Dion Cassius, traduit par E. Gros Tome VIII

DION CASSIUS

HISTOIRE ROMAINE.

TOME HUITIÈME : LIVRE LX

Traduction française : E. GROS.

livre XLIX - livre LXI

 

 

HISTOIRE ROMAINE DE DION.

TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE HUITIÈME VOLUME.

LIVRE SOIXANTIÈME.

Indécision du sénat après la mort de Caius ; Claude est proclamé empereur par les soldats 469—471

Portrait de Claude. 471—477

Claude accepte tous les honneurs qui lui sont décernés, excepté le nom de Père : précautions dont il s'entoure à l'égard de ceux qui approchent de sa personne 477

Chéréas est mis à mort pour avoir osé assassiner son empereur ; Sabinus meurt volontairement avec lui 477—479

Claude ne montre aucun ressentiment contre les citoyens qui s'étaient déclarés partisans du gouvernement populaire ou qui jouissaient d'une considération assez grande pour arriver au pouvoir ; il agit de même envers ceux qui l'avaient offensé pendant qu'il n'était que simple particulier. . . . 479—481

Il abolit les impôts établis sous le règne de Caius et rappelle les exilés; zèle avec lequel il rend la justice. 481

Il brûle les poisons trouvés dans les coffres de Caius, les livres de Protogène, qui est mis à mort, et les lettres que Caius feignait d'avoir anéanties. 483

Il s'oppose à ce qu'on note Caius d'infamie, et fait disparaître, la nuit, toutes les statues de ce prince 483

Honneurs qu'il rend à son père Drusus, à sa mère Antonia et à son aïeule Livie 483—485

Exemples de modération et de désintéressement donnés par loi; il met un terme aux prévarications des entrepreneurs chargés des jeux, supprime les confréries rétablies par  Caius et ferme les cabarets 485—491

Règlements relatifs an théâtre et au cirque 493—495

Il rend leurs États à plusieurs princes 495—497

Messaline, femme de Claude, fait périr Julie, nièce de son mari, parce qu'elle en est jalouse, en l'accusant d'adultère, accusation qui est cause de l'exil de Sénèque 497

Claude se laisse persuader par ses affranchis de recevoir les honneurs du triomphe pour les laits accomplis en Mauritanie, bien que n'étant pas encore parvenu à l'empire au moment de la guerre 497—499

La seule aigle restée chez les Cattes à la suite du désastre de Varus est rapportée par Gabinius, et les Maurisiens sont battus par Galba. Les Maures, ayant recommencé la guerre, sont domptés par Suétonius Paulinus, qui pousse ses incursions jusqu'à l'Atlas; son successeur, après deux victoires contre ce peuple, s'engage à sa poursuite dans les régions sablonneuses, et finit, bien qu'ayant failli succomber, par amener un traité de paix 499—501

Claude fait jurer et jure lui-même sur les actes d'Auguste, sans permettre qu'on jure sur les siens ; il fait cesser la lecture de certains discours d'Auguste et de Tibère qui avait lieu tous les ans 503

Conduite qu'il tient à l'égard des préteurs chargés de l'administration du trésor accusés de malversation; trois anciens préteurs sont chargés du recouvrement des sommes dues à l'État 503—505

Une famine inspire à Claude le projet de construire un port à l'embouchure du Tibre, malgré la grandeur de la dépense ; il cherche à donner, par la dérivation du lac Fucin dans le Liris, les terres d'alentour à l'agriculture.  505—507

Son affabilité et sa popularité ; il ne fait rien d'extraordinaire pour le jour du premier anniversaire de son élévation à l'empire 507—511

Il donne sans cesse des jeux où il fait périr des esclaves et des affranchis qui, sous Tibère et sous Caius, avaient dressé des embûches à leurs maîtres, des faux témoins et des auteurs d'accusations calomnieuses, et le nombre des victimes est si grand qu'on transporte ailleurs la statue d'Auguste, afin qu'elle ne voie pas ces meurtres et ne reste pas perpétuellement voilée 511—515

Empire des affranchis de Claude sur l'esprit de leur patron ; Narcisse et Messaline lui font mettre à mort Silanus. 515—517

Conspiration, étouffée, de Vinicianus et de Camillus. Messaline et les affranchis du prince saisissent ce prétexte pour se livrer à tous les excès; Galèse, affranchi de Camillus, fait entendre dans le sénat des paroles libres; Arria, femme de Caecina Paetus, se tue elle-même et encourage son mari à mourir 517-525

Claude rend aux affaires un grand nombre de jours occupés par des sacrifices et des fêtes ; il fait rapporter les sommes que Caius avait données sans raison, et restitue aux curateurs les amendes infligées par Corbulon 525—527

Le droit de cité romaine, après avoir été difficile à obtenir, devient commun et banal par le manque de retenue de Messaline et des affranchis, du prince 527—531

Débauches de Messaline inconnues de Claude; elle fait périr Julie, fille de Drusus fils de Tibère, et femme de Germanicus Néron, comme elle a fait périr l'autre Julie 531—533

Plautius fait une expédition en Bretagne; il a d'abord de la peine à emmener ses troupes, qui croient aller hors de l'univers; mais Narcisse, envoyé par Claude, ayant voulu les haranguer du haut du tribunal de Plautius, elles ne l'écoutent pas et suivent volontairement leur chef.  533—535

Incidents divers; Plautius mande Claude. 535—539

Claude se rend eu Bretagne, soumet une partie des peuples de ce pays, en confie le gouvernement à Plautius et lui laisse le 'soin de subjuguer le reste 539—541

Claude, à la suite de cette victoire, reçoit, entre autres honneurs, le surnom de Britannicus 541—543

La monnaie d'airain frappée à l'effigie de Caius est fondue par ordre du sénat; Messaline en fait faire des statues du danseur Mnester, son amant 543

Claude célèbre son triomphe sur la Bretagne. 543—547

L'Achaïe et la Macédoine sont remises au sort, l'administration du trésor est rendue aux questeurs, et toutes les préfectures en Italie hors de Rome sont abolies 547—549

Les soldats reçoivent les droits d'hommes mariés 549

Umbonius Silion, chassé du sénat sous prétexte de n'avoir pas envoyé le blé nécessaire aux troupes de Mauritanie, met tout son mobilier à l'encan et ne vend que sa toge de sénateur 549—651

Les nundines sont transférées à un autre jour, à cause de certains sacrifices 551

Dans chaque ordre de magistrats, un seul, pendant plusieurs années, récite pour tous ses collègues la formule du serment 551

Mesure prise par Claude sur les innombrables statues dont Rome était remplie 551

Moyen dont il se sert pour empêcher les gouverneurs de province de se soustraire à la responsabilité qui leur incombe. 551—555

Explication des éclipses de, soleil et des éclipses de lune. . . 555—559

Meurtre de Valérius Asiaticus et de Vinicius ; Asiuius Gallus, frère utérin de Drusus, ourdit une conspiration contre Claude; il n'est puni que de l'exil 559—561

Claude défend à qui que ce soit de prêter aide en justice à un. affranchi contre son patron ; peine que cause aux Romains son asservissement à sa femme et à ses affranchis.  551—555

Plusieurs membres du sénat se laissent volontiers rayer, à cause de leur pauvreté ; Claude en met d'autres à leur place. 565—567

Sévère pour les affranchis des autres, quand il les prenait à mal faire, Claude montre une indulgence impardonnable pour les siens 567

Vitellius, par complaisance pour Messaline, arrache à Claude, qui allait l'absoudre, la condamnation d'Asiaticus, en déposant que ce dernier l'a prié d'obtenir pour lui le choix du genre de mort 567—569

Claude dispose que les esclaves malades chassés par leurs maîtres deviendront libres, s'ils recouvrent la santé,  569

Corbulon, gouverneur de Germanie, est rappelé par Claude, jaloux de ses succès contre les Cauques; il obtient, malgré cela, les ornements du triomphe, et, placé de nouveau à la tête des mêmes troupes, il les occupe à creuser un canal entre le Rhin et la Meuse. 571—573

Débauches de Messaline; elle prétend avoir plusieurs maris et épouse Silanus 573

Narcisse profite de l'isolement où se trouve Claude, descendu à Ostie pour veiller à l'apport /les blés, tandis que Messaline est restée à Rome sous prétexte d'indisposition, et lui dévoile tout ce qui se passe 573—575

Claude revient en hâte à Rome et livre au supplice plusieurs citoyens, entre autres Mnester et Silanus, ainsi que Messaline elle-même; il épouse peu après Agrippine, sa nièce. 575—577

Agrippine s'empare de l'esprit de Claude et n'épargne aucun moyen pour assurer l'empire à Néron, fils de son premier mari, au détriment de Britannicus, héritier légitime. 577—581

Puissance d'Agrippine; elle fait adopter Néron par Claude, qui lui donne sa fille Octavie 581—583

Combat naval donné par Claude sur un lac 583—585

Affaire des Bitbyniens où Narcisse se joue impudemment de la stupidité de Claude. 585

Narcisse est vivement accusé de la non-réussite des travaux du lac Fucin dont il avait en l'intendance 585—587

Claude fait jeter dans le Tibre un avocat qui l'impatientait; mot de l'orateur Afer à la partie ainsi délaissée qui lui demandait de se charger de sa cause. 587

Claude, irrité des menées d'Agrippine, dont il commence à s'apercevoir, s'apprête à la renverser et à assurer l'empire à son fils Britannicus; Agrippine prévient le coup en empoisonnant Claude 587—591

La mort de Claude est suivie de celle de Narcisse ; belle action de cet affranchi avant de mourir 591—593

Présages de la mort de Claude. Mot de Gallion, frère de Sénèque, au sujet des honneurs rendus par Agrippine et par Néron au prince défunt, et parole de Néron sur les champignons, mets dont on s'est servi pour empoisonner Claude. 593—595

FIN DE LA TABLE DU TOME HUITIÈME.
 

 

[1] Κλαύδιος δὲ αὐτοκράτωρ ὧδε ἐγένετο. Μετὰ γὰρ τὴν ἀναίρεσιν τοῦ Γαΐου φύλακας ἑκασταχόσε τῆς πόλεως οἱ ὕπατοι διαπέμψαντες τήν τε βουλὴν ἐς τὸ Καπιτώλιον ἤθροισαν, καὶ πολλαὶ καὶ ποικίλαι γνῶμαι ἐλέχθησαν· τοῖς μὲν γὰρ δημοκρατεῖσθαι τοῖς δὲ μοναρχεῖσθαι ἐδόκει, καὶ οἱ μὲν τὸν οἱ δὲ τὸν ᾑροῦντο. Καὶ διὰ τοῦτο τὴν ἡμέραν τὴν λοιπὴν καὶ τὴν νύκτα πᾶσαν κατέτριψαν μηδὲν τελειώσαντες. Κἀν τούτῳ στρατιῶταί τινες ἐς τὸ παλάτιον, ὅπως τι συλήσωσιν, ἐσελθόντες εὗρον τὴν Κλαύδιον ἐν γωνίᾳ που σκοτεινῇ κατακεκρυμμένον (συνῆν τε γὰρ τῷ Γαΐῳ τοῦ θεάτρου ἐξερχομένῳ καὶ τότε τὴν ταραχὴν φοβηθεὶς ὑπέπτηξε), καὶ αὐτὸν τὸ μὲν πρῶτον ὡς καὶ ἄλλον τινὰ ὄντα ἢ ἔχοντά τι ἐξείλκυσαν, ἔπειτα δὲ γνωρίσαντες αὐτοκράτορά τε προσηγόρευσαν καὶ ἐς τὸ στρατόπεδον αὐτὸν ἤγαγον, κἀκ τούτου μετὰ τῶν ἄλλων, οἷα τοῦ τε βασιλικοῦ γένους ὄντι καὶ ἐπιεικεῖ νομιζομένῳ, πᾶν τὸ κράτος αὐτῷ ἔδωκαν. Εἰ γὰρ καὶ ἀνεδύετο καὶ ἀντέλεγεν, ἀλλ'ὅσον ἐξίστατο καὶ ἀντέκειτο τοσοῦτον μᾶλλον ἀντεφιλονείκουν οἱ στρατιῶται μὴ παρ'ἑτέρων λαβεῖν αὐτοκράτορα, ἀλλ'αὐτοὶ δοῦναι πᾶσι. Διὸ καὶ ἄκων, ὡς ἐδόκει, ὑπέκυψε. Οἱ δ'ὕπατοι τέως μὲν ἄλλους τε καὶ δημάρχους πέμποντες ἀπηγόρευον αὐτῷ μηδὲν τοιοῦτον ποιεῖν, ἀλλ'ἐπί τε τῷ δήμῳ καὶ τῇ βουλῇ καὶ τοῖς νόμοις γενέσθαι· ἐπεὶ δὲ αὐτοὺς οἱ συνόντες σφίσι στρατιῶται ἐγκατέλιπον, τότε δὴ καὶ αὐτοὶ ὡμολόγησαν, καὶ τὰ λοιπὰ ὅσα ἐς τὴν αὐταρχίαν αὐτοῦ ἥκοντα ἦν αὐτῷ ἐψηφίσαντο.

[2] Οὕτω μὲν Τιβέριος Κλαύδιος Νέρων Γερμανικός, ὁ τοῦ Δρούσου τοῦ τῆς Λιουίας παιδὸς υἱός, τὴν αὐτοκράτορα ἀρχὴν ἔλαβε, μὴ πρὶν ἐν ἡγεμονίᾳ τινὶ τὸ παράπαν ἐξητασμένος, πλὴν ὅτι μόνον ὑπάτευσεν· ἦγε δὲ πεντηκοστὸν ἔτος τῆς ἡλικίας. Ἐγένετο δὲ τὴν μὲν ψυχὴν οὐ φαῦλος ἀλλὰ ἀεὶ καὶ ἐν παιδείᾳ ἤσκητο, ὥστε καὶ συγγράψαι τινά, τὸ δὲ δὴ σῶμα νοσώδης, ὥστε καὶ τῇ κεφαλῇ καὶ ταῖς χερσὶν ὑποτρέμειν. Καὶ διὰ τοῦτο καὶ τῷ φωνήματι ἐσφάλλετο, καὶ οὐ πάντα ὅσα ἐς τὸ συνέδριον ἐσέφερεν αὐτὸς ἀνεγίγνωσκεν, ἀλλὰ τῷ ταμίᾳ, τήν γε πρώτην καὶ παρὼν ὥς γε πλήθει, ἀναλέγεσθαι ἐδίδου. Ὅσα δ'οὖν αὐτὸς ἀνεγίγνωσκε, καθήμενος ὡς τὸ πολὺ ἐπελέγετο. Καὶ μέντοι καὶ δίφρῳ καταστέγῳ πρῶτος Ῥωμαίων ἐχρήσατο, καὶ ἐξ ἐκείνου καὶ νῦν οὐχ ὅτι οἱ αὐτοκράτορες ἀλλὰ καὶ ἡμεῖς οἱ ὑπατευκότες διφροφορούμεθα· πρότερον δὲ ἄρα ὅ τε Αὔγουστος καὶ ὁ Τιβέριος ἄλλοι τέ τινες ἐν σκιμποδίοις, ὁποίοις αἱ γυναῖκες ἔτι καὶ νῦν νομίζουσιν, ἔστιν ὅτε ἐφέροντο. Οὐ μέντοι καὶ διὰ ταῦθ'οὕτως, ὅσον ὑπό τε τῶν ἐξελευθέρων καὶ ὑπὸ τῶν γυναικῶν αἷς συνῆν, ἐκακύνετο. Περιφανέστατα γὰρ τῶν ὁμοίων ἐδουλοκρατήθη τε ἅμα καὶ ἐγυναικοκρατήθη· ἅτε γὰρ ἐκ παίδων ἔν τε νοσηλείᾳ καὶ ἐν φόβῳ πολλῷ τραφείς, καὶ διὰ τοῦτο ἐπὶ πλεῖον τῆς ἀληθείας εὐήθειαν προσποιησάμενος, ὅπερ που καὶ αὐτὸς ἐν τῇ βουλῇ ὡμολόγησε, καὶ πολὺν μὲν χρόνον τῇ τήθῃ τῇ Λιουίᾳ πολὺν δὲ καὶ τῇ μητρὶ Ἀντωνίᾳ τοῖς τ'ἀπελευθέροις συνδιαιτηθείς, καὶ προσέτι καὶ ἐν συνουσίαις γυναικῶν πλείοσι γενόμενος, οὐδὲν ἐλευθεροπρεπὲς ἐκέκτητο, ἀλλὰ καίπερ καὶ τῶν Ῥωμαίων ἁπάντων καὶ τῶν ὑπηκόων αὐτῶν κρατῶν ἐδεδούλωτο. Ἐπετίθεντο δ'αὐτῷ ἔν τε τοῖς πότοις μάλιστα καὶ ἐν ταῖς μίξεσι· πάνυ γὰρ ἀπλήστως ἀμφοτέροις σφίσι προσέκειτο, καὶ ἦν ἐν τῷ καιρῷ τούτῳ εὐαλωτότατος. Πρὸς δὲ καὶ δειλίαν εἶχεν, ὑφ'ἧς πολλάκις ἐκπληττόμενος οὐδὲν τῶν προσηκόντων ἐξελογίζετο. Καὶ αὐτοῦ καὶ τοῦτο προσλαμβάνοντες οὐκ ἐλάχιστα κατειργάζοντο· {καὶ} ἐκεῖνόν τε γὰρ ἐκφοβοῦντες ἐξεκαρποῦντο, καὶ τοῖς ἄλλοις τοσοῦτον δέος ἐνέβαλλον ὥσθ´, ἵνα συλλαβὼν εἴπω, πολλοὶ ἐπὶ δεῖπνον ἐν τῇ αὐτῇ ἡμέρᾳ ὑπό τε τοῦ Κλαυδίου καὶ ὑπ'αὐτῶν καλούμενοι τὸν μὲν ὡς καὶ κατ'ἄλλο τι παρίεντο, πρὸς δὲ ἐκείνους ἐφοίτων.

[3] Τοιοῦτος οὖν δή τις, ὥς γε συνελόντι εἰπεῖν, ὢν οὐκ ὀλίγα καὶ δεόντως ἔπραττεν, ὁσάκις ἔξω τε τῶν προειρημένων παθῶν ἐγίγνετο καὶ ἑαυτοῦ ἐκράτει. Λέξω δὲ καὶ καθ'ἕκαστον ὧν ἐποίησε. Τὰ μὲν ψηφισθέντα οἱ εὐθὺς πάντα, πλὴν τῆς τοῦ πατρὸς ἐπωνυμίας, ἐδέξατο (ταύτην γὰρ μετὰ ταῦτα προσέθετο), οὐ μέντοι καὶ παραυτίκα ἀλλ'ὀψὲ καὶ τριακοστῇ ἡμέρᾳ ἐς τὴν βουλὴν ἐσῆλθε. Τόν τε γὰρ Γάιον οὕτως ὁρῶν ἀπολωλότα, καὶ πυνθανόμενός τινας ὡς καὶ βελτίονας ἑαυτοῦ πρὸς τὴν ἀρχὴν ὑπ'αὐτῆς προβεβλῆσθαι, οὐκ ἐθάρσει, ἀλλὰ τά τε ἄλλα ἀκριβῶς ἐφυλάττετο, καὶ πάντας τοὺς προσιόντας οἱ καὶ ἄνδρας καὶ γυναῖκας ἐρευνᾶσθαι ἐποίει μή τι ξιφίδιον ἔχωσιν, ἔν τε τοῖς συμποσίοις πάντως τινὰς στρατιώτας συνόντας εἶχε. Καὶ τοῦτο μὲν ἐξ ἐκείνου καταδειχθὲν καὶ δεῦρο ἀεὶ γίγνεται, ἡ δὲ δὴ ἔρευνα ἡ διὰ πάντων ἐπὶ Οὐεσπασιανοῦ ἐπαύσατο. Τὸν μὲν οὖν Χαιρέαν καί τινας ἄλλους, καίπερ πάνυ ἐπὶ τῷ τοῦ Γαΐου θανάτῳ ἡσθείς, ὅμως ἀπέκτεινεν· οὐ γὰρ ὅτι τὴν ἀρχὴν διὰ τὴν ἐκείνου πρᾶξιν εἰλήφει χάριν αὐτῷ ᾔδει, ἀλλ'ὅτι ἐτόλμησεν αὐτοκράτορα ἀποσφάξαι ἐδυσχέραινεν, πόρρωθεν τὸ καθ'ἑαυτὸν ἐς ἀσφάλειαν προορώμενος. Ἔπραξε δὲ τοῦτο οὐχ ὡς καὶ τῷ Γαΐῳ τιμωρῶν, ἀλλ'ὡς ἑαυτῷ ἐπιβουλεύσαντα αὐτὸν λαβών. Καί οἱ ὁ Σαβῖνος ἑκὼν ἐπαπέθανε, μὴ ἀξιώσας κολασθέντος αὐτοῦ περιεῖναι. Τοῖς γε μὴν ἄλλοις, οἳ τὴν δημοκρατίαν ἐκφανῶς ἐσπούδασαν ἢ καὶ ἐπίδοξοι λήψεσθαι τὸ κράτος ἐγένοντο, οὐχ ὅσον οὐκ ἐμνησικάκησεν, ἀλλὰ καὶ τιμὰς καὶ ἀρχὰς ἔδωκεν· ἐκδηλότατα γὰρ καὶ ἐν τοῖς πάντων πώποτε οὐ τῷ λόγῳ μόνον τὴν ἄδειάν σφισι, κατὰ τὸν τῶν Ἀθηναίων ζῆλον ὡς ἔλεγεν, ὑπέσχετο, ἀλλὰ καὶ τῷ ἔργῳ παρέσχε. Τό τε ἔγκλημα τῆς ἀσεβείας ὁμοίως οὐκ ἐν τοῖς γράμμασι μόνοις ἀλλὰ καὶ ἐν ταῖς πράξεσιν ἔπαυσε, καὶ οὐδένα διὰ τοιοῦτό τι οὔτ'ἐπὶ τοῖς προτέροις οὔτ'ἐπὶ τοῖς ἔπειτα ἐκόλασε. Τούς γε μὴν ἀδικήσαντάς τι ἢ καὶ προπηλακίσαντας αὐτὸν ἰδιώτην ὄντα (πολλοὶ δὲ ταῦτα ἄλλως τε ὡς μηδενὸς λόγου ἄξιον, καὶ οἱ μὲν τῷ Τιβερίῳ οἱ δὲ τῷ Γαΐῳ χαριζόμενοι, ἐπεποιήκεσαν) πλαστῷ μὲν ἐγκλήματι οὐδενὶ μετῄει, εἰ μέντοι τι ἄλλο κακουργοῦντας εὕρισκε, καὶ δι'ἐκεῖνα ἐτιμωρεῖτο.

[4] Τά τε τέλη τὰ ἐπὶ τοῦ Γαΐου ἐσαχθέντα, καὶ τἆλλα ὅσα ἐπηγορίαν τινὰ τῶν πραχθέντων ὑπ'αὐτοῦ εἶχε, κατέλυσε μέν, οὐκ ἀθρόα δέ, ἀλλ'ὡς ἑκάστῳ πῃ προσέτυχε. Καὶ τοὺς ἐκπεσόντας ἀδίκως ὑπ'αὐτοῦ, τούς τε ἄλλους καὶ τὰς ἀδελφάς, τήν τε Ἀγριππῖναν καὶ τὴν Ἰουλίαν, καταγαγὼν τὰς οὐσίας σφίσιν ἀπέδωκεν. Τῶν τε ἐκ τοῦ οἰκήματος (πλεῖστοι δὲ ἐδέδεντο) τοὺς μὲν ἐπ'ἀσεβείᾳ τοιούτοις τέ τισιν ἑτέροις ἐγκλήμασιν ἐμπεπτωκότας ἀπήλλαξε, τοὺς δ'ὄντως ἀδικοῦντας ἐκόλασε. Σφόδρα γὰρ ἀκριβῶς σφας ἐξήτασεν, ὅπως μήθ'οἱ κακουργήσαντές τι διὰ τοὺς συκοφαντουμένους ἀφεθῶσι, μήθ'οὗτοι δι'ἐκείνους παραπόλωνται. Καὶ καθ'ἑκάστην γε ὡς εἰπεῖν ἡμέραν, ἤτοι μετὰ πάσης τῆς γερουσίας ἢ καὶ ἰδίᾳ, τὸ μὲν πλεῖστον ἐν τῇ ἀγορᾷ, ἤδη δὲ καὶ ἄλλοθι, ἐπὶ βήματος ἐδίκαζε· καὶ γὰρ τὸ κατὰ τοὺς συνέδρους, ἐκλειφθὲν ἐξ οὗ ὁ Τιβέριος ἐς τὴν νῆσον ἐξεχώρησεν, ἀνενεώσατο. Πολλάκις δὲ καὶ τοῖς ὑπάτοις τοῖς τε στρατηγοῖς, καὶ μάλιστα τοῖς τὴν διοίκησιν ἔχουσι, συνεξητάζετο, καὶ ὀλίγα παντελῶς τοῖς ἄλλοις δικαστηρίοις ἐπέτρεπε. Τά τε φάρμακα ἃ πολλὰ ἐν τοῦ Γαΐου εὑρέθη, καὶ τὰ βιβλία τὰ τοῦ Πρωτογένους, ὃν καὶ ἀπέκτεινε, τά τε γράμματα ἃ ἐπλάσσετο μὲν ὁ Γάιος κεκαυκέναι εὑρέθη δὲ ἐν τῷ βασιλικῷ ὄντα, τοῖς τε βουλευταῖς ἐπέδειξε, καὶ ἔδωκε καὶ αὐτοῖς ἐκείνοις τοῖς τε γράψασιν αὐτὰ καὶ καθ'ὧν ἐγέγραπτο ἀναγνῶναι, καὶ μετὰ τοῦτο κατέφλεξε. Τῆς τε γερουσίας ἀτιμῶσαι τὸν Γάιον ἐθελησάσης ψηφισθῆναι μὲν αὐτὸς ἐκώλυσεν, ἰδίᾳ δὲ τὰς εἰκόνας αὐτοῦ νυκτὸς ἁπάσας ἠφάνισε. Καὶ διὰ ταῦτα τὸ μὲν ὄνομα αὐτοῦ οὐκ ἔστιν ἐν τῷ καταλόγῳ τῶν αὐτοκρατόρων ὧν μνήμην ἐπί τε τοῖς ὅρκοις καὶ ἐπὶ ταῖς εὐχαῖς ποιούμεθα, ὥσπερ οὐδὲ τὸ τοῦ Τιβερίου, οὐ μέντοι καὶ ἐκ δόγματος ἀτιμίαν οὐδέτερός σφων ὦφλε.

[5] Τὰ μὲν δὴ οὖν ὑπό τε τοῦ Γαΐου καὶ ὑφ'ἑτέρων δι'ἐκεῖνον οὐκ ὀρθῶς γενόμενα ἀνέτρεψε, τῷ δὲ δὴ Δρούσῳ τῷ πατρὶ τῇ τε Ἀντωνίᾳ τῇ μητρὶ ἱπποδρομίας ἐς τὰ γενέσια ἔδωκε, τὰς πανηγύρεις τὰς ἐς ταὐτὸν αὐταῖς συμβαινούσας μεταθεὶς ἐς ἑτέρας ἡμέρας, ὅπως μὴ ἅμα ποιῶνται. Τήν τε τήθην τὴν Λιουίαν οὐ μόνον ἵππων ἀγῶσιν ἐτίμησεν ἀλλὰ καὶ ἀπηθανάτισεν, ἄγαλμά τέ τι αὐτῆς ἐν τῷ Αὐγουστείῳ ἱδρύσας καὶ τὰς θυσίας ταῖς ἀειπαρθένοις ἱεροποιεῖν προστάξας, ταῖς τε γυναιξὶν ὅρκον τὸ ὄνομα αὐτῆς ποιεῖσθαι κελεύσας. Οὕτω δὲ δὴ τοὺς πατέρας ἀποσεμνύνας αὐτὸς οὐδὲν ἔξω τῶν ὀνομάτων τῶν ἐς τὴν ἀρχὴν φερόντων ἐδέξατο· ἐν γὰρ δὴ τῇ τοῦ Αὐγούστου νουμηνίᾳ, ἐν ᾗ ἐγεγέννητο, ἠγωνίζοντο μὲν ἵπποι, οὐ δι'ἐκεῖνον δὲ ἀλλ'ὅτι ὁ τοῦ Ἄρεως ναὸς ἐν ταύτῃ καθιέρωτο καὶ διὰ τοῦτο ἐτησίοις ἀγῶσιν ἐτετίμητο. Ἔν τε οὖν τούτοις ἐμετρίαζε, καὶ προσαπηγόρευσε μήτε προσκυνεῖν τινα αὐτὸν μήτε θυσίαν οἱ μηδεμίαν ποιεῖν. Τά τε ἐπιβοήματα τὰ πολλὰ καὶ ὑπέρογκα ἔπαυσε· καὶ εἰκόνα μίαν, καὶ ταύτην ἀργυρᾶν, ἀνδριάντας τε δύο χαλκοῦ τε καὶ λίθου ψηφισθέντας αὐτῷ τὰ πρῶτα ἔλαβε. Μάταια γὰρ πάντα τὰ τοιαῦτα ἀναλώματα εἶναι, καὶ προσέτι πολλὴν μὲν ζημίαν πολὺν δὲ καὶ ὄχλον τῇ γε πόλει παρέχειν ἔλεγε· πάντες μὲν γὰρ οἱ ναοὶ πάντα δὲ καὶ τὰ ἄλλα ἔργα καὶ ἀνδριάντων καὶ ἀναθημάτων ἐπεπλήρωτο, ὥστε καὶ περὶ ἐκείνων βουλεύσεσθαι ἔφη ἃ χρὴ πρᾶξαι. Τοῖς τε στρατηγοῖς τοὺς ἀγῶνας τοὺς ὁπλομαχικοὺς ἀπηγόρευσε μὴ ποιεῖν, καὶ εἰ δή τις ἄλλος αὐτοὺς ὁπουδήποτε ἐπιτελοίη, ἀλλὰ μήτι γε ὡς καὶ ὑπὲρ τῆς ἑαυτοῦ σωτηρίας γιγνομένων σφῶν ἢ γράφεσθαι ἢ καὶ λέγεσθαι ἐκέλευσε. Καὶ οὕτω γε πάντα ταῦτα κρίσει καὶ οὐκ ἐπιτηδεύσει ἔπραττεν ὥστε καὶ ἄλλα ὁμοίως ἔνεμε. Τὰς γοῦν θυγατέρας ἐν τῷ ἔτει τούτῳ τὴν μὲν ἐγγυήσας Λουκίῳ Ἰουνίῳ Σιλανῷ τὴν δὲ ἐκδοὺς Γναίῳ Πομπηίῳ Μάγνῳ οὐδὲν ἐξαίρετον ἔπραξεν, ἀλλὰ καὶ αὐτὸς ἐν ταῖς ἡμέραις ἐκείναις ἐδίκασε καὶ ἡ βουλὴ ἠθροίσθη. Τούς τε γαμβροὺς τότε τε ἐν τοῖς εἴκοσιν ἀνδράσιν ἄρξαι καὶ μετὰ τοῦτο πολιαρχῆσαι ἐν ταῖς ἀνοχαῖς ἐκέλευσεν ὀψέ τέ ποτε πέντε ἔτεσι θᾶσσον τὰς ἄλλας ἀρχὰς αἰτῆσαί σφισιν ἐπέτρεψε. Τούτου δὲ δὴ τοῦ Πομπηίου ὁ Γάιος τὴν τοῦ Μάγνου ἐπίκλησιν περιέκοψεν. ὀλίγου μὲν γὰρ καὶ ἀπέσφαξεν αὐτὸν ὅτι οὕτως ὠνομάζετο· ἀλλὰ τοῦτο μὲν καταφρονήσας ὡς καὶ παιδίου ἔτ'αὐτοῦ ὄντος οὐκ ἐποίησε, τὴν δὲ δὴ πρόσρησιν κατέλυσεν, εἰπὼν μὴ εἶναί οἱ ἀσφαλὲς Μάγνον τινὰ προσαγορεύεσθαι. Ὅ γε μὴν Κλαύδιος καὶ ἐκεῖνο αὐτῷ τὸ πρόσρημα ἀπέδωκε καὶ τὴν θυγατέρα προσσυνῴκισε.

[6] Ταῦτά τε οὖν ἐπιεικῶς ἔπραττε, καὶ τῶν ὑπάτων ἐν τῷ συνεδρίῳ καταβάντων ποτὲ ἀπὸ τῶν δίφρων ἵνα διαλεχθῶσιν αὐτῷ, προσεξανέστη τε καὶ ἀντιπροσῆλθέ σφισιν, ἐπεὶ ἔν γε τῇ Νέᾳ πόλει καὶ παντάπασιν ἰδιωτικῶς ἔζη· τά τε γὰρ ἄλλα ἑλληνικῶς καὶ αὐτὸς καὶ οἱ συνόντες οἱ διῃτᾶτο, καὶ ἐν μὲν ταῖς τῆς μουσικῆς θεωρίαις ἱμάτιον καὶ κρηπῖδας, ἐν δὲ δὴ τῷ γυμνικῷ ἀγῶνι πορφυρίδα καὶ στέφανον χρυσοῦν ἐλάμβανε. Καὶ μέντοι καὶ περὶ τὰ χρήματα θαυμαστὸς ἐγένετο. Ἀπηγόρευσε μὲν γὰρ ἀργύριόν οἱ, ὅπερ ἐπί τε τοῦ Αὐγούστου καὶ ἐπὶ τοῦ Γαΐου ἐγίγνετο, προσφέρειν, ἀπεῖπε δὲ μηδὲ κληρονόμον αὐτόν, ὅστις ἂν συγγενεῖς ὁποιουσδήποτε αὐτὸς ἔχῃ καταλείπειν, καὶ τῶν προδημευθέντων ἐπί τε τοῦ Τιβερίου καὶ ἐπὶ τοῦ Γαΐου τὰ μὲν αὐτοῖς τοῖς ἔτι περιοῦσι τὰ δὲ τοῖς τέκνοις αὐτῶν ἀπέδωκεν. Εἰθισμένου τε, εἰ καὶ ὁτιοῦν περὶ τὰς πανηγύρεις ἔξω τοῦ νενομισμένου πραχθείη, αὖθις αὐτάς, καθάπερ εἴρηταί μοι, γίγνεσθαι, καὶ πολλάκις τούτου καὶ τρίτον καὶ τέταρτον πέμπτον τε, καὶ δέκατον ἔστιν ὅτε, τὸ μέν τι κατὰ τύχην τὸ δὲ δὴ πλεῖστον ἐκ παρασκευῆς τῶν ὠφελουμένων ἀπ'αὐτοῦ, συμβαίνοντος, νόμῳ μὲν ἔταξε μίαν ἡμέραν τοὺς ἀγῶνας τῶν ἵππων δεύτερον γίγνεσθαι, ἔργῳ δὲ καὶ τοῦτο ὡς πλήθει ἐπέσχεν· οὐδὲν γάρ τι ῥᾳδίως, ἅτε μηδὲν μέγα ἀποκερδαίνοντες, οἱ τεχνώμενοι αὐτὸ ἐπλημμέλουν. Τούς τε Ἰουδαίους πλεονάσαντας αὖθις, ὥστε χαλεπῶς ἂν ἄνευ ταραχῆς ὑπὸ τοῦ ὄχλου σφῶν τῆς πόλεως εἰρχθῆναι, οὐκ ἐξήλασε μέν, τῷ δὲ δὴ πατρίῳ βίῳ χρωμένους ἐκέλευσε μὴ συναθροίζεσθαι. Τάς τε ἑταιρείας ἐπαναχθείσας ὑπὸ τοῦ Γαΐου διέλυσε. Καὶ ὁρῶν μηδὲν ὄφελος ὂν ἀπαγορεύεσθαί τινα τῷ πλήθει μὴ ποιεῖν, ἂν μὴ καὶ ὁ καθ'ἡμέραν αὐτῶν βίος μεταρρυθμισθῇ, τά τε καπηλεῖα ἐς ἃ συνιόντες ἔπινον κατέλυσε, καὶ προσέταξε μήτε κρέας που ἑφθὸν μήθ'ὕδωρ θερμὸν πιπράσκεσθαι, καί τινας ἐπὶ τούτῳ μὴ πειθαρχήσαντας ἐκόλασεν. Ἀπέδωκε μὲν οὖν καὶ ταῖς πόλεσι τοὺς ἀνδριάντας οὓς ὁ Γάιος ἐξ αὐτῶν μετεπέπεμπτο, ἀπέδωκε δὲ καὶ τοῖς Διοσκόροις τὸν νεὼν τῷ τε Πομπηίῳ τὴν τοῦ θεάτρου μνήμην· καὶ αὐτῷ καὶ τὸ τοῦ Τιβερίου ὄνομα ἐν τῇ σκηνῇ προσθεὶς ἔγραψεν, ἐπειδὴ καυθεῖσαν αὐτὴν ἀνῳκοδομήκει. Τὸ γὰρ ἑαυτοῦ ἐκείνῃ μέν, οὐχ ὅτι κατεσκεύασεν ἀλλ'ὅτι καὶ καθιέρωσεν αὐτήν, ἄλλῳ δὲ οὐδενὶ ἐνεκόλαψεν. Οὐ μὴν οὐδὲ τῇ στολῇ τῇ ἐπινικίῳ παρὰ πᾶσαν τὴν πανήγυριν, καίτοι ψηφισθέν, ἐχρήσατο, ἀλλ'ἔθυσεν ἐν αὐτῇ μόνον, τὰ δὲ ἄλλα ἐν τῷ περιπορφύρῳ ἱματίῳ διῴκησεν.

[7] Ἐσήγαγε δὲ ἐς τὴν ὀρχήστραν ἄλλους τε καὶ ἱππέας καὶ γυναῖκας τῶν ὁμοίων, οἵπερ που καὶ ἐπὶ τοῦ Γαΐου τοῦτο ποιεῖν εἰώθεσαν, οὐχ ὅτι καὶ ἔχαιρέ σφισιν, ἀλλ'ἐς ἔλεγχον τῶν γεγονότων· αὖθις γοῦν οὐδεὶς αὐτῶν ἐν τῇ σκηνῇ ἐπί γε τοῦ Κλαυδίου ἐξητάσθη. Τήν τε πυρρίχην ἣν οἱ παῖδες οἱ ὑπὸ τοῦ Γαΐου μεταπεμφθέντες ἤσκουν, ἐκεῖνοι μὲν ἅπαξ ὠρχήσαντο, καὶ ἐπὶ τούτῳ πολιτείᾳ τιμηθέντες ἀπεπέμφθησαν, ἄλλοι δὲ αὖθις ἐκ τῆς θεραπείας ἐπεδείχθησαν. Ἐν μὲν δὴ τῷ θεάτρῳ ταῦτ'ἐγένετο, ἐν δὲ τῷ ἱπποδρόμῳ κάμηλοί τε ἅπαξ καὶ ἵπποι δωδεκάκις ἠγωνίσαντο, ἄρκτοι τε τριακόσιαι καὶ Λιβυκὰ θηρία ἴσα αὐταῖς ἐσφάγη. Καὶ ἑώρων μέν που πρότερον ἐν αὐτῷ ἰδίᾳ καὶ κατὰ σφᾶς ὡς ἕκαστοι, τό τε βουλεῦον καὶ τὸ ἱππεῦον καὶ ὁ ὅμιλος, ἀφ'οὗπερ τοῦτ'ἐνομίσθη, οὐ μέντοι καὶ τεταγμένα σφίσι χωρία ἀπεδέδεικτο· ἀλλὰ τότε ὁ Κλαύδιος τήν τε ἕδραν τὴν νῦν οὖσαν τοῖς βουλευταῖς ἀπέκρινε, καὶ προσέτι τοῖς ἐθέλουσί σφων ἑτέρωθί που καὶ ἔν γε ἰδιωτικῇ ἐσθῆτι θεάσασθαι ἐπέτρεψε. Ποιήσας δὲ ταῦτα τήν τε γερουσίαν μετὰ τῶν γυναικῶν καὶ τοὺς ἱππέας τάς τε φυλὰς εἱστίασε.

[8] Καὶ μετὰ τοῦτο τῷ τε Ἀντιόχῳ τὴν Κομμαγηνὴν ἀπέδωκεν (ὁ γὰρ Γάιος, καίπερ αὐτός οἱ δοὺς αὐτήν, ἀφῄρητο), καὶ τὸν Μιθριδάτην τὸν Ἴβηρα, ὃν ὁ Γάιος μεταπεμψάμενος ἐδεδέκει, οἴκαδε πρὸς ἀνάληψιν τῆς ἀρχῆς ἀπέπεμψεν. Ἄλλῳ τέ τινι Μιθριδάτῃ, τὸ γένος ἀπ'ἐκείνου τοῦ πάνυ ἔχοντι, τὸν Βόσπορον ἐχαρίσατο, καὶ τῷ Πολέμωνι χώραν τινὰ ἀντ'αὐτοῦ Κιλικίας ἀντέδωκε. Τῷ γὰρ Ἀγρίππᾳ τῷ Παλαιστίνῳ συμπράξαντί οἱ τὴν ἡγεμονίαν (ἔτυχε γὰρ ἐν τῇ Ῥώμῃ ὤν) τήν τε ἀρχὴν προσεπηύξησε καὶ τιμὰς ὑπατικὰς ἔνειμε. Τῷ τε ἀδελφῷ αὐτοῦ Ἡρώδῃ τό τε στρατηγικὸν ἀξίωμα καὶ δυναστείαν τινὰ ἔδωκε, καὶ ἔς τε τὸ συνέδριον ἐσελθεῖν σφισι καὶ χάριν οἱ ἑλληνιστὶ γνῶναι ἐπέτρεψεν. Ταῦτα μὲν οὖν αὐτοῦ τε τοῦ Κλαυδίου ἔργα ἦν καὶ ὑφ'ἁπάντων ἐπῃνεῖτο· ἐπράχθη δὲ καὶ ἄλλα ἄττα τότε, οὐχ ὁμοιότροπα, ὑπό τε τῶν ἐξελευθέρων αὐτοῦ καὶ ὑπὸ τῆς γυναικὸς Οὐαλερίας Μεσσαλίνης. Αὕτη μὲν γὰρ τὴν Ἰουλίαν τὴν ἀδελφιδῆν αὐτοῦ, ὀργισθεῖσά τε ἅμα ὅτι μήτε ἐτιμᾶτο ὑπ'αὐτῆς μήτε ἐκολακεύετο, καὶ ζηλοτυπήσασα ὅτι περικαλλής τε ἦν καὶ μόνη τῷ Κλαυδίῳ πολλάκις συνεγίγνετο, ἐξώρισεν, ἐγκλήματα αὐτῇ ἄλλα τε καὶ μοιχείας παρασκευάσασα, ἐφ'ᾗ καὶ ὁ Σενέκας ὁ Ἀνναῖος ἔφυγε, καὶ ὕστερόν γε οὐ πολλῷ καὶ ἀπέκτεινεν αὐτήν. Ἐκεῖνοι δὲ καὶ τὰς τιμὰς αὐτὸν τὰς ἐπινικίους ἐπὶ τοῖς ἐν τῇ Μαυριτανίᾳ πραχθεῖσι δέξασθαι ἔπεισαν, οὐχ ὅτι τι κατορθώσαντα, ἀλλ'οὐδ'ἐν τῇ ἀρχῇ πω ὄντα ὅτε διεπολεμήθη. Καίτοι καὶ τούτῳ τῷ ἔτει ὅ τε Γάλβας ὁ Σουλπίκιος Χάττους ἐκράτησε, καὶ Πούπλιος Γαβίνιος Μαυρουσίους νικήσας τά τε ἄλλα εὐδοκίμησε, καὶ ἀετὸν στρατιωτικὸν ὃς μόνος ἔτι παρ'αὐτοῖς ἐκ τῆς Οὐάρου συμφορᾶς ἦν ἐκομίσατο, ὡς καὶ ἀληθὲς ὄνομα αὐτοκράτορος ἀπ'ἀμφοτέρων σφῶν τὸν Κλαύδιον λαβεῖν.

[9] Τῷ δὲ ἐχομένῳ οἱ αὐτοὶ αὖθις Μαῦροι πολεμήσαντες κατεστράφησαν. Σουητώνιος μὲν γὰρ Παυλῖνος, ἐκ τῶν ἐστρατηγηκότων ὤν, τὴν χώραν αὐτῶν μέχρι τοῦ Ἄτλαντος ἀντικατέδραμε, Γναῖος δὲ Ὁσίδιος Γέτας ἐκ τῶν ὁμοίων μετ'ἐκεῖνον στρατεύσας ἐπὶ τὸν Σάλαβον τὸν στρατηγόν σφων εὐθὺς ὥρμησε, καὶ ἐνίκησεν αὐτὸν καὶ ἅπαξ καὶ δεύτερον. Ἐπειδή τε ἐκεῖνος, καταλιπών τινας πρὸς τοῖς μεθορίοις εἴργειν τοὺς ἐπιδιώξοντας, πρὸς τὰ ψαμμώδη ἀπέφυγεν, ἐτόλμησεν ἐπισπέσθαι οἱ, καὶ ἀντικαταστήσας πρὸς τοὺς ἐφεδρεύοντας μέρος τοῦ στρατοῦ προῄει, συσκευασάμενος ὕδωρ ὅσον ἐνεδέχετο. Ὡς δὲ τοῦτό τε ἐπέλειπε καὶ ἄλλο οὐχ εὑρίσκετο, ἐν παντὶ κακοῦ ἐγένετο· οἱ μὲν γὰρ βάρβαροι ἄλλως τε ἐπὶ μακρότατον πρὸς τὸ δίψος ὑπὸ τοῦ ἔθους ἀντέχοντες, καὶ πάντως τι ὕδωρ ἐμπειρίᾳ τῶν χωρίων ποριζόμενοι, διεγίγνοντο, τοῖς δὲ δὴ Ῥωμαίοις ἐκ τῶν ἐναντίων ἀδύνατον μὲν προχωρῆσαι χαλεπὸν δὲ καὶ ὑποστρέψαι ἦν. Ἀποροῦντα οὖν αὐτὸν ὅ τι χρὴ πρᾶξαι, ἀνέπεισέ τις τῶν ἐπιχωρίων τῶν ἐνσπόνδων ἐπῳδαῖς τέ τισι καὶ μαγγανείαις χρήσασθαι, λέγων πολλάκις σφίσιν ἐκ τοῦ τοιούτου πολὺ ὕδωρ δεδόσθαι· καὶ αὐτῷ παραχρῆμα τοσοῦτον ἐκ τοῦ οὐρανοῦ ἐρρύη ὥστε καὶ τὸ δίψος ἐξακέσασθαι καὶ τοὺς πολεμίους προσκαταπλῆξαι, νομίσαντας τὸ θεῖόν οἱ ἐπικουρεῖν. Καὶ οἱ μὲν ἐκ τούτου ἐθελονταί τε ὡμολόγησαν καὶ κατελύσαντο· πραχθέντων δὲ τούτων ὁ Κλαύδιος διχῇ τοὺς Μαύρους τοὺς ὑπηκόους ἔνειμεν, ἔς τε τὰ περὶ Τέγγιν καὶ ἐς τὰ περὶ Καισάρειαν, ἀφ'ὧνπερ καὶ ὀνομάζονται, καὶ δύο ἄρχουσιν ἱππεῦσι προσέταξε. Κἀν τῷ αὐτῷ τούτῳ χρόνῳ καὶ τῆς Νουμιδίας τινὰ ἐπολεμήθη τε ὑπὸ τῶν προσοίκων βαρβάρων, καὶ ἔπειτα κρατηθέντων αὐτῶν μάχαις κατέστη.

[10] Ὑπάτευε δὲ ὁ Κλαύδιος μετὰ Γαΐου Λάργου, καὶ ἐκείνῳ μὲν δι'ἔτους ἄρξαι ἐφῆκεν, αὐτὸς δὲ δύο μησὶ καὶ τότε τὴν ἀρχὴν ἔσχε. Καὶ περί τε τῶν τοῦ Αὐγούστου πράξεων τούς τε ἄλλους ὥρκωσε καὶ αὐτὸς ἐπιστώθη (περὶ γὰρ τῶν ἑαυτοῦ οὐδενὶ τὸ παράπαν τοῦτο ποιῆσαι ἐπέτρεψε), καὶ ἐξιὼν ἐκ τῆς ἀρχῆς αὖθις ὤμοσεν ὥσπερ οἱ ἄλλοι. Καὶ ταῦτα μὲν ἀεὶ ὁσάκις ὑπάτευσεν ἐγένετο· τότε δὲ λόγους τινὰς ἐν τῇ νουμηνίᾳ τοῦ τε Αὐγούστου καὶ τοῦ Τιβερίου κατὰ δόγμα ἀναγιγνωσκομένους, ὥστε καὶ μέχρι τῆς ἑσπέρας τοὺς βουλευτὰς παρατείνεσθαι, ἔπαυσεν, ἀρκοῦν εἶναι φήσας ἐν ταῖς στήλαις αὐτοὺς ἐγγεγράφθαι. Ἐπεί τέ τινες τῶν στρατηγῶν τῶν τὴν διοίκησιν ἐγκεχειρισμένων αἰτίαν ἔλαβον, οὐκ ἐπεξῆλθε μέν σφισι, πιπράσκουσι δέ τινα καὶ μισθοῦσιν ἐπιφοιτήσας πάνθ'ὅσα ἐνόμιζε μὴ καλῶς γίγνεσθαι διώρθωσε· καὶ τοῦτο καὶ αὖθις πολλάκις ἐποίησεν. Ἀνωμάλως δὲ δὴ οἱ στρατηγοὶ ἀπεδείκνυντο· καὶ γὰρ τεσσαρεσκαίδεκα καὶ ὀκτωκαίδεκα, διὰ μέσου τε, ὥς που καὶ συνέπεσεν, ἐγίγνοντο. Τοῦτό τε οὖν περὶ τὴν διοίκησιν ἔπραξε, καὶ τρεῖς ἄνδρας τῶν ἐστρατηγηκότων πράκτορας τῶν τῷ δημοσίῳ ὀφειλομένων κατέστησε, καὶ ῥαβδούχους καὶ τὴν ἄλλην ὑπηρεσίαν αὐτοῖς δούς.

[1] Caius étant mort de la manière que nous avons dit, les consuls, après avoir établi des postes dans toutes les parties de la ville, assemblèrent le sénat au Capitole, où furent proposés des avis aussi nombreux que divers : les uns voulaient un gouvernement populaire, les autres un gouvernement monarchique; les uns préféraient tel prince, les autres tel autre. Aussi passèrent-ils le reste du jour et la nuit entière sans prendre aucune résolution. Sur ces entrefaites, quelques soldats étant entrés dans le palais, à dessein de piller, trouvèrent Claude caché dans un coin obscur (il était avec Caius et s'était alors tapi dans une cachette, effrayé du tumulte); ils commencèrent par l'en tirer, dans la créance que c'était un autre ou qu'il avait quelque objet précieux; puis, l'ayant reconnu, ils le saluèrent empereur, et l'emmenèrent dans le camp, où, avec le reste de leurs compagnons, attendu qu'il était de la famille impériale et qu'il passait pour homme de bon caractère, ils lui donnèrent la souveraine puissance. Les consuls, jusque-là, avaient envoyé, entre autres personnages, des tribuns du peuple pour défendre à Claude de rien faire et de demeurer soumis à l'autorité du peuple, du sénat et des lois; mais, abandonnés par les soldats qui les entouraient, ils finirent par consentir à cette élection et décernèrent à Claude tous les honneurs appartenant au pouvoir suprême.

[2] C'est ainsi que Claude Tibère Néron Germanicus, fils de Drusus fils de Livie, parvint à l'empire, bien qu'auparavant il n'eût exercé absolument aucune charge, sinon, une seule fois, celle de consul; il était alors âgé de cinquante ans. Son esprit n'était pas sans distinction: il s'était exercé aux lettres assez pour avoir composé des mémoires; mais son corps était tellement maladif, qu'il avait un tremblement dans la tête et dans les mains. Aussi sa voix manquait-elle de fermeté, et, quand il apportait au sénat quelque projet, ce n'était pas toujours lui qui le lisait; presque toujours, dans les premiers temps, il en faisait, même lorsqu'il était présent, communication par le questeur. Tout ce qu'il lisait lui-même, il le prononçait assis. Il fut le premier des Romains qui fit usage d'une chaise couverte; depuis lui, non seulement les empereurs, mais nous aussi, lorsque nous avons passé par le consulat, nous avons une chaise; auparavant, Auguste et Tibère, ainsi que quelques autres, se faisaient porter parfois dans des litières semblables à celles dont les femmes se servent encore communément aujourd'hui. Néanmoins, ce ne furent pas tant ces infirmités que ses affranchis et les femmes avec qui il eut commerce, qui lui firent tort. Parmi ceux de sa famille, nul ne fut plus que lui dominé d'une façon aussi manifeste par les esclaves et par les femmes; car ayant été, dès son enfance, sujet aux maladies et d'une timidité extrême, affectant pour cette raison, comme il l'avoua lui-même un jour dans le sénat, une sottise plus grande que celle qu'il avait réellement, longtemps dans la compagnie de son aïeule Livie, de sa mère Antonia et des affranchis, et, de plus, ayant eu des relations avec beaucoup de femmes, il n'y eut chez lui aucun sentiment libéral ; et, bien qu'il fût maître de l'empire romain et de ses sujets, il n'en fut pas moins esclave. C'était surtout par les plaisirs de la table et de l'amour qu'on l'attaquait, car il avait pour les deux une passion insatiable, et, dans ces occasions, il était très facile à circonvenir. En outre, il était d'une faiblesse de cœur qui, souvent, le saisissait si vivement, qu'il ne raisonnait plus. C'était par ce moyen que ceux qui s'étaient emparés de son esprit accomplissaient beaucoup de choses ; ils l'effrayaient pour profiter de sa peur, et ils inspiraient aux autres tant de crainte, que, pour tout dire en un mot, bien des gens invités à souper, le même jour à la fois, et par Claude et par ses ministres, négligeaient l'invitation de l'empereur, comme chose indifférente, et se rendaient à celle des autres.

[3] Bref, avec un tel caractère, Claude faisait beaucoup de choses bonnes, toutes les fois qu'il n'était pas sous l'influence des passions que j'ai dites et qu'il était maître de lui. Je vais rapporter ici le détail de ses actes. Il accepta immédiatement tous les honneurs qui lui étaient décernés, excepté le surnom de Père (il le prit dans la suite) ; néanmoins, il ne se rendit pas sur-le-champ au sénat, ce ne fut que tard et trente jours après son élection. Voyant de quelle manière avait péri Caius, et apprenant que plusieurs avaient été proposés par cette compagnie comme préférables à lui, il manquait de confiance, et, entre autres précautions dont il s'entourait, il faisait fouiller tous ceux qui l'approchaient, hommes et femmes, de peur qu'ils n'eussent un poignard; dans n'importe quels festins, il avait des soldats auprès de lui. Cette coutume, introduite par lui, subsiste encore de nos jours. Quant à l'usage de fouiller rigoureusement les gens, il fut aboli par Vespasien. Mais, pour revenir à Claude, bien qu'il fût content de la mort de Caius, il n'en fit pas moins mettre à mort Chéréas ; loin de lui être reconnaissant d'une action qui lui avait valu l'empire, il le haïssait pour avoir osé assassiner son empereur, prenant de loin à l'avance des mesures en vue de sa propre sûreté pour l'avenir. En apparence, ce ne fut pas pour venger Caius qu'il en agit ainsi, mais parce qu'il avait surpris Chéréas tramant un complot contre sa personne. Sabinus mourut volontairement avec Chéréas, ne croyant pas devoir survivre au supplice de son ami. Quant aux autres citoyens qui s'étaient déclarés partisans du gouvernement populaire ou qui jouissaient d'une considération assez grande pour arriver au pouvoir, non seulement il ne montra aucun ressentiment contre eux, mais même il leur donna des honneurs et des charges; car, mieux que personne, il sut et promettre une amnistie, à l'exemple de celle des Athéniens, comme il le disait, et l'observer. Il abolit également les accusations de majesté, non pas par des édits, mais encore par ses actes, et il ne punit personne pour ces sortes de délits, soit antérieurs, soit postérieurs à son avènement! Ceux qui, pendant qu'il n'était que simple particulier, l'avaient offensé en paroles ou en actions (beaucoup l'avaient fait sans réflexion comme s'adressant à un homme de nulle valeur, pour complaire les uns à Tibère, les autres à Caius), ne furent de sa part exposés à aucune accusation déguisée; néanmoins, quand ils se trouvaient avoir commis quelque autre crime, ils étaient également punis de leurs offenses.

[4] Il abolit les impôts établis sous le règne de Caius et rapporta celles des mesures prises par ce prince qui méritaient le blâme, sans toutefois le faire d'un seul coup, mais selon que l'occasion se présenta pour chacune d'elles. Il rappela les citoyens injustement exilés par son prédécesseur, ainsi qu'Agrippine et Julie, sœurs de Caius, à qui il rendit leurs biens. Parmi les citoyens jetés en prison (beaucoup étaient dans les fers), il fit relâcher ceux qui étaient accusés de lèse-majesté ou d'autres crimes de ce genre et punir ceux qui étaient véritablement coupables : il porta, en effet, une attention sérieuse à empêcher que ceux qui avaient commis quelque crime fussent relâchés parce qu'il y avait des calomniateurs, ou que les gens calomniés fussent confondus avec les coupables! Chaque jour, pour ainsi dire, il rendait la justice, soit en compagnie du sénat entier, soit en son particulier, la plupart du temps sur le Forum, quelquefois aussi dans un autre endroit, sur son tribunal ; car il rétablit l'usage des assesseurs, usage tombé en désuétude depuis la retraite de Tibère dans son île. Souvent aussi il examinait les causes de concert avec les consuls et avec les préteurs, surtout avec ceux qui étaient chargés de l'administration du trésor public, et il en confiait fort peu aux autres tribunaux. Les nombreux poisons trouvés dans les coffres de Caius, les livres de Protogène, qu'il fit mettre à mort, les lettres que Caius feignait d'avoir brûlées et qui furent retrouvées dans la demeure impériale, Claude les montra aux sénateurs, les donna à lire tant à ceux qui les avaient écrites qu'à ceux contre qui elles étaient écrites, et ensuite les livra aux flammes. Cependant, lorsque le sénat voulut noter Caius d'infamie, Claude s'opposa au décret, et, la nuit, il fit, en son privé nom, disparaître toutes les statues de ce prince. C'est pour cela que le nom de Caius, non plus que celui de Tibère, ne se trouve dans la liste des empereurs dont nous faisons mention soit dans nos serments soit dans nos prières; néanmoins ni l'un ni l'autre n'ont été notés d'infamie.

[5] Claude rapporta donc les mesures injustes prises par Caius et par d'autres à cause de lui; il donna les jeux du cirque pour le jour natal de Drusus son père et pour celui d'Antonia sa mère, transportant à d'autres jours les jeux qui tombaient en même temps, afin qu'ils ne fussent pas célébrés ensemble. Non seulement il honora la mémoire de son aïeule Livie par des jeux équestres, mais, de plus, il la mit au rang des déesses en lui consacrant une statue dans le temple d'Auguste, en prescrivant aux Vestales de lui offrir des sacrifices et en ordonnant aux femmes de jurer par son nom. Bien qu'ayant accordé de tels honneurs à ses parents, il n'accepta pour lui-même d'autres noms que ceux qui se rapportaient à son autorité. Le premier jour des calendes d'Auguste, qui était le jour de sa naissance, il y eut des jeux équestres, non pas en son honneur, mais en celui de Mars dont le temple avait été dédié ce jour-là, jour qui était, en souvenir de cette dédicace, fêté par des jeux annuels. En cela Claude se tint dans les bornes de la modération; de plus, il défendit qu'on se prosternât devant lui et qu'on lui offrît aucun sacrifice. Il mit aussi un terme aux acclamations fréquentes et exagérées; il n'accepta d'abord qu'une seule figure de lui, et encore était-ce en argent, avec deux statues d'airain et de pierre, qui lui furent décernées par un décret. Ces sortes de dépenses étaient, disait-il, superflues, et occasionnaient de grandes pertes et de grands embarras pour la ville; tous les temples et tous les autres édifices étaient tellement remplis de statues et d'offrandes qu'il déclara vouloir délibérer sur le parti à prendre à leur égard. Il défendit aux préteurs de donner des combats de gens armés, et ordonna que, toutes les fois qu'une autre personne en donnerait, n'importe en quel endroit, on se gardât bien d'écrire ou de dire qu'on le faisait pour le salut du prince. Tout cela était chez lui une résolution tellement arrêtée et si peu le résultat d'un calcul, qu'il prit encore d'autres mesures semblables. Les fiançailles de l'une de ses filles avec Junius Silanus et le mariage de l'autre avec Cn. Pompée Magnus (le Grand), qu'on célébra cette année, ne donnèrent lieu à rien d'extraordinaire; Claude, ces jours-là, rendit la justice et il y eut réunion du sénat. Il voulut que ses gendres fussent alors investis du vigintivirat et ensuite de la charge de préfets urbains pendant les Féries Latines; ce ne fut que tard qu'il finit par leur permettre de demander les autres charges cinq ans avant l'âge. Caius avait enlevé au Pompée dont il s'agit ici son nom de Magnus. Il avait même été sur le point de le faire périr parce qu'il s'appelait ainsi ; mais, dédaignant de recourir à ce parti à cause du bas âge de Pompée, il n'exécuta pas son dessein et se contenta de lui supprimer ce surnom, en disant qu'il était dangereux pour lui que quelqu'un portât le surnom de Magnus. Claude lui rendit ce nom et lui donna sa fille en mariage.

[6] Voilà de la part de Claude des actes estimables ; de plus, les consuls, dans la curie, étant un jour descendus de leurs sièges pour lui parler, il se leva à leur approche et alla à leur rencontre. A Naples, il vécut tout à fait en simple particulier : lui et ceux de sa suite employèrent leur temps à la manière des Grecs ; il prit le pallium et les sandales dans les concours de musique, la robe de pourpre et la couronne d'or dans les jeux gymniques. Il montra un désintéressement admirable à l'endroit des richesses. Il interdit l'usage de lui apporter de l'argent, comme cela s'était pratiqué sous Auguste et sous Caïus, et défendit à ceux qui avaient des parents à un degré quelconque de l'instituer héritier ; il alla même jusqu'à restituer les biens de ceux qui avaient été dépouillés sous Tibère et sous Caius, soit aux victimes elles-mêmes, lorsqu'elles existaient encore, soit à leurs enfants. L'usage voulait aussi que si, dans la célébration des jeux, il s'était passé la moindre chose contraire aux prescriptions de la loi, on les recommençât, comme je l'ai dit, chose qui souvent se répétait trois, quatre, cinq et jusqu'à dix fois, tantôt par l'effet du hasard, tantôt, et le plus souvent, par préméditation des intéressés ; une loi établit que les jeux du cirque n'auraient lieu qu'un seul jour la seconde fois, et le plus souvent même il empêcha de les recommencer ; les entrepreneurs, en effet, n'y trouvant plus de gros bénéfices à réaliser cessèrent aisément leurs prévarications. Les Juifs étant de nouveau devenus trop nombreux pour qu'on pût, attendu leur multitude, les expulser de Rome sans occasionner des troubles, il ne les chassa pas, mais il leur défendit de s'assembler pour vivre selon les coutumes de leurs pères. Il supprima aussi les confréries rétablies par Caius. Voyant que la plupart du temps il est inutile de défendre une chose aux hommes lorsqu'on ne réforme pas leur vie de chaque jour, il ferma les cabarets où se réunissaient les buveurs, défendit de vendre de la viande cuite et de l'eau chaude et châtia les contrevenants. Il restitua aux villes les statues que Caius avait transportées de chez elles à Rome, il restitua également leur temple aux Dioscures, et à Pompée un souvenir pour son théâtre sur la scène duquel il ajouta une inscription portant le nom de Tibère, parce que ce prince l'avait reconstruite à la suite d'un incendie. Il y grava son nom, parce qu'il l'avait non seulement restaurée, mais dédiée; il ne le mit sur aucune autre partie. Il ne garda pas, non plus, la toge triomphale tout le temps des jeux, mais seulement pendant le sacrifice ; le reste du temps, il les présida vêtu de la prétexte.

[7] Il fit paraître sur l'orchestre, entre autres citoyens, des chevaliers et des femmes du même rang qui avaient coutume d'y monter du temps de Caius, non parce que la chose lui plaisait, mais il voulait faire honte du passé; car, sous le règne de Claude, aucun d'eux ne fut admis désormais à monter sur la scène. Les enfants que Caius avait fait venir pour apprendre la pyrrhique, la dansèrent une seule fois, et, après avoir été, pour cela, honorés du droit de cité, furent renvoyés : les acteurs furent de nouveau pris parmi les esclaves. Voilà ce qui eut lieu pour le théâtre; dans le cirque, il y eut des courses de chameaux une fois, et douze fois des courses de chevaux; de plus, trois cents ours et un nombre égal de bêtes libyennes y furent égorgées. Chaque ordre en particulier, le sénat, les chevaliers et les plébéiens, y occupaient déjà une place séparée des autres, depuis que cette distinction avait été établie par une loi, sans néanmoins qu'aucune place fixe leur fût assignée ; Claude alors réserva pour les sénateurs les bancs où ils sont encore aujourd'hui assis et permit, en outre, à ceux d'entre eux qui le voudraient d'assister au spectacle à une place quelconque, pourvu que ce fût en costume de simple particulier. Cela fait, il donna un banquet aux sénateurs et à leurs femmes, ainsi qu'aux chevaliers et aux tribus.

[8] Ensuite il rendit à Antiochus la Commagène (Caius, en effet, après la lui avoir donnée lui-même, l'en avait dépouillé), et renvoya Mithridate l'Ibère dans son pays reprendre son royaume. Il accorda aussi à un autre Mithridate, descendant du fameux Mithridate, le Bosphore, en échange duquel il donna une partie de la Cilicie à Polémon. Il augmenta les États d'Agrippa de Palestine (ce prince se trouvait alors par hasard à Rome), qui l'avait aidé à se rendre maître de l'empire, et le décora des ornements consulaires. De plus, il donna à Hérode, frère d'Agrippa, le rang de préteur et un gouvernement; il permit aux deux princes de venir au sénat et de lui rendre grâces en langue grecque. Ces actes émanaient de Claude personnellement, et lui valurent l'approbation de tous ; mais d'autres actes, qui ne ressemblaient en rien à ceux-là, furent commis par ses affranchis et par sa femme Valéria Messaline. Messaline, en effet, irritée de ne recevoir de Julie, nièce de son mari, ni honneur ni flatteries, jalouse d'ailleurs de sa beauté et de ce que souvent elle s'entretenait seule avec Claude, la fit bannir, lui intentant, entre autres, une accusation d'adultère, qui fut aussi cause de l'exil d'Annius Sénèque, et, peu après, elle la fit mourir. Les affranchis, de leur côté, persuadèrent à Claude de recevoir les honneurs du triomphe pour les faits accomplis en Mauritanie, bien que, loin d'y avoir remporté quelque succès, il ne fut pas encore parvenu à l'empire au moment de la guerre. Au reste, cette même année, Sulpicius Galba battit les Maurusiens, et P. Gabinius, vainqueur des Cattes, conquit, entre autres honneurs, celui de rapporter la seule aigle restée chez ce peuple à la suite du désastre de Varus, de telle sorte que les deux victoires permirent à Claude de prendre justement le nom d'imperator.

[9] L'année suivante, les Maures, qui avaient recommencé la guerre, furent domptés. Suétonius Paulinus, ancien préteur, fit à son tour des incursions dans leur pays jusqu'à l'Atlas; Cn. Hosidius Géta, personnage du même rang et successeur du précédent, fit aussitôt marcher son armée contre leur chef Salabus et le vainquit une première et une deuxième fois. Celui-ci, après avoir laissé sur les frontières quelques soldats chargés d'arrêter la poursuite, s'étant réfugié dans les régions sablonneuses, Hosidius osa y pénétrer avec lui : disposant une partie de son armée de façon à se garder contre les embuscades, il poussa en avant, emportant avec lui la plus grande quantité d'eau qu'il put. Mais, quand cette eau vint à manquer et qu'il n'en trouva plus d'autre, il fut en proie à toute sorte de tourments; les barbares, habitués à résister pendant longtemps à la soif, et réussissant, grâce à leur connaissance des lieux, à se procurer de l'eau, prolongeaient leur résistance, tandis qu'il était impossible aux Romains d'avancer et qu'il leur était difficile de revenir en arrière. Dans cet embarras, un indigène allié décida Hosidius à recourir aux incantations et à la magie, affirmant que souvent un pareil moyen avait amené de l'eau en grande quantité : en effet, il en tomba du ciel une si grande abondance que l'armée put éteindre sa soif et que les ennemis furent effrayés, pensant que c'était un secours divin survenu à leurs adversaires. Aussi se décidèrent-ils spontanément à traiter de la paix. Cela fait, Claude partagea les Maures soumis en deux provinces, l'une comprenant les pays qui sont aux environs de Tingis, l'autre ceux qui entourent Césarée (c'est aussi de là que vient le nom donné à ces provinces), dont il confia le gouvernement à deux chevaliers. Dans ce même temps, plusiers parties de la Numidie furent attaquées par les barbares du voisinage, et ne retrouvèrent la paix qu'après leur défaite dans plusieurs batailles.

[10] Claude fut consul avec C. Largus; il le laissa exercer cette charge l'année entière; mais, pour lui, il ne la garda, cette fois encore, que deux mois. Il fit jurer les autres sur les actes d'Auguste et lui-même il s'engagea à y être fidèle (pour les siens, il ne permit à qui que ce fut de le faire), et, en sortant de charge, il prêta de nouveau serment comme les autres magistrats. Toujours, chaque fois qu'il fut consul, il observa cette règle; il fit alors cesser la lecture de certains discours d'Auguste et de Tibère, qui avait lieu, en vertu d'un sénatus-consulte, aux calendes de janvier, lecture qui retenait les sénateurs jusqu'au soir, disant que c'était assez que ces discours fussent gravés sur les plaques. Quelques-uns des préteurs chargés de l'administration du trésor ayant été accusés de malversation, Claude ne les poursuivit pas, mais, par la surveillance qu'il porta sur les ventes et sur les locations faites par eux, il corrigea tout ce qu'il trouvait mal, chose qu'il répéta fréquemment dans la suite. Le nombre des préteurs qu'on élisait à cette époque n'était jamais le même : on en nommait quatorze ou dix-huit, quelquefois un nombre intermédiaire, selon les circonstances. Telles furent les mesures qu'il prit relativement à l'administration du trésor; de plus, il chargea du recouvrement des sommes dues à l'Etat trois anciens préteurs, à qui il donna des licteurs et tous les autres gens dont le service leur était utile.

[11] Λιμοῦ τε ἰσχυροῦ γενομένου, οὐ μόνον τῆς ἐν τῷ τότε παρόντι ἀφθονίας τῶν τροφῶν ἀλλὰ καὶ τῆς ἐς πάντα τὸν μετὰ ταῦτα αἰῶνα πρόνοιαν ἐποιήσατο. Ἐπεσάκτου γὰρ παντὸς ὡς εἰπεῖν τοῦ σίτου τοῖς Ῥωμαίοις ὄντος, ἡ χώρα ἡ πρὸς ταῖς τοῦ Τιβέριδος ἐκβολαῖς, οὔτε κατάρσεις ἀσφαλεῖς οὔτε λιμένας ἐπιτηδείους ἔχουσα, ἀνωφελές σφισι τὸ κράτος τῆς θαλάσσης ἐποίει· ἔξω τε γὰρ τῶν τῇ τε ὡραίᾳ ἐσκομισθέντων καὶ ἐς τὰς ἀποθήκας ἀναχθέντων οὐδὲν τὴν χειμερινὴν ἐσεφοίτα, ἀλλ'εἴ τις παρεκινδύνευσε, κακῶς ἀπήλλασσε. Τοῦτ'οὖν συνιδὼν λιμένα τε κατασκευάσαι ἐπεχείρησεν, οὐδ'ἀπετράπη καίπερ τῶν ἀρχιτεκτόνων εἰπόντων αὐτῷ, πυθομένῳ πόσον τὸ ἀνάλωμα ἔσοιτο, « ὅτι οὐ θέλεις αὐτὸν ποιῆσαι »· οὕτως ὑπὸ τοῦ πλήθους τοῦ δαπανήματος ἀναχαιτισθῆναι αὐτόν, εἰ προπύθοιτο αὐτό, ἤλπισαν· ἀλλὰ καὶ ἐνεθυμήθη πρᾶγμα καὶ τοῦ φρονήματος καὶ τοῦ μεγέθους τοῦ τῆς Ῥώμης ἄξιον καὶ ἐπετέλεσε. Τοῦτο μὲν γὰρ ἐξορύξας τῆς ἠπείρου χωρίον οὐ σμικρόν, τὸ πέριξ πᾶν ἐκρηπίδωσε καὶ τὴν θάλασσαν ἐς αὐτὸ ἐσεδέξατο· τοῦτο δὲ ἐν αὐτῷ τῷ πελάγει χώματα ἑκατέρωθεν αὐτοῦ μεγάλα χώσας θάλασσαν ἐνταῦθα πολλὴν περιέβαλε, καὶ νῆσον ἐν αὐτῇ πύργον τε ἐπ'ἐκείνῃ φρυκτωρίαν ἔχοντα κατεστήσατο. Ὁ μὲν οὖν λιμὴν ὁ καὶ νῦν οὕτω κατά γε τὸ ἐπιχώριον ὀνομαζόμενος ὑπ'ἐκείνου τότε ἐποιήθη· τὴν δὲ δὴ λίμνην τὴν Φουκίνην τὴν τῶν Μαρσῶν ἠθέλησε μὲν ἐς τὸν Λῖριν ἐξαγαγεῖν, ὅπως ἥ τε χώρα ἡ περὶ αὐτὴν γεωργῆται καὶ ὁ ποταμὸς ναυσίπορος μᾶλλον γένηται, μάτην δὲ δὴ ἐδαπανήθη. Ἐνομοθέτησε μὲν οὖν καὶ ἄλλα τινά, ὧν οὐδεμία μοι ἄλλη ἀνάγκη μνημονεῦσαί ἐστι, κατέδειξε δὲ καὶ τάδε, τούς τε κληρωτοὺς ἄρχοντας πρὸ τῆς τοῦ Ἀπριλίου νουμηνίας, ἐπειδήπερ ἐπὶ πολὺ ἐν τῷ ἄστει ἐνεχρόνιζον, ἀφορμᾶσθαι, καὶ τοὺς αἱρετοὺς μηδεμίαν οἱ χάριν ἐν τῷ συνεδρίῳ γιγνώσκειν, ὅπερ κατά τι ἔθος ἐποίουν, εἰπὼν ὅτι « οὐχ οὗτοι ἐμοὶ χάριν ἔχειν ὀφείλουσιν ὥσπερ ἐσπουδαρχηκότες, ἀλλ'ἐγὼ τούτοις ὅτι μοι τὴν ἡγεμονίαν προθύμως συνδιαφέρουσι· καὶ ἄν γε καὶ καλῶς ἄρξωσι, πολὺ μᾶλλον αὐτοὺς ἐπαινέσω ». Τοῖς μὲν οὖν ὑπ'ἀσθενείας βίου μὴ δυναμένοις βουλεύειν ἐφίει παρίεσθαι, ἔκ τε τῶν ἱππέων τινὰς ἐς τὰς δημαρχίας ἐσεδέχετο· τοὺς δ'ἄλλους καὶ πάνυ πάντας ἐπηνάγκαζεν ἐς τὸ βουλευτήριον, ὁσάκις ἂν ἐπαγγελθῇ σφισι, συμφοιτᾶν. Καὶ ἐπὶ μὲν τούτῳ οὕτως ἰσχυρῶς τοῖς μὴ πειθαρχοῦσιν ἐπετίμα ὥστε τινὰς ἑαυτοὺς ἀναχρήσασθαι.

[12] Ἐς δὲ δὴ τὰ ἄλλα κοινὸς καὶ ἐπιεικὴς πρὸς αὐτοὺς ἦν, κάμνοντάς τε ἐπεσκέπτετο, καὶ ἑορτάζουσί σφισι συνεγίγνετο. Δημάρχου τέ τινος πληγὰς δούλῳ αὑτοῦ δημοσίᾳ δόντος αὐτὸν μὲν οὐδὲν κακὸν εἰργάσατο, τοὺς δ'ὑπηρέτας αὐτοῦ ἀφελόμενος ἔπειτα καὶ ἐκείνους οὐ πολλῷ ὕστερον ἀπέδωκε. Δοῦλόν τε ἕτερον αὑτοῦ, ὅτι τινὰ τῶν ἐπιφανῶν ὕβρισεν, ἐς τὴν ἀγορὰν πέμψας ἀπεμαστίγωσε. Κἀν τῷ συνεδρίῳ αὐτὸς μὲν ἐξανίστατο, εἴ ποτε ἐπὶ πολὺ οἱ ἄλλοι εἱστήκεσαν· καθήμενος γάρ, ὥσπερ εἶπον, ὑπὸ τῆς ἀρρωστίας πολλάκις ἀνεγίγνωσκέ τινα αἰτούμενος· Λουκίῳ δὲ δὴ Σύλλᾳ καὶ ἐς τὸ τῶν στρατηγῶν βάθρον, ὅτι μὴ δυνηθείς ποτε ὑπὸ γήρως ἐκ τῆς ἑαυτοῦ ἕδρας ἐπακοῦσαί τινα ἀνέστη, καθίζεσθαι ἐπέτρεψεν. Ἔν τε τῇ ἡμέρᾳ ἐν ᾗ αὐτοκράτωρ τῷ προτέρῳ ἔτει ἀπεδείχθη, αὐτὸς μὲν οὐδὲν ἐξαίρετον ἔπραξε, πλὴν ὅτι τοῖς δορυφόροις πέντε καὶ εἴκοσι δραχμὰς ἔδωκε, καὶ τοῦτο ἔπειτα κατ'ἔτος ἐποίησε· τῶν μέντοι στρατηγῶν τινες ἐθελονταὶ καὶ ἀπ'οὐδενὸς ψηφίσματος ἐκείνην τε τὴν ἡμέραν καὶ τὰ γενέθλια τὰ τῆς Μεσσαλίνης δημοσίᾳ ἐτίμων. Οὐ γάρ που καὶ πάντες αὐτὰ ἐποίουν, ἀλλ'ὅσοι ἐβούλοντο· τοσαύτην ἄδειαν εἶχον. Οὕτω τε ὡς ἀληθῶς ἐς πάντα τὰ τοιαῦτα ἐμετρίαζεν ὥστε γεννηθέντος αὐτῷ υἱέως, ὃς τότε μὲν Κλαύδιος Τιβέριος Γερμανικὸς ὕστερον δὲ καὶ Βρεττανικὸς ἐπωνομάσθη, οὔτ'ἄλλο τι ἐπιφανὲς ἔπραξεν οὔτ'Αὔγουστον αὐτὸν ἢ τήν γε Μεσσαλῖναν Αὔγουσταν ἐπικληθῆναι ἐφῆκεν.

[13] Ἐτίθει μὲν οὖν συνεχῶς μονομαχίας ἀγῶνας· πάνυ γάρ σφισιν ἔχαιρεν, ὥστε καὶ αἰτίαν ἐπὶ τούτῳ σχεῖν· ἀπώλλυντο δὲ θηρία μὲν ἐλάχιστα ἄνθρωποι δὲ πολλοί, οἱ μὲν ἀλλήλοις μαχόμενοι οἱ δὲ καὶ ὑπ'ἐκείνων ἀναλούμενοι. Τοὺς γὰρ δούλους τούς τ'ἀπελευθέρους τοὺς ἐπί τε τοῦ Τιβερίου καὶ ἐπὶ τοῦ Γαΐου τοῖς δεσπόταις σφῶν ἐπιβουλεύσαντας, τούς τε τὴν ἄλλως συκοφαντήσαντάς τινας ἢ καὶ καταψευδομαρτυρήσαντάς τινων, δεινῶς ἐμίσει, καὶ αὐτῶν τοὺς μὲν πλείους οὕτως ἀνήλισκε, τοὺς δὲ ἕτερόν τινα τρόπον ἐκόλαζε, πολλοὺς δὲ καὶ τοῖς δεσπόταις αὐτοῖς ἐπὶ τιμωρίᾳ παρεδίδου. Τοσοῦτον δ'οὖν τὸ πλῆθος τῶν ἐν τῷ κοινῷ θνησκόντων ἐγίγνετο ὥστε καὶ τὸν τοῦ Αὐγούστου ἀνδριάντα τὸν ἐν τῷ χωρίῳ ἐκείνῳ ἱδρυμένον ἑτέρωσέ ποι μετενεχθῆναι τοῦ δὴ μήτε ἐφορᾶν αὐτὸν τοὺς φόνους νομίζεσθαι μήτε ἀεὶ κατακαλύπτεσθαι. Καὶ ἐπὶ μὲν τούτῳ γέλωτα ὠφλίσκανεν, εἰ δὴ ὅσα μηδὲ τὸν χαλκὸν τὸν ἀναίσθητον δοκεῖν ὁρᾶν ἠξίου, τούτων αὐτὸς διεπίμπλατο· τά τε γὰρ ἄλλα καὶ τοὺς διὰ μέσου τῆς θέας παρὰ τὸν τοῦ ἀρίστου καιρὸν κατακοπτομένους ἥδιστα ἐθεώρει, καίτοι λέοντα δεδιδαγμένον ἀνθρώπους ἐσθίειν καὶ πάνυ γε διὰ τοῦτο τῷ πλήθει ἀρέσκοντα ἀποκτείνας ὡς οὐ προσῆκον ὂν τοιοῦτό τι θέαμα ὁρᾶν Ῥωμαίους· ὅτι δὲ δή σφισι κοινῶς τε ἐν τῇ θέᾳ συνῆν καὶ παρεῖχεν ὅσα ἐβούλοντο, καὶ κήρυξι μὲν ἐλάχιστα ἐχρῆτο, τὰ δὲ δὴ πλείω ἐς σανίδας γράφων διεδήλου, σφόδρα ἐπῃνεῖτο.

[14] Ἐθισθεὶς δ'οὖν αἵματος καὶ φόνων ἀναπίμπλασθαι προπετέστερον καὶ ταῖς ἄλλαις σφαγαῖς ἐχρήσατο. Αἴτιοι δὲ τούτου οἵ τε Καισάρειοι καὶ ἡ Μεσσαλῖνα ἐγένοντο· ὁπότε γὰρ ἀποκτεῖναί τινα ἐθελήσειαν, ἐξεφόβουν αὐτόν, κἀκ τούτου πάνθ'ὅσα ἐβούλοντο ποιεῖν ἐπετρέποντο. Καὶ πολλάκις γε ἐξαπιναίως ἐκπλαγεὶς καὶ κελεύσας τινὰ ἐκ τοῦ παραχρῆμα περιδεοῦς ἀπολέσθαι, ἔπειτα ἀνενεγκὼν καὶ ἀναφρονήσας ἐπεζήτει τε αὐτόν, καὶ μαθὼν τὸ γεγονὸς ἐλυπεῖτό τε καὶ μετεγίγνωσκεν. ἤρξατο δὲ τῶν φόνων τούτων ἀπὸ Γαΐου Ἀππίου Σιλανοῦ. Τοῦτον γὰρ εὐγενέστατόν τε ὄντα καὶ τῆς Ἰβηρίας τότε ἄρχοντα μεταπεμψάμενος ὥς τι αὐτοῦ δεόμενος, καὶ τήν τε μητέρα οἱ τὴν τῆς Μεσσαλίνης συνοικίσας, καὶ αὐτὸν ἔν τε τοῖς φιλτάτοις καὶ ἐν τοῖς συγγενεστάτοις χρόνον τινὰ τιμήσας, ἔπειτ'ἐξαίφνης ἔσφαξεν, ὅτι τῇ τε Μεσσαλίνῃ προσέκρουσεν οὐκ ἐθελήσας αὐτῇ συγγενέσθαι πορνικωτάτῃ τε καὶ ἀσελγεστάτῃ οὔσῃ, καὶ τῷ Ναρκίσσῳ τῷ ἀπελευθέρῳ αὐτοῦ δι'ἐκείνην. Καὶ οὐ γὰρ εἶχον οὔτ'ἀληθὲς οὔτε πιθανόν τι κατ'αὐτοῦ εἰπεῖν, συνέπλασεν ὄναρ ὁ Νάρκισσος ὡς σφαττόμενον τὸν Κλαύδιον ὑπὸ τοῦ Σιλανοῦ αὐτοχειρίᾳ ἰδών, καὶ αὐτός τε εὐθὺς ὑπὸ τὴν ἕω ἐν τῇ εὐνῇ οἱ ἔτ'ὄντι ὑπότρομος διηγήσατο, καὶ ἡ Μεσσαλῖνα παραλαβοῦσα ἐδείνωσε. Καὶ ὁ μὲν οὕτως ἐξ ἐνυπνίου παραπώλετο.

[15] Τελευτήσαντος δ'αὐτοῦ οὐκέτι χρηστὴν ἐλπίδα οἱ Ῥωμαῖοι τοῦ Κλαυδίου ἔσχον, ἀλλ'εὐθὺς αὐτῷ ἄλλοι τε καὶ Ἄννιος Οὐινικιανὸς ἐπεβούλευσεν. Οὗτός τε γὰρ ἐκ τῶν ἐς τὴν ἡγεμονίαν μετὰ τὸν τοῦ Γαΐου θάνατον προβληθέντων ἦν, καί τι καὶ ἐκ τούτου δεδιὼς ἐνεωτέρισεν· ἐπειδή τε οὐδεμίαν ἰσχὺν ἐκέκτητο, ἔπεμψε πρὸς Φούριον Κάμιλλον Σκριβωνιανὸν τῆς τε Δελματίας ἄρχοντα καὶ δύναμιν συχνὴν πολιτικὴν καὶ ξενικὴν ἔχοντα, καὶ προσανέπεισεν αὐτὸν καὶ καθ'ἑαυτὸν διανοούμενον ἐπαναστῆναι, ἄλλως τε καὶ ὅτι ἐπίδοξος αὐταρχήσειν ἐγεγόνει. Πράξαντος δὲ αὐτοῦ τοῦτο συχνοὶ μὲν καὶ βουλευταὶ καὶ |ἱππῆς πρὸς αὐτὸν ὥρμησαν - - -. Οἱ γὰρ στρατιῶται, τοῦ Καμίλλου τό τε τοῦ δήμου σφίσιν ὄνομα προτείνοντος καὶ τὴν ἀρχαίαν ἐλευθερίαν ἀποδώσειν ὑπισχνουμένου, ὑπώπτευσαν πράγματα αὖθις καὶ στάσεις ἕξειν, καὶ οὐκέτ'αὐτῷ ἐπείσθησαν. Καὶ ὁ μὲν ἐκ τούτου φοβηθείς σφας ἔφυγε, καὶ ἐς τὴν Ἴσσαν τὴν νῆσον ἐλθὼν ἐνταῦθα ἑκούσιος ἀπέθανε· Κλαύδιος δὲ τέως μὲν πάνυ κατέδεισεν, ὥστε καὶ ἐθελοντὴς ἑτοίμως ἔχειν τοῦ κράτους αὐτῷ ἐκστῆναι, τότε δὲ ἀναθαρσήσας τοὺς μὲν στρατιώτας ἄλλοις τέ τισιν ἠμείψατο καὶ τῷ τὰ πολιτικὰ αὐτῶν στρατόπεδα, τό τε ἕβδομον καὶ τὸ ἑνδέκατον, καὶ Κλαυδίεια καὶ πιστὰ καὶ εὐσεβῆ καὶ πρὸς τῆς βουλῆς ἐπονομασθῆναι, τοὺς δὲ συνεπιβουλεύσαντας αὐτῷ ἀνεζήτησε, καὶ πολλοὺς ἐπὶ τούτῳ ἄλλους τε καὶ στρατηγόν τινα, προαπειπόντα τὴν ἀρχήν, ἀπέκτεινε. Συχνοὶ δὲ καὶ ἑαυτούς, ἄλλοι τε καὶ ὁ Οὐινικιανός, κατεχρήσαντο. Τῆς γὰρ ἀφορμῆς ταύτης ἥ τε Μεσσαλῖνα καὶ ὁ Νάρκισσος, ὅσοι τε συνεξελεύθεροι αὐτοῦ, λαβόμενοι οὐδὲν ὅ τι τῶν δεινοτάτων οὐκ ἐποίησαν. Τά τε γὰρ ἄλλα καὶ τοῖς δούλοις τοῖς τε ἀπελευθέροις μηνυταῖς κατὰ τῶν δεσποτῶν αὐτῶν ἐχρῶντο. Καὶ τούτους τε καὶ ἑτέρους καὶ πάνυ εὐγενεῖς, οὐχ ὅτι ξένους ἀλλὰ καὶ πολίτας, οὐχ ὅτι δημότας ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν ἱππέων τῶν τε βουλευτῶν τινας, ἐβασάνιζον, καίτοι τοῦ Κλαυδίου κατ'ἀρχὰς εὐθὺς τῆς ἡγεμονίας ὀμόσαντος μηδένα βασανιεῖν ἐλεύθερον.

[16] Ἄνδρες τε οὖν ἐν τούτῳ πολλοὶ καὶ γυναῖκες, καὶ ἐν αὐτῷ γε εἰσὶν αἳ τῷ δεσμωτηρίῳ, ἐκολάσθησαν. Μέλλουσαί τε ἀποθνήσκειν ἐπὶ βῆμα καὶ αὐταὶ ἀνήγοντο δεδεμέναι ὥσπερ αἰχμάλωτοι, καὶ τὰ σώματα καὶ ἐκείνων ἐς τοὺς ἀναβασμοὺς ἐρριπτεῖτο· τῶν γὰρ ἔξω που θανατωθέντων αἱ κεφαλαὶ μόναι ἐνταῦθα προετίθεντο. ἤδη δ'οὖν τινες καὶ τῶν πάνυ ὑπαιτίων, οἱ μὲν χάρισιν οἱ δὲ καὶ χρήμασιν, ὑπό τε τῆς Μεσσαλίνης καὶ ὑπὸ τῶν περὶ τὸν Νάρκισσον Καισαρείων περιεγένοντο. Καὶ οἵ γε παῖδες τῶν ἀπολλυμένων τὴν μὲν ἄδειαν πάντες, εἰσὶ δὲ οἳ καὶ χρήματα ἐλάμβανον. Ἐκρίνοντο δὲ ἐν τῷ συνεδρίῳ, τοῦ τε Κλαυδίου καὶ τῶν ἐπάρχων τῶν τε ἐξελευθέρων αὐτοῦ παρόντων· τὴν μὲν γὰρ ἐσήγησιν ἐν μέσῳ τῶν ὑπάτων ἐπὶ δίφρου ἀρχικοῦ ἢ καὶ ἐπὶ βάθρου καθήμενος ἐποιεῖτο, μετὰ δὲ τοῦτο αὐτός τε ἐπὶ τὴν συνήθη ἕδραν μετήρχετο, καὶ ἐκείνοις οἱ δίφροι ἐτίθεντο. Καὶ ταῦτα μὲν καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων τῶν μεγίστων ὁμοίως ἐγίγνετο· τότε δὲ Γάλαισός τις ἀπελεύθερος τοῦ Καμίλλου πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα ἐσαχθεὶς ἐς τὸ βουλευτήριον ἐπαρρησιάσατο, ἓν δὲ δὴ καὶ τόδε μνήμης ἄξιον. Τοῦ γὰρ Ναρκίσσου παρελθόντος ἐς τὸ μέσον καὶ εἰπόντος αὐτῷ « τί ἂν ἐποίησας, Γάλαισε, εἰ Κάμιλλος ἐμεμοναρχήκει; » ἀπεκρίνατο ὅτι « εἱστήκειν ἂν ὄπισθεν αὐτοῦ καὶ ἐσιώπων. » αὐτός τε οὖν ἐπὶ τούτῳ καὶ Ἀρρία αὖ ἐφ'ἑτέρῳ ὀνομαστοὶ ἐγένοντο. Αὕτη γὰρ γυνὴ Καικίνου Παίτου οὖσα οὔτ'ἠθέλησε θανατωθέντος αὐτοῦ ζῆσαι, καίπερ καὶ ἐν τιμῇ τινι εἶναι δυναμένη (τῇ γὰρ Μεσσαλίνῃ σφόδρα ᾠκείωτο), καὶ προσέτι καὶ τὸν ἄνδρα ἀποδειλιῶντα ἐπέρρωσε· τὸ γὰρ ξίφος λαβοῦσα ἑαυτήν τε ἔτρωσε, καὶ ἐκείνῳ ὤρεξεν εἰποῦσα « ἰδού, Παῖτε, οὐκ ἀλγῶ. » καὶ οἱ μὲν ἐπῃνοῦντο· ἤδη γὰρ ὑπὸ τῆς συνεχείας τῶν κακῶν ἐς τοῦτο τὰ πράγματα προεληλύθει ὥστ'ἀρετὴν μηκέτ'ἄλλο μηδὲν ἢ τὸ γενναίως ἀποθανεῖν νομίζεσθαι· Κλαύδιος δὲ οὕτω που πρὸς τὴν τιμωρίαν τήν τε ἐκείνων καὶ τὴν τῶν ἄλλων ἔσχεν ὥστε καὶ σύνθημα τοῖς στρατιώταις τὸ ἔπος τοῦτο συνεχῶς διδόναι, τὸ ὅτι χρὴ ἄνδρα ἀπαμύνασθαι ὅτε τις πρότερος χαλεπήνῃ. Καὶ ἄλλα δὲ πολλὰ καὶ πρὸς ἐκείνους καὶ πρὸς τὴν βουλὴν τοιουτότροπα ἑλληνιστὶ παρεφθέγγετο, ὥστε καὶ γέλωτα παρὰ τοῖς δυναμένοις ἔστιν ἃ αὐτῶν συνεῖναι ὀφλισκάνειν. Τότε μὲν δὴ ταῦτά τε ἐγένετο, καὶ οἱ δήμαρχοι τελευτήσαντός σφων ἑνὸς αὐτοὶ τὴν γερουσίαν ἐς τὸ τὸν δημαρχήσοντα ἀντικαταστῆσαι, καίτοι τῶν ὑπάτων παρόντων, ἤθροισαν.

[17] Μετὰ δὲ τοῦτο ὁ Κλαύδιος ὑπατεύσας αὖθις τὸ τρίτον πολλὰς μὲν θυσίας πολλὰς δὲ καὶ ἱερομηνίας ἔπαυσε· τό τε γὰρ πλεῖστον τοῦ ἔτους ἐς αὐτὰς ἀνηλίσκετο, καὶ τῷ δημοσίῳ ζημία οὐκ ἐλαχίστη ἐγίγνετο. Ταύτας τε οὖν συνέτεμε, καὶ τὰ ἄλλα ὅσα ἐνεδέχετο συνέστειλε. Καὶ τὰ μὲν ὑπὸ τοῦ Γαΐου μήτε ἐν δίκῃ μήτε ἐν λόγῳ τινὶ δοθέντα τισὶν ἀπῄτησε, τοῖς δὲ ὁδοποιοῖς ἀπέδωκεν ὅσα ἐπ'αὐτοῦ διὰ τὸν Κορβούλωνα ἐζημίωντο. Πρὸς δ'ἔτι τοῖς ἄρχουσι τοῖς κληρωτοῖς, βραδέως ἔτι καὶ τότε ἐκ τῆς πόλεως ἐξορμωμένοις, προεῖπε πρὶν μεσοῦν τὸν Ἀπρίλιον ἀπαίρειν. Τούς τε Λυκίους στασιάσαντας, ὥστε καὶ Ῥωμαίους τινὰς ἀποκτεῖναι, ἐδουλώσατό τε καὶ ἐς τὸν τῆς Παμφυλίας νομὸν ἐσέγραψεν. Ἐν δὲ δὴ τῇ διαγνώσει ταύτῃ (ἐποιεῖτο δὲ αὐτὴν ἐν τῷ βουλευτηρίῳ) ἐπύθετο τῇ Λατίνων γλώσσῃ τῶν πρεσβευτῶν τινος, Λυκίου μὲν τὸ ἀρχαῖον ὄντος Ῥωμαίου δὲ γεγονότος· καὶ αὐτόν, ἐπειδὴ μὴ συνῆκε τὸ λεχθέν, τὴν πολιτείαν ἀφείλετο, εἰπὼν μὴ δεῖν Ῥωμαῖον εἶναι τὸν μὴ καὶ τὴν διάλεξίν σφων ἐπιστάμενον. Συχνοὺς δὲ δὴ καὶ ἄλλους καὶ ἀναξίους τῆς πολιτείας ἀπήλασε, καὶ ἑτέροις αὐτὴν καὶ πάνυ ἀνέδην, τοῖς μὲν κατ'ἄνδρα τοῖς δὲ καὶ ἀθρόοις, ἐδίδου. Ἐπειδὴ γὰρ ἐν πᾶσιν ὡς εἰπεῖν οἱ Ῥωμαῖοι τῶν ξένων προετετίμηντο, πολλοὶ αὐτὴν παρά τε αὐτοῦ ἐκείνου ᾐτοῦντο καὶ παρὰ τῆς Μεσσαλίνης τῶν τε Καισαρείων ὠνοῦντο· καὶ διὰ τοῦτο μεγάλων τὸ πρῶτον χρημάτων πραθεῖσα, ἔπειθ'οὕτως ὑπὸ τῆς εὐχερείας ἐπευωνίσθη ὥστε καὶ λογοποιηθῆναι ὅτι κἂν ὑάλινά τις σκεύη συντετριμμένα δῷ τινι πολίτης ἔσται. Ἐπὶ μὲν οὖν τούτῳ διεσκώπτετο, ἐπὶ δὲ ἐκείνῳ ἐπῃνεῖτο ὅτι πολλῶν συκοφαντουμένων, τῶν μὲν ὅτι τῇ τοῦ Κλαυδίου προσρήσει οὐκ ἐχρῶντο, τῶν δὲ ὅτι μηδὲν αὐτῷ τελευτῶντες κατέλειπον, ὡς καὶ ἀναγκαῖον ὂν τοῖς τῆς πολιτείας παρ'αὐτοῦ τυχοῦσιν ἑκάτερον ποιεῖν, ἀπηγόρευσε μηδένα ἐπ'αὐτοῖς εὐθύνεσθαι. Ἡ δ'οὖν Μεσσαλῖνα οἵ τε ἀπελεύθεροι αὐτοῦ οὕτως οὐ τὴν πολιτείαν μόνον, οὐδὲ τὰς στρατείας καὶ τὰς ἐπιτροπείας τάς τε ἡγεμονίας, ἀλλὰ καὶ τἆλλα πάντα ἀφειδῶς ἐπώλουν καὶ ἐκαπήλευον ὥστε σπανίσαι πάντα τὰ ὤνια, κἀκ τούτου καὶ τὸν Κλαύδιον ἀναγκασθῆναι ἔς τε τὸ Ἄρειον πεδίον συναγαγεῖν τὸ πλῆθος, κἀνταῦθα ἀπὸ βήματος τὰς τιμὰς αὐτῶν διατάξαι. Αὐτὸς μὲν οὖν ὁπλομαχίας ἀγῶνα ἐν τῷ στρατοπέδῳ, χλαμύδα ἐνδύς, ἔθηκε· τὰ δὲ δὴ γενέθλια τὰ τοῦ υἱέος αὐτοῦ οἱ στρατηγοὶ ἐθελονταὶ θέας τέ τινος ποιήσει καὶ δείπνων ἑώρτασαν. Καὶ τοῦτο καὶ αὖθις, ὅσοις γε καὶ ἔδοξεν αὐτῶν, ἐπράχθη.

[18] Μεσσαλῖνα δὲ ἐν τούτῳ αὐτή τε ἠσέλγαινε καὶ τὰς ἄλλας γυναῖκας ἀκολασταίνειν ὁμοίως ἠνάγκαζε, καὶ πολλάς γε καὶ ἐν αὐτῷ τῷ παλατίῳ, τῶν ἀνδρῶν παρόντων καὶ ὁρώντων, μοιχεύεσθαι ἐποίει. Καὶ ἐκείνους μὲν καὶ ἐφίλει καὶ ἠγάπα, τιμαῖς τε καὶ ἀρχαῖς ἤγαλλε, τοὺς δ'ἄλλους τοὺς μὴ συγκαθιέντας σφᾶς ἐς τοῦτο καὶ ἐμίσει καὶ πάντα τρόπον ἀπώλλυε. Καὶ ταῦτα μέντοι τοιαῦτά τε ὄντα καὶ ἀναφανδὸν οὕτω γιγνόμενα τὸν Κλαύδιον ἐπὶ πλεῖστον ἔλαθεν· ἐκείνῳ τε γὰρ θεραπαινίδιά τινα συμπαρακατέκλινε, καὶ τούς τι δυναμένους οἱ μηνῦσαι τοὺς μὲν εὐεργεσίαις τοὺς δὲ καὶ τιμωρίαις προκατελάμβανεν, ὥσπερ καὶ τότε καὶ Κατώνιον Ἰοῦστον τοῦ τε δορυφορικοῦ ἄρχοντα καὶ δηλῶσαί τι αὐτῷ περὶ τούτων ἐθελήσαντα προδιέφθειρε. Τήν τε Ἰουλίαν τὴν τοῦ Δρούσου μὲν τοῦ Τιβερίου παιδὸς θυγατέρα, τοῦ δὲ δὴ Νέρωνος τοῦ Γερμανικοῦ γυναῖκα γενομένην, ζηλοτυπήσασα ὥσπερ καὶ τὴν ἑτέραν, ἀπέσφαξε. Καί τις ἐν τούτῳ τῶν ἱππέων, ὡς καὶ ἐπιβουλεύσας τῷ Κλαυδίῳ, κατὰ τοῦ Καπιτωλίου ὑπό τε τῶν δημάρχων καὶ τῶν ὑπάτων κατεκρημνίσθη.

[19] Ἐν μὲν δὴ τῇ πόλει ταῦτ'ἐγίγνετο, κατὰ δὲ τὸν αὐτὸν τοῦτον χρόνον Αὖλος Πλαύτιος βουλευτὴς λογιμώτατος ἐς τὴν Βρεττανίαν ἐστράτευσε· Βέρικος γάρ τις ἐκπεσὼν ἐκ τῆς νήσου κατὰ στάσιν ἔπεισε τὸν Κλαύδιον δύναμιν ἐς αὐτὴν πέμψαι. Καὶ οὕτως ὁ Πλαύτιος στρατηγήσας τὸ μὲν στράτευμα χαλεπῶς ἐκ τῆς Γαλατίας ἐξήγαγεν· ὡς γὰρ ἔξω τῆς οἰκουμένης στρατεύσοντες ἠγανάκτουν, καὶ οὐ πρότερόν γε αὐτῷ ἐπείσθησαν πρὶν τὸν Νάρκισσον ὑπὸ τοῦ Κλαυδίου πεμφθέντα ἀναβῆναί τε ἐπὶ τὸ τοῦ Πλαυτίου βῆμα καὶ δημηγορῆσαί τι ἐθελῆσαι τότε γὰρ πολλῷ που μᾶλλον ἐπ'αὐτῷ ἀχθεσθέντες οὔτε τι ἐκείνῳ εἰπεῖν ἐπέτρεψαν, συμβοήσαντες ἐξαίφνης τοῦτο δὴ τὸ θρυλούμενον « ἰὼ σατουρνάλια, » ἐπειδήπερ ἐν τοῖς Κρονίοις οἱ δοῦλοι τὸ τῶν δεσποτῶν σχῆμα μεταλαμβάνοντες ἑορτάζουσι, καὶ τῷ Πλαυτίῳ εὐθὺς ἑκούσιοι συνέσποντο. Τὴν μὲν οὖν ὁρμὴν χρονίαν διὰ ταῦτ'ἐποιήσαντο, τριχῇ δὲ δὴ νεμηθέντες ὅπως μὴ καθ'ἓν περαιούμενοι κωλυθῶσί ποι προσσχεῖν, κἀν τῷ διάπλῳ τὸ μέν τι δυσφορήσαντες ἐπειδὴ ἐπαλινδρόμησαν, τὸ δὲ ἀναθαρσήσαντες ὅτι λαμπὰς ἀπὸ τῶν ἀνατολῶν ἀρθεῖσα πρὸς τὰς δυσμὰς ᾗπερ ἔπλεον διέδραμε, κατῆραν ἐς τὴν νῆσον μηδενός σφισιν ἐναντιωθέντος· οἱ γὰρ Βρεττανοὶ μὴ προσδοκήσαντες αὐτοὺς δι'ἅπερ ἐπυνθάνοντο ἥξειν, οὐ προσυνελέγησαν. Οὐ μὴν οὐδὲ τότε ἐς χεῖρας αὐτοῖς ἦλθον, ἀλλ'ἔς τε τὰ ἕλη καὶ ἐς τὰς ὕλας κατέφυγον, ἐλπίσαντές σφας ἄλλως κατατρίψειν, ὥσθ´, ὅπερ ἐπὶ τοῦ Καίσαρος τοῦ Ἰουλίου ἐγεγόνει, διὰ κενῆς αὐτοὺς ἀναπλεῦσαι.

[20] Ὁ οὖν Πλαύτιος πολλὰ μὲν πράγματα ἀναζητῶν σφας ἔσχεν, ἐπεὶ δὲ εὗρέ ποτε (ἦσαν δὲ οὐκ αὐτόνομοι ἀλλ'ἄλλοι ἄλλοις βασιλεῦσι προστεταγμένοι), πρῶτον μὲν Καράτακον ἔπειτα Τογόδουμνον, Κυνοβελλίνου παῖδας, ἐνίκησεν· αὐτὸς γὰρ ἐτεθνήκει. Φυγόντων δὲ ἐκείνων προσεποιήσατο ὁμολογίᾳ μέρος τι τῶν Βοδούννων, ὧν ἐπῆρχον Κατουελλανοὶ ὄντες, κἀνταῦθα φρουρὰν καταλιπὼν πρόσω ᾔει. Ὡς δ'ἐπὶ ποταμῷ τινι ἐγένοντο ὃν οὐκ ᾤοντο οἱ βάρβαροι δυνήσεσθαι τοὺς Ῥωμαίους ἄνευ γεφύρας διαβῆναι, καὶ διὰ τοῦτ'ἀμελέστερόν πως ἐπὶ τῆς ὄχθης αὐτοῦ τῆς κατ'ἀντιπέραν ηὐλίζοντο, πέμπει Κελτούς, οἷς ἔθος ἦν καὶ διὰ τῶν ῥοωδεστάτων ῥᾳδίως αὐτοῖς ὅπλοις διανήχεσθαι. Καὶ ἐπειδὴ ἐκεῖνοι παρὰ δόξαν τοῖς ἐναντίοις προσπεσόντες τῶν μὲν ἀνδρῶν οὐδένα ἔβαλλον, τοὺς δ'ἵππους τοὺς τὰ ἅρματα αὐτῶν ἄγοντας ἐτίτρωσκον, κἀκ τούτου ταραττομένων σφῶν οὐδ'οἱ ἐπιβάται ἀσφαλεῖς εἶναι ἐδύναντο, ἐπιδιέπεμψε τόν τε Οὐεσπασιανὸν τὸν Φλάουιον τὸν καὶ τὴν αὐτοκράτορα μετὰ ταῦτα ἀρχὴν λαβόντα, καὶ τὸν ἀδελφὸν αὐτοῦ Σαβῖνον ὑποστρατηγοῦντά οἱ· καὶ οὕτω διελθόντες πῃ καὶ ἐκεῖνοι τὸν ποταμὸν συχνοὺς τῶν βαρβάρων μὴ προσδεχομένους ἀπέκτειναν. Οὐ μέντοι οἱ λοιποὶ ἔφυγον, ἀλλὰ τῆς ὑστεραίας αὖθις συμβαλόντες σφίσιν ἀγχώμαλα ἠγωνίσαντο, πρὶν δὴ Γναῖος Ὁσίδιος Γέτας κινδυνεύσας ἁλῶναι, ἔπειθ'οὕτως αὐτῶν ἐκράτησεν ὥστε καὶ τιμὰς ἐπινικίους, καίπερ οὐχ ὑπατευκώς, λαβεῖν. Ἀναχωρησάντων δὲ ἐντεῦθεν τῶν Βρεττανῶν ἐπὶ τὸν Ταμέσαν ποταμόν, καθ'ὃ ἔς τε τὸν ὠκεανὸν ἐκβάλλει πλημμύροντός τε αὐτοῦ λιμνάζει, καὶ ῥᾳδίως αὐτὸν διαβάντων ἅτε καὶ τὰ στέριφα τά τε εὔπορα τοῦ χωρίου ἀκριβῶς εἰδότων, οἱ Ῥωμαῖοι ἐπακολουθήσαντές σφισι ταύτῃ μὲν ἐσφάλησαν, διανηξαμένων δ'αὖθις τῶν Κελτῶν, καί τινων ἑτέρων διὰ γεφύρας ὀλίγον ἄνω διελθόντων, πολλαχόθεν τε ἅμα αὐτοῖς προσέμιξαν καὶ πολλοὺς αὐτῶν κατέκοψαν, τούς τε λοιποὺς ἀπερισκέπτως ἐπιδιώκοντες ἔς τε ἕλη δυσδιέξοδα ἐσέπεσον καὶ συχνοὺς ἀπέβαλον.

[11] Une grande famine étant survenue, Claude avisa aux moyens d'avoir, non seulement dans le présent, mais aussi toujours dans l'avenir, des vivres en abondance. Presque tout le blé, en effet, que consomment les Romains étant apporté du dehors, et le pays situé à l'embouchure du Tibre, n'offrant ni rades sûres ni ports convenables, rendait inutile aux Romains l'empire de la mer; car, excepté celui qui arrivait dans la belle saison et qu'on portait dans les greniers, il n'en venait point l'hiver, et, si quelqu'un essayait d'en amener, la tentative réussissait mal. Claude, comprenant ces difficultés, entreprit de construire un port, sans se laisser détourner de son projet par les architectes, qui, lorsqu'il leur demanda à combien monterait la dépense, lui répondirent : « Tu ne le feras pas, » tant ils espéraient, par la grandeur de la dépense, s'il en était informé à l'avance, le forcer de renoncer à son dessein ; mais, bien loin de là, il crut la chose digne de la majesté et de la grandeur de Rome, et il la mena à son terme. Il creusa bien avant dans le rivage un espace qu'il garnit de quais, et y fit entrer la mer; puis il jeta de chaque côté dans les flots des môles immenses, dont il entoura une grande portion de mer et y fit une île où il bâtit une tour portant des fanaux. Le Port, qui aujourd'hui conserve ce nom dans la langue du pays, fut alors construit par lui. Il voulut aussi, par la dérivation du lac Fucin dans le Liris, chez les Marses, donner les terres d'alentour à l'agriculture et rendre le fleuve plus navigable, mais ces dépenses ont été en pure perte. Il fit encore plusieurs lois qu'il n'est nullement nécessaire de rapporter ; il ordonna aussi que les gouverneurs élus par le sort auraient à se rendre dans leurs provinces avant les calendes d'avril, attendu qu'ils s'attardaient longtemps dans Rome ; que ceux qui avaient été nommés au choix seraient dispensés de lui adresser des remerciements dans le sénat, comme cela se pratiquait d'habitude : « Ce n'est pas à eux, disait-il, de me remercier, comme s'ils obtenaient leurs charges par brigue; c'est à moi, au contraire, puisque, par leur zèle, il m'aident à supporter le poids de l'empire; et, s'ils gouvernent bien, c'est à moi plutôt de les louer. » Ceux à qui leurs moyens ne permettaient pas de tenir leur rang de sénateurs eurent l'autorisation de se retirer; des chevaliers furent admis à être tribuns du peuple ; quant aux autres, il les força tous d'assister aux délibérations chaque fois qu'ils seraient convoqués. Ceux qui n'obéirent pas furent punis avec tant de rigueur que plusieurs se donnèrent eux-mêmes la mort.

[12] Il était du reste populaire et affable à leur égard, il les visitait quand ils étaient malades et se mêlait à leurs fêtes. Un tribun du peuple ayant publiquement fait battre de verges un de ses esclaves, il ne lui infligea d'autre punition que de lui retirer ses licteurs, qu'il lui rendit peu de temps après. Un autre esclave de ce tribun ayant outragé une personne de distinction, il l'envoya sur le Forum pour y être fouetté. Dans la curie, lorsque les sénateurs étaient longtemps restés debout, il se levait aussi lui-même; car, je l'ai dit, sa santé le forçait souvent de rester assis pour lire son avis quand on le lui demandait. Il permit également à L. Sylla, qui, empêché par son grand âge d'entendre certaines paroles, s'était levé de sa place, de s'asseoir sur le banc des préteurs. Le jour du premier anniversaire de son élévation â l'empire, il ne fit rien d'extraordinaire; seulement il donna vingt-cinq drachmes aux soldats prétoriens, ce qu'il fit chaque année dans la suite. Quelques préteurs, néanmoins, par un mouvement spontané et sans aucun décret, célébrèrent au nom de l'État ce jour et celui de la naissance de Messaline. Car tous ne le firent pas, il n'y eut que ceux qui le voulurent; tant était grande la liberté qui leur était laissée. Claude montra d'ailleurs en toutes ces choses une modération si vraie que la naissance d'un fils, qui reçut alors les noms de Claude Tibère Germanicus, et, plus tard, celui de Britannicus, ne lui inspira aucun orgueil ; il ne permit pas qu'on lui décernât le titre d'Auguste, ni à Messaline celui d'Augusta.

[13] Il donnait sans cesse des combats de gladiateurs, car il les aimait au point de s'être attiré le blâme à ce sujet. Fort peu de bêtes y périssaient, mais en revanche beaucoup d'hommes, les uns en combattant, les autres dévorés par les bêtes. En effet, les esclaves et les affranchis qui, sous Tibère et sous Caius, avaient dressé des embûches à leurs maîtres, ceux qui avaient légèrement intenté des accusations calomnieuses ou porté de faux témoignages contre des citoyens, étaient de sa part l'objet d'une haine impitoyable : il en fit périr de cette manière le plus grand nombre; d'autres furent châtiés différemment, beaucoup aussi furent remis à leurs maîtres pour être punis par eux. Telle était la multitude des condamnés livrés en public au supplice, que la statue d'Auguste érigée en cet endroit fut transportée ailleurs, pour qu'elle fut censée ne pas voir ces meurtres et ne restât pas perpétuellement voilée. Cette précaution excita un rire général, attendu que, les spectacles qu'il voulait que l'airain insensible semblât ne pas voir, lui-même il s'en repaissait ; car, entre autres délassements, dans l'intervalle des spectacles, au moment de son dîner, il prenait plaisir à voir des combattants qui se déchiraient les uns les autres, et cela, bien qu'il eût fait tuer un lion instruit à manger des hommes et qui, pour ce sujet, était fort agréable au peuple, sous le prétexte qu'une pareille vue était indigne de Romains; mais les manières populaires qu'il montrait en assistant aux spectacles, la facilité avec laquelle il accordait tout ce qu'on lui demandait, et le peu d'usage qu'il faisait de hérauts, écrivant sur des tablettes la plupart de ses communications, lui attiraient de grands éloges.

[14] Habitué à se repaître ainsi de sang et de meurtres, il n'en fut que plus porté à ordonner les autres supplices. Les auteurs de ces crimes furent les Césariens et Messaline. Quand ils voulaient tuer quelqu'un, ils effrayaient le prince et obtenaient ainsi la permission de faire tout ce qu'ils voulaient. Souvent même, frappé tout à coup de terreur, et ayant, dans le saisissement de la crainte, ordonné la mort de quelqu'un, lorsque ensuite il était revenu à lui et avait repris son calme, il le redemandait, et, en apprenant ce qui s'était passé, il en était chagrin et plein de repentir. Le premier de ces meurtres fut celui de C. Appius Silanus. Claude, après avoir mandé près de lui, comme s'il eût besoin de ses services, ce Silanus, qui était d'une haute naissance et alors gouverneur de l'Espagne, après l'avoir marié à la mère de Messaline et l'avoir quelque temps honoré comme l'un de ses plus grands amis et de ses plus proches parents, le fit ensuite mettre à mort tout à coup, pour avoir offensé Messaline en refusant les faveurs de cette femme impudique et luxurieuse, et, par elle, Narcisse, affranchi du prince. Narcisse, attendu qu'ils n'avaient rien de vrai ni de croyable à dire contre Silanus, imagina un songe où il avait vu Claude égorgé de la propre main de Silanus, et il vint, dès le point du jour, raconter, tout tremblant, ce songe au prince qui était encore au lit, et Messaline, reprenant le récit de Narcisse, l'exagéra encore. C'est ainsi que Silanus mourut victime d'un songe.

[15] Silanus mort, les Romains n'espérèrent plus rien de bon de Claude, et des complots furent immédiatement tramés contre lui, entre autres par Annius Vinicianus. Vinicianus était un de ceux qui, après la mort de Caius, avaient été proposés pour l'empire, et la crainte que cela lui causait le poussa à la révolte. Comme il ne disposait d'aucunes forces, il envoya des messagers à Furius Camillus Scribonianus, gouverneur de la Palmatie, qui était à la tête d'une nombreuse armée composée de troupes romaines et étrangères, et, attendu surtout qu'il avait paru digne du pouvoir souverain, il poussa cet officier, qui en avait déjà la pensée secrète, à faire défection. Un grand nombre de sénateurs et de chevaliers se rendirent, en cette occurrence, auprès de Camillus. - - - Les soldats, en effet, voyant Camillus mettre en avant le nom du peuple et promettre le rétablissement de l'antique liberté, craignirent de nouveaux ennuis et de nouvelles séditions, et ils cessèrent de lui obéir. Alors celui-ci effrayé s'enfuit de son camp, et, arrivé dans l'île d'Issa, se donna volontairement la mort. Quant à Claude, il avait été jusque-là tellement effrayé, qu'il était disposé à céder l'empire; mais alors, reprenant courage, il récompensa les soldats par des présents, puis la septième et la onzième légion romaine par le surnom de Claudiennes, de Fidèles et de Pieuses, qu'il leur fit accorder par le sénat. Il fit rechercher les complices de la conjuration, et mettre à mort, entre autres, un préteur, après qu'il eut abdiqué sa charge. Beaucoup aussi, et entre autres Vinicianus, se tuèrent eux-mêmes. Car Messaline, Narcisse et les affranchis de Claude saisirent ce prétexte pour se porter à tous les excès. Entre autres moyens, ils avaient recours à la dénonciation des maîtres par leurs esclaves et par leurs affranchis. Ils les mettaient à la torture, eux et d'autres personnes nobles, non seulement des étrangers, mais aussi des citoyens, non seulement des plébéiens, mais encore des chevaliers et des sénateurs, bien que Claude, au commencement, de son règne, eût juré de ne mettre à la torture aucune personne libre.

[16] Beaucoup d'hommes et de femmes, quelques-unes dans la prison même, furent, en cette circonstance, livrés au supplice. Les femmes condamnées à mourir étaient amenées au tribunal chargées de chaînes comme des captives, et leurs corps, à elles aussi, étaient précipités aux Gémonies ; car les têtes seules de ceux qui étaient mis à mort hors de la prison étaient exposées en cet endroit. Néanmoins quelques-uns des plus coupables échappèrent par faveur et par argent, grâce à l'intervention de Messaline et des Césariens qui entouraient Narcisse. Aucun des enfants de ceux qui périrent ne furent inquiétés, quelques-uns même eurent les biens de leurs pères. Les informations avaient lieu dans l'assemblée du sénat, en présence de Claude, des préfets du prétoire et des affranchis du prince. Claude faisait lui-même le rapport, assis au milieu des consuls, sur la chaise curule ou sur le banc des tribuns ; après quoi, il retournait à sa place ordinaire, et on plaçait des sièges pour ces magistrats aussi. Ces formalités s'observaient également dans les affaires les plus importantes; mais alors un certain Galèse, affranchi de Camillus, ayant été amené dans le sénat, fit entendre, entre autres paroles libres, celle-ci qui mérite d'être rapportée. Narcisse s'étant avancé au milieu de l'assemblée et lui ayant demandé : « Qu'aurais-tu fait, Galèse, si Camillus eût régné? » — « Je me serais, répondit celui-ci, tenu debout derrière lui en silence. » Galèse par ce mot, Arria par un autre, ont rendu leur nom célèbre. Arria, femme de Cæcina Poetus, ne voulut pas survivre à son mari condamné à mort, bien qu'elle pût, en le faisant, jouir d'une certaine considération (elle était, en effet, grande amie de Messaline); bien plus, le voyant trembler, elle le rassura : saisissant l'épée de son mari, elle s'en porta un coup, puis elle la lui présenta en disant : « Tiens, Poetus, cela ne fait pas de mal. » On leur donna des éloges; car, par la continuité des maux, on en était venu au point qu'on ne voyait plus la vertu que dans le courage de mourir. Quant à Claude, il avait tellement à cœur leur punition et celle des autres coupables, qu'il donnait sans cesse comme mot d'ordre aux soldats ce vers, « qu'il faut se venger de qui nous a le premier fait une injure. » Il leur faisait aussi, à eux et au sénat, une foule de citations grecques de ce genre, et dont quelques-unes excitaient le rire de ceux qui étaient capables de les comprendre. Voilà ce qui se passait alors; de plus, un des tribuns étant mort, ses collègues, bien que les consuls fussent présents, convoquèrent eux-mêmes le sénat pour lui élire un successeur.

[17] Ensuite Claude, étant consul pour la troisième fois, abolit un grand nombre de sacrifices et de fêtes qui occupaient la plus grande partie de l'année au grand détriment de l'État. Il les supprima donc et abrégea tout ce qu'il était possible d'abréger dans les autres. Il força plusieurs citoyens de rapporter les sommes que Caius leur avait données sans justice et sans raison, et restitua aux curateurs des routes les amendes que sous ce règne Corbulon leur avait infligées. De plus, il enjoignit aux gouverneurs de provinces tirés au sort, qui alors encore tardaient à quitter Rome, d'avoir à partir avant le milieu d'avril. Les Lyciens, dans une sédition, étant allés jusqu'à tuer des citoyens romains, perdirent leur liberté et furent réunis à la préfecture de Pamphylie. Claude, dans le courant de l'information (il la fit dans le sénat), interrogea en latin un des députés, Lycien d'origine mais devenu Romain; celui-ci n'ayant pas compris la question, i1 lui enleva le droit de cité, en disant qu'on ne devait pas être citoyen de Rome quand on n'en savait pas la langue. Il priva aussi de ce droit beaucoup de gens qui en étaient indignes, et le donna sans retenue à d'autres, tantôt individuellement, tantôt en masse. En effet, les Romains étant, en toutes choses, pour ainsi dire, préférés aux étrangers, beaucoup lui demandaient le droit de cité, ou l'achetaient de Messaline et des Césariens; aussi ce droit, vendu à haut prix d'abord, tomba plus tard si bas, par suite de la facilité de l'obtenir, qu'on disait communément qu'en donnant à quelqu'un des vases de verre, quand même ils seraient cassés, on était citoyen romain, Claude, sur ce chef, fut exposé aux railleries, mais il s'attira des éloges pour ce que, plusieurs personnes étant accusées, celles-ci de ne pas prendre le nom de Claude, celles-là de ne rien lui laisser en mourant, comme si l'un et l'autre eût été obligatoire à ceux qui avaient reçu de lui le droit de cité, il défendit d'inquiéter qui que ce soit à raison de ces faits. Messaline et les affranchis du prince vendaient, comme de vrais cabaretiers, avec si peu de réserve, non seulement le droit de cité, ou les charges militaires et celles de procurateur et de gouverneur, mais encore tout le reste, que toutes les denrées devinrent rares, et que, par suite, Claude fut forcé de convoquer le peuple dans le Champ-de-Mars, et, là, de fixer, du haut d'un tribunal, le prix des divers objets. Il donna en personne, dans le camp des prétoriens, un combat de gladiateurs, revêtu d'une chlamyde ; les préteurs, de leur propre mouvement, célébrèrent le jour natal de son fils par des spectacles et des banquets. Tous ceux d'entre eux qui le jugèrent à propos en firent autant dans la suite.

[18] Pendant ce temps, Messaline vivait dans le désordre, et contraignait les autres femmes à se livrer elles-mêmes à la débauche : plusieurs durent, à son instigation, commettre l'adultère dans le palais même, en présence et sous les yeux de leurs maris. Ceux-là, elle les aimait et les favorisait, elle les comblait d'honneurs et de dignités; ceux, au contraire, qui ne se prêtaient pas à ces débordements, elle les haïssait et elle les faisait périr. Ces désordres, si graves et si ouvertement commis, échappèrent longtemps à Claude : Messaline faisait coucher auprès de lui de jeunes servantes, et détournait, soit par des bienfaits, soit par des supplices, ceux qui auraient pu lui découvrir ses débauches, comme Justus Catonius, préfet des gardes prétoriennes, dont la mort prévint les révélations. Jalouse de Julie, fille de Drusus, fils de Tibère et femme de Germanicus Néron, elle la fit périr comme l'autre Julie. Dans ce même temps aussi, un chevalier, accusé d'avoir conspiré contre Claude, fut précipité du Capitole par les tribuns du peuple et par les consuls

[19] Voilà ce qui se passait à Rome. Dans le même temps, Aulus Plautius, sénateur distingué, fit une expédition en Bretagne : un certain Béricus, chassé de l'île par une sédition, avait persuadé à Claude d'y envoyer une armée. Plautius eut peine, pour cette expédition, à emmener ses troupes de la Gaule : les soldats, persuadés qu'ils allaient combattre hors du monde habitable, s'irritèrent et refusèrent d'obéir, jusqu'au moment où Narcisse, envoyé par Claude, voulut monter sur le tribunal de Plautius et les haranguer; alors, irrités bien plus encore de cette prétention, ils l'empêchèrent de parler, en poussant subitement et tous ensemble le fameux cri « Io ! Saturnales », attendu qu'au temps des Saturnales, les esclaves, pour célébrer la fête, changent de rôles avec leurs maîtres ; et aussitôt ils suivirent volontairement Plautius. Ils partirent donc, après un long retard causé par cette mutinerie, partagés en trois corps, de peur d'être repoussés s'ils tentaient d'aborder sur un seul point. Incommodés par le roulis dans la traversée, mais ayant repris courage à la vue d'un flambeau qui courut, dans le ciel, de l'Orient à l'Occident, dans le sens de leur navigation, ils débarquèrent dans l'île sans obstacle, attendu que les Bretons, à cause de ce qu'ils avaient appris, ne croyant pas à la venue des Romains, n'avaient pas réuni leurs troupes. Cependant, même alors, ils n'en vinrent pas aux mains, mais ils se réfugièrent dans les marécages et les forêts, espérant fatiguer l'ennemi par ces vains retards, au point de le forcer, comme cela était arrivé sous Jules César, à s'en retourner sans avoir obtenu aucun résultat.

[20] Plautius eut donc beaucoup de peine à leur recherche ; puis, quand il les eut enfin trouvés (les Bretons n'étaient pas indépendants, mais soumis à divers rois), il vainquit d'abord Cataratacus, et puis Togodumnus, tous deux fils de Cynobellinus, car Cynobellinus lui-même était mort. Leur fuite lui procura la soumission d'une partie des Boduni qui obéissaient aux Catuellani; et, après y avoir laissé garnison, il poussa plus loin. Quand on fut arrivé à un fleuve que les barbares croyaient les Romains incapables de passer autrement que sur un pont, et sur la rive opposée duquel ils étaient, pour cette raison, campés sans précaution, Plautius détacha les Celtes, habitués à traverser facilement à la nage, avec leurs armes, les courants les plus rapides. Ceux-ci, fondant sur les ennemis qui ne s'y attendaient pas, au lieu de frapper les hommes, blessèrent les chevaux qui traînaient les chars, et, portant ainsi le désordre dans leurs rangs, ils enlevèrent toute espèce de sureté à ceux qui les montaient; Plautius envoya en outre Flavius Vespasien qui, plus tard, fut empereur, avec son frère Sabinus, placé sous ses ordres : ceux-ci, ayant également passé le fleuve, firent un grand carnage parmi les barbares pris ainsi à l'improviste. Le reste, néanmoins, loin de prendre la fuite, engagea de nouveau, le lendemain, une lutte dont le succès fut balancé, jusqu'au moment où Cn. Hosidius Géta, qui avait failli être pris auparavant, les vainquit si complètement qu'il reçut les ornements du triomphe, bien qu'il n'eut pas été consul. Les Bretons s'étant de là portés vers la Tamise, à l'endroit où elle se jette dans l'Océan et forme port à son embouchure, et ayant passé le fleuve sans difficulté, grâce à leur grande connaissance des endroits fermes et praticables, les Romains en les poursuivant éprouvèrent là un échec; mais les Celtes, traversant une seconde fois le fleuve à la nage, et d'autres corps de troupes passant par un pont situé un peu au-dessus de l'ennemi, fondirent sur lui de plusieurs côtés à la fois et en firent un grand carnage; puis, poursuivant le reste sans précaution, ils tombèrent dans des marais inextricables, où ils perdirent beaucoup de monde.

[21] Διά τε οὖν τοῦτο, καὶ ὅτι καὶ τοῦ Τογοδούμνου φθαρέντος οἱ Βρεττανοὶ οὐχ ὅσον ἐνέδοσαν, ἀλλὰ καὶ μᾶλλον πρὸς τὴν τιμωρίαν αὐτοῦ ἐπισυνέστησαν, φοβηθεὶς ὁ Πλαύτιος οὐκέτι περαιτέρω προεχώρησεν, ἀλλ'αὐτός τε τὰ παρόντα διὰ φυλακῆς ἐποιήσατο καὶ τὸν Κλαύδιον μετεπέμψατο· εἴρητο γὰρ αὐτῷ, εἴ τι βιαιότερον γίγνοιτο, τοῦτο ποιῆσαι, καὶ παρασκευή γε ἐπὶ τῇ στρατείᾳ πολλὴ τῶν τε ἄλλων καὶ ἐλεφάντων προσυνείλεκτο. Ἐλθούσης δὲ τῆς ἀγγελίας ὁ Κλαύδιος τὰ μὲν οἴκοι τῷ Οὐιτελλίῳ τῷ Λουκίῳ τῷ συνάρχοντι τά τε ἄλλα καὶ τοὺς στρατιώτας ἐνεχείρισε (καὶ γὰρ ἐξ ἴσου αὐτὸν ἑαυτῷ ἑξάμηνον ὅλον ὑπατεῦσαι ἐποίησεν), αὐτὸς δὲ ἐξεστρατεύσατο. Καὶ καταπλεύσας ἐς τὰ Ὤστια ἐκεῖθεν ἐς Μασσαλίαν παρεκομίσθη, κἀντεῦθεν τὰ μὲν πεζῇ τὰ δὲ καὶ διὰ τῶν ποταμῶν πορευόμενος πρός τε τὸν ὠκεανὸν ἀφίκετο, καὶ περαιωθεὶς ἐς τὴν Βρεττανίαν συνέμιξε τοῖς στρατοπέδοις πρὸς τῷ Ταμέσᾳ ἀναμένουσιν αὐτόν. Καὶ παραλαβών σφας ἐκεῖνόν τε ἐπιδιέβη, καὶ τοῖς βαρβάροις πρὸς τὴν ἔφοδον αὐτοῦ συνεστραμμένοις ἐς χεῖρας ἐλθὼν μάχῃ τε ἐνίκησε καὶ τὸ Καμουλόδουνον τὸ τοῦ Κυνοβελλίνου βασίλειον εἷλε. Κἀκ τούτου συχνοὺς τοὺς μὲν ὁμολογίᾳ τοὺς δὲ καὶ βίᾳ προσαγαγόμενος αὐτοκράτωρ πολλάκις ἐπωνομάσθη παρὰ τὰ πάτρια (οὐ γὰρ ἔστιν ἑνὶ οὐδενὶ πλέον ἢ ἅπαξ ἐκ τοῦ αὐτοῦ πολέμου τὴν ἐπίκλησιν ταύτην λαβεῖν), καὶ τὰ ὅπλα αὐτῶν ἀφελόμενος ἐκείνους μὲν τῷ Πλαυτίῳ προσέταξεν, ἐντειλάμενός οἱ καὶ τὰ λοιπὰ προσκαταστρέψασθαι, αὐτὸς δὲ ἐς τὴν Ῥώμην ἠπείχθη, τὴν ἀγγελίαν τῆς νίκης διὰ τῶν γαμβρῶν, τοῦ τε Μάγνου καὶ τοῦ Σιλανοῦ, προπέμψας.

[22] Μαθοῦσα δ'ἡ γερουσία τὰ κατειργασμένα Βρεττανικόν τε αὐτὸν ἐπεκάλεσε καὶ τὰ ἐπινίκια αὐτῷ πέμψαι ἔδωκε. Πανήγυρίν τε ἐτησίαν καὶ ἁψῖδας τροπαιοφόρους, τὴν μὲν ἐν τῇ πόλει τὴν δὲ ἐν τῇ Γαλατίᾳ, ὅθεν ἐς τὴν Βρεττανίαν ἐξαναχθεὶς ἐπεραιώθη, γενέσθαι ἐψηφίσαντο· τῷ τε υἱεῖ αὐτοῦ τὴν αὐτὴν ἐπωνυμίαν ἐπέθεσαν, ὥστε καὶ κυρίως τρόπον τινὰ Βρεττανικὸν αὐτὸν ὀνομασθῆναι, καὶ τῇ Μεσσαλίνῃ τὴν προεδρίαν ἣν καὶ ἡ Λιουία ἐσχήκει καὶ τὸ καρπέντῳ χρῆσθαι ἔδοσαν. Ἐκείνους μὲν δὴ τούτοις ἐτίμησαν, τῇ δὲ δὴ τοῦ Γαΐου μνήμῃ ἀχθόμενοι τὸ νόμισμα τὸ χαλκοῦν πᾶν, ὅσον τὴν εἰκόνα αὐτοῦ ἐντετυπωμένην εἶχε, συγχωνευθῆναι ἔγνωσαν. Καὶ ἐπράχθη μὲν τοῦτο, οὐ μέντοι καὶ ἐς βέλτιόν τι ὁ χαλκὸς ἐχώρησεν, ἀλλ'ἀνδριάντας ἀπ'αὐτοῦ ἡ Μεσσαλῖνα τοῦ Μνηστῆρος τοῦ ὀρχηστοῦ ἐποιήσατο. Ἐπεὶ γὰρ τῷ Γαΐῳ ποτὲ ἐκεῖνος ἐκέχρητο, χάριν τινὰ αὐτῷ ταύτην τῆς πρὸς ἑαυτὴν συνουσίας κατέθετο. Σφόδρα γὰρ ἤρα, καὶ ἐπεί γε μηδένα τρόπον μήθ'ὑπισχνουμένη τι μήτε ἐκφοβοῦσα αὐτὸν συγγενέσθαι αὐτῇ ἀναπεῖσαι ἐδύνατο, διελέχθη τῷ ἀνδρί, ἀξιοῦσα αὐτὸν πειθαρχεῖν οἱ ἀναγκασθῆναι ὡς καὶ ἐπ'ἄλλο τι αὐτοῦ δεομένη· καὶ οὕτως εἰπόντος αὐτῷ τοῦ Κλαυδίου πάνθ'ὅσα ἂν προστάττηται ὑπὸ τῆς Μεσσαλίνης ποιεῖν, συνῆν αὐτῇ ὡς καὶ τοῦθ'ὑπ'ἐκείνου κεκελευσμένος. Τὸ δ'αὐτὸ τοῦτο καὶ πρὸς ἄλλους συχνοὺς ἔπραττεν· ὡς γὰρ εἰδότος τε τοῦ Κλαυδίου τὰ γιγνόμενα καὶ συγχωροῦντός οἱ ἀκολασταίνειν ἐμοιχεύετο. Τῆς μὲν οὖν Βρεττανίας οὕτω τότε ἑάλω τινά·

[23] Μετὰ δὲ ταῦτα, Γαΐου τε Κρίσπου τὸ δεύτερον καὶ Τίτου Στατιλίου ὑπατευόντων, ἦλθέ τε ἐς τὴν Ῥώμην ὁ Κλαύδιος ἓξ μῆνας ἀποδημήσας, ἀφ'ὧν ἑκκαίδεκα μόνας ἐν τῇ Βρεττανίᾳ ἡμέρας ἐποίησε, καὶ τὰ νικητήρια ἔπεμψε, τά τε ἄλλα κατὰ τὸ νομιζόμενον πράξας καὶ τοὺς ἀναβασμοὺς τοὺς ἐν τῷ Καπιτωλίῳ τοῖς γόνασιν ἀναβάς, ἀναφερόντων αὐτὸν τῶν γαμβρῶν ἑκατέρωθεν. Ἔνειμε δὲ τοῖς μὲν βουλευταῖς τοῖς συνεξετασθεῖσίν οἱ τὰς ἐπινικίους τιμάς, οὐχ ὅτι τοῖς ὑπατευκόσιν, - - - ὅπερ καὶ ἄλλως ἀφθονώτατα καὶ ἐπὶ τοῖς ἐλαχίστοις ἐποίει, Ῥουφρίῳ δὲ δὴ Πωλίωνι τῷ ἐπάρχῳ εἰκόνα καὶ ἕδραν ἐν τῷ βουλευτικῷ, ὁσάκις ἂν ἐς τὸ συνέδριον αὐτῷ συνεσίῃ· καὶ ἵνα γε μὴ καινοτομεῖν τι δόξῃ, ἔφη καὶ τὸν Αὔγουστον ἐπὶ Οὐαλερίου τινὸς Λίγυος τοῦτο πεποιηκέναι. Τόν τε Λάκωνα τὸν πρότερον μὲν τῶν νυκτοφυλάκων ἄρξαντα, τότε δὲ τῶν Γαλατῶν ἐπιτροπεύοντα, τῷ τε αὐτῷ τούτῳ καὶ προσέτι ταῖς τῶν ὑπατευκότων τιμαῖς ἐσέμνυνε. Διατελέσας δὲ ταῦτα τὴν πανήγυριν τὴν τῶν νικητηρίων ἐποίησεν, ὑπάτου τινὰ ἐξουσίαν ἐς αὐτὴν λαβών. Ἐγίγνετο δὲ ἐν τοῖς δύο ἅμα θεάτροις· καὶ πολλάκις αὐτὸς μὲν ἀπελείπετο τῆς θέας, ἕτεροι δὲ ἀντ'αὐτοῦ ἐπετέλουν αὐτήν. Τῶν δὲ δὴ ἵππων ἐπήγγειλε μὲν ἁμίλλας ὅσας ἂν ἡμέρα ἐνδέξηται, οὐ μέντοι καὶ πλείους τῶν δέκα ἐγένοντο· ἄρκτοι τε γὰρ μεταξὺ τοῦ δρόμου αὐτῶν ἐσφάγησαν καὶ ἀθληταὶ ἠγωνίσαντο, πυρρίχην τε Ἀσιανοὶ παῖδες μετάπεμπτοι ὠρχήσαντο. Καὶ ἄλλην δέ τινα πανήγυριν, ἐπὶ τῇ νίκῃ καὶ αὐτήν, οἱ περὶ τὴν σκηνὴν τεχνῖται, συγχωρηθέν σφισιν ὑπὸ τῆς βουλῆς, ἐποίησαν. Ταῦτα μὲν δὴ διὰ τὰ Βρεττανικὰ ἐπράχθη, καὶ ἵνα γε καὶ ἄλλοι ῥᾷον ἐς ὁμολογίαν ἴωσιν, ἐψηφίσθη τὰς συμβάσεις ἁπάσας, ὅσας ἂν ὁ Κλαύδιος ἢ καὶ οἱ ἀντιστράτηγοι αὐτοῦ πρός τινας ποιήσωνται, κυρίας ὡς καὶ πρὸς τὴν βουλὴν τόν τε δῆμον εἶναι.

[24] Τήν τε Ἀχαΐαν καὶ τὴν Μακεδονίαν αἱρετοῖς ἄρχουσιν, ἐξ οὗπερ ὁ Τιβέριος ἦρξε, διδομένας ἀπέδωκεν ὁ Κλαύδιος τότε τῷ κλήρῳ· καὶ τοὺς στρατηγοὺς τοὺς ἐπὶ τῆς διοικήσεως καταλύσας ταμίαις αὐτὴν κατὰ τὸ ἀρχαῖον ἐπέτρεψεν, οὐχ ὥστε καὶ ἐτησίους σφᾶς, ὅπερ ἐπί τε ἐκείνων πρότερον καὶ ἐπὶ τῶν στρατηγῶν μετὰ ταῦτα ἐγίγνετο, ἄρχειν, ἀλλ'οἱ δύο οἱ αὐτοὶ τρία ὅλα ἔτη αὐτὴν διῴκουν, καὶ οἱ μὲν στρατηγίας εὐθὺς ἐλάμβανον, οἱ δὲ καὶ μισθὸν ἔφερον ὅπως ποτὲ καὶ ἔδοξαν ἄρξαι. Τοῖς μὲν οὖν ταμίαις τὴν διοίκησιν ἀντὶ τῶν ἀρχῶν τῶν ἐν τῇ Ἰταλίᾳ ἔξω τῆς πόλεως ἀντέδωκε (πάσας γὰρ αὐτὰς ἔπαυσε), τοῖς δὲ δὴ στρατηγοῖς δίκας τινάς, ἃς πρότερον οἱ ὕπατοι διεδίκαζον, ἀντενεχείρισε. Τοῖς τε στρατευομένοις, ἐπειδὴ γυναῖκας οὐκ ἐδύναντο ἔκ γε τῶν νόμων ἔχειν, τὰ τῶν γεγαμηκότων δικαιώματα ἔδωκε. Καὶ Μάρκῳ Ἰουλίῳ Κοττίῳ τὴν πατρῴαν ἀρχήν, ἣν ἐπὶ τῶν Ἄλπεων τῶν ὁμωνύμων εἶχε, προσεπηύξησε, βασιλέα αὐτὸν τότε πρῶτον ὀνομάσας. Τῶν τε Ῥοδίων τὴν ἐλευθερίαν ἀφείλετο, ὅτι Ῥωμαίους τινὰς ἀνεσκολόπισαν. Καὶ Οὐμβώνιον Σιλίωνα ἄρχοντα Βαιτικῆς μεταπέμψας ἐξέωσεν ἐκ τοῦ συνεδρίου ὡς καὶ σῖτον ὀλίγον τοῖς ἐν τῇ Μαυριτανίᾳ στρατευομένοις ἀποστείλαντα· τοῦτο γὰρ κατηγορήθη, ἐπεὶ τό γε ἀληθὲς οὐχ οὕτως εἶχεν, ἀλλ'ὅτι τισὶ τῶν ἀπελευθέρων προσέκρουσε. Καὶ ὃς συνήνεγκε μὲν ἐς τὸ πρατήριον πάντα τὰ ἑαυτοῦ ἔπιπλα, πολλά τε καὶ περικαλλῆ ὄντα, ὡς καὶ πάντα αὐτὰ ἀποκηρύξων, μόνην δὲ δὴ τὴν βουλευτικὴν ἐσθῆτα ἐπώλησεν, ἐνδεικνύμενός σφισι διὰ τούτου ὅτι οὔτε τι δεινὸν πεπονθὼς εἴη καὶ δύναιτο ἰδιωτεύων ἡδέως βιοτεύειν. Τότε μὲν δὴ ταῦτ'ἐπράχθη, καὶ τὴν ἀγορὰν τὴν διὰ τῶν ἐννέα ἡμερῶν ἀγομένην ἐς ἑτέραν ἡμέραν ἱερῶν τινων ἕνεκα μετέθεσαν·

[25] Καὶ τοῦτο καὶ ἄλλοτε πολλάκις ἐγένετο. Τῷ δ'ἐπιόντι ἔτει ὕπατοι μὲν Μᾶρκος τε Οὐινίκιος δεύτερον καὶ Στατίλιος Κορουῖνος ἦρξαν, Κλαύδιος δὲ αὐτὸς μὲν πάντα τὰ εἰθισμένα διώμοσε, τοὺς δ'ἄλλους ἐκώλυσε κατ'ἄνδρα ὀμόσαι· καὶ οὕτως εἷς τις τῶν στρατηγούντων, ὥσπερ ποτέ, καὶ ἕτερος τῶν δημαρχούντων, ἀπό τε τῶν ἄλλων ὡς ἑκάστων εἷς, ἐξῆρξε τῶν ὅρκων τοῖς ὁμοίοις. Καὶ τοῦτο καὶ ἐπὶ πλείω ἔτη ἐπράχθη. Ἐπειδή τε ἡ πόλις πολλῶν εἰκόνων ἐπληροῦτο (ἐξῆν γὰρ ἀνέδην τοῖς βουλομένοις ἐν γραφῇ καὶ ἐν χαλκῷ λίθῳ τε δημοσιεύεσθαι), τάς τε πλείους αὐτῶν ἑτέρωσέ ποι μετέθηκε, καὶ ἐς τὸ ἔπειτα ἀπηγόρευσε μηδενὶ ἰδιώτῃ, ᾧ ἂν μὴ ἡ βουλὴ ἐπιτρέψῃ, τοῦτο ποιεῖν ἐξεῖναι, πλὴν εἴ τις ἔργον τι ᾠκοδομηκὼς εἴη ἢ καὶ κατασκευάσαιτο· τούτοις γὰρ δή, τοῖς τε συγγενέσιν αὐτῶν, ἵστασθαι ἐν τοῖς χωρίοις ἐκείνοις ἐφῆκε. Καί τινα ἐπὶ δώροις τῶν ἀρξάντων τινὸς ἔθνους φυγαδεύσας, πάνθ'ὅσα ἐν τῇ ἀρχῇ ἐπεκτήσατο ἐδήμευσεν. Ὅπως τε μὴ διακρούοιντο οἱ τοιοῦτοι τοὺς ἐθέλοντάς σφισι δικάζεσθαι, οὐδενὶ ἀρχὴν ἐπ'ἀρχῇ παραχρῆμα ἐδίδου. Τοῦτο γὰρ ἐνενόμιστο μὲν καὶ πρότερον, ἵνα ἀπροφασίστως τις αὐτοῖς ἐν τῷ μεταξὺ χρόνῳ λαγχάνῃ (οὐδὲ γὰρ οὐδὲ τοῖς παριεμένοις τὰς ἐκδημίας οἷς ποι ἐπετρέπετο ἐπαλλήλας ποιεῖσθαι, ὅπως εἰ δή τι πλημμελήσειαν, μὴ προσλαμβάνοιεν, οἱ μὲν ἐκ τῶν ἀρχῶν οἱ δὲ ἐκ τῶν ἀποδημιῶν, τὸ ἀνεύθυνον), ἐξελελοίπει δέ. Καὶ οὕτω γε ἀκριβῶς ἑκάτερον αὐτῶν ἐφύλαττεν ὥστε μηδὲ παρεδρεύσαντά τινι ἐπιτρέψαι ἐς ἡγεμονίαν εὐθὺς ἔθνους ἐπιβάλλουσάν οἱ κληροῦσθαι, καίτοι καὶ ἐπὶ δύο ἔτη τινὰς ἐῶν αὐτῶν ἄρχειν, αἱρετούς τε ἔστιν οὓς πέμπων. Τοῖς δ'οὖν αἰτουμένοις ὥστε ἔξω τῆς Ἰταλίας ἀποδημῆσαι ἐφίει μὲν καὶ καθ'ἑαυτὸν ἄνευ τῆς βουλῆς, τοῦ γε μὴν καὶ νόμῳ τινὶ αὐτὸ δοκεῖν ποιεῖν δόγμα γενέσθαι ἐκέλευσε. Καὶ τοῦτο μὲν καὶ τῷ ὑστέρῳ ἔτει ἐψηφίσθη· τότε δὲ τήν τε πανήγυριν τὴν εὐκταίαν, ἣν τῆς στρατείας αὑτοῦ ἕνεκα προυπέσχητο, διέθηκε καὶ τῷ δήμῳ τῷ σιτοδοτουμένῳ πέντε μὲν καὶ ἑβδομήκοντα δραχμὰς ἅπασι διέδωκεν, ἔστι δ'οἷς καὶ πλέον, ὥστε καὶ ἐς τριακοσίας καὶ δώδεκα καὶ ἡμίσειάν τισι γενέσθαι. Οὐ μέντοι καὶ πάντα αὐτὸς διένειμεν, ἀλλὰ καὶ οἱ γαμβροὶ αὐτοῦ, ἐπειδήπερ ἐπὶ πλείους ἡμέρας ἡ διάδοσις ἐγένετο καὶ ἠθέλησε καὶ δικάσαι ἐν ταύταις. Τοῖς τε Κρονίοις τὴν πέμπτην ἡμέραν τὴν καταδειχθεῖσάν τε ὑπὸ τοῦ Γαΐου καὶ μετὰ τοῦτο καταλυθεῖσαν ἀπέδωκε.

[26] Καὶ ἐπειδὴ ὁ ἥλιος ἐν τοῖς γενεθλίοις αὐτοῦ ἐκλείψειν ἔμελλεν, ἐφοβήθη τε μή τις ἐκ τούτου ταραχὴ γένηται, ἐπεὶ ἄλλα ἄττα τέρατα συνεβεβήκει, καὶ προέγραψεν οὐ μόνον ὅτι τε ἐκλείψει καὶ ὁπότε καὶ ἐφ'ὁπόσον, ἀλλὰ καὶ τὰς αἰτίας δι'ἃς ἀναγκαίως γενήσεσθαι τοῦτ'ἔμελλεν. Εἰσὶ δὲ αἵδε. Ἡ σελήνη τὴν κάτω τοῦ ἡλίου περιφοράν, ὥσπερ που πεπίστευται (εἴτ'οὖν ἐφεξῆς αὐτοῦ εἴτε καὶ μετὰ τὸν Ἑρμῆν αὐτὴν τήν τε Ἀφροδίτην ἔχει), κινηθεῖσα, κινεῖται μὲν κατὰ μῆκος, ὥσπερ καὶ ἐκεῖνος, κινεῖται δὲ καὶ κατὰ βάθος, ὥσπερ ἴσως καὶ ἐκεῖνος, κινεῖται δὲ καὶ ἐν πλάτει, ὅπερ οὐδαμῇ οὐδαμῶς τῷ ἡλίῳ ὑπάρχει. Ὅταν οὖν κατά τε τὴν αὐτὴν αὐτῷ εὐθυωρίαν ὑπὲρ τὴν ἡμετέραν ὄψιν γένηται καὶ ὑπὸ τὴν φλόγα αὐτοῦ ὑποδράμῃ, τότε τὴν αὐγὴν αὐτοῦ τὴν ἐς τὴν γῆν καθήκουσαν τοῖς μὲν ἐπὶ πλεῖον τοῖς δὲ ἐπ'ἔλαττον διεσκέπασεν, ἔστι δ'οἷς οὐδὲ ἐπὶ βραχύτατον ἀποκρύπτει· ἴδιον γὰρ ἀεὶ φῶς ὁ ἥλιος ἔχων οὐκ ἔστιν ὅτε αὐτοῦ ἀπαλλάττεται, καὶ διὰ τοῦθ'οἷς ἂν ἡ σελήνη μὴ ἐπίπροσθεν, ὥστ'αὐτὸν συσκιάζεσθαι, γένηται, ὁλόκληρος ἀεὶ φαίνεται. Περὶ μὲν δὴ τὸν ἥλιον ταῦτά τε συμβαίνει καὶ τότε ὑπὸ τοῦ Κλαυδίου ἐδημοσιεύθη· ἡ δὲ σελήνη (οὐ γάρ ἐστιν ἀπὸ τρόπου καὶ τὸ κατ'ἐκείνην εἰπεῖν, ἐπειδήπερ ἅπαξ τοῦ λόγου τούτου προσηψάμην) ὁσάκις ἂν καταντικρὺ τῷ ἡλίῳ γενομένη (ἐν γὰρ ταῖς πανσελήνοις μόνως αὐτῇ τοῦτο, ὥσπερ καὶ ἐκείνῳ ἐν ταῖς νουμηνίαις, συμβαίνει), ἐς τὸ τῆς γῆς σκίασμα κωνοειδὲς ὂν ἐμπέσῃ (γίγνεται δὲ τοῦτο ὅταν διὰ τῶν μέσων ἐν τῇ τοῦ πλάτους κινήσει περιφέρηται), στέρεταί τε τοῦ ἡλιοειδοῦς φωτός, καὶ αὐτὴ καθ'ἑαυτήν, ὁποίαπερ ἐστί, φαντάζεται.

[27] Ταῦτα μὲν δὴ τοιαῦτά ἐστι. Τοῦ δ'ἐνιαυτοῦ ἐκείνου ἐξελθόντος Οὐαλέριός τε Ἀσιατικὸς τὸ δεύτερον καὶ Μᾶρκος Σιλανὸς ὑπάτευσαν. Καὶ οὗτος μὲν ἐφ'ὅσον ᾑρέθη ἦρξεν, Ἀσιατικὸς δὲ ἀπεδείχθη μὲν ὡς καὶ δι'ἔτους ὑπατεύσων, ὃ καὶ ἐπ'ἄλλων ἐγίγνετο, οὐ μέντοι καὶ ἐποίησε τοῦτο, ἀλλ'ἀφῆκε τὴν ἀρχὴν ἐθελούσιος. Καὶ αὐτὸ καὶ ἕτεροί τινες ἔπραξαν· ἀλλ'ἐκεῖνοι μὲν ὑπὸ πενίας (τὰ γὰρ ἀναλώματα τὰ ἐν ταῖς ἱπποδρομίαις γιγνόμενα ἐπὶ πολὺ ἐκεχωρήκει· τετράκις γὰρ καὶ εἰκοσάκις ὡς πλήθει ἡμιλλῶντο), ὁ δ'Ἀσιατικὸς ὑπ'αὐτοῦ τοῦ πλούτου, ὑφ'οὗπερ καὶ ἀπέθανεν· ἐπεὶ γὰρ ἔν τε πολλῇ περιουσίᾳ ἦν καὶ ἐκ τοῦ δεύτερον ὑπατεύειν καὶ ἐπαχθὴς καὶ ἐπίφθονος πολλοῖς ἐγεγόνει, καταλῦσαι τρόπον τινὰ αὐτὸς ἑαυτὸν ἠθέλησεν ὡς καὶ ἧττόν τι παρὰ τοῦτο κινδυνεύσων. Καὶ ὁ μὲν ἐξηπατήθη, ὁ δὲ Οὐινίκιος ὑπὸ μὲν τοῦ Κλαυδίου οὐδὲν ἔπαθεν (ἦν μὲν γὰρ διαπρεπὴς ἀνήρ, τὴν δὲ δὴ ἡσυχίαν ἄγων καὶ τὰ ἑαυτοῦ πράττων ἐσώζετο), ὑπὸ δὲ τῆς Μεσσαλίνης, ὑποψίᾳ τε ὅτι τὴν {τε} γυναῖκα αὐτοῦ τὴν Ἰουλίαν ἀπεκτόνει, καὶ ὀργῇ ὅτι οὐκ ἠθέλησέν οἱ συγγενέσθαι, φαρμάκῳ διεφθάρη. Καὶ οὕτω ταφῆς τε δημοσίας καὶ ἐπαίνων ἠξιώθη· πολλοῖς γὰρ δὴ καὶ ταῦτ'ἐδίδοτο. Ἀσίνιος δὲ δὴ Γάλλος ὁ τοῦ Δρούσου πρὸς μητρὸς ἀδελφὸς ἐπεβούλευσε μὲν τῷ Κλαυδίῳ, οὐκ ἀπέθανε δὲ ἀλλ'ὑπερωρίσθη. Αἴτιον δὲ ἴσως μὲν καὶ ἐκεῖνο ὅτι μήτε στράτευμα προπαρασκευάσας μήτε χρήματα προαθροίσας, ἀλλ'ὑπ'ἀνοίας πολλῆς, ὡς καὶ ἑκουσίων τῶν Ῥωμαίων διὰ τὸ γένος ἄρξων, ἐθρασύνετο· τὸ δὲ δὴ πλεῖστον ὅτι καὶ σμικρότατος καὶ δυσειδέστατος ὤν, κἀκ τούτου καταφρονηθείς, γέλωτα μᾶλλον ἢ κίνδυνον ὦφλεν.

[28] Οὐ μὴν ἀλλὰ ταῦτα μὲν καὶ πάνυ τοῦ Κλαυδίου ἐπῄνουν, καὶ νὴ Δία καὶ ἐκεῖνο ὅτι ἐντυχόντος τινὸς τοῖς δημάρχοις κατὰ τοῦ ἐξελευθερώσαντος αὐτόν, καὶ ὑπηρέτην ἐπ'αὐτὸν αἰτήσαντος καὶ λαβόντος, ἠγανάκτησε, καὶ ἐκεῖνόν τε καὶ τοὺς συνεξετασθέντας αὐτῷ ἐκόλασε, καὶ προσέτι καὶ ἀπηγόρευσε μηδὲ τοῖς οὕτω κατὰ τῶν δεσποτευσάντων αὐτῶν βοηθεῖν, εἰ δὲ μή, στέρεσθαι τοῦ δίκην αὐτοὺς ἑτέροις λαγχάνειν. Δουλεύοντα μέντοι αὐτὸν τῇ τε γυναικὶ καὶ τοῖς ἀπελευθέροις ὁρῶντες ἤσχαλλον, ἄλλως τε καὶ ἐπειδὴ σπουδασάντων ποτὲ τῶν τε ἄλλων καὶ αὐτοῦ τοῦ Κλαυδίου τὸν Σαβῖνον τὸν τῶν Κελτῶν ἐπὶ τοῦ Γαΐου ἄρξαντα ἐν μονομαχίᾳ τινὶ ἀποκτεῖναι, ἡ Μεσσαλῖνα ἔσωσε· καὶ γὰρ ἐκείνῳ ἐπλησίαζε. Τοῦτό τε οὖν αὐτοὺς ἠνία, καὶ ὅτι τὸν Μνηστῆρα ἀποσπάσασα ἀπὸ τοῦ θεάτρου εἶχε, καὶ ὁπότε γε λόγος τις ἐν τῷ δήμῳ περὶ αὐτοῦ ὅτι μὴ ὀρχοῖτο γίγνοιτο, θαῦμά τε ὁ Κλαύδιος ἐποιεῖτο καὶ ἀπελογεῖτο τά τε ἄλλα καὶ ὀμνὺς ὅτι μὴ συνείη αὐτῷ. Πιστεύοντες γὰρ ὄντως ἀγνοεῖν αὐτὸν τὰ γιγνόμενα, ἐλυποῦντο μὲν ὅτι μόνος οὐκ ἠπίστατο τὰ ἐν τῷ βασιλείῳ δρώμενα, ὅσα καὶ ἐς τοὺς πολεμίους ἤδη διεπεφοιτήκει, οὐ μὴν καὶ ἐξελέγχειν αὐτὰ ἤθελον, τὸ μέν τι τὴν Μεσσαλῖναν αἰδούμενοι, τὸ δὲ καὶ τοῦ Μνηστῆρος φειδόμενοι· ὅσον γὰρ ἐκείνῃ διὰ τὸ κάλλος, τοσοῦτον τῷ δήμῳ διὰ τὴν τέχνην ἤρεσκεν. Οὕτω γάρ που δεινὸς σοφιστὴς ἐν τῇ ὀρχήσει ἦν ὥστε τοῦ ὁμίλου μεγάλῃ ποτὲ σπουδῇ δρᾶμά τι αὐτὸν ἐπιβόητον ὀρχήσασθαι δεομένου, παρακῦψαί τε ἐκ τῆς σκηνῆς καὶ εἰπεῖν ὅτι « οὐ δύναμαι τοῦτο ποιῆσαι· τῷ γὰρ Ὀρέστῃ συγκεκοίμημαι ». Ὁ δ'οὖν Κλαύδιος ταῦτά τε οὕτως ἔπραττε, καὶ ἐπειδὴ πλῆθός τε δικῶν ἀμύθητον ἦν καὶ οὐκ ἀπήντων ἐπ'αὐτὰς οἵ τι προσδοκῶντες ἐλαττωθήσεσθαι, προεῖπε διὰ προγράμματος ὅτι καὶ κατὰ ἀπόντων αὐτῶν ἐντὸς ῥητῆς τινος ἡμέρας δικάσει, καὶ ἐνεπέδωσε τοῦτο.

[29] Ἐν δὲ τῷ ἑξῆς ἔτει ὅ τε Κλαύδιος τὸ τέταρτον καὶ Οὐιτέλλιος Λούκιος τὸ τρίτον, ὀκτακοσιοστοῦ τῇ Ῥώμῃ ἔτους ὄντος, ὑπάτευσαν. Καὶ ἐξήλασε μὲν ὁ Κλαύδιός τινας καὶ ἐκ τῆς βουλῆς, ὧν οἱ πλείονες οὐκ ἄκοντες ἐξέπεσον ἀλλ'ἐθελονταὶ διὰ πενίαν παρέμενοι, ἀντεσήγαγε δὲ ὁμοίως πολλούς. Ἐπειδή τε Σουρδίνιός τις Γάλλος βουλεῦσαι δυνάμενος ἐς τὴν Καρχηδόνα ἐξῴκησε, σπουδῇ τε αὐτὸν μετεπέμψατο, καὶ ἔφη ὅτι « χρυσαῖς σε πέδαις δήσω. » καὶ ὁ μὲν οὕτω τῷ ἀξιώματι πεδηθεὶς κατὰ χώραν ἔμεινε· τοὺς μέντοι ἀλλοτρίους ἀπελευθέρους ὁ Κλαύδιος, εἴ που κακουργοῦντας λάβοι, δεινῶς τιμωρῶν, τοῖς ἰδίοις οὕτω προσέκειτο ὥσθ'ὑποκριτοῦ τινος ἐν τῷ θεάτρῳ ποτὲ τοῦτο δὴ τὸ θρυλούμενον εἰπόντος ὅτι « ἀφόρητός ἐστιν εὐτυχῶν μαστιγίας », καὶ τοῦ τε δήμου παντὸς ἐς Πολύβιον τὸν ἀπελεύθερον αὐτοῦ ἀποβλέψαντος, καὶ ἐκείνου ἐκβοήσαντος ὅτι ὁ αὐτὸς μέντοι ποιητὴς εἶπεν ὅτι « βασιλεῖς ἐγένοντο χοἱ πρὶν ὄντες αἰπόλοι », οὐδὲν δεινὸν αὐτὸν εἰργάσατο. Μηνυθέντων δέ τινων ὡς ἐπιβουλεύοιεν αὐτῷ, τοὺς μὲν ἄλλους ἐν οὐδενὶ λόγῳ ἐποιήσατο, εἰπὼν ὅτι « οὐ τὸν αὐτὸν χρὴ τρόπον ψύλλαν τε καὶ θηρίον ἀμύνεσθαι », ὁ δὲ Ἀσιατικὸς ἐκρίθη μὲν παρ'αὐτῷ καὶ ὀλίγου δὲ δεῖν ἀπέφυγεν. Ἀρνουμένου γὰρ αὐτοῦ καὶ λέγοντος ὅτι « οὐκ οἶδα οὐδὲ γνωρίζω τῶν καταμαρτυρούντων μου τούτων οὐδένα », ἐρωτηθεὶς ὁ στρατιώτης ὁ φάσκων αὐτῷ συγγεγονέναι ὅστις ὁ Ἀσιατικὸς εἴη, φαλακρόν τινα προσεστῶτα κατὰ τύχην ἔδειξε· τοῦτο γὰρ αὐτοῦ τὸ σύμβολον μόνον ἠπίστατο. Γέλωτος οὖν ἐπὶ τούτῳ πολλοῦ γενομένου, καὶ τοῦ Κλαυδίου ἀπολύειν αὐτὸν μέλλοντος, ὁ Οὐιτέλλιος τῇ Μεσσαλίνῃ χαριζόμενος παρακεκλῆσθαι ἔφη ὑπ'αὐτοῦ ἵν'ὅπως ἂν βουληθῇ ἀποθάνῃ. Ἀκούσας δὲ τοῦτ'ἐκεῖνος ἐπίστευσέ τε αὐτὸν ὄντως ἑαυτοῦ διὰ τὸ συνειδὸς κατεγνωκέναι, καὶ κατεχρήσατο. Ἀνεφάνη δὲ καὶ νησίδιόν τι ἐν τῷ ἔτει τούτῳ παρὰ τῇ Θήρᾳ τῇ νήσῳ, οὐκ ὂν πρότερον. Ἐπειδή τε πολλοὶ δούλους ἀρρωστοῦντας οὐδεμιᾶς θεραπείας ἠξίουν ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν οἰκιῶν ἐξέβαλλον, ἐνομοθέτησε πάντας τοὺς ἐκ τοῦ τοιούτου περιγενομένους ἐλευθέρους εἶναι.

[30] Ἐν δὲ τῇ Βρεττανίᾳ περιστοιχισθέντος τοῦ Οὐεσπασιανοῦ ὑπὸ τῶν βαρβάρων ποτὲ καὶ κινδυνεύοντος φθαρῆναι, ὁ Τίτος ὁ υἱὸς αὐτοῦ περὶ τῷ πατρὶ δείσας τήν τε περίσχεσιν αὐτῶν παραλόγῳ τόλμῃ διέρρηξε, κἀκ τούτου φεύγοντάς σφας ἐπιδιώξας ἔφθειρεν. Ὁ δὲ Πλαύτιος ἀπὸ τοῦ Βρεττανικοῦ πολέμου, ὡς καὶ καλῶς αὐτὸν χειρίσας καὶ κατορθώσας, καὶ ἐπῃνέθη ὑπὸ τοῦ Κλαυδίου καὶ ἐθριάμβευσε. Ὅτι κατὰ τὴν ὁπλομαχίαν πολλοὶ καὶ τῶν ξένων ἀπελευθέρων καὶ οἱ αἰχμάλωτοι οἱ Βρεττανοὶ ἐμαχέσαντο· καὶ πολλοὺς ὅσους καὶ ἐν τούτῳ τῷ εἴδει τῆς θέας ἀνήλισκε, καὶ ἐπ'αὐτῷ ἐσεμνύνετο. Γναῖος δὲ Δομίτιος Κορβούλων ἐν τῇ Κελτικῇ στρατηγῶν τά τε στρατεύματα συνεκρότησε, καὶ τῶν βαρβάρων ἄλλους τε καὶ οὓς ἐκάλουν Καύχους ἐκάκωσε. Καὶ αὐτὸν ἐν τῇ πολεμίᾳ ὄντα ὁ Κλαύδιος ἀνεκάλεσε· τήν τε γὰρ ἀρετὴν αὐτοῦ καὶ τὴν ἄσκησιν μαθὼν οὐκ ἐπέτρεψεν αὐτῷ ἐπὶ πλέον αὐξηθῆναι. Πυθόμενος δὲ τοῦτο ὁ Κορβούλων ἐπανῆλθε, τοσοῦτον μόνον ἀναβοήσας « ὦ μακάριοι οἱ πάλαι ποτὲ στρατηγήσαντες » ἐς δήλωσιν ὅτι τοῖς μὲν ἀκινδύνως ἀνδραγαθίζεσθαι ἐξῆν, αὐτὸς δ'ὑπὸ τοῦ αὐτοκράτορος διὰ τὸν φθόνον ἐνεποδίσθη. Τῶν μέντοι ἐπινικίων καὶ ὣς ἔτυχε. Πιστευθεὶς δὲ πάλιν τὸ στράτευμα καὶ οὐδὲν ἧττον ἤσκει αὐτό, καὶ ἐπειδή γε εἰρήνουν, διετάφρευσε δι'αὐτῶν πᾶν τὸ μεταξὺ τοῦ τε Ῥήνου καὶ τοῦ Μόσου, σταδίους ἑβδομήκοντα καὶ ἑκατὸν μάλιστα, ἵνα μὴ οἱ ποταμοὶ ἐν τῇ τοῦ ὠκεανοῦ πλημμυρίδι ἀναρρέοντες πελαγίζωσιν.

[21] Cette perte, jointe à ce que, malgré la mort de Togodumnus, les Bretons, loin de céder, ne s'en soulevaient qu'avec plus d'ardeur de toute part pour le venger, ayant inspiré des craintes à Plautius, il ne s'avança pas plus loin, il se contenta de veiller sur les parties conquises et manda Claude ; car il lui avait été prescrit d'agir ainsi, s'il survenait quelque accident ; entre autres ressources préparées en abondance pour cette expédition, on avait réuni des éléphants. Quand la nouvelle parvint à Claude, il remit les affaires intérieures et même les soldats à L. Vitellius, son collègue (il lui avait donné le consulat pour six mois entiers, sur le pied d'égalité avec lui), et partit lui-même pour la guerre. S'embarquant pour Ostie, il gagna Marseille, et de là, voyageant tantôt par terre, tantôt sur les fleuves, il parvint à l'Océan, d'où, passant en Bretagne, il rejoignit, sur les bords de la Tamise, son armée qui l'attendait. A sa tête, il passa le fleuve, et, engageant l'action avec ceux qui avaient pris les armes en masse à son approche, il les vainquit en bataille rangée et se rendit maître de Camulodunum, résidence du roi Cynobellinus. Ayant, à la suite de ce succès, réduit, les uns par composition, les autres par force, un grand nombre de peuples sous sa puissance, il fut, contre les usages des ancêtres, proclamé plusieurs fois imperator (il n'est, en effet, permis à personne de prendre ce titre plus d'une fois pour la même guerre) ; il enleva les armes à ces peuples dont le gouvernement fut par lui confié à Plautius, avec ordre d'achever la soumission du reste du pays. Puis il se hâta de retourner lui-même à Rome, où il fit apporter d'avance la nouvelle de sa victoire par ses gendres Magnus et Silanus.

[22] Le sénat, lorsqu'il connut les succès remportés en Bretagne, donna à Claude le surnom de Britannicus, et lui décerna le triomphe. Il décréta, en outre, des jeux annuels, l'érection de deux arcs de triomphe, l'un à Rome, l'autre dans la Gaule, à l'endroit où il s'était embarqué pour passer en Bretagne; il décora son fils du même surnom, en sorte que le nom de Britannicus devint, pour ainsi dire, véritablement celui de l'enfant. Messaline eut la préséance, qu'avait eue autrefois Livie, et l'autorisation de faire usage d'un char. Tels furent les honneurs que le sénat rendit aux princes ; de plus, la mémoire de Caius lui étant odieuse, il ordonna que toutes les monnaies d'airain frappées à son image seraient fondues. La mesure fut exécutée, mais l'airain ne fut pas mieux employé, car Messaline en fit faire des statues du danseur Mnester. Ce Mnester avait été autrefois le familier de Caius, et Messaline lui témoignait ainsi la reconnaissance de ses rapports avec elle. Car elle était vivement éprise de ce danseur, et, comme elle ne pouvait en aucune façon, ni par promesses, ni par menaces, le faire consentir à ses désirs, elle s'adressa à son mari, le priant de forcer Mnester à lui obéir, comme si elle avait eu besoin de lui pour un service d'un autre genre : Claude lui ayant dit alors de faire tout ce qui lui serait commandé par Messaline, Mnester entra en commerce avec elle, comme si cela eût été compris dans l'ordre de l'empereur. Elle fit la même chose à l'égard de beaucoup d'autres ; car elle commettait des adultères, comme si Claude avait connaissance de ce qui se passait, et lui avait permis de se plonger dans la débauche.

[23] C'est ainsi que certaines parties de la Bretagne furent alors soumises; à la suite de cette conquête, sous le second consulat de C. Crispus et le premier de T. Statilius, Claude rentra dans Rome après une absence de six mois, sur lesquels il n'avait passé que seize jours en Bretagne, et célébra un triomphe où, entre autres prescriptions de la loi qu'il accomplit, il monta à genoux les degrés du Capitole, soutenu sous les deux bras par ses gendres. Il accorda les ornements triomphaux à tous les sénateurs qui l'avaient accompagné dans son expédition, et non pas seulement aux consulaires, faveur que, du reste, il prodiguait à tort et à travers même pour les moindres choses; une statue et un siège parmi les sénateurs à Rubrius Pollion, préfet du prétoire, toutes les fois qu'il l'accompagnerait dans le sénat; et, pour ne paraître introduire aucune nouveauté, il allégua qu'Auguste en avait fait autant à l'égard d'un certain Valérius Ligur. Lacon, autrefois chef des Vigiles, en ce moment gouverneur de la Gaule, reçut le même honneur et, de plus, fut décoré des ornements consulaires. Après cela, Claude célébra les jeux triomphaux, et pour cela il recut le pouvoir consulaire. Ces jeux eurent lieu sur les deux théâtres à la fois : souvent il quitta le spectacle, et d'autres y présidèrent à sa place. Il promit autant de courses de chevaux qu'il pourrait y en avoir dans le jour, néanmoins il n'y en eut pas plus de dix : car, dans l'intervalle des courses, on égorgea des ours et on fit combattre des athlètes; des enfants, venus d'Asie, dansèrent la pyrrhique. Les artistes dramatiques donnèrent aussi, avec la permission du sénat, d'autres jeux, célébrés également à l'occasion de la victoire de l'empereur. Voilà ce qui eut lieu pour les affaires de Bretagne, et, pour faciliter la soumission du reste du pays, on décréta que toutes les conventions faites par Claude et toutes celles que feraient ses lieutenants avec quelqu'un de ces peuples seraient valables comme faites avec le sénat et le peuple.

[24] L'Achaïe et la Macédoine qui, depuis le règne de Tibère, étaient confiées à des gouverneurs choisis par le prince, furent alors remises au sort par Claude, qui, ayant destitué les préteurs chargés de l'administration du trésor, la confia, suivant l'antique usage, aux questeurs, sans, toutefois, rendre annuels ces fonctionnaires, ce qui avait eu lieu pour eux auparavant, et qui eut lieu plus tard pour les préteurs, puisque les deux mêmes questeurs administrèrent trois années entières; quelques-uns d'entre eux arrivèrent aussitôt après à la préture, les autres reçurent un salaire proportionné à l'opinion qu'ils donnèrent de leur administration. Claude rendit donc aux questeurs l'administration du trésor, au lieu de gouvernements en Italie hors de Rome (elles furent toutes abolies), et il confia, en revanche, aux préteurs la connaissance de certaines causes qui étaient auparavant du ressort des consuls. Il accorda aux soldats, attendu que les lois ne leur permettaient pas d'avoir de femmes, les droits d'hommes mariés. Il augmenta les États que M. Julius Cottius tenait de son père, auprès des Alpes appelées de son nom Cottiennes, avec le titre de roi, qu'il lui donna alors pour la première fois. Il priva les Rhodiens de la liberté, pour avoir mis en croix des citoyens romains. Il fit venir de Bétique Umbonius Silion, qu'il chassa du sénat, pour avoir envoyé trop peu de blé aux troupes qui servaient en Mauritanie : c'était le crime dont on le chargeait; mais son crime réel était d'avoir offensé des affranchis du prince, Silion mit sous la haste tout son nombreux et magnifique mobilier, comme pour tout mettre à l'enchère, mais il ne vendit que sa toge de sénateur, montrant par là qu'il n'était pas bien malheureux et qu'il pourrait vivre agréablement dans une condition privée. Voilà ce qui eut lieu alors ; de plus, les « nundines » furent transférées à un autre jour, à cause de certains sacrifices, chose qui arriva encore dans plusieurs autres occasions.

[25] L'année suivante, furent consuls M. Vinicius pour la seconde fois, et Statilius Corvinus. Claude prêta seul tous les serments en usage, et défendit aux autres de jurer individuellement; de même, parmi les préteurs, il n'y en eut qu'un, comme autrefois, et un aussi parmi les tribuns, qui récita la formule du serment pour ses collègues. Cette manière se pratiqua pendant plusieurs années. Rome était remplie de statues innombrables (il était permis, sans réserve, à quiconque le voulait, de se faire représenter en public par la peinture, par l'airain, ou par le marbre) ; Claude en fit transporter la plupart dans d'autres lieux, et défendit qu'on érigeât une statue à un particulier sans l'autorisation du sénat, à moins qu'il n'eût construit ou réparé quelque édifice ; alors il lui était loisible, à lui et à ses descendants, de le faire en cet endroit. De plus, en punissant de l'exil un gouverneur de province qui s'était laissé corrompre, il confisqua tout ce que cet homme avait acquis durant son gouvernement. Pour empêcher ceux qui commettraient une semblable infraction de se soustraire aux accusations qu'on voudrait leur intenter, il n'accorda à personne un gouvernement. immédiatement à la suite d'un autre. C'était bien, en effet, déjà auparavant, une prescription de la loi que l'on pût librement citer en justice, dans l'intervalle de leurs fonctions, ceux qui avaient exercé une charge (il ne leur était même pas permis, au sortir d'une province, d'entreprendre des voyages successifs, afin que, s'ils avaient prévariqué, ils ne parvinssent pas, soit par l'exercice d'un nouvel emploi, soit par des voyages, à éluder leur responsabilité), mais cette disposition était tombée en désuétude. Claude observa ces deux prescriptions avec tant de soin, qu'il ne permettait pas même à un assesseur de tirer immédiatement la province qui lui revenait, bien que continuant deux années à quelques-uns le gouvernement de la même province, et y envoyant même parfois des citoyens de son choix. Lorsqu'on lui demandait une légation libre hors de l'Italie, il l'accordait de son propre chef, sans prendre l'avis du sénat; mais, pour paraître agir légalement, il s'y fit autoriser par un sénatus-consulte. Cette mesure fut décrétée encore l'année suivante ; pour le moment, il célébra les jeux votifs qu'il avait promis pour son expédition, et donna à tous les citoyens qui recevaient du blé de l'État soixante-quinze drachmes par tête, plus même à quelques-uns ; ce qui fit que certains eurent jusqu'à trois cent douze drachmes et demie. Néanmoins tout ne fut pas distribué par lui ; une partie le fut par ses gendres, car la répartition dura plusieurs jours, durant lesquels il voulut aussi rendre la justice. Il rétablit en outre le cinquième jour que Caius avait ajouté aux Saturnales, et qu'on avait ensuite supprimé.

[26] Le soleil devant s'éclipser le jour anniversaire de sa naissance, Claude craignit qu'il n'en résultât quelque trouble, attendu qu'il était arrivé d'autres prodiges, et il publia un édit pour faire connaître à l'avance, non seulement l'éclipse, son moment et sa grandeur, mais les causes qui devaient nécessairement l'amener. Ces causes, les voici. La lune qui, comme on le croit, fait son tour au-dessous du soleil, qu'elle le fasse immédiatement sous lui, ou que Mercure et Vénus soient entre deux, se meut en longitude comme cet astre ; elle se meut aussi comme lui en hauteur, et elle a, de plus, un mouvement en latitude que n'a nullement le soleil. Lors donc que la lune vient à se trouver sur la même droite que lui, au-dessus de nos regards, et qu'elle s'interpose entre nous et ses rayons, alors elle dérobe la lumière qui vient de cet astre à la terre, plus pour certains lieux, moins pour d'autres; pour quelques endroits même, elle n'en cache rien du tout; car le soleil, ayant toujours une lumière qui lui est propre, ne la perd jamais ; et c'est ce qui fait que, dans les endroits où la lune n'est pas en opposition, de manière à le couvrir de son ombre, il ne cesse d'être visible en entier. Voilà ce qui a constamment lieu pour le soleil, et ce que Claude fit alors publier. Quant à la lune (il n'est pas hors de propos de parler d'elle aussi, puisque je suis engagé dans cette matière), toutes les fois que, se trouvant à son opposition avec le soleil (cela ne lui arrive qu'aux époques de pleine lune, comme au soleil qu'aux époques de nouvelle lune), elle rencontre l'ombre de la terre, qui a la forme d'un cône (la chose a lieu lorsqu'elle est au milieu de son mouvement latitudinal), elle est privée de la lumière que lui envoie le soleil, et se montre telle qu'elle est par elle-même. Voilà ce qu'il en est de ce phénomène.

[27] Cette année écoulée, Valérius Asiaticus fut consul pour la seconde fois, et M. Silanus pour la première. Ce dernier exerça sa charge pendant tout le temps pour lequel il avait été nommé ; Asiaticus avait été désigné consul pour l'année entière, ce qui se pratiquait pour d'autres aussi; au lieu de cela, il abdiqua volontairement cette charge, ce que d'autres avaient fait encore. Mais ceux-là l'avaient fait à cause de leur pauvreté (les dépenses pour les jeux du cirque étaient montées fort haut, et la plupart du temps il y avait vingt-quatre courses); Asiaticus le fit à cause de ses richesses, qui causèrent sa mort. Comme il avait de grands biens, et que son deuxième consulat l'avait rendu incommode et odieux à beaucoup de monde, il voulut se rabaisser, et, pour ainsi dire, s'amoindrir lui-même, dans l'espoir d'être ainsi moins exposé au danger. Son attente fut trompée. Pour Vinicius, Claude ne lui fit aucun mal (c'était un homme illustre, et il vivait en sûreté, tranquillement occupé de ses propres affaires); mais Messaline, ayant conçu des soupçons contre lui, parce qu'elle avait tué sa femme Julie, irritée, en outre, de ce qu'il avait refusé d'avoir commerce avec elle, le fit périr par le poison. Aussi fut-il honoré de funérailles aux frais de l'État, et d'une oraison funèbre, honneur qui, du reste, était accordé à beaucoup de monde. Quant à Asinius Gallus, frère utérin de Drusus, il ourdit une conspiration contre Claude; néanmoins il ne fut pas mis à mort, mais condamné à l'exil. La cause en fut, sans doute, qu'il n'avait pour cela ni réuni d'armée, ni amassé d'argent, et que l'excès de la folie, lui persuadant que les Romains, en considération de sa naissance, lui accorderaient volontairement la souveraineté, l'avait seul poussé à cette audace; mais ce fut plutôt que, méprisé pour la petitesse de sa taille et pour sa laideur, il était un sujet de risée, loin d'être un sujet d'inquiétude.

[28] Claude obtint pour cet acte des éloges sans réserve, et aussi, par Jupiter! parce qu'un affranchi ayant, non content de citer devant les tribuns du peuple le patron qui lui avait donné la liberté, demandé et obtenu l'assistance d'un licteur, il s'en montra indigné, punit l'affranchi et ceux qui lui avaient prêté leur concours, et défendit que, par la suite, personne prêtât aide à des affranchis qui présenteraient pareilles requêtes contre leurs anciens maîtres, sous peine d'être privé à jamais du droit d'intenter une accusation. On n'en était pas moins chagrin de le voir esclave de sa femme et de ses affranchis, surtout depuis le jour où plusieurs citoyens, et Claude lui-même, ayant cherché à faire périr, dans un combat de gladiateurs, Sabinus, gouverneur de la Gaule sous Caius, Messaline lui avait sauvé la vie; Sabinus, en effet, était son amant. Les Romains étaient affligés de cela, et aussi de ce que Messaline retenait près d'elle Mnester, qu'elle avait enlevé au théâtre, et parce que, toutes les fois que le peuple parlait des motifs qui empêchaient Mnester de danser, Claude en témoignait sa surprise et protestait avec serment, entre autres choses, qu'il n'avait pas de relations avec lui. Comme on croyait qu'il n'avait réellement pas connaissance de ce qui se passait, on était peiné qu'il fût le seul à ignorer les désordres de la maison impériale, désordres dont le bruit s'était déjà répandu jusque chez les ennemis; mais on ne voulait pas l'en avertir, par respect pour Messaline, et par crainte de nuire à Mnester, qui, s'il était agréable à Messaline pour sa beauté, ne l'était pas moins au peuple pour son talent. En effet, il était si habile danseur, qu'un jour, les spectateurs l'ayant prié avec de grandes instances de danser une pièce célèbre, il les regarda de la scène et répondit : « Je ne saurais, car j'ai couché avec Oreste. » Tels étaient donc les actes de Claude ; de plus, comme le nombre des procès était infini, et que ceux qui craignaient de succomber ne se rendaient pas à l'appel de leur cause, il avertit par un édit les parties intéressées que, passé un certain jour, qu'il fixa, il statuerait sur elles, même en leur absence, et il tint parole.

[29] L'année suivante, qui fut la huit-centième de Rome, furent consuls, Claude pour la quatrième fois, et L. Vitellius pour la troisième. Claude raya du sénat plusieurs membres qui, la plupart, loin de répugner à cette dégradation, la subirent volontiers à cause de leur pauvreté, et il en mit plusieurs autres en leur place. Un certain Surdinius Gallus, à qui ses moyens permettaient de faire partie du sénat; s'étant retiré à Carthage, il s'empressa de l'envoyer quérir, et lui dit : « Je t'attacherai par des chaînes d'or. » Ainsi Surdinius, enchaîné par sa dignité, demeura à Rome. Bien que Claude châtiât avec rigueur les affranchis des autres, quand il les prenait à mal faire, il était tellement indulgent pour les siens qu'un jour, au théâtre, un acteur ayant prononcé ce mot bien connu : « Insupportable est le marchand d'étrivières que la fortune a élevé »; et Polybe, son affranchi, sur qui tout le peuple avait jeté les yeux, ayant reparti à haute voix : « Le même poète a dit aussi : « Rois sont devenus, qui auparavant étaient chevriers »; il ne lui fit aucun mal. Avant reçu avis que plusieurs avaient conspiré contre lui, il méprisa tous les autres accusés en disant : On ne se doit pas venger d'une puce comme on se venge d'une bête farouche; » Asiaticus fut, seul, jugé dans l'appartement du prince, et encore il s'en fallut bien peu qu'il ne fût absous. Car, comme Asiaticus niait le crime, et répétait sans cesse : « Je n'ai jamais vu, je ne reconnais aucun de ces témoins qui déposent contre moi », un soldat qui prétendait avoir été son complice, et à qui on demanda où était Asiaticus, montra un homme chauve qui, par hasard, se tenait à peu de distance de l'accusé; c'était, en effet, le seul signalement qu'il eût de sa personne. Un grand éclat de rire s'en étant suivi et Claude étant sur le point d'absoudre l'accusé, Vitellius, pour faire sa cour à Messaline, dit qu'Asiaticus l'avait supplié de faire en sorte qu'il eût le choix du genre de mort. Ces paroles persuadèrent à Claude qu'Asiaticus s'était véritablement condamné lui-même dans sa conscience, et il le fit périr. Il sortit des flots cette même année, auprès de l'île de Théra, un îlot qui n'y était pas auparavant. Comme il y avait des maîtres qui, loin de prendre soin de leurs esclaves malades, les chassaient de leurs maisons, Claude disposa que tous ceux de ces esclaves qui, ayant été chassés de la sorte, recouvreraient la santé, seraient libres.

[30] En Bretagne, cependant, Vespasien ayant été enfermé par les barbares et courant risque d'y périr, son fils, saisi de crainte pour son père, rompit le cercle ennemi par une hardiesse extraordinaire, et tailla en pièces les fuyards. Plautius, pour sa belle conduite et ses succès dans la guerre de Bretagne, obtint de Claude des éloges et le triomphe. {Dans le combat de gladiateurs, on mit aux prises plusieurs affranchis étrangers et les captifs bretons; un grand nombre fut moissonné dans cette sorte de spectacle, et Claude s'en fit gloire.} Cn. Domitius Corbulon, qui commandait en Germanie, rassembla ses troupes et incommoda, entre autres barbares, le peuple appelé les Cauques. Il était sur la terre ennemie, lorsqu'il fut rappelé par Claude; instruit de sa valeur et de la discipline qu'il appliquait, le prince ne lui permit pas de grandir davantage. Informé de cet ordre, Corbulon revint sur ses pas, en se contentant de s'écrier : « Heureux les généraux d'autrefois ! » pour montrer qu'on pouvait alors sans danger être vaillant, au lieu que, lui, il trouvait un obstacle dans la jalousie de l'empereur. Malgré cela cependant il obtint les ornements du triomphe. Replacé à la tête de ses troupes, il n'en continua pas moins l'application de la même discipline, et, comme on était en paix, il les occupa à creuser, dans tout l'espace compris entre le Rhin et la Meuse, cent soixante-douze stades environ, un canal destiné à empêcher que le reflux de l'Océan, faisant remonter ces fleuves, inondât le pays. 

[31] Ἡ Μεσσαλῖνα ὥσπερ οὐκ ἐξαρκοῦν οἱ ὅτι καὶ ἐμοιχεύετο καὶ ἐπορνεύετο (τά τε γὰρ ἄλλα αἰσχρῶς ἔπραττε, καὶ ἐπ'οἰκήματος ἔστιν ὅτε ἐν τῷ παλατίῳ αὐτή τε ἐκαθέζετο καὶ τὰς ἄλλας τὰς πρώτας ἐκάθιζε), καὶ ἐπεθύμησε καὶ ἄνδρας, τοῦτο δὴ τὸ τοῦ λόγου, πολλοὺς ἔχειν. Καὶ σύμπασιν ἂν τοῖς χρωμένοις αὐτῇ κατὰ συμβόλαια συνῴκησεν, εἰ μήπερ εὐθὺς ἐν τῷ πρώτῳ φωραθεῖσα ἀπώλετο. Τέως μὲν γὰρ οἱ Καισάρειοι πάντες ὡμολόγουν αὐτῇ, καὶ οὐδὲν ὅ τι οὐκ ἀπὸ κοινῆς γνώμης ἐποίουν· ἐπεὶ δὲ τὸν Πολύβιον, καίτοι καὶ ἐκείνῳ πλησιάζουσα, καὶ διέβαλε καὶ ἀπέκτεινεν, οὐκέτι αὐτῇ ἐπίστευον, κἀκ τούτου ἐρημωθεῖσα τῆς παρ'αὐτῶν εὐνοίας ἐφθάρη. Τόν τε γὰρ Σίλιον τὸν Γάιον, τὸν τοῦ Σιλίου τοῦ ὑπὸ Τιβερίου σφαγέντος υἱόν, ἄνδρα ἐπεγράψατο, καὶ τούς τε γάμους πολυτελῶς εἱστίασε καὶ οἰκίαν αὐτῷ βασιλικὴν ἐχαρίσατο, πάντα τὰ τιμιώτατα τῶν τοῦ Κλαυδίου κειμηλίων συμφορήσασα ἐς αὐτήν, καὶ τέλος ὕπατον αὐτὸν ἀπέφηνε. Ταῦτ'οὖν πρότερον μὲν καὶ ὑπὸ πάντων τῶν ἄλλων ἀκουόμενα καὶ ὁρώμενα τὸν γοῦν Κλαύδιον ἐλάνθανεν· ὡς δ'οὗτός τε ἐς τὰ Ὤστια πρὸς ἐπίσκεψιν σίτου κατέβη, καὶ ἐκείνη ἐν τῇ Ῥώμῃ, πρόφασιν ὡς καὶ νοσοῦσα, ὑπελείφθη, συμπόσιόν τέ τι περιβόητον συνεκρότησε καὶ κῶμον ἀσελγέστατον ἐκώμασεν, ἐνταῦθα ὁ Νάρκισσος μονωθέντι τῷ Κλαυδίῳ μηνύει διὰ τῶν παλλακῶν αὐτοῦ πάντα τὰ γιγνόμενα. Καὶ ἐκφοβήσας αὐτὸν ὡς καὶ τῆς Μεσσαλίνης ἐκεῖνόν τε ἀποκτενεῖν καὶ τὸν Σίλιον ἐς τὴν ἀρχὴν ἀντικαθιστάναι μελλούσης, ἀνέπεισε συλλαβεῖν τινας καὶ βασανίσαι. ἅμα τε τοῦτ'ἐγίγνετο καὶ αὐτὸς ἐς τὴν πόλιν ἠπείχθη, καὶ ὥσπερ εἶχεν ἐσελθὼν ἄλλους τε πολλοὺς καὶ τὸν Μνηστῆρα ἐθανάτωσε, καὶ μετὰ τοῦτο καὶ αὐτὴν τὴν Μεσσαλῖναν ἐς τοὺς τοῦ Ἀσιατικοῦ κήπους, δι'οὕσπερ οὐχ ἥκιστα ἀπωλώλει, ἀναχωρήσασαν ἀπέσφαξεν. Καὶ μετ'ὀλίγον τὴν ἀδελφιδῆν Ἀγριππῖναν ἔγημε, τὴν τοῦ Δομιτίου τοῦ Νέρωνος ἐπονομασθέντος μητέρα· καὶ γὰρ καλὴ ἦν καὶ συνεχῶς αὐτῷ προσεφοίτα, μόνη τε ὡς καὶ θείῳ συνεγίγνετο, καὶ τρυφερώτερον ἢ κατ'ἀδελφιδῆν προσεφέρετο. Ὅτι ὁ Σιλανὸς ἀνὴρ ἀγαθὸς ἐνομίζετο, καὶ ὑπὸ τοῦ Κλαυδίου οὕτως ἐτιμᾶτο ὥστε καὶ ἐπινικίους τιμὰς ἐν παισὶ λαβεῖν, τήν τε θυγατέρα αὐτοῦ Ὀκταουίαν ἐγγυήσασθαι, καὶ πολὺ πρὸ τοῦ καθήκοντος χρόνου στρατηγῆσαι, τήν τε πανήγυριν τὴν προσήκουσαν αὐτῷ τοῖς ἐκείνου τέλεσιν ποιῆσαι, καὶ ἐν αὐτῇ τὸν Κλαύδιον καὶ αἰτῆσαί τινα παρ'αὐτοῦ ὥσπερ τινὰ στασιάρχην, καὶ ἐκβοῆσαι πάνθ'ὅσα τοὺς ἄλλους βουλομένους ἑώρα. Ὅτι οὕτω ταῖς γυναιξὶν ὁ Κλαύδιος ἐδεδούλωτο ὥστ'ἀμφοτέρους τοὺς γαμ βροὺς δι'αὐτὰς ἀποκτεῖναι.

[32] ὡς δ'ἅπαξ ἐν τῷ βασιλείῳ ἡ Ἀγριππῖνα ἐγένετο, τόν τε Κλαύδιον ἐσφετερίσατο, δεινοτάτη που οὖσα πράγμασι χρῆσθαι, καὶ τούς τινα αὐτοῦ εὔνοιαν ἔχοντας τὰ μὲν φόβῳ τὰ δὲ εὐεργεσίαις ᾠκειώσατο. Καὶ τέλος τὸν Βρεττανικὸν τὸν παῖδα αὐτοῦ ὡς καὶ τῶν τυχόντων τινὰ τρέφεσθαι ἐποίει· ὁ γὰρ ἕτερος, ὁ καὶ τὴν τοῦ Σεϊανοῦ θυγατέρα ἐγγυησάμενος, ἐτεθνήκει. Τόν τε Δομίτιον τότε μὲν γαμβρὸν τῷ Κλαυδίῳ ἀπέδειξεν, ὕστερον δὲ καὶ ἐσεποίησεν. Ἔπραξεν δὲ ταῦτα τὸ μέν τι διὰ τῶν ἀπελευθέρων ἀναπείσασα τὸν Κλαύδιον, τὸ δὲ καὶ τὴν γερουσίαν καὶ τὸν δῆμον τούς τε στρατιώτας ἐπιτήδειόν τι ἀεί ποτε ἐς αὐτὰ συμβοᾶν παρασκευάσασα. Ὅτι ἡ Ἀγριππῖνα τὸν υἱὸν ἐς τὸ κράτος ἐξήσκει καὶ παρὰ τῷ Σενέκᾳ ἐξεπαίδευε, πλοῦτόν τε ἀμύθητον αὐτῷ συνέλεγεν, οὐδὲν οὔτε τῶν σμικροτάτων οὔτε τῶν ἀτιμοτάτων ἐπ'ἀργυρισμῷ παραλείπουσα, ἀλλὰ πάντα μὲν καὶ τὸν ὁπωσοῦν εὐποροῦντα θεραπεύουσα, πολλοὺς δὲ καὶ δι'αὐτὸ τοῦτο φονεύουσα. ἤδη δέ τινας καὶ τῶν ἐπιφανῶν γυναικῶν ζηλοτυπήσασα ἔφθειρε, καὶ τήν γε Παυλῖναν τὴν Λολλίαν, ἐπειδὴ τῷ Γαΐῳ συνῳκήκει καὶ ἐλπίδα τινὰ ἐς τὴν τοῦ Κλαυδίου συνοίκησιν ἐσχήκει, ἀπέκτεινε. Τήν τε κεφαλὴν αὐτῆς κομισθεῖσαν αὐτῇ μὴ γνωρίσασα τό τε στόμα αὐτῆς αὐτοχειρίᾳ ἀνέῳξε καὶ τοὺς ὀδόντας ἐπεσκέψατο ἰδίως πως ἔχοντας. Ὅτι ὁ μὲν Νέρων ηὔξετο, Βρεττανικὸς δὲ οὔτε τινὰ τιμὴν οὔτε ἐπιμέλειαν εἶχεν, ἀλλ'ἡ Ἀγριππῖνα τούς τε ἄλλους τοὺς περιέποντας αὐτὸν τοὺς μὲν ἐξέβαλε τοὺς δὲ καὶ ἀπέκτεινε, καὶ τὸν Σωσίβιον, ᾧ ἥ τε τροφὴ καὶ ἡ παιδεία αὐτοῦ προσετέτακτο, κατέσφαξεν ὡς καὶ τῷ Νέρωνι ἐπιβουλεύοντα. Κἀκ τούτου παραδοῦσα αὐτὸν οἷς ἤθελεν, ἐκάκου ὅσον ἐδύνατο, καὶ οὔτε τῷ πατρὶ συνεῖναι οὔτε ἐς τὸ δημόσιον προϊέναι εἴα, ἀλλ'ἐν ἀδέσμῳ τρόπον τινὰ φυλακῇ εἶχεν.

[33] Ὅτι τῆς Ἀγριππίνης οὐδεὶς τὸ παράπαν ἥπτετο, ἀλλὰ τά τε ἄλλα καὶ ὑπὲρ αὐτὸν τὸν Κλαύδιον ἐδύνατο, καὶ ἐν κοινῷ τοὺς βουλομένους ἠσπάζετο· καὶ τοῦτο καὶ ἐς τὰ ὑπομνήματα ἐσεγράφετο. - - - ἔν τινι δὲ λίμνῃ ναυμαχίαν ὁ Κλαύδιος ἐπεθύμησε ποιῆσαι, τεῖχός τε ξύλινον περὶ αὐτὴν κατεσκεύασε καὶ ἰκρία ἔπηξε, πλῆθός τε ἀναρίθμητον ἤθροισε. Καὶ οἱ μὲν ἄλλοι ὥς που καὶ ἔδοξεν αὐτοῖς, ὁ δὲ δὴ Κλαύδιος ὅ τε Νέρων στρατιωτικῶς ἐστάλησαν, ἥ τε Ἀγριππῖνα χλαμύδι διαχρύσῳ ἐκοσμήθη. Οἱ δὲ δὴ ναυμαχήσοντες θανάτῳ τε {δὴ} καταδεδικασμένοι ἦσαν καὶ πεντήκοντα ναῦς ἑκάτεροι εἶχον, οἱ μὲν Ῥόδιοι οἱ δὲ Σικελοὶ ὀνομασθέντες. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον συστραφέντες καὶ καθ'ἓν γενόμενοι Κλαύδιον ἅμα προσηγόρευσαν οὕτω « χαῖρε, αὐτοκράτορ· οἱ ἀπολούμενοί σε ἀσπαζόμεθα· » ἐπεὶ δὲ οὐδὲν σωτήριον εὕροντο, ἀλλὰ ναυμαχεῖν καὶ ὣς ἐκελεύσθησαν, διέκπλοις τε ἁπλοῖς ἐχρήσαντο καὶ ἥκιστα ἀλλήλων ἥψαντο, μέχρις οὗ καὶ ἀνάγκῃ κατεκόπησαν. Ὁ δὲ δὴ Νάρκισσος οὕτως ἐνετρύφα τῷ Κλαυδίῳ ὥστε λέγεται, ἐπειδή ποτε οἱ Βιθυνοί, δικάζοντος τοῦ Κλαυδίου, Ἰουνίου Κίλωνος τοῦ ἄρξαντός σφων πολλὰ κατεβόησαν ὡς οὐ μετρίως δωροδοκήσαντος, καὶ ἤρετο ἐκεῖνος τοὺς παρεστηκότας ὅ τι καὶ λέγουσιν (οὐ γὰρ συνίει διὰ τὸν θόρυβον αὐτῶν), εἶπέ τε ὁ Νάρκισσος ψευσάμενος ὅτι χάριν τῷ Ἰουνίῳ γιγνώσκουσι, πιστεῦσαί τε αὐτῷ καὶ εἰπεῖν « οὐκοῦν ἐπὶ διετὲς ἔτι ἐπιτροπεύσει. » ὅτι ὁ Νάρκισσος τῆς λίμνης τῆς Φουκίνης συμπεσούσης αἰτίαν ἐπ'αὐτῇ μεγάλην ἔλαβεν· ἐπεστάτει γὰρ τοῦ ἔργου, καὶ ἔδοξε πολὺ ἐλάττω ὧν ἤλπιζε δαπανήσας εἶτα ἐξεπίτηδες τὸ σύμπτωμα, ὅπως ἀνεξέλεγκτον τὸ κακούργημα αὐτοῦ γένηται, μηχανήσασθαι. Ἡ δὲ Ἀγριππῖνα καὶ δημοσίᾳ πολλάκις αὐτῷ καὶ χρηματίζοντι καὶ πρεσβείας ἀκροωμένῳ παρῆν, ἐπὶ βήματος ἰδίου καθημένη. Καὶ ἦν καὶ τοῦτο οὐδενὸς ἔλαττον θέαμα. Ἰουλίῳ δέ τινι Γαλλίκῳ ῥήτορι δίκην ποτὲ λέγοντι ὁ Κλαύδιος ἀχθεσθεὶς ἐκέλευσεν αὐτὸν ἐς τὸν Τίβεριν ἐμβληθῆναι· ἔτυχε γὰρ πλησίον αὐτοῦ δικάζων. Ἐφ'ᾧ δὴ ὁ Δομίτιος ὁ Ἆφρος, πλεῖστον τῶν καθ'ἑαυτὸν ἐν τῷ συναγορεύειν τισὶν ἰσχύσας, κάλλιστα ἀπέσκωψε· δεηθέντος γάρ τινος ἀνθρώπου τῆς παρ'αὐτοῦ βοηθείας, ἐπειδὴ ὑπὸ τοῦ Γαλλίκου ἐγκατελείφθη, ἔφη πρὸς αὐτὸν ὅτι « καὶ τίς σοι εἶπεν ὅτι κρεῖττον ἐκείνου νήχομαι; »

[34] Ὁ δὲ Κλαύδιος τοῖς ὑπὸ τῆς Ἀγριππίνης δρωμένοις, ὧν γε καὶ ᾐσθάνετο ἤδη, ἀχθόμενος, καὶ τὸν υἱὸν αὐτοῦ τὸν Βρεττανικὸν ἐπιζητῶν, ἐξ ὀφθαλμῶν αὐτῷ ἐπίτηδες ὑπ'ἐκείνης τὰ πολλὰ γιγνόμενον, Νέρωνι, οἷα τῷ ἑαυτῆς παιδὶ ἐκ τοῦ προτέρον ἀνδρὸς αὐτῆς Δομιτίου, πάντα τρόπον περιποιουμένης τὸ κράτος, {καὶ} ὁπότε ἐντύχοι φιλοφρόνως συγγινόμενος, οὐκ ἤνεγκε τὸ γιγνόμενον, ἀλλ'ἐκείνην τε καταλῦσαι καὶ τὸν υἱὸν ἐς τοὺς ἐφήβους ἐσαγαγεῖν καὶ διάδοχον τῆς ἀρχῆς ἀποδεῖξαι παρεσκευάζετο. Μαθοῦσα δὲ ταῦτα ἡ Ἀγριππῖνα ἐφοβήθη, καὶ αὐτὸν προκαταλαβεῖν φαρμάκῳ πρίν τι τοιοῦτον πραχθῆναι ἐσπούδασεν. Ὡς δὲ ἐκεῖνος οὐδὲν ὑπό τε τοῦ οἴνου, ὃν πολὺν ἀεί ποτε ἔπινε, καὶ ὑπὸ τῆς ἄλλης διαίτῃς, ᾗ πάντες ἐπίπαν πρὸς φυλακήν σφων οἱ αὐτοκράτορες χρῶνται, κακοῦσθαι ἠδύνατο, Λουκοῦστάν τινα φαρμακίδα περιβόητον ἐπ'αὐτῷ τούτῳ νέον ἑαλωκυῖαν μετεπέμψατο, καὶ φάρμακόν τι ἄφυκτον προκατασκευάσασα δι'αὐτῆς ἔς τινα τῶν καλουμένων μυκήτων ἐνέβαλε. Καὶ αὐτὴ μὲν ἐκ τῶν ἄλλων ἤσθιεν, ἐκεῖνον δὲ ἐκ τοῦ τὸ φάρμακον ἔχοντος (καὶ γὰρ μέγιστος καὶ κάλλιστος ἦν) φαγεῖν ἐποίησε. Καὶ ὁ μὲν οὕτως ἐπιβουλευθεὶς ἐκ μὲν τοῦ συμποσίου ὡς καὶ ὑπερκορὴς μέθης σφόδρα ὢν ἐξεκομίσθη, ὅπερ που καὶ ἄλλοτε πολλάκις ἐγεγόνει, κατεργασθεὶς δὲ τῷ φαρμάκῳ διά τε τῆς νυκτὸς οὐδὲν οὔτ'εἰπεῖν οὔτ'ἀκοῦσαι δυνηθεὶς μετήλλαξε, τῇ τρίτῃ καὶ δεκάτῃ τοῦ Ὀκτωβρίου, ζήσας ἑξήκοντα καὶ τρία ἔτη καὶ μῆνας δύο καὶ ἡμέρας τρεῖς καὶ δέκα, αὐταρχήσας δὲ ἔτη τρία καὶ δέκα καὶ μῆνας ὀκτὼ καὶ ἡμέρας εἴκοσι. Ταῦτα δὲ δὴ ἡ Ἀγριππῖνα ποιῆσαι ἠδυνήθη ὅτι τὸν Νάρκισσον ἐς Καμπανίαν, προφάσει ὡς καὶ τοῖς ὕδασι τοῖς ἐκεῖ πρὸς τὴν ποδάγραν χρησόμενον, προαπέπεμψεν, ἐπεὶ παρόντος γε αὐτοῦ οὐκ ἄν ποτε αὐτὸ ἐδεδράκει· τοιοῦτός τις φύλαξ τοῦ δεσπότου ἦν. Ἐπαπώλετο δὲ καὶ αὐτὸς τῷ Κλαυδίῳ, μέγιστον τῶν τότε ἀνθρώπων δυνηθείς· μυριάδας τε γὰρ πλείους μυρίων εἶχε, καὶ προσεῖχον αὐτῷ καὶ πόλεις καὶ βασιλεῖς. Καὶ δῆτα καὶ τότε ἀποσφαγήσεσθαι μέλλων λαμπρὸν ἔργον διεπράξατο· τὰ γὰρ γράμματα τοῦ Κλαυδίου, ὅσα ἀπόρρητα κατά τε τῆς Ἀγριππίνης καὶ κατὰ ἄλλων τινῶν, οἷα τὰς ἐπιστολὰς αὐτοῦ διοικῶν, εἶχε, πάντα προκατέκαυσεν.

[35] Οὕτω μὲν ὁ Κλαύδιος μετήλλαξεν, ἐς τοῦτό τε {ὅ τε} ἀστὴρ ὁ κομήτης ἐπὶ πλεῖστον ὀφθείς, καὶ ἡ ψεκὰς ἡ αἱματώδης, ὅ τε σκηπτὸς ὁ ἐς τὰ δορυφορικὰ σημεῖα ἐμπεσών, καὶ ἡ αὐτόματος τοῦ ναοῦ τοῦ Διὸς τοῦ Νικαίου ἄνοιξις, τό τε σμῆνος τὸ ἐν τῷ στρατοπέδῳ συστραφέν, καὶ ὅτι ἐξ ἁπασῶν τῶν ἀρχῶν εἷς ἀφ'ἑκάστης ἐτελεύτησεν, ἔδοξε σημῆναι. Ἔτυχε δὲ καὶ τῆς ταφῆς καὶ τῶν ἄλλων ὅσων ὁ Αὔγουστος. Ἀγριππῖνα δὲ καὶ ὁ Νέρων πενθεῖν προσεποιοῦντο ὃν ἀπεκτόνεσαν, ἔς τε τὸν οὐρανὸν ἀνήγαγον ὃν ἐκ τοῦ συμποσίου φοράδην ἐξενηνόχεσαν. Ὅθενπερ Λούκιος Ἰούνιος Γαλλίων ὁ τοῦ Σενέκα ἀδελφὸς ἀστειότατόν τι ἀπεφθέγξατο. Συνέθηκε μὲν γὰρ καὶ ὁ Σενέκας σύγγραμμα, ἀποκολοκύντωσιν αὐτὸ ὥσπερ τινὰ ἀθανάτισιν ὀνομάσας· ἐκεῖνος δὲ ἐν βραχυτάτῳ πολλὰ εἰπὼν ἀπομνημονεύεται. Ἐπειδὴ γὰρ τοὺς ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ θανατουμένους ἀγκίστροις τισὶ μεγάλοις οἱ δήμιοι ἔς τε τὴν ἀγορὰν ἀνεῖλκον κἀντεῦθεν ἐς τὸν ποταμὸν ἔσυρον, ἔφη τὸν Κλαύδιον ἀγκίστρῳ ἐς τὸν οὐρανὸν ἀνενεχθῆναι. Καὶ ὁ Νέρων δὲ οὐκ ἀπάξιον μνήμης ἔπος κα τέλιπε· τοὺς γὰρ μύκητας θεῶν βρῶμα ἔλεγεν εἶναι, ὅτι καὶ ἐκεῖνος διὰ τοῦ μύκητος θεὸς ἐγεγόνει.

[31] Messaline, comme s'il ne lui eût pas suffi d'être adultère et courtisane (elle allait jusqu'à se prostituer elle-même et à prostituer, dans le palais, d'autres femmes du premier rang), voulut encore, comme dit le proverbe, avoir plusieurs maris. {Peut-être eut-elle contracté mariage avec tous ceux qui avaient commerce avec elle, si elle n'eût, surprise dès le premier, été punie de mort aussitôt. Tous les Césariens, en effet, jusque-là parlaient comme elle, et rien ne se faisait que d'un commun accord; mais quand elle eut, malgré ses accointances avec lui, accusé et fait périr Polybe, ils n'eurent plus confiance en elle ; ainsi abandonnée d'eux, elle succomba.} Elle prit pour mari C. Silius, {fils de ce Silius qui avait été égorgé par Tibère}, célébra ses noces par des festins somptueux, donna à ce nouvel époux une demeure princière, où elle fit transporter les meubles les plus précieux de Claude, et enfin le nomma consul. Or, ces scandales qui, {déjà auparavant}, étaient venus aux oreilles et aux yeux de tous {les autres], étaient ignorés de Claude. Mais, dans le temps qu'il était descendu à Ostie pour veiller à l'apport des blés, tandis que Messaline, sous prétexte d'indisposition, était restée à Rome où elle célébra un festin fameux et se livra à l'orgie la plus effrénée, Narcisse profita de cet isolement de Claude pour lui découvrir, par l'entremise de ses concubines, tout ce qui se passait. {Puis, l'effrayant de l'idée que Messaline allait le tuer et mettre Silius à sa place, il le décida à se saisir de plusieurs personnes et à leur donner la question.} Par suite de ces révélations, Claude revint en hâte à Rome, et, à peine arrivé, livra au supplice un grand nombre de citoyens, entre autres Mnester, et fit mourir Messaline elle-même, {retirée dans les jardins d'Asiaticus, jardins qui n'avaient pas peu contribué à la perte de leur maître}. Peu après, il épousa sa nièce Agrippine, mère de Domitius surnommé Néron: elle était belle, visitait souvent l'empereur, s'entretenait en particulier avec lui, en sa qualité d'oncle et se conduisait à son égard d'une façon trop tendre pour une nièce. {Silanus avait la réputation d'homme de bien, et Claude l'estimait si fort, qu'il le décora, encore enfant, des ornements triomphaux, lui fiança sa fille Octavie, le nomma préteur bien avant le temps fixé par les lois, fit les frais des jeux que Silanus devait donner, jeux pendant lesquels il vint lui-même, comme un chef de parti, lui demander une permission, et ordonna à haute voix tout ce qu'il s'apercevait que le peuple désirait. Mais Claude fut tellement esclave de ses femmes, que, pour elles, il tua ses deux gendres.}

[32] Agrippine ne fut pas plutôt dans la demeure du prince que, femme habile à tirer parti des choses, elle s'empara de l'esprit de Claude et s'attacha par la crainte ou par de bons offices ceux qui avaient quelque bienveillance pour lui. {Elle faisait élever comme un enfant du peuple Britannicus, fils de Claude; car l'autre fils du prince, celui qui avait été fiancé à la fille de Séjan, était déjà mort. Pour le moment, elle procura à Domitius l'honneur de devenir le gendre de Claude; plus tard, elle le fit adopter par lui. Elle réussit dans ses menées, partie en usant de la persuasion avec Claude par l'entremise de ses affranchis, partie en subornant le sénat, le peuple et les soldats, de manière qu'on entendît sans cesse retentir des cris favorables à son projet. Agrippine élevait son fils} pour être le maître un jour, lui donnait Sénèque pour précepteur, lui amassait des richesses incalculables, sans reculer devant aucuns moyens, même les plus infâmes, de se procurer de l'argent, caressant tout le monde, pour peu qu'on fût riche, et faisant périr plusieurs citoyens pour ce seul motif. Il y eut aussi des femmes illustres qui furent victimes de sa jalousie; c'est ainsi que Paulina Lollia fut punie de mort pour avoir autrefois eu quelque espérance d'épouser Claude. Quand on lui eut apporté la tête de Lollia, ne pouvant la reconnaître, elle lui ouvrit la bouche de sa propre main et regarda ses dents qu'elle avait faites d'une façon particulière. {Néron grandissait, et Britannicus n'obtenait aucun honneur, aucun soin ; Agrippine, bien loin de là, s'appliquait à chasser ou à faire mourir tous ceux qui portaient quelque intérêt au jeune prince; Sosibius, à qui son éducation et son instruction étaient confiées, fut égorgé sous prétexte d'avoir conspiré contre Néron. A partir de ce moment, livrant Britannicus à des gens de son choix, elle lui fit tout le mal qu'elle put, ne lui permit ni de s'entretenir avec son père ni de sortir en public, et le tint, pour ainsi dire, en garde libre.}

[33] {Personne n'osait offenser Agrippine en quoi que ce fût, car elle était plus puissante que Claude lui-même, et elle admettait publiquement à la saluer tous ceux qui le voulaient; et la chose était consignée dans les Actes.} {Elle devint bientôt une seconde Messaline, surtout parce que, entre autres honneurs, elle reçut du sénat la permission de se faire porter en char dans les jeux. Lorsque Claude adopta Néron, fils d'Agrippine, et le nomma son gendre, après avoir fait passer sa fille dans une autre famille, pour ne pas sembler unir un frère et une sœur, il survint un grand prodige : le ciel, ce jour-là, parut tout en feu.} Claude désira donner un combat naval sur sur un lac; il fit mettre une muraille de bois et construire des échafauds tout autour, et il rassembla une multitude innombrable de personnes. Les autres citoyens s'y trouvèrent en tel équipage qu'il plut à chacun d'eux; Claude et Néron portaient le paludamentum; Agrippine était parée d'une chlamyde tissue d'or. Les combattants étaient des condamnés à mort ; ils avaient cinquante vaisseaux de chaque côté, avec les noms de Rhodiens et de Siciliens. Après s'être d'abord réunis en une seule troupe, ils s'adressèrent tous ensemble à Claude en ces termes : « Joie à toi, empereur ; au moment de mourir, nous te saluons ». N'ayant pu obtenir grâce et ayant, malgré cette prière, reçu l'ordre de combattre, ils se mirent simplement en rangs et ne s'attaquèrent que lorsqu'ils eurent été contraints de se massacrer les uns les autres. Narcisse se jouait tellement de la stupidité de Claude, qu'un jour, comme les Bithyniens, dit-on, se plaignaient à grands cris devant son tribunal de Junius Cilon, leur gouverneur, coupable d'une vénalité sans borne, et que Claude (le bruit qu'ils faisaient l'avait empêché d'entendre distinctement) demandait à l'assistance ce que disaient les Bithyniens, Narcisse, par un mensonge, lui ayant répondu qu'ils remerciaient Junius, Claude le crut et ajouta : « Eh bien ! il les gouvernera encore deux ans. » {Narcisse fut vivement accusé à cause de l'accident du lac Fucin, travaux dont il avait eu l'intendance, et on crut qu'ayant dépensé beaucoup moins que les prévisions, il avait à dessein préparé cet accident pour que ses malversations ne pussent être découvertes.} Agrippine était souvent à côté de Claude en public, soit lorsqu'il s'occupait des affaires de l'État, soit lorsqu'il donnait audience à des ambassadeurs, assise sur une tribune particulière. C'était un spectacle qui ne le cédait à aucun autre. Claude, irrité contre un orateur, Julius Gallicus, qui plaidait devant lui, commanda qu'on le jetât dans le Tibre, dont son tribunal se trouvait voisin. P. Domitius Afer, le plus célèbre des avocats de son siècle, fit une agréable raillerie à ce sujet. La partie abandonnée par Gallicus l'ayant prié de prendre sa défense, il lui répondit : « Et qui t'a dit que je nage mieux que Gallicus? »

[34] Claude, irrité des menées d'Agrippine, dont il commençait à s'apercevoir, et cherchant son fils Britannicus qu'elle avait soin de soustraire la plupart du temps à ses yeux, en même temps qu'elle faisait tout pour assurer l'empire à l'enfant qu'elle avait eu de Domitius son premier mari, ne voulut plus supporter cette conduite; il s'apprêta à renverser Agrippine et à nommer son fils successeur à l'empire. Quand Agrippine fut instruite de ces projets de Claude, elle fut saisie de crainte et résolut de le prévenir par le poison. Mais, comme le vin qu'il prenait toujours en grande quantité, et les autres précautions dont usent les empereurs pour conserver leur vie, empêchaient qu'il pût en ressentir aucune atteinte, elle envoya chercher Lucuste, empoisonneuse fameuse, et prépara, avec son assistance, un poison sans remède qu'elle mit dans ce qu'on appelle un champignon. Elle mangea ensuite elle-même des autres champignons, et fit manger à Claude celui qui était empoisonné (c'était aussi le plus gros et le plus beau). Quand il eut été surpris de la sorte, on l'emporta hors de table, comme si, ce qui lui était mainte autre fois arrivé, il eût été gorgé outre mesure par l'excès de l'ivresse; et, la nuit, il mourut sans avoir pu retrouver ni la parole ni l'ouïe, le 13 octobre, après une vie de soixante-trois ans et un règne de treize, plus huit mois et vingt jours. Agrippine réussit dans ces entreprises, parce qu'elle avait envoyé en avant Narcisse dans la Campanie, sous prétexte d'y prendre les eaux pour se guérir de la goutte; car, s'il eût été présent, jamais elle n'en serait venue à bout, tant était grande la vigilance avec laquelle il veillait sur son maître. La mort de Claude fut incontinent suivie de celle de Narcisse, qui s'était rendu l'homme le plus puissant de son siècle. Il possédait une fortune de plus de mille fois dix mille drachmes, et avait des liaisons étroites avec des villes et avec des rois. Sur le point de mourir, il fit une belle action : il brûla tous les écrits secrets de Claude contre Agrippine et contre d'autres personnes qu'il avait en sa possession comme secrétaire du prince.

[35] Ce fut ainsi que mourut Claude : une comète, qui se montra pendant longtemps, une pluie de sang, la foudre, qui tomba sur les enseignes des gardes prétoriennes, les portes du temple de Jupiter Vainqueur s'ouvrant d'elles-mêmes, un essaim d'abeilles qui se pelotonna dans le camp, la mort d'un magistrat par chaque collège, semblèrent des signes de cette mort. Claude obtint la sépulture et tous les autres honneurs qui avaient été décernés à Auguste. Agrippine et Néron firent semblant de regretter celui qu'ils avaient tué, et élevèrent au ciel celui qu'ils avaient emporté de table sur un brancard. Ce fut pour L. Junius Gallion, frère de Sénèque, le sujet d'une plaisanterie. Sénèque a composé un écrit sous le titre de Apokolokuntohsis, c'est-à-dire, la Divinisation en citrouille ; la raillerie que l'on rapporte de Gallion renferme beaucoup en très peu de mots. Comme les bourreaux traînent avec de grands crocs à travers le Forum le corps de ceux qui ont été exécutés dans la prison, et de là les jettent dans le fleuve, il dit que Claude avait été attiré au ciel avec un croc. Néron aussi a dit une parole qui mérite bien de ne pas rester oubliée ; il a dit que les champignons étaient un mets des dieux, puisqu'ils avaient valu à Claude de devenir dieu.