Avec deux traductions
Oeuvres complètes
trad. en français sous la dir. de Théodore Reinach,.... trad. de René Harmand,... ;
révisée et annotée par S. Reinach et J. Weill E. Leroux, 1900-1932. Publications de la Société des études juives)
Oeuvres complètes par Buchon
CHAPITRE V. Témoignage des historiens égyptiens et phéniciens touchant l'antiquité de la nation des Juifs. Mais afin de confondre entièrement ceux qui de n'avoir pas rapporté la vérité, je ferai voir après l'avoir établie que même les historiens grecs ont parlé de nous, et me servirai auparavant du témoignage de quelques Egyptiens que l'on ne saurait soupçonner de nous être favorables. Manéthon, l'un d'eux, que l'on sait avoir été savant dans la langue grecque, puisqu'il a écrit en cette langue l'histoire de son pays qu'il dit avoir tirée des livres saints, accuse en plusieurs endroits Hérodote de fausseté par l'ignorance où il était des affaires de l'Egypte. Voici ses propres paroles dans son secoad livre : « Sous le régne de Timaüs, l'un de nos rois, Dieu irrité contre nous permit que, lorsqu'il ne paraissait point y avoir sujet d'appréhender, une grande armée d'un peuple qui n'avait nulle réputation vint du côté de l'orient et se rendit sans peine maîtresse de notre pays, tuât une partie de nos princes, mît les autres dans les fers, brûlât nos villes, ruinât nos temples. et traitât si cruellement les habitants qu'elle en fît mourir plusieurs, réduisît les femmes et les enfants en servitude, et établît pour roi un de sa nation nommé Salalis. Ce nouveau prince vint à Memphis, imposa un tribut aux provinces tant supérieures qu'inférieures, et y établit de fortes garnisons, principalement du côté de l'orient, parce qu'il prévoyait que lorsque les Assyriens se trouveraient encore plus puissants qu'ils ne l'étaient, l'envie leur prendrait de conquérir ce royaume. Ayant trouvé dans la contrée de Salie à l'orient du fleuve Bubaste une ville autrefois nommée Avaris dont la situation lui parut très avantageuse, et il la fortifiaa extrêmement, et y mit ainsi aux qu'environs tant de gens de guerre que leur nombre était de deux cent quarante mille. Il y venait au temps de la moisson pour faire faire la récolte et la revue de se troupes, et les maintenir dans un tel exercice et une si grande discipline que les étrangers n'osassent entreprendre de le troubler dans la possession de son état. Il régna dix-neuf ans Bnon lui succéda el en régna quarante-quatre. Apachnas succéda à Bnon et régna trente-six ans sept mois. Apophis, qui lui succéda, régna soixante et un ans. Janias, qui vint a la couronne après lui, régna cinquante ans et un mois; et Assis, qui lui succéda, régna quarante-neuf ans deux mois. Il n'y eut rien que ces six rois ne fissent pour tacher d'exterminer la race des Égyptiens ; et on les nommait tous Hycsos, c'est-à-dire rois pasteurs Car Hys en langue sainte signine roi. et sos en langue vulguaire signifie pasteur Quelques-uns disent qu'ils étaient Arabes. » J'ai trouvé en d'autres livres que ce mot hyc ne signifie pas rois pasleurs; mais pasteurs captifs. Car hyc en langue égyptienne et hac quand on le prononce avec aspiration signifie sans doute captif; el cela me paraît plus vraisemblable et plus conforme à l'ancienne histoire. » Ce même auleur dit que lorsque ces six rois et ceux qui vinrent après eux eurent régné en Egypte durant cinq cent onze an», les rois de la Thébaïde et de ce qui restait de l'Egypte qui n'avait point été dompté, déclarèrent la guerre à ces pasteurs ; que cette guerre dura longtemps; mais qu'enfin le roi Alisfragmouloplbis vainquit; et qu'après avoir chassé d'EgypIe la plus grande partie, ceux qui restèrent se retirèrent dans un lieu nommé Avaris qui contenait dix mille mesures de terre, et l'enfermèrent d'une très-forte muraille pour être en sûreté, et y conserver outre leur bien ce qu'ils pourraient prendre d'ailleurs; que Thèmosis, fils d'Alisfragmoulopbis, alla les attaquer avec quatre cent quatre-vingt mille hommes ; mais que, désespérant de les pouvoir forcer il traita avec eux à condition qu'ils sortiraient de l'Egypte pour se retirer où ils voudraient sans qu'on leur fît aucun mal ; qu'ainsi leur nombre étant de deux cent quarante mille ils s'en allèrent avec tout leur bien hors de l'Egypte à travers le désert de Syrie, et craignant les Assyriens qui dominaent alors dans toute l'Asie ils se retirèrent dans un pays que l'on nomme aujourd'hui la Judée, où ils bâtirent une ville capable de contenir cette grande multitude de peuple et la nommèrent Jérusalem. Le même Manéthon, dans un autre livre où il traite de ce qui regarde l'Egypte, dit qu'il a trouvé dans les livres qui passent pour sacrés parmi ceux de sa nation, que l'on nommait ce peuple les pasteurs captifs, en quoi il est très véritable . car nos ancêtres s'occupant à nourrir du bétail, on leur donnait le nom de pasteurs, et il n'y a pas sujet de s'étonner que les Égyptiens y aient ajouté celui de captifs, puisque Joseph dit au roi d'Egypte qu'il était captif, et obtint de ce prince la permission de faire venir ses frères. Mais je traiterai plus particulièrement ailleurs de ces choses, et me contenterai maintenant de rapporter le témoignage de ces auteurs égyptiens touchant l'antiquité de notre race. Manélhon continue donc de parler ainsi : « Depuis que le roi Thémosis eut chassé les pasteurs d'Égypte et qu'ils allèrent bâtir Jérusalem, il régna vingt-cinq ans quatre mois, Chebron, son fils, régna treize ans. Après lui. Aménophis régna vingt ans sept mois. Amessis, sa sœur, régna vingt ans neuf mois. Mephrès régna ensuite douze ans neuf mois. Mephramutosis, vingt-cinq ans dix mois. Thémosis, neuf ans huit mois. Aménophis, trente ans dix mois, Orus, trente-six ans cinq mois. Acencherès, douze ans un mois. Rathotis, son frère, neuf ans. Acencherès, douze ans cinq mois. Un autre Acencherès, douze ans trois mois. Armaïs, quatre ans un mois. Ramessés, un an quatre mois. Armecèmiamum, soixante-six ans deux mois; et Amènophis, dix-neuf aus six mois. Cethosis Kamessés, qui lui succéda, assembla de grandes armées de terre et de mer, laissa Armais, son frère, son lieutenant général en Egypte avec un pouvoir absolu, et lui défendit seulement de prendre la qualité de roi, de rien faire au préjudice de sa femme et de ses enfants, et d'abuser de ses concubines. Il marcha ensuite contre l'île de Cypre, la Phénicie, les Assyriens et les Mèdes, vainquit les uns, et assujettit les autres par la seule terreur de ses armes.Tant l'heureux succcès lui enflant le cœur, il voulait pousser ses conquêtes encore plus loin dans l'Orient. Mais Armais, a qui il avait donné une si grande autorité, fit tout le contraire de ce qu'il lui avait ordonné. Il chassa la reine, abusa des concubines du roi son frère, et, se laissant persuader par ses flatteurs, mit la couronne sur sa tête. Le grand-prêtre d'Egypte en donna avis à Céthosis. Il revint aussitôt, prit son chemin par Péluse, et se maintint dans son royaume. On tient que c'est ce prince qui a donné le nom à l'Egypte, parce qu'il portait celui d'Égyptus, aussi bien que Céthosis, et Armais s'appelait autrement Danaus. » Voilà de quelle sorte parle Manéthon : et il est certain qu'en supputant toutes ces années elles se rapportent, et que ceux que l'on nommait pasteurs, c'est-à-dire nos ancêtres, sortirent d'Egypte trois cent quatre-vingt treize ans avant que Danaus allât à Argos, quoique les Argiens se vantent tant de l'antiquité de ce prince. Ainsi l'on voit que Manéthon prouve, par l'autorité des histoires d'Egypte, deux choses fort importantes sur le sujet dont il s'agit : l'une, que nos ancêtres sont venus en Egypte, et l'autre, qu'ils en sont sortis près de mille ans avant la guerre de Troie. Et quant à ce qu'il ajoute et qu'il confesse n'avoir point tiré des histoires d'Egypte, mais de quelques auteurs sans nom, je ferai voir clairement dans la suite que ce sont de pures fables, sans apparence et sans fondement. Mais je veux rapporter auparavant ce que les Phéniciens ont écrit et confirmé de notre nation, par le témoignage qu'ils en ont rendu. Les Tyriens conservent avec un très grand soin des registres publics fort anciens, qui rapportent ce qui s'est passé parmi eux, et qui disent aussi de notre nation des choses très considérables Il y a, entre autres, que le roi Salomon fit bâtir un temple dans Jérusalem, cent quarante-trois ans huit mois avant que leurs ancêtres bâtissent Carlhage, etl ils décrivent ce temple : « Hiram, l'un de leurs rois, disent-ils, ayant été extrêmemenl ami du roi David, continua à l'être du roi Salomon, son fils, et voulant lui en donner des preuves dans la construction de ce temple, il lui fit un présent de cent-vingt talents et du bois d'une très belle forêt qu'il fit couper sur le mont Liban, pour servir à sa couverture et à ses superbes lambris. Salomon de son côté lui fit plusieurs riches présents ; mais l'amour de la sagesse unit encore ces deux princes. Ils s'emoyaienl des énigmes pour les expliquer, et Salomon surpassait en cela Hiram. » Les Tyriens gardent encore aujourd'hui avec un grand soin plusieurs lettres qu'ils s'écrivirent ; et pour confirmer la vérité de ce que je dis. je rapporterai le témoignage de Dius. que chacun demeure d'accord avoir écrit très fidèlement l'histoire des Phéniciens. Voici ses propres paroles : « Le roi Abibal étant mort, Hiram, son fils, qui lui succéda, accrut les villes de son royaume qui étaient du côté de l'Orient, augmenta de beaucoup celle de Tyr, et par le moyen des grandes chaussées qu'il fit, y joignit le temple de Jupiter Olympien et l'enrichit de plusieurs ouvrages d'or. Il fil couper sur le rnont Liban des forêts pour l'édification des temples; et l'on tient que Salomon, roi de Jérusalem, lui envoya quelques énigmes, el lui manda que, s'il ne pouvail les expliquer, il lui paierait une certaine somme, et que, Hiram, confessant qu'il ne les entendait pas, la lui paya. Mais que Hiram lui ayant depuis envoyé proposer d'autres énigmes par un nommé Abilemon, qu'il ne put non plus expliquer, Salomon lui paya à son tour une grande somme. » Voilà quels sont les témoignages que nous rend cet auteur, el je produirai aussi celui de Ménandre, qui était d'Éphese. Il écrit les actions de plusieurs rois, tant grecs que barbares ; et pour prouver Ia vérité de son histoire, il se sert des actes publics de tous les états dont il parle. Après avoir rapporté quels ont été les princes qui ont répné dans Tyr jusqu'au roi Hiram, voici ce qu'il en dit : « II succéda au roi Abibal, son père, el régna trente quatre ans. Il joignit à la ville de Tyr, par une grande chaussée, l'île d'Érycore, et y consacra une couronne d'or à l'honneur de Jupiter. Il fit couper sur le mont Liban quantité de bois de cèdre pour couvrir des temples, ruina les anciens et en bâtit de nouveaux à Hercule et à la déesse Astarte, dont il dédia le premier dans le mois de périlhéus, et l'autre lorsqu'il marchait avec son armée contre les Tyriens pour les obliger comme il fit à s'acquitter du tribut qu'ils lui devaient et qu'ils refusaient de payer. Un de ses sujets nommé Abdémon, quoiqu'il fût encore jeune, expliquait les énigmes que le roi Salomon lui envoyait. Or pour connaître combien il s'est passé de temps depuis la construction de Cartilage, on compte de cette manière. Le roi Hircan étant mort, Béléazar, son fils, lui succéda. Il mourut à l'âge de quarante-trois ans. après en avoir régné sept. Abdastrate, son fiis, lui succéda, et ne vécut que vingt neuf ans dont il régna neuf. Les quatre fils de sa nourrice le tuèrent en trahison, el l'aîné régna douze ans en sa place. Astarte, fils de Béléazar, régna douze ans après en avoir vécu cinquante-quatre. Acerim, son frère, lui succéda, vécut cinquanle-qualre ans, et en régna neuf. Phélète, son frère, l'assassina, usurpa le royaume, vécut cinquante ans, et ne régna que huit mois. Itobale, sacrificateur de la déesse Astarte, le tua, régna au lieu de lui pendant trente-deux ans, et mourut A l'âge de soixante-huit ans. Badésor, son flls, lui succéda, vécut quarante cinq ang, et en régna six. Madgem, son fiis, lui succéda, vécut trente-deux ans, el en régna neuf. Pygmalion lui succéda et vécut cinquante-six ans, dont il régna quaranle-sept, et ce fut en la septième année de son régne que Didon, sa sœur, s'enfuit en Afrique, où elle bâtit Carthage dans la Libye. Ainsi on voit qu'il se passa cent cinquante-cinq ans huit mois depuis le règne d'Hiram jusqu'à la construction de cette ville si célèbre, et que le temple de Jérusalem ayant été bâti en la douzième année du régne de ce prince, sa construction n'a précédé que de cent quarante-trois ans huit mois celle de Carthage. Que peut-on désirer de plus fort que ce témoignage des Phéniciens ? Ne fait-il pas connaître plus clairement que le jour que nos ancêtres étaient venus dans la Judée avant la construcition du temple, puisqu'ils ne l'ont bâti qu'après se l'être assujetie par tes armes, comme je l'ai fait voir dans mon histoire des Juifs.
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[73] Ἄρξομαι δὲ πρῶτον ἀπὸ τῶν παρ' Αἰγυπτίοις γραμμάτων. Αὐτὰ μὲν οὖν οὐχ οἷόν τε παρατίθεσθαι τἀκείνων, Μάνεθως δ' ἦν τὸ γένος Αἰγύπτιος ἀνὴρ τῆς Ἑλληνικῆς μετεσχηκὼς παιδείας, ὡς δῆλός ἐστιν· γέγραφεν γὰρ Ἑλλάδι φωνῇ τὴν πάτριον ἱστορίαν ἔκ τε τῶν ἱερῶν, ὥς φησιν αὐτός, μεταφράσας καὶ πολλὰ τὸν Ἡρόδοτον ἐλέγχει τῶν Αἰγυπτιακῶν ὑπ' ἀγνοίας ἐψευσμένον. [74] Οὗτος δὴ τοίνυν ὁ Μάνεθως ἐν τῇ δευτέρᾳ τῶν Αἰγυπτιακῶν ταῦτα περὶ ἡμῶν γράφει. Παραθήσομαι δὲ τὴν λέξιν αὐτοῦ καθάπερ αὐτὸν [75] ἐκεῖνον παραγαγὼν μάρτυρα· Τοῦ τίμαιος ὄνομα. Ἐπὶ τούτου οὐκ οἶδ' ὅπως θεὸς ἀντέπνευσεν καὶ παραδόξως ἐκ τῶν πρὸς ἀνατολὴν μερῶν ἄνθρωποι τὸ γένος ἄσημοι καταθαρρήσαντες ἐπὶ τὴν χώραν ἐστράτευσαν καὶ ῥᾳδίως ἀμαχητὶ ταύτην κατὰ κράτος εἷλον, [76] καὶ τοὺς ἡγεμονεύσαντας ἐν αὐτῇ χειρωσάμενοι τὸ λοιπὸν τάς τε πόλεις ὠμῶς ἐνέπρησαν καὶ τὰ τῶν θεῶν ἱερὰ κατέσκαψαν, πᾶσι δὲ τοῖς ἐπιχωρίοις ἐχθρότατά πως ἐχρήσαντο τοὺς μὲν σφάζοντες, [77] τῶν δὲ καὶ τὰ τέκνα καὶ γυναῖκας εἰς δουλείαν ἄγοντες. Πέρας δὲ καὶ βασιλέα ἕνα ἐξ αὐτῶν ἐποίησαν, ᾧ ὄνομα ἦν Σάλιτις. Καὶ οὗτος ἐν τῇ Μέμφιδι κατεγίνετο τήν τε ἄνω καὶ κάτω χώραν δασμολογῶν καὶ φρουρὰν ἐν τοῖς ἐπιτηδειοτάτοις καταλιπὼν τόποις. Μάλιστα δὲ καὶ τὰ πρὸς ἀνατολὴν ἠσφαλίσατο μέρη προορώμενος Ἀσσυρίων ποτὲ μεῖζον ἰσχυόντων ἐσομένην ἐπιθυμίᾳ τῆς αὐτοῦ βασιλείας ἔφοδον. [78] Εὑρὼν δὲ ἐν νομῷ τῷ Σεθροίίτῃ πόλιν ἐπικαιροτάτην, κειμένην μὲν πρὸς ἀνατολὴν τοῦ Βουβαστίτου ποταμοῦ, καλουμένην δ' ἀπό τινος ἀρχαίας θεολογίας Αὔαριν, ταύτην ἔκτισέν τε καὶ τοῖς τείχεσιν ὀχυρωτάτην ἐποίησεν ἐνοικίσας αὐτῇ καὶ πλῆθος ὁπλιτῶν εἰς εἴκοσι καὶ τέσσαρας μυριάδας ἀνδρῶν προφυλακήν. [79] Ἔνθα δὲ κατὰ θέρειαν ἤρχετο τὰ μὲν σιτομετρῶν καὶ μισθοφορίαν παρεχόμενος τὰ δὲ καὶ ταῖς ἐξοπλισίαις πρὸς φόβον τῶν ἔξωθεν ἐπιμελῶς γυμνάζων. Ἄρξας δ' ἐννεακαίδεκα ἔτη τὸν βίον ἐτελεύτησε. [80] Μετὰ τοῦτον δὲ ἕτερος ἐβασίλευσεν τέσσαρα καὶ τεσσαράκοντα ἔτη καλούμενος Βηών. Μεθ' ὃν ἄλλος Ἀπαχνὰς ἓξ καὶ τριάκοντα ἔτη καὶ μῆνας ἑπτά. Ἔπειτα δὲ καὶ Ἄπωφις ἓν καὶ ἑξήκοντα [81] καὶ Ἰαννὰς πεντήκοντα καὶ μῆνα ἕνα. Ἐπὶ πᾶσι δὲ καὶ Ἄσσις ἐννέα καὶ τεσσαράκοντα καὶ μῆνας δύο. Καὶ οὗτοι μὲν ἓξ ἐν αὐτοῖς ἐγενήθησαν πρῶτοι ἄρχοντες ποθοῦντες ἀεὶ καὶ μᾶλλον τῆς Αἰγύπτου [82] ἐξᾶραι τὴν ῥίζαν. Ἐκαλεῖτο δὲ τὸ σύμπαν αὐτῶν ἔθνος Ὑκσώς, τοῦτο δέ ἐστιν βασιλεῖς ποιμένες· τὸ γὰρ υκ καθ' ἱερὰν γλῶσσαν βασιλέα σημαίνει, τὸ δὲ σὼς ποιμήν ἐστι καὶ ποιμένες κατὰ τὴν κοινὴν διάλεκτον, καὶ οὕτως συντιθέμενον γίνεται Ὑκσώς. [83] Τινὲς δὲ λέγουσιν αὐτοὺς Ἄραβας εἶναι. Ἐν δ' ἄλλῳ ἀντιγράφῳ οὐ βασιλεῖς σημαίνεσθαι διὰ τῆς υυκ προσηγορίας, ἀλλὰ τοὐναντίον αἰχμαλώτους δηλοῦσθαι ποιμένας· τὸ γὰρ ὓκ πάλιν Αἰγυπτιστὶ καὶ τὸ ἃκ δασυνόμενον αἰχμαλώτους ῥητῶς μηνύει. Καὶ τοῦτο μᾶλλον [84] πιθανώτερόν μοι φαίνεται καὶ παλαιᾶς ἱστορίας ἐχόμενον. Τούτους τοὺς προκατωνομασμένους βασιλέας καὶ τοὺς τῶν ποιμένων καλουμένων καὶ τοὺς ἐξ αὐτῶν γενομένους κρατῆσαι τῆς Αἰγύπτου φησὶν ἔτη πρὸς τοῖς πεντακοσίοις ἕνδεκα. Μετὰ ταῦτα δὲ τῶν ἐκ τῆς Θηβαίίδος καὶ τῆς ἄλλης Αἰγύπτου βασιλέων γενέσθαι [85] φησὶν ἐπὶ τοὺς ποιμένας ἐπανάστασιν καὶ πόλεμον συρραγῆναι μέγαν [86] καὶ πολυχρόνιον. Ἐπὶ δὲ βασιλέως, ᾧ ὄνομα εἶναι Μισφραγμούθωσις, ἡττωμένους φησὶ τοὺς ποιμένας ἐκ μὲν τῆς ἄλλης Αἰγύπτου πάσης ἐκπεσεῖν, κατακλεισθῆναι δ' εἰς τόπον ἀρουρῶν ἔχοντα μυρίων [87] τὴν περίμετρον· Αὔαριν ὄνομα τῷ τόπῳ. Τοῦτόν φησιν ὁ Μάνεθως ἅπαντα τείχει τε μεγάλῳ καὶ ἰσχυρῷ περιβαλεῖν τοὺς ποιμένας, ὅπως τήν τε κτῆσιν ἅπασαν ἔχωσιν ἐν ὀχυρῷ καὶ τὴν [88] λείαν τὴν ἑαυτῶν. Τὸν δὲ Μισφραγμουθώσεως υἱὸν Θούμμωσιν ἐπιχειρῆσαι μὲν αὐτοὺς διὰ πολιορκίας ἑλεῖν κατὰ κράτος ὀκτὼ καὶ τεσσαράκοντα μυριάσι στρατοῦ προσεδρεύσαντα τοῖς τείχεσιν· ἐπεὶ δὲ τὴν πολιορκίαν ἀπέγνω, ποιήσασθαι συμβάσεις, ἵνα τὴν Αἴγυπτον ἐκλιπόντες ὅποι βούλονται πάντες ἀβλαβεῖς ἀπέλθωσι. [89] Τοὺς δὲ ἐπὶ ταῖς ὁμολογίαις πανοικησίᾳ μετὰ τῶν κτήσεων οὐκ ἐλάττους μυριάδων ὄντας εἴκοσι καὶ τεσσάρων ἀπὸ τῆς Αἰγύπτου [90] τὴν ἔρημον εἰς Συρίαν διοδοιπορῆσαι. Φοβουμένους δὲ τὴν Ἀσσυρίων δυναστείαν, τότε γὰρ ἐκείνους τῆς Ἀσίας κρατεῖν, ἐν τῇ νῦν Ἰουδαίᾳ καλουμένῃ πόλιν οἰκοδομησαμένους τοσαύταις μυριάσιν ἀνθρώπων ἀρκέσουσαν Ἱεροσόλυμα ταύτην ὀνομάσαι. [91] Ἐν ἄλλῃ δέ τινι βίβλῳ τῶν Αἰγυπτιακῶν Μάνεθως τοῦτό φησιν τὸ ἔθνος τοὺς καλουμένους ποιμένας αἰχμαλώτους ἐν ταῖς ἱεραῖς αὐτῶν βίβλοις γεγράφθαι λέγων ὀρθῶς· καὶ γὰρ τοῖς ἀνωτάτω προγόνοις ἡμῶν τὸ ποιμαίνειν πάτριον ἦν καὶ νομαδικὸν ἔχοντες τὸν βίον οὕτως ἐκαλοῦντο ποιμένες. [92] Αἰχμάλωτοί τε πάλιν οὐκ ἀλόγως ὑπὸ τῶν Αἰγυπτίων ἀνεγράφησαν, ἐπειδήπερ ὁ πρόγονος ἡμῶν Ἰώσηπος ἑαυτὸν ἔφη πρὸς τὸν βασιλέα τῶν Αἰγυπτίων αἰχμάλωτον εἶναι, καὶ τοὺς ἀδελφοὺς εἰς τὴν Αἴγυπτον ὕστερον μετεπέμψατο τοῦ βασιλέως ἐπιτρέψαντος. Ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων ἐν ἄλλοις ποιήσομαι τὴν ἐξέτασιν ἀκριβεστέραν. [93] Νυνὶ δὲ τῆς ἀρχαιότητος ταύτης παρατίθεμαι τοὺς Αἰγυπτίους μάρτυρας. Πάλιν οὖν τὰ τοῦ Μανέθω πῶς ἔχει πρὸς τὴν τῶν χρόνων τάξιν ὑπογράψω. [94] Φησὶ δὲ οὕτως· μετὰ τὸ ἐξελθεῖν ἐξ Αἰγύπτου τὸν λαὸν τῶν ποιμένων εἰς Ἱερο�όλυμα ὁ ἐκβαλὼν αὐτοὺς ἐξ Αἰγύπτου βασιλεὺς Τέθμωσις ἐβασίλευσεν μετὰ ταῦτα ἔτη εἰκοσιπέντε καὶ μῆνας τέσσαρας καὶ ἐτελεύτησεν, καὶ παρέλαβεν [65] τὴν ἀρχὴν ὁ αὐτοῦ υἱὸς Χέβρων ἔτη δεκατρία. Μεθ' ὃν Ἀμένωφις εἴκοσι καὶ μῆνας ἑπτά. Τοῦ δὲ ἀδελφὴ Ἀμεσσὴς εἰκοσιὲν καὶ μῆνας ἐννέα. Τῆς δὲ Μήφρης δώδεκα καὶ μῆνας ἐννέα. Τοῦ [96] δὲ Μηφραμούθωσις εἰκοσιπέντε καὶ μῆνας δέκα. Τοῦ δὲ Θμῶσις ἐννέα καὶ μῆνας ὀκτώ. Τοῦ δ' Ἀμένωφις τριάκοντα καὶ μῆνας δέκα. Τοῦ δὲ Ὦρος τριακονταὲξ καὶ μῆνας πέντε. Τοῦ δὲ θυγάτηρ Ἀκεγχερὴς δώδεκα καὶ μῆνα ἕνα. Τῆς δὲ Ῥάθωτις ἀδελφὸς ἐννέα. [97] Τοῦ δὲ Ἀκεγχήρης δώδεκα καὶ μῆνας πέντε. Τοῦ δὲ Ἀκεγχήρης ἕτερος δώδεκα καὶ μῆνας τρεῖς. Τοῦ δὲ Ἅρμαϊς τέσσαρα καὶ μῆνα ἕνα. Τοῦ δὲ Ῥαμέσσης ἓν καὶ μῆνας τέσσαρας. Τοῦ δὲ Ἁρμέσσης Μιαμοῦν ἑξηκονταὲξ καὶ μῆνας δύο. Τοῦ δὲ Ἀμένωφις δεκαεννέα καὶ [98] μῆνας ἕξ. Τοῦ δὲ Σέθως ὁ καὶ Ῥαμέσσης ἱππικὴν καὶ ναυτικὴν ἔχων δύναμιν τὸν μὲν ἀδελφὸν Ἅρμαϊν ἐπίτροπον τῆς Αἰγύπτου κατέστησεν καὶ πᾶσαν μὲν αὐτῷ τὴν ἄλλην βασιλικὴν περιέθηκεν ἐξουσίαν, μόνον δὲ ἐνετείλατο διάδημα μὴ φορεῖν μηδὲ τὴν βασιλίδα μητέρα τε τῶν τέκνων ἀδικεῖν, ἀπέχεσθαι δὲ καὶ τῶν ἄλλων βασιλικῶν παλλακίδων. [99] Αὐτὸς δὲ ἐπὶ Κύπρον καὶ Φοινίκην καὶ πάλιν Ἀσσυρίους τε καὶ Μήδους στρατεύσας ἅπαντας τοὺς μὲν δόρατι, τοὺς δὲ ἀμαχητὶ φόβῳ δὲ τῆς πολλῆς δυνάμεως ὑποχειρίους ἔλαβε καὶ μέγα φρονήσας ἐπὶ ταῖς εὐπραγίαις ἔτι καὶ θαρσαλεώτερον ἐπεπορεύετο τὰς πρὸς ἀνατολὰς πόλεις τε καὶ χώρας καταστρεφόμενος. [100] Χρόνου τε ἱκανοῦ γεγονότος Ἅρμαϊς ὁ καταλειφθεὶς ἐν Αἰγύπτῳ πάντα τἄμπαλιν οἷς ἀδελφὸς παρῄνει μὴ ποιεῖν ἀδεῶς ἔπραττεν· καὶ γὰρ τὴν βασιλίδα βιαίως ἔσχεν καὶ ταῖς ἄλλαις παλλακίσιν ἀφειδῶς διετέλει χρώμενος, πειθόμενος δὲ ὑπὸ τῶν φίλων [101] διάδημα ἐφόρει καὶ ἀντῆρε τῷ ἀδελφῷ. Ὁ δὲ τεταγμένος ἐπὶ τῶν ἱερέων τῆς Αἰγύπτου γράψας βιβλίον ἔπεμψε τῷ Σεθώσει δηλῶν αὐτῷ πάντα καὶ ὅτι ἀντῆρεν ὁ ἀδελφὸς αὐτοῦ Ἅρμαϊς. Παραχρῆμα οὖν ὑπέστρεψεν εἰς Πηλούσιον καὶ ἐκράτησεν τῆς ἰδίας βασιλείας. [102] Ἡ δὲ χώρα ἐκλήθη ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ ὀνόματος Αἴγυπτος· λέγει γάρ, ὅτι ὁ μὲν Σέθως ἐκαλεῖτο Αἴγυπτος, Ἅρμαϊς δὲ ὁ ἀδελφὸς αὐτοῦ Δαναός. [103] Ταῦτα μὲν ὁ Μάνεθως. Δῆλον δέ ἐστιν ἐκ τῶν εἰρημένων ἐτῶν τοῦ χρόνου συλλογισθέντος, ὅτι οἱ καλούμενοι ποιμένες ἡμέτεροι δὲ πρόγονοι τρισὶ καὶ ἐνενήκοντα καὶ τριακοσίοις πρόσθεν ἔτεσιν ἐκ τῆς Αἰγύπτου ἀπαλλαγέντες τὴν χώραν ταύτην ἐπῴκησαν ἢ Δαναὸν εἰς Ἄργος ἀφικέσθαι· καίτοι τοῦτον ἀρχαιότατον Ἀργεῖοι νομίζουσι. [104] Δύο τοίνυν ὁ Μάνεθως ἡμῖν τὰ μέγιστα μεμαρτύρηκεν ἐκ τῶν παρ' Αἰγυπτίοις γραμμάτων, πρῶτον μὲν τὴν ἑτέρωθεν ἄφιξιν εἰς Αἴγυπτον, ἔπειτα δὲ τὴν ἐκεῖθεν ἀπαλλαγὴν οὕτως ἀρχαίαν τοῖς χρόνοις, ὡς ἐγγύς που προτερεῖν αὐτὴν τῶν Ἰλιακῶν ἔτεσι χιλίοις.[105] Ὑπὲρ ὧν δ' ὁ Μάνεθως οὐκ ἐκ τῶν παρ' Αἰγυπτίοις γραμμάτων, ἀλλ' ὡς αὐτὸς ὡμολόγηκεν ἐκ τῶν ἀδεσπότως μυθολογουμένων προστέθεικεν, ὕστερον ἐξελέγξω κατὰ μέρος ἀποδεικνὺς τὴν ἀπίθανον αὐτοῦ ψευδολογίαν.
[106] Βούλομαι τοίνυν ἀπὸ τούτων ἤδη μετελθεῖν ἐπὶ τὰ παρὰ τοῖς
Φοίνιξιν ἀναγεγραμμένα περὶ τοῦ γένους ἡμῶν καὶ τὰς ἐξ ἐκείνων
μαρτυρίας παρασχεῖν. [107] Ἔστι τοίνυν παρὰ Τυρίοις ἀπὸ παμπόλλων
ἐτῶν γράμματα δημοσίᾳ γεγραμμένα καὶ πεφυλαγμένα λίαν ἐπιμελῶς περὶ
τῶν παρ' αὐτοῖς γενομένων καὶ πρὸς ἀλλήλους πραχθέντων μνήμης ἀξίων.
[108] Ἐν οἷς γέγραπται, ὅτι ὁ ἐν Ἱεροσολύμοις ᾠκοδομήθη ναὸς ὑπὸ
Σολομῶνος τοῦ βασιλέως ἔτεσι θᾶττον ἑκατὸν τεσσαρακοντατρισὶν καὶ
μησὶν ὀκτὼ τοῦ κτίσαι Τυρίους Καρχηδόνα.[109] Ἀνεγράφη δὲ παρ'
ἐκείνοις οὐκ ἀλόγως ἡ τοῦ ναοῦ κατασκευὴ τοῦ παρ' ἡμῖν· Εἴρωμος γὰρ
ὁ τῶν Τυρίων βασιλεὺς φίλος ἦν τοῦ βασιλέως ἡμῶν Σολομῶνος πατρικὴν
πρὸς αὐτὸν φιλίαν διαδεδεγμένος. [110] Οὗτος οὖν συμφιλοτιμούμενος
εἰς τὴν τοῦ κατασκευάσματος τῷ Σολομῶνι λαμπρότητα χρυσίου μὲν
εἴκοσι καὶ ἑκατὸν ἔδωκε τάλαντα, τεμὼν δὲ καλλίστην ὕλην ἐκ τοῦ
ὄρους, ὃ καλεῖται Λίβανος, εἰς τὸν ὄροφον ἀπέστειλεν. Ἀντεδωρήσατο
δὲ αὐτῷ ὁ Σολομὼν ἄλλοις τε πολλοῖς καὶ δὴ καὶ χώραν τῆς Γαλιλαίας
ἐν τῇ Χαβουλῶν λεγομένῃ. [111] Μάλιστα δὲ αὐτοὺς εἰς φιλίαν ἡ τῆς
σοφίας συνῆγεν ἐπιθυμία· προβλήματα γὰρ ἀλλήλοις ἀνταπέστελλον λύειν
κελεύοντες, καὶ κρείττων ἐν τούτοις ἦν ὁ Σολομὼν καὶ τἆλλα
σοφώτερος. Σώζονται δὲ μέχρι νῦν παρὰ τοῖς Τυρίοις πολλαὶ τῶν [112]
ἐπιστολῶν, ἃς ἐκεῖνοι πρὸς ἀλλήλους ἔγραψαν. Ὅτι δ' οὐ λόγος ἐστὶν
ὑπ' ἐμοῦ συγκείμενος ὁ περὶ τῶν παρὰ τοῖς Τυρίοις γραμμάτων,
παραθήσομαι μάρτυρα Δῖον ἄνδρα περὶ τὴν Φοινικικὴν ἱστορίαν ἀκριβῆ
γεγονέναι πεπιστευμένον. Οὗτος τοίνυν ἐν ταῖς περὶ [113] Φοινίκων
ἱστορίαις γράφει τὸν τρόπον τοῦτον· Ἀβιβάλου τελευτήσαντος ὁ υἱὸς
αὐτοῦ Εἴρωμος ἐβασίλευσεν. Οὗτος τὰ πρὸς ἀνατολὰς μέρη τῆς πόλεως
προσέχωσεν καὶ μεῖζον τὸ ἄστυ ἐποίησεν καὶ τοῦ Ὀλυμπίου Διὸς τὸ
ἱερὸν καθ' ἑαυτὸ ὂν ἐν νήσῳ χώσας τὸν μεταξὺ τόπον συνῆψε τῇ πόλει
καὶ χρυσοῖς ἀναθήμασιν ἐκόσμησεν, ἀναβὰς δὲ εἰς τὸν Λίβανον
ὑλοτόμησεν πρὸς τὴν τῶν ἱερῶν κατασκευήν. [114] Τὸν δὲ τυραννοῦντα
Ἱεροσολύμων Σολομῶνα πέμψαι φασὶ πρὸς τὸν Εἴρωμον αἰνίγματα καὶ παρ'
αὐτοῦ λαβεῖν ἀξιοῦν, τὸν δὲ μὴ δυνηθέντα διακρῖναι τῷ λύσαντι
χρήματα ἀποτίνειν. [115] Ὁμολογήσαντα δὲ τὸν Εἴρωμον καὶ μὴ
δυνηθέντα λῦσαι τὰ αἰνίγματα πολλὰ τῶν χρημάτων εἰς τὸ ἐπιζήμιον
ἀναλῶσαι. Εἶτα δὲ Ἀβδήμουνόν τινα Τύριον ἄνδρα τά τε προτεθέντα
λῦσαι καὶ αὐτὸν ἄλλα προβαλεῖν, ἃ μὴ λύσαντα τὸν Σολομῶνα πολλὰ τῷ
Εἰρώμῳ προσαποτῖσαι χρήματα. Δῖος μὲν οὕτω περὶ τῶν προειρημένων
ἡμῖν μεμαρτύρηκεν. |
XIV. Témoignage de l'Égyptien Manéthôs. 73 Je commencerai d'abord par les écrits des Égyptiens. Je ne puis citer leurs livres mêmes : mais voici Manéthôs[30], qui était de race égyptienne, auteur manifestement initié à la culture grecque, car il écrivit en grec l'histoire de sa patrie, traduite, comme il le dit lui-même, des tablettes sacrées, et sur bien des points de l'histoire d'Égypte il reproche à Hérodote d'avoir, par ignorance, altéré la vérité. 74 Donc ce Manéthôs, au second livre de l'Histoire d'Égypte, écrit ceci à notre sujet. Je citerai ses propres paroles, comme si je le produisais lui-même comme témoin[31] : 75 « Toutimaios[32]. Sous son règne, je ne sais comment, la colère divine souffla contre nous, et à l'improviste, de l'Orient, un peuple de race inconnue eut l'audace d'envahir notre pays, et sans difficulté ni combat s'en empara de vive force ; 76 ils se saisirent des chefs, incendièrent sauvagement les villes, rasèrent les temples des dieux et traitèrent les indigènes avec la dernière cruauté, égorgeant les uns, emmenant comme esclaves les enfants et les femmes des autres. 77 A la fin, ils firent même roi l'un des leurs nommé Salitis. Ce prince s'établit à Memphis, levant des impôts sur le haut et le bas pays et laissant une garnison dans les places les plus convenables. Surtout il fortifia les régions de l'est, car il prévoyait que les Assyriens, un jour plus puissants, attaqueraient (par là) son royaume[33]. 78 Comme il avait trouvé dans le nome Séthroïte une ville d'une position très favorable, située à l'est de la branche Bubastique et appelée, d'après une ancienne tradition théologique, Avaris[34], il la rebâtit et la fortifia de très solides murailles ; il y établit, en outre, une multitude de soldats pesamment armés, deux cent quarante mille environ, pour la garder. 79 Il y venait l'été tant pour leur mesurer leur blé et payer leur solde que pour les exercer soigneusement par des manoeuvres afin d'effrayer les étrangers. Après un règne de dix-neuf ans, il mourut. 80 Ensuite un second roi, nommé Bnôn, occupa le trône quarante-quatre ans. Son successeur Apachnas, régna trente-six ans et sept mois, puis Apophis soixante et un ans, et Annas cinquante ans et un mois ; 81 après eux tous, Assis, quarante-neuf ans et deux mois. Tels furent chez eux les six premiers princes, tous de plus en plus avides de détruire jusqu'à la racine le peuple égyptien. 82 On nommait l'ensemble de cette nation Hycsos[35], c'est-à-dire « rois pasteurs ». Car « hyc » dans la langue sacrée signifie roi, et « sôs » veut dire pasteur au singulier et au pluriel dans la langue vulgaire ; la réunion de ces mots forme Hycsôs. » 83 D'aucuns disent qu'ils étaient Arabes. Dans une autre copie, il est dit que l'expression « hyc » ne signifie pas rois, mais indique, au contraire, des bergers captifs. Car « hyc », en égyptien, et « hac », avec une aspirée, auraient proprement le sens tout opposé de captifs. Cette explication me parait plus vraisemblable et plus conforme à l'histoire ancienne[36]. 84 Ces rois nommés plus haut, ceux des peuples appelés pasteurs, et leurs descendants[37], furent maîtres de l'Égypte, d'après Manéthôs, durant cinq cent onze ans. 85 Puis les rois de la Thébaïde et du reste de l'Égypte se soulevèrent contre les Pasteurs; entre eux éclata une guerre importante et très longue. 86 Sous le roi qu'on nomme Misphragmouthôsis[38], les Pasteurs vaincus furent, dit-il, chassés de tout le reste de l'Égypte et enfermés dans un lieu contenant dans son périmètre dix mille aroures[39] : ce lieu se nommait Avaris[40]. 87 Suivant Manéthôs, les Pasteurs l'entourèrent complètement d'une muraille haute et forte pour garder en lieu sûr tous leurs biens et leur butin. 88 Le fils de Misphragmouthôsis, Thoummôsis, tenta de les soumettre par un siège et les investit avec quatre cent quatre-vingt mille hommes. Enfin, renonçant au siège, il conclut un traité d'après lequel ils devaient quitter l'Égypte et s'en aller tous sains et saufs où ils voudraient[41]. 89 D'après les conventions, les Pasteurs avec toute leur famille et leurs biens, au nombre de deux cent quarante mille pour le moins[42], sortirent d'Égypte et, à travers le désert, firent route vers la Syrie. 90 Redoutant la puissance des Assyriens, qui à cette époque étaient maîtres de l'Asie, ils bâtirent dans le pays appelé aujourd'hui Judée une ville qui pût suffire à tant de milliers d'hommes et la nommèrent Jérusalem. - 91 Dans un autre livre de l'histoire d'Egypte[43], Manéthôs rapporte que ce même peuple appelé les Pasteurs était désigné du nom de « Captifs » dans leurs Livres sacrés. Et il dit vrai. Car pour nos aïeux les plus reculés, c'était une coutume héréditaire de faire paître les troupeaux[44], et leur vie nomade les fit ainsi appeler pasteurs. 92 D'autre part, le nom de Captifs ne leur a pas été donné sans raison dans les annales des Egyptiens, puisque notre ancêtre Joseph dit au roi d'Égypte[45] qu'il était captif et fit venir plus tard ses frères en Égypte avec la permission du roi. XVSuite du témoignage de Manéthôs. 93 Mais j'examinerai ailleurs[46] ces faits avec plus de précision. Pour le moment, je cite les Egyptiens comme témoins de notre seule antiquité. Je vais donc reprendre la citation de Manéthôs sur la chronologie. 94 Voici ce qu'il dit[47] : « Après que le peuple des Pasteurs fut parti d'Égypte vers Jérusalem, le roi qui les avait chassés d'Egypte [Tethmôsis][48] régna vingt-cinq ans et quatre mois, puis mourut. La succession de son trône échut à son fils Hébron, pendant treize ans. 95 Après lui, Aménophis régna vingt ans et sept mois; sa soeur Amessis, vingt un ans et neuf mois; le fils de celle-ci, Méphrès, douze ans et neuf mois; puis, de père en fils, Misphragmouthôsis, vingt-cinq ans et dix mois; 96 Touthmôsis[49], neuf ans et huit mois ; Aménophis (II), trente ans et dix mois ; Or, trente-six ans et cinq mois ; la fille d'Or, Akenchéris, douze ans et un mois ; le frère d'Akenchéris, Rhathotis, neuf ans. 97 Puis, de père en fils, Akenchérès I, douze ans et cinq mois ; Akenchérès II, douze ans et trois mois ; Harmaïs, quatre ans et un mois ; Ramessès, un an et quatre mois; Armessès Miamoun, soixante-six ans et deux mois ; 98 Aménophis (III), dix-neuf ans et six mois ; puis Sethôs, nommé aussi Ramessès, puissant par sa cavalerie et sa flotte[50]. Ce dernier donna à son frère Harmaïs le gouvernement de l'Egypte et l'investit de toutes les autres prérogatives royales ; il lui enjoignit seulement de ne pas porter le diadème, de ne pas maltraiter la reine, mère de ses enfants, et de respecter aussi les concubines royales. 99 Lui-même partit en campagne contre Chypre et la Phénicie, puis encore contre les Assyriens et les Mèdes, qui tous, par les armes ou sans combat, et effrayés par ses forces considérables, furent soumis à sa domination. Enorgueilli par ses succès, il se mit en campagne avec plus d'audace encore, pour conquérir du côté de l'Orient les villes et les terres. 100 Après un assez long temps, Harmaïs, qui était resté en Égypte, fit sans pudeur tout le contraire des recommandations de son frère. Il violenta la reine et usait couramment des autres femmes sans réserve; sur le conseil de ses amis, il portait le diadème et s'éleva contre son frère. 101 Mais le chef des prêtres d'Égypte écrivit et envoya à Séthôs un mémoire dans lequel il lui révélait tout et l'informait que son frère Harmaïs s'était insurgé contre lui. Aussitôt le roi revint à Péluse et s'empara de son propre royaume. 102 Le pays fut appelé de son nom Ægyptos. Car, dit-on, Séthôs se nommait Ægyptos et Harmaïs, son frère, Danaos[51]. » XVIIMention des Juifs dans les chroniques phéniciennes. Témoignage de Dios. 106 Je veux maintenant passer de ces documents à ceux que contiennent sur notre race les annales des Phéniciens et produire les témoignages qu'ils nous fournissent. 107 Il y a chez les Tyriens, depuis de très longues années, des chroniques publiques, rédigées et conservées par l'Etat avec le plus grand soin, sur les faits dignes de mémoire qui se passèrent chez eux, et sur leurs rapports avec l'étranger. 108 Il y est dit que le temple de Jérusalem fut bâti par le roi Salomon environ cent quarante-trois ans et huit mois avant la fondation de Carthage par les Tyriens[56]. 109 Ce n'est pas sans raison que leurs annales mentionnent la construction de notre temple[57]. En effet, Hirôm, roi de Tyr, était l'ami de notre roi Salomon, amitié qu'il avait héritée de son père[58]. 110 Rivalisant de zèle avec Salomon pour la splendeur de l'édifice, il lui donna cent vingt talents d'or et fit couper sur le mont appelé Liban les plus beaux bois, qu'il lui envoya pour la toiture. En retour, Salomon lui donna de nombreux présents et même, entre autres, un territoire de Galilée qu'on nomme Khabôlon[59]. 111 Mais ils furent surtout portés à s'aimer par leur goût pour la sagesse : ils s'envoyaient l'un à l'autre des questions qu'ils s'invitaient mutuellement à résoudre; Salomon s'y montrait le plus habile et, en général, l'emportait en sagesse. On conserve aujourd'hui encore à Tyr beaucoup des lettres qu'ils échangèrent[60]. 112 Pour prouver que mes assertions sur les chroniques tyriennes ne sont pas de mon invention, je vais citer le témoignage de Dios, qui passe pour avoir raconté exactement l'histoire phénicienne. Cet auteur, dans son histoire de la Phénicie, s'exprime ainsi[61] : 113 « Après la mort d'Abibal, son fils Hirôm devint roi. Il ajouta un remblai au quartier oriental de la ville, agrandit celle-ci, y relia le temple de Zeus Olympien, qui était isolé dans une île, en comblant l'intervalle, et l'orna d'offrandes d'or ; il monta sur le Liban, où il fit couper les bois pour la construction des temples[62]. 114 Le tyran de Jérusalem, Salomon, envoya, dit-on, à Hirôm des énigmes et demanda à en recevoir de lui : celui qui ne pourrait deviner paierait une somme à celui qui aurait trouvé la solution[63]. 115 Hirôm y consentit et, n'ayant pu résoudre les énigmes, dépensa, pour payer l'amende, une grande partie de ses trésors. Puis, avec l'aide d'un certain Tyrien nommé Abdémon, il résolut les questions proposées et lui même en proposa d'autres ; Salomon ne les ayant pas résolues, restitua tout et paya en plus à Hirôm une somme considérable. » XVIIITémoignage de Ménandre d'Ephèse. 116 Ainsi Dios nous a apporté son témoignage au sujet des assertions qui précèdent. Mais après lui je vais citer encore Ménandre d'Ephèse. Cet auteur a raconté pour chaque règne les événements accomplis tant chez les Grecs que chez les Barbares et s'est efforcé de puiser ses renseignements dans les chroniques nationales de chaque peuple. 117 Donc parlant des rois de Tyr, quand il arrive à Hirôm, il s'exprime ainsi[64] : « Après la mort d'Abibal la succession de son trône échut à son fils Hirôm, qui vécut cinquante-trois ans et en régna trente-quatre. 118 Il combla l'Eurychore et dédia la colonne d'or qui est dans le temple de Zeus ; puis, s'étant mis en quête de bois de construction, il fit couper sur le mont qu'on nomme Liban des cèdres pour les toits des temples, démolit les anciens temples et en bâtit de nouveaux ; ceux d'Héraclès et d'Astarté; 119 le premier il célébra le Réveil d'Héraclès[65] au mois de Péritios[66]. Il dirigea une expédition contre les habitants d'Utique (?), qui refusaient le tribut ; après les avoir replacés sous sa domination, il revint chez lui. 120 Sous son règne vivait un certain Abdémon, garçon encore jeune[67], qui résolvait toujours victorieusement les questions posées par Salomon, roi de Jérusalem. » 121 On suppute le temps écoulé depuis ce roi jusqu'à la fondation de Carthage de la manière suivante. Après la mort d'Hirôm, la succession du trône revint à Baléazar, son fils, qui vécut quarante-trois ans et en régna (dix)-sept[68]. 122 Après lui Abdastratos, son fils, vécut vingt-neuf ans et régna neuf ans. Les quatre fils de sa nourrice conspirèrent contre lui et le firent périr. L'aîné, nommé Méthousastratos, fils de Léastratos, monta sur le trône: il vécut cinquante-quatre ans et en régna douze. 123 Puis son frère Astharymos vécut cinquante-huit ans et en régna neuf. Il fut tué par son frère Phellès, qui s'empara du trône, gouverna huit mois et vécut cinquante ans. Celui-ci fut assassiné par Ithobal[69], prêtre d'Astarté, qui vécut soixante-huit ans[70] et régna trente-deux ans. 124 Il eut pour successeur son fils Balezoros qui vécut quarante-cinq ans et en régna six. A ce dernier succéda son fils Mettên qui vécut trente-deux ans et régna vingt-neuf ans ; 125 à Mettên Pygmalion, qui vécut cinquante-six ans et régna quarante-sept ans. Dans la septième année de son règne[71] sa soeur s'enfuit et fonda en Libye la ville de Carthage. 126 Ainsi tout le temps qui sépare l'avènement d'Hirôm de la fondation de Carthage fait un total de cent cinquante-cinq ans et huit mois, et comme c'est dans la douzième année du règne d'Hirôm que fut construit le temple de Jérusalem[72], depuis la construction du temple jusqu'à la fondation de Carthage cent quarante-trois ans et huit mois se sont écoulés. 127 Est-il besoin de multiplier ces témoignages venus des Phéniciens ? On voit que la vérité est solidement établie par le consentement des auteurs, et que certes la construction du temple est bien postérieure à l'arrivée de nos ancêtres dans le pays, car c'est seulement après l'avoir conquis tout entier qu'ils bâtirent le temple. Je l'ai clairement montré d'après les Livres sacrés dans mon Archéologie[73].
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[30] Le Laurentianus emploie le plus souvent la forme Manéthon qui a passé dans l'usage, mais Josèphe a écrit Manéthôs, que le copiste a laissé subsister § 228, 287, 288, 296, 300. Manéthôs est attesté depuis le iiie siècle av. J.-C. (Hibeh Pap., n° 72); le mot signifie peut-être « Vérité de Thot » (Spiegelberg, Orient. Literaturz., 1928 et 1929). [31] Les § 75-82 sont un extrait textuel de Manéthôs, de première ou seconde main, peu importe. [32] Toutimaios est vraisemblablement la transcription du nom d'un des deux rois Tetoumes qui doivent appartenir à la fin de la 14e dynastie ; cf. Journal Asiatique, 1910, II, p. 323 et Ed. Meyer, Geschichte des Alterlums, I, ii, 4e éd., p. 307. [33] Manéthôs revient § 90 sur la menaçante puissance assyrienne. Mais l'époque à laquelle nous transportent les récits des § 77 et 90 est bien antérieure à celle où l'Assyrie a commencé à inquiéter les régions méditerranéennes. Maspero a supposé (Histoire ancienne, II, p. 52) qu'il faut lire Chaldéens pour Assyriens ; il est bien plus probable que le narrateur croit conformes à l'histoire les fables grecques sur l'empire assyrien de Ninos et de Sémiramis (Ed. Meyer, l. l., p. 312). [34] Le nom égyptien est Haouarit. D'après quelques-uns, il signifie « maison de la fuite » et se rattacherait à la légende de Set-Typhon (voir infra, § 237). [35] La forme véritable de ce nom (conservée par Eusèbe) parait être „UxoussÅw. Il est probable, d'ailleurs, que c'est le roi des étrangers seulement qui était désigné sous ce nom, Hiq Shaousou, « roi des pillards ». Cf. Maspero, Histoire ancienne, II, 54. [36] On ne peut pas considérer le § 83 comme une annotation (primitivement marginale) de l'archétype du Laurentianus (cf. § 92 et § 98), car tout ce passage se lit ainsi chez Eusèbe. Ce sont plutôt des corrections apportées à Manéthôs par un commentateur auquel Josèphe les emprunte sans bien se rendre compte de leur origine (Ed. Meyer, Æg. Chronologie, p. 72). Manéthôs lui-même n'admettait certainement pas l'origine arabe des Hycsos, puisque les chronographes qui ont reproduit sa liste des rois pasteurs l'intitulent Φοὶνικες ξένοι βασιλεῖς. [37] Les § 84-90 sont non plus une citation textuelle, mais un soi-disant résumé de Manéthôs, emprunté à une autre source et cette source était négligente ou mal informée : 1° parce qu'elle parle d'Avaris comme s'il n'en avait pas été question ; 2° parce qu'elle attribue la prise de cette ville à deux rois plus tardifs (cf. § 95) et non au véritable conquérant Amôsis. [38] Transcription fautive de Menkheperra Thoutmès (Thoutmès III). [39] Environ 2 756 hectares. Les mots τὸν περίμετρον (ajoutés par Josèphe) semblent impliquer qu'il a pris l'aroure pour une mesure de longueur. [40] Josèphe oublie qu'il a déjà été question d'Avaris et de ses fortifications (§ 78). [41] D'après les documents égyptiens et les chroniqueurs (Eusèbe, Africanus) Avaris aurait, au contraire, été prise de vive force par le roi Amôsis. Cf. Maspero, op. cit., II, 86 suiv. [42] Ce chiffre reproduit celui des « hoplites », donné plus haut, § 78. [43] Cet « autre livre » serait, d'après certains commentateurs, une désignation incorrecte de l'« autre exemplaire » mentionné plus haut, § 83. En tout cas le § 95 paraît faire double emploi avec 83. [44] Dans leur conversation avec Pharaon, les fils de Jacob déclarent qu'ils sont bergers, comme l'ont été leurs pères (Genèse, xlvi, 34 et xlvii, 3). [45] Ou plutôt à son échanson (Genèse, xl, 15). Le Florentinas a ici en marge: « Dans un autre exemplaire on lit : Vendu par ses frères, il fut amené en Égypte au roi de ce pays ; plus tard, il fit venir auprès de lui ses frères, avec la permission du roi. » [46] Voir plus bas, ch. xxvii. [47] Ici un nouvel extrait authentique de Manéthôs (§ 94-102) mais qui, jusqu'au § 97, n'a conservé que le squelette chronologique. [48] Tout à l'heure (§ 88) il était appelé Thoummôsis. Le nom paraît interpolé. [49] Ce Touthmôsis fils de Misphragmouthôsis ressemble singulièrement au Thoummôsis fils de Misphragmouthôsis sous lequel aurait au lieu l'expulsion des Hycsos (§ 88). [50] Ici le ms. a en marge : « Dans une autre copie on lit : Après lui Séthôsis et Ramessès, deux frères ; le premier, ayant une armée navale, subjuguait de force tous les peuples maritimes qui osaient l'affronter (?) ; peu après, ayant tué son frère Ramessès, il nomma gouverneur de l'Égypte son autre frère Harmaïs. » D'après Gutschmid, il s'agirait d'une autre copie de Manéthôs et la note émanerait de Josèphe ; nous ne pouvons nous ranger à cet avis : il s'agit d'une correction au texte de Josèphe et qui suppose déjà la lecture de Σέθωσις καὶ ῾Ραμέσσης (Meyer). Séthôsis est le Sésostris d'Hérodote, qui rapporte aussi ses victoires navales (II, 102). [51] Meyer (loc. cit., p. 75) croit sans raison décisive que l'identification du couple Séthôs-Harmaïs avec Ægyptos-Danaos est due, non à Manéthôs, mais à un commentateur ou interpolateur juif. [52] L’addition des chiffres donnés au ch. XV ne fournit, entre l’expulsion des Hycsos et l’avènement de Séthôs, que 334 ans. Il est probable, comme l’a vu Lepsius, que Josèphe (ou plutôt sa source) a ajouté à cette somme les 59 ans qu’il assigne plus loin (§ 231) au roi Séthôs. Josèphe a donc reproduit ce total d’après un apologiste antérieur sans se soucier de le mettre en accord avec la liste précédente (Hœlscher). [53] Josèphe oublie Inachos, le plus ancien roi d'Argos (Spanheim). [54] Ce chiffre paraît trop élevé d'environ 400 ans. [55] Voir plus loin, ch. xxvi. [56] Ce chiffre résulte des durées des règnes données au ch. xviii. [57] Rien de pareil dans les extraits donnés plus loin (note du § 113). [58] Cf. Ant. jud. VIII, 5, 3. D'après la Bible, c'est le père de Salomon, David, qui était déjà lié d'amitié avec Hirôm (I Rois, v, i ; II Samuel, v, ii). [59] Ces renseignements sont empruntés au livre des Rois, I, ix, 10-14. [60] Les négociations entre Salomon et Hirôm sont racontées I Rois, v; mais il n'est question ni d'énigmes comme dans le cas de la reine de Saba (I Rois, x, i), ni d'échange de lettres. Josèphe pense vraisemblablement aux lettres qu'il a reproduites Ant. VIII, 2, 6, et qui furent sans doute forgées par Eupolémos (cf. Eusèbe, Praep., IX, 33). [61] Le texte de Dios est également reproduit dans les Antiquités, VIII, 5, 3, § 147-9. On ne sait d'ailleurs rien de cet auteur, que C. Müller (Frag. hist. gr., IV, 398) identifie à Ælius Dios, auteur d'un ouvrage περὶ ᾿Αλεξανδρείας. Mais il pourrait aussi y avoir une confusion avec Ααἴτος, auteur de Foinikik‹ (ibid., 437). [62] C'est dans ces mots (cf. infra § 118) que Josèphe trouve (à tort) une allusion à la construction du temple de Jérusalem. [63] Ce texte n'est pas d'accord avec ce qui suit, car l'amende est d'abord payée par celui qui ne résout pas les énigmes sans condition de réciprocité. [64] Le texte de Ménandre est également reproduit dans les Antiquités, VIII, 5, 3, § 144-146. Cet historien est appelé par Clément d'Alexandrie et Tatien « Ménandre le Pergaménien ». Gutschmid estime que son ouvrage ne concernait que l'histoire des villes de Phénicie. Époque inconnue. [65] Ce réveil d'Héraclès paraît avoir été une fête phénicienne se rattachant au mythe d'après lequel Héraclès, tué par Typhon, aurait été ranimé au contact d'une caille que lui apporta Iolas (Eudoxe de Cnide, ap. Athénée, IX, 392 D). - Abel (Revue Biblique, 1908, p. 577) a rapproché de l'information de Ménandre le titre d'έγερσε(ίτης) [τοῦ] ῾Ηραχλέου(ς)qui figure dans une inscription d'Amman-Philadelphie. [66] Le mois Péritios correspond à peu près à février. [67] Trait qui manque à la relation de Dios (supra, § 115) et dont l'intérêt a été remarqué par Cosquin, Revue Biblique, 1899, p. 67. L'enfant prodige dont la sagacité assure la victoire d'un souverain défié par un rival reparaît dans le Conte démotique de Siosiri, où, grâce au héros âgé de douze ans, Ramsès II a le dessus sur le roi d'Ethiopie (I. Lévy, La légende de Pythagore, p. 194). Assez proche d'Abdémon et de Siosiri est le jeune Daniel de l'histoire de la chaste Suzanne (Daniel, xiii) qui à l'âge de douze ans d'après certaines versions (cf. Baumgartner, Archiv für Religionw, XXIV, p. 273), confond l'imposture des deux vieillards. [68] Le chiffre 17 (Théophile, etc.) doit être adopté de préférence à 7 (Laurentianus) pour obtenir au § 126 le total exigé : de même au § 124 nous avons adopté pour Mettên 29 ans de règne (Théophile) au lieu de 9 (Laurentianus). [69] Josèphe a remarqué, dans les Ant. Jud., l'identité d'Ithobal avec Ethba'al, le père de Jézabel. [70] Nous adoptons, comme Gutschmid et Naber, ce chiffre de préférence à celui de quarante-huit ans, qui a pour lui la majorité des témoins, mais est difficilement conciliable avec le contexte : Ithobal aurait été père de Balezoros à neuf ans, grand prêtre, puis meurtrier de Phellès et roi à seize ans. [71] En 814 d'après la date la plus communément admise. [72] Ailleurs (Ant. VIII, 3, i, § 62) Josèphe dit que la construction commença l'an onze d'Hirôm, an 240 de Tyr. Gutschmid suppose que cette date était donnée dans les chroniques tyriennes pour la construction du temple d'Héraclès et que Josèphe l'a transportée arbitrairement à celle du temple de Jérusalem. [73] Cf. Antiq. jud., VIII, 3, i suiv.
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