, ἀλλ᾽ ὑπὲρ τῆς αὑτῶν ἀσφαλείας καὶ τοῦ σφίσιν αὐτοῖς συμφέροντος. [7] Διόπερ ἀμφότεροι Κρῆτες ὄντες συντόμως κατηνέχθησαν ἐπὶ τὴν αὐτὴν γνώμην. αὕτη δ᾽ ἦν τὰ μὲν παρὰ τοῦ Σωσιβίου προδεδομένα δέκα τάλαντα διελέσθαι κοινῇ, [8] τὴν δὲ πρᾶξιν Ἀντιόχῳ δηλώσαντας καὶ συνεργῷ χρησαμένους ἐπαγγείλασθαι τὸν Ἀχαιὸν ἐγχειριεῖν αὐτῷ, λαβόντας χρήματα καὶ τὰς εἰς τὸ μέλλον ἐλπίδας ἀξίας τῆς προειρημένης ἐπιβολῆς. [9] Τούτων δὲ κυρωθέντων ὁ μὲν Καμβύλος ἀνεδέξατο χειριεῖν τὰ κατὰ τὸν Ἀντίοχον, ὁ δὲ Βῶλις ἐτάξατο μετά τινας ἡμέρας πέμψειν τὸν Ἀριανὸν πρὸς τὸν Ἀχαιόν, ἔχοντα παρά τε τοῦ Νικομάχου καὶ Μελαγκόμα συνθηματικὰ γράμματα. [10] Περὶ δὲ τοῦ παρεισελθεῖν τὸν Ἀριανὸν εἰς τὴν ἄκραν ἀσφαλῶς καὶ πάλιν ἀπελθεῖν, ἐκεῖνον ἐκέλευε φροντίζειν. [11] Ἐὰν δὲ προσδεξάμενος τὴν ἐπιβολὴν Ἀχαιὸς ἀντιφωνήσῃ τοῖς περὶ τὸν Νικόμαχον καὶ Μελαγκόμαν, οὕτως ἔφη δώσειν ὁ Βῶλις αὑτὸν εἰς τὴν χρείαν καὶ συμμίξειν τῷ Καμβύλῳ. [12] Τῆς δὲ διατάξεως γενομένης τοιαύτης χωρισθέντες ἔπραττον ἑκάτεροι τὰ συντεταγμένα.

XX. [1] Καὶ λαβὼν καιρὸν πρῶτον ὁ Καμβύλος προσφέρει τῷ βασιλεῖ τὸν λόγον. [2] Ὁ δ᾽ Ἀντίοχος, πρὸς τρόπον αὐτῷ καὶ παραδόξου γενομένης τῆς ἐπαγγελίας, τὰ μὲν ὑπερχαρὴς ὢν πάνθ᾽ ὑπισχνεῖτο, τὰ δὲ διαπιστῶν ἐξήταζε τὰς κατὰ μέρος ἐπινοίας καὶ παρασκευὰς αὐτῶν. [3] Μετὰ δὲ ταῦτα πιστεύσας, καὶ νομίζων ὡς ἂν εἰ σὺν θεῷ γίνεσθαι τὴν ἐπιβολήν, ἠξίου καὶ πολλάκις ἐδεῖτο τοῦ Καμβύλου συντελεῖν τὴν πρᾶξιν. [4] Τὸ δὲ παραπλήσιον ὁ Βῶλις ἐποίει πρὸς τὸν Νικόμαχον καὶ Μελαγκόμαν. Οἱ δὲ πιστεύοντες ἀπὸ τοῦ κρατίστου γίνεσθαι τὴν ἐπιβολήν, καὶ παραυτίκα τῷ Ἀριανῷ συνθέντες τὰς πρὸς τὸν Ἀχαιὸν ἐπιστολὰς γεγραμμένας συνθηματικῶς, καθάπερ ἔθος ἦν αὐτοῖς, [5] οὕτως ὥστε τὸν κυριεύσαντα τῆς ἐπιστολῆς μὴ δύνασθαι γνῶναι μηδὲν τῶν ἐν αὐτῇ γεγραμμένων, ἐξαπέστειλαν παρακαλοῦντες πιστεύειν τοῖς περὶ τὸν Βῶλιν καὶ τὸν Καμβύλον. [6] Ὁ δ᾽ Ἀριανὸς διὰ τοῦ Καμβύλου παρελθὼν εἰς τὴν ἄκραν τὰ γεγραμμένα τοῖς περὶ τὸν Ἀχαιὸν ἀπέδωκε, καὶ συμπαρὼν ἀπὸ τῆς ἀρχῆς τοῖς γινομένοις ἀκριβῶς τὸν κατὰ μέρος ὑπὲρ ἑκάστων ἀπεδίδου λόγον, πολλάκις μὲν καὶ ποικίλως ὑπὲρ τῶν κατὰ τὸν Σωσίβιον καὶ Βῶλιν ἀνακρινόμενος, πολλάκις δὲ περὶ Νικομάχου καὶ Μελαγκόμα, μάλιστα δὲ περὶ τῶν κατὰ τὸν Καμβύλον. [7] Οὐ μὴν ἀλλ᾽ αὐτοπαθῶς καὶ γενναίως ὑπέμενε τοὺς ἐλέγχους, καὶ μάλιστα διὰ τὸ μὴ γινώσκειν τὸ συνέχον τῶν τῷ Καμβύλῳ καὶ Βώλιδι δεδογμένων. [8] Ἀχαιὸς δὲ καὶ διὰ τῶν ἀνακρίσεων τῶν τοῦ Ἀριανοῦ καὶ μάλιστα διὰ τῶν παρὰ τοῦ Νικομάχου καὶ Μελαγκόμα συνθημάτων πιστεύσας ἀντεφώνησε, καὶ παραχρῆμα πάλιν ἐξέπεμψε τὸν Ἀριανόν. [9] Πλεονάκις δὲ τούτου γινομένου παρ᾽ ἑκατέρων, τέλος οἱ περὶ τὸν Ἀχαιὸν ἐπέτρεψαν περὶ σφῶν τοῖς περὶ τὸν Νικόμαχον, ἅτε μηδεμιᾶς ἄλλης ἐλπίδος ἔτι καταλειπομένης πρὸς σωτηρίαν, καὶ πέμπειν ἐκέλευον ἅμα τῷ Ἀριανῷ τὸν Βῶλιν ἀσελήνου νυκτός, ὡς ἐγχειριοῦντες αὑτούς. [10] Ἦν γάρ τις ἐπίνοια περὶ τὸν Ἀχαιὸν τοιαύτη, πρῶτον μὲν διαφυγεῖν τοὺς ἐνεστῶτας κινδύνους, μετὰ δὲ ταῦτα ποιήσασθαι δίχα προόδου τὴν ὁρμὴν ἐπὶ τοὺς κατὰ Συρίαν τόπους. [11] πάνυ γὰρ εἶχε μεγάλας ἐλπίδας ἐπιφανεὶς ἄφνω καὶ παραδόξως τοῖς κατὰ Συρίαν ἀνθρώποις, καὶ ἔτι διατρίβοντος Ἀντιόχου περὶ τὰς Σάρδεις, μέγα ποιήσειν κίνημα καὶ μεγάλης ἀποδοχῆς τεύξεσθαι παρά τε τοῖς Ἀντιοχεῦσι καὶ τοῖς κατὰ Κοίλην Συρίαν καὶ Φοινίκην.

XXI. [1] Ὁ μὲν οὖν Ἀχαιὸς ἐπί τινος τοιαύτης προσδοκίας καὶ διαλογισμῶν ὑπάρχων ἐκαραδόκει τὴν παρουσίαν τοῦ Βώλιδος. [2] οἱ δὲ περὶ τὸν Μελαγκόμαν ἀποδεξάμενοι τὸν Ἀριανὸν καὶ τὰς ἐπιστολὰς ἀναγνόντες, ἐξέπεμπον τὸν Βῶλιν, παρακαλέσαντες διὰ πλειόνων καὶ μεγάλας ἐλπίδας ὑποδείξαντες, ἐὰν καθίκηται τῆς ἐπιβολῆς. [3] Ὁ δὲ προδιαπεμψάμενος τὸν Ἀριανόν, καὶ δηλώσας τῷ Καμβύλῳ τὴν αὑτοῦ παρουσίαν, ἧκε νυκτὸς ἐπὶ τὸν συντεθέντα τόπον. [4] Γενόμενοι δὲ μίαν ἡμέραν ἐπὶ ταὐτό, καὶ συνταξάμενοι περὶ τοῦ πῶς χειρισθήσεται τὰ κατὰ μέρος, μετὰ ταῦτα νυκτὸς εἰσῆλθον εἰς τὴν παρεμβολήν. [5] Ἡ δὲ διάταξις αὐτῶν ἐγεγόνει τοιαύτη τις. εἰ μὲν συμβαίη τὸν Ἀχαιὸν ἐκ τῆς ἄκρας ἐλθεῖν μόνον ἢ καὶ δεύτερον μετὰ τοῦ Βώλιδος καὶ Ἀριανοῦ, τελέως εὐκαταφρόνητος, ἔτι δ᾽ εὐχείρωτος ἔμελλε γίνεσθαι τοῖς ἐνεδρεύουσιν. [6] εἰ δὲ μετὰ πλειόνων, δύσχρηστος ἡ πρόθεσις ἀπέβαινε τοῖς πεπιστευμένοις, ἄλλως τε καὶ ζωγρίᾳ σπεύδουσι κυριεῦσαι διὰ τὸ τῆς πρὸς τὸν Ἀντίοχον χάριτος τὸ πλεῖστον ἐν τούτῳ κεῖσθαι τῷ μέρει. [7] Διόπερ ἔδει τὸν μὲν Ἀριανόν, ὅταν ἐξάγῃ τὸν Ἀχαιόν, ἡγεῖσθαι διὰ τὸ γινώσκειν τὴν ἀτραπόν, ᾗ πολλάκις ἐπεποίητο καὶ τὴν εἴσοδον καὶ τὴν ἔξοδον, [8] τὸν δὲ Βῶλιν ἀκολουθεῖν τῶν ἄλλων κατόπιν, ἵν᾽ ἐπειδὰν παραγένηται πρὸς τὸν τόπον, ἐν ᾧ τοὺς ἐνεδρεύοντας ἑτοίμους ὑπάρχειν ἔδει διὰ τοῦ Καμβύλου, τότ᾽ ἐπιλαβόμενος κρατοίη τὸν Ἀχαιόν, καὶ μήτε διαδραίη κατὰ τὸν θόρυβον νυκτὸς οὔσης διὰ τόπων ὑλωδῶν, μήθ᾽ αὑτὸν ῥίψαι κατά τινος κρημνοῦ περιπαθὴς γενόμενος, πέσοι δὲ κατὰ τὴν πρόθεσιν ὑπὸ τὰς τῶν ἐχθρῶν χεῖρας ζωγρίᾳ. [9] Τούτων δὲ συγκειμένων, καὶ παραγενομένου τοῦ Βώλιδος ὡς τὸν Καμβύλον, ᾗ μὲν ἦλθε νυκτί, ταύτῃ παράγει πρὸς τὸν Ἀντίοχον τὸν Βῶλιν ὁ Καμβύλος μόνος πρὸς μόνον. [10] Ἀποδεξαμένου δὲ τοῦ βασιλέως φιλοφρόνως, καὶ δόντος πίστεις ὑπὲρ τῶν ἐπαγγελιῶν, καὶ παρακαλέσαντος ἀμφοτέρους διὰ πλειόνων μηκέτι μέλλειν ὑπὲρ τῶν προκειμένων, τότε μὲν ἀνεχώρησαν εἰς τὴν αὑτῶν παρεμβολήν, [11] ὑπὸ δὲ τὴν ἑωθινὴν Βῶλις ἀνέβη μετὰ τοῦ Ἀριανοῦ, καὶ παρεισῆλθεν ἔτι νυκτὸς εἰς τὴν ἄκραν.

XXII. [1] Ἀχαιὸς δὲ προσδεξάμενος ἐκτενῶς καὶ φιλοφρόνως τὸν Βῶλιν ἀνέκρινε διὰ πλειόνων ὑπὲρ ἑκάστου τῶν κατὰ μέρος. [2] Θεωρῶν δὲ καὶ κατὰ τὴν ἐπιφάνειαν τὸν ἄνδρα καὶ κατὰ τὴν ὁμιλίαν ἕλκοντα τὸ τῆς πράξεως στάσιμον, τὰ μὲν περιχαρὴς ἦν διὰ τὴν ἐλπίδα τῆς σωτηρίας, τὰ δὲ πάλιν ἐπτοημένος καὶ πλήρης ἀγωνίας διὰ τὸ μέγεθος τῶν ἀποβησομένων. [3] Ὑπάρχων δὲ καὶ κατὰ τὴν διάνοιαν οὐδενὸς ἥττων καὶ κατὰ τὴν ἐν πράγμασι τριβὴν ἱκανός, ὅμως ἀκμὴν ἔκρινε μὴ πᾶσαν εἰς τὸν Βῶλιν ἀνακρεμάσαι τὴν πίστιν. [4] Διὸ ποιεῖται τοιούτους λόγους πρὸς αὐτόν, ὅτι κατὰ μὲν τὸ παρὸν οὐκ ἔστι δυνατὸν ἐξελθεῖν αὐτῷ, πέμψει δέ τινας τῶν φίλων μετ᾽ ἐκείνου τρεῖς ἢ τέτταρας, ὧν συμμιξάντων τοῖς περὶ τὸν Μελαγκόμαν ἕτοιμον αὑτὸν ἔφη παρασκευάσειν πρὸς τὴν ἔξοδον. [5] Ὁ μὲν οὖν Ἀχαιὸς ἐποίει τὰ δυνατά. τοῦτο δ᾽ ἠγνόει, τὸ δὴ λεγόμενον, πρὸς Κρῆτα κρητίζων. ὁ γὰρ Βῶλις οὐθὲν ἀψηλάφητον εἶχε τῶν ἐπινοηθέντων ἂν εἰς τοῦτο τὸ μέρος. [6] Πλὴν παραγενομένης τῆς νυκτός, ἐν ᾗ συνεξαποστέλλειν ἔφη τοὺς φίλους, προπέμψας τὸν Ἀριανὸν καὶ τὸν Βῶλιν ἐπὶ τὴν τῆς ἄκρας ἔξοδον μένειν προσέταξε, μέχρις ἂν οἱ μέλλοντες αὐτοῖς συνεξορμᾶν παραγένωνται. [7] Τῶν δὲ πειθαρχησάντων, κοινωσάμενος παρ᾽ αὐτὸν τὸν καιρὸν τῇ γυναικὶ καὶ ποιήσας διὰ τὸ παράδοξον τὴν Λαοδίκην ἔκφρονα, χρόνον μέν τινα λιπαρῶν ταύτην καὶ καταπραΰνων ταῖς προσδοκωμέναις ἐλπίσι προσεκαρτέρει, [8] μετὰ δὲ ταῦτα πέμπτος αὐτὸς γενόμενος, καὶ τοῖς μὲν ἄλλοις μετρίας ἐσθῆτας ἀναδούς, αὐτὸς δὲ λιτὴν καὶ τὴν τυχοῦσαν ἀναλαβὼν καὶ ταπεινὸν αὑτὸν ποιήσας προῆγε, [9] συντάξας ἑνὶ τῶν φίλων αὐτὸν αἰὲν ἀποκρίνασθαι πρὸς τὸ λεγόμενον ὑπὸ τῶν περὶ τὸν Ἀριανὸν καὶ πυνθάνεσθαι παρ᾽ ἐκείνων ἀεὶ τὸ κατεπεῖγον, περὶ δὲ τῶν ἄλλων φάναι βαρβάρους αὐτοὺς ὑπάρχειν.

XXIII. [1] Ἐπεὶ δὲ συνέμιξαν τοῖς περὶ τὸν Ἀριανόν, ἡγεῖτο μὲν αὐτὸς αὐτῶν διὰ τὴν ἐμπειρίαν, ὁ δὲ Βῶλις κατόπιν ἐπέστη κατὰ τὴν ἐξ ἀρχῆς πρόθεσιν, ἀπορῶν καὶ δυσχρηστούμενος ὑπὲρ τοῦ συμβαίνοντος. [2] καίπερ γὰρ ὢν Κρὴς καὶ πᾶν ἄν τι κατὰ τοῦ πέλας ὑποπτεύσας, ὅμως οὐκ ἠδύνατο διὰ τὸ σκότος συννοῆσαι τὸν Ἀχαιόν, οὐχ οἷον τίς ἐστιν, ἀλλ᾽ οὐδὲ καθάπαξ εἰ πάρεστι. [3] Τῆς δὲ καταβάσεως κρημνώδους μὲν καὶ δυσβάτου κατὰ τὸ πλεῖστον ὑπαρχούσης, ἔν τισι δὲ τόποις καὶ λίαν ἐπισφαλεῖς ἐχούσης καὶ κινδυνώδεις καταφοράς, ὁπότε παραγένοιτο πρός τινα τοιοῦτον τόπον, τῶν μὲν ἐπιλαμβανομένων, τῶν δὲ πάλιν ἐκδεχομένων τὸν Ἀχαιόν, [4] οὐ δυναμένων γὰρ καθόλου τὴν ἐκ τῆς συνηθείας καταξίωσιν στέλλεσθαι πρὸς τὸν παρόντα καιρόν, ταχέως ὁ Βῶλις συνῆκε τίς ἐστι καὶ ποῖος αὐτῶν ὁ Ἀχαιός. [5] Ἐπεὶ δὲ παρεγένοντο πρὸς τὸν τῷ Καμβύλῳ διατεταγμένον τόπον, καὶ τὸ σύνθημα προσσυρίξας ὁ Βῶλις ἀπέδωκε, τῶν μὲν ἄλλων οἱ διαναστάντες ἐκ τῆς ἐνέδρας ἐπελάβοντο, [6] τὸν δ᾽ Ἀχαιὸν αὐτὸς ὁ Βῶλις ὁμοῦ τοῖς ἱματίοις, ἔνδον τὰς χεῖρας ἔχοντα, συνήρπασε, φοβηθεὶς μὴ συννοήσας τὸ γινόμενον ἐπιβάλοιτο διαφθείρειν αὑτόν. καὶ γὰρ εἶχε μάχαιραν ἐφ᾽ αὑτῷ παρεσκευασμένος. [7] Ταχὺ δὲ καὶ πανταχόθεν κυκλωθεὶς ὑποχείριος ἐγένετο τοῖς ἐχθροῖς, καὶ παραχρῆμα μετὰ τῶν φίλων ἀνήγετο πρὸς τὸν Ἀντίοχον. [8] Ὁ δὲ βασιλεύς, πάλαι μετέωρος ὢν τῇ διανοίᾳ καὶ καραδοκῶν τὸ συμβησόμενον, ἀπολύσας τοὺς ἐκ τῆς συνουσίας ἔμενε μόνος ἐγρηγορὼς ἐν τῇ σκηνῇ μετὰ δυεῖν ἢ τριῶν σωματοφυλάκων. [9] Παρεισελθόντων δὲ τῶν περὶ τὸν Καμβύλον καὶ καθισάντων τὸν Ἀχαιὸν ἐπὶ τὴν γῆν δεδεμένον, εἰς τοιαύτην ἀφασίαν ἦλθε διὰ τὸ παράδοξον ὥστε πολὺν μὲν χρόνον ἀποσιωπῆσαι, τὸ δὲ τελευταῖον συμπαθὴς γενέσθαι καὶ δακρῦσαι. Τοῦτο δ᾽ ἔπαθεν ὁρῶν, [10] ὡς ἔμοιγε δοκεῖ, τὸ δυσφύλακτον καὶ παράλογον τῶν ἐκ τῆς τύχης συμβαινόντων. [11] Ἀχαιὸς γὰρ ἦν Ἀνδρομάχου μὲν υἱὸς τοῦ Λαοδίκης ἀδελφοῦ τῆς Σελεύκου γυναικός, ἔγημε δὲ Λαοδίκην τὴν Μιθριδάτου τοῦ βασιλέως θυγατέρα, κύριος δ᾽ ἐγεγόνει τῆς ἐπὶ τάδε τοῦ Ταύρου πάσης. [12] Δοκῶν δὲ τότε καὶ ταῖς αὑτοῦ δυνάμεσι καὶ ταῖς τῶν ὑπεναντίων ἐν ὀχυρωτάτῳ τόπῳ τῆς οἰκουμένης διατρίβειν, ἐκάθητο δεδεμένος ἐπὶ τῆς γῆς, ὑποχείριος γενόμενος τοῖς ἐχθροῖς, οὐδέπω γινώσκοντος οὐθενὸς ἁπλῶς τὸ γεγονὸς πλὴν τῶν πραξάντων.

XXIV. [1] Οὐ μὴν ἀλλ᾽ ἅμα τῷ φωτὶ συναθροιζομένων τῶν φίλων εἰς τὴν σκηνὴν κατὰ τὸν ἐθισμόν, καὶ τοῦ πράγματος ὑπὸ τὴν ὄψιν θεωρουμένου, τὸ παραπλήσιον τῷ βασιλεῖ συνέβαινε πάσχειν καὶ τοὺς ἄλλους. θαυμάζοντες γὰρ τὸ γεγονὸς ἠπίστουν τοῖς ὁρωμένοις. [2] Καθίσαντος δὲ τοῦ συνεδρίου, πολλοὶ μὲν ἐγίνοντο λόγοι περὶ τοῦ τίσι δεῖ κατ᾽ αὐτοῦ χρήσασθαι τιμωρίαις. [3] ἔδοξε δ᾽ οὖν πρῶτον μὲν ἀκρωτηριάσαι τὸν ταλαίπωρον, μετὰ δὲ ταῦτα τὴν κεφαλὴν ἀποτεμόντας αὐτοῦ καὶ καταρράψαντας εἰς ὄνειον ἀσκὸν ἀνασταυρῶσαι τὸ σῶμα. [4] Γενομένων δὲ τούτων, καὶ τῆς δυνάμεως ἐπιγνούσης τὸ συμβεβηκός, τοιοῦτος ἐνθουσιασμὸς ἐγένετο καὶ παράστασις τοῦ στρατοπέδου παντὸς ὥστε τὴν Λαοδίκην ἐκ τῆς ἄκρας μόνον συνειδυῖαν τὴν ἔξοδον τἀνδρός, τεκμήρασθαι τὸ γεγονὸς ἐκ τῆς περὶ τὸ στρατόπεδον ταραχῆς καὶ κινήσεως. [5] Ταχὺ δὲ καὶ τοῦ κήρυκος παραγενομένου πρὸς τὴν Λαοδίκην καὶ διασαφοῦντος τὰ περὶ τὸν Ἀχαιόν, καὶ κελεύοντος τίθεσθαι τὰ πράγματα καὶ παραχωρεῖν τῆς ἄκρας, [6] τὸ μὲν πρῶτον ἀναπόκριτος οἰμωγὴ καὶ θρῆνοι παράλογοι κατεῖχον τοὺς περὶ τὴν ἀκρόπολιν, οὐχ οὕτως διὰ τὴν πρὸς τὸν Ἀχαιὸν εὔνοιαν ὡς διὰ τὸ παράδοξον καὶ τελέως ἀνέλπιστον ἑκάστῳ φαίνεσθαι τὸ συμβεβηκός, [7] μετὰ δὲ ταῦτα πολλή τις ἦν ἀπορία καὶ δυσχρηστία περὶ τοὺς ἔνδον. [8] Ἀντίοχος δὲ διακεχειρισμένος τὸν Ἀχαιὸν ἐπεῖχε τοῖς κατὰ τὴν ἄκραν ἀεί, πεπεισμένος ἀφορμὴν ἐκ τῶν ἔνδον αὑτῷ παραδοθήσεσθαι, καὶ μάλιστα διὰ τῶν στρατιωτῶν. [9] Ὃ καὶ τέλος ἐγένετο. στασιάσαντες γὰρ πρὸς σφᾶς ἐμερίσθησαν, οἱ μὲν πρὸς Ἀρίβαζον, οἱ δὲ πρὸς τὴν Λαοδίκην. Οὗ γενομένου διαπιστήσαντες ἀλλήλοις ταχέως ἀμφότεροι παρέδοσαν αὑτοὺς καὶ τὰς ἀκροπόλεις. Ἀχαιὸς μὲν οὖν πάντα τὰ κατὰ λόγον πράξας, [10] ὑπὸ δὲ τῆς τῶν πιστευθέντων ἡττηθεὶς ἀθεσίας, κατεστρέψατο τὸν βίον, κατὰ δύο τρόπους οὐκ ἀνωφελὲς ὑπόδειγμα γενόμενος τοῖς ἐπεσομένοις, [11] καθ᾽ ἕνα μὲν πρὸς τὸ μηδενὶ πιστεύειν ῥᾳδίως, καθ᾽ ἕτερον δὲ πρὸς τὸ μὴ μεγαλαυχεῖν ἐν ταῖς εὐπραγίαις, πᾶν δὲ προσδοκᾶν ἀνθρώπους ὄντας. [Cod. Urb. fol. 109 exc. ant. p. 199 et inde ab 360, 10. πιστεύειν Exc. Vat. p. 374 M. 27, 1 H. post unius folii lacunam v. VIII, 36, 9.]

( Polybe (9) donnait les noms de quelques-uns de ces peuples d'Illyrie, parmi lesquels étaient)

les Dassarites et les habitants d'Hyséana.

( Excursion en Asie. -- Prise de la citadelle de Sardes. — Ptolémée, ancien allié d'Achéus, enrôle vers ce prince Bolis, pour le délivrer. )

XVIII. [1] C'était un Crétois qui depuis longtemps occupait à la cour d'Alexandrie le rang de général, et qui passait pour un homme d'une intelligence rare, d'un grand courage, à nul autre second dans l'art de la guerre. [2] Sosibe sut le gagner en quelques entrevues, et aussitôt qu'il se fut assuré sa bienveillance et son amitié, lui communiqua ses desseins : il lui dit qu'il ne pourrait en nulle circonstance complaire à Ptolémée d'une manière plus certaine qu'en imaginant le moyen de sauver Achéus. [3] Bolis répondit qu'il y réfléchirait, et ils se séparèrent. [4] Après deux ou trois jours de réflexion, il revint vers Sosibe, et lui déclara qu'il prenait sur lui cette affaire : « Il avait habité Sardes asses longtemps, et connaissait parfaitement les localités, d'ailleurs Cambyle, chef des Crétois au service d'Antiochus, n'était pas seulement pour lui un compatriote, mais encore un parent et un ami. [5] Or, Cambyle et ses troupes étaient préposés à la garde d'un des ouvrages avancés placés derrière la citadelle, en un endroit qui ne pouvait recevoir aucune fortification , et qui n'était protégé que par la présence continuelle de Cambyle et de ses gens. » [6] Sosibe accueillit avec joie ces paroles, persuadé d'avance ou bien qu'il n'était pas possible qu'Achéus échappât aux armes d'Antiochus, ou que, dans le cas contraire, nul ne saurait mieux s'acquitter de cette mission que Bolis, dont l'ardeur répondait à la sienne. L'affaire fit de rapides progrès. [7] Sosibe remit à Bolis assez d'argent pour qu'il ne lui en manquât pas dans son entreprise, et lui promit des récompenses magnifiques s'il réussissait. [8] Enfin, par une peinture exagérée des bienfaits dont le comblerait le roi si Achéus était sauvé, il éveilla en lui les plus grandes espérances. [9] Dès lors, prêt à agir, Bolis, sans tarder davantage, se mit en mer muni de lettres de recommandation et de dépêches secrètes pour Nicomaque, à Rhodes, qui par son amour et son dévouement semblait avoir pour Achéus un cœur de père, et aussi pour Mélancome, à Éphèse. [10] C'était par eux qu'Achéus était en rapport avec Ptolémée, et qu'il entretenait en général ses intrigues au dehors.

XIX. [1] De Rhodes il se rendit à Éphèse, fit part de ses desseins à Nicomaque et à Mélancome, et les trouvant disposés à l'appuyer, envoya un de ses officiers, Arien, dire à Cambyle qu'il venait d'Alexandrie pour lever des mercenaires, [2] mais qu'il désirait s'entretenir avec lui de quelques affaires importantes, et qu'il serait bon de fixer l'heure et le lieu d'un rendez-vous où ils pourraient se voir sans témoins. [3] Arien fut bientôt rendu près de Cambyle, lui remit les lettres de son maître, et Cambyle se prêtant à tout ce qu'on lui demandait, après avoir indiqué l'heure et l'endroit où l'on se rencontrerait pendant la nuit, fit repartir Arien. [4] Cependant, Bolis, avec l'astuce raffinée d'un Crétois, pesait soigneusement toutes les chances de succès et combinait ses artifices. [5] Le jour de l'entrevue arrivé, il donna à Cambyle une lettre, et sur cette lettre ils discutèrent en vrais Crétois. [6] Il ne fut question ni du salut d'Achéus en danger, ni de la fidélité à garder envers ceux qui s'en étaient remis à leur parole ; ils ne songèrent qu'à leur sûreté et à leurs propres intérêts. [7] Aussi, ces deux hommes au cœur également perfide furent bientôt d'accord. Il fut convenu qu'ils se partageraient d'abord les dix talents remis par Sosibe, puis qu'ils instruiraient [8] Antiochus de leur dessein et s'engageraient à lui livrer Achéus s'il voulait les soutenir, et s'ils recevaient en outre de l'or sur-le-champ et des promesses dignes de leurs services. [9] Cette résolution adoptée, Cambyle prit sur lui ce qui concernait Antiochus ; quant à Bolis il promit d'envoyer dans quelques jours Arien auprès d'Achéus avec des lettres écrites en signes convenus de la part de Nicomaque et de Mélancome, [10] et pria son complice de veiller à ce que le messager entrât dans la citadelle et en sortit en toute sûreté. [11] Si Achéus approuvait ces projets d'évasion et répondait à Nicomaque et à Mélancome, Bolis se chargerait d'accomplir l'entreprise et se joindrait à Cambyle. [12] Après avoir ainsi partagé les rôles, ils se séparèrent et allèrent s'occuper chacun de ce qui était arrêté.

XX. [1] A la première occasion favorable, Cambyle courut avertir le roi de ses projets. [2] Lorsque Antiochus eut entendu cette proposition, si précieuse pour lui et si inespérée, tantôt, n'écoutant que sa joie, il promettait tout ; tantôt, incrédule, il multipliait les questions sur les ressources, sur les moyens dont Cambyle et Bolis disposaient ; [3] enfin, confiant en leur parole, et convaincu que c'étaient les dieux mêmes qui conduisaient cette entreprise, il supplia sans relâche Cambyle de l'achever. [4] Cependant Bolis poursuivait l'intrigue auprès de Nicomaque et de Mélancome, et ceux-ci, croyant que tout se passait dans l'ordre, remirent aussitôt entre les mains d'Arien, pour Achéus, des lettres écrites en signes de pure convention, suivant la coutume, où ils engageaient le prince à avoir pleine confiance en Bolis et en Cambyle. [5] Grâce à ces caractères énigmatiques, celui qui se serait rendu maître d'une de ces lettres, n'eût pu en savoir le contenu. [6] Arien, introduit dans la citadelle par Cambyle, remit à Achéus la missive de Nicomaque, et en homme qui depuis l'origine s'était trouvé mêlé à toute cette affaire, il lui donna les détails les plus circonstanciés. [7] Questionné à plusieurs reprises sur différents points, sur Sosibe et sur Bolis, sur Nicomaque et sur Mélancome, et principalement sur Cambyle, il répondit à cet interrogatoire avec d'autant plus de naturel et d'aisance qu'il ne connaissait pas les menées de Cambyle et de Bolis. [8] Achéus, doublement rassuré par le langage de l'officier et par la correspondance de Nicomaque et de Mélancome, leur écrivit à son tour et remit sa réponse à Arien. [9] Des lettres furent ainsi souvent échangées ; enfin, Achéus, qui n'avait plus d'autre espoir de salut, s'en rapporta entièrement à Nicomaque et le pria d'envoyer vers lui, à la faveur d'une nuit sans lune, avec Arien, Bolis, à qui il se remettrait. [10] Le dessein d'Achéus était, après avoir échappé aux dangers qui l'entouraient, de se jeter à l'improviste en Syrie; il espérait beaucoup, en se montrant tout à coup aux Syriens, [11] tandis que le roi était encore sous les murs de Sardes, causer dans le pays une grande agitation, et trouver un favorable accueil à Antioche, en Célésyrie et en Phénicie.

XXI. [1] Achéus, livré à ces espérances et à ces calculs, attendait avec impatience l'arrivée de Bolis. [2] Mélancome et Nicomaque eurent à peine reçu Arien et la lettre d'Achéus, qu'animant en termes magnifiques le courage de Bolis, et lui promettant les plus belles récompenses s'il réussissait, ils l'envoyèrent vers ce prince. [3] Bolis fit avertir Cambyle de son arrivée par Arien qu'il avait dépêché en avant, et se rendit durant la nuit au lieu convenu. [4] Ils consacrèrent un jour à leur entrevue, y déterminèrent toutes les mesures à prendre, et la nuit suivante ils entrèrent dans le camp. [5] Voici quel était leur plan : Si Achéus sortait seul ou accompagné d'un unique serviteur avec Bolis et Arien, il ne devait être guère à craindre, et rien n'était plus facile que de s'emparer de sa personne; [6] si au contraire il était suivi d'une escorte, l'entreprise devenait délicate, d'autant plus que les traîtres voulaient le livrer vivant à Antiochus, car c'était là en quoi consistait surtout la grandeur du service. [7] Il fallait donc qu'Arien, après avoir fait sortir Achéus, le précédât de quelques pas, comme ayant une connaissance plus exacte de ces localités par où il était tant de fois allé et venu, [8] et que Bolis le suivît afin de pouvoir, dès que l'on serait arrivé au lieu où l'embuscade serait disposée par Cambyle, mettre la main sur lui : c'était le seul moyen d'empêcher Achéus de s'échapper au milieu de la nuit, à la faveur des bois, ou bien, dans son désespoir, de se précipiter du haut d'un rocher; le seul, enfin, de le faire tomber, comme on le désirait, en vie entre les mains de son rival. [9] On l'adopta, et bientôt Bolis se rendit chez Cambyle qui, dans le courant même de la nuit, le conduisit seul auprès d'Antiochus qui était seul aussi. [10] Le roi lui fit le plus gracieux accueil, confirma les promesses qu'il avait contractées, et engagea longuement les deux traîtres à ne plus différer l'accomplissement de leur dessein, après quoi ils retournèrent dans le camp. [11] Vers le matin, Bolis monta avec Arien à la citadelle et y entra qu'il faisait encore nuit.

XXII. [1] Achéus reçut Bolis avec empressement et affabilité, et l'interrogea longuement sur les détails de l'entreprise. [2] Il trouva en lui un homme dont le langage et toute la personne étaient à la hauteur d'une si lourde affaire. [3] Quelquefois, l'espoir d'être bientôt sauvé lui causait une vive joie; mais par moment aussi, il était effrayé , inquiet, en songeant à l'importance du bon ou du mauvais succès. Comme il avait une rare sagacité et une grande expérience, il résolut de ne pas accorder d'abord toute sa confiance à Bolis. I[4] l lui fit donc entendre qu'il ne lui était pas possible pour le moment de sortir, mais qu'il enverrait avec lui trois ou quatre de ses amis, et dès qu'ils auraient vu Mélancome il se mettrait en mesure de tenter son évasion. [5] Ainsi, Achéus prenait pour se garantir de la fraude toutes les précautions possibles; mais il avait oublié qu'il faisait le Crétois avec des Crétois. Bolis avait prévu tous les obstacles qu'on lui pouvait opposer. [6] Lorsque la nuit où il avait promis de faire partir ses amis avec Arien et Bolis fut arrivée, Achéus envoya ces derniers à la porte de la citadelle et leur dît d'y attendre ceux qui devaient les suivre. [7] Bolis obéit, et Achéus dans l'intervalle étant allé communiquer à sa femme son dessein, employa quelque temps à ranimer, par ses consolations et par la peinture de ses espérances, Laodice, que l'inattendu d'une telle entreprise avait mise hors d'elle-même ; [8] puis il se joignit à ses quatre amis à qui i\ avait donné des habits de moyenne élégance, tandis que lui-même, se faisant peuple, en avait revêtu un des plus ordinaires et des plus mesquins. [9] Il se mit en marche après avoir recommandé à un de ceux qui le suivaient de répondre seul à toutes les questions que pourraient lui faire Arien ou Bolis ; de demander seul ce dont il serait besoin, et de dire que ses compagnons étaient Barbares.

XXIII. [1] Lorsqu'ils eurent retrouvé Bolis et Arien, celui-ci, comme ayant une connaissance suffisante de ces localités, se plaça à la tête de la troupe. [2] Bolis, fidèle à son premier plan, fermait le cortège, soucieux et embarrassé. Bien que Crétois et par là même habile à deviner tout ce qui devait perdre autrui, il ne pouvait, à cause de l'obscurité, distinguer Achéus ni même savoir s'il était présent. [3] Mais la pente était rapide, le plus souvent difficile, elle offrait çà et là des endroits glissants et dangereux, et quand on arrivait à quelqu'un de ces mauvais passages, on soutenait ou attendait Achéus. [4] Ses compagnons ne pouvaient, par habitude, se défendre de ces marques de respect, et par là Bolis vit aussitôt qui était Achéus. [5] Lors donc qu'on fut parvenu au lieu fixé par Cambyle, il donna le signal d'un coup de sifflet. [6] Aussitôt les gens apostés en embuscade arrêtèrent les amis d'Achéus, et lui-même se saisit du prince qu'il étreignit dans ses habits, où il tenait ses mains cachées ; il avait peur qu'à la vue de cette trahison , le prince ne cherchât à se détruire ; et, en effet, il avait sur lui un poignard tout prêt. [7] Entouré de tout côté, Achéus resta au pouvoir de ses ennemis et fut immédiatement conduit auprès d'Antiochus. [8] Le roi, que l'issue de cette affaire préoccupait vivement, et qui en attendait le succès avec impatience, après avoir congédié les courtisans admis à sa table, était resté seul éveillé dans sa tente, avec deux ou trois gardes du corps. [9] Lorsque Cambyle entra et fit asseoir par terre Achéus garrotté, tel fut l'effet produit sur Antiochus par ce spectacle inattendu qu'il demeura longtemps sans voix, et qu'enfin, entrant dans la douleur d'Achéus, il se mit à pleurer. [10] C'est que, sans doute, il songeait combien sont inévitables et imprévus les coups de la fortune. [11] Il avait devant lui cet Achéus qui, fils d'Andromaque et neveu de Laodice, femme de Séleucus, avait épousé Laodice, fille de Mithridate, et s'était rendu maître absolu de toute l'Asie en deçà du Taurus. [12] Et au moment où, aux yeux de son armée et de celle de l'ennemi, il semblait occuper la ville la plus forte du monde, il devenait prisonnier et gisait à terre, chargé de chaînes, sans que personne autre que les traîtres eux-mêmes connût cette trahison.

XXIV. [1] Au matin, quand les courtisans, suivant l'habitude , se réunirent chez le roi et virent quel spectacle s'offrait à eux, ils éprouvèrent la même impression que le prince; telle était leur surprise qu'ils ne pouvaient croire à une semblable capture. [2] Le conseil fut rassemblé,"et on délibéra longuement sur la peine qu'il fallait infliger au captif. On fut d'avis de mutiler Achéus, de lui couper ensuite la tête et de mettre sur la croix son corps enfermé dans une peau d'âne. [3] Lorsque cette exécution eut eu lieu et que les troupes syriennes apprirent la mort d'Achéus, [4] l'enthousiasme et la folle joie de toute l'armée furent tels, que Laodice, qui seule connaissait l'évasion de son mari, soupçonna déjà son malheur par le mouvement et l'agitation qui régnaient dans le camp. [5] Un messager vint bientôt lui apprendre la fin d'Achéus et lui ordonner de prendre ses mesures pour quitter la citadelle. [6] A cet ordre, ce ne fut d'abord dans la bouche de tous les soldats que gémissements confus et que plaintes ardentes, moins encore par amour pour Achéus que par surprise en présence d'un événement si étrange et si soudain ; [7] mais ils ne tardèrent pas à se trouver derrière leurs murailles, dans un cruel embarras. [8] Achéus mort Antiochus tourna toute son attention du côté de la citadelle, convaincu que ceux qui y étaient enfermés et la garnison surtout lui fourniraient quelque occasion favorable pour s'en emparer. La division, en effet, se mit parmi les assiégés ; ceux-ci se prononcèrent pour Ariobaze, ceux-là pour Laodice : suspects les uns aux autres, ils ne tardèrent pas à livrer au roi la citadelle. [9] Telle fut la fin d'Achéus, qui, après avoir pris toutes les précautions que la raison lui dictait, [10] mourut cependant sous les coups de scélérats en qui il s'était fié. Il a laissé ainsi deux grandes leçons à la postérité : [11] il enseigne par l'une à n'accorder facilement notre confiance à personne, par l'autre à ne pas nous enorgueillir de la prospérité et à prévoir tous les malheurs attachés à la nature humaine.

 

 

XXV. [1] Ὅτι Ξέρξου βασιλεύοντος πόλεως Ἀρμόσατα, ἣ κεῖται πρὸς τῷ Καλῷ πεδίῳ καλουμένῳ, μέσον Εὐφράτου καὶ Τίγριδος, ταύτῃ τῇ πόλει παραστρατοπεδεύσας Ἀντίοχος ὁ βασιλεὺς ἐπεβάλετο πολιορκεῖν αὐτήν. [2] Θεωρῶν δὲ τὴν παρασκευὴν τοῦ βασιλέως ὁ Ξέρξης, τὸ μὲν πρῶτον αὑτὸν ἐκποδὼν ἐποίησε, μετὰ δέ τινα χρόνον δείσας μὴ τοῦ βασιλείου κρατηθέντος ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν καὶ τἄλλα τὰ κατὰ τὴν ἀρχὴν αὐτῷ διατραπῇ, μετεμελήθη καὶ διεπέμψατο πρὸς τὸν Ἀντίοχον, φάσκων βούλεσθαι συνελθεῖν εἰς λόγους. [3] Οἱ μὲν οὖν πιστοὶ τῶν φίλων οὐκ ἔφασκον δεῖν προΐεσθαι τὸν νεανίσκον λαβόντες εἰς χεῖρας, ἀλλὰ συνεβούλευον κυριεύσαντα τῆς πόλεως Μιθριδάτῃ παραδοῦναι τὴν δυναστείαν, ὃς ἦν υἱὸς τῆς ἀδελφῆς αὐτοῦ κατὰ φύσιν. [4] Ὁ δὲ βασιλεὺς τούτων μὲν οὐδενὶ προσέσχε, μεταπεμψάμενος δὲ τὸν νεανίσκον διελύσατο τὴν ἔχθραν, ἀφῆκε δὲ τὰ πλεῖστα τῶν χρημάτων, ἃ συνέβαινε τὸν πατέρα προσοφείλειν αὐτῷ τῶν φόρων. [5] Λαβὼν δὲ παραχρῆμα τριακόσια τάλαντα παρ᾽ αὐτοῦ καὶ χιλίους ἵππους καὶ χιλίους ἡμιόνους μετὰ τῆς ἐπισκευῆς τά τε κατὰ τὴν ἀρχὴν ἅπαντ᾽ ἀποκατέστησε, καὶ συνοικίσας αὐτῷ τὴν ἀδελφὴν Ἀντιοχίδα πάντας τοὺς ἐκείνων τῶν τόπων ἐψυχαγώγησε καὶ προσεκαλέσατο, δόξας μεγαλοψύχως καὶ βασιλικῶς τοῖς πράγμασι κεχρῆσθαι. [Exc. Peir. p. 26.]

( Quelques mots encore sur Antiochus vainqueur, souvent aussi généreux qu'il était quelquefois terrible. )

XXV. [1] Xerxès régnait à Armosate, située dans la belle plaine qui s'étend entre l'Euphrate et le Tigre, Antiochus alla camper sous cette ville et en commença le siège. [2] Effrayé à la vue des forces de son ennemi, Xerxès d'abord s'enfuit ; mais , craignant ensuite que son palais une fois occupé par Antiochus , tout le pays ne passât entre les mains du roi, il se repentit d'avoir pris la fuite et envoya solliciter auprès d'Antiochus une entrevue. [3] Des amis dévoués d'Antiochus conseillaient à ce prince de ne pas laisser échapper son jeune rival, s'il se livrait entre ses mains, et dès qu'il serait maître de la ville, de remettre le pouvoir à son neveu Mithridate. [4] Le roi n'écouta pas leurs conseils, fit venir Xerxès, se réconcilia avec lui et même le tint quitte de la plus grande partie des tributs que lui devait son frère. [5] Il accepta seulement sur-le-champ trois cents talents, mille chevaux et autant de mules avec leurs harnais. Il rétablit ensuite l'ordre dans le petit royaume de Xerxès, lui donna sa sœur Antiochus, et séduisit, captivâtes habitants de la contrée par la manière généreuse et vraiment royale dont il sembla aux yeux de tous s'être conduit en cette circonstance.

V. Res Italiae

 

 

 

 

 

[1] Ὅτι οἱ Ταραντῖνοι διὰ τὸ τῆς εὐδαιμονίας ὑπερήφανον ἐπεκαλέσαντο Πύρρον τὸν Ἠπειρώτην. πᾶσα γὰρ ἐλευθερία μετ᾽ ἐξουσίας πολυχρονίου φύσιν ἔχει κόρον λαμβάνειν τῶν ὑποκειμένων, κἄπειτα ζητεῖ δεσπότην. τυχοῦσά γε μὴν τούτου ταχὺ πάλιν μισεῖ διὰ τὸ μεγάλην φαίνεσθαι τὴν πρὸς τὸ χεῖρον μεταβολήν. ὃ καὶ τότε συνέβαινε τοῖς Ταραντίνοις. [Exc. Vat. p. 374 M. 27, 2 H. 23. πᾶσα — 26. μισεῖ etiam cod. Urb. fol. 114 extr. margo.]

 

 

 

[3] Προσπεσόντων δὲ τούτων εἰς Τάραντα καὶ τοὺς Θουρίους, ἠγανάκτει τὰ πλήθη. [Suidas v. Προσπεσόντων.]

 

(Guerre en Italie. — La troisième année de la CLXIe olympiade n'est marquée par aucun grand fait. — Tite Live ne parle que d'une alliance des Romains avec Syphax, des Carthaginois avec le père de Massinissa, de quelques villes enlevées à Annibal.— Marcellus poursuit le siège de Syracuse. — Rien d'important en Espagne. — Mais l'année suivante féconde en graves événements dans l'Italie, dans l'Espagne, dans la Sicile. — En Italie, prise de Tarente par Annibal.  — Résumé de l'histoire de Tarente, d'où ce fragment. )

[1] Tarente, enorgueillie de ses richesses, appela Pyrrhus, roi d'Épire. Toute nation qui jouit pendant longtemps, avec la liberté, d'une grande puissance, se fatigue, par un effet naturel, de cet état et cherche un maître, l'avenir paraissant toujours meilleur que le présent (10); l'a-t-elle trouvé? elle le déteste, car elle sent qu'elle a grandement perdu à changer. C'est oe qui arriva aux Tarentins.

(Depuis longtemps Tarente songeait à se livrer à Annibal. — Le supplice infligé à Rome à quelques-uns de ses otages, parce qu'ils avaient cherché à s'enfuir, irrita ce peuplé, et hâta sa défection. )

[3] Dès que cette nouvelle parvint à Tarente et à Thurium, la multitude s'indigna.

 

 

 

XXVI. [4] Τὸ μὲν οὖν πρῶτον ὡς ἐπ᾽ ἐξοδείαν ὁρμήσαντες ἐκ τῆς πόλεως καὶ συνεγγίσαντες τῇ παρεμβολῇ τῶν Καρχηδονίων νυκτός, ἄλλοι μὲν συγκαθέντες εἴς τινα τόπον ὑλώδη παρὰ τὴν ὁδὸν ἔμειναν, ὁ δὲ Φιλήμενος καὶ Νίκων προσῆλθον πρὸς τὴν παρεμβολήν. [5] Τῶν δὲ φυλάκων ἐπιλαβομένων αὐτῶν, ἀνήγοντο πρὸς τὸν Ἀννίβαν, οὐδὲν εἰπόντες οὔτε πόθεν οὔτε τίνες ἦσαν, αὐτὸ δὲ μόνον τοῦτο δηλοῦντες ὅτι θέλουσι τῷ στρατηγῷ συμμῖξαι. [6] Ταχὺ δὲ πρὸς τὸν Ἀννίβαν ἐπαναχθέντες ἔφασαν αὐτῷ κατ᾽ ἰδίαν βούλεσθαι διαλεχθῆναι. [7] Τοῦ δὲ καὶ λίαν ἑτοίμως προσδεξαμένου τὴν ἔντευξιν, ἀπελογίζοντο περί τε τῶν καθ᾽ αὑτοὺς καὶ περὶ τῶν κατὰ τὴν πατρίδα, πολλὰς καὶ ποικίλας ποιούμενοι κατηγορίας Ῥωμαίων, χάριν τοῦ μὴ δοκεῖν ἀλόγως ἐμβαίνειν εἰς τὴν ὑποκειμένην πρᾶξιν. [8] Τότε μὲν οὖν Ἀννίβας ἐπαινέσας καὶ τὴν ὁρμὴν αὐτῶν φιλανθρώπως ἀποδεξάμενος ἐξέπεμψε, συνταξάμενος παραγίνεσθαι καὶ συμμιγνύναι κατὰ τάχος αὑτῷ πάλιν. [9] Κατὰ δὲ τὸ παρὸν ἐκέλευσε τὰ πρῶτα τῶν ἐξελασθέντων πρωῒ θρεμμάτων καὶ τοὺς ἅμα τούτοις ἄνδρας, ἐπειδὰν ἱκανὸν ἀπόσχωσι τῆς παρεμβολῆς, περιελασαμένους εὐθαρσῶς ἀπαλλάττεσθαι. περὶ γὰρ τῆς ἀσφαλείας αὑτῷ μελήσειν. [10] Ἐποίει δὲ τοῦτο βουλόμενος αὑτῷ μὲν ἀναστροφὴν δοῦναι πρὸς τὸ πολυπραγμονῆσαι τὰ κατὰ τοὺς νεανίσκους, ἐκείνοις δὲ πίστιν παρασκευάζειν πρὸς τοὺς πολίτας ὡς ἀπὸ τοῦ κρατίστου ποιουμένοις τὰς ἐπὶ τὰς λῃστείας ἐξόδους. [11] Πραξάντων δὲ τῶν περὶ τὸν Νίκωνα τὸ παραγγελθέν, ὁ μὲν Ἀννίβας περιχαρὴς ἦν διὰ τὸ μόλις ἀφορμῆς ἐπειλῆφθαι πρὸς τὴν προκειμένην ἐπιβολήν, [12] οἱ δὲ περὶ τὸν Φιλήμενον ἔτι μᾶλλον παρώρμηντο πρὸς τὴν πρᾶξιν διὰ τὸ καὶ τὴν ἔντευξιν ἀσφαλῶς γεγονέναι καὶ τὸν Ἀννίβαν ηὑρηκέναι πρόθυμον, ἔτι δὲ τὴν τῆς λείας δαψίλειαν ἱκανὴν αὐτοῖς πίστιν παρεσκευακέναι πρὸς τοὺς ἰδίους. [13] Διότι τὰ μὲν ἀποδόμενοι, τὰ δ᾽ εὐωχούμενοι τῆς λείας, οὐ μόνον ἐπιστεύοντο παρὰ τοῖς Ταραντίνοις, ἀλλὰ καὶ ζηλωτὰς ἔσχον οὐκ ὀλίγους.

XXVII. [1] . Μετὰ δὲ ταῦτα ποιησάμενοι δευτέραν ἔξοδον, καὶ παραπλησίως χειρίσαντες τὰ κατὰ μέρος, αὐτοί τε τοῖς περὶ τὸν Ἀννίβαν ἔδοσαν πίστεις καὶ παρ᾽ ἐκείνων ἔλαβον ἐπὶ τούτοις, [2] ἐφ᾽ ᾧ Ταραντίνους ἐλευθερώσειν καὶ μήτε φόρους πράξεσθαι κατὰ μηδένα τρόπον μήτ᾽ ἄλλο μηδὲν ἐπιτάξειν Ταραντίνοις Καρχηδονίους, τὰς δὲ τῶν Ῥωμαίων οἰκίας καὶ καταλύσεις, ἐπειδὰν κρατήσωσι τῆς πόλεως, ἐξεῖναι Καρχηδονίοις διαρπάζειν. [3] Ἐποιήσαντο δὲ καὶ σύνθημα τοῦ παραδέχεσθαι σφᾶς τοὺς φύλακας ἑτοίμως εἰς τὴν παρεμβολήν, ὅτ᾽ ἔλθοιεν. [4] Ὧν γενομένων ἔλαβον ἐξουσίαν εἰς τὸ καὶ πλεονάκις συμμιγνύναι τοῖς περὶ τὸν Ἀννίβαν, ποτὲ μὲν ὡς ἐπ᾽ ἐξοδείαν, ποτὲ δὲ πάλιν ὡς ἐπὶ κυνηγίαν ποιούμενοι τὰς ἐκ τῆς πόλεως ἐξόδους. [5] Ταῦτα δὲ διαρμοσάμενοι πρὸς τὸ μέλλον, οἱ μὲν πλείους ἐπετήρουν τοὺς καιρούς, τὸν δὲ Φιλήμενον ἀπέταξαν ἐπὶ τὰς κυνηγίας. [6] διὰ γὰρ τὴν ὑπερβάλλουσαν ἐπὶ τοῦτο τὸ μέρος ἐπιθυμίαν ἦν ὑπὲρ αὐτοῦ διάληψις ὡς οὐδὲν προυργιαίτερον ποιουμένου κατὰ τὸν βίον τοῦ κυνηγετεῖν. [7] Διὸ τούτῳ μὲν ἐπέτρεψαν ἐξιδιάσασθαι διὰ τῶν ἁλισκομένων θηρίων πρῶτον μὲν τὸν ἐπὶ τῆς πόλεως τεταγμένον Γάιον Λίβιον, δεύτερον δὲ τοὺς φυλάττοντας τὸν πυλῶνα τὸν ὑπὸ τὰς Τημενίδας προσαγορευομένας πύλας. [8] Ὃς παραλαβὼν τὴν πίστιν ταύτην, καὶ τὰ μὲν αὐτὸς κυνηγετῶν, τῶν δ᾽ ἑτοιμαζομένων αὐτῷ δι᾽ Ἀννίβου, συνεχῶς εἰσέφερε τῶν θηρίων, ὧν τὰ μὲν ἐδίδου τῷ Γαΐῳ, τὰ δὲ τοῖς ἐπὶ τοῦ πυλῶνος χάριν τοῦ τὴν ῥινοπύλην ἑτοίμως ἀνοίγειν αὐτῷ. [9] τὸ γὰρ πλεῖον ἐποιεῖτο τὰς εἰσόδους καὶ τὰς ἐξόδους νυκτός, προφάσει μὲν χρώμενος τῷ φόβῳ τῶν πολεμίων, ἁρμοζόμενος δὲ πρὸς τὴν ὑποκειμένην πρόθεσιν. [10] Ἤδη δὲ κατεσκευασμένου τοιαύτην συνήθειαν τοῦ Φιλημένου πρὸς τοὺς ἐπὶ τῆς πύλης ὥστε μὴ διαπορεῖν τοὺς φυλάττοντας, ἀλλ᾽ ὁπότε προσεγγίσας τῷ τείχει προσσυρίξαι νυκτός, εὐθέως ἀνοίγεσθαι τὴν ῥινοπύλην αὐτῷ, [11] τότε παρατηρήσαντες τὸν ἐπὶ τῆς πόλεως ἄρχοντα τῶν Ῥωμαίων, ἀφ᾽ ἡμέρας μέλλοντα γίνεσθαι μετὰ πλειόνων ἐν τῷ προσαγορευομένῳ Μουσείῳ σύνεγγυς τῆς ἀγορᾶς, ταύτην ἐτάξαντο τὴν ἡμέραν πρὸς τὸν Ἀννίβαν.

XXVIII. [1] Ὁ δὲ πάλαι μὲν ἐπεπόριστο σκῆψιν ὡς ἀρρωστῶν, χάριν τοῦ μὴ θαυμάζειν ἀκούοντας τοὺς Ῥωμαίους, ὡς καὶ πλείω χρόνον ἐπὶ τῶν αὐτῶν τόπων ποιεῖται τὴν διατριβήν. [2] τότε δὲ καὶ μᾶλλον προσεποιεῖτο τὴν ἀρρωστίαν. Ἀπεῖχε δὲ τῷ στρατοπέδῳ τριῶν ἡμερῶν ὁδὸν τοῦ Τάραντος. [3] Ἥκοντος δὲ τοῦ καιροῦ, παρεσκευακὼς ἔκ τε τῶν ἱππέων καὶ τῶν πεζῶν τοὺς διαφέροντας εὐκινησίᾳ καὶ τόλμῃ, περὶ μυρίους ὄντας τὸν ἀριθμόν, παρήγγειλε τεττάρων ἡμερῶν ἔχειν ἐφόδια. [4] Ποιησάμενος δὲ τὴν ἀναζυγὴν ὑπὸ τὴν ἑωθινὴν ἐχρῆτο τῇ πορείᾳ συντόνως. Τῶν δὲ Νομαδικῶν ἱππέων εἰς ὀγδοήκοντα προχειρισάμενος ἐκέλευε προπορεύεσθαι τῆς δυνάμεως εἰς τριάκοντα σταδίους καὶ τοὺς παρὰ τὴν ὁδὸν τόπους ἐξ ἑκατέρου τοῦ μέρους ἐπιτρέχειν, [5] ἵνα μηδεὶς κατοπτεύσῃ τὴν ὅλην δύναμιν, ἀλλ᾽ οἱ μὲν ὑποχείριοι γίνοιντο τῶν διεμπιπτόντων, οἱ δὲ διαφυγόντες ἀναγγέλλοιεν εἰς τὴν πόλιν, ὡς ἐπιδρομῆς οὔσης ἐκ τῶν Νομάδων. [6] Ἀποσχόντων δὲ τῶν Νομάδων ὡς ἑκατὸν εἴκοσι σταδίους, ἐδειπνοποιήσατο παρά τινα δυσσύνοπτον καὶ φαραγγώδη ποταμόν. [7] Καὶ συναθροίσας τοὺς ἡγεμόνας κυρίως μὲν οὐ διεσάφει τὴν ἐπιβολήν, ἁπλῶς δὲ παρεκάλει πρῶτον μὲν ἄνδρας ἀγαθοὺς γίνεσθαι πάντας, ὡς οὐδέποτε μειζόνων αὐτοῖς ἄθλων ὑποκειμένων, [8] δεύτερον δὲ συνέχειν ἕκαστον τῇ πορείᾳ τοὺς ὑφ᾽ αὑτὸν ταττομένους καὶ πικρῶς ἐπιτιμᾶν τοῖς καθόλου παρεκβαίνουσιν ἐκ τῆς ἰδίας τάξεως, [9] τελευταῖον δὲ προσέχειν τὸν νοῦν τοῖς παραγγελλομένοις καὶ μηδὲν ἰδιοπραγεῖν πάρεξ τῶν προσταττομένων. [10] Ταῦτ᾽ εἰπὼν καὶ διαφεὶς τοὺς ἡγεμόνας ἐκίνει τὴν πρωτοπορείαν, κνέφατος ἄρτι γενομένου, σπουδάζων συνάψαι τῷ τείχει περὶ μέσας νύκτας, καθηγεμόνα τὸν Φιλήμενον ἔχων καὶ παρεσκευακὼς ὗν ἄγριον αὐτῷ πρὸς τὴν διατεταγμένην χρείαν.

XXIX. [1] Τῷ δὲ Γαΐῳ τῷ Λιβίῳ, γενομένῳ μετὰ τῶν συνήθων ἀφ᾽ ἡμέρας ἐν τῷ Μουσείῳ κατὰ τὴν τῶν νεανίσκων πρόληψιν, καὶ σχεδὸν ἤδη τοῦ πότου τὴν ἀκμαιοτάτην ἔχοντος διάθεσιν, προσαγγέλλεται περὶ δυσμὰς ἡλίου τοὺς Νομάδας ἐπιτρέχειν τὴν χώραν. Ὁ δὲ πρὸς μὲν αὐτὸ τοῦτο διενοήθη, [2] καὶ καλέσας τινὰς τῶν ἡγεμόνων συνέταξε τοὺς μὲν ἡμίσεις τῶν ἱππέων ἐξελθόντας ὑπὸ τὴν ἑωθινὴν κωλῦσαι τοὺς κακοποιοῦντας τὴν χώραν τῶν πολεμίων, τῆς γε μὴν ὅλης πράξεως διὰ ταῦτα καὶ μᾶλλον ἀνύποπτος ἦν. Οἱ δὲ περὶ τὸν Νίκωνα καὶ Τραγίσκον, [3] ἅμα τῷ σκότος γενέσθαι συναθροισθέντες ἐν τῇ πόλει πάντες, ἐτήρουν τὴν ἐπάνοδον τῶν περὶ τὸν Λίβιον. [4] Τῶν δὲ ταχέως ἐξαναστάντων διὰ τὸ γεγονέναι τὸν πότον ἀφ᾽ ἡμέρας, οἱ μὲν ἄλλοι πρός τινα τόπον ἀποστάντες ἔμενον, τινὲς δὲ τῶν νεανίσκων ἀπήντων τοῖς περὶ τὸν Γάιον, διακεχυμένοι καί τι καὶ προσπαίζοντες ἀλλήλοις, ὡς ἂν ὑποκρινόμενοι τοὺς ἐκ συνουσίας ἐπανάγοντας. [5] Ἔτι δὲ μᾶλλον ἠλλοιωμένων ὑπὸ τῆς μέθης τῶν περὶ τὸν Λίβιον, ἅμα τῷ συμμῖξαι γέλως ἐξ ἀμφοῖν ἦν καὶ παιδιὰ πρόχειρος. [6] Ἐπεὶ δὲ συνανακάμψαντες ἀποκατέστησαν αὐτὸν εἰς οἶκον, ὁ μὲν Γάιος ἀνεπαύετο μεθύων, ὡς εἰκός ἐστι τοὺς ἀφ᾽ ἡμέρας πίνοντας, οὐδὲν ἄτοπον οὐδὲ δυσχερὲς ἔχων ἐν τῇ διανοίᾳ, χαρᾶς δὲ πλήρης καὶ ῥᾳθυμίας. [7] Οἱ δὲ περὶ τὸν Νίκωνα καὶ Τραγίσκον ἐπεὶ συνέμιξαν τοῖς ἀπολελειμμένοις νεανίσκοις, διελόντες σφᾶς εἰς τρία μέρη παρεφύλαττον, διαλαβόντες τῆς ἀγορᾶς τὰς εὐκαιροτάτας εἰσβολάς, ἵνα μήτε τῶν ἔξωθεν προσπιπτόντων μηδὲν αὐτοὺς λανθάνῃ μήτε τῶν ἐν αὐτῇ τῇ πόλει γινομένων. [8] Ἐπέστησαν δὲ καὶ παρὰ τὴν οἰκίαν τοῦ Γαΐου, σαφῶς εἰδότες ὡς ἐὰν γίνηταί τις ὑπόνοια τοῦ μέλλοντος, ἐπὶ τὸν Λίβιον ἀνοισθήσεται πρῶτον, καὶ πᾶν τὸ πραττόμενον ἀπ᾽ ἐκείνου λήψεται τὴν ἀρχήν. [9] Ὡς δ᾽ αἱ μὲν ἀπὸ τῶν δείπνων ἐπάνοδοι καὶ συλλήβδην ὁ τοιοῦτος θόρυβος ἤδη παρῳχήκει, τῶν δὲ δημοτῶν ἡ πληθὺς κατακεκοίμητο, προύβαινε δὲ τὰ τῆς νυκτὸς καὶ τὰ τῆς ἐλπίδος ἀκέραια διέμενε, τότε συναθροισθέντες προῆγον ἐπὶ τὴν προκειμένην χρείαν.

XXX. [1] Τὰ δὲ συγκείμενα τοῖς νεανίσκοις ἦν πρὸς τοὺς Καρχηδονίους. [2] τὸν μὲν Ἀννίβαν ἔδει συνάψαντα τῇ πόλει κατὰ τὴν ἀπὸ τῆς μεσογαίου, πρὸς ἕω δὲ κειμένην πλευράν, ὡς ἐπὶ τὰς Τημενίδας προσαγορευομένας πύλας, ἀνάψαι πῦρ ἐπὶ τοῦ τάφου, τοῦ παρὰ μέν τισιν Ὑακίνθου προσαγορευομένου, παρὰ δέ τισιν Ἀπόλλωνος Ὑακίνθου, [3] τοὺς δὲ περὶ τὸν Τραγίσκον, ὅταν ἴδωσι τοῦτο γινόμενον, ἔνδοθεν ἀντιπυρσεῦσαι. [4] Τούτου δὲ συντελεσθέντος, σβέσαι τὸ πῦρ ἔδει τοὺς περὶ τὸν Ἀννίβαν καὶ βάδην ποιεῖσθαι τὴν πορείαν ὡς ἐπὶ τὴν πύλην. [5] Ὧν διατεταγμένων, οἱ μὲν νεανίσκοι διαπορευθέντες τὸν οἰκούμενον τόπον τῆς πόλεως ἧκον ἐπὶ τοὺς τάφους. [6] Τὸ γὰρ πρὸς ἕω μέρος τῆς τῶν Ταραντίνων πόλεως μνημάτων ἐστὶ πλῆρες, διὰ τὸ τοὺς τελευτήσαντας ἔτι καὶ νῦν θάπτεσθαι παρ᾽ αὐτοῖς πάντας ἐντὸς τῶν τειχῶν κατά τι λόγιον ἀρχαῖον. [7] Φασὶ γὰρ χρῆσαι τὸν θεὸν τοῖς Ταραντίνοις ἄμεινον καὶ λῷον ἔσεσθαί σφισι ποιουμένοις τὴν οἴκησιν μετὰ τῶν πλειόνων. [8] Τοὺς δὲ νομίσαντας ἂν οἰκῆς᾽ οὕτως ἄριστα κατὰ τὸν χρησμόν, εἰ καὶ τοὺς μετηλλαχότας ἐντὸς τοῦ τείχους ἔχοιεν, διὰ ταῦτα θάπτειν ἔτι καὶ νῦν τοὺς μεταλλάξαντας ἐντὸς τῶν πυλῶν. [9] Οὐ μὴν ἀλλ᾽ οἵ γε προειρημένοι παραγενόμενοι πρὸς τὸν τοῦ Πυθιονίκου τάφον ἐκαραδόκουν τὸ μέλλον. [10] Συνεγγισάντων δὲ τῶν περὶ τὸν Ἀννίβαν καὶ πραξάντων τὸ συνταχθέν, ἅμα τῷ τὸ πῦρ ἰδεῖν οἱ περὶ τὸν Νίκωνα καὶ Τραγίσκον ἀναθαρρήσαντες ταῖς ψυχαῖς καὶ τὸν παρ᾽ αὑτῶν πυρσὸν ἀναδείξαντες, ἐπεὶ τὸ παρ᾽ ἐκείνων πῦρ πάλιν ἑώρων ἀποσβεννύμενον, ὥρμησαν ἐπὶ τὴν πύλην μετὰ δρόμου καὶ σπουδῆς, [11] βουλόμενοι φθάσαι φονεύσαντες τοὺς ἐπὶ τοῦ πυλῶνος τεταγμένους, διὰ τὸ συγκεῖσθαι [καὶ] σχολῇ καὶ βάδην ποιεῖσθαι τὴν πορείαν τοὺς Καρχηδονίους. [12] Εὐροήσαντος δὲ τοῦ πράγματος, καὶ προκαταληφθέντων τῶν φυλαττόντων, οἱ μὲν ἐφόνευον τούτους, οἱ δὲ διέκοπτον τοὺς μοχλούς. [13] Ταχὺ δὲ τῶν πυλῶν ἀνοιχθεισῶν, πρὸς τὸν δέοντα καιρὸν ἧκον οἱ περὶ τὸν Ἀννίβαν, κεχρημένοι τῇ πορείᾳ συμμέτρως, ὥστε μηδεμίαν ἐπίστασιν γενέσθαι παρ᾽ ὁδὸν ἐπὶ τὴν πόλιν.

XXXI. [1] Γενομένης δὲ τῆς εἰσόδου κατὰ τὴν πρόθεσιν ἀσφαλοῦς καὶ τελέως ἀθορύβου, δόξαντες ἠνύσθαι σφίσι τὸ πλεῖστον τῆς ἐπιβολῆς, λοιπὸν αὐτοὶ μὲν εὐθαρσῶς ἤδη προῆγον ἐπὶ τὴν ἀγορὰν κατὰ τὴν πλατεῖαν τὴν ἀπὸ τῆς Βαθείας ἀναφέρουσαν. [2] τούς γε μὴν ἱππεῖς ἀπέλειπον ἐκτὸς τοῦ τείχους, ὄντας οὐκ ἐλάττους δισχιλίων, θέλοντες ἐφεδρείαν αὑτοῖς ὑπάρχειν ταύτην πρός τε τὰς ἔξωθεν ἐπιφανείας καὶ πρὸς τὰ παράλογα τῶν ἐν ταῖς τοιαύταις ἐπιβολαῖς συμβαινόντων. [3] Ἐγγίσαντες δὲ τοῖς περὶ τὴν ἀγορὰν τόποις τὴν μὲν δύναμιν ἐπέστησαν κατὰ πορείαν, αὐτοὶ δὲ καὶ τὸν Φιλήμενον ἐκαραδόκουν, δεδιότες πῶς σφίσι προχωρήσει καὶ τοῦτο τὸ μέρος τῆς ἐπιβολῆς. [4] Ὅτε γὰρ ἀνάψαντες τὸ πῦρ ἔμελλον πρὸς τὰς πύλας ὁρμᾶν, τότε καὶ τὸν Φιλήμενον, ἔχοντα τὸν ὗν ἐν φερέτρῳ καὶ Λίβυας ὡς εἰ χιλίους ἐξαπέστειλαν ἐπὶ τὴν παρακειμένην πύλην, βουλόμενοι κατὰ τὴν ἐξ ἀρχῆς πρόθεσιν μὴ ψιλῶς ἐκ μιᾶς ἐλπίδος ἐξηρτῆσθαι τὴν ἐπιβολὴν αὐτῶν, ἀλλ᾽ ἐκ πλειόνων. [5] Ὁ δὲ προειρημένος ἐγγίσας τῷ τείχει κατὰ τὸν ἐθισμὸν ἐπεὶ προσεσύριξε, παρῆν ὁ φύλαξ εὐθέως καταβαίνων πρὸς τὴν ῥινοπύλην. [6] Τοῦ δ᾽ εἰπόντος ἔξωθεν ἀνοίγειν ταχέως, ὅτι βαρύνονται. φέρουσι γὰρ ὗν ἄγριον. ἀσμένως ἀκούσας ὁ φύλαξ ἀνέῳξε μετὰ σπουδῆς, ἐλπίζων καὶ πρὸς αὑτόν τι διατείνειν τὴν εὐαγρίαν τῶν περὶ τὸν Φιλήμενον διὰ τὸ μερίτην ἀεὶ γίνεσθαι τῶν εἰσφερομένων. [7] Αὐτὸς μὲν οὖν ὁ προειρημένος τὴν πρώτην ἔχων χώραν τοῦ φορήματος εἰσῆλθε, καὶ σὺν αὐτῷ νομαδικὴν ἔχων διασκευὴν ἕτερος, ὡς εἷς τις ὢν τῶν ἀπὸ τῆς χώρας, μετὰ δὲ τοῦτον ἄλλοι δύο πάλιν οἱ φέροντες ἐκ τῶν ὄπισθεν τὸ θηρίον. [8] Ἐπεὶ δὲ τέτταρες ὄντες ἐντὸς ἐγένοντο τῆς ῥινοπύλης, τὸν μὲν ἀνοίξαντα θεώμενον ἀκάκως καὶ ψηλαφῶντα τὸν ὗν αὐτοῦ πατάξαντες ἀπέκτειναν, τοὺς δ᾽ ἑπομένους μὲν αὑτοῖς, προηγουμένους δὲ τῶν ἄλλων, Λίβυας, ὄντας εἰς τριάκοντα, σχολῇ καὶ μεθ᾽ ἡσυχίας παρῆκαν διὰ τῆς πυλίδος. [9] Γενομένου δὲ τούτου κατὰ τὸ συνεχὲς οἱ μὲν τοὺς μοχλοὺς διέκοπτον, οἱ δὲ τοὺς ἐπὶ τοῦ πυλῶνος ἐφόνευον, οἱ δὲ τοὺς ἔξω Λίβυας ἐκάλουν διὰ συνθημάτων. [10] Εἰσελθόντων δὲ καὶ τούτων ἀσφαλῶς, προῆγον ὡς ἐπὶ τὴν ἀγορὰν κατὰ τὸ συντεταγμένον. [11] Ἅμα δὲ τῷ συμμῖξαι καὶ τούτους, περιχαρὴς γενόμενος Ἀννίβας ἐπὶ τῷ κατὰ νοῦν αὐτῷ προχωρεῖν τὴν πρᾶξιν εἴχετο τῶν προκειμένων.

XXXII. [1] Ἀπομερίσας δὲ τῶν Κελτῶν εἰς δισχιλίους, καὶ διελὼν εἰς τρία μέρη τούτους, συνέστησε τῶν νεανίσκων δύο πρὸς ἕκαστον μέρος τῶν χειριζόντων τὴν πρᾶξιν. [2] Ἀκολούθως δὲ καὶ τῶν παρ᾽ αὑτοῦ τινας ἡγεμόνων συνεξαπέστειλε, προστάξας διαλαβεῖν τῶν εἰς τὴν ἀγορὰν φερουσῶν ὁδῶν τὰς εὐκαιροτάτας. [3] Ὅταν δὲ τοῦτο πράξωσι, τοῖς μὲν ἐγχωρίοις νεανίσκοις ἐξαιρεῖσθαι παρήγγειλε καὶ σῴζειν τοὺς ἐντυγχάνοντας τῶν πολιτῶν, ἀναβοῶντας ἐκ πολλοῦ μένειν κατὰ χώραν Ταραντίνους, ὡς ὑπαρχούσης αὐτοῖς τῆς ἀσφαλείας, [4] τοῖς δὲ παρὰ τῶν Καρχηδονίων καὶ τῶν Κελτῶν ἡγεμόσι κτείνειν διεκελεύσατο τοὺς ἐντυγχάνοντας τῶν Ῥωμαίων. Οὗτοι μὲν οὖν χωρισθέντες ἀλλήλων ἔπραττον μετὰ ταῦτα τὸ προσταχθέν.

[5] Τῆς δὲ τῶν πολεμίων εἰσόδου καταφανοῦς ἤδη γενομένης τοῖς Ταραντίνοις, πλήρης ἡ πόλις κραυγῆς ἐγίνετο καὶ ταραχῆς παρηλλαγμένης. [6] Ὁ μὲν οὖν Γάϊος, προσπεσούσης αὐτῷ τῆς εἰσόδου τῶν πολεμίων, συννοήσας ἀδύνατον αὑτὸν ὄντα διὰ τὴν μέθην, εὐθέως ἐξελθὼν ἐκ τῆς οἰκίας μετὰ τῶν οἰκετῶν καὶ παραγενόμενος ἐπὶ τὴν πύλην τὴν φέρουσαν ἐπὶ τὸν λιμένα, καὶ μετὰ ταῦτα τοῦ φύλακος ἀνοίξαντος αὐτῷ τὴν ῥινοπύλην, διαδὺς ταύτῃ καὶ λαβόμενος ἀκατίου τῶν ὁρμούντων, ἐμβὰς μετὰ τῶν οἰκετῶν εἰς τὴν ἄκραν παρεκομίσθη. [7] Κατὰ δὲ τὸν καιρὸν τοῦτον οἱ περὶ τὸν Φιλήμενον, ἡτοιμασμένοι σάλπιγγας Ῥωμαϊκὰς καί τινας τῶν αὐταῖς χρῆσθαι δυναμένων διὰ τὴν συνήθειαν, στάντες ἐπὶ τὸ θέατρον ἐσήμαινον. [8] Τῶν δὲ Ῥωμαίων βοηθούντων ἐν τοῖς ὅπλοις κατὰ τὸν ἐθισμὸν εἰς τὴν ἄκραν, ἐχώρει τὸ πρᾶγμα κατὰ τὴν πρόθεσιν τοῖς Καρχηδονίοις. [9] παραγενόμενοι γὰρ ταῖς πλατείαις ἀτάκτως καὶ σποράδην οἱ μὲν εἰς τοὺς Καρχηδονίους ἐνέπιπτον, οἱ δ᾽ εἰς τοὺς Κελτούς. καὶ δὴ τῷ τοιούτῳ τρόπῳ φονευομένων αὐτῶν πολύ τι πλῆθος διεφθάρη. [10] Τῆς δ᾽ ἡμέρας ἐπιφαινομένης οἱ μὲν Ταραντῖνοι τὴν ἡσυχίαν εἶχον κατὰ τὰς οἰκήσεις, οὐδέπω δυνάμενοι τάξασθαι τὸ συμβαῖνον. [11] Διὰ μὲν γὰρ τὴν σάλπιγγα καὶ τὸ μηδὲν ἀδίκημα γίνεσθαι μηδ᾽ ἁρπαγὴν κατὰ τὴν πόλιν, ἔδοξαν ἐξ αὐτῶν τῶν Ῥωμαίων εἶναι τὸ κίνημα. [12] Τὸ δὲ πολλοὺς αὐτῶν ὁρᾶν πεφονευμένους ἐν ταῖς πλατείαις, καί τινας τῶν Γαλατῶν θεωρεῖσθαι σκυλεύοντας τοὺς τῶν Ῥωμαίων νεκρούς, ὑπέτρεχέ τις ἔννοια τῆς τῶν Καρχηδονίων παρουσίας.

XXXIII. [1] Ἤδη δὲ τοῦ μὲν Ἀννίβου παρεμβεβληκότος τὴν δύναμιν εἰς τὴν ἀγοράν, τῶν δὲ Ῥωμαίων ἀποκεχωρηκότων εἰς τὴν ἄκραν διὰ τὸ προκατεσχῆσθαι φρουρᾷ ταύτην ὑπ᾽ αὐτῶν, ὄντος δὲ φωτὸς εἰλικρινοῦς, ὁ μὲν Ἀννίβας ἐκήρυττε τοὺς Ταραντίνους ἄνευ τῶν ὅπλων ἁθροίζεσθαι πάντας εἰς τὴν ἀγοράν, [2] οἱ δὲ νεανίσκοι περιπορευόμενοι τὴν πόλιν ἐβόων ἐπὶ τὴν ἐλευθερίαν, καὶ παρεκάλουν θαρρεῖν, ὡς ὑπὲρ ἐκείνων παρόντας τοὺς Καρχηδονίους. [3] Ὅσοι μὲν οὖν τῶν Ταραντίνων προκατείχοντο τῇ πρὸς τοὺς Ῥωμαίους εὐνοίᾳ, γνόντες ἀπεχώρουν εἰς τὴν ἄκραν. οἱ δὲ λοιποὶ κατὰ τὸ κήρυγμα συνηθροίζοντο χωρὶς τῶν ὅπλων, πρὸς οὓς Ἀννίβας φιλανθρώπους διελέχθη λόγους. [4] Τῶν δὲ Ταραντίνων ὁμοθυμαδὸν ἐπισημηναμένων ἕκαστα τῶν λεγομένων διὰ τὸ παράδοξον τῆς ἐλπίδος, τότε μὲν διαφῆκε τοὺς πολλούς, συντάξας ἕκαστον εἰς τὴν ἰδίαν οἰκίαν ἐπανελθόντας μετὰ σπουδῆς ἐπὶ τὴν θύραν ἐπιγράψαι ΤΑΡΑΝΤΙΝΟΥ. [5] Τῷ δ᾽ ἐπὶ τὴν Ῥωμαϊκὴν κατάλυσιν ἐπιγράψαντι ταὐτὸ τοῦτο θάνατον ὥρισε τὴν ζημίαν. [6] Αὐτὸς δὲ διελὼν τοὺς ἐπιτηδειοτάτους τῶν ἐπὶ τῶν πραγμάτων ἐφῆκε διαρπάζειν τὰς τῶν Ῥωμαίων οἰκίας, σύνθημα δοὺς πολεμίας νομίζειν τὰς ἀνεπιγράφους, τοὺς δὲ λοιποὺς συνέχων ἐν τάξει τούτοις ἐφέδρους.

XXXIV. [1] Πολλῶν δὲ καὶ παντοδαπῶν κατασκευασμάτων ἁθροισθέντων ἐκ τῆς διαρπαγῆς, καὶ γενομένης ὠφελείας τοῖς Καρχηδονίοις ἀξίας τῶν προσδοκωμένων ἐλπίδων, [2] τότε μὲν ἐπὶ τῶν ὅπλων ηὐλίσθησαν, εἰς δὲ τὴν ἐπιοῦσαν ἡμέραν Ἀννίβας συνεδρεύσας μετὰ τῶν Ταραντίνων ἔκρινε διατειχίσαι τὴν πόλιν ἀπὸ τῆς ἄκρας, ἵνα μηδεὶς ἔτι φόβος ἐπικάθηται τοῖς Ταραντίνοις ἀπὸ τῶν κατεχόντων τὴν ἀκρόπολιν Ῥωμαίων. [3] Πρῶτον μὲν οὖν ἐπεβάλετο προθέσθαι χάρακα παράλληλον τῷ τείχει τῆς ἀκροπόλεως καὶ τῇ πρὸ τούτου τάφρῳ. [4] Σαφῶς δὲ γινώσκων οὐκ ἐάσοντας τοὺς ὑπεναντίους, ἀλλ᾽ ἐναποδειξομένους τῇδέ πῃ τὴν αὑτῶν δύναμιν, ἡτοίμασε χεῖρας ἐπιτηδειοτάτας, νομίζων πρὸς τὸ μέλλον οὐδὲν ἀναγκαιότερον εἶναι τοῦ καταπλήξασθαι μὲν τοὺς Ῥωμαίους, εὐθαρσεῖς δὲ ποιῆσαι τοὺς Ταραντίνους. [5] Ἅμα δὲ τῷ τίθεσθαι τὸν πρῶτον χάρακα θρασέως τῶν Ῥωμαίων καὶ τετολμηκότως ἐπιχειρούντων τοῖς ὑπεναντίοις, βραχὺ συμμίξας Ἀννίβας καὶ τὰς ὁρμὰς τῶν προειρημένων ἐκκαλεσάμενος, ἐπεὶ προέπεσον οἱ πλείους ἐκτὸς τῆς τάφρου, δοὺς παράγγελμα τοῖς αὑτοῦ προσέβαλε τοῖς πολεμίοις. [6] Γενομένης δὲ τῆς μάχης ἰσχυρᾶς, ὡς ἂν ἐν βραχεῖ χώρῳ καὶ περιτετειχισμένῳ τῆς συμπλοκῆς ἐπιτελουμένης, τὸ πέρας ἐκβιασθέντες ἐτράπησαν οἱ Ῥωμαῖοι. [7] Καὶ πολλοὶ μὲν ἔπεσον ἐν χειρῶν νόμῳ, τὸ δὲ πλεῖον αὐτῶν μέρος ἀπωθούμενον καὶ συγκρημνιζόμενον ἐν τῇ τάφρῳ διεφθάρη.

XXXV. [1] Τότε μὲν οὖν Ἀννίβας προβαλόμενος ἀσφαλῶς τὸν χάρακα τὴν ἡσυχίαν ἔσχε, τῆς ἐπιβολῆς αὐτῷ κατὰ νοῦν κεχωρηκυίας. [2] Τοὺς μὲν γὰρ ὑπεναντίους συγκλείσας ἠνάγκασε μένειν ἐντὸς τοῦ τείχους, δεδιότας οὐ μόνον περὶ σφῶν, ἀλλὰ καὶ περὶ τῆς ἄκρας, [3] τοῖς δὲ πολιτικοῖς τοιοῦτο παρέστησε θάρσος ὥστε καὶ χωρὶς τῶν Καρχηδονίων ἱκανοὺς αὑτοὺς ὑπολαμβάνειν ἔσεσθαι τοῖς Ῥωμαίοις. [4] Μετὰ δὲ ταῦτα μικρὸν ἀπὸ τοῦ χάρακος ἀποστήσας ὡς πρὸς τὴν πόλιν, τάφρον ἐποίει παράλληλον τῷ χάρακι καὶ τῷ τῆς ἄκρας τείχει. [5] παρ᾽ ἣν ἐκ μεταβολῆς ἐπὶ τὸ πρὸς τῇ πόλει χεῖλος τοῦ χοὸς ἀνασωρευομένου, προσέτι δὲ καὶ χάρακος ἐπ᾽ αὐτῆς τεθέντος, οὐ πολὺ καταδεεστέραν τείχους συνέβαινε τὴν ἀσφάλειαν ἐξ αὐτῆς ἀποτελεῖσθαι. [6] Παρὰ δὲ ταύτην ἐντὸς ἔτι πρὸς τὴν πόλιν ἀπολιπὼν σύμμετρον διάστημα τεῖχος ἐπεβάλετο κατασκευάζειν, ἀρξάμενος ἀπὸ τῆς Σωτείρας ἕως εἰς τὴν Βαθεῖαν προσαγορευομένην, [7] ὥστε καὶ χωρὶς ἀνδρῶν τὰς δι᾽ αὐτῶν τῶν κατασκευασμάτων ὀχυρότητας ἱκανὰς εἶναι τοῖς Ταραντίνοις τὴν ἀσφάλειαν παρασκευάζειν. [8] Ἀπολιπὼν δὲ τοὺς ἱκανοὺς καὶ τοὺς ἐπιτηδείους πρὸς τὴν τῆς πόλεως φυλακὴν καὶ τὴν τοῦ τείχους παρεφεδρεύοντας ἱππεῖς κατεστρατοπέδευσε, περὶ τετταράκοντα σταδίους ἀποσχὼν τῆς πόλεως, παρὰ τὸν ποταμὸν τὸν παρὰ μέν τισι Γαλαῖσον, παρὰ δὲ τοῖς πλείστοις προσαγορευόμενον Εὐρώταν, ὃς ἔχει τὴν ἐπωνυμίαν ταύτην ἀπὸ τῆς τοῦ παρὰ Λακεδαίμονα ῥέοντος Εὐρώτα. [9] Πολλὰ δὲ τοιαῦτα κατὰ τὴν χώραν καὶ κατὰ τὴν πόλιν ὑπάρχει τοῖς Ταραντίνοις διὰ τὸ καὶ τὴν ἀποικίαν καὶ τὴν συγγένειαν ὁμολογουμένην αὐτοῖς εἶναι πρὸς Λακεδαιμονίους. [10] Ταχὺ δὲ τοῦ τείχους λαμβάνοντας τὴν συντέλειαν διά τε τὴν τῶν Ταραντίνων σπουδὴν καὶ προθυμίαν καὶ τὴν τῶν Καρχηδονίων συνεργίαν, μετὰ ταῦτα διενοήθη καὶ τὴν ἄκραν ἐξελεῖν Ἀννίβας.

XXXVI. [1] Ἤδη δ᾽ ἐντελεῖς αὐτοῦ συνεσταμένου τὰς πρὸς τὴν πολιορκίαν παρασκευάς, παραπεσούσης ἐκ Μεταποντίου βοηθείας εἰς τὴν ἄκραν κατὰ θάλατταν, βραχύ τι ταῖς ψυχαῖς ἀναθαρρήσαντες οἱ Ῥωμαῖοι νυκτὸς ἐπέθεντο τοῖς ἔργοις, καὶ πάσας διέφθειραν τὰς τῶν ἔργων καὶ μηχανημάτων κατασκευάς. [2] Οὗ γενομένου τὸ μὲν πολιορκεῖν τὴν ἄκραν Ἀννίβας ἀπέγνω, τῆς δὲ τοῦ τείχους κατασκευῆς ἤδη τετελειωμένης, ἁθροίσας τοὺς Ταραντίνους ἀπεδείκνυε διότι κυριώτατόν ἐστι πρὸς τοὺς ἐνεστῶτας καιροὺς τὸ τῆς θαλάττης ἀντιλαμβάνεσθαι. [3] Κρατούσης γὰρ τῆς ἄκρας τῶν κατὰ τὸν εἴσπλουν τόπων, ὡς ἐπάνω προεῖπον, οἱ μὲν Ταραντῖνοι τὸ παράπαν οὐκ ἠδύναντο χρῆσθαι ταῖς ναυσὶν οὐδ᾽ ἐκπλεῖν ἐκ τοῦ λιμένος, τοῖς δὲ Ῥωμαίοις κατὰ θάλατταν ἀσφαλῶς παρεκομίζετο τὰ πρὸς τὴν χρείαν. [4] οὗ συμβαίνοντος οὐδέποτε δυνατὸν ἦν βεβαίως ἐλευθερωθῆναι τὴν πόλιν. [5] Ἃ συνορῶν ὁ Ἀννίβας ἐδίδασκε τοὺς Ταραντίνους ὡς, ἐὰν ἀποκλεισθῶσι τῆς κατὰ θάλατταν ἐλπίδος οἱ τὴν ἄκραν τηροῦντες, παρὰ πόδας αὐτοὶ δι᾽ αὑτῶν εἴξαντες λείψουσι ταύτην καὶ παραδώσουσι τὸν τόπον. [6] Ὧν ἀκούοντες οἱ Ταραντῖνοι τοῖς μὲν λεγομένοις συγκατετίθεντο. ὅπως δ᾽ ἂν γένοιτο τοῦτο κατὰ τὸ παρόν, οὐδαμῶς ἐδύναντο συννοῆσαι, πλὴν εἰ παρὰ Καρχηδονίων ἐπιφανείη στόλος. τοῦτο δ᾽ ἦν κατὰ τοὺς τότε καιροὺς ἀδύνατον. [7] διόπερ ἠδυνάτουν συμβαλεῖν ἐπὶ τί φερόμενος Ἀννίβας τοὺς περὶ τούτων πρὸς σφᾶς ποιεῖται λόγους. [8] φήσαντος δ᾽ αὐτοῦ φανερὸν εἶναι χωρὶς Καρχηδονίων αὐτοὺς δι᾽ αὑτῶν ὅσον ἤδη κρατῆσαι τῆς θαλάττης, μᾶλλοι ἐκπλαγεῖς ἦσαν, οὐ δυνάμενοι τὴν ἐπίνοιαν αὐτοῦ συμβαλεῖν. [9] ὁ δὲ συνεωρακὼς τὴν πλατεῖαν εὐδιακόσμητον οὖσαν τὴν ὑπάρχουσαν μὲν ἐντὸς τοῦ διατειχίσματος, φέρουσαν δὲ παρὰ τὸ διατείχισμ᾽ ἐκ τοῦ λιμένος εἰς τὴν ἔξω θάλατταν, ταύτῃ διενοεῖτο τὰς ναῦς ἐκ τοῦ λιμένος εἰς τὴν νότιον ὑπερβιβάζειν πλευράν. [10] διόπερ ἅμα τῷ τὴν ἐπίνοιαν ἐπιδεῖξαι τοῖς Ταραντίνοις οὐ μόνον συγκατέθεντο τοῖς λεγομένοις, ἀλλὰ καὶ διαφερόντως ἐθαύμασαν τὸν ἄνδρα, καὶ διέλαβον ὡς οὐδὲν ἂν περιγένοιτο τῆς ἀγχινοίας τῆς ἐκείνου καὶ τόλμης. [11] ταχὺ δὲ πορείων ὑποτρόχων κατασκευασθέντων, ἅμα τῷ λόγῳ τοὔργον εἰλήφει συντέλειαν, ἅτε προθυμίας καὶ πολυχειρίας ὁμοῦ τῇ προθέσει συνεργούσης. [12] οἱ μὲν οὖν Ταραντῖνοι τοῦτον τὸν τρόπον ὑπερνεωλκήσαντες τὰς νῆας εἰς τὴν ἔξω θάλατταν, ἐπολιόρκουν ἀσφαλῶς τοὺς ἐκ τῆς ἄκρας, ἀφῃρημένοι τὰς ἔξωθεν αὐτῶν ἐπικουρίας. [13] Ἀννίβας δὲ φυλακὴν ἀπολιπὼν τῆς πόλεως ἀνέζευξε μετὰ τῆς δυνάμεως, καὶ παρεγένετο τριταῖος ἐπὶ τὸν ἐξ ἀρχῆς χάρακα, καὶ τὸ λοιπὸν τοῦ χειμῶνος ἐνταῦθα διατρίβων ἔμενε κατὰ χώραν. [Cod. Urb. fol. 114 extr. exc. ant. p. 202.]

( La noblesse tarentine s'unit au peuple. — A la tête de la conspiration Nicon et Philémène )

XXVI. [4] Les conjurés sortirent de la ville sous le prétexte de quelque excursion dans le voisinage, puis lorsque, pendant la nuit, ils se furent approchés du camp des Carthaginois, tous allèrent se cacher dans un bois près de la route, à l'exception de Philémène et de Nicon, qui s'avancèrent jusqu'au retranchement. [5] Les sentinelles les arrêtèrent et les conduisirent à Annibal, sans qu'ils dissent d'où ils venaient et qui ils étaient; ils leur témoignèrent seulement le désir de parler à leur chef. Introduits auprès du général, ils lui demandèrent de l'entretenir en particulier. [6] Annibal leur accorda avec empressement cette conférence, [7] et aussitôt, défendant chaleureusement la cause de leur patrie et la leur, ils entassèrent contre Rome mille griefs, afin de ne point paraître s'être jetés sans raison dans le parti qu'ils avaient adopté. [8]Annibal parut sensible à leur démarche, les remercia de leur bon vouloir et les congédia en leur recommandant de revenir le plus tôt qu'il leur serait possible. [9] Pour le moment, il les engagea à pousser devant eux, dès qu'ils seraient à quelque distance du camp, les troupeaux envoyés le matin au pâturage, d'emmener avec le bétail les gardiens eux-mêmes, et de retourner ainsi hardiment à Tarente : il prenait sur lui de veiller à leur sûreté. [10] De cette manière, il se ménageait en même temps le loisir d'examiner de plus près ce que lui proposaient ces jeunes gens, et leur fournissait un moyen de faire croire à leurs concitoyens qu'ils allaient sans fraude ni arrière-pensée butiner dans la campagne. [11] Nicon et Philémène suivirent son conseil, et si Annibal ressentait une vive joie d'avoir rencontré, après tant de peine, l'occasion d'exécuter son dessein, [12] plus vive aussi que jamais était l'ardeur des jeunes Tarentins, heureux de s'être impunément entretenus avec Annibal, de l'avoir trouvé prêt à les seconder, de s'être enfin suffisamment assuré la confiance de leurs concitoyens par la richesse du butin qu'ils avaient ramené. [13] Ils vendirent une partie de leur capture, dépensèrent le reste en festins, et par là non seulement obtinrent pleine créance des Tarentins, mais encore trouvèrent dans leurs concitoyens beaucoup d'imitateurs.

XXVII. [1] Ils firent une nouvelle sortie, procédèrent comme dans la première, et alors, entre Annibal et eux il fut juré amitié aux conditions suivantes : [2] les Carthaginois rendront la liberté aux Tarentins, n'exigeront d'eux aucun impôt sous quelque nom que ce soit; ils ne leur imposeront aucune autre charge, mais dès qu'ils seront devenus maîtres de la ville, ils pourront piller les demeures et les auberges occupées par les Romains. [3] On convint encore d'un mot d'ordre sur lequel les sentinelles laisseraient pénétrer les Tarentins dans le camp dès qu'ils se présenteraient. [4] Grâce à cette précaution, ils eurent dès lors la facilité de s'entretenir fréquemment avec Annibal. Ils sortaient de la ville, tantôt, à les entendre, pour une expédition contre l'ennemi, tantôt pour chasser. [5] Tout ainsi combiné, la plus grande partie des conjurés ne fit plus qu'attendre dans l'enceinte des murs l'occasion favorable, et Philémène fut chargé de simuler des parties de chasse. [6] On croyait, à cause de son vif amour pour cet art, qu'il n'avait rien de plus à cœur que de s'y livrer. [7] On lui confia donc le soin de gagner par quelques pièces de gibier le gouverneur de la ville, Caïus Livius, et le poste qui veillait à la porte Téménide. [8] Philémène accepta, et soit qu'il chassât lui-même, soit qu'il reçût de la main d'Annibal quelque gibier, il rapportait toujours à la ville de la venaison, en donnait une partie à Caïus et l'autre aux gardiens de la porte Téménide pour qu'ils consentissent à lui ouvrir promptement : [9] car c'était le plus souvent la nuit qu'il sortait de la ville et qu'il y rentrait, par crainte, disait-il, de l'ennemi, et en réalité parce que cette heure se prêtait mieux à ses desseins.[10] Lors donc que Philémène fut assez connu des gardiens pour qu'à son arrivée, et au premier coup de sifflet, on ouvrît la porte sans hésiter, [11] les conjurés, instruits que le gouverneur romain devait bientôt, avec un grand nombre des siens, se rendre dès le matin à un repas dans le Musée voisin de l'Agora, convinrent de ce jour avec Annibal pour agir.

XXVIII. [1] Annibal, depuis longtemps, s'était ménagé le prétexte de je ne sais quelle maladie, pour que les Romains ne s'étonnassent pas de le voir si longtemps demeurer à la même place ; il feignit alors plus que jamais d'être malade. [2] Son camp était éloigné de Tarente d'environ trois jours de marche. [3] Lors donc que le jour fixé fut arrivé, il choisit parmi ses fantassins et ses cavaliers les plus rapides et les plus braves, au nombre de dix mille, et leur dit de prendre des vivres pour quatre jours. [4] Il partit en personne à l'aurore, et poussa en avant sans s'arrêter. Chemin faisant, il donna ordre à quatre-vingts cavaliers numides de précéder son armée de trente stades environ, et de battre tous les lieux qui bordaient la route, [5] afin qu'on ne vît pas ses forces entières, et que parmi les habitants qui fuiraient devant les ennemis, les uns fussent faits prisonniers, et que les autres qui se réfugieraient à Tarente annonçassent seulement la présence de quelques Numides. [6] Quand ceux-ci furent à environ cent vingt stades de Tarente , il fit dîner son armée près d'un fleuve qui, encaissé entre des rochers , était à peine visible. [7] Là, il rassembla ses officiers, et sans leur exposer nettement ses desseins, leur dit de se montrer à la prochaine occasion hommes do cœur, parce que jamais plus belles récompenses n'avaient été réservées à leur valeur. [8] Il leur recommanda ensuite de maintenir chaque soldat à son rang et de punir sévèrement ceux qui s'en écarteraient) [9] il termina en leur rappelant d'être attentifs à la parole du général, et de ne rien faire , passé ce qu'il ordonnerait. [10] Après ce discours il les congédia, et dès que les ténèbres se répandirent il donna le signal du départ à l'avant-garde. Il désirait arriver sous les murs de Tarente su milieu de la nuit, il avait pour guide Philémène, et celui-ci portait un sanglier sauvage afin d'en faire l'usage convenu,

XXIX. [1] Caïus Livius était resté depuis le matin à tabla au Musée avec ses amis, comme l'avaient prévu les jeunes nobles, et les libations se succédaient avec le plus d'ardeur quand on vint vers le coucher du soleil l'avertir que quelques Numides dévastaient la campagne. Livius, qui ne vit rien au delà, [2] appela auprès de lui quelques officiers, et leur donna ordre de partir vers l'aurore avec la moitié de la cavalerie pour s'opposer aux ravages de l'ennemi. Grâce au bruit de cette attaque partielle, Caïus soupçonna moins que jamais le grand dessein d'Annibal. Cependant, la nuit étant tombée, [3] Nicon, Tragisque et d'autres conjurés réunis dans la ville, allèrent attendre le retour de Livius et de ses compagnons, [4] et comme le festin avait duré tout le jour, Livius ne tarda pas à sortir; aussitôt, la plus grande partie des jeunes nobles se retira à l'écart, tandis que quelques-uns d'entre eux se portèrent en désordre au-devant du gouverneur, se lançant des quolibets et affectant toutes les allures de gens qui sortent de table. [5] Livius et ses amis étaient de leur côté bien plus excités par une ivresse réelle : des rires et des plaisanteries suivirent la rencontre des deux troupes. [6] Bref, Nicon et ses complices, rebroussant chemin, ramenèrent Caïus jusque dans sa maison, où bientôt il se plongea dans ce profond sommeil qui suit naturellement les longues orgies, l'esprit libre de pensées tristes ou fâcheuses, et tout entier à la mollesse et à la joie. [7] Nicon et Tragisque rejoignirent leurs compagnons au plus vite. Alors, se divisant en trois sections, ils occupèrent les avenues du Forum les plus commodes pour que rien de ce qui se passait au dehors ou bien au dedans de la ville ne leur échappât , [8] ils placèrent en outre quelques vedettes près de la maison de Livius, sachant bien qu'à la première idée du péril qui menacerait, on s'adresserait d'abord au gouverneur, et que les obstacles viendraient de lui. [9] Enfin, quand les citoyens furent rentrés chez eux, et que le bruit des passants eut cessé, quand la ville entière fut endormie, et que la nuit eût marché sans que rien vînt contrarier l'espoir de Tragisque et de Nicon, les conjurés réunis se préparèrent & consommer leur dessein.

XXX. [1] Voici quel était le plan arrêté entre les jeunes gens et les Carthaginois : [2] il était convenu qu'Annibal en arrivant près de la ville du côté qui regarde le levant, vers la porte Téménide, allumerait un feu sur un tombeau que quelques-uns appellent tombeau d'Hyacinthe, et d'autres d'Hyacinthe Apollon ; [3] que Tragisque, à l'apparition de ce signal, allumerait un autre feu ; [4] que les Carthaginois éteindraient aussitôt le leur et s'avanceraient à pas lents vers la porte. [5] Ces dispositions prises, les conjurés traversèrent la partie habitée de la ville et se rendirent au cimetière. [6] La partie orientale de Tarente est couverte, en effet, de monuments funéraires, les Tarentins ayant coutume d'ensevelir leurs morts dans l'intérieur de la ville pour obéir à un vieil oracle. [7] Apollon, racontent-ils, leur prédit que plus ils seraient nombreux, plus leur cité serait florissante, et d'après cet oracle, [8] convaincus qu'ils ne pourraient manquer de prospérer s'ils conservaient les morts dans l'enceinte de leurs murs, ils les y ensevelissent encore aujourd'hui. [9] Réunie près du tombeau de Pythonique, la troupe des conjurés attendait avec anxiété, [10] quand Annibal donna le signal convenu. Aussitôt, Nicon et Tragisque, enhardis à la vue du feu des Carthaginois, allumèrent le leur, et, dès qu'ils s'aperçurent que celui d'Annibal était éteint, ils s'élancèrent vers la porte, de toute leur vitesse, [11] afin d'en tuer les gardiens avant l'arrivée des Carthaginois qui, d'ailleurs, devaient n'avancer que lentement. [12] Tout leur réussit ; ils surprirent les sentinelles, les massacrèrent, brisèrent les leviers, [13] et bientôt les portes s'ouvrirent devant Annibal, qui avait si bien mesuré sa marche que personne ne soupçonna son arrivée sous les murs de la ville.

XXXI. [1] Les Carthaginois, introduits dans Tarente sans coup férir et sans bruit, suivant leur dessein, et convaincus que la tâche la plus difficile était maintenant achevée, se dirigèrent hardiment vers la place publique , à travers la vaste rue qui y conduit en partant de la rue Bathéa. [2] Ils laissèrent sous les murs deux mille cavaliers afin de se ménager une réserve en cas de quelque attaque soudaine au dehors, un secours contre les accidents imprévus, si ordinaires dans les affaires de cette sorte. [3] Lorsqu'il fut près du Forum, Annibal fit arrêter ses troupes, et là attendit avec impatience des nouvelles de Philémène, inquiet de savoir comment de ce côté tournerait l'entreprise : [4] car au moment où, après avoir allumé le feu du signal, il allait s'avancer vers la porte Téménide, il avait envoyé Philémène, suivi de son sanglier sur une civière et de mille Africains, à la porte voisine, afin de ne pas laisser tout le succès dépendre d'une seule tentative, et de multiplier les chances. [5] Philémène, parvenu à quelque distance des murailles, siffla comme de coutume, et aussitôt un gardien descendit pour lui ouvrir la porte. [6] Sur les instances du jeune homme qui lui criait de se hâter, parce qu'ils étaient, lui et ses compagnons, fatigués du poids d'un sanglier sauvage, le malheureux, joyeux de cette nouvelle, et se flattant d'avoir de cette belle chasse la part qui lui revenait d'ordinaire, ouvrit avec empressement. [7] Philémène, qui était à la tête de la civière , entra aussitôt avec un de ses complices en habit de pâtre, qui passa pour un campagnard, et suivi de deux autres conjurés qui tenaient la bête par derrière. [8] A peine établis dans l'intérieur des murs, tous quatre massacrèrent le gardien au moment où il regardait le sanglier et le maniait sans crainte; puis ils introduisirent en silence, et peu à peu, trente Africains environ qui marchaient immédiatement après eux et qui précédaient le reste de la troupe. [9] Enfin, les uns brisèrent les leviers, les autres tuèrent le poste qui veillait en cet endroit, et donnèrent aux Africains qui étaient dehors le signal de pénétrer dans la ville. [10] Ils le firent en toute sûreté, et Philémène se rendit comme il était convenu à la place publique. [11] Dès que sa troupe se fut réunie à celle d'Annibal, celui-ci, joyeux de voir ainsi tout lui réussir à souhait, s'occupa d'achever ses desseins.

XXXII. [1] Il détacha de ses Gaulois deux mille hommes, les divisa en trois corps, plaça chacun d'eux sous le commandement de deux des conjurés. [2] Il fit partir en même temps quelques-uns de ses capitaines, et ordre fut donné à tous de s'emparer des avenues les plus avantageuses qui conduisaient à la place publique. [3] Cela fait, il recommanda aux jeunes Tarentins d'épargner la vie de tous les habitants qu'ils rencontreraient sur leur passage, et de dire aux autres de rester tranquilles, en leur promettant en son nom pleine et entière sûreté. [4] Les officiers carthaginois et gaulois eurent pour instruction de frapper sans pitié les Romains. On se sépara ensuite, et chaque troupe alla de son côté exécuter les volontés d'Annibal.

[5] Lorsque la présence de l'ennemi dans les murs fut connue de Tarente tout entière, ce ne fut partout que tumulte et que cris confus. [6] Gaius, à la nouvelle de la présence d'Annibal, se sentant incapable d'agir à causa de son ivresse, quitta aussitôt sa demeure avec ses esclaves, se rendit à la porte qui conduisait au port, et l'ayant fait ouvrir par le gardien, monta sur une barque qui le porta lui et son monde dans la citadelle. [7] Cependant Philémène, qui avait eu soin de préparer des trompettes romaines et de se munir d'hommes accoutumés à en jouer, faisait du haut du théâtre sonner l'alarme. [8] Les Romains coururent en armes à la citadelle, suivant l'usage, et servirent ainsi le désir des Carthaginois. [9] Errant à travers les rues en désordre, au hasard, les uns tombaient au milieu des Africains, les autres au milieu des Gaulois : ils y trouvaient la mort, et grand fut le massacre. [10] Quant aux Tarentins, bien qu'il fît jour, ils demeuraient tranquilles sans savoir au juste ce qui se passait. [11] Comme ils entendaient la trompette romaine et qu'ils ne voyaient dans la ville ni désordre ni pillage, ils s'imaginaient que tout ce mouvement venait des Romains. [12] Ce ne fut que lorsqu'ils aperçurent un grand nombre de Romains gisant dans les rues, et quelques Gaulois occupés à dépouiller ces cadavres, qu'ils soupçonnèrent l'entrée des Carthaginois dans Tarente.

XXXIII. [1] Les Romains s'étaient réfugiés dans la citadelle, où ils avalent déjà établi une garnison, et le jour était grand. Annibal, après avoir rangé ses troupes en bataille sur la place publique, par la voix du crieur public fit avertir les Tarentins de se réunir sans armes au Forum. [2] En même temps les jeunes conjurés, parcourant la ville , criaient liberté et disaient à leurs concitoyens d'avoir bon courage, que les Carthaginois étaient venus parmi eux pour leur bien.  [3] Tous les Tarentins attachés par une vieille amitié aux Romains se retirèrent dans la citadelle. Les autres, comme on le leur demandait, se présentèrent sans armes, et Annibal leur adressa quelques paroles bienveillantes.[4]  L'assemblée, charmée d'une douceur si imprévue, accueillit son discours par d'unanimes applaudissements. Il la congédia en engageant chaque citoyen à rentrer chez soi sur-le-champ et à écrire sur sa porte : Tarentin. [5] Il défendit, sous peine de mort, de placer ce mot sur la demeure d'un Romain; puis il choisit les soldats dont il était le plus sûr et les envoya piller toutes les habitations romaines : [6] le mot d'ordre était de regarder comme ennemies toutes les maisons sans inscription aucune ; il tint le reste de ses troupes sous les armes, comme réserve en cas de besoin.

XXXIV. [1] Les Carthaginois retirèrent de ce pillage de riches et abondantes dépouilles, et le butin qu'ils ramassèrent répondit largement à leurs espérances. [2] Ils passèrent cette nuit sous les armes. Le lendemain, Annibal tint conseil avec les Tarentins et décida de séparer par un mur la ville delà citadelle, afin que les Romains qui s'y étaient réfugiés ne pussent les inquiéter. [3] Il s'occupa donc d'élever un retranchement parallèle à la muraille et au fossé de la forteresse. [4] Comme il savait bien que les Romains ne le laisseraient pas faire tranquillement, qu'ils s'y opposeraient même de toutes leurs forces, il choisit pour cette œuvre les soldats les plus braves, car rien n'était à ses yeux plus nécessaire que de frapper les Romains de stupeur et d'inspirer par contrecoup aux Tarentins une heureuse audace. [5] A peine avait-il commencé de jeter le retranchement que les Romaine attaquèrent résolument l'ennemi. Annibal, par un léger combat, échauffa leur ardeur, et quand il vit que le plus grand nombre avait franchi le fossé, il donna le signal et s'élança. [6] L'action, qui s'était engagée sur un terrain étroit et de toutes parts fermé, fut chaude : enfin les Romains, refoulés, prirent la fuite; beaucoup restèrent sur le champ de bataille, [7] mais la plus forte partie, rejetée précipitamment dans le fossé, y trouva la mort.

XXXV. [1] Dès lors Annibal, grâce à ce succès, put à loisir poursuivre impunément son ouvrage. [2] Il avait réduit par la force l'ennemi à demeurer derrière ses remparts, tremblant pour lui et pour la citadelle. [3] Bien plus, il inspira aux Tarentins une telle confiance qu'ils se crurent capables, même sans l'assistance des Carthaginois, de résister aux Romains. [4] Quand il eut achevé le retranchement, à quelque distance de cet ouvrage, du côté de la ville, il creusa un fossé parallèle au retranchement à la fois et au fossé de la citadelle. [5] Le long du bord qui regardait Tarente, il forma, de la terre amoncelée, une terrasse où s'élevait un second retranchement ; si bien qu'on trouvait dans ces constructions presque autant de sûreté que dans un rempart. [6] Cependant, en deçà et à peu de distance de la terrasse, vers la ville, Annibal entreprit de bâtir une muraille qui, partant de la rue Sotéra, aboutît à la rue Bathéa. Il voulait que ces fortifications fussent capables par elles-mêmes, et sans bras pour les défendre, [7] de mettre les Tarentins à l'abri de tout péril. [8] Enfin, après avoir laissé dans Tarente un corps de cavalerie et d'infanterie suffisant pour veiller à la sûreté de la ville et du mur, il alla camper à environ quarante stades de la ville, près d'une rivière que l'on appelle quelquefois Galèse et d'ordinaire Eurotas. Ce nom lui vient de l'Eurotas de Laconie. [9] En effet, on trouve beaucoup de ces dénominations lacédémoniennes à Tarente même et sur tout son territoire, parce que c'est une colonie de Sparte et que les Tarentins et les Lacédémoniens sont unis par les liens du sang. [10] Dès que ce mur fut achevé grâce au zèle empressé des Tarentins et de l'active coopération des Carthaginois, Annibal résolut d'attaquer la citadelle.

XXXVI. [1] Déjà il avait fait les préparatifs nécessaires pour le siège, lorsque la citadelle reçut par mer un secours de Métaponte, et les Romains, quelque peu ranimés, s'étant jetés pendant la nuit sur les ouvrages, détruisirent les travaux et les machines. [2] Dès lors Annibal désespéra de pouvoir enlever la citadelle; mais, comme le mur était terminé, il rassembla les Tarentins et leur dit que, dans les conjonctures présentes, le principal pour eux était de se rendre maîtres de la mer. [3] En effet, dès que la citadelle dominait l'entrée du port, les Tarentins, comme je l'ai dit plus haut, étaient incapables de monter sur leurs vaisseaux et de sortir, et les Romains se procuraient sans péril de ce côté tout ce dont ils avaient besoin. [4] Cela durant, Tarente ne pouvait être solidement libre. [5] Annibal l'avait bien compris. Aussi répétait-il aux Tarentins que les Romains, une fois privés de l'espoir de secours maritimes, ne tarderaient pas à céder d'eux-mêmes et à abandonner la citadelle pour la leur livrer. [6] Si les Tarentins appréciaient la justesse de ses conseils, ils ne voyaient pas le moyen de les réaliser, à moins qu'une flotte carthaginoise n'apparût tout à coup. [7] Or, cela était alors impossible; aussi ne s'expliquaient-ils pas pourquoi Annibal leur tenait ce langage, [8] et quand il vint leur dire que, s'ils le désiraient, ils deviendraient certainement maîtres de la mer sans l'assistance de Carthage, plus grande encore fut la surprise de tous; on ne savait qu'entendre par ces paroles. [9] Mais il avait remarqué que la vaste rue qui régnait en deçà du retranchement et qui, le long même du mur, conduisait du port vers la mer, au dehors , pouvait facilement se prêter à ses vues; c'est par là qu'il voulait faire passer les vaisseaux du port dans la partie méridionale de la ville. [10] Quand donc Annibal expliqua son plan aux Tarentins, non seulement ils approuvèrent avec ardeur ce projet, mais ils conçurent pour ce grand homme une telle admiration qu'ils ne virent plus rien qui pût triompher de sa sagacité et de son audace. [11] On rassembla à la hâte des machines à roues, et, à peine proposée, l'œuvre était déjà exécutée, tant était vif l'enthousiasme, si nombreux étaient les bras qui concouraient à ce travail! [12] Les Tarentins, après avoir ainsi transporté leurs navires jusqu'à la mer, en dehors de Tarente, assiégèrent sans péril la citadelle, dès lors dépourvue de secours. [13] Annibal laissa une garnison dans la ville, et, suivi de son armée, arriva trois jours après dans son camp, où il demeura enfermé pendant le reste de l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Λοιπὸν ταῖς ἀδήλοις ἐλπίσι προσανέχων διὰ τὸ πρόδηλον τῆς τιμωρίας πᾶν ἔκρινεν ὑπομένειν.  Σὺν γὰρ τοῖς ἐπιδεδεμένοις φορτίοις τὰ κανθήλια λαβόντας ἐκ τῶν ὅπισθεν, προθέσθαι πρὸ αὐτῶν ἑκέλευσε τοὺχ πεζούς. Οὗ γενομένου, συνέβη παρὰ πάντας χάρακας ἀσφαλέστατον γενέσθαι τὸ πρόβλημα.

 

 

 

 

 

 

XXXVII. (1) Ἐξηριθρίσατο τοὺς δόμους· ἦν γὰρ [ὁ πύργος] ἐκ σύννομων λίθων ᾠκοδομημένος, ὥστε καὶ λίαν εὐσυλλόγιστον εἶναι τὴν ἀπὸ γῆς τῶν ἐπάλξεων ἀπόστασιν.

(2) Μαθὼν δὲ (ὁ Μάρκος) ἐξ αὐτομόλου, διασαφήσαντος, ὅτι ἑορτὴν ἄγουσιν (οἱ Συρακούσιοι) πάνδημον ἐπὶ τρεῖς ἡμέρας, καὶ τοῖς μὲν σιτίοις λιτοῖς χρῶνται διὰ τὴν σπάνιν, τῷ δὲ οἴνῳ δαψιλεῖ· προσανανεωσάμενος τὴν τοῦ τείχους δεινότητα, ὑπεβάλετο καταπειράζειν τῆς ἐλπίδος.

(3) Ταχὺ δὲ καὶ κλιμάκων δύο συντεθεισων, ἐγένοντο κύριοι τῶν πύργων. Εἰς γὰρ τοὺς πύργους ἠθροισμένοι διὰ τὴν θυσίαν, οἱ μὲν ἀκμὴν ἔπινον, οἱ δ' ἐκοιμῶντο πάλαι μεθυσκόμενοι. Διὸ καὶ ἔλαθον αὐτοῖς ἐποκτείναντες.

 

 

 

Τοὺς δὲ Ῥωμαίους θαρρεῖν συνέβαινε, κρατοῦντας τοῦ περὶ τὰς Ἐπιπολὰς τόπου.
 

(Pendant ce temps, siège de Capoue, — Hannon envoyé par Annibal au secours de cette ville, est battu près de Bénévent, -- La place de Bénévent menacée. — Tibérius Gracchus appelé de Lucanie pour la défendre. — Mais avant de quitter sa province il périt par trahison avec toute son armée : Polybe racontait ce fait. )

XXXVII. Tibérius, général romain, malheureuse victime d'une lâche trahison, mourut courageusement avec ses troupes.

(En Espagne terrible catastrophe des Scipion. — Trois armées carthaginoises réunies contre les Romains. Lee Scipion partagent leurs troupes, —  Ce partage devient la cause de leur ruine. — Scipion le premier meurt dans un combat contre Massinissa et Indibilis. — Les généraux carthaginois se réunissent alors contre Cnéus. )

XXXVII. (11) Celui-ci, s'en remettant de son salut à une chance incertaine, résolut de tout braver en face d'un châtiment certain. Il se retira sur une hauteur (12) et là, comme rien ne pouvait lui servir de rempart, il ordonna à ses soldats de l'arrière-garde d'enlever aux bêtes de somme leurs bâts et leurs charges et de tout placer devant eux. Ainsi fut improvisé le retranchement le plus solide qu'on puisse imaginer. Mais Cn. Scipion fut défait et périt sur le champ de bataille.

( Tant de malheurs étaient réparés en Sicile par la prise de Syracuse  — Marcellus, pendant que celte ville était bloquée, prend Mégare. — Il fait prisonnier un Spartiate, que les Syracusains cherchent à racheter. — Entrevues à ce sujet près d'une tour. — Marcellus en profita (13)).

XXXVII. Pour compter les rangées de pierres, celles dont on avait bâti cette tour, étant toutes de même hauteur, il était facile d'apprécier à quelle distance les créneaux étaient du sol.

1° Sur ces entrefaites, il apprit que les Syracusains célébraient une fête publique qui durait trois jours, et que s'ils ne faisaient pas bonne chère à cause de la rareté des vivres , ils usaient largement du vin ; se rappelant alors le peu de hauteur de la muraille, il résolut de tenter la chance.

2° Les Romains, en attachant deux échelles l'une à l'autre, s'emparèrent de la tour. Réunis en ce lieu pour la fête, les Syracusains ou bien buvaient encore , ou bien dormaient ensevelis dans l'ivresse. L'ennemi les tua sans éprouver de résistance.

( Les Romains s'avancent d'autant plus facilement que les citoyens en général ne connaissaient pas encore ce qui s'était passé, à cause de la distance qui, dans une ville si grande, les séparait du théâtre des hostilités.)

Enfin Marcellus prend Epipole, et cette prise enhardit les Romains.

(Bientôt Syracuse entière tombe en leur pouvoir. )