Paris

MATTHIEU PARIS

 

GRANDE CHRONIQUE : TOME QUATRIEME : PARTIE VI

tome quatrième partie V - tome cinquième partie I

Œuvre mise en page par Patrick Hoffman

GRANDE CHRONIQUE

DE

MATTHIEU PARIS

 

TRADUITE EN FRANÇAIS

PAR A. HUILLARD-BRÉHOLLES,

 

ACCOMPAGNEE DE NOTES,

ET PRÉCÉDÉE D'UNE INTRODUCTION

 

PAR M. LE DUC DE LUYNES,

Membre de l'Institut.

 

TOME QUATRIÈME.

 

PARIS,

PAULIN, LIBRAIRE-ÉDITEUR,

33, RUE DE SEINE-SAlNT-GERMAIN.

1840.

 

 

(1) GRANDE CHRONIQUE

DE

MATTHIEU PARIS

(historia major anglorum).

 

 

précédent

 

(572) ADDITION.

 

II.

 

Année 1259. — Voir la page 542 du volume.

 

Réponse de maître Laurent de Saint-Albans en faveur d'Hubert de Bourg, comte de Kent, à qui le roi avait intenté un très-grave procès.. Jour a été donné à Hubert de Bourg, comte de Kent, pour l'octave de saint Jean-Baptiste, l'an vingt-troisième du présent règne, afin qu'il répondît au seigneur roi sur les amendes qui lui avaient été imposées pour n'avoir pas délivré audit roi le douaire de Richard de Clare, au jour qui lui avait été fixé par le même seigneur roi, selon la convention faite entre eux, ou selon la décision de ses pairs, et afin que le roi lui demandât aussi qu'il payât les amendes, ce que le comte n'a point fait. On lui a exposé en outre, de la part du seigneur roi, les transgressions qui vont suivre, avec celles plus haut dites, afin qu'il répondît à ces imputations. Le même comte a répondu à cela qu'il n'avait aucun jour pour ce faire. Mais il a dit que, s'il avait jour fixé et raisonnable, il donnerait satisfaction au seigneur (573) roi, ou s'en tiendrait à la décision de ses pairs; et il a demandé au seigneur roi de lui donner connaissance par écrit des articles sur lesquels il était tenu de répondre.

Le comte répond à tout cela qu'il est venu lui-même à chacun jour à lui fixé par le seigneur roi, et qu'il n'a requis délai pour aucun, mais qu'il a toujours reçu jour à la volonté du seigneur roi. Aussi lui parait-il juste que tous les jours qui lui ont été fixés, depuis qu'il s'est trouvé à Kingston (?), lui doivent être comptés pour un seul jour. Il déclare qu'il est toujours prêt à s'en tenir à la décision de ses pairs, que jamais lui, ni personne en son nom, ne s'est mêlé du mariage depuis qu'il a juré à Glocester que jamais il ne s'entremettrait pour ce mariage, et qu'il n'a jamais su, ni ne sait présentement rien sur ce mariage, si ce n'est par un simple dire de la comtesse, sa femme, qui a dit que ce mariage avait été contracté à Saint-Edmond, alors que lui, le comte, séjournait à Merton. Si cela ne suffit pas, il en dira plus long, et est prêt, à cet égard, à faire ce que ses pairs décideront.

Le premier article des objections qui lui sont faites, c'est que le roi exige de lui toutes les issues de son royaume pendant quatorze années consécutives, à partir de la mort du roi Jean, son père, issues dont le comte a pris la garde et le soin, sans que le seigneur roi Jean, père du présent roi. les lui eut confiés, et sans l'assentiment du seigneur Gallon, alors légat, qui, d'après l'aveu commun et la provision de l'assemblée (574) générale, était le premier et principal conseiller du royaume entier d'Angleterre, après la mort du maréchal.

Le comte répond à cela qu'il appartient à personnes expresses et désignées, c'est-à-dire au trésorier et aux camériers, de répondre sur les issues du royaume; qu'aussi, après la mort d'Eustache de Faucombridge, évêque de Londres, on demanda au trésorier1 qu'il rendit ses comptes, et que les comptes furent rendus; que, plus tard, on requit l'évêque de Carlisle de rendre compte des issues de tout le royaume, comme étant le receveur capital, et que l'évêque siégea pour rendre compte; que naguère Pierre d'Orival fut aussi requis de rendre ses comptes; mais qu'on ne doit en aucune façon exiger des comptes d'un justicier, puisqu'il n'est pas le receveur des issues du royaume. Aussi paraît-il juste que celui qui ne reçoit rien ne soit tenu de rendre compte en rien. Le comte ajoute que le seigneur roi Jean lui a confié le justiciariat à Runningmead, par-devant le seigneur Étienne, archevêque de Cantorbéry, le comte de Warenne, le comte de Ferrières, et d'autres seigneurs, et qu'il a siégé comme justicier pendant tout le reste du règne du roi Jean. Or il arriva qu'à l'arrivée du seigneur Louis, le château de Douvres se trouva comme abandonné. Il entra dans ce château au moment où peu de gens paraissaient être déterminés à y entrer, si lui-même n'y entrait en personne. Pendant tout le temps (575) que dura la guerre, il ne put quitter ce château, ni exercer son office de justicier.

Quand le seigneur roi Jean décéda au temps de la guerre, le [grand] maréchal fut nommé gouverneur du roi et du royaume, par le conseil de Gallon, alors légat, et des seigneurs, qui se trouvaient alors avec le seigneur roi. Après le rétablissement de la paix, le même maréchal resta gouverneur du roi et du royaume, et le même Hubert justicier, sans que personne y contredît. Après la mort du maréchal, par l'avis du seigneur Gallon, alors légat, d'Étienne, archevêque de Cantorbéry, des évêques et des seigneurs de la terre, il resta justicier sans contradiction aucune; le seigneur pape lui écrivit toujours comme au justicier, et par ainsi il fut toujours tenu par l'église et par le royaume comme justicier créé par le seigneur roi Jean. Aussi est-il bien clair qu'il n'a point reçu le justiciariat autrement que des mains du seigneur roi Jean, ou de l'assentiment du seigneur Gallon. Si cela ne suffit point, il en dira plus long, et il est prêt à cet égard à faire ce que ses pairs décideront, et même, s'il est obligé de répondre, il a en mains et pourra montrer une charte du seigneur roi, qui l'absout à cet égard, et qui a été faite l'an quinzième du roi Henri.

Item, le roi exige de lui qu'il lui rende compte intégral de la levée du quinzième, qui, par l'assemblée commune du royaume entier, devait être gardé et tenu en dépôt, et si bien en dépôt, qu'on n'en devait rien prendre jusqu'à la majorité du seigneur roi, si (576) ce n'est sur le vu de six évêques et de six comtes, attournés spécialement à cela, et encore dans le seul cas de défense du royaume. Duquel quinzième le total était d'environ quatre-vingt-neuf mille marcs d'argent.

Le comte répond à cela que les seigneurs évêques de Salisbury et de Bath ont reçu cet argent sur l'avis de l'assemblée générale du royaume, qu'ils en ont rendu leur compte, et qu'ils en ont eu quittance par lettres du seigneur roi. Aussi ne parait-il pas juste qu'il doive répondre en cela, puisque d'autres ont reçu quittance pour le même objet, comme il appert par les rôles de l'échiquier et par les lettres patentes du seigneur roi, qui sont au trésor: par ainsi celui qui n'a rien reçu n'est point tenu de répondre. Si cela ne suffit point, il en dira plus long, et il est prêt à cet égard, etc. Il a même une charte du roi qui l'absout, etc.

Item, le roi exige qu'il réponde sur la terre de Poitou, dont le roi Jean est mort saisi, et dont le seigneur roi, qui règne à présent, était eu saisine quand le même comte a reçu la garde du royaume; à savoir, sur La Rochelle, Niort et Saint-Jean [d'Angely], et le roi lui reproche, quand il devait envoyer un trésor et des deniers pour la rescousse de ces terres, d'y avoir envoyé des barils remplis de pierres et de cailloux, en sorte que, lorsque les barons, les grands du seigneur roi et les bourgeois eurent vu cet envoi dérisoire, ils ont renoncé à l'hommage et au service du seigneur roi, et se sont tournés vers les ennemis du seigneur (577) roi: à cause de quoi le seigneur roi a perdu le Poitou.

Le comte répond à cela qu'il n'a jamais envoyé tels barils dont on parle, et il s'en défend expressément par tout moyen de défense que ses pairs décideront; mais il dit que, sur l'avis des seigneurs d'Angleterre, cent chevaliers et plus et un fort grand nombre de sergents ont été envoyés à la défense de la Rochelle, et qu'ils s'y sont trouvés avec le seigneur roi, jusqu'à ce que les bourgeois et les hommes de cette terre eussent renoncé à l'hommage du seigneur roi. D'où l'on voit que La Rochelle n'a pas été perdue par sa négligence ou par la négligence des chevaliers qui s'y trouvaient, puisque c'est malgré eux que les bourgeois ont livré le pays au roi de France. Et cela paraît clairement, puisque, tandis que les chevaliers du seigneur roi étaient dans la ville, les bourgeois n'ont pas voulu les admettre à leur délibération et ont fait la paix sans les susdits chevaliers, à condition que ces chevaliers pourraient se retirer avec la vie sauve et en emportant leurs harnais. Si La Rochelle a été perdue, c'est aussi par la faute de Falcaise, lequel Falcaise et les-siens se sont soulevés contre le seigneur roi au temps où La Rochelle se trouvait assiégée. Le même Falcaise aussi avait fait prendre, par son frère Guillaume, Henri de Braibroc, justicier en tournée du seigneur roi, et il fallut, à cause de cette prise et d'autres outrages commis par ledit Falcaise, que le roi et les seigneurs de la terre assiégeassent le château de Redfort, par le conseil des archevêques, des évêques et des seigneurs de la terre. De plus, les (578) mêmes évêques excommunièrent Falcaise sur les lieux: d'où il ressort évidemment que Falcaise était coupable, autrement ils ne l'eussent pas excommunié. Si Falcaise se fût échappé impunément, et que le château n'eût pas été pris, le royaume aurait été troublé plus qu'il ne l'a été. Si cela ne suffit pas, etc.. et le comte est prêt, etc...

Item, on veut que le comte rende compte de sa conduite, quand, au moment où le roi n'avait pas atteint l'âge de majorité et devait subvenir à la terre du Poitou, et au moment où son armée devait partir pour le Poitou, ledit comte a fait assiéger le château de Bedfort, où le seigneur roi et ses seigneurs d'Angleterre ont dépensé des sommes considérables avant de s'en emparer. En outre, ce château ayant été pris, ledit comte le fit raser et rendit la place à Guillaume de Beauchamp, sur lequel le seigneur roi Jean avait pris ce château par la guerre, et dont le roi Jean se trouvait saisi quand il mourut.

Le comte répond à cela que ce château n'a pas été assiégé par sa volonté seule, mais sur l'avis de l'assemblée générale du royaume, et à cause des délits de Falcaise et des siens, pour ce qu'il avait fait prendre Henri de Braibroc, justicier du seigneur roi, par Guillaume de Brente son frère; que le seigneur roi avait déjà une fois et une autre fois envoyé ses lettres audit Falcaise, pour qu'il mît en liberté son justicier, et que le frère dudit Falcaise n'avait pas voulu corriger ses excès2; que le roi avait même (579) envoyé des lettres à Guillaume de Brente, qui avait répondu qu'il ne rendrait point ledit Henri sans en avoir reçu l'ordre de son frère Falcaise, et que son frère avouerait pour bon ce qu'il avait fait. C'est pourquoi le roi, ayant tenu conseil avec ses seigneurs, vint jusqu'à Bedfort et envoya à ceux qui étaient dans le château Pierre, fils d'Herebert, et Alain Basset, en demandant qu'ils missent eu liberté Henri de Braibroc son justicier, qu'ils retenaient emprisonné, et qu'ils comparussent pour se racheter du délit qu'ils avaient commis, en s'emparant du susdit justicier du seigneur roi. Mais eux répondirent qu'ils ne feraient rien pour le seigneur roi, qu'ils retiendraient ledit Henri et prendraient plus encore s'ils pouvaient. Aussi, par le conseil des seigneurs d'Angleterre, le château fut-il assiégé, pris et détruit. Après qu'il eut été détruit, la place de ce château fut remise à Guillaume de Beauchamp, sur l'avis des seigneurs d'Angleterre, par cette raison que, dans le traité de paix conclu entre le seigneur roi et le seigneur Louis et les barons, il avait été stipulé que chacun aurait telle saisine qu'il avait au commencement de la guerre. Le seigneur Gallon, légat, l'archevêque et les évêques excommunièrent tous ceux qui viendraient à l'encontre de ce traité de paix. Or, comme le même Guillaume n'avait cessé de réclamer ce château, comme son droit, contre ledit Falcaise. sans pouvoir l'obtenir jusqu'à ce que le seigneur roi s'en fût emparé, le même seigneur roi, sur l'avis de ses seigneurs, conformément aux conditions de la paix et par la (580) crainte de la sentence qui avait été prononcée, rendit à Guillaume la place de ce château pour la tenir de la même manière que ses prédécesseurs l'avaient tenue, selon qu'il appert d'après les rôles du seigneur roi. Et même ledit Guillaume a donné du sien au seigneur roi pour obtenir telle saisine, selon qu'il appert semblablement d'après les rôles du seigneur roi. Si cela ne suffit pas, le comte en dira plus long. Et sur ce point, etc.

Item, on exige de lui qu'il rende compte de l'ambassade qu'il a envoyée à Rome, qu'il dise pourquoi, avant que le seigneur roi eût l'âge plein de majorité, il a obtenu qu'il fût déclaré pleinement en âge comme si cela eût été à l'avantage du seigneur roi; pourquoi, en vertu de cette déclaration de majorité, il s'est fait conférer par charte les terres qui avaient appartenu à Henri, comte d'Essex, et plusieurs autres terres, dignités et libertés dont il a pris possession de sa seule volonté, après la mort dudit roi Jean, et dont le même roi Jean était mort saisi; pourquoi aussi il a fait donner et confirmer à des religieux, à des personnes ecclésiastiques et à d'autres plusieurs terres et libertés et autres choses, à la diminution et à la grande détérioration de la dignité du seigneur roi et de sa couronne.

Le comte répond à cela qu'il n'a pas envoyé d'ambassade à Rome, mais que l'évêque de Winchester a envoyé à Rome Guillaume de Saint-Albans, au sujet de ladite affaire, ce qui devait tourner plutôt au détriment dudit Hubert qu'à son profit, afin que lui (581) et les autres rendissent leurs gardes; ce qui a été fait ainsi à Northampton. Plus tard, sur l'avis commun de l'archevêque et des évêques, il a été décidé que le seigneur roi aurait un sceau et que ses lettres auraient cours, afin qu'il inspirât ainsi dans le royaume une plus grande crainte, et jouît d'une plus grande autorité. Plus tard encore, ce fut à la suggestion de l'archevêque, des évêques, des comtes et des barons qu'une dispense d'âge pour le roi fut obtenue du pape Honorius. En effet, ils firent entendre au pape que le roi regagnait en prudence et en discrétion ce qui lui manquait en années, selon qu'on peut le voir dans le privilège du pape Honorius, adressé aux comtes et aux barons, et qui commence ainsi: «Dès à présent et désormais3, quoique notre très-cher fils en Jésus-Christ l'illustre roi d'Angleterre Henri soit compté comme étant encore dans les années de l'adolescence; comme cependant, ainsi que nous l'avons appris avec grande joie, il a revêtu une âme virile et qu'il a aussi bien profité en prudence qu'en âge, en sorte qu'il semble avoir recouvré en discrétion et en mérite ce qui lui manque sous le rapport des années, il ne faut pas l'éloigner maintenant du gouvernement ni l'empêcher de régler utilement les affaires du royaume. C'est pourquoi nous recommandons par ce rescrit apostolique [qu'il règle lesdites affaires] avec notre vénérable frère-l'évêque de Win- (582) chester et les nobles hommes le justicier d'Angleterre et Guillaume Bruer, et nous leur4 donnons pour injonctions, par nos lettres, de lui abandonner dorénavant la libre et tranquille disposition de son royaume5.» — Le pape écrivit en ces termes au comte de Chester: «Nous vous recommandons et enjoignons parce rescrit apostolique de lui remettre maintenant la disposition de son royaume; de lui résigner sans difficulté aucune les terres et les châteaux que vous tenez à titre de gardes, et de faire en sorte que les autres les résignent aussi.» Il écrivit dans les mêmes termes à l'évêque de Winchester. De plus il écrivit aussi au chancelier: «Nous vous recommandons par ce rescrit apostolique, à vous qui avez le sceau du même roi et la garde dudit sceau, de vous servir désormais dudit sceau selon le bon plaisir du roi. d'obéir et de vous soumettre à lui seul en ce qui concerne ledit sceau, et de ne faire sceller à l'avenir du sceau royal aucune lettre sans la volonté dudit roi.» Quant à la terre d'Henri d'Essex, le comte répond que c'est le seigneur roi qui, de sa pure grâce, quand il fut en âge de majorité et après que le chancelier, en vertu des injonctions du sei- (583) gneur pape, obéissait à lui seulement, lui a donné cette terre par charte, et que même il lui a rendu cette terre comme son droit, après que ledit comte fut venu en la paix du roi. Si cela ne suffit pas, etc... et il est prêt sur ce point, etc...

Item, on exige qu'il réponde sur le fait suivant. Lorsque le seigneur roi d’Écosse Guillaume eut remis jadis au seigneur roi Jean ses deux filles, dont l'ainée devait être mariée au seigneur roi [Henri] ou au comte Richard, dans le cas où le seigneur roi aurait payé tribut à la nature, et quand le même roi Guillaume, pour ledit mariage, eut renoncé à toute réclamation envers le roi Jean, pour tout le droit qu'il avait sur les terres de Cumberland, de Westmoreland et de Northumberland, et lui eut donné en outre quinze mille marcs d'argent, le comte Hubert a épousé la fille avant que le seigneur roi fût d'âge à pouvoir décider s'il voulait la prendre pour épouse ou non; en sorte que, lorsque le seigneur roi fut parvenu à l'âge de majorité, il lui fallut donner au roi d'Écosse, qui présentement règne, deux cents livrées de terre pour être quitte de toute réclamation sur lesdites terres, parce que les premières conventions n'avaient pas été observées. Et cela nonobstant que ledit Hubert avait précédemment épousé la comtesse de Glocester, qui jadis avait été mariée au seigneur roi Jean, tandis qu'il était comte, laquelle le roi Jean lui avait confiée en garde, et dont ledit roi avait anciennement vendu le mariage à Geoffroi de Mandeville, pour vingt mille marcs. Or, chacune des deux femmes du comte Hu- (584) bert était unie à l'autre par des liens de parenté au degré prohibé.

Le comte répond à cela que, quant à ce qui touche une convention faite entre les deux rois au sujet d'un mariage à conclure avec le seigneur roi ou le comte Richard, il n'en a jamais eu connaissance; mais il sait que la jeune fille devait être mariée par le seigneur roi sur l'avis des seigneurs, et qu'elle a été mariée sur l'avis d'iceux, selon qu'il ressort tant des lettres du seigneur Pandolphe, alors légat en Angleterre, que des lettres de l'archevêque de Cantorbéry, des évêques, des comtes et des barons; et quand bien même cette convention eût été faite, elle n'aurait pu être un obstacle, puisque, quand la jeune fille fut mariée, le roi était bien en âge de contracter mariage avec elle ou avec toute autre, s'il l'eût voulu. Quant à la consanguinité entre la comtesse de Glocester et la fille du roi d’Écosse, le comte n'en sait rien. Quant aux deux cents livrées de terre offertes au roi d’Écosse, la chose n'a point été faite par la faute du comte de Kent. Quant à la comtesse de Glocester, le comte dit qu'elle n'était point dans la garde de lui, Hubert, mais qu'elle était maîtresse d'elle-même, et qu'il lui était permis de se marier à qui elle voulait après la mort de Geoffroi de Mandeville, puisque le seigneur roi Jean avait vendu précédemment audit Geoffroi le mariage de la même comtesse. Si cela ne suffit pas, le comte en dira plus long, et sur ce point il est prêt, etc.

Item, on exige qu'il réponde sur ceci. Lorsque le (585) seigneur pape eut donné ordre qu'au sujet de ladite parenté, le divorce fût prononcé entre le comte et la comtesse, son épouse, qu'il a présentement, le comte fit moudre tous les blés des Romains par ceux qu'on appelait Lewytheil6; aussi une sentence d'excommunication fut généralement prononcée contre tous ces malfaiteurs et leurs fauteurs. Et Hubert a fait cela, tandis qu'il était justicier, et qu'il devait par conséquent veiller au maintien de la paix, en sorte que la paix est restée par là troublée jusqu'ici.

Le comte répond à cela qu'il n'en sait rien, parce que cela n'a pas eu lieu par son fait; ce qui apparaît manifestement, puisque le seigneur pape a fait faire une enquête à ce sujet par l'évêque de Winchester et par l'abbé de Saint-Edmond; que l'enquête a été transmise au pape, et que cette enquête a prouvé évidemment qu'il n'était pas coupable; car, s'il l'eût été, le pape l'eût puni; ce que le pape n'a pas fait. Si cela ne suffit pas, etc. Et il est prêt à faire à cet égard ce que ses pairs décideront.

Item, on exige qu'il réponde sur ceci. Quand il se fut constitué prisonnier du seigneur roi, et que, par une convention faite entre eux, il eut été décidé qu'il (586) serait tenu pour outlaw, si jamais il s'échappait de cette prison sans la permission dudit seigneur roi, il s'est échappé de cette prison. Après qu'en vertu de cette convention et de la poursuite de ceux à la garde desquels il s'était soustrait, il fut devenu outlaw, et que plus tard le seigneur roi l'eut reçu en sa grâce, il n'a voulu recevoir aucun bref du seigneur roi, pour faire foi que sa peine, comme outlaw, lui était remise. Puis, lorsqu'il eut été reçu dans la grâce du seigneur roi, à condition que rien ne serait changé aux donations que le seigneur roi avait précédemment faites sur les terres [du comte], qu'il avait entre ses mains, en vertu de cette convention, le comte néanmoins, au mépris de cette convention, a intenté plus tard des procès à Jean de Gray, à Masty Besily, à Anquetil Malure, à Robert Passelewe, à Alain Urry7, et à plusieurs autres, et a recouvré ses terres sur eux, au grand dommage du seigneur roi, qui avait fait échange avec quelques-uns d'entre eux, pour leurs fiefs domaniaux8. Aussi paraît-il au seigneur roi qu'il ne doit pas observer la convention envers ledit comte, dès que celui-ci n'a tenu aucune convention envers lui.

Le comte répond à cela qu'il n'a fait aucunement une convention de cette espèce. Il dit que, quand il (587) était sous la garde de quatre comtes d'Angleterre, ceux-ci avaient reçu pour injonctions qu'il ne lui arrivât aucun péril en son corps; mais que plus tard ces gardiens qui devaient le défendre de tous maux lui furent retirés, il ne sait par qui; qu'alors il craignit justement pour lui-même, surtout parce que l'évêque de Winchester, qui le menaçait comme l'Angleterre le sait, était alors le conseiller du seigneur roi, et que le château de Devises était sous la garde de Pierre d'Orival. Aussi, puisque les défenseurs, qui devaient le protéger d'après la convention tant qu'il serait ainsi en garde, s'étaient retirés de lui, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il se soit réfugié dans une église; ce qu'il n'eût fait avec aucune raison, si les conventions eussent été observées envers lui sous sauve-garde. Quant à la dénomination d'outlaw qu'on lui applique, il dit qu'il n'a point fait une pareille convention, et qu'aucune convention de cette espèce ne doit être réputée valable, parce que nul homme preux et féal ne peut être déclaré outlaw d'après une convention, puisque la proscription comme outlaw est la peine du malfaiteur, et non pas de celui qui fait le bien, et vient du méfait de celui qui ne veut pas se soumettre au droit. Or, lui ne fut jamais tel: car il a toujours demandé et offert de s'en tenir au jugement de ses pairs. Plus tard, quand il fut rentré dans la paix du seigneur roi, tout ce qui a été plus haut dit lui fut remis, et cette déclaration d'outlaw fut jugée et proclamée nulle dans tous les comtés d'Angleterre, par lettres du sei- (588) gneur roi. Et ce jugement fut rendu à Glocester, par la bouche du seigneur Guillaume de Raleigh, par-devant l'archevêque, les évêques, les comtes et les barons. Quant à ce qu'on dit, qu'il n'a pas voulu recevoir de bref, pour faire foi que sa peine, comme outlaw, lui était remise, il répond qu'il a fait cela pour ne point paraître avouer qu'il avait été justement déclaré outlaw, comme un malfaiteur, et il dit qu'il n'a intenté de procès à personne au mépris de la convention, puisqu'il n'avait fait aucune convention avec le seigneur roi, si ce n'est pour le justiciariat d'Angleterre et pour la châtellenie de Douvres, offices qu'il possédait pour la vie en vertu d'une charte. Et cela est bien clair, puisque, s'il a recouvré ses biens sur ceux à qui il a intenté des procès, ce n'a été que par la volonté du seigneur roi, dans la cour du roi et par jugement de ladite cour. Aussi n'est-il pas en faute sur ce point. Si cela ne suffit pas, etc.... Et il est prêt à cet égard, etc...

Item, on exige qu'il réponde sur les paroles injurieuses et ignominieuses qu'il a adressées au seigneur roi, en présence du seigneur Raoul, fils de Nicolas, de Godefroi de Cracumbe, de frère Geoffroi (?) et d'autres. Le seigneur roi a encore beaucoup d'autres griefs à proposer et à intenter contre lui; mais il les garde dans son âme, se réservant de les exposer quand il lui plaira et en lieu opportun.

Le comte répond à cela qu'il s'en défend expressément par tous moyens de défense que ses pairs décideront, aussi bien contre son seigneur, que (589) contre tous autres qui diront cela. D'ailleurs toutes les choses susdites lui ont été relâchées et remises en droit dans la réformation de la paix. Aussi ne parait-il pas juste qu'il puisse être cité selon le droit sur les choses susdites, et s'il a donné des réponses insuffisantes sur quelqu'un des griefs susdits, le comte est prêt à en dire plus long. Item il lui paraît juste de n'être point tenu à répondre, s'il n'est réintégré dans tous les biens dont il a été dessaisi, puisque nul n'est tenu de répondre en tribunal séculier ou ecclésiastique, étant dessaisi.

Jour fut donné à Hubert pour le lendemain de la Décollation de saint Jean, à l'effet d'entendre son jugement par-devant le seigneur roi.

 

 

(591) NOTES.

 

Note I. Voir la page 115 du volume.

 

Voici le passage de Matthieu Pâris, qui nous a semblé digne de remarque: Misit ergo imperator regi Anglorum très leopardos, in signum regalis clypei, in quo très leopardi, transeuntes figurantur (1235).» Rien n'est plus formel, et ce témoignage d'un auteur contemporain est considérable. Toutefois la plupart des livres d'armoiries que nous avons consultés parlent de trois lions {or, passant-gardant)9. Aussi (592) la question de savoir si c'étaient des lions ou des léopards qui étaient figurés sur les armoiries des rois d'Angleterre nous paraît fort difficile à résoudre, parce que toutes les figures d'animaux retracées sur les sceaux et les médailles sont appelées indifféremment lions ou léopards, avant comme après le règne de Henri III, selon que la fantaisie de l'artiste les a faits avec ou sans crinière.

Nous n'entrerons pas ici dans les interminables discussions auxquelles a donné lieu l'origine des armoiries. Il est certain que l'usage de signes distinctifs particuliers à un prince ou à un peuple, était connu avant les croisades; mais ce n'est qu'à dater de cette époque que cet usage, dont on avait reconnu la nécessité dans les immenses armées féodales qui combattaient en Terre-Sainte, fut régularisé dans les tournois, et devint peu à peu général et héréditaire. En Angleterre, la transmission des armoiries ne s'établit d'une manière fixe, dit Camden, que pendant le règne de Henri III; il cite pour exemples les derniers comtes de Çhester; les deux Quincy, comtes de Winchester; les deux Lascy, comtes de Lincoln, et dit que, dans ces familles, les armes du fils variaient de celles du père.

Quant aux armes des rois anglais, elles furent évidemment apportées par Guillaume-le-Conquérant. Mais quoique quelques auteurs parlent de la bannière aux trois lions, nous n'hésitons pas à croire que Guillaume portait seulement les deux lions de Normandie sur sa bannière ou sur son écu. Cette opinion est (593) conforme à la figure donnée par James Yorke (the union of honour, London, 1640, initio). Guillaume II, Henri Ier portent également deux lions passant; Étienne de Blois, un sagittaire (centaure lançant une flèche); mais son fils Eustache conserve le lion sur ses monnaies; et c'est même la première fois qu'on trouve cet animal10, lion ou léopard, sur les monnaies anglo-normandes. (Voy. l'Atlas de la conquête de l'Angleterre.) Arrivées à Henri II Plantagenet, les armoiries se complètent. Aux deux lions de Normandie, vient se joindre le lion de Guyenne, et les trois lions sont désormais les armes de Richard11, de Jean, de Henri III, etc., jusqu'à ce qu’Édouard III y ajoute les armes de France, et Jacques Ier, celles d’Écosse et d'Irlande.

Mais ces lions sont appelés léopards par Pierre Duval, dans sa Géographie et blason de France (Paris, 1680, p. 74 et 197): Normandie, deux léopards d'or armés et lampassés d'azur; Guyenne, un léopard d'or, idem. Citons aussi l'opinion remarquable d'un vieil auteur anglais, de Guillim12, qui pense que, jusqu'à Henri II, les léopards étaient les vraies armoiries; mais que ce prince y ajouta un lion, et que dès lors le terme de lions prévalut. Le texte de Matt. Pâris est cependant contraire à cette dernière assertion.

Quoi qu'il en soit, les armoiries des Plantagenets, lions ou mieux, selon nous, léopards, n'étaient point regardées sous (594) Henri III comme les insignes nationaux, puisque nous lisons, dans le continuateur de Matth. Pâris, qu'à la bataille de Lewes, Henri III déploya le grand étendard qu'on appelait dragon13, et Wats assure que cet usage subsistait encore de son temps. Nous insisterons sur ce fait dans l'occasion.

 

 

Note II. Voir la page 400 du volume.

 

Nous avons dit, à la note I de la page 339 du 2e volume, que Thomas de Cantinpré attribuait les mêmes paroles à Simon de Tournay14 au commencement du treizième siècle. Il n'est donc pas étonnant que les papes les aient mises dlans la bouche de Frédéric II, que Matthieu Pâris, Albéric des Trois Fontaines et d'autres écrivains contemporains aient accrédité ce brait, et qu'on l'ait répété après eux. Ces paroles, jetées dans le monde, firent naître l'idée qu'un livre avait été écrit pour les soutenir. Afin de compléter ce que nous mettons en note au sujet de ce livre, nous recueillons dans Oudin (tom. III. Dissert. col. 66 à 79), quelques renseignements curieux.

Quand la réforme luthérienne agita tous les esprits, on prétendit que le vieux livre, attribué par le moyen âge à Frédéric II, à Pierre des Vignes, à Averroës, à Arnauld de Villeneuve, à Boccace, à Pogge, à Pomponat, etc., était l'œuvre de Marc-Antoine Muret, ou du grand cicéronien Etienne Dolet: on citait aussi les noms aujourd'hui ignorés d'un Anglais nomme Milton, ainsi que l'auteur du Paradis perdu, et d'un Bernard Ochin. Un livre qui avait tant d'auteurs n'en avait probablement aucun. Cependant Muller et Korthold l'ont vu dans des (595) bibliothèques allemandes, Florimond entre les mains de Pierre Ramus, Melchior Adam, à Genève, en 1547, au temps de Calvin. Il est en vente chez un libraire de cette ville en 1666. Teutzel et Mayer en donnent l'analyse. Enfin, si l'on en croit Mersenne et beaucoup d'autres, il aurait eu pour auteur Pierre Arétin, et eût été imprimé par Christian Waechel, en 1550.

A ces témoignagnes opposons celui de Gabriel Naudé qui dit: «Je n'ay jamais veu le livre de tribus Imposturibus, et je crois qu'il n'a jamais esté imprimé; et tiens pour mensonge tout ce qu'on en a dit;» de Grotius dans son commentaire sur l'antechrist, et de Bayle qui le traite de chimère dans son dictionnaire, page 525, et qui nie dans ses lettres l'avoir vu à la bibliothèque de Rotterdam comme on le prétendait.

Cependant le savant Struve incline à penser qu'il a été nonseulement écrit, mais imprimé à l'époque dont nous parlons. Dans la préface manuscrite de l'Atheismus triumphatus de Campanella, il lit ce témoignage formel: Deinde accusarunt me quod composuerim librum de tribun impostoribus qui tamen invenitur typis excusus annos triginta ante ortum meum ex utero matris.» Campanella étant né en 1 568, il s'ensuivrait que l'édition serait de 1 558, ce qui concorderait avec le temps où vivait Arétin. Ce n'est pas cependant à lui que Campanella l'attribue, mais à Boccace, en assurant qu'il fut imprimé et publié pour la première fois en Allemagne. C'est aussi l'avis de Florimond (De Orig. hœres., lib. II, cap. 16), quoiqu'il garde le silence sur l'auteur présumé. Guy Patin, dans ses lettres un peu suspectes il est vrai, raconte un fait remarquable: «Estant un jour chez Campanella, dit-il, je pris par hasard un livre qui estait sur la table: c'estoit son Atheismus triumphatus in-4°; édit. de Paris, 1636. A l'ouverture duquel, page 184, je vis ces mots: Hanc sententiam tuetur mordicus Machiavellus, et liber de tribus impostoribus impiissimus foret. Je pris de là occasion de luy demander des nouvelles de ce livre. Il me dit qu'il l'avoit veu à Rome entre <• les mains d'un Florentin nommé Francesco Puccio.» Enfin Campanella, dans sa longue détention an château de l'Œuf, à (596) Naples, s'occupa de réfuter ce livre funeste que ses ennemis lui attribuaient (Spitzel, Scrutin. Atheismi, page 18.)

Nous nous abstenons de prononcer dans cette question qui appartient à l'histoire littéraire plutôt qu'à un commentaire sur Matthieu Pâris. L'opinion qui nous paraît cependant la plus probable, c'est que la célébrité fabuleuse de ce livre donna au seizième siècle l'idée d'une publication, sans doute anonyme; que l'édition soit allemande, soit anglaise, fut promptement détruite, et qu'au dix-huitième siècle, quand le mouvement philosophique embrasa de nouveau l'Europe, quelques libraires, entre autres Straubius, y virent l'occasion d'une fraude grossière, mais lucrative.

 

 

Note III. Voir la page 429 du volume.

 

Comme le texte de Matth. Pâris présente souvent d'une manière fautive les noms et les prénoms de cette famille, nous résumons ici sa généalogie.

Le premier Thony connu en Angleterre, dit Dugdale, fut Raoul de Thony, fils de Roger, lequel était porte-étendard de Normandie, et fondateur de l'abbaye de Conches, dans ce duché. La mère de ce Raoul était Aliz, fille de Guillaume Fitz Osbert, principal conseiller de Guillaume-le-Bâtard. Privé de ses possessions par Guillaume, que de fausses suggestions avaient irrité contre lui, puis rétabli dans ses honneurs, ce puissant baron porta l'étendard de Normandie à la bataille d'Hastings, et, dans le grand partage, obtint une foule de seigneuries et de manoirs, parmi lesquels se trouvait celui de Flamsted, près de Saint-AIbans. Menacé, dans son nouveau domaine, par les anciens propriétaires saxons15, Raoul Ier en resta maître et en fit sa principale résidence.

(597) De son mariage avec Isabelle, fille de Simon de Montfort, qui lui survécut et mourut religieuse à l'abbaye de Haute-Bruyère, il eut Raoul, qui fut son successeur, parce que Roger, son fils aîné, était mort jeune16, et une fille qui épousa, en premières noces, Robert, comte de Meulan, et ensuite Baudouin, fils d'Eustache, comte de Boulogne. Il mourut le 22 mars 1102, et fut enterré à Conches, avec ses pères.

Raoul II épousa Judith, une des filles de ce malheureux Walthéof, comte de Huntingdon et de NorthumberIand, mis à mort par l'ordre du Conquérant en 1075; alliance politique qui, malgré l'abaissement où était tombée la veuve normande de Walthéof17, lui procura encore d'assez riches domaines. De ce mariage, il eut deux fils, Roger et Hugues, ainsi que diverses filles, et en secondes noces épousa une femme désignée seulement par le nom de Marguerite.

Son héritier, Roger Ier, prit parti contre le roi Etienne de Blois, fut fait prisonnier, puis remis en liberté et en possession de ses domaines. Sa première femme, fille du comte de Hé- (598) nault, ne lui donna pas d'enfants; mais de sa seconde femme, fille de Robert, comte de Leicester, il eut un fils nommé Roger, qu'il laissa en bas âge, étant mort en 1162.

Robert II de Thony leva un escuage sur ses terres, en Sussex, pour contribuer à la rançon de Richard, et obtint de nombreux manoirs de la faveur du roi Jean, à l'occasion de son mariage avec Constance, fille de Richard, vicomte de Beaumont. Raoul III, son fils, et son successeur dans sa baronnie, prit les armes contre le roi Jean dans le soulèvement de 1215. C'est du moins ce que Dugdale conjecture, parce qu'il trouve que le roi Jean donna à Waleran l'Allemand le manoir de Flamsted, comme dédommagement de la défense du château de Berkamsted, qu'il lui confiait. A l'année 1228, Matth. Pâris raconte une entrevue merveilleuse entre ce Raoul et Roger, son frère, qui venait d'expirer (Voy. la page 361 du 3° vol.). En 1233, Raoul de Thony commanda avec Jean de Monmouth les milices du roi contre Richard Maréchal, et obtint de Henri III le Château-Mathilde, sur la frontière du pays de Galles. En 1239, il prit la croix en cette circonstance, le texte de Matth. Pâris l'appelle fautivement de Thomeo); mais il expira cette année même avant d'avoir vu la Terre-Sainte, et mourut sur son vaisseau le jour de saint Michel (29 septembre). (En cette circonstance, le texte de Matth. Pâris l'appelle fautivement de Tohom.)

Henri III confia la garde du Château-Mathilde à Pétronille, veuve de Raoul, et donna à la reine Éléonore18 la tutelle du jeune Roger III, fils et héritier du baron défunt. En 1252, après la mort de Richard de Thony, autre frère de Raoul, qui, en qualité de clerc, était titulaire de plusieurs églises situées sur les domaines des Thony, et entre autres de celle de Flamsted, (599) Éléonore crut pouvoir disposer de cette église en faveur de son chapelain Guillaume. Mais le roi, irrité de cette outrecuidance, octroya ce riche bénéfice à un de ses conseillers, et ce fut probablement à la suite de ce fait qu'il retira à sa femme la tutelle de Roger de Thony, pour la donnera Humfroi de Bohun, comte d'Essex et de Hereford. Devenu majeur, Roger III eut à lutter contre les fréquentes invasions des Gallois; il prit parti pour Henri III dans le soulèvement de 1262, et fut fait prisonnier à la bataille de Lewes. Il mourut en 1277, sous le règne d'Édouard Ier.

 

 

FIN DES NOTES.

 

(601) TABLES DES MATIÈRES

CONTENUES DANS CE VOLUME

 

SUITE DE HENRI III.

 

1233    Le comte Maréchal s'empare du château qu'il avait livré au roi. — Le roi lève une armée contre lui et ses adhérents. — Les partisans de Maréchal attaquent l'armée du roi. — Combat entre Maréchal et les seigneurs d'outre-mer. — Défaite et châtiment de ceux-ci. — Entrevue du comte Maréchal avec un affidé de Pierre des Roches. — Constructions pieuses de Henri III. 1

1234    Froid mémorable. — Richard Maréchal défait un parti du roi. — Les seigneurs exilés poursuivent les conseillers du roi. — Expédition de Maréchal. — Trahison tramée contré lui. — Conjuration des seigneurs irlandais. 21

             Défaite des Albigeois en Espagne et sur les frontières d'Allemagne. — Assemblée des évêques au sujet des troubles de l'Anglelerre. — Accusations contre Pierre des Roches et les Poitevins. — Vengeance des seigneurs exilés. 27

             Consécration d'Edmond, élu archevêque de Cantorbéry. — Henri III révoque de leurs offices l'évêque de Winchester et tous les seigneurs étrangers. — Le comte Maréchal passe en Irlande, et entreprend la guerre contre le roi. — Il justifie ses hostilités. — Conseil perfide de Geoffroi du Marais. 34

             Conférence entre le comte Maréchal et les seigneurs irlandais. — Combat en plaine dans lequel il est fait prisonnier. 41

             Extorsions du pape Grégoire. Lettre du pape au sujet de (602) la croisade. — Arrogance des ordres mendiants. — Plaintes contre l'avarice de Rome. 47

             Mort du comte Maréchal. — Les seigneurs exilés continuent leurs dévastations. — Tous les proscrits demandent la paix du roi. — Hubert, comte de Kent, rentre en grâce. Sa vision. 60

             Gilbert Basset et quelques autres seigneurs rentrent en grâce auprès du roi. — Le roi fait citer devant lui les officiers de la couronne, accusés d'avoir provoqué la révolte de Richard Maréchal. — Ils déclinent cette citation. — Pierre d'Orival jugé et puni. — Etienne de Ségrave amené devant le roi. — Hugues de Pateshull nommé justicier d'Angleterre. 65

             Le comte de Bretagne, abandonné par le roi d'Angleterre, fait la paix avec Louis IX. — Avarice de l'archevêque d'York. — Miracle qui punit la cupidité d'un prêtre. — Famine. Corruption des grains. — Détails. 72

             Troubles à Rome. — Le pape Grégoire est obligé de quitter la ville. — Défaite des Romains. — Faits divers. — Conquête de l'île de Majorque. 81

1235    Juifs accusés du meurtre d'un enfant chrétien. — Mutations dans les évêchés. — Mort de Guillaume, abbé de Saint-Albans. — Mode d'élection de l'abbé de Saint-Albans. 86

             L'évêque de Winchester se rend à Rome, appelé par le pape pour commander ses troupes. — Prédication de la croisade. — Lettres du pape à ce sujet. — Miracle opéré à Clare par un des prédicateurs de la croisade. 91

             Les détails de l'élection de l'abbé de Saint-Albans sont envoyés au pape. — Rescrit du pape. — Retour des messagers, porteurs de cette dépêche et bénédiction de l'abbé. 98

             L'empereur Frédéric II demande en mariage la sœur du roi d'Angleterre. — Appareil nuptial de l'impératrice. — Son arrivée à Cologne. — Le mariage est consommé à Worms. — Frédéric envoie trois léopards» à Henri III. — L'impératrice est confiée à la garde d'eunuques. 106

             Noblesse de l'impératrice Isabelle. — La mort de Richard Maréchal est vengée par son frère. — Henri III renonce à ses projets de mariage. — Nouvelles dècrétales du pape Grégoire. — Usure des caursins. Leur manière de faire (603) contracter des obligations à leurs débiteurs. — La cour de Rome les protège contre l'excommunication. 116

             Les frères Mineurs usurpent les droits des prêtres. — Mort de deux barons, Robert, fils de Gaultier, et Roger de Samercy. 128

1236    Henri III épouse Éléonore, fille du comte de Provence. — Cérémonies de son mariage. 130

             Pluies mémorables. — Un envoyé de l'empereur vient en Angleterre pour inviter Henri III à envoyer son frère Richard en Allemagne. — Lois nouvelles de Henri III. 137

             Écrit adressé au pape touchant l'origine de Mahomet et de sa loi. — Vie de Mahomet. — Sa doctrine. — Mœurs des Sarrasins. — Réflexions de Matthieu Paris. — Hérésie des Paterins et des Bulgares en France et en Flandre. 143

             Discorde entre l'empereur et les Italiens. — Assemblée à Londres. — Combat en Écosse entre le roi et les prétendants à l'héritage d'Alain de Galloway. 171

             Guerre civile en France. — Mort de Guillaume d'Albiny. — Siège de la ville de Ceuta. — Trêve. — Prodige. — Le roi Henri III essaie de révoquer quelques-unes de ses concessions. — Des grands du royaume prennent la croix. — Massacre des Juifs. — Présent de l'empereur à Henri III — Sécheresse mémorable. — Pacification des troubles en France. 177

             Troubles à Orléans entre les citoyens et les étudiants. — Troubles du même genre à Oxford. — Réclamations du roi d'Écosse. — Mort de Philippe d'Albiny. 183

             Prédication de la croisade. — L'empereur se prépare à attaquer l'Italie. — Réponse de l'empereur au pape. — L'empereur entre en Italie pour s'emparer de Milan. — Résistance des Milanais. — Frédéric est obligé de retourner en Allemagne. — Défaite du duc d'Autriche. — Faits divers. — Vents et inondations mémorables. 187

1237    Impôt du trentième de tous les biens meubles en Angleterre. — Comment fut réglée la levée de cet impôt. 196

             Victoire des chrétiens en Espagne. — Léolin, prince de Galles, propose une alliance à Henri III. 202

             Mariage de Richard, comte de Glocestcr, sans la volonté du roi. — Insolence des Grecs contre l'église romaine et l'empereur de Constantinople. — Le comte de Bretagne (604) appelé au conseil du pape. — Nouvelles inondations. — Guillaume, élu à Valence, sort d'Angleterre et y revient aussitôt. — Élection de Gaultier de Canteloup à l'évèché de Worcester. — Situation déplorable de l'Angleterre. 205

             Mort de Jean de Brienne. — Mort de frère Jourdain. — De Richard II, évêque de Durham. — L'empereur quitte l'Italie. — Il convoque tous les princes chrétiens à Vaucouleurs. — Faits divers. 211

             Arrivée en Angleterre du légat Othon. — Lettre au pape du frère Philippe, de l'ordre des Prêcheurs. — Détails sur les jacobites d'Orient. 217

             Hérésie des Nestoriens. — Leurs pratiques religieuses. 225

             Modestie du légat Othon. — Il réconcilie plusieurs seigneurs. — Massacre de la milice du Temple, près d'Antioche. — Thierry, prieur des hospitaliers, envoyé au secours de la Terre-Sainte. 232

             L'empereur rentre en Italie avec une nombreuse armée. — Guerre entre l'empereur et les Milanais. — Bataille de Cortenuova. — Humiliation de la ligue lombarde.236

             Indignation des nobles d'Angleterre contre le roi. — Le comte Richard lui adresse une remontrance. — Désintéressement du légat. — Henri III appelle le comte de Provence. 242

             Conférence à York entre Henri III et le roi d’Écosse. — Appareil fastueux. — Le légat convoque un concile à Londres. — Tempête furieuse prédite par un clerc. — Réunion et préparatifs du concile. — Ouverture du concile. 246

             Objets réglés par le concile de Londres. 257

             Lettre de l'empereur au comte Richard, louchant la victoire remportée sur les Milanais. — Lettre adressée au légat en Angleterre sur l'état de l'église romaine. — Les Grecs refusent de se soumettre à l'église romaine. — Lettre de Germain, archevêque de Constantinople, au pape Grégoire. — Du même aux cardinaux. — Réponse du pape. Dissidence des Grecs. 287

1238   Simon de Montfort épouse Aliénor, sœur de Henri III. — Lettre de l'empereur au comte Richard, au sujet de la croisade. 331

             Rappel du légat. — Il ne retourne pas à Rome. — lettre (605) de l'empereur au comte Richard, pour lui annoncer la naissance de son fils. 334

             Révolte des grands d'Angleterre contre le roi. — Intervention pacifique du légat. — Conventions pour la paix préparées et demeurées sans résultat. — Mort de la reine d’Écosse. — Simon de Montfort passe secrètement en France. 337

             Sentence du pape en faveur des moines de Rochester. — L'empereur de Constantinople en Angleterre. — Querelle entre le légat et les étudiants d'Oxford. — Réconciliation entre le légat et l'université. — Faits divers. 343

             Mort du Soudan d'Egypte. — Simon de Montfort fait autoriser son mariage par le pape. — Invasion des Tartares dans le nord. 352

             Mort de Pierre des Roches, évêque de Winchester. — Siège de Milan. — Retour de Rome de l'archevêque de Cantorbéry. — Motifs de son voyage. 357

             Henri III s'efforce de faire nommer un étranger à l'évèché de Winchester. — Opposition des moines. — Nomination à l'évèché de Raoul, annulée à la demande du roi. 362

             Tentative des Milanais pour se réconcilier avec l'empereur. — Célébrité de frère Jean, de l'ordre des Prêcheurs. — Un fou tente d'égorger le roi dans son lit. — Vent furieux. — Retour de Simon de Montfort en Angleterre. 365

             Les abbés de l'ordre Noir cités devant le légat. — Réforme des statuts de cet ordre. — Nouveaux statuts. 369

             Valence assiégée par le roi d'Aragon. — Dédicace de trois églises. — L'empereur de Constantinople Baudouin fait une expédition en Grèce. — Naissance d'un fils de Simon de Montfort. — L'archevêque d'Antioche excommunie le pape. — Inondation. 391

             Robert, surnommé Bougre, sévit contre les hérétiques. — Ses cruautés. — Sa punition. — Impiété de l'empereur Frédéric. — Miracle de Robert l'ermite. — Faits divers. 398

1239    Discorde entre le roi et le comte Maréchal. — Faits divers. 403

             Le légat rappelé à Rome est retenu en Angleterre à la demande du roi. — Pierre Sarrasin offre à l'empereur Frédéric une grosse somme pour sa rançon. — La Sardaigne se donne à l'empereur. — Contestations entre l'archevêque de Cantorbéry et son clergé. 407

                   (606) Faits divers. — Le roi cherche à rappeler Raoul à son office de chancelier. — Refus de celui-ci. — Mariage du roi d’Écosse avec la fille d'Enguerrand de Coucy. — Le légat du pape rappelé de nouveau et de nouveau retenu par le roi. — Élection de Guillaume de Rale à l'évèché de Norwich. — Fortification de la tour de Londres. 411

             La mésintelligence et la haine sont au comble entre le pape et l'empereur Frédéric. Excommunication de l'empereur. — Colère de celui-ci. 417

             Les moines du Mont-Cassin viennent trouver le pape. — Écrit miraculeux. — Éclipse de soleil. — Naissance d'Édouard, fils aîné de Henri III. — Départ de Raoul de Thony pour la Terre-Sainte. — Maitre Nicolas de Fernham élu évêque de Chester. 425

             Persécution contre les Juifs. — Arrestation de Ranulf le Breton. — Excommunication de l'empereur Frédéric publiée. — Lettre de l'empereur au sénat et au peuple romain. — Autre lettre aux cardinaux. 433

             Pronostics au sujet des affaires du temps. — L'empereur se justifie par ses délégués. — Lettres de ceux-ci. — Objections et réponses. — Plaintes de l'empereur contre le pape. 442

             Comète. — Simon de Montfort renvoyé injurieusement par le roi. — Assemblée des évêques d'Angleterre et du légat. — Le légat entre en Écosse. — L'excommunication de l'empereur publiée en Angleterre. — Lettre du pape contre l'empereur. — Colère de l'empereur. — Lettre à Richard, comte de Cornouailles. 464

             Scandale de la dispute entre le pape et l'empereur. — Réponse du pape à la lettre de Frédéric II. 499

             Effets produits par les manifestes précédents. — Robert de Thinge se rend à Rome. — Il présente au pape les réclamations des seigneurs d'Angleterre privés du patronage des églises. — Réponse du pape. — Lettre du pape à son légat. 525

             Les seigneurs de France, réunis à Lyon pour la croisade, sont détournés de l'entreprise par le pape. — Assemblée des évêques à Londres. — Le comte de Flandre vient à Londres. 534

             Défense du pape aux croisés de passer en Terre-Sainte. — (607) Consécration de Guillaume de Rale, élu évêque de Norwich. — Nouvelles accusations de Henri III contre Hubert, comte de Kent. 538

             Le comte Richard et d'autres seigneurs s'engagent entre eux à partir pour la Terre-Sainte. — La querelle de l'empereur et du pape continue. — Expéditions contre les Bolonais et autres fauteurs du pape. 542

             Le roi introduit de force un étranger comme prieur dans la communauté de Winchester. — Mort de Guillaume élu à Valence. — Douleur du roi. — Le pape et la cour romaine élisent pour empereur Robert, frère du roi de France. — Refus de Robert et réponse de Louis IX. 545

             Le pape recueille de l'argent pour se défendre contre l'empereur. — L'empereur persuade les croisés de différer leur départ. — Simon-le-Normand et frère Geoffroi chassés du conseil du roi. — Les moines de Winchester obtiennent du pape la liberté d'élire un Anglais pour évêque. 552

             L'empereur Frédéric marche sur Rome. — Lettre de l'empereur au roi d'Angleterre. 556

             Alarmes universelles. — Dédicace de plusieurs églises. — Massacre de Tartares. — Le roi de Castille tombe dans un piège à Séville. 568

             Addition. — Réponse de maître Laurent de Saint-Albans en faveur d'Hubert de Bourg, comte de Kent, à qui le roi avait intenté un très-grave procès. 572

             Notes. 591

 

FIN DE LA TABLE.

(1 Et. Probablement ab. Le sens n'est pas net.

(2) Ce passage est mutilé.

(3) Ceci nous reporte à l'année 1223, page 257 du troisième volume. Voir aussi au commencement de l'année 1227.

(4 Leur, c'est-à-dire à tous les barons (?).

(5)  Les rois mineurs étaient les pupilles nés de l'église qui devait protection aux faibles: Dans les Deux-Siciles Innocent III, en France le légat Romain, en Angleterre le légat Gallon. C'est au pape qu'il appartient de décider si l'enfant peut être roi. Cependant, en Angleterre, cette tutelle a un caractère de souveraineté réelle due à l'impolitique cession de Jean sans Terre.

(6Les glossaires  ne donnent point ce mot singulier, dû peut-être à l'erreur d'un copiste. Il nous semble qu'il n'est point sans analogie arec le terme leu wasté, mot injurieux au moyen âge: Dictum Johannem vocavit leu wastè, et ejus uxorem ribaude. (Voy. Carpentier, Lupus.) Or, leu wastè était synonyme de loup garou, ou berou. Si l'on songe que ce terme est appliqué à ces gens voilés et inconnus qui pillaient les récoltes des clercs étrangers et trouvaient l'impunité dans la terreur qu'ils inspiraient, notre conjecture pourra ne point paraître improbable.

(7Peut-être Ursi, fils d'Ours. Il est difficile de rectifier l'orthographe de ces noms.

(8On pourrait comprendre aussi que le roi avait été obIigé de leur donner d'autres terres en échange. Mais l'autre sens nous paraît plus naturel.

(9C'était une règle de blason de représenter les animaux de la manière la plus propre à faire ressortir leurs qualités énergiques et avantageuses. Le lion, par exemple, disent Guillim et Chassanée, était figuré ouvrant la gueule et étendant les griffes. Dans cette forme on l'appelait rampant; rampant-gardant, quand il présentait la face pleine; rampant-regardant, quand il tournait la tête; rapin quand il se nourrissait, et saliant quand il était dans l'attitude de s'élancer, les jambes de derrière serrées l'une contre l'autre. Il en était de même pour les autres animaux, à l'exception des griffons auxquels on donnait le titre de ségréant et non de rampant. Le léopard ou le loup devait être représenté marchant pedetentim, comme il marche réellement; et c'est à cause de cette allure naturelle, qu'on appliquait au léopard le titre de passant. (Voy. Rees, Cyclopedia, art. Heraldry.) Le témoignage de ces anciens auteurs semblerait prouver que le terme de passant convenait au léopard et non au lion. Il confirmerait par conséquent la justesse du renseignement que nous annotons. Mais Rees ajoute: «It must be noted, that not with standing these solemn precepts of Guillim and the other masters of armoury, we find by expérience, that there are lyons passant, couchant and dormant as well as rampant, and that most animais in arms look down, and not up.»

(10) Un lion passant (mais sans crinière): dans le champ plusieurs symboles inconnus; au revers, croix à huit branches ornées de fleurons.

(11) Sur le contre-scel de Richard, il est représente couvert de l'armure de mailles tenant d'une main l'épée et de l'autre l'écu sur lequel on distingue un lion; mais sur une autre figure de l'écu on voit trois lions passant.

(12) Voici la note de Yorke, il propos des armoiries de Guillaume Ier. «Gules, 2 lyons passant-gardant, or. This is according to M. Milles, Master Guillim and some other authors is of opinion that these were léopards, and so continued till the time of king Henry second who by addition of one lyon more, tearmed them three lyons.»

(13Matt. Pâris lui-même en fait mention (page 643 de notre édition). C'était probablement un palladium national comme l'oriflamme en France. Dans l'un et l'autre passage, il est appelé vexillum regale.

(14Rappelons seulement pour mémoire que quelques auteurs, entre autres Jacobus Thomasius (Observ. VII, Halemis, tome 1er). prétendent qu'il s'appelait Thurnay de son nom de famille, et qu'il était né en Angleterre dans le paya de Cornouailles. (Oudin, tome III, col 69.)

(15 Voyez Matt. Pâris, Vie des vingt-trois abbés, pages 28 et 29, A, de notre edit. M. Aug. Thierry (tome II, pag. 30 de la troisième édit.)  reproduit ainsi ce passage: «Ce domaine échut alors à Robert de Toësnes, l'un des cavaliers normands qui portant un cygne sur leur écu, formaient une confrérie de braves sous le nom de chevaliers du Cygne; mais Robert et ses gens eurent bientôt à défendre leur nouvelle propriété contre les trois Saxons (Thurnoth, Wattheof et Thurman, tenanciers de l'abbaye) qui, à la tête d'une bande d'amis, les attaquèrent subitement et brûlèrent leurs propres maisons. Ils combattirent jusqu'au moment où, enveloppés par l'ennemi plus nombreux, ils furent saisis et pendus comme rebelles Selon la loi de la conquête.» Celui qui est appelé ici Hubert, est nommé Rogcr dans le texte que nous avons sous les yeux. Quant à Toënes, on trouve également Toeny dans la table de Dugdale, Barouage, premier vol.; mais, dans le cours de l'ouvrage, il dit Toni. Nous pensons que l'autorité d'un écrivain spécial doit prévaloir sur ces variantes pour le prénom du premier des Thony. Au reste, il faut tenir compte des fautes d'impressions, puisque dans l'article même de Dogdale, on lit Robert à un endroit où il faut évidemment Roger.

(16) Roger, his elder son, dying in his youth. Les termes de Dugdale ne laissent point présumer que ce soit ce Roger de Thony qui, selon Matt. Pâris, expulsa les Saxons de Flamsted.

(17)  Voy. M. Aug. Thierry, 2° vol., page 227 et les précédentes.

(18) Dugdale ne parle pas de la tutelle conférée par Henri III à Éléonore. Nous essayons de concilier son récit avec celui de Matt. Pâris, qui était à même plus que tout autre de bien connaître la vérité en cette affaire. (Voy. page 562 de notre édition.) Toutefois ce passage même contient une faute évidente: Rogeri au lieu de Radulphi.