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Les Gaulois à l'assaut de Delphes

Marseille, vue par Strabon
L'or de Toulouse 
Les Gaulois vus par les Grecs.
Er le Pamphylien -
Charondas

La peste d'Athènes en 426

LES ROIS DE SPARTE

Hérodote, livre VI (ERATO)

Prérogatives en temps de guerre

LVI. G¡re‹ te d¯ t‹de toÝsi basileèsi Sparti°tai dedÅkasi ßrvsænaw dæo, Diñw te LakedaÛmonow kaÜ Diòw oéranÛou, kaÜ pñlemon ¤kf¡rein ¤p' ¶n ’n boælvntai xÅrhn, toætou d¢ mhd¡na eänai Spartiht¡vn diakvlut®n eÞ d¢ m¯ aétòn ¤n tÒ geó ¤n¡xesyai, strateuom¡nvn d¢ prÅtouw Þ¡nai toçw basil¡aw êst‹touw d¢ Žpi¡nai: ¥katòn d¢ ndraw log‹daw ¤pÜ strati°w ful‹ssein aétoæw: prob‹toisi d¢ xrsyai ¤n t»si ¤jodÛúsi õkñsoisi ’n În ¤y¡lvsi, tÇn d¢ yuom¡nvn p‹ntvn tŒ d¡rmat‹ te kaÜ tŒ nÇta lamb‹nein sfeaw.  

LVI. Les Spartiates ont accordé à leurs rois les prérogatives suivantes : deux sacerdoces, celui de Jupiter Lacédémonien, et celui de Jupiter Uranien ; le privilège de porter la guerre partout où ils le souhaiteraient, sans qu'aucun Spartiate puisse y apporter d'obstacle, sinon il encourt l'anathème. Lorsque l'armée se met en campagne, les rois marchent à la tête des troupes, et lorsqu'elle se retire, leur poste est au dernier rang. Ils ont à l'armée cent hommes d'élite pour leur garde; dans leurs expéditions, ils prennent autant de bétail qu'ils en veulent, et ils ont pour eux les peaux et le dos de tous les animaux qu'on immole. Tels sont les priviléges dont ils jouissent en temps de guerre.

Prérogatives en temps de paix

LVII. Taèta m¢n tŒ ¤mpol¡mia, tŒ d¢ lla tŒ eÞrhnaÝa katŒ t‹de sfi d¡dotai.  µn yusÛh tiw dhmotel¯w poi¡htai, prÅtouw ¤pÜ tò deÝpnon ázein toçw basil¡aw, kaÜ Žpò toætvn prÇton rxesyai dipl®sia n¡montaw ¥kat¡rÄ tŒ p‹nta µ toÝsi lloisi daitumñnesi kaÜ spondarxÛaw eänai toætvn kaÜ tÇn tuy¡ntvn tŒ d¡rmata.
[2] Ne
omhnÛaw d¢ p‹saw kaÜ ¥bdñmaw ßstam¡nou toè mhnòw dÛdosyai ¤k toè dhmosÛou ßr®ion t¡leon ¥kat¡rÄ ¤w ƒApñllvnow kaÜ m¡dimnon ŽlfÛtvn kaÜ oànou tet‹rthn Lakvnik®n, kaÜ ¤n toÝsi ŽgÇsi psi proedrÛaw  ¤jair¡touw: kaÜ projeÛnouw Žpodeiknænai toætoisi proskeÝsyai toçw ’n ¤y¡lvsi tÇn ŽstÇn, kaÜ PuyÛouw aßr¡esyai dæo ¥k‹teron. Oß d¢ Pæyioi eÞsÜ yeoprñpoi ¤w Delfoæw siteñmenoi metŒ tÇn basil¡vn tŒdhmñsia.
[3] M¯ ¤lyoèsi d¢ toÝsi basileèsi ¤pÜ tò deÝpnon Žpop¡mpesyaÛ sfi ¤w tŒ
oÞkÛa ŽlfÛtvn te dæo xoÛnikaw ¥kat¡rÄ kaÜ oànou kotælhn, pareoèsi d¢ dipl®sia p‹nta dÛdosyai: tÈutò d¢ toèto kaÜ pròw Þdivt¡vn klhy¡ntaw ¤pÜ deÝpnon timsyai.  
[4] TŒw d¢ manthÛaw tŒw ginom¡naw toætouw ful‹ssein, suneid¡nai d¢ kaÜ toçw PuyÛouw. Dik‹zein d¢ moænouw toçw basil¡aw tos‹de moèna, patroæxou te pary¡nou p¡ri, ¤w tòn ßkn¡etai ¦xein, µn m® per õ pat¯r aét¯n ¤ggu®sú, kaÜ õdÇn dhmosi¡vn p¡ri:
 [5] kaÜ ³n tiw yetòn paÝda poi¡esyai ¤y¡lú, basil¡vn ¤nantÛon poi¡esyai. KaÜ parÛzein bouleæousi toÝsi g¡rousi ¤oèsi duÇn d¡ousi tri®konta: µn d¢ m¯ ¦lyvsi toçw m‹list‹ sfi tÇn gerñntvn pros®kontaw ¦xein tŒ tÇn basil¡vn g¡rea, dæo c®fouw tiyem¡nouw, trÛthn d¢ t¯n ¥vutÇn.

LVII. 1. Voici maintenant ceux qu'ils ont en temps de paix. S'il se fait un sacrifice au nom de la ville, les rois sont assis au festin à la première place, on les sert les premiers, et on leur donne à chacun le double de ce qu'ont les autres convives. Ils font aussi les premiers les libations, et les peaux des animaux qu'on immole leur appartiennent.
2. On leur donne à chacun tous les mois, le 1er et le 7, aux frais publics, une victime parfaite, qu'ils sacrifient dans le temple d'Apollon. On y joint aussi une médimne de farine d'orge et une quarte de vin, mesure de Lacédémone. Dans tous les jeux ils ont la place d'honneur, et ils nomment à la dignité de proxènes, qui bon leur semble parmi les citoyens. C'est une de leurs prérogatives. Ils choisissent aussi chacun deux Pythiens, qui sont nourris avec eux aux dépens de l'État. Tel est le nom qu'on donne aux députés qu'on envoie à Delphes consulter le dieu.
3. Lorsque les rois ne se trouvent point au repas public, on leur envoie à chacun deux chénices de farine d'orge avec une cotyle de vin. Lorsqu'ils y vont, on leur sert une double portion. Si un particulier les invite à un repas, il leur rend les même honneurs.
4. Ils sont les dépositaires des oracles rendus ; mais les Pythiens doivent en avoir aussi communication. Les affaires suivantes sont les seules qui soient soumises à la décision des rois, et ils sont les seuls qui puissent les juger. Si une héritière n'a point encore été fiancée par son père, ils décident à qui elle doit être mariée. Les chemins publics les regardent;
5. et si quelqu'un veut adopter un enfant, il ne peut le faire qu'en leur présence. Ils assistent aux délibérations du sénat, qui est composé de vingt-huit sénateurs. S'ils n'y vont point, ceux d'entre les sénateurs qui sont leurs plus proches parents y jouissent des prérogatives des rois; c'est-à-dire qu'ils ont deux voix, sans compter la leur.

Honneurs après la mort

LVIII. Taèta m¢n zÇsi toÝsi basileèsi d¡dotai ¤k toè koinoè tÇn Spartiht¡vn, Žpoyanoèsi d¢ t‹de.  ßpp¡ew periagg¡llousi tò gegonòw katŒ psan t¯n Lakvnik®n, katŒ d¢ t¯n pñlin gunaÝkew periioèsai l¡bhta krot¡ousi. ¤peŒn În toèto gÛnhtai toioèto, Žn‹gkh ¤j oÞkÛhw ¥k‹sthw ¤leuy¡rouw dæo katamiaÛnesyai, ndra te kaÜ gunaÝka: m¯ poi®sasi d¢ toèto zhmÛai meg‹lai ¤pik¡atai. 
[2] Nñmow d¢ toÝsi Lake
daimonÛoisi katŒ tÇn basil¡vn toçw yan‹touw ¤stÜ Éutòw kaÜ toÝsi barb‹roisi toÝsi ¤n t» ƒAsÛú: tÇn gŒr În barb‹rvn oß pleènew tÒ aétÒ nñmÄ xr¡vntai katŒ toçw yan‹touw tÇn basil¡vn. ¤peŒn gŒr Žpoy‹nú basileçw LakedaimonÛvn ¤k p‹shw deÝ LakedaÛmonow, xvrÜw Spartiht¡vn ŽriymÒ tÇn perioÛkvn Žnagkastoçw ¤w tò k°dow Þ¡nai. 
[3] Toætvn În kaÜ tÇn eßlvt¡vn kaÜ aétÇn Spartiht¡vn
¤peŒn sullexy¡vsi ¤w tÈutò pollaÜ xili‹dew sæmmiga t»si gunaijÛ, kñptontaÛ te tŒ m¡tvpa proyæmvw kaÜ oÞmvg» diaxr¡vntai Žpl¡tÄ f‹menoi, tòn ìstaton aÞeÜ Žpogenñmenon tÇn basil¡vn, toèton d¯ gen¡syai riston.  ùw d' ’n ¤n pol¡mÄ tÇn basil¡vn Žpoy‹nú, toætÄ d¢ eàdvlon skeu‹santew ¤n klÛnú eï ¤strvm¡nú ¤kf¡rousi. ¤peŒn d¢ y‹cvsi, Žgor¯ d¡ka ²mer¡vn oék ástataÛ sfi oéd' ŽrxairesÛh sunÛzei, ŽllŒ peny¡ousi taætaw tŒw ²m¡raw.

LVIII. Tels sont les honneurs que la république de Sparte rend à ses rois pendant leur vie. Passons maintenant à ceux qu'elle leur rend après leur mort. À peine ont-ils terminé leurs jours, qu'on dépêche des cavaliers par toute la Laconie, pour annoncer cette nouvelle ; et des femmes à Sparte parcourent la ville en frappant sur des chaudrons. À ce signal, deux personnes de condition libre, un homme et une femme, prennent dans chaque maison un extérieur sale et malpropre. Ils ne peuvent s'en dispenser, et s'ils y manquaient, ils seraient punis très grièvement. Les usages que pratiquent les Lacédémoniens à la mort de leurs rois ressemblent à ceux des barbares de l'Asie. La plupart de ceux-ci observent en effet les mêmes cérémonies en pareille occasion. Lorsqu'un roi de Lacédémone est mort, un certain nombre de Lacédémoniens, indépendamment des Spartiates, est obligé de se rendre à ses funérailles de toutes les parties de la Laconie. Lorsqu'ils se sont assemblés dans le même endroit avec les Ilotes et les Spartiates eux-mêmes, au nombre de plusieurs milliers, ils se frappent le front à grands coups, hommes et femmes ensemble, en poussant des cris lamentables, et ne manquent jamais de dire que le dernier mort des rois était le meilleur. Si l'un des rois meurt à la guerre, on en fait faire une figure qu'on porte an lieu de la sépulture, sur un lit richement orné. Quand on l'a mis en terre, le peuple cesse ses assemblées, les tribunaux vaquent pendant dix jours, et durant ce temps le deuil est universel.