Dion Cassius, traduit par E. Gros Tome VIII

DION CASSIUS

HISTOIRE ROMAINE.

TOME HUITIÈME : LIVRE LIX

Traduction française : E. GROS.

livre LVIII - livre LX

 

 

HISTOIRE ROMAINE DE DION. 

TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE HUITIÈME VOLUME.

LIVRE CINQUANTE-NEUVIÈME.

Caius, fils de Germanicus, succède à Tibère dont il fait casser le testament 335—337

Il paye les legs de Tibère, ainsi que ceux de son aïeule Livie, et, en plus, la somme qui n'avait pas été donnée lorsqu'il prit la toge virile 337—341

Ses dépenses sans borne pour les histrions et autres amusements ne tardent pas à épuiser ses trésors, malgré leur immensité 341

Après s'être, dans les premiers temps, montré populaire, il prend tout à coup des manières monarchiques 341—343

Sa piété envers son aïeule Antonia et ses sœurs est suivie de cruautés à leur égard 343—347

Inconséquence incroyable de son caractère. il se laisse gouverner par les conducteurs de chars, par les gladiateurs et par tous les gens vivant de la scène 347—353

Caius danse devant les sénateurs, qu'il a convoqués, la nuit, comme pour uue délibération importante 353

Espérances flatteuses que Caius donne au sénat la première année de son règne ; il n'accepte le consulat que lorsque le temps pour lequel fonctionnent les consuls actuellement en charge est expiré, et il prend pour collègue Claude, son oncle paternel 353—357

Caius fait la dédicace du temple d'Auguste. Mesures qu'il prend pour enlever tout prétexte de ne pas assister aux spectacles qu'il donne 357—363

A la suite d'une maladie, Caius fait mourir le jeune Tibère, sous prétexte qu'il a conspiré contre lui, et il se met à verser le sang. Il rend la Commagène à Antiochus et met en liberté Agrippa, descendant d'Hérode, dont il dépouille, sans en faire part au sénat, le frère, ou même le fils.  363—365

Afranius Politus, qui a fait serment de renoncer à la vie, et Attanius Sécundus, qui a promis de se faire gladiateur, si le prince revient à la vie, sont forcés d'exécuter leur vœu. 365

M. Silanus, beau-père de l'empereur, est réduit à se donner la mort. 365—367

Caius, après avoir répudié la fille de Silanus, épouse Cornélia Orestilla, qu'il ravit à Pison son fiancé, pendant les fêtes mêmes du mariage auquel il assistait , puis il les bannit bientôt l'un et l'autre. 367

On jure sur les actes d'Auguste et sur ceux de Caius, mais on ne jure pas snr ceux de Tibère ; on fait des vœux pour Caius et ses sœurs, et l'on s'engage à les préférer à soi et à ses enfants 367—369

Caius publie tous les comptes de finances qui n'avaient pas été publiés depuis la retraite de Tibère, et il vient au secours des victimes d'un incendie, qu'il a éteint 369—371

Il comble les vides de l'ordre équestre en y enrôlant les citoyens les plus nobles et les plus riches de toutes les parties de l'empire.  371

Le rétablissement des comices, la suppression de l'impôt du centième, etc., affligent les hommes sensés 371—373

Mesures cruelles qui soulèvent le blâme général ; mort de Macron et d'Ennia 373—377

Drusilla, sœur de Caius, étant venue à mourir, reçoit les honneurs divins ; L. Géminius affirme par serment l'avoir vue monter au ciel 377—381

Caius épouse Lollia Paulina, dont il force le mari à la lui fiancer, et ne tarde pas à la répudier. 381—383

Distribution de royaumes à divers princes 383

Un tas de boue, mis, par ordre de Caius, dans le manteau de Flavius Vespasien, alors édile, présage sa grandeur future 383

Caius fait périr beaucoup de citoyens qui, jetés en prison sous Tibère, avaient été relâchés ; il en fait périr d'autres dans les combats de gladiateurs 385

Dissentiments qui, dans les jeux, éclatent entre Caius et le peuple 385—387

Caius vend les gladiateurs survivants ; son amour pour la faction des Verts, et pour le cheval Incitatus 389—393

Tous les citoyens ayant eu l'intention de léguer quelque chose à Tibère sont tenus de le donner, en mourant, à Caius; celui-ci s'approprie, en outre, les legs faits par des centurions, depuis le triomphe de son père, à d'autres qu'à l'empereur; il se sert de Corindon pour chercher querelle aux curateurs des routes , morts ou vivants 393—395

Caius, après avoir pris plaisir aux censures dirigées contre Tibère, vient au sénat faire l'éloge de ce prince ; le sénat lui rend d'Humbles actions de grâce pour sa clémence. . 395—401

Expédition où Caius marche sur la mer 401—407

Condamnations capitales prononcées par le sénat; mot du prince à propos de Junius Priscus 407—411

Domitius Afer échappe à la mort en feignant d'être accablé par l'éloquence de Caius 411—413

Caius destitue les consuls, après avoir brisé leurs faisceaux, pour avoir célébré la fête accoutumée en mémoire des victoires d'Auguste, se prétendant le descendant d'Antoine. . 415

Caius supprime de nouveau les comices 417

Son caractère méfiant : il exile un orateur qui avait déclamé un discours contre les tyrans ; il divise «a deux la province d'Afrique, à cause de son gouverneur Pison, fils de Cn. Pison et de Plancine 417—419

Caius marche contre la Gaule, sous prétexte que les Germains commencent à remuer, mais, en réalité, dans le dessein de piller l'argent de la Gaule et de l'Espagne; rapines qu'il exerce partout ; il met à l'encan les joyaux les plus précieux de l'empire, et préside lui-même aux enchères 419—425

Il fait mettre à mort Lépidus, son amant et son mignon, et relègue ses sœurs dans des îles du Pont, pour avoir eu commerce avec lui' 425—427

Il s'irrite de ce qu'il reçoit peu d'honneurs de la part du sénat, se fâchant quand les distinctions qu'on lui accorde sont faibles et quand elles sont importantes 429

Il prend pour des espions des députés que cette compagnie a envoyés le féliciter d'avoir échappé à la conspiration de Lépidus, députés au nombre desquels est Claude, son oncle, qu'il n'épargne que par mépris pour sa stupidité. Il ne reçoit que quelques-uns de ces députés et renvoie les autres avant d'entrer en Gaule. Une seconde députation, plus nombreuse que la première, est bien accueillie de lui. 429—431

Il épouse Milonia Césonial, afin d'avoir un enfant au bout de trente jours de mariage 481

Bien que tourmentés par les procès intentés à l'occasion de leurs rapports avec les soeurs de Caius et avec ceux qu'il avait fait mourir, les habitants de Rome redoutent encore plus un accroissement de cruauté et d'intempérance de la part de Caius, lorsqu'ils apprennent qu'il est intimement lié avec les rois Agrippa et Antiochus, comme avec des professeurs de tyrannie 431

Conduite tenue par tous durant le troisième consulat du prince. 431—435

On décrète que le jour natal de Tibère et celui de Drusilla seront célébrés comme celui d'Auguste; la société de l'orchestre donne une fête pour la dédicace d'une statue de Caius et de Drusilla 435

Prétendue expédition de Caius contre la Bretagne ; il est sur le point de faire périr le sénat tout entier pour ne pas lui avoir décrété des honneurs plus qu'humains ; il assemble le peuple à qui il jette quantité d'argent et d'or, dont le pillage cause mort d'hommes; cruauté envers Capiton, père de Bétillinus Cassius, livré par lui au supplice 434—439

Protogène, ministre des cruautés du prince, ayant adressé de dures paroles à Scribonius Proculus, ce sénateur est mis en pièces par ses collègues 441—443

Les sénateurs ayant décrété que, dans la salle même de leurs délibérations, Caius aurait une haute tribune, afin que personne ne pût atteindre jusqu'à lui, et que ses statues auraient des gardes, il renonce à sa colère 443

Les éloges que lui valent deux actes de clémence troublent sa raison ; il s'imagine être quelque chose de plus relevé qu'un homme, et se montre en public sous le costume, tantôt d'un dieu, tantôt d'un autre; plaisante réponse d'un Gaulois à une question qu'il lui adresse 443—447

Flatteries dont il est l'objet de la part de tous; Vitellius lui prodigue les honneurs divins. 447—451

Caius se fait élever un temple à Milet, et veut transformer la statue de Jupiter Olympien en sa propre image 451—453

Caius pratique, au travers du temple de Castor et Pollux, une tranchée qui lui ouvre un passage au Palatin, et lui donne les Dioscures pour portiers 453

Il prend le titre de flamine Dial, ce qui lui donne lieu de s'adjoindre, comme prêtres, des citoyens riches dont il reçoit de l'argent sous ce prétexte. Sacrifices qu'on lui offrait. Il imite le tonnerre et les éclairs 453—455

césonia lui ayant donné une fille au bout de trente jours de mariage, il revendique l'enfant comme née par une faveur divine 455

Il se procure de l'argent par les moyens les plus honteux. 455—457

Il soulève le peuple par une loi écrite en caractères très-fins et affichée très-haut 467

Une conspiration est ourdie contre lui par Cassius Chéréas et Sabinus ; Apollonius prédit sa mort 457—459

Caius est tué, ainsi que sa femme et sa fille; on insulte son cadavre, ef quelques-uns vont même jusqu'à manger de sa chair 461

Valérius Asiaticus, personnage consulaire, calme d'un mot l'effervescence des gardes prétoriens demandant qui avait tué Caius 463
 

 

Τάδε ἔνεστιν ἐν τῷ πεντηκοστῷ ἐνάτῳ τῶν Δίωνος Ῥωμαϊκῶν.

α. Περὶ Γαΐου Καίσαρος τοῦ καὶ Καλλιγόλου.

β. Ὡς τὸ Αὐγούστου ἡρῷον ὡσιώθη.

γ. Ὡς αἱ Μαυριτανίαι ὑπὸ Ῥωμαίων ἄρχεσθαι ἤρξαντο.

δ. Ὡς Γάιος Καῖσαρ ἀπέθανεν.

Χρόνου πλῆθος τὰ λοιπὰ τῆς Γναίου Ἀκερρωνίου καὶ Ποντίου Νιγρίνου ὑπατείας καὶ ἄλλα ἔτη τρία ἐν οἷς ἄρχοντες οἱ ἀριθμούμενοι οἵδε ἐγένοντο. Μ. Ἀκύλας Γ. υἱ. Ἰουλιανός ὕπ. Π. Νώνιος Μ. υἱ. Ἀσπρήνας Γ. Καῖσαρ Γερμανικὸς τὸ βʹ Λ. Ἀπρώνιος Λ. υἱ. Καισιανός Γ. Καῖσαρ τὸ γʹ ὕπ. Γ. Καῖσαρ τὸ δʹ ὕπ. Γν. Σέντιος Γν. υἱ. Σατουρνῖνος

(Οὗτος ὁ ἐνιαυτὸς οὐ συναριθμεῖται διὰ τὸ τὰ πλείω αὐτοῦ ἐν τῷ ἑξηκοστῷ γεγράφθαι.)

[1] Περὶ μὲν οὖν τοῦ Τιβερίου ταῦτα παραδέδοται, διεδέξατο δὲ αὐτὸν ὁ Γάιος ὁ τοῦ Γερμανικοῦ καὶ τῆς Ἀγριππίνης παῖς, ὃν καὶ Γερμανικὸν καὶ Καλιγόλαν, ὥσπερ εἶπον, ἐπωνόμαζον. Ἐκεῖνος μὲν γὰρ καὶ τῷ Τιβερίῳ τῷ ἐγγόνῳ τὴν αὐταρχίαν κατέλιπεν· ὁ δὲ δὴ Γάιος τὰς διαθήκας αὐτοῦ ἐς τὸ συνέδριον διὰ τοῦ Μάκρωνος ἐσπέμψας ἀκύρους ὑπό τε τῶν ὑπάτων καὶ ὑπὸ τῶν ἄλλων τῶν προπαρεσκευασμένων οἱ, ὡς καὶ παραφρονήσαντος, ἐποίησεν, ὅτι παιδίῳ, ᾧ μηδὲ ἐσελθεῖν ἐς τὸ βουλευτήριον ἐξῆν, ἄρχειν σφᾶς ἐπέτρεψε. Τότε τε οὖν παραχρῆμα οὕτως αὐτὸν τῆς ἀρχῆς παρέλυσε, καὶ μετὰ τοῦτο ποιησάμενος ἀπέκτεινε. Καίπερ ὁ Τιβέριος πολλαχῇ τὰ αὐτὰ γράψας, ὡς καὶ ἰσχύν τινα παρὰ τοῦτο ἕξοντα, κατέλιπε, καὶ πάντα τότε ἐκεῖνα ὑπὸ τοῦ Μάκρωνος ἐν τῇ γερουσίᾳ ἀνεγνώσθη. Ἀλλ´ οὐδὲν γὰρ οὔτε πρὸς τὴν ἀγνωμοσύνην οὔτε πρὸς τὴν δύναμιν τῶν διαδεχομένων τινὰ ἐπίσκηψίς τις ἰσχύει. Ταὐτὸ οὖν ὁ Τιβέριος ἔπαθεν ὅπερ τὴν μητέρα ἐπεποιήκει, πλὴν καθ´ ὅσον αὐτὸς μὲν οὐδὲν οὐδενὶ ἐκ τῶν ἐκείνης διαθηκῶν ἀπήλλαξε, τὰ δ´ ὑπ´ αὐτοῦ καταλειφθέντα πᾶσι πλὴν τοῦ ἐγγόνου αὐτοῦ ἀπεδόθη. Ἀφ´ οὗπερ κατάδηλον οὐχ ἥκιστα ἐγένετο ὅτι διὰ τὸ παιδίον πᾶν τὸ κατὰ τὰς διαθήκας αἰτίαμα συνεσκευάσθη. Ἐξῆν μὲν γὰρ αὐτῷ μὴ ἐκφῆναί σφας (οὐ γάρ που τὰ γεγραμμένα ἠγνόησεν)· ἐπεὶ δὲ πολλοί τε αὐτὰ ᾔδεσαν, καὶ ἔμελλεν ἐκ μὲν τοῦ αὐτὸς ἐκ δὲ τοῦ ἡ βουλὴ τὴν αἰτίαν, ὥς γε καὶ ἐδόκει, λήψεσθαι, ἀνατρέψαι μᾶλλον αὐτὰς δι´ ἐκείνης ἢ συγκρύψαι ἠθέλησε.

[2] Πρὸς δὲ τὰ καταλειφθέντα ὑπ´ αὐτοῦ πάντα, ὡς καὶ παρ´ ἑαυτοῦ δή, τοῖς τε ἄλλοις ἀποδοὺς μεγαλοψυχίας τινὰ δόξαν παρὰ τοῖς πολλοῖς ἐκτήσατο. Τούς τε οὖν δορυφόρους εὐθὺς γυμνασίαν ποιουμένους θεασάμενος μετὰ τῆς γερουσίας, τάς τε καταλειφθείσας σφίσι κατὰ πεντήκοντα καὶ διακοσίας δραχμὰς διένειμε καὶ ἑτέρας τοσαύτας προσεπέδωκε· καὶ τῷ δήμῳ τάς τε πέντε καὶ εἴκοσι καὶ ἑκατὸν καὶ χιλίας μυριάδας (τοσαῦται γὰρ αὐτῷ κατελείφθησαν) καὶ προσέτι τὰς ἑξήκοντα κατ´ ἄνδρα δραχμάς, ἃς ἐπὶ τῇ ἑαυτοῦ ἐς τοὺς ἐφήβους ἐσγραφῇ οὐκ εἰλήφεσαν, μετὰ τόκου πεντεκαίδεκα ἄλλων δραχμῶν ἀπέδωκε. Τοῖς τε γὰρ ἀστικοῖς καὶ τοῖς νυκτοφύλαξι, τοῖς τε ἔξω τῆς Ἰταλίας ἐκ τοῦ καταλόγου οὖσιν, εἴ τέ τι ἄλλο στράτευμα πολιτικὸν ἐν τοῖς μικροτέροις τείχεσιν ἦν, τὰ καταλειφθέντα διέλυσε, τοῦτ´ ἔστι τοῖς μὲν ἀστικοῖς ἀνὰ πέντε καὶ εἴκοσι καὶ ἑκατὸν δραχμάς, τοῖς δ´ ἄλλοις ἅπασι πέντε καὶ ἑβδομήκοντα. Τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ περὶ τὰς τῆς Λιουίας διαθήκας ἔπραξε· καὶ γὰρ ἐκεῖνα πάντα ἀπήλλαξε. Καὶ εἴπερ καὶ τὰ λοιπὰ χρήματα δεόντως ἀναλώκει, μεγαλόνους τε ἂν καὶ μεγαλοπρεπὴς εἶναι ἔδοξεν. Ἔστι μὲν γὰρ ὅτε φοβηθεὶς καὶ τὸν δῆμον καὶ τοὺς στρατιώτας ταῦτ´ ἐποίησε, τὸ δὲ δὴ πλεῖστον ἀπὸ γνώμης· οὐ γὰρ ὅτι τοῖς ἄλλοις ἀλλὰ καὶ τοῖς ἰδιώταις, οὐχ ὅπως τὰ παρὰ τοῦ Τιβερίου ἀλλὰ καὶ τὰ παρὰ τῆς προτήθης δωρηθέντα διέλυσε. Νῦν δὲ καὶ ἐς ὀρχηστάς (αὐτίκα γὰρ αὐτοὺς ἐπανήγαγε) καὶ ἐς ἵππους τούς τε μονομάχους καὶ τἆλλα τὰ τοιουτότροπα ἀπλήστως δαπανήσας τούς τε θησαυροὺς μεγάλους γενομένους διὰ βραχυτάτου ἐξεκένωσε, καὶ αὑτὸν προσεξήλεγξεν ὅτι εὐχερείᾳ τέ τινι καὶ ἀκρισίᾳ καὶ ἐκεῖνα ἐπεποιήκει. Πέντε γοῦν μυριάδας μυριάδων καὶ πεντακοσίας καὶ ἑπτακισχιλίας, ὡς δὲ ἕτεροι, ὀκτώ τε καὶ δισχιλίας καὶ πεντακοσίας τεθησαυρισμένας εὑρὼν οὐδὲ ἐς τὸ τρίτον ἔτος μέρος ἀπ´ αὐτῶν τι διέσωσεν, ἀλλ´ εὐθὺς τῷ ἑτέρῳ παμπόλλων προσεδεήθη.

[3] Τῷ δ´ αὐτῷ τούτῳ τρόπῳ καὶ ἐς τἆλλα πάντα ὡς εἰπεῖν ἐχρῆτο. Δημοκρατικώτατός τε γὰρ εἶναι τὰ πρῶτα δόξας, ὥστε μήτε τῷ δήμῳ ἢ τῇ γε βουλῇ γράψαι τι μήτε τῶν ὀνομάτων τῶν ἀρχικῶν προσθέσθαι τι, μοναρχικώτατος ἐγένετο, ὥστε πάντα ὅσα ὁ Αὔγουστος ἐν τοσούτῳ τῆς ἀρχῆς χρόνῳ μόλις καὶ καθ´ ἓν ἕκαστον ψηφισθέντα οἱ ἐδέξατο, ὧν ἔνια ὁ Τιβέριος οὐδ´ ὅλως προσήκατο, ἐν μιᾷ ἡμέρᾳ λαβεῖν. Πλὴν γὰρ τῆς τοῦ πατρὸς ἐπικλήσεως οὐδὲν ἄλλο ἀνεβάλετο· καὶ ἐκείνην δὲ οὐκ ἐς μακρὰν προσεκτήσατο. Μοιχικώτατός τε ἀνδρῶν γεγενημένος, καὶ γυναῖκα μίαν μὲν ἐκδιδομένην ἀνδρὶ ἁρπάσας, ἄλλας δὲ συνοικούσας τισὶν ἀποσπάσας, ἔπειτα αὐτὰς πλὴν μιᾶς ἐμίσησε· πάντως δ´ ἂν καὶ ἐκείνην ἤχθηρεν, εἰ ἐπὶ πλεῖον ἐβεβιώκει. Ἔς τε τὴν μητέρα καὶ ἐς τὰς ἀδελφὰς τήν τε τήθην τὴν Ἀντωνίαν πλεῖστα ὅσα εὐσεβῶς ποιήσας· ταύτην τε γὰρ Αὔγουστάν τε εὐθὺς καὶ ἱέρειαν τοῦ Αὐγούστου ἀποδείξας πάντα αὐτῇ καθάπαξ, ὅσα ταῖς ἀειπαρθένοις ὑπάρχει, ἔδωκε, καὶ ταῖς ἀδελφαῖς ταῦτά τε τὰ τῶν ἀειπαρθένων καὶ τὸ τὰς ἱπποδρομίας οἱ ἐν τῇ αὐτῇ προεδρίᾳ συνθεᾶσθαι, τό τε τάς τε εὐχὰς τὰς κατ´ ἔτος ὑπὸ τῶν ἀρχόντων καὶ ὑπὸ τῶν ἱερέων ὑπέρ τε ἑαυτοῦ καὶ ὑπὲρ τοῦ δημοσίου ποιουμένας καὶ τοὺς ὅρκους τοὺς ἐς τὴν ἀρχὴν αὐτοῦ φέροντας καὶ ὑπὲρ ἐκείνων ὁμοίως γίγνεσθαι ἔνειμε· τά τε ὀστᾶ τά τε τῆς μητρὸς καὶ τὰ τῶν ἀδελφῶν τῶν ἀποθανόντων αὐτός τε πλεύσας καὶ αὐτὸς αὐτοχειρίᾳ ἀνελόμενος ἐκόμισε καὶ ἐς τὸ τοῦ Αὐγούστου μνῆμα κατέθετο, τὸ ἱμάτιον τὸ περιπόρφυρον ἐνδὺς καὶ ῥαβδούχοις τισὶν ὥσπερ ἐν ἐπινικίοις κοσμηθείς· τά τε ψηφισθέντα κατ´ αὐτῶν πάντα ἀπήλειψε, καὶ τοὺς ἐπιβουλεύσαντάς σφισι πάντας ἐκόλασε, τούς τε φεύγοντας δι´ αὐτοὺς κατήγαγε— ταῦτ´ οὖν ποιήσας ἀνοσιώτατος ἀνθρώπων καὶ περὶ τὴν τήθην καὶ περὶ τὰς ἀδελφὰς ἐγένετο· ἐκείνην τε γὰρ ἐπιτιμήσασάν τι αὐτῷ ἐς ἀνάγκην ἑκουσίου θανάτου κατέστησε, καὶ τὰς ἀδελφὰς πάσας διαφθείρας ἐς νῆσον τὰς δύο κατέκλεισεν· ἡ γὰρ τρίτη προαπέθανε. Τόν τε Τιβέριον αὐτόν, ὃν καὶ πάππον προσωνόμαζε, τῶν αὐτῶν τῷ Αὐγούστῳ τιμῶν παρὰ τῆς βουλῆς τυχεῖν ἀξιώσας, ἔπειτ´ ἐπειδὴ μὴ παραχρῆμα ἐψηφίσθησαν (οὔτε γὰρ τιμῆσαι αὐτὸν ὑπομένοντες οὔτ´ ἀτιμάσαι θαρσοῦντες, ἅτε μηδέπω τὴν τοῦ νεανίσκου γνώμην σαφῶς εἰδότες, ἐς τὴν παρουσίαν αὐτοῦ πάντα ἀνεβάλλοντο), οὐδενὶ ἄλλῳ πλὴν τῇ δημοσίᾳ ταφῇ ἤγηλε, νυκτός τε ἐς τὴν πόλιν τὸ σῶμα αὐτοῦ ἐσαγαγὼν καὶ ἅμα τῇ ἕῳ προθέμενος. Ἐποιήσατο μὲν γὰρ καὶ λόγους ἐπ´ αὐτῷ, ἀλλ´ οὔτι γε καὶ ἐκεῖνον οὕτως ἐπαινῶν ὡς τοῦ τε Αὐγούστου καὶ τοῦ Γερμανικοῦ τὸν δῆμον ἀναμιμνήσκων, καὶ ἑαυτὸν αὐτοῖς παρακατατιθέμενος.

[4] οὕτω γὰρ καὶ πρὸς πάντα ἐναντίος ἐπεφύκει ὥστε τὴν μὲν ἀσέλγειαν καὶ τὴν μιαιφονίαν αὐτοῦ, ἐφ´ οἷσπερ καὶ διέβαλλεν αὐτόν, οὐ μόνον ἐζήλωσεν ἀλλὰ καὶ ὑπερέβαλεν, ὧν δὲ δὴ ἐπῄνει οὐδὲν ἐμιμήσατο. Πρῶτός τε ὑβρίσας αὐτὸν καὶ πρῶτος λοιδορήσας, ὥστε καὶ τοὺς ἄλλους ἐκ τούτου χαριεῖσθαί οἱ νομίσαντας προπετεστέρᾳ παρρησίᾳ χρήσασθαι, ἔπειτα καὶ ἐνεκωμίαζε καὶ ἐσέμνυνεν, ὥστε καὶ κολάσαι τινὰς ἐφ´ οἷς εἰρήκεσαν. Καὶ ἐκείνους τε ἅμα ὡς ἐχθροὺς τοῦ Τιβερίου διὰ τὰς βλασφημίας, καὶ τοὺς ἐπαινοῦντάς πῃ αὐτὸν ὡς καὶ φίλους, ἐμίσει. Τά τε τῆς ἀσεβείας ἐγκλήματα παύσας πλείστους ὅσους ἐπ´ αὐτοῖς ἀπώλεσε. Καὶ τοῖς συστᾶσιν ἐπί τε τὸν πατέρα καὶ ἐπὶ τὴν μητέρα τούς τε ἀδελφοὺς αὐτοῦ τήν τε ὀργὴν ἀφείς, ὡς ἔλεγε, καὶ τὰ γράμματα αὐτῶν καταφλέξας, παμπληθεῖς ἐξ αὐτῶν ἀπέκτεινε· διέφθειρε μὲν γὰρ ὡς ἀληθῶς γράμματά τινα, οὐ μέντοι κἀκεῖνα τὰ αὐτόχειρα τὰ τὸν ἀκριβῆ ἔλεγχον ἔχοντα, ἀλλὰ ἀντίγραφα αὐτῶν ποιήσας. Πρὸς δὲ τούτοις εἰκόνας τε ἀπαγορεύσας κατ´ ἀρχὰς μηδένα αὑτοῦ ἱστάναι, καὶ ἐς ἀγαλμάτων ποίησιν προεχώρησε, καὶ ψηφισθέν ποτε τῇ τύχῃ αὐτοῦ θύεσθαι παρέμενος, ὥστε καὶ ἐς στήλην αὐτὸ τοῦτ´ ἐγγραφῆναι, καὶ ναοὺς ἑαυτῷ καὶ θυσίας ὡς καὶ θεῷ γίγνεσθαι ἐκέλευσε. Πλήθει τε ἀνθρώπων καὶ ἐρημίᾳ αὖ ἔχαιρεν, αἰτούμενός τέ τι καὶ μὴ αἰτούμενος αὖ ὠργίζετο. Ὀξύτατά τε πρὸς πράξεις τινὰς ἐφέρετο, καὶ νωθέστατα ἔστιν ἃς αὐτῶν μετεχειρίζετο. Τά τε χρήματα καὶ ἀφειδέστατα ἀνήλισκε καὶ ῥυπαρώτατα ἠργυρολόγει. Τοῖς τε θωπεύουσιν αὐτὸν καὶ τοῖς παρρησιαζομένοις τι καὶ ἤχθετο ὁμοίως καὶ ἥδετο. Καὶ πολλοὺς μὲν μεγάλα ἀδικήσαντας οὐκ ἐκόλασε, πολλοὺς δὲ μηδὲ ἀδικήσαντας ἀπέσφαξε. Τῶν τε ἑταίρων τοὺς μὲν ὑπερεκολάκευε τοὺς δὲ ὑπερύβριζεν. Ὥστε μηδένα μήθ´ ὅ τι εἰπεῖν μήθ´ ὅ τι ποιῆσαι χρὴ πρὸς αὐτὸν εἰδέναι, ἀλλ´ ὅσοι τι καὶ κατώρθωσαν, ἐκ συντυχίας μᾶλλον ἢ γνώμης τυχεῖν αὐτοῦ.

[5] Τοιούτῳ μὲν τότε αὐτοκράτορι οἱ Ῥωμαῖοι παρεδόθησαν, ὥστε τὰ τοῦ Τιβερίου ἔργα, καίπερ χαλεπώτατα δόξαντα γεγονέναι, τοσοῦτον παρὰ τὰ τοῦ Γαΐου ὅσον τὰ τοῦ Αὐγούστου παρ´ ἐκεῖνα παρενεγκεῖν. Τιβέριος μὲν γὰρ αὐτός τε ἦρχε καὶ ὑπηρέταις τοῖς ἄλλοις πρός γε τὸ αὑτοῦ βούλημα ἐχρῆτο, Γάιος δὲ ἤρχετο μὲν καὶ ὑπὸ τῶν ἁρματηλατούντων καὶ ὑπὸ τῶν ὁπλομαχούντων, ἐδούλευε δὲ καὶ τοῖς ὀρχησταῖς καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς περὶ τὴν σκηνὴν ἔχουσι· τὸν γοῦν Ἀπελλῆν τὸν εὐδοκιμώτατον τῶν τότε τραγῳδῶν καὶ ἐν τῷ δημοσίῳ συνόντα οἱ ἀεὶ εἶχε. Κἀκ τούτου χωρὶς μὲν αὐτὸς χωρὶς δὲ ἐκεῖνοι, πάνθ´ ὅσα ἂν ἄνθρωποι τοιοῦτοι δυνηθέντες τι τολμήσειαν, ἐπ´ ἐξουσίας ἐποίουν. Καὶ γὰρ τὰ ἄλλα τὰ ἐς τὴν ἐπιτήδευσιν αὐτῶν φέροντα αὐτός τε πολυτελέστατα ἐπὶ πάσῃ προφάσει καὶ διετίθει καὶ καθίστατο καὶ τοὺς στρατηγοὺς τούς τε ὑπάτους ποιεῖν ἠνάγκαζεν, ὥστε καθ´ ἑκάστην ὀλίγου ἡμέραν πάντως τι τοιοῦτον ἄγεσθαι. Καὶ αὐτῶν τὰ μὲν πρῶτα θεατὴς καὶ ἀκροατὴς ἐγίγνετο, συνεσπούδαζέ τέ τισι καὶ ἀντεστασίαζεν ὥσπερ τις ἐκ τοῦ ὁμίλου ὤν· καί ποτε δυσκολάνας τι τοῖς ἀντικαθεστηκόσιν οὐκ ἀπήντησεν ἐπὶ τὴν θέαν. Προϊόντος δὲ δὴ τοῦ χρόνου καὶ ἐς ζήλωμα καὶ ἐς ἀγώνισμα πολλῶν προῆλθεν· ἅρματά τε γὰρ ἤλασε καὶ ἐμονομάχησεν ὀρχήσει τε ἐχρήσατο καὶ τραγῳδίαν ὑπεκρίνατο. Καὶ ταῦτα μέν που ἀεὶ ἐποίει, ἅπαξ δέ ποτε τοὺς πρώτους τῆς γερουσίας σπουδῇ νυκτὸς ὡς καὶ ἐπ´ ἀναγκαῖόν τι βούλευμα μεταπεμψάμενος ὠρχήσατο.

[6] Ἐν μὲν οὖν τῷ ἔτει ἐν ᾧ ὅ τε Τιβέριος ἐτελεύτησε καὶ αὐτὸς ἐς τὴν ἡγεμονίαν ἀντικατέστη, πρῶτον μὲν τοὺς βουλευτάς, παρόντων ἐν τῷ συνεδρίῳ καὶ ἱππέων τοῦ τε δήμου τινῶν, πολλὰ ἐκολάκευσε, τήν τε γὰρ ἀρχὴν κοινώσειν σφίσι καὶ πάνθ´ ὅσα ἂν καὶ ἐκείνοις ἀρέσῃ ποιήσειν ὑπέσχετο, καὶ υἱὸς καὶ τρόφιμος αὐτῶν λέγων εἶναι. Ἦγε δὲ πέμπτον καὶ εἰκοστὸν ἔτος, ἡμερῶν τεσσάρων καὶ μηνῶν πέντε ἐπιδέον. Ἔπειτα τοὺς ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ ὄντας ἀπέλυσεν, ὧν εἷς ἦν Κύιντος Πομπώνιος ἑπτὰ ὅλοις ἔτεσιν ἐν τῷ οἰκήματι μεθ´ ὑπατείαν κακωθείς· τά τε ἐγκλήματα τῆς ἀσεβείας, οἷσπερ καὶ τὰ μάλιστα πονουμένους σφᾶς ἑώρα, κατέλυσε, καὶ τὰ γράμματα τὰ περὶ αὐτῶν, ὅσα ὁ Τιβέριος κατελελοίπει, συννήσας, ὥς γε ἐσκήπτετο, κατέκαυσεν, εἰπὼν ὅτι « Τοῦτ´ ἐποίησα ἵνα μηδ´ ἂν πάνυ ἐθελήσω ποτὲ διά τε τὴν μητέρα καὶ διὰ τοὺς ἀδελφοὺς μνησικακῆσαί τινι, δυνηθῶ αὐτὸν τιμωρήσασθαι ». Ἐπαινούμενός τε ἐπὶ τούτοις, ἐπειδὴ καὶ ἠλπίζετο παντὸς μᾶλλον ἀληθεύσειν ἅτε μηδὲν διπλοῦν ὑπὸ τῆς νεότητος ἢ φρονεῖν ἢ λέγειν δύνασθαι νομιζόμενος, προσεπηύξησε τὰς ἐλπίδας αὐτῶν τά τε Κρόνια ἐπὶ πέντε ἡμέρας ἑορτάζεσθαι κελεύσας, καὶ ὀβολὸν παρ´ ἑκάστου τῶν τὸ σιτηρέσιον φερόντων, ἀντὶ τῆς δραχμῆς ἣν ἐς εἰκόνων ποίησιν ἐδίδοσαν αὐτῷ, λαβών, ἐψηφίσθη μὲν οὖν καὶ παραχρῆμα αὐτὸν ὑπατεῦσαι, καταλυθέντων τοῦ τε Πρόκλου καὶ τοῦ Νιγρίνου τῶν τότε ἀρχόντων, καὶ μετὰ τοῦτο κατ´ ἔτος ὑπατεύειν· οὐ μὴν καὶ προσεδέξατο αὐτά, ἀλλ´ ἐπειδὴ ἐκεῖνοι τὸν ἕκμηνον ἐς ὃν ἀπεδεδείχατο διῆρξαν, οὕτω δὴ καὶ αὐτὸς ὑπάτευσε, τὸν Κλαύδιον τὸν θεῖον προσλαβών· οὗτος γὰρ ἔν τε τοῖς ἱππεῦσι μέχρι τότε ἐξεταζόμενος, καὶ πρεσβευτὴς πρὸς τὸν Γάιον μετὰ τὸν τοῦ Τιβερίου θάνατον ὑπὲρ τῆς ἱππάδος πεμφθείς, τότε πρῶτον, καίπερ ἓξ καὶ τεσσαράκοντα ἔτη βεβιωκώς, καὶ ὑπάτευσεν ἅμα καὶ ἐβούλευσεν. Ὁ δ´ οὖν Γάιος ταῦτά τε ἐπιεικῶς ποιῆσαι ἔδοξε, καὶ τοιαῦτα ἐπιβὰς τῆς ὑπατείας ἐν τῷ βουλευτηρίῳ ἐδημηγόρησε, τοῦ τε Τιβερίου καθ´ ἕκαστον ὧν ᾐτιάζετο κατατρέχων καὶ περὶ ἑαυτοῦ πολλὰ ἐπαγγελλόμενος, ὥστε τὴν γερουσίαν, φοβηθεῖσαν μὴ μεταβάληται, δόγμα ποιῆσαι κατ´ ἔτος αὐτὰ ἀναγιγνώσκεσθαι.

[7] Ἐκ δὲ τούτου τὸ ἡρῷον τὸ τοῦ Αὐγούστου ὡσίωσε, τὴν ἐπινίκιον στολὴν ἐνδύς. Καὶ οἵ τε εὐγενέστατοι παῖδες, ὅσοι γε καὶ ἀμφιθαλεῖς ἦσαν, μετὰ παρθένων ὁμοίων τὸν ὕμνον ᾖσαν, καὶ ἡ βουλὴ σὺν ταῖς γαμεταῖς σφων ὅ τε δῆμος εἱστιάθη, θέαι τε παντοδαπαὶ ἐγένοντο. Τά τε γὰρ τῆς μουσικῆς ἐχόμενα ἐσήχθη, καὶ ἵπποι δύο ἡμέραις ἠγωνίσαντο, τῇ μὲν προτέρᾳ εἰκοσάκις, τῇ δ´ ὑστέρᾳ καὶ τετταρακοντάκις διὰ τὸ τὰ γενέθλια αὐτοῦ τὴν ἡμέραν ἐκείνην εἶναι· ἦν γὰρ ἡ τελευταία τοῦ Αὐγούστου. Καὶ τοῦτο μὲν καὶ ἐπ´ ἄλλων πολλῶν, ὥς που καὶ ἔδοξεν αὐτῷ, ἐποίησε· πρότερον γὰρ οὐ πλείω τῶν δέκα ἄθλων ἐτίθετο, τότε δὲ καὶ ἄρκτους τετρακοσίας μεθ´ ἑτέρων Λιβυκῶν θηρίων ἴσων ἀπέκτεινε. Καὶ οἵ τε εὐγενεῖς παῖδες τὴν Τροίαν ἵππευσαν, καὶ τὸ ἅρμα τὸ πομπικὸν ἐφ´ οὗ ἤχθη ἓξ ἵπποι εἵλκυσαν· ὃ μηπώποτε ἐγεγόνει. Οὐ μέντοι καὶ αὐτὸς τοῖς ἡνιόχοις ἀπεσήμηνεν, ἀλλ´ ἐκ προεδρίας μετά τε τῶν ἀδελφῶν καὶ μετὰ τῶν συνιερέων τῶν Αὐγουστείων συνεθεάσατο. Ὅπως τε μηδεμία τινὶ τοῦ μὴ συμφοιτᾶν ἐς τὰ θέατρα πρόφασις εἴη (καὶ γὰρ ἤσχαλλε δεινῶς εἴ τις αὐτῶν ἀπελείπετο ἢ καὶ μεσούσης τῆς θέας ἐξανίστατο), τάς τε δίκας ἁπάσας ἀνεβάλετο καὶ τὰ πένθη πάντα ἐπέσχεν, ὥστε καὶ ταῖς γυναιξὶ ταῖς τῶν ἀνδρῶν ἐστερημέναις γαμεῖσθαι καὶ πρὸ τοῦ καθήκοντος χρόνου, ἄν γε μὴ ἐν γαστρὶ ἔχωσιν, ἐξεῖναι. Καὶ ἵνα μετὰ ῥᾳστώνης βαδίζοιεν καὶ μὴ πράγματα ἔχοιεν ἀσπαζόμενοί τινες αὐτόν (πρότερον γὰρ καὶ ἐν ταῖς ὁδοῖς τὸν αὐτοκράτορα οἱ συντυγχάνοντές οἱ προσηγόρευον), ἀπεῖπε μηδένα ἔτι τοῦτο ποιεῖν. Καὶ ἐξῆν καὶ ἀνυποδήτοις τοῖς βουλομένοις θεάσασθαι, νομιζόμενον μέν που ἀπὸ τοῦ πάνυ ἀρχαίου καὶ δικάζειν τινὰς ἐν τῷ θέρει οὕτως, καὶ πολλάκις καὶ ὑπὸ τοῦ Αὐγούστου ἐν ταῖς θεριναῖς πανηγύρεσι γενόμενον, ἐκλειφθὲν δὲ ὑπὸ τοῦ Τιβερίου. Τά τε προσκεφάλαια τοῖς βουλευταῖς, ὅπως μὴ ἐπὶ γυμνῶν τῶν σανίδων καθίζωνται, πρῶτον τότε ὑπετέθη· καὶ πίλους σφίσι τὸν Θετταλικὸν τρόπον ἐς τὰ θέατρα φορεῖν, ἵνα μὴ τῇ ἡλιάσει ταλαιπωρῶνται, ἐπετράπη. Καὶ εἴγε ποτὲ ἐς ὑπερβολὴν ἐπέφλεξε, τῷ διριβιτωρίῳ ἀντὶ τοῦ θεάτρου ἰκριωμένῳ ἐχρῶντο. Ταῦθ´ οὕτως ἐν τῇ ὑπατείᾳ ἔπραξε, δύο τε μησὶ καὶ ἡμέραις δώδεκα αὐτὴν σχών· τὸν γὰρ λοιπὸν τοῦ ἑξαμήνου χρόνον τοῖς προαποδεδειγμένοις ἐς αὐτὴν ἀπέδωκε.

[8] Μετὰ δὲ τοῦτο νοσήσας αὐτὸς μὲν οὐκ ἀπέθανε, τὸν δὲ δὴ Τιβέριον, καίπερ ἔς τε τοὺς ἐφήβους ἐσγραφέντα καὶ τῆς νεότητος προκριθέντα καὶ τέλος ἐσποιηθέντα, ἀνεχρήσατο, ἔγκλημα αὐτῷ ἐπαγαγὼν ὡς καὶ τελευτῆσαι αὐτὸν καὶ εὐξαμένῳ καὶ προσδοκήσαντι. Ἀφ´ οὗ καὶ ἄλλους γε συχνοὺς ἐφόνευσεν. Ὁ γὰρ Ἀντιόχῳ τε τῷ Ἀντιόχου τὴν Κομμαγηνήν, ἣν ὁ πατὴρ αὐτοῦ ἔσχε, καὶ προσέτι καὶ τὰ παραθαλάσσια τῆς Κιλικίας δούς, καὶ Ἀγρίππαν τὸν τοῦ Ἡρώδου ἔγγονον λύσας τε (ὑπὸ γὰρ τοῦ Τιβερίου ἐδέδετο) καὶ τῇ τοῦ πάππου ἀρχῇ προστάξας, τὸν ἀδελφὸν ἢ καὶ τὸν υἱὸν οὐχ ὅτι τῶν πατρῴων ἀπεστέρησεν, ἀλλὰ καὶ κατέσφαξε. Καὶ οὐδὲ ἐπέστειλέ τι περὶ αὐτοῦ τῇ βουλῇ· ὅπερ που καὶ ἐπ´ ἄλλων μετὰ τοῦτο πολλῶν ἐποίησεν. Ἐκεῖνος μὲν οὖν ὡς καὶ τῇ ἀρρωστίᾳ αὐτοῦ ἐφεδρεύσας ἀπώλετο, Πούπλιος δὲ Ἀφράνιος Ποτῖτος δημότης τε ὢν καὶ ὑπὸ μωρᾶς κολακείας οὐ μόνον ἐθελοντὴς ἀλλὰ καὶ ἔνορκος, ἄν γε ὁ Γάιος σωθῇ, τελευτήσειν ὑποσχόμενος, Ἀτάνιός τέ τις Σεκοῦνδος ἱππεύς τε ὢν καὶ μονομαχήσειν ἐπαγγειλάμενος· ἀντὶ γὰρ τῶν χρημάτων ἃ ἤλπιζον παρ´ αὐτοῦ ὡς καὶ ἀντίψυχοί οἱ ἀποθανεῖν ἐθελήσαντες λήψεσθαι, ἀποδοῦναι τὴν ὑπόσχεσιν ἠναγκάσθησαν, ἵνα μὴ ἐπιορκήσωσι. Καὶ τούτοις μὲν αὕτη αἰτία τοῦ θανάτου ἐγένετο· ὁ δὲ δὴ πενθερὸς αὐτοῦ Μᾶρκος Σιλανὸς οὔθ´ ὑποσχόμενός τι οὔτε κατομόσας, ὅμως ἐπειδὴ βαρὺς αὐτῷ ὑπό τε τῆς ἀρετῆς καὶ ὑπὸ τῆς συγγενείας ἦν καὶ διὰ τοῦτο περιυβρίζετο, ἑαυτὸν κατεχρήσατο. Ὁ μὲν γὰρ Τιβέριος οὕτως αὐτὸν ἐτίμησεν ὥστε μηδὲ ἔκκλητόν ποτε ἀπ´ αὐτοῦ δικάσαι ἐθελῆσαι, ἀλλ´ ἐκείνῳ πάντα αὖθις τὰ τοιαῦτα ἐγχειρίσαι· ὁ δὲ δὴ Γάιος τά τε ἄλλα ἰσχυρῶς προεπηλάκιζε, καίτοι οὕτω καλῶς περὶ αὐτοῦ φρονῶν ὥστε καὶ χρυσοῦν αὐτὸν πρόβατον ὀνομάζειν, καὶ ὅπως μηκέτι πρῶτος ἐπιψηφίζηται, ἐν ᾧ που καὶ διὰ τὴν ἡλικίαν καὶ διὰ τὸ ἀξίωμα ὑφ´ ἁπάντων τῶν ὑπάτων ἐτιμᾶτο, κατέλυσε τὸ πρῶτόν τινα τῶν ὑπατευκότων ἢ δεύτερον, πρὸς τὸ τοῖς τὴν γνώμην ἐπάγουσι δοκοῦν, ψηφίζεσθαι, καὶ κατεστήσατο ἐκ τοῦ ἴσου τοῖς ἄλλοις καὶ ἐκείνους ἐν τῇ τάξει τῆς ἀρχῆς ἣν ἦρξαν ἀποφαίνεσθαι. Τήν τε θυγατέρα αὐτοῦ ἐκβαλὼν ἔγημε Κορνηλίαν Ὀρεστίλλαν, ἣν ἥρπασεν ἐν αὐτοῖς τοῖς γάμοις οὓς τῷ ἠγγυημένῳ αὐτὴν Γαΐῳ Καλπουρνίῳ Πίσωνι συνεώρταζε. Πρὶν δὲ δύο μῆνας ἐξελθεῖν, ἀμφοτέρους σφᾶς ὡς καὶ συγγιγνομένους ἀλλήλοις ἐξώρισε· καὶ τῷ γε Πίσωνι δέκα δούλους ἐπαγαγέσθαι ἐπιτρέψας, εἶτ´ ἐπειδὴ πλείονας ᾐτήσατο, ἐφῆκεν ὅσοις ἂν ἐθελήσῃ χρήσασθαι, εἰπὼν ὅτι « Καὶ στρατιῶται τοσοῦτοί σοι συνέσονται. »

[9] Τῷ δ´ ἑξῆς ἔτει ὕπατοι Μᾶρκος τε Ἰουλιανὸς καὶ Πούπλιος Νώνιος ἐκ τῶν προαποδεδειγμένων ἐγένοντο. Καὶ οἱ ὅρκοι περὶ μὲν τῶν ὑπὸ τοῦ Τιβερίου πραχθέντων οὐκ ἐπήχθησαν, καὶ διὰ τοῦτο οὐδὲ νῦν γίγνονται (οὐ γὰρ ἔστιν ὅστις αὐτὸν ἐν τοῖς αὐταρχήσασιν ἐς τὴν τῆς οἰκείας νόμισιν καταλέγει)· περὶ δὲ δὴ τοῦ Αὐγούστου τοῦ τε Γαΐου τά τε ἄλλα ὥσπερ εἴθιστο, καὶ ὅτι καὶ σφῶν αὐτῶν καὶ τῶν τέκνων καὶ ἐκεῖνον καὶ τὰς ἀδελφὰς αὐτοῦ προτιμήσουσιν, ὤμοσαν, {καὶ} τάς τε εὐχὰς ὑπὲρ πάντων αὐτῶν ὁμοίως ἐποιήσαντο. Ἐν δ´ οὖν τῇ νουμηνίᾳ αὐτῇ Μαχάων τις δοῦλος ἐπί τε τὴν κλίνην τοῦ Διὸς τοῦ Καπιτωλίου ἐπανέβη, κἀντεῦθεν πολλὰ καὶ δεινὰ ἀπομαντευσάμενος κυνίδιόν τέ τι ὃ ἐσενηνόχει ἀπέκτεινε καὶ ἑαυτὸν ἔσφαξε. Γάιος δὲ καλὰ μὲν ἐπαίνου τε ἄξια τάδε ἔπραξε. Τούς τε λογισμοὺς τῶν δημοσίων χρημάτων, μὴ ἐκτεθειμένους ἐν τῷ χρόνῳ ᾧ ὁ Τιβέριος ἐξεδήμησε, πάντας κατὰ τὸν Αὔγουστον προέγραψε· καὶ ἔμπρησίν τινα μετὰ τῶν στρατιωτῶν κατασβέσας ἐπήρκεσε τοῖς ζημιωθεῖσι. Τοῦ τε τέλους τοῦ τῶν ἱππέων ὀλιγανδροῦντος, τοὺς πρώτους ἐξ ἁπάσης καὶ τῆς ἔξω ἀρχῆς τοῖς τε γένεσι καὶ ταῖς περιουσίαις μεταπεμψάμενος κατελέξατο, καί τισιν αὐτῶν καὶ τῇ ἐσθῆτι τῇ βουλευτικῇ, καὶ πρὶν ἄρξαι τινὰ ἀρχὴν δι´ ἧς ἐς τὴν γερουσίαν ἐσερχόμεθα, χρῆσθαι ἐπὶ τῇ τῆς βουλείας ἐλπίδι ἔδωκε· πρότερον γὰρ μόνοις, ὡς ἔοικε, τοῖς ἐκ τοῦ βουλευτικοῦ φύλου γεγενημένοις τοῦτο ποιεῖν ἐξῆν. Ταῦτα μὲν δὴ πᾶσιν ἤρεσεν· ὅτι δὲ τὰς ἀρχαιρεσίας τῷ τε δήμῳ καὶ τῷ πλήθει ἀπέδωκε, λύσας ὅσα περὶ αὐτῶν ὁ Τιβέριος ὡρίκει, καὶ τὸ τέλος τῆς ἑκατοστῆς κατέλυσε, γυμνικόν τέ τινα ἀγῶνα ποιήσας σύμβολα διέρριψε καὶ ἐξ αὐτῶν πλεῖστα τοῖς ἁρπάσασιν αὐτὰ διέδωκε, τῷ μὲν φαύλῳ ἐχαρίσατο, τοὺς δ´ ἔμφρονας ἐλύπησε λογισαμένους ὅτι, ἐὰν ἐπὶ τοῖς πολλοῖς αἱ ἀρχαὶ αὖθις γένωνται καὶ τὰ ὄντα ἐξαναλωθῇ αἵ τε εἰδικαὶ πρόσοδοι παυθῶσι, πολλὰ καὶ δεινὰ συμβήσεται.

[10] Ἐπαίτια δὲ δὴ πρὸς πάντων ὁμοίως τάδε ἐξειργάσατο. Πλείστους ὅσους ὁπλομαχῆσαι ἐποίησε. Καὶ γὰρ καὶ καθ´ ἕνα καὶ ἀθρόους, ὥσπερ ἐν παρατάξει τινί, ἀγωνίσασθαί σφας ἠνάγκασε, παρὰ τῆς βουλῆς δὴ τοῦτο αἰτήσας· τὸ δὲ καὶ ἔξω τοῦ νενομοθετημένου πάνθ´ ὅσα βούλοιτο δρᾶσαι, καὶ ἀποκτεῖναι τῶν τε ἄλλων πολλοὺς καὶ τῶν ἱππέων ἓξ καὶ εἴκοσι, τοὺς μὲν τὰς οὐσίας κατεδηδοκότας, τοὺς δὲ καὶ ἄλλως ὁπλομαχίαν ἠσκηκότας. Ἦν δὲ οὐ τὸ πλῆθος τῶν ἀπολλυμένων οὕτω τι δεινόν, καίπερ δεινὸν ὄν, ἀλλ´ ὅτι τοῖς τε φόνοις αὐτῶν ὑπερέχαιρε καὶ τῆς τοῦ αἵματος θέας ἀπλήστως εἶχεν. Ὑπὸ δὲ δὴ τῆς αὐτῆς ὠμότητος, ἐπιλιπόντων ποτὲ τῶν τοῖς θηρίοις ἐκ καταδίκης διδομένων, ἐκέλευσεν ἐκ τοῦ ὄχλου τοῦ τοῖς ἰκρίοις προσεστηκότος συναρπασθῆναί τέ τινας καὶ παραβληθῆναί σφισιν· καὶ ὅπως γε μήτε ἐπιβοήσασθαι μήτε αἰτιάσασθαί τι δυνηθῶσι, τὰς γλώσσας αὐτῶν προαπέτεμε. Τῶν τε ἱππέων τινὰ ἐπιφανῶν μονομαχῆσαί τε ὡς καὶ ὑβρίσαντα τὴν μητέρα αὐτοῦ τὴν Ἀγριππῖναν ἠνάγκασε, καὶ νικήσαντα κατηγόροις παρέδωκε καὶ ἀπέσφαξε. Τόν τε πατέρα αὐτοῦ μηδὲν ἀδικήσαντα ἔς τε γαλεάγραν, ὥσπερ καὶ ἄλλους συχνούς, καθεῖρξε κἀνταῦθα διέφθειρεν. Ἐποίησε δὲ τοὺς ἀγῶνας τούτους τὰ μὲν πρῶτα ἐν τοῖς Σέπτοις, πᾶν τὸ χωρίον ἐκεῖνο ἐξορύξας καὶ ὕδατος πληρώσας, ἵνα μίαν ναῦν ἐσαγάγῃ, ἔπειτα δὲ καὶ ἑτέρωθι, πλεῖστά τε καὶ μέγιστα οἰκοδομήματα καθελὼν καὶ ἰκρία πηξάμενος· τὸ γὰρ τοῦ Ταύρου θέατρον ὑπερεφρόνησε. Τούτων τε οὖν ἕνεκα καὶ διὰ τὰς δαπάνας καὶ διὰ τοὺς φόνους αἰτίαν εἶχε, καὶ ὅτι τὸν Μάκρωνα μετὰ τῆς Ἐννίας, μήτε τοῦ ταύτης ἔρωτος μήτε τῶν ἐκείνου εὐεργετημάτων, δι´ ὧν τά τε ἄλλα καὶ τὴν ἀρχὴν αὐτῷ μόνῳ συγκατέπραξε, μνησθείς, ἔς τε ἑκουσίου δὴ θανάτου ἀνάγκην, καίπερ καὶ τὴν Αἴγυπτόν οἱ προστάξας, καὶ ἐς αἰσχύνην, ἧς αὐτὸς τὸ πλεῖστον μετεῖχε, κατέστησε· προαγωγείας γὰρ ἔγκλημα αὐτῷ πρὸς τοῖς ἄλλοις ἐπήγαγε. Κἀκ τούτου καὶ ἕτεροι πολλοὶ οἱ μὲν καταψηφισθέντες οἱ δὲ καὶ πρὶν ἁλῶναι ἐφονεύθησαν, πρόφασιν μὲν διά τε τοὺς γονέας καὶ διὰ τοὺς ἀδελφοὺς αὐτοῦ τούς τε ἄλλους τοὺς δι´ ἐκείνους ἀπολομένους, τὸ δ´ ἀληθὲς διὰ τὰς οὐσίας· οἵ τε γὰρ θησαυροὶ ἐξανάλωντο καὶ οὐδὲν αὐτῷ ἐξήρκει. Ἠλέγχοντο δὲ καὶ ἐκ τῶν καταμαρτυρούντων σφῶν καὶ ἐκ τῶν γραμμάτων ἃ κατακεκαυκέναι ποτὲ ἔφη. Καὶ ἑτέρους ἥ τε νόσος ἡ τῷ προτέρῳ ἔτει οἱ συμβᾶσα καὶ ὁ τῆς Δρουσίλλης τῆς ἀδελφῆς αὐτοῦ θάνατος ἔφθειρε· τά τε γὰρ ἄλλα, καὶ εἴ τις εἱστίασεν ἢ ἠσπάσατό τινα ἢ καὶ ἐλούσατο ἐν ταῖς ἡμέραις, ἐκολάζετο.

Matières contenues dans le cinquante-neuvième livre de l'Histoire romaine de Dion.

Sur Caius César Caligula, § 1-6;

Comment fut dédié le sanctuaire d'Auguste, § 7 ;

Comment les Mauritanies commencèrent à être soumises au gouvernement des Romains, § 20;

Comment mourut C. César, § 29-30.

Espace de temps : le reste du consulat de Cn. Acerronius et de Pontius Nigrinus, et de plus trois autres années pendant lesquelles les consuls furent: M. Aquilins Julianus, fils de Caius, et P. Nonius Asprénas, fils de Marcus. C. César Germanicus, II, et Lucius Apronius Célianus ou Cestianus, fils de Lucius. C. César III. C. César IV et Cnéius Sentius Saturninus, fils de Cnéius.

Cette dernière année n'est pas comptée avec les autres, parce que la plupart des faits qui s'y passent sont rapportés dans le livre soixante.

[1] Voilà ce que la tradition a rapporté de Tibère ; il eut pour successeur Caius, fils de Germanicus et d'Agrippine, surnommé Germanicus et Caligula, comme je l'ai dit. Il avait laissé l'empire à Tibère, son petit-fils ; mais Caius, ayant envoyé le testament au sénat par l'intermédiaire de Macron, le fit casser par les consuls et par d'autres sénateurs apostés à cet effet, sous prétexte que le testateur n'avait pas sa raison, puisqu'il remettait le gouvernement à un enfant à qui les lois ne permettaient pas encore l'entrée du sénat. Caius donc, pour l'instant, dépouilla cet enfant de l'empire ; plus tard, quoique l'ayant adopté, il le fit tuer. Tibère avait cependant, dans les écrits qu'il laissa, consigné la même intention de plusieurs manières, afin de lui donner par là plus de force, et tous avaient été, sur le moment, lus par Macron au sénat. Mais aucune prescription ne prévaut contre l'ingratitude et contre la puissance d'un successeur. Tibère eut le sort qu'il avait fait à sa mère, sauf cette exception, toutefois, qu'il ne paya à personne aucun des legs faits par elle, tandis que les siens furent soldés à tous, excepté à son petit-fils. C'est ce qui prouva, non moins que le reste, que toute l'affaire du testament était un coup monté contre le jeune prince. On aurait pu, sans doute, ne pas le rendre public (Caius n'en ignorait pas les clauses) ; mais, comme bien des gens les connaissaient, et que, dans le premier cas, c'était sur lui, au lieu que, dans le second, c'était sur le sénat, à ce qu'il semblait du moins, qu'en retombait le blâme, il préféra faire annuler le testament par ce corps plutôt que de le supprimer.

[2] De plus, en payant aux autres Romains tous les legs de Tibère, comme si c'eût été de ses propres deniers, Caius s'acquit auprès de la multitude une certaine réputation de magnanimité. Aussitôt après avoir, en compagnie du sénat, assisté aux exercices des prétoriens, il leur distribua leur part des legs, s'élevant à environ deux cent cinquante drachmes, et il y ajouta une somme égale; il paya au peuple onze millions deux cent cinquante mille drachmes (cette somme formait le montant du legs qui lui était fait) et, en plus, les soixante drachmes par tête, qui ne lui avaient pas été données lorsqu'il prit la toge virile, avec addition de quinze autres drachmes pour l'intérêt. Il solda à la garde urbaine, aux Vigiles, aux corps régulièrement levés qui servaient hors de l'Italie, et à tous les soldats légionnaires dans les petites villes, les sommes qui leur revenaient, c'est-à-dire environ cent vingt-cinq drachmes à chaque garde urbain et quatre-vingt-cinq à tous les autres. Il en fut de même pour le testament de Livie. Il en acquitta tous les legs, en sorte que, s'il eût convenablement dépensé le reste de l'argent, on l'eût regardé comme un prince magnanime et magnifique. Quelques-unes de ces dépenses, il est vrai, furent faites par crainte du peuple et des soldats, mais la plupart le furent de son propre mouvement; car ce ne fut pas seulement à eux, mais encore aux simples particuliers, qu'il paya les sommes léguées par Tibère et même par son aïeule. Ses dépenses sans borne pour les histrions (il les rappela immédiatement), les chevaux, les gladiateurs et autres amusements de cette espèce épuisèrent bien vite ses trésors malgré leur immensité, et prouvèrent que, même en cela, sa conduite n'avait été que légèreté et manque de jugement. Bien qu'il eût trouvé cinq cents millions sept mille cents drachmes, ou quatre-vingt millions deux mille cinq cents, selon d'autres historiens, dans le trésor, en moins de trois ans il ne lui en restait plus rien, et, dès l'année suivante, il eut besoin de sommes énormes.

[3] Il en usait de même en tout, pour ainsi dire. Après s'être, dans les premiers temps, montré populaire au point de ne rien prescrire au peuple ni au sénat par édit et de ne pas se donner les titres ordinaires aux princes, ses manières devinrent monarchiques au point que certains titres qu'Auguste, pendant un si long règne, n'avait acceptés qu'avec peine, et qui ne lui avaient été décernés qu'un à un par décrets successifs, titres dont Tibère refusa même complètement quelques-uns, il les prit tous en un seul jour. Il ne différa que pour celui de Père de la patrie, et encore ne tarda-t-il pas à se l'attribuer aussi. Le plus porté des hommes aux plaisirs de l'amour, il prit en haine une femme qu'il avait ravie à son fiancé et d'autres qu'il avait arrachées des bras de leurs maris, une seule exceptée qui, elle aussi, eût infailliblement éprouvé son aversion s'il eût vécu plus longtemps. Après des marques d'une piété sans borne envers sa mère, ses soeurs et son aïeule Antonia (après l'avoir proclamée Augusta et prêtresse d'Auguste, il lui décerna en une seule fois tous les privilèges des Vestales); quant à ses soeurs , il décida qu'elles auraient ces mêmes priviléges des Vestales, que, dans les jeux du cirque, elles occuperaient une place pareille à la sienne, qu'elles seraient comprises dans les voeux exprimés chaque année par les magistrats et par les pontifes, pour le salut du prince et du peuple, et que les serments prêtés pour le maintien de son pouvoir auraient lieu également pour leur prospérité ; il traversa la mer pour recueillir lui-même de sa propre main les ossements de sa mère et de ses frères morts, les rapporta à Rome et les déposa dans le monument d'Auguste, revêtu de la toge prétexte et entouré de licteurs comme dans une cérémonie triomphale. Il annula tous les décrets portés contre eux, punit tous ceux qui leur avaient voulu du mal, et rappela ceux qui avaient été exilés à leur sujet; après une telle conduite, il devint le plus impie des hommes envers son aïeule et envers ses soeurs : il réduisit son aïeule, qui lui avait adressé certains reproches, à la nécessité de se donner volontairement la mort, et relégua, après les avoir toutes déshonorées, deux de ses soeurs dans une île; la troisième mourut auparavant. Il avait demandé au sénat pour Tibère, qu'il appelait son aïeul, les distinctions accordées à Auguste; comme elles ne furent pas immédiatement décrétées (les sénateurs, en effet, ne supportant pas de conférer des honneurs à Tibère et n'osant pas le noter d'infamie, attendu qu'ils ne connaissaient pas bien encore le caractère du jeune prince, différaient tout jusqu'à son arrivée), il se contenta de lui décerner l'honneur d'une sépulture aux frais de l'État, et, rapportant de nuit le corps à Rome, l'exposa, le matin, aux regards du public. Il prononça son oraison funèbre, de manière à faire moins l'éloge du défunt qu'à rappeler au peuple le souvenir d'Auguste et celui de Germanicus, et à se comparer lui-même à eux.

[4] Il était en tout d'une telle inconséquence que, non seulement il imita, après les avoir critiquées, les débauches et les cruautés de Tibère, mais que même il les surpassa et ne fit rien de ce qu'il louait en lui. Après l'avoir le premier insulté, le premier outragé, au point que les autres, dans l'espoir de se rendre agréables à Caius, usaient à l'égard deTibère d'une liberté de langage téméraire, il lui prodigua les louanges au point d'en punir quelques-uns pour leurs paroles. Il haïssait également les uns, à cause de leurs injures, comme ennemis de Tibère, et les autres, qui lui donnaient des éloges, comme ses amis. Bien qu'il eût aboli les accusations de lèse-majesté, il n'en fit pas moins périr un fort grand nombre de personnes pour ce crime. Après avoir, disait-il, renoncé à tout ressentiment à l'égard de ceux qui s'étaient ligués contre son père, sa mère et ses frères, et avoir brûlé leurs lettres, il fit mettre à mort beaucoup de personnes d'après ces mêmes lettres : il avait bien, en effet, anéanti quelques lettres, non pas celles qui, écrites de la main même des coupables, renfermaient une preuve convaincante, mais celles qu'il avait fait transcrire. En outre, après avoir dans le principe, défendu qu'on lui élevât aucune statue, il alla jusqu'à se consacrer des images; après avoir refusé un décret portant qu'on offrirait des sacrifices à sa fortune et même avoir fait graver officiellement ce refus, il se fit bâtir des temples où on lui immola des victimes comme à un dieu. Il aimait tantôt la compagnie, tantôt la solitude. Il se fâchait quand on lui demandait quelque chose et quand on ne lui demandait rien. Il y avait des affaires auxquelles il se portait avec une grande promptitude, d'autres auxquelles il mettait une grande nonchalance. Il dépensait l'argent avec profusion et l'amassait par des voies basses et sales. Il repoussait et accueillait pareillement ceux qui le flattaient et ceux qui lui parlaient librement. Il laissa plusieurs grands coupables impunis et livra au supplice plusieurs innocents. Il usa envers ses amis de caresses comme d'outrages sans borne. Aussi ne savait-on ni quel langage ni quelle conduite tenir avec lui ; ceux qui réussissaient le devaient plutôt au hasard qu'à leur prudence.

[5] Tel était l'empereur à qui les Romains furent alors livrés, en sorte que les actes de Tibère, bien que passant pour cruels, furent aussi loin de ceux de Caius que la conduite d'Auguste l'avait été de celle de Tibère. Tibère, en effet, gouvernait lui-même, il n'employait les autres que comme ses ministres et conformément à ses desseins : Caius se laissait gouverner par des conducteurs de chars et par des gladiateurs ; il était l'esclave des danseurs et de tous les gens qui vivent de la scène. Ainsi il avait toujours à ses côtés, même en public, Apelles, le plus fameux tragédien de l'époque. Par suite, l'empereur de son côté, les histrions de l'autre, se portèrent impunément à tous les excès où peut aller l'audace de gens de cette sorte, quand ils ont le pouvoir. Il fournissait et établissait lui-même en toute occasion avec la plus grande somptuosité ce qui se rapportait à leur art, et il forçait les préteurs et les consuls d'en faire autant; de sorte qu'il ne se passait presque pas de jour où il n'y eût quelque spectacle. D'abord il se contentait de les voir et de les entendre, de leur témoigner son approbation ou son mécontentement comme un simple spectateur; un jour même, irrité contre ses adversaires, il ne vint pas aux jeux. Mais, dans la suite, il alla jusqu'à imiter les histrions et à lutter avec plusieurs d'entre eux : il se fit conducteur de chars et gladiateur; il dansa et il joua la tragédie. C'étaient là ses occupations pour ainsi dire continuelles; une fois même, ayant convoqué les principaux sénateurs bien avant dans la nuit comme pour une délibération d'une haute importance, il dansa devant eux.

[6] L'année donc de la mort de Tibère et de son avénement à l'empire, il prodigua d'abord des paroles flatteuses aux sénateurs, en présence des chevaliers et de quelques plébéiens réunis dans la curie: il promit d'exercer l'autorité en commun avec eux et de faire tout ce qui leur plairait, disant qu'il était leur fils et leur nourisson. Il était alors âgé de vingt-sept ans moins cinq mois et quatre jours. Puis, il délivra ceux qui étaient détenus en prison, au nombre desquels se trouvait Q. Pomponius qu'on y avait tourmenté sept ans entiers à la suite de son consulat; il abolit aussi les accusations de lèse-majesté qu'il voyait peser si lourdement sur Rome, et, réunissant tous les dossiers laissés par Tibère, il les livra au feu, du moins il le prétendit: Je l'ai fait, ajouta-t-il, afin que, lors même que je voudrais un jour à toute force conserver du ressentiment contre quelqu'un à cause de ma mère ou de, mes frères, je sois dans l'impossibilité de le punir. Loué pour cette conduite, et parce qu'on espérait de lui plus de véracité que de tous les autres, sa jeunesse, à ce que l'on croyait, le rendant incapable de duplicité soit dans sa pensée, soit dans son langage, il augmenta encore l'espérance générale en ordonnant que les fêtes des Saturnales dureraient cinq jours, et en ne prenant de ceux qui recevaient du blé de l'État qu'une obole au lieu d'une drachme qu'ils lui donnaient pour les sigillaires. On décréta que Proclus et Nigrinus, alors en charge, lui feraient immédiatement place au consulat, et qu'ensuite il en exercerait les fonctions tous les ans. Mais il n'accepta pas, non plus, ces honneurs; seulement, quand Proclus et Nigrinus eurent accompli les six mois pour lesquels ils avaient été nommés, il consentit alors à être consul avec Claude, son oncle paternel, pour collègue: celui-ci, en effet, rangé jusqu'alors dans la classe des chevaliers, et envoyé comme député à Caius au nom de l'ordre équestre, après la mort de Tibère, fut alors pour la première fois, bien qu'âgé de quarante-six ans, fait à la fois consul et sénateur. Aussi Caius passa-t-il pour avoir agi avec bonté en cette occurence, et, dans une harangue aux sénateurs en prenant possession du consulat, il s'éleva contre chacun des vices qu'il reprochait à Tibère et fit, en son propre nom, des promesses telles, que le sénat, craignant que les sentiments du prince ne vinssent à changer, rendit un décret portant que cette harangue serait lue tous les ans.

[7] Ensuite Caius, revêtu de la toge triomphale, fit la dédicace du temple d'Auguste; des enfants patriciens, ayant tous leur père et leur mère, chantèrent un hymne en son honneur, en compagnie de jeunes filles de même condition; un banquet fut donné aux sénateurs et à leurs femmes, ainsi qu'au peuple, et il y eut des spectacles de toute sorte. On y fit des jeux de musique, des chevaux luttèrent deux jours, vingt fois le premier et vingt-quatre le second, à cause du jour natal de l'empereur; car c'était le dernier jour du mois d'août. Caius renouvela cette mesure en maintes autres circonstances selon son bon plaisir. Auparavant, en effet, il n'y avait pas plus de douze luttes ; cette fois, on tua quatre cents ours avec un nombre égal d'autres bêtes de Libye ; les enfants patriciens représentèrent la cavalcade troyenne, l'empereur fut amené en pompe sur un char tiré par six chevaux, ce qui n'avait jamais eu lieu. Néanmoins ce ne fut pas lui qui donna le signal aux conducteurs de chars ; il regarda les jeux d'une place d'honneur, au milieu de ses sœurs et du collége des prêtres d'Auguste. Afin que personne n'eût le moindre prétexte pour ne pas venir au théâtre (il était affligé quand on y manquait ou qu'on sortait au milieu du spectacle), il suspendit tous les procès et interdit les deuils ; de sorte qu'il était permis aux veuves de se remarier avant le temps prescrit, excepté en cas de grossesse. En outre, pour qu'on pût s'y rendre avec facilité et qu'on n'eût pas l'embarras de le saluer (auparavant ceux qui rencontraient l'empereur en chemin le saluaient), il défendit de le faire désormais. Il permit aussi à quiconque le voudrait d'assister aux spectacles sans chaussures, coutume de la plus haute antiquité, observée parfois, en été, dans les tribunaux, pratiquée souvent par Auguste lui-même dans les assemblées pendant l'été, et abandonnée par Tibère. Des coussins furent alors pour la première fois placés sur les bancs des sénateurs, pour qu'ils ne fussent pas assis sur le bois nu, et il leur fut accordé de porter, pour venir au théâtre, des chapeaux thessaliens, afin de ne pas être incommodés par le soleil. Quand parfois il était trop brûlant, on se servait, au lieu du théâtre, du Diribitorium où l'on établissait un plancher. Tels furent les actes de Caius pendant son consulat de deux mois et douze jours; car il abandonna le reste des six mois à ceux qui avaient été auparavant désignés pour cette charge.

[8] A la suite d'une maladie à laquelle il ne succomba pas, il fit mourir Tibère, bien que celui-ci eût déjà pris la toge virile, qu'il eût été nommé prince de la jeunesse et enfin adopté par lui, accusant le jeune homme d'avoir souhaité et d'avoir espéré sa mort. A partir de ce moment, Caius versa le sang d'une foule d'autres personnes. Après avoir donné à Antiochus, fils d'Antiochus, la Commagène, que son père avait possédée, et, de plus, les parties maritimes de la Cilicie ; après avoir rendu à la liberté Agrippa, descendant d'Hérode (il avait été jeté dans les fers par Tibère), et l'avoir rétabli dans le royaume de son aïeul, il ne se contenta pas de dépouiller son frère, ou même son fils, des biens paternels, il alla jusqu'à l'égorger. Il n'en écrivit rien au sénat, chose qu'il fit mainte autre fois dans la suite. Tibère périt comme ayant tramé un complot contre l'empereur à l'occasion de sa maladie ; un plébéien, P. Afranius Potitus, pour avoir, par une sotte flatterie, promis, non seulement de son plein gré mais encore avec serment, de renoncer à la vie, si Caius revenait à la santé ; un chevalier, Atanius Sécundus, pour avoir annoncé qu'il se ferait gladiateur, au lieu de l'argent qu'ils espéraient recevoir du prince pour avoir voulu donner leur vie en échange de la sienne, furent contraints d'exécuter leur promesse, afin de ne point se parjurer. Ce fut là la cause de leur mort ; quant à M. Silanus, beau-père de Caius, qui n'avait fait ni promesse ni serment, mais dont la vertu et la parenté lui étaient devenues un fardeau, quand il se vit, pour ce motif, en butte aux outrages, il se donna lui-même la mort. Tibère, en effet, avait accordé à Silanus une telle estime qu'il ne voulait jamais décider les causes qui lui venaient en appel de Silanus et qu'il les lui renvoyait toutes. Caius, au contraire, lui faisait toute sorte d'affronts, bien que, plein de considération pour sa personne, il le nommât une brebis d'or; et, pour empêcher qu'on lui demandât le premier son avis, honneur que son âge et sa dignité lui valaient de la part de tous les consuls, il abolit la coutume en vertu de laquelle un consulaire donnait son avis le premier ou le second, suivant qu'il plaisait à celui qui avait mis aux voix la proposition, et il établit que tous opineraient, comme les autres sénateurs, selon l'ordre dans lequel ils avaient exercé leur charge. Ensuite, ayant répudié la fille de Silanus, il épousa Cornélia Orestilla, qu'il ravit à Calpurnius Pison, son fiancé, pendant les fêtes mêmes du mariage, auquel il assistait. Puis, avant qu'il se fùt écoulé deux mois, il les bannit l'un et l'autre sous prétexte qu'ils avaient commerce ensemble, et comme Pison, à qui il avait permis d'emmener dix esclaves, en demandait davantage, il lui accorda d'en prendre autant qu'il le voudrait, ajoutant : Ce sera autant de soldats que tu auras à côté de toi. »

[9] L'année suivante furent en charge M. Julianus et P. Nonius, du nombre des consuls désignés. Le serment sur les actes de Tibère ne fut pas prêté, et c'est pour ce motif qu'aujourd'hui encore il n'a pas lieu (personne, en récitant la formule du serment, ne le mentionne au nombre des empereurs) ; quant à ceux d'Auguste et de Caius, le reste se passa comme d'usage, seulement on jura de préférer le prince et ses soeurs à soi-même et à ses enfants, et on fit des voeux pour tous pareillement. Le premier jour des calendes de janvier, un esclave, du nom de Machaon, monta sur le pulvinar de Jupiter Capitolin, et là, après une foule de prédictions sinistres, il égorgea un petit chien qu'il avait apporté avec lui et se donna lui-même la mort. Voici maintenant ce que Caius fit de beau et de louable. Il publia, à l'exemple d'Auguste, tous les comptes de finances qui ne l'avaient pas été depuis la retraite de Tibère, et vint au secours des victimes d'un incendie qu'il avait éteint avec l'aide des soldats. Comme l'ordre équestre était considérablement réduit, il fit venir les plus nobles et les plus riches citoyens de toutes les parties de l'empire, même du dehors de l'Italie, pour les y enrôler, et il accorda à plusieurs d'entre eux de porter le costume de sénateur avant d'avoir exercé aucune des charges qui donnent entrée au sénat, avec l'espoir d'obtenir la dignité sénatoriale : auparavant, en effet, ce privilége était, à ce qu'il semble, réservé aux citoyens de race patricienne. Ces mesures furent approuvées de tous : au contraire, les comices par centuries et les comices par tribus, rétablis par l'abrogation des règlements de Tibère à ce sujet; l'impôt du centième supprimé, des distributions de tessères dans un combat gymnique qu'il donna, et la délivrance de la plupart des lots marqués à ceux qui les avaient attrapées, furent autant de choses agréables aux gens de basse condition, mais affligeantes pour les hommes sensés qui pensaient que, si on remettait les magistratures au pouvoir du peuple, si on épuisait l'argent du trésor, si on tarissait les revenus de toute espèce, il en résulterait une foule de malheurs.

[10] Voici maintenant des mesures qui furent blâmées de tous pareillement. Il poussa un nombre considérable de citoyens à se faire gladiateurs. Il les contraignit à combattre soit un contre un, soit en masse, comme dans une bataille rangée, chose dont il avait cette fois demandé l'autorisation au sénat, ce qui ne l'empêcha pas de faire en dehors des formes légales tout ce qui lui plaisait et de mettre à mort, outre une foule d'autres citoyens, vingt-six chevaliers qui avaient, partie mangé leur fortune, partie combattu sans raison comme gladiateurs. L'horreur venait moins du nombre des victimes, quelque horrible qu'il fût, que du plaisir extrême que lui causaient ces massacres, et de son insatiable avidité de voir couler le sang. Dans sa cruauté, un jour qu'on manquait de criminels condamnés aux bêtes, il donna l'ordre de saisir quelques-uns des spectateurs assis sur les bancs du théâtre et de les leur jeter; et, pour qu'ils ne pussent ni s'écrier ni se plaindre de cette violence, il leur fit préalablement couper la langue. Il força un chevalier illustre à combattre comme gladiateur, sous prétexte qu'il avait outragé sa mère Agrippine; et, le chevalier ayant été vainqueur, il le livra aux accusateurs et le mit à mort. Le père de ce chevalier, qui n'avait commis aucun crime, fut, ainsi que bien d'autres, enfermé dans une cage et y périt. Caius célébra ces jeux d'abord dans les Septa, qu'on avait creusés en entier et remplis d'eau, afin d'y amener, en tout, un navire ; il les célébra ensuite dans un autre endroit où il démolit plusieurs grands édifices pour mettre à la place un échafaudage ; car il dédaignait le théâtre de Taurus. Ces entreprises, de même que ses dépenses et ses meurtres, lui attirèrent la haine publique, et il y ajouta en réduisant Macron et Ennia, malgré l'amour de l'une et les bienfaits de l'autre qui seul avait contribué par ses efforts à lui donner l'empire, à la nécessité de se donner volontairement la mort , bien qu'il eût confié à Macron le gouvernement de l'Égypte, et en les couvrant d'une infamie dont la plus grande part retomba sur lui ; car, entre autres choses, il reprochait à Macron d'avoir été un instigateur de débauches. Beaucoup de personnes furent, par suite, mises à mort, les unes après condamnation, les autres avant même d'avoir été jugées, sous prétexte dles parents et des frères du prince, et des citoyens qui avaient péri à leur occasion, mais, en réalité, à cause de leurs richesses, car le trésor était épuisé, et rien ne suffisait à Caius. Les instruments de ces accusations étaient, soit de faux témoins, soit les lettres que Caius avait autrefois déclaré avoir brùlées. Pour d'autres, ce fut la maladie dont l'empereur avait été attaqué l'année précédente et la mort de sa soeur Drusilla qui causèrent leur perte ; car pour avoir, pendant ces jours-là, donné un festin, salué quelqu'un, ou même pris le bain, on était livré au supplice.

[11] Τῇ δὲ Δρουσίλλῃ συνῴκει μὲν Μᾶρκος Λέπιδος, παιδικά τε ἅμα αὐτοῦ καὶ ἐραστὴς ὤν, συνῆν δὲ καὶ ὁ Γάιος· καὶ αὐτὴν ἀποθανοῦσαν τότε ἐπῄνεσε μὲν ὁ ἀνήρ, δημοσίας δὲ ταφῆς ὁ ἀδελφὸς ἠξίωσε· καὶ οἵ τε δορυφόροι μετὰ τοῦ ἄρχοντός σφων καὶ χωρὶς οἱ ἱππῆς τὸ τέλος - - -, οἵ τε εὐγενεῖς παῖδες τὴν Τροίαν περὶ τὸν τάφον αὐτῆς περιίππευσαν, καί οἱ τά τε ἄλλα ὅσα τῇ γε Λιουίᾳ ἐδέδοτο ἐψηφίσθη, καὶ ἵν´ ἀθανατισθῇ καὶ ἐς τὸ βουλευτήριον χρυσῆ ἀνατεθῇ, καὶ ἐς τὸ ἐν τῇ ἀγορᾷ Ἀφροδίσιον ἄγαλμα αὐτῆς ἰσομέτρητον τῷ τῆς θεοῦ ἐπὶ ταῖς ὁμοίαις τιμαῖς ἱερωθῇ, σηκός τε ἴδιος οἰκοδομηθῇ, καὶ ἱερῆς εἴκοσιν οὐχ ὅτι ἄνδρες ἀλλὰ καὶ γυναῖκες γένωνται, αἵ τε γυναῖκες αὐτήν, ὁσάκις ἂν μαρτυρῶσί τι, ὀμνύωσι, καὶ ἐν τοῖς γενεσίοις αὐτῆς ἑορτή τε ὁμοία τοῖς Μεγαλησίοις ἄγηται καὶ ἡ γερουσία ἥ τε ἱππὰς ἑστιᾶται. Τότε οὖν Πάνθεά τε ὠνομάζετο καὶ τιμῶν δαιμονίων ἐν πάσαις ταῖς πόλεσιν ἠξιοῦτο, Λίουιός τέ τις Γεμίνιος βουλευτὴς ἔς τε τὸν οὐρανὸν αὐτὴν ἀναβαίνουσαν καὶ τοῖς θεοῖς συγγιγνομένην ἑορακέναι ὤμοσεν, ἐξώλειαν καὶ ἑαυτῷ καὶ τοῖς παισίν, εἰ ψεύδοιτο, ἐπαρασάμενος τῇ τε τῶν ἄλλων θεῶν ἐπιμαρτυρίᾳ καὶ τῇ αὐτῆς ἐκείνης· ἐφ´ ᾧ πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδας ἔλαβε. Τούτοις τε οὖν αὐτὴν ὁ Γάιος ἐτίμησε, καὶ τῷ τὰς πανηγύρεις τὰς τότε ὀφειλούσας γενέσθαι μήτε ἐν τῷ νενομισμένῳ χρόνῳ, πλὴν τῆς ὁσίας ἕνεκα, μήτ´ αὖθίς ποτε ποιηθῆναι. Αἰτίαν τε πάντες ὁμοίως εἶχον, εἴθ´ ἥσθησαν ἐπί τινι ὡς λυπούμενοι, εἴτε καὶ ὡς χαίροντες ἔπραξαν· ἢ γὰρ μὴ πενθεῖν αὐτὴν ὡς ἄνθρωπον ἢ θρηνεῖν ὡς θεὸν ἐνεκαλοῦντο. Πάρεστι δὲ ἐξ ἑνὸς πάντα τὰ τότε γενόμενα τεκμήρασθαι· τὸν γὰρ πωλήσαντα θερμὸν ὕδωρ ἀπέκτεινεν ὡς ἀσεβήσαντα.

[12] Διαλιπὼν δ´ οὖν ὀλίγας ἡμέρας ἔγημε Λολλίαν Παυλῖναν, αὐτὸν τὸν ἄνδρα αὐτῆς Μέμμιον Ῥήγουλον ἐγγυῆσαί οἱ τὴν γυναῖκα ἀναγκάσας, μὴ καὶ ἀνέγγυον αὐτὴν παρὰ τοὺς νόμους λάβῃ. Καὶ εὐθύς γε καὶ ἐκείνην ἐξήλασεν. Ἐν δὲ τούτῳ Σοαίμῳ μὲν τὴν τῶν Ἰτυραίων τῶν Ἀράβων, Κότυϊ δὲ τήν τε Ἀρμενίαν τὴν σμικροτέραν καὶ μετὰ τοῦτο καὶ τῆς Ἀραβίας τινά, τῷ τε Ῥυμητάλκῃ τὰ τοῦ Κότυος καὶ Πολέμωνι τῷ τοῦ Πολέμωνος υἱεῖ τὴν πατρῴαν ἀρχήν, ψηφισαμένης δὴ τῆς βουλῆς, ἐχαρίσατο, ἔν τε τῇ ἀγορᾷ καὶ ἐπὶ τοῦ βήματος ἐν δίφρῳ μεταξὺ τῶν ὑπάτων καθεζόμενος, καὶ παραπετάσμασι σηρικοῖς, ὥς γέ τινές φασι, χρησάμενος. Καὶ μετὰ τοῦτο πηλὸν πολὺν ἐν στενωπῷ τινι ἰδὼν ἐκέλευσεν αὐτὸν ἐς τὸ τοῦ Οὐεσπασιανοῦ τοῦ Φλαουίου ἱμάτιον, ἀγορανομοῦντός τε τότε καὶ τῆς τῶν στενωπῶν καθαριότητος ἐπιμελουμένου, ἐμβληθῆναι. Καὶ τοῦτο οὕτω πραχθὲν παραχρῆμα μὲν ἐν οὐδενὶ λόγῳ ὤφθη, ὕστερον δὲ τοῦ Οὐεσπασιανοῦ τὰ πράγματα τεταραγμένα καὶ πεφυρμένα παραλαβόντος τε καὶ καταστησαμένου ἔδοξεν οὐκ ἀθεεὶ γεγονέναι, ἀλλ´ ἄντικρυς αὐτῷ τὴν πόλιν ὁ Γάιος πρὸς ἐπανόρθωσιν ἐγκεχειρικέναι.

[13] Μετὰ δὲ τοῦτο ὑπατεύσας αὖθις τὸν μὲν τοῦ Διὸς ἱερέα ἐκώλυσεν ἐν τῷ συνεδρίῳ ὀμόσαι (ἰδίᾳ γὰρ καὶ τότε, ὥσπερ ἐπὶ τοῦ Τιβερίου, τὸν ὅρκον ἐποιοῦντο), αὐτὸς δὲ καὶ ἐνιστάμενος ἐς τὴν ἀρχὴν καὶ ἀπαλλαττόμενος ἀπ´ αὐτῆς ἐξ ἴσου τοῖς ἄλλοις ἀπὸ τοῦ βήματος, ὃ δὴ καὶ μεῖζον τοῦ προτέρου ἐπεποίητο, ὤμοσε. Τριάκοντα δὲ δὴ ἡμέρας ἦρξε, καίτοι Λουκίῳ Ἀπρωνίῳ τῷ συνάρχοντι ἓξ μῆνας ἐπιτρέψας· καὶ αὐτὸν Σαγκυΐνιος Μάξιμος πολιαρχῶν διεδέξατο. Καὶ ἔν τε ἐκείναις καὶ ἐν ταῖς ἔπειτα πολλοὶ μὲν τῶν πρώτων καταδικασθέντες (συχνοὶ γὰρ δὴ καὶ τῶν ἐκ τοῦ δεσμωτηρίου ἀφειμένων, δι´ αὐτὰ ἐκεῖνα δι´ ἃ ὑπὸ τοῦ Τιβερίου ἐδέδεντο, ἐκολάσθησαν) πολλοὶ δὲ καὶ τῶν ἄλλων μονομαχήσαντες ἀπώλοντο. Καὶ ἦν ἔξω τῶν φόνων οὐδέν· οὐδὲ γὰρ οὐδὲ τῷ πλήθει ἔτι τι ἐχαρίζετο, ἀλλὰ καὶ πάνυ πρὸς πάντα ὅσα ἐβούλετο ἀντέπραττε. Καὶ διὰ τοῦτο καὶ ἐκεῖνοι πᾶσι τοῖς ἐπιθυμήμασιν αὐτοῦ ἀντέσπευδον, καὶ ἦν καὶ ἀκούειν καὶ ὁρᾶν οἷα ἂν ἐν τῷ τοιούτῳ ὁ μὲν ὀργιζόμενος οἱ δ´ ἀνταγωνιζόμενοι καὶ εἴποιεν καὶ πράξειαν. Οὐ μέντοι καὶ ἐξ ἴσου σφίσι τὸ πρᾶγμα ἐγίγνετο· οἱ μὲν γὰρ ἔξω τοῦ λαλεῖν ἢ καὶ τοῖς σχήμασί τι προσενδείκνυσθαι οὐδὲν ἐδύναντο, ὁ δὲ δὴ Γάιος συχνοὺς μὲν καὶ μεταξὺ θεωμένους κατασπῶν, συχνοὺς δὲ καὶ ἀπηλλαγμένους ἐκ τῶν θεάτρων συλλαμβάνων ἀπώλλυεν. Αἰτίαι δὲ ἐς τὰ μάλιστα τῆς ὀργῆς αὐτῷ ἐγίγνοντο ὅτι τε μὴ σπουδῇ συνεφοίτων (ἄλλοτε γὰρ ἄλλῃ ὥρᾳ παρὰ τὰ προηγγελμένα ἀπαντῶντος αὐτοῦ, καὶ τοτὲ μὲν ἔτι νυκτὸς τοτὲ δὲ καὶ μετὰ μεσημβρίαν ἐς τὰ θέατρα ἐσιόντος, ἀποκναιόμενοι ἐκακοῦντο) καὶ ὅτι μήτε ἀεὶ πάντας τοὺς ἀρέσκοντας αὐτῷ ἐπῄνουν καί τινας καὶ τῶν ἐναντίων ἔστιν ὅτε ἐτίμων. Καὶ προσέτι καὶ ἐπ´ ἐκείνῳ δεινῶς ἠγανάκτει ὅτι μεγαλύνοντες αὐτὸν ἐπεβόων « Νεανίσκε Αὔγουστε· » οὐ γὰρ μακαρίζεσθαι ὅτι νέος ὢν ἐμονάρχει, ἀλλ´ ἐγκαλεῖσθαι ὅτι ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡλικίᾳ τηλικαύτην ἀρχὴν εἶχεν ἡγεῖτο. Καὶ ταῦτα μὲν ἀεὶ ἐποίει, καί ποτε παντὶ τῷ δήμῳ ἅμα ἀπειλῶν ἔφη « Εἴθε ἕνα αὐχένα εἴχετε· » τότε δὲ ἐπειδὴ παρωξύνθη τι οἷον εἰώθει, δυσχερᾶναν τὸ πλῆθος τῆς τε θέας ἠμέλησε καὶ ἐπὶ τοὺς συκοφαντοῦντας ἐτράπετο, καὶ αὐτοὺς ἐπὶ πολὺ σφοδρῶς βοῶντες ἐξῄτουν. Καὶ ὃς ἀγανακτήσας ἀπεκρίνατο μέν σφισιν οὐδέν, προστάξας δὲ ἑτέροις τισὶ τοὺς ἀγῶνας ποιεῖν ἐς Καμπανίαν ἀπῆρε. Καὶ μετὰ τοῦτο ἐπανελθὼν πρὸς τὰ τῆς Δρουσίλλης γενέσια ἄγαλμα τε αὐτῆς ἐπ´ ἐλεφάντων ἐν ἁρμαμάξῃ ἐς τὸν ἱππόδρομον ἐσήγαγε, καὶ θέαν τῷ δήμῳ προῖκα ἐπὶ δύο ἡμέρας ἀπένειμε· καὶ αὐτῷ τῇ μὲν προτέρᾳ ἄρκτοι πρὸς ταῖς τῶν ἵππων ἁμίλλαις πεντακόσιαι ἐσφάγησαν τῇ δὲ ἑτέρᾳ Λιβυκὰ θηρία ἴσα ἀναλώθη, καὶ παγκρατιασταὶ ἐν πολλοῖς ἅμα τόποις ἠγωνίσαντο. Καὶ ὁ δῆμος εἱστιάθη, τοῖς τε βουλευταῖς ταῖς τε γυναιξὶν αὐτῶν δωρεὰ ἐδόθη - - -.

[14] Ταῦτά τε ἅμα ὡς καὶ πάνυ πενόμενος ἐφόνευε, καί τινα καὶ ἕτερον τοιόνδε χρηματισμὸν ἐπεξεῦρε. Τοὺς γὰρ περιγενομένους τῶν μονομάχων τοῖς τε ὑπάτοις καὶ τοῖς στρατηγοῖς τοῖς τε ἄλλοις, οὐχ ὅτι τοῖς ἐθέλουσιν, ἀλλὰ καὶ {τοὺς} πάνυ ἄκοντάς τινας βιαζόμενος ἐν ταῖς ἱπποδρομίαις καὶ τὰ τοιαῦτα ποιεῖν, καὶ δὴ καὶ τοῖς ἐπ´ αὐτὸ τοῦτο κληρουμένοις ὅτι μάλιστα (δύο γὰρ στρατηγοὺς ἐς τοὺς ὁπλομαχικοὺς ἀγῶνας, ὥσπερ ποτὲ ἐγίγνετο, λαγχάνειν ἐκέλευσε) πάντως ἐπιτιμῶν ἀπεδίδοτο, αὐτός τε ἐπὶ τοῦ πρατηρίου καθεζόμενος καὶ αὐτὸς ὑπερβάλλων. Πολλοὶ δὲ καὶ ἄλλοθεν ἀφικνούμενοι ἀντωνοῦντο αὐτούς, καὶ μάλισθ´ ὅτι ἐπέτρεψε τοῖς βουλομένοις καὶ ὑπὲρ τὸν νόμον τῷ ἀριθμῷ τῶν μονομαχούντων χρῆσθαι, καὶ πολλάκις καὶ αὐτὸς ἐπεφοίτα σφίσιν, ὥσθ´ οἱ μὲν καὶ δεόμενοι τῶν ἀνθρώπων, οἱ δὲ χαριεῖσθαι αὐτῷ νομίζοντες, καὶ οἵ γε πλείους, ὅσοι ἐν δόξῃ περιουσίας ἦσαν, ἀναλῶσαί τι τῶν ὑπαρχόντων ἐπὶ τῇ προφάσει ταύτῃ, ὅπως πενέστεροι γενόμενοι περισωθῶσιν, ἐθέλοντες, μεγάλων αὐτοὺς χρημάτων ἠγόρασαν. Καίτοι τοῦτο ποιήσας ἔπειτα τούς τε ἀρίστους καὶ τοὺς ἐνδοξοτάτους σφῶν φαρμάκῳ διέφθειρε. Τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ ἐπὶ τῶν ἵππων τῶν τε ἡνιόχων τῶν ἀντιστασιωτῶν ἐποίει. Ἰσχυρῶς γὰρ τῷ τὴν βατραχίδα ἐνδύνοντι καὶ διὰ τοῦτ´ ἀπὸ τοῦ χρώματος τοῦ πρασίνου καλουμένῳ προσέκειτο, ὥστε καὶ νῦν ἔτι Γαϊανὸν ἐπ´ αὐτοῦ τὸ χωρίον ἐν ᾧ τὰ ἅρματα ἤσκει καλεῖσθαι. Καὶ ἕνα γε τῶν ἵππων, ὃν Ἰγκιτᾶτον ὠνόμαζε, καὶ ἐπὶ δεῖπνον ἐκάλει, χρυσᾶς τε αὐτῷ κριθὰς παρέβαλλε, καὶ οἶνον ἐν χρυσοῖς ἐκπώμασι προύπινε, τήν τε σωτηρίαν αὐτοῦ καὶ τὴν τύχην ὤμνυε, καὶ προσυπισχνεῖτο καὶ ὕπατον αὐτὸν ἀποδείξειν. Καὶ πάντως ἂν καὶ τοῦτ´ ἐπεποιήκει, εἰ πλείω χρόνον ἐζήκει.

[15] Ἐς δ´ οὖν τοὺς πόρους τῶν χρημάτων πρότερον μὲν ἐψήφιστο ὅπως ὅσοι τινὰ τῷ Τιβερίῳ καταλιπεῖν ἐθελήσαντες περιῆσαν, τῷ Γαΐῳ αὐτὰ τελευτῶντες χαρίσωνται· ἵνα γὰρ δὴ καὶ παρὰ τοὺς νόμους καὶ κληρονομεῖν καὶ δωρήματα τοιαῦτα λαμβάνειν, ὅτι μήτε γυναῖκα τότε γε μήτε παῖδας εἶχε, δύνασθαι δοκῇ, δόγμα τι προέθετο. Ἐν δὲ τῷ παρόντι πάσας ἁπλῶς τὰς τῶν ἐν τοῖς ἑκατοντάρχοις ἐστρατευμένων οὐσίας, ὅσοι μετὰ τὰ ἐπινίκια ἃ ὁ πατὴρ αὐτοῦ ἔπεμψεν ἄλλῳ τινὶ αὐτὰς καὶ μὴ τῷ αὐτοκράτορι κατελελοίπεσαν, αὐτὸς ἑαυτῷ καὶ ἄνευ ψηφίσματος ἐσέπραξε. Καὶ ἐπειδὴ μηδὲ ταῦτα ἐξικνεῖτο, τρίτην τοιαύτην ἀφορμὴν ἀργυρισμοῦ ἐπενόησε. Γναῖος Δομίτιος Κορβούλων βουλευτής, κακῶς ἐπὶ τοῦ Τιβερίου τὰς ὁδοὺς ἐχούσας ὁρῶν, τοῖς τε ἐπιμεληταῖς αὐτῶν ἀεί ποτε ἐνέκειτο, καὶ προσέτι καὶ τῇ γερουσίᾳ ὀχληρὸς ὑπὲρ αὐτῶν ἐγίγνετο. Τοῦτον οὖν παραλαβὼν ἐπέθετο δι´ αὐτοῦ πᾶσιν οὐχ ὅτι τοῖς ζῶσιν ἀλλὰ καὶ τοῖς τεθνηκόσιν, ὅσοι ποτὲ ἐπιστάται τῶν ὁδῶν ἐγεγόνεσαν καὶ χρήματα ἐς τὰς ἐπισκευὰς αὐτῶν εἰλήφεσαν, καὶ ἐκείνους τε καὶ τοὺς ἐργολαβήσαντάς τι παρ´ αὐτῶν ὡς οὐδὲν δὴ δαπανήσαντας ἐζημίου. Ἐφ´ οὗ δὴ ὁ Κορβούλων τότε μὲν ὑπάτευσεν, ὕστερον δὲ ἐπὶ Κλαυδίου αἰτίαν τε ἔσχε καὶ εὐθύνθη· ὁ γὰρ Κλαύδιος οὔτε τὰ ἐποφειληθέντα ἀπῄτησε, καὶ τὰ δεδομένα, τὰ μὲν ἐκ τοῦ δημοσίου τὰ δὲ καὶ παρ´ αὐτοῦ τοῦ Κορβούλωνος ἐσπράξας, ἀπέδωκε τοῖς ζημιωθεῖσι. Τοῦτο μὲν ὕστερον ἐγένετο· τότε δ´ οὗτοί τε ὡς ἕκαστοι καὶ οἱ ἄλλοι πάντες ὡς εἰπεῖν οἱ ἐν τῇ πόλει τρόπον τινὰ ἀπεσυλῶντο, καὶ ἀζήμιος τῶν γέ τι ἐχόντων οὐδείς, οὐκ ἀνὴρ οὐ γυνή, ἦν. Καὶ γὰρ εἴ τινα τῶν ἀφηλικεστέρων ζῆν εἴα, ἀλλὰ πατέρας τε καὶ πάππους μητέρας τε καὶ τήθας σφᾶς ὀνομάζων ζῶντάς τε ἐξεκαρποῦτο καὶ τελευτῶντας τῶν οὐσιῶν ἐκληρονόμει.

[16] Μέχρι μὲν οὖν τοῦ χρόνου τούτου αὐτός τε τὸν Τιβέριον ἀεὶ καὶ πρὸς πάντας κακῶς ἔλεγε, καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς κακηγοροῦσιν αὐτὸν καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ οὐχ ὅσον οὐκ ἐπετίμα ἀλλὰ καὶ ἔχαιρεν· τότε δὲ ἐσελθὼν ἐς τὸ βουλευτήριον πολλὰ μὲν ἐκεῖνον ἐπῄνεσε, πολλὰ δὲ καὶ τῆς γερουσίας τοῦ τε δήμου κατηγόρησεν ὡς οὐκ ὀρθῶς αὐτὸν ψεγόντων. « Ἐμοὶ μὲν γάρ » ἔφη « αὐτοκράτορι ὄντι καὶ τοῦτο ποιεῖν ἔξεστιν, ὑμεῖς δὲ δὴ οὐ μόνον ἀδικεῖτε ἀλλὰ καὶ ἀσεβεῖτε πρὸς τὸν ἄρξαντά ποτε ὑμῶν οὕτω διακείμενοι. » Κἀκ τούτου καθ´ ἕκαστον τῶν ἀπολωλότων ἐπεξιὼν ἀπέφαινεν, ὥς γε ἐδόκει, τοὺς βουλευτὰς αἰτίους τοῦ ὀλέθρου τοῖς πλείστοις αὐτῶν γεγονότας, τοὺς μὲν ὅτι κατηγόρησάν σφων, τοὺς δὲ ὅτι κατεμαρτύρησαν, πάντας δὲ ὅτι κατεψηφίσαντο. Καὶ ταῦτά τε ὡς ἐξ αὐτῶν ἐκείνων τῶν γραμμάτων ἃ καταπεπρηκέναι ποτὲ ἔφη ἐπανέγνω διὰ τῶν ἀπελευθέρων, καὶ προσεπεῖπεν ὅτι « Εἰ καί τι ὁ Τιβέριος ἠδικήκει, οὐκ ὠφείλετε αὐτὸν ζῶντα τετιμηκέναι οὐ μὰ Δί´ οὐκ ἐφ´ οἷς καὶ εἴπατε πολλάκις καὶ ἐψηφίσασθε μεταβάλλεσθαι. Ἀλλ´ ὑμεῖς καὶ ἐκεῖνον ἐμπλήκτως μετεχειρίσασθε, καὶ τὸν Σεϊανὸν φυσήσαντες καὶ διαφθείραντες ἀπεκτείνατε, ὥστε δεῖ καὶ ἐμὲ μηδὲν χρηστὸν παρ´ ὑμῶν προσδέχεσθαι. » Τοιαῦτα ἄττα εἰπὼν αὐτὸν δὴ τὸν Τιβέριον τῷ λόγῳ παρήγαγε, λέγοντά οἱ ὅτι « Καὶ καλῶς καὶ ἀληθῶς πάντα ταῦτα εἴρηκας, καὶ διὰ τοῦτο μήτε φιλήσῃς τινὰ αὐτῶν μήτε φείσῃ τινός. Πάντες τε γὰρ μισοῦσί σε καὶ πάντες ἀποθανεῖν εὔχονται· καὶ φονεύσουσί γε, ἂν δυνηθῶσι {σε}. Μήτ´ οὖν ὅπως τι χαρίσῃ πράξας αὐτοῖς ἐννόει, μήτ´ ἄν τι θρυλῶσι φρόντιζε, ἀλλὰ τό τε ἡδὺ καὶ τὸ ἀσφαλὲς τὸ σεαυτοῦ μόνον ὡς καὶ δικαιότατον προσκόπει. Οὕτω μὲν γὰρ οὔτε τι πείσῃ κακὸν καὶ πάντων τῶν ἡδίστων ἀπολαύσεις, καὶ προσέτι καὶ τιμηθήσῃ ὑπ´ αὐτῶν ἄν τ´ ἐθέλωσιν ἄν τε καὶ μή· ἐκείνως δὲ ἔργῳ μὲν οὐδὲν ὀνήσει, λόγῳ δὲ δὴ δόξαν κενὴν λαβὼν οὔτε τι πλέον ἕξεις καὶ ἐπιβουλευθεὶς ἀκλεῶς τελευτήσεις. Οὐδεὶς γὰρ ἀνθρώπων ἑκὼν ἄρχεται, ἀλλ´ ἐφ´ ὅσον μὲν φοβεῖται, θεραπεύει τὸν ἰσχυρότερον, ὅταν δὲ δὴ θαρσήσῃ, τιμωρεῖται τὸν ἀσθενέστερον. » Γάιος μὲν ταῦτά τ´ εἰπὼν καὶ τὰ τῆς ἀσεβείας ἐγκλήματα ἐπαναγαγών, ἔς τε στήλην αὐτὰ χαλκῆν εὐθὺς ἐγγραφῆναι ἐκέλευσε, καὶ ἐκ τοῦ βουλευτηρίου σπουδῇ ἐξεπήδησεν, ἔς τε τὸ προάστειον αὐθημερὸν ἐξώρμησεν· ἡ δὲ δὴ γερουσία καὶ ὁ δῆμος ἐν δέει μεγάλῳ ἐγένοντο, τῶν τε κακηγοριῶν ἅμα ἃς κατὰ τοῦ Τιβερίου πολλάκις ἐπεποίηντο ἀναμιμνησκόμενοι, καὶ οἷα ἀνθ´ οἵων ἠκηκόεσαν αὐτοῦ λέγοντος ἐκλογιζόμενοι. Καὶ τότε μὲν ὑπό τε τῆς ἐκπλήξεως καὶ ὑπὸ τῆς ἀθυμίας οὔτε φθέγξασθαι οὔτε τι χρηματίσαι ἠδυνήθησαν· τῇ δ´ ὑστεραίᾳ αὖθις ἀθροισθέντες ἐπαίνους τε αὐτοῦ πολλοὺς ὡς καὶ ἀληθεστάτου καὶ εὐσεβεστάτου ὄντος ἐποιήσαντο, χάριν οἱ μεγάλην ἔχοντες ὅτι μὴ προσαπώλοντο· καὶ διὰ τοῦτο καὶ τῇ φιλανθρωπίᾳ αὐτοῦ βουθυτεῖν κατ´ ἔτος ἔν τε ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ ἐν ᾗ ταῦτα ἀνεγνώκει καὶ ἐν ταῖς τῷ παλατίῳ προσηκούσαις, εἰκόνος τε αὐτοῦ χρυσῆς ἐς τὸ Καπιτώλιον ἀναγομένης καὶ ὕμνων ἐπ´ αὐτῇ διὰ τῶν εὐγενεστάτων παίδων ᾀδομένων, ἐψηφίσαντο. Τά τε ἐπινίκια τὰ σμικρότερα ὡς καὶ πολεμίους τινὰς νενικηκότι πέμψαι αὐτῷ ἔδωκαν. Καὶ οἱ μὲν τότε ταῦτ´ ἔγνωσαν, καὶ μετὰ τοῦτο κατὰ πᾶσαν ὡς εἰπεῖν ἀφορμὴν πάντως τι αὐτῷ προσετίθεσαν·

[17] Γάιος δὲ ἐκείνης μὲν τῆς πομπῆς οὐδὲν προετίμησεν (οὐδὲ γὰρ οὐδὲ μέγα τι ἐνόμιζεν εἶναι ἵππῳ δι´ ἠπείρου διελάσαι), διὰ δὲ τῆς θαλάσσης τρόπον τινὰ διιππεῦσαι ἐπεθύμησε, γεφυρώσας τὸ μεταξὺ τῶν τε Πουτεόλων καὶ τῶν Βαύλων. Τὸ γὰρ χωρίον τοῦτο κατ´ ἀντιπέραν τῆς πόλεώς ἐστι, διέχον αὐτῆς σταδίους ἓξ καὶ εἴκοσι. Πλοῖα δὲ ἐς τὴν γέφυραν τὰ μὲν ἠθροίσθη τὰ δὲ καὶ κατεσκευάσθη· οὐ γὰρ ἐξήρκεσε τὰ συλλεγῆναι δυνηθέντα ὡς ἐν βραχυτάτῳ, καίτοι πάντα ὅσα ἐνεδέχετο συναχθέντα, ἀφ´ οὗπερ καὶ λιμὸς ἔν τε τῇ Ἰταλίᾳ καὶ ἐν τῇ Ῥώμῃ μάλιστα ἰσχυρὸς ἐγένετο. Ἐζεύχθη δὲ οὐχ ἁπλῶς δίοδός τις, ἀλλὰ καὶ ἀνάπαυλαι ἐν αὐτῇ καὶ καταλύσεις, ὥστε καὶ ὕδωρ αὐτὰς πότιμον ἐπίρρυτον ἔχειν, ἐποιήθησαν. Ἐπειδή τε ἕτοιμα ἦν, τόν τε θώρακα τὸν Ἀλεξάνδρου, ὥς γε ἔλεγε, καὶ ἐπ´ αὐτῷ χλαμύδα σηρικὴν ἁλουργῆ, πολὺ μὲν χρυσίον πολλοὺς δὲ καὶ λίθους Ἰνδικοὺς ἔχουσαν, ἐπενέδυ, ξίφος τε παρεζώσατο καὶ ἀσπίδα ἔλαβε καὶ δρυῒ ἐστεφανώσατο, κἀκ τούτου τῷ τε Ποσειδῶνι καὶ ἄλλοις τισὶ θεοῖς Φθόνῳ τε θύσας, μὴ καὶ βασκανία τις αὐτῷ, ὡς ἔφασκε, γένηται, ἔς τε τὸ ζεῦγμα ἀπὸ τῶν Βαύλων ἐσέβαλε, παμπληθεῖς καὶ ἱππέας καὶ πεζοὺς ὡπλισμένους ἐπαγόμενος, καὶ σπουδῇ καθάπερ ἐπὶ πολεμίους τινὰς ἐς τὴν πόλιν ἐσέπεσε. Κἀνταῦθα τῆς ὑστεραίας ἀναπαυσάμενος ὥσπερ ἐκ μάχης, ἀνεκομίσθη διὰ τῆς αὐτῆς γεφύρας ἐφ´ ἅρματος, χιτῶνα χρυσόπαστον ἐνδύς· ἦγον δὲ αὐτὸν οἱ ἀθληταὶ ἵπποι οἱ ἀξιονικότατοι. Καὶ ἄλλα τε αὐτῷ πολλὰ ὡς καὶ λάφυρα συνηκολούθησε, καὶ Δαρεῖος ἀνὴρ Ἀρσακίδης, ἐν τοῖς ὁμηρεύουσι τότε τῶν Πάρθων ὤν· οἵ τε φίλοι καὶ οἱ ἑταῖροι αὐτοῦ ἐπὶ ὀχημάτων ἐν ἐσθῆσιν ἀνθιναῖς ἐφείποντο, καὶ ὁ στρατὸς καὶ ὅ γε λοιπὸς ὅμιλος, ἰδίως πως ἕκαστοι κεκοσμημένοι. Καὶ ἔδει γὰρ αὐτόν, οἷα ἔν τε στρατιᾷ τοιαύτῃ καὶ ἐπὶ νίκῃ τηλικαύτῃ, καὶ δημηγορῆσαί τι, ἀνέβη τε ἐπὶ βῆμα ἐπὶ πλοίων καὶ αὐτὸ κατὰ μέσην που τὴν γέφυραν πεποιημένον, καὶ πρῶτον μὲν ἑαυτὸν ὡς καὶ μεγάλων τινῶν ἔργων ἐπιχειρητὴν ἀπεσέμνυνεν, ἔπειτα δὲ τοὺς στρατιώτας ὡς καὶ πεπονηκότας καὶ κεκινδυνευκότας ἐπῄνεσεν, ἄλλα τε καὶ αὐτὸ τοῦτο εἰπών, ὅτι πεζῇ διὰ τῆς θαλάσσης διέδραμον. Καὶ χρήματά τε διὰ τοῦτ´ αὐτοῖς ἔδωκε, καὶ μετὰ τοῦτο αὐτός τε ἐπὶ τῆς γεφύρας ὥσπερ ἐν νήσῳ τινί, καὶ ἐκεῖνοι ἐν ἑτέροις πλοίοις περιορμοῦντες, τό τε λοιπὸν τῆς ἡμέρας καὶ τὴν νύκτα πᾶσαν εἱστιάθησαν, πολλοῦ μὲν αὐτόθεν φωτὸς πολλοῦ δὲ καὶ ἐκ τῶν ὀρῶν ἐπιλάμψαντος σφίσι. Τοῦ γὰρ χωρίου μηνοειδοῦς ὄντος πῦρ πανταχόθεν, καθάπερ ἐν θεάτρῳ τινί, ἐδείχθη, ὥστε μηδεμίαν αἴσθησιν τοῦ σκότους γενέσθαι· καὶ γὰρ τὴν νύκτα ἡμέραν, ὥσπερ που τὴν θάλασσαν γῆν, ποιῆσαι ἠθέλησεν. Ἐμπλησθεὶς δὲ δὴ καὶ ὑπερκορὴς καὶ σίτου καὶ μέθης γενόμενος συχνοὺς μὲν τῶν ἑταίρων ἐς τὴν θάλασσαν ἀπὸ τῆς γεφύρας ἔρριψε, συχνοὺς δὲ καὶ τῶν ἄλλων ἐν πλοίοις ἐμβόλους ἔχουσι περιπλεύσας κατέδυσεν, ὥστε καὶ ἀπολέσθαι τινάς· οἱ γὰρ πλείους καίπερ μεθύοντες ἐσώθησαν. Αἴτιον δὲ ὅτι καὶ λειοτάτη καὶ στασιμωτάτη ἡ θάλασσα, καὶ ἐν ᾧ ἡ γέφυρα ἐζεύχθη καὶ ἐν ᾧ τὰ ἄλλα ἐποιήθη, ἐγένετο. Καί τι καὶ ἀπὸ τούτου ὠγκώθη, λέγων ὅτι καὶ ὁ Ποσειδῶν αὐτὸν ἐφοβήθη, ἐπεὶ ἔς γε τὸν Δαρεῖον καὶ τὸν Ξέρξην οὐδὲν ὅ τι οὐκ ἀπέσκωπτεν, ὡς καὶ πολλαπλάσιόν σφων μέτρον τῆς θαλάσσης ζεύξας.

[18] Τῆς μὲν δὴ γεφύρας ἐκείνης τοῦτο τὸ τέλος ἐγένετο, καὶ αἰτίαν καὶ αὐτὴ θανάτου πολλοῖς παρέσχεν· ἐξαναλωθεὶς γὰρ ἐς αὐτὴν πολλῷ πλείοσι διὰ τὰς οὐσίας ἐπεβούλευσεν. Ἐδίκαζε δὲ καὶ ἰδίᾳ καὶ μετὰ πάσης τῆς γερουσίας. Καί τινα καὶ ἐκείνη καθ´ ἑαυτὴν ἔκρινεν· οὐ μέντοι καὶ αὐτοτελὴς ἦν, ἀλλ´ ἐφέσιμοι δίκαι ἀπ´ αὐτῆς συχναὶ ἐγίγνοντο. Καὶ τὰ μὲν τῇ βουλῇ δόξαντα ἄλλως ἐφανεροῦτο, τῶν δὲ ὑπὸ τοῦ Γαΐου καταψηφισθέντων τὰ ὀνόματα ἐξετίθετο, ὥσπερ φοβουμένου αὐτοῦ μὴ διαλάθωσι. Καὶ οὗτοί τε ἐκολάζοντο, οἱ μὲν ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ οἱ δὲ καὶ ἀπὸ τοῦ Καπιτωλίου κατακρημνιζόμενοι, καὶ ἕτεροι σφᾶς αὐτοὺς προαπεκτίννυσαν. Οὐδὲ γὰρ οὐδὲ τοῖς ἐξελαυνομένοις ἀσφάλεια ἦν, ἀλλὰ καὶ ἐκείνων πολλοὶ ἤτοι κατὰ τὴν ὁδὸν ἢ καὶ ἐν τῇ φυγῇ διεφθείροντο. Καὶ τὰ μὲν τῶν ἄλλων οὐδὲν δεῖ λεπτολογοῦντα μάτην τοὺς ἀναγνωσομένους διοχλεῖν· Καλουίσιος δὲ δὴ Σαβῖνος ἔν τε τοῖς πρώτοις τῆς βουλῆς ὢν καὶ τότε ἐκ τῆς ἐν τῇ Παννονίᾳ ἀρχῆς ἀφιγμένος, ἥ τε γυνὴ αὐτοῦ Κορνηλία γραφέντες (καὶ γὰρ ἐκείνη ὡς φυλακάς τε ἐφοδεύσασα καὶ τοὺς στρατιώτας ἀσκοῦντας ἰδοῦσα αἰτίαν ἔσχεν) οὐχ ὑπέμειναν τὴν κρίσιν, ἀλλ´ ἑαυτοὺς προανάλωσαν. Τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ Τίτιος Ῥοῦφος ἐποίησεν, ἔγκλημα λαβὼν εἰρηκέναι ὅτι ἡ γερουσία ἄλλα μὲν φρονεῖ ἄλλα δ´ ἀποφαίνεται. Ἰούνιός τέ τις Πρίσκος στρατηγὸς ᾐτιάθη μὲν ἐπ´ ἄλλοις τισίν, ἀπέθανε δὲ ὡς πλούσιος. Καὶ ἐπ´ αὐτῷ ὁ Γάιος, μαθὼν ὅτι οὐδὲν ἄξιον τοῦ θανάτου ἐκέκτητο, θαυμαστὸν λόγον ἐφθέγξατο, εἰπὼν ὅτι « Ἠπάτησέ με καὶ μάτην ἀπώλετο· ζῆν γὰρ ἐδύνατο ».

[19] Ἐν τούτοις τοῖς τότε κριθεῖσι καὶ ὁ Ἆφρος ὁ Δομίτιος καὶ κινδύνῳ παραδόξῳ καὶ σωτηρίᾳ θαυμασιωτέρᾳ ἐχρήσατο. Ἤχθετο μὲν γὰρ αὐτῷ καὶ ἄλλως ὁ Γάιος, ὅτι ἐπὶ τοῦ Τιβερίου γυναικός τινος τῇ Ἀγριππίνῃ τῇ μητρὶ αὐτοῦ προσηκούσης κατηγορήκει· ἐφ´ ᾧ δὴ ἐκείνη συναντήσασά ποτε αὐτῷ, καὶ μαθοῦσα ὅτι ἐξέστη τῆς ὁδοῦ δι´ αἰσχύνην, προσεκαλέσατό τε αὐτὸν καὶ ἔφη « Θάρσει, Δομίτιε· οὐ γὰρ σύ μοι αἴτιος εἶ, ἀλλ´ Ἀγαμέμνων. » Τότε δὲ ἐπειδὴ εἰκόνα τινὰ αὐτοῦ στήσας ἐπίγραμμα αὐτῇ ἐπέγραψε δηλῶν ὅτι ἕβδομον καὶ εἰκοστὸν ἔτος ἄγων δεύτερον ὑπατεύοι, ἠγανάκτησεν ὡς καὶ προφέροντός οἱ αὐτοῦ τό τε μειρακιῶδες καὶ τὸ παράνομον, καὶ εὐθὺς ἐπὶ τούτῳ, ἐφ´ ᾧ καὶ τιμηθήσεσθαι προσεδόκησεν, ἔς τε τὸ συνέδριον αὐτὸν ἐσήγαγε καὶ λόγον κατ´ αὐτοῦ μακρὸν ἀνέγνω· ἄλλως τε γὰρ προέχειν ἁπάντων τῶν ῥητόρων ἠξίου, καὶ ἐκεῖνον δεινότατον εἰπεῖν εἰδὼς ὄντα ὑπερβαλεῖν ἐσπούδασε. Πάντως τ´ ἂν αὐτὸν ἀπέκτεινεν, εἰ καὶ ἐφ´ ὁποσονοῦν ἀντεπεφιλοτίμητο. Νῦν δὲ ἀντεῖπε μὲν οὐδὲν οὐδὲ ἀπελογήσατο οὐδέν, θαυμάζειν δὲ δὴ καὶ καταπεπλῆχθαι τὴν δεινότητα τοῦ Γαΐου προσποιησάμενος, τήν τε κατηγορίαν καθ´ ἓν ἕκαστον ἐπιλέγων, ὥσπερ τις ἀκροατὴς ἀλλ´ οὐχ ὑπεύθυνος ὤν, ἐπῄνει, καὶ ἐπειδὴ ὁ λόγος αὐτῷ ἐδόθη, πρὸς ἀντιβολίαν καὶ ὀλοφυρμὸν ἐτράπετο, καὶ τέλος ἔς τε τὴν γῆν κατέπεσε καὶ χαμαὶ κείμενος ἱκέτευσεν ὡς καὶ τὸν ῥήτορα αὐτοῦ μᾶλλον ἢ τὸν Καίσαρα φοβούμενος. Καὶ οὕτως ἐκεῖνος, ὁρῶν τε ταῦτα καὶ ἀκούων, διεχύθη, πιστεύσας ὄντως τῇ τῶν λόγων παρασκευῇ κεκρατηκέναι αὐτοῦ· καὶ διά τε τοῦτο καὶ διὰ Κάλλιστον τὸν ἀπελεύθερον, ὃν αὐτός τε ἐτίμα καὶ ὁ Δομίτιος ἐτεθεραπεύκει, ἐπαύσατο ὀργιζόμενος. Καὶ τῷ γε Καλλίστῳ αἰτιασαμένῳ αὐτὸν ὕστερον ὅτι καὶ τὴν ἀρχὴν αὐτοῦ κατηγόρησεν, ἀπεκρίνατο ὅτι « Οὐκ ἔδει με τοιοῦτον λόγον ἀποκεκρύφθαι. » Δομίτιος μὲν δὴ καταγνωσθεὶς μηκέτι δεινὸς εἶναι λέγειν ἐσώθη· ὁ δὲ δὴ Σενέκας ὁ Ἀνναῖος ὁ Λούκιος, ὁ πάντας μὲν τοὺς καθ´ ἑαυτὸν Ῥωμαίους πολλοὺς δὲ καὶ ἄλλους σοφίᾳ ὑπεράρας, διεφθάρη παρ´ ὀλίγον μήτ´ ἀδικήσας τι μήτε δόξας, ὅτι δίκην τινὰ ἐν τῷ συνεδρίῳ παρόντος αὐτοῦ καλῶς εἶπε. Τοῦτον μὲν οὖν ἀποθανεῖν κελεύσας ἀφῆκε, γυναικί τινι ὧν ἐχρῆτο πιστεύσας ὅτι φθόῃ τε ἔχοιτο κακῶς καὶ οὐκ ἐς μακρὰν τελευτήσοι·

[20] τὸν δὲ Δομίτιον καὶ ὕπατον εὐθὺς ἀπέδειξε, τοὺς τότε ἄρχοντας καταλύσας, ὅτι τε ἐς τὰ γενέθλια αὐτοῦ ἱερομηνίαν οὐκ ἐπήγγειλαν, καίτοι τῶν στρατηγῶν ἱπποδρομίαν ἐν αὐτοῖς ποιησάντων καὶ θηρία ἀποκτεινάντων, ὅπερ που καθ´ ἕκαστον ἔτος ἐγίγνετο, καὶ ὅτι ἐπὶ ταῖς τοῦ Αὐγούστου νίκαις ἃς τὸν Ἀντώνιον ἐνενικήκει ἑορτήν, ὥσπερ εἴθιστο, ἤγαγον. Ἵνα γὰρ συκοφαντήσῃ αὐτούς, τοῦ Ἀντωνίου μᾶλλον ἢ τοῦ Αὐγούστου ἀπόγονος δοκεῖν εἶναι ἠθέλησε· καὶ προεῖπέ γε οἷς καὶ τὰ ἄλλα ἀνεκοίνου, ὅτι πάντως ὁπότερον ἄν τι ποιήσωσιν ἁμαρτήσουσιν, ἄν τε ἐπὶ τῇ τοῦ Ἀντωνίου συμφορᾷ βουθυτήσωσιν, ἄν τε ἐπὶ τῇ τοῦ Αὐγούστου νίκῃ ἄθυτοι γένωνται. Ἐκείνους μὲν δὴ διὰ ταῦτα αὐθημερὸν τῆς ἀρχῆς ἔπαυσε, τὰς ῥάβδους σφῶν προσυντρίψας, ἐφ´ ᾧ δὴ ὁ ἕτερος αὐτῶν ἀδημονήσας ἑαυτὸν ἔσφαξε· τὸν δὲ δὴ Δομίτιον τὸν συνάρχοντα αὐτοῦ λόγῳ μὲν ὁ δῆμος ἔργῳ δ´ αὐτὸς εἵλετο. Ἀπέδωκε μὲν γὰρ τὰς ἀρχαιρεσίας αὐτοῖς· ἅτε δὲ ἐκείνων τε ἀργοτέρων ὑπὸ τοῦ πολλῷ χρόνῳ μηδὲν ἐλευθέρως κεχρηματικέναι ἐς τὸ δρᾶν τι τῶν προσηκόντων σφίσιν ὄντων, καὶ τῶν σπουδαρχιώντων μάλιστα μὲν μὴ πλειόνων ἢ ὅσους αἱρεῖσθαι ἔδει ἐπαγγελλόντων, εἰ δέ ποτε καὶ ὑπὲρ τὸν ἀριθμὸν γένοιντο, διομολογουμένων πρὸς ἀλλήλους, τὸ μὲν σχῆμα τῆς δημοκρατίας ἐσώζετο, ἔργον δ´ οὐδὲν αὐτῆς ἐγίγνετο. Καὶ διὰ τοῦτο ὑπ´ αὐτοῦ αὖθις τοῦ Γαΐου κατελύθησαν. Κἀκ τούτου τὰ μὲν ἄλλα καθάπερ καὶ ἐπὶ τοῦ Τιβερίου καθίστατο, στρατηγοὶ δὲ τοτὲ μὲν πεντεκαίδεκα, ἔστι δ´ ὅτε ἑνὶ πλείους ἢ καὶ ἐλάττους, ὥς που καὶ ἔτυχον, ᾑροῦντο. Περὶ μὲν οὖν τὰς ἀρχαιρεσίας ταῦτ´ ἔπραξεν, οὕτω δὲ δὴ τὸ σύμπαν καὶ βάσκανος καὶ ὕποπτος πρὸς πάντα ὁμοίως ἦν ὥστε καὶ Καρρίναν Σεκοῦνδον ῥήτορα φυγαδεῦσαί ποτε, ὅτι λόγον τινὰ ἐν γυμνασίᾳ κατὰ τυράννων εἶπεν. Ἐπειδή τε Λούκιος Πίσων ὁ τῆς τε Πλαγκίνης καὶ τοῦ Γναίου Πίσωνος υἱὸς ἄρξας τῆς Ἀφρικῆς ἔτυχεν, ἐφοβήθη μὴ νεωτερίσῃ τι ὑπὸ μεγαλαυχίας, ἄλλως τε καὶ ὅτι δύναμιν πολλὴν καὶ πολιτικὴν καὶ ξενικὴν ἕξειν ἔμελλε, καὶ δίχα τὸ ἔθνος νείμας ἑτέρῳ τό τε στρατιωτικὸν καὶ τοὺς Νομάδας τοὺς περὶ αὐτὸ προσέταξε· καὶ ἐξ ἐκείνου καὶ δεῦρο τοῦτο γίγνεται.

[11] Une grande famine étant survenue, Claude avisa aux moyens d'avoir, non seulement dans le présent, mais aussi toujours dans l'avenir, des vivres en abondance. Presque tout le blé, en effet, que consomment les Romains étant apporté du dehors, et le pays situé à l'embouchure du Tibre, n'offrant ni rades sûres ni ports convenables, rendait inutile aux Romains l'empire de la mer; car, excepté celui qui arrivait dans la belle saison et qu'on portait dans les greniers, il n'en venait point l'hiver, et, si quelqu'un essayait d'en amener, la tentative réussissait mal. Claude, comprenant ces difficultés, entreprit de construire un port, sans se laisser détourner de son projet par les architectes, qui, lorsqu'il leur demanda à combien monterait la dépense, lui répondirent : « Tu ne le feras pas, » tant ils espéraient, par la grandeur de la dépense, s'il en était informé à l'avance, le forcer de renoncer à son dessein ; mais, bien loin de là, il crut la chose digne de la majesté et de la grandeur de Rome, et il la mena à son terme. Il creusa bien avant dans le rivage un espace qu'il garnit de quais, et y fit entrer la mer; puis il jeta de chaque côté dans les flots des môles immenses, dont il entoura une grande portion de mer et y fit une île où il bâtit une tour portant des fanaux. Le Port, qui aujourd'hui conserve ce nom dans la langue du pays, fut alors construit par lui. Il voulut aussi, par la dérivation du lac Fucin dans le Liris, chez les Marses, donner les terres d'alentour à l'agriculture et rendre le fleuve plus navigable, mais ces dépenses ont été en pure perte. Il fit encore plusieurs lois qu'il n'est nullement nécessaire de rapporter ; il ordonna aussi que les gouverneurs élus par le sort auraient à se rendre dans leurs provinces avant les calendes d'avril, attendu qu'ils s'attardaient longtemps dans Rome ; que ceux qui avaient été nommés au choix seraient dispensés de lui adresser des remerciements dans le sénat, comme cela se pratiquait d'habitude : « Ce n'est pas à eux, disait-il, de me remercier, comme s'ils obtenaient leurs charges par brigue; c'est à moi, au contraire, puisque, par leur zèle, il m'aident à supporter le poids de l'empire; et, s'ils gouvernent bien, c'est à moi plutôt de les louer. » Ceux à qui leurs moyens ne permettaient pas de tenir leur rang de sénateurs eurent l'autorisation de se retirer; des chevaliers furent admis à être tribuns du peuple ; quant aux autres, il les força tous d'assister aux délibérations chaque fois qu'ils seraient convoqués. Ceux qui n'obéirent pas furent punis avec tant de rigueur que plusieurs se donnèrent eux-mêmes la mort.

[12] Il était du reste populaire et affable à leur égard, il les visitait quand ils étaient malades et se mêlait à leurs fêtes. Un tribun du peuple ayant publiquement fait battre de verges un de ses esclaves, il ne lui infligea d'autre punition que de lui retirer ses licteurs, qu'il lui rendit peu de temps après. Un autre esclave de ce tribun ayant outragé une personne de distinction, il l'envoya sur le Forum pour y être fouetté. Dans la curie, lorsque les sénateurs étaient longtemps restés debout, il se levait aussi lui-même; car, je l'ai dit, sa santé le forçait souvent de rester assis pour lire son avis quand on le lui demandait. Il permit également à L. Sylla, qui, empêché par son grand âge d'entendre certaines paroles, s'était levé de sa place, de s'asseoir sur le banc des préteurs. Le jour du premier anniversaire de son élévation â l'empire, il ne fit rien d'extraordinaire; seulement il donna vingt-cinq drachmes aux soldats prétoriens, ce qu'il fit chaque année dans la suite. Quelques préteurs, néanmoins, par un mouvement spontané et sans aucun décret, célébrèrent au nom de l'État ce jour et celui de la naissance de Messaline. Car tous ne le firent pas, il n'y eut que ceux qui le voulurent; tant était grande la liberté qui leur était laissée. Claude montra d'ailleurs en toutes ces choses une modération si vraie que la naissance d'un fils, qui reçut alors les noms de Claude Tibère Germanicus, et, plus tard, celui de Britannicus, ne lui inspira aucun orgueil ; il ne permit pas qu'on lui décernât le titre d'Auguste, ni à Messaline celui d'Augusta.

[13] Il donnait sans cesse des combats de gladiateurs, car il les aimait au point de s'être attiré le blâme à ce sujet. Fort peu de bêtes y périssaient, mais en revanche beaucoup d'hommes, les uns en combattant, les autres dévorés par les bêtes. En effet, les esclaves et les affranchis qui, sous Tibère et sous Caius, avaient dressé des embûches à leurs maîtres, ceux qui avaient légèrement intenté des accusations calomnieuses ou porté de faux témoignages contre des citoyens, étaient de sa part l'objet d'une haine impitoyable : il en fit périr de cette manière le plus grand nombre; d'autres furent châtiés différemment, beaucoup aussi furent remis à leurs maîtres pour être punis par eux. Telle était la multitude des condamnés livrés en public au supplice, que la statue d'Auguste érigée en cet endroit fut transportée ailleurs, pour qu'elle fut censée ne pas voir ces meurtres et ne restât pas perpétuellement voilée. Cette précaution excita un rire général, attendu que, les spectacles qu'il voulait que l'airain insensible semblât ne pas voir, lui-même il s'en repaissait ; car, entre autres délassements, dans l'intervalle des spectacles, au moment de son dîner, il prenait plaisir à voir des combattants qui se déchiraient les uns les autres, et cela, bien qu'il eût fait tuer un lion instruit à manger des hommes et qui, pour ce sujet, était fort agréable au peuple, sous le prétexte qu'une pareille vue était indigne de Romains; mais les manières populaires qu'il montrait en assistant aux spectacles, la facilité avec laquelle il accordait tout ce qu'on lui demandait, et le peu d'usage qu'il faisait de hérauts, écrivant sur des tablettes la plupart de ses communications, lui attiraient de grands éloges.

[14] Habitué à se repaître ainsi de sang et de meurtres, il n'en fut que plus porté à ordonner les autres supplices. Les auteurs de ces crimes furent les Césariens et Messaline. Quand ils voulaient tuer quelqu'un, ils effrayaient le prince et obtenaient ainsi la permission de faire tout ce qu'ils voulaient. Souvent même, frappé tout à coup de terreur, et ayant, dans le saisissement de la crainte, ordonné la mort de quelqu'un, lorsque ensuite il était revenu à lui et avait repris son calme, il le redemandait, et, en apprenant ce qui s'était passé, il en était chagrin et plein de repentir. Le premier de ces meurtres fut celui de C. Appius Silanus. Claude, après avoir mandé près de lui, comme s'il eût besoin de ses services, ce Silanus, qui était d'une haute naissance et alors gouverneur de l'Espagne, après l'avoir marié à la mère de Messaline et l'avoir quelque temps honoré comme l'un de ses plus grands amis et de ses plus proches parents, le fit ensuite mettre à mort tout à coup, pour avoir offensé Messaline en refusant les faveurs de cette femme impudique et luxurieuse, et, par elle, Narcisse, affranchi du prince. Narcisse, attendu qu'ils n'avaient rien de vrai ni de croyable à dire contre Silanus, imagina un songe où il avait vu Claude égorgé de la propre main de Silanus, et il vint, dès le point du jour, raconter, tout tremblant, ce songe au prince qui était encore au lit, et Messaline, reprenant le récit de Narcisse, l'exagéra encore. C'est ainsi que Silanus mourut victime d'un songe.

[15] Silanus mort, les Romains n'espérèrent plus rien de bon de Claude, et des complots furent immédiatement tramés contre lui, entre autres par Annius Vinicianus. Vinicianus était un de ceux qui, après la mort de Caius, avaient été proposés pour l'empire, et la crainte que cela lui causait le poussa à la révolte. Comme il ne disposait d'aucunes forces, il envoya des messagers à Furius Camillus Scribonianus, gouverneur de la Palmatie, qui était à la tête d'une nombreuse armée composée de troupes romaines et étrangères, et, attendu surtout qu'il avait paru digne du pouvoir souverain, il poussa cet officier, qui en avait déjà la pensée secrète, à faire défection. Un grand nombre de sénateurs et de chevaliers se rendirent, en cette occurrence, auprès de Camillus. - - - Les soldats, en effet, voyant Camillus mettre en avant le nom du peuple et promettre le rétablissement de l'antique liberté, craignirent de nouveaux ennuis et de nouvelles séditions, et ils cessèrent de lui obéir. Alors celui-ci effrayé s'enfuit de son camp, et, arrivé dans l'île d'Issa, se donna volontairement la mort. Quant à Claude, il avait été jusque-là tellement effrayé, qu'il était disposé à céder l'empire; mais alors, reprenant courage, il récompensa les soldats par des présents, puis la septième et la onzième légion romaine par le surnom de Claudiennes, de Fidèles et de Pieuses, qu'il leur fit accorder par le sénat. Il fit rechercher les complices de la conjuration, et mettre à mort, entre autres, un préteur, après qu'il eut abdiqué sa charge. Beaucoup aussi, et entre autres Vinicianus, se tuèrent eux-mêmes. Car Messaline, Narcisse et les affranchis de Claude saisirent ce prétexte pour se porter à tous les excès. Entre autres moyens, ils avaient recours à la dénonciation des maîtres par leurs esclaves et par leurs affranchis. Ils les mettaient à la torture, eux et d'autres personnes nobles, non seulement des étrangers, mais aussi des citoyens, non seulement des plébéiens, mais encore des chevaliers et des sénateurs, bien que Claude, au commencement, de son règne, eût juré de ne mettre à la torture aucune personne libre.

[16] Beaucoup d'hommes et de femmes, quelques-unes dans la prison même, furent, en cette circonstance, livrés au supplice. Les femmes condamnées à mourir étaient amenées au tribunal chargées de chaînes comme des captives, et leurs corps, à elles aussi, étaient précipités aux Gémonies ; car les têtes seules de ceux qui étaient mis à mort hors de la prison étaient exposées en cet endroit. Néanmoins quelques-uns des plus coupables échappèrent par faveur et par argent, grâce à l'intervention de Messaline et des Césariens qui entouraient Narcisse. Aucun des enfants de ceux qui périrent ne furent inquiétés, quelques-uns même eurent les biens de leurs pères. Les informations avaient lieu dans l'assemblée du sénat, en présence de Claude, des préfets du prétoire et des affranchis du prince. Claude faisait lui-même le rapport, assis au milieu des consuls, sur la chaise curule ou sur le banc des tribuns ; après quoi, il retournait à sa place ordinaire, et on plaçait des sièges pour ces magistrats aussi. Ces formalités s'observaient également dans les affaires les plus importantes; mais alors un certain Galèse, affranchi de Camillus, ayant été amené dans le sénat, fit entendre, entre autres paroles libres, celle-ci qui mérite d'être rapportée. Narcisse s'étant avancé au milieu de l'assemblée et lui ayant demandé : « Qu'aurais-tu fait, Galèse, si Camillus eût régné? » — « Je me serais, répondit celui-ci, tenu debout derrière lui en silence. » Galèse par ce mot, Arria par un autre, ont rendu leur nom célèbre. Arria, femme de Cæcina Poetus, ne voulut pas survivre à son mari condamné à mort, bien qu'elle pût, en le faisant, jouir d'une certaine considération (elle était, en effet, grande amie de Messaline); bien plus, le voyant trembler, elle le rassura : saisissant l'épée de son mari, elle s'en porta un coup, puis elle la lui présenta en disant : « Tiens, Poetus, cela ne fait pas de mal. » On leur donna des éloges; car, par la continuité des maux, on en était venu au point qu'on ne voyait plus la vertu que dans le courage de mourir. Quant à Claude, il avait tellement à cœur leur punition et celle des autres coupables, qu'il donnait sans cesse comme mot d'ordre aux soldats ce vers, « qu'il faut se venger de qui nous a le premier fait une injure. » Il leur faisait aussi, à eux et au sénat, une foule de citations grecques de ce genre, et dont quelques-unes excitaient le rire de ceux qui étaient capables de les comprendre. Voilà ce qui se passait alors; de plus, un des tribuns étant mort, ses collègues, bien que les consuls fussent présents, convoquèrent eux-mêmes le sénat pour lui élire un successeur.

[17] Ensuite Claude, étant consul pour la troisième fois, abolit un grand nombre de sacrifices et de fêtes qui occupaient la plus grande partie de l'année au grand détriment de l'État. Il les supprima donc et abrégea tout ce qu'il était possible d'abréger dans les autres. Il força plusieurs citoyens de rapporter les sommes que Caius leur avait données sans justice et sans raison, et restitua aux curateurs des routes les amendes que sous ce règne Corbulon leur avait infligées. De plus, il enjoignit aux gouverneurs de provinces tirés au sort, qui alors encore tardaient à quitter Rome, d'avoir à partir avant le milieu d'avril. Les Lyciens, dans une sédition, étant allés jusqu'à tuer des citoyens romains, perdirent leur liberté et furent réunis à la préfecture de Pamphylie. Claude, dans le courant de l'information (il la fit dans le sénat), interrogea en latin un des députés, Lycien d'origine mais devenu Romain; celui-ci n'ayant pas compris la question, i1 lui enleva le droit de cité, en disant qu'on ne devait pas être citoyen de Rome quand on n'en savait pas la langue. Il priva aussi de ce droit beaucoup de gens qui en étaient indignes, et le donna sans retenue à d'autres, tantôt individuellement, tantôt en masse. En effet, les Romains étant, en toutes choses, pour ainsi dire, préférés aux étrangers, beaucoup lui demandaient le droit de cité, ou l'achetaient de Messaline et des Césariens; aussi ce droit, vendu à haut prix d'abord, tomba plus tard si bas, par suite de la facilité de l'obtenir, qu'on disait communément qu'en donnant à quelqu'un des vases de verre, quand même ils seraient cassés, on était citoyen romain, Claude, sur ce chef, fut exposé aux railleries, mais il s'attira des éloges pour ce que, plusieurs personnes étant accusées, celles-ci de ne pas prendre le nom de Claude, celles-là de ne rien lui laisser en mourant, comme si l'un et l'autre eût été obligatoire à ceux qui avaient reçu de lui le droit de cité, il défendit d'inquiéter qui que ce soit à raison de ces faits. Messaline et les affranchis du prince vendaient, comme de vrais cabaretiers, avec si peu de réserve, non seulement le droit de cité, ou les charges militaires et celles de procurateur et de gouverneur, mais encore tout le reste, que toutes les denrées devinrent rares, et que, par suite, Claude fut forcé de convoquer le peuple dans le Champ-de-Mars, et, là, de fixer, du haut d'un tribunal, le prix des divers objets. Il donna en personne, dans le camp des prétoriens, un combat de gladiateurs, revêtu d'une chlamyde ; les préteurs, de leur propre mouvement, célébrèrent le jour natal de son fils par des spectacles et des banquets. Tous ceux d'entre eux qui le jugèrent à propos en firent autant dans la suite.

[18] Pendant ce temps, Messaline vivait dans le désordre, et contraignait les autres femmes à se livrer elles-mêmes à la débauche : plusieurs durent, à son instigation, commettre l'adultère dans le palais même, en présence et sous les yeux de leurs maris. Ceux-là, elle les aimait et les favorisait, elle les comblait d'honneurs et de dignités; ceux, au contraire, qui ne se prêtaient pas à ces débordements, elle les haïssait et elle les faisait périr. Ces désordres, si graves et si ouvertement commis, échappèrent longtemps à Claude : Messaline faisait coucher auprès de lui de jeunes servantes, et détournait, soit par des bienfaits, soit par des supplices, ceux qui auraient pu lui découvrir ses débauches, comme Justus Catonius, préfet des gardes prétoriennes, dont la mort prévint les révélations. Jalouse de Julie, fille de Drusus, fils de Tibère et femme de Germanicus Néron, elle la fit périr comme l'autre Julie. Dans ce même temps aussi, un chevalier, accusé d'avoir conspiré contre Claude, fut précipité du Capitole par les tribuns du peuple et par les consuls

[19] Voilà ce qui se passait à Rome. Dans le même temps, Aulus Plautius, sénateur distingué, fit une expédition en Bretagne : un certain Béricus, chassé de l'île par une sédition, avait persuadé à Claude d'y envoyer une armée. Plautius eut peine, pour cette expédition, à emmener ses troupes de la Gaule : les soldats, persuadés qu'ils allaient combattre hors du monde habitable, s'irritèrent et refusèrent d'obéir, jusqu'au moment où Narcisse, envoyé par Claude, voulut monter sur le tribunal de Plautius et les haranguer; alors, irrités bien plus encore de cette prétention, ils l'empêchèrent de parler, en poussant subitement et tous ensemble le fameux cri « Io ! Saturnales », attendu qu'au temps des Saturnales, les esclaves, pour célébrer la fête, changent de rôles avec leurs maîtres ; et aussitôt ils suivirent volontairement Plautius. Ils partirent donc, après un long retard causé par cette mutinerie, partagés en trois corps, de peur d'être repoussés s'ils tentaient d'aborder sur un seul point. Incommodés par le roulis dans la traversée, mais ayant repris courage à la vue d'un flambeau qui courut, dans le ciel, de l'Orient à l'Occident, dans le sens de leur navigation, ils débarquèrent dans l'île sans obstacle, attendu que les Bretons, à cause de ce qu'ils avaient appris, ne croyant pas à la venue des Romains, n'avaient pas réuni leurs troupes. Cependant, même alors, ils n'en vinrent pas aux mains, mais ils se réfugièrent dans les marécages et les forêts, espérant fatiguer l'ennemi par ces vains retards, au point de le forcer, comme cela était arrivé sous Jules César, à s'en retourner sans avoir obtenu aucun résultat.

[20] Plautius eut donc beaucoup de peine à leur recherche ; puis, quand il les eut enfin trouvés (les Bretons n'étaient pas indépendants, mais soumis à divers rois), il vainquit d'abord Cataratacus, et puis Togodumnus, tous deux fils de Cynobellinus, car Cynobellinus lui-même était mort. Leur fuite lui procura la soumission d'une partie des Boduni qui obéissaient aux Catuellani; et, après y avoir laissé garnison, il poussa plus loin. Quand on fut arrivé à un fleuve que les barbares croyaient les Romains incapables de passer autrement que sur un pont, et sur la rive opposée duquel ils étaient, pour cette raison, campés sans précaution, Plautius détacha les Celtes, habitués à traverser facilement à la nage, avec leurs armes, les courants les plus rapides. Ceux-ci, fondant sur les ennemis qui ne s'y attendaient pas, au lieu de frapper les hommes, blessèrent les chevaux qui traînaient les chars, et, portant ainsi le désordre dans leurs rangs, ils enlevèrent toute espèce de sureté à ceux qui les montaient; Plautius envoya en outre Flavius Vespasien qui, plus tard, fut empereur, avec son frère Sabinus, placé sous ses ordres : ceux-ci, ayant également passé le fleuve, firent un grand carnage parmi les barbares pris ainsi à l'improviste. Le reste, néanmoins, loin de prendre la fuite, engagea de nouveau, le lendemain, une lutte dont le succès fut balancé, jusqu'au moment où Cn. Hosidius Géta, qui avait failli être pris auparavant, les vainquit si complètement qu'il reçut les ornements du triomphe, bien qu'il n'eut pas été consul. Les Bretons s'étant de là portés vers la Tamise, à l'endroit où elle se jette dans l'Océan et forme port à son embouchure, et ayant passé le fleuve sans difficulté, grâce à leur grande connaissance des endroits fermes et praticables, les Romains en les poursuivant éprouvèrent là un échec; mais les Celtes, traversant une seconde fois le fleuve à la nage, et d'autres corps de troupes passant par un pont situé un peu au-dessus de l'ennemi, fondirent sur lui de plusieurs côtés à la fois et en firent un grand carnage; puis, poursuivant le reste sans précaution, ils tombèrent dans des marais inextricables, où ils perdirent beaucoup de monde.

[21] Καὶ ἤδη γὰρ τά τε ἐν τῇ Ῥώμῃ καὶ τὰ ἐν τῇ ἄλλῃ Ἰταλίᾳ χρήματα πάντα ὡς εἰπεῖν, ὅθεν τι καὶ ὁπωσοῦν οἷόν τε ἦν αὐτῷ λαβεῖν, ἀναλώκει, καὶ οὔτε ἐνταῦθα πόρος τις ἀξιόχρεως ἢ καὶ δυνατὸς εὑρίσκετο, καὶ αἱ δαπάναι ὑπερήπειγον αὐτόν, ἐς τὴν Γαλατίαν ἀφώρμησε, πρόφασιν μὲν τοὺς Κελτοὺς τοὺς πολεμίους ὡς καὶ παρακινοῦντάς τι ποιησάμενος, ἔργῳ δὲ ὅπως καὶ τὰ ἐκείνων ἀνθοῦντα τοῖς πλούτοις καὶ τὰ τῶν Ἰβήρων ἐκχρηματίσηται. Οὐ μέντοι καὶ ἄντικρυς τὴν ἔξοδον προεπήγγειλεν, ἀλλ´ ἐς προάστειόν τι ἐλθὼν εἶτ´ ἐξαίφνης ἀπῆρε, πολλοὺς μὲν ὀρχηστὰς πολλοὺς δὲ μονομάχους ἵππους γυναῖκας τὴν ἄλλην τρυφὴν ἐπαγόμενος. Ἐλθὼν δὲ ἐκεῖσε τῶν μὲν πολεμίων οὐδένα ἐκάκωσεν (εὐθύς τε γὰρ ὀλίγον ὑπὲρ τοῦ Ῥήνου προχωρήσας ὑπέστρεψε, καὶ μετὰ τοῦτο ὁρμήσας ὡς καὶ ἐς τὴν Βρεττανίαν στρατεύσων ἀπ´ αὐτοῦ τοῦ ὠκεανοῦ ἀνεκομίσθη, καὶ τοῖς ὑποστρατήγοις τοῖς κατορθοῦσί τι πάνυ ἤχθετο), τοὺς δ´ ὑπηκόους τούς τε συμμάχους καὶ τοὺς πολίτας πλεῖστα καὶ μέγιστα ἐκακούργησε. Τοῦτο μὲν γὰρ τούς τι ἔχοντας ἐπὶ πάσῃ προφάσει ἐσύλα, τοῦτο δὲ καὶ δῶρα οἵ τε ἰδιῶται καὶ αἱ πόλεις ἑκοῦσαι δῆθεν μεγάλα αὐτῷ ἦγον. Ἄλλους ὡς νεωτερίζοντας, ἄλλους ὡς ἐπιβουλεύοντάς οἱ ἐφόνευε. Καὶ ἦν δημόσιον ἔγκλημα πᾶσί σφισι τὸ πλουτεῖν. Καὶ αὐτῶν τὰ κτήματα αὐτὸς πιπράσκων πολλῷ καὶ ἐκ τούτου πλείω ἠργυρολόγει· πάντες γὰρ ἠναγκάζοντο παντοίως τε καὶ πολύ γε ὑπὲρ τὴν ἀξίαν ὠνεῖσθαι, δι´ ἃ εἴρηκα. Ἀφ´ οὗπερ καὶ τὰ τῆς μοναρχίας κειμήλια τὰ κάλλιστα καὶ τιμιώτατα μεταπεμψάμενος ἀπεκήρυξε, τὴν δόξαν τῶν ποτε χρησαμένων αὐτοῖς συμπωλῶν σφισιν. Ἐπέλεγε γοῦν ἐφ´ ἑκάστῳ « Τοῦτό μου ὁ πατὴρ ἐκτήσατο, τοῦτο ἡ μήτηρ, τοῦτο ὁ πάππος, τοῦτο ὁ πρόπαππος· Ἀντωνίου τοῦτο Αἰγύπτιον, Αὐγούστου τὸ νικητήριον. » Κἀν τούτῳ τήν τε ἀνάγκην ἅμα τῆς πράσεως αὐτῶν ἐνεδείκνυτο, ὥστε μηδένα ὑπομένειν ἀπορεῖν δοκεῖν, καὶ τὸ ἀξίωμά σφισι συναπεδίδοτο.

[22] Οὐ μέντοι καὶ περιεποιεῖτό τι, ἀλλ´ ἔς τε τἆλλα ἐδαπάνα ὥσπερ εἰώθει (καὶ γὰρ θέας τινὰς ἐν τῷ Λουγδούνῳ ἐπετέλεσε), καὶ ἐς τὰ στρατεύματα· εἴκοσι γάρ, ὡς δέ τινές φασι, πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδας στρατιωτῶν ἤθροισε. Καὶ ὑπ´ αὐτῶν ἑπτάκις αὐτοκράτωρ, ὥς που καὶ ἔδοξεν αὐτῷ, μήτε μάχην τινὰ νικήσας μήτε πολέμιόν τινα ἀποκτείνας ἐπωνομάσθη. Ἐκείνων μὲν γὰρ ὀλίγους ποτὲ ἀπάτῃ τινὶ συλλαβὼν ἔδησε, τοῦ δὲ δὴ οἰκείου πολὺ μέρος ἀνάλωσε, τοὺς μὲν καθ´ ἑκάστους κατακόπτων, τοὺς δὲ καὶ ἀθρόους ἅμα πάντας φονεύσας. Ἰδὼν γάρ ποτε ὄχλον εἴτε δεσμωτῶν εἴτε καὶ ἄλλων τινῶν, προσέταξε τοῦτο δὴ τὸ λεγόμενον, ἀπὸ τοῦ φαλακροῦ μέχρι τοῦ φαλακροῦ πάντας αὐτοὺς σφαγῆναι. Κυβεύων δέ ποτε, καὶ μαθὼν ὅτι οὐκ εἴη οἱ ἀργύριον, ᾔτησέ τε τὰς τῶν Γαλατῶν ἀπογραφάς, καὶ ἐξ αὐτῶν τοὺς πλουσιωτάτους θανατωθῆναι κελεύσας ἐπανῆλθέ τε πρὸς τοὺς συγκυβευτὰς καὶ ἔφη ὅτι « Ὑμεῖς περὶ ὀλίγων δραχμῶν ἀγωνίζεσθε, ἐγὼ δὲ ἐς μυρίας καὶ πεντακισχιλίας μυριάδας ἤθροισα. » Καὶ οὗτοι μὲν ἐν οὐδενὶ λόγῳ ἀπώλοντο· ἀμέλει εἷς τις αὐτῶν Ἰούλιος Σακερδὼς ἄλλως μὲν εὖ χρημάτων ἥκων, οὐ μέντοι καὶ ὑπερπλουτῶν ὥστε καὶ ἐπιβουλευθῆναι δι´ αὐτά, ὅμως ἐξ ἐπωνυμίας ἀπεσφάγη· οὕτως ἀκρίτως πάντα ἐγίγνετο. Τῶν δὲ ἄλλων τοὺς μὲν πολλοὺς οὐδὲν δέομαι ὀνομαστὶ καταλέγειν, ὧν δὲ δὴ ἡ ἱστορία τὴν μνήμην ἀπαιτεῖ, φράσω. Τοῦτο μὲν γὰρ Γαιτούλικον Λέντουλον, τά τε ἄλλα εὐδόκιμον ὄντα καὶ τῆς Γερμανίας δέκα ἔτεσιν ἄρξαντα, ἀπέκτεινεν, ὅτι τοῖς στρατιώταις ᾠκείωτο· τοῦτο δὲ τὸν Λέπιδον ἐκεῖνον τὸν ἐραστὴν τὸν ἐρώμενον, τὸν τῆς Δρουσίλλης ἄνδρα, τὸν καὶ ταῖς ἄλλαις αὐτοῦ ἀδελφαῖς τῇ τε Ἀγριππίνῃ καὶ τῇ Ἰουλίᾳ μετ´ αὐτοῦ ἐκείνου συνόντα, ᾧ πέντε ἔτεσι θᾶσσον τὰς ἀρχὰς παρὰ τοὺς νόμους αἰτῆσαι ἐπέτρεψεν, ὃν καὶ διάδοχον τῆς ἡγεμονίας καταλείψειν ἐπηγγέλλετο, κατεφόνευσε. Καὶ τοῖς τε στρατιώταις ἀργύριον ἐπὶ τούτῳ, καθάπερ πολεμίων τινῶν κεκρατηκώς, ἔδωκε, καὶ ξιφίδια τρία τῷ Ἄρει τῷ Τιμωρῷ ἐς τὴν Ῥώμην ἔπεμψε. Τάς τε ἀδελφὰς ἐπὶ τῇ συνουσίᾳ αὐτοῦ ἐς τὰς Ποντίας νήσους κατέθετο, πολλὰ περὶ αὐτῶν καὶ ἀσεβῆ καὶ ἀσελγῆ τῷ συνεδρίῳ γράψας· καὶ τῇ γε Ἀγριππίνῃ τὰ ὀστᾶ αὐτοῦ ἐν ὑδρίᾳ ἔδωκε, κελεύσας οἱ ἐν τοῖς κόλποις αὐτὴν διὰ πάσης τῆς ὁδοῦ ἔχουσαν ἐς τὴν Ῥώμην ἀνενεγκεῖν. Ἐπειδή τε συχνὰ αὐταῖς δι´ ἐκεῖνον δῆλον ὅτι προεψήφιστο, ἀπηγόρευσε μηδενὶ τῶν συγγενῶν αὐτοῦ μηδεμίαν τιμὴν δίδοσθαι.

[23] τότε μὲν δὴ ταῦτα, ὡς καὶ μεγάλην τινὰ ἐπιβουλὴν διαπεφευγώς, ἐπέστειλε· πάνυ γὰρ δὴ καὶ ἄλλως προσεποιεῖτο ἐν δεινοῖς τε εἶναι καὶ ταλαιπώρως διάγειν. Ἐπεὶ δὲ μαθόντες αὐτὰ οἱ βουλευταὶ ἄλλα τέ τινα αὐτῷ καὶ τὰ ἐπινίκια τὰ σμικρότερα ἐψηφίσαντο, πρέσβεις τε ἐπ´ αὐτοῖς ἄλλους κλήρῳ καὶ τὸν Κλαύδιον αἱρετὸν ἔπεμψαν, τοῦτό τε ἐδυσχέρανεν, ὥστε καὶ αὖθις ἀπειπεῖν μήτε ἐπαίνου τι μήτε τιμῆς ἐχόμενον τοῖς συγγενέσιν αὐτοῦ γίγνεσθαι, καὶ ὅτι μὴ κατ´ ἀξίαν τετιμῆσθαι ἐδόκει. Πάντα τε γὰρ ἀεὶ τὰ διδόμενα αὐτῷ παρ´ οὐδὲν ἐτίθετο, καὶ ἤχθετο μὲν εἰ μικρά τινα ψηφισθείη, ὡς καταφρονούμενος, ἤχθετο δὲ καὶ εἰ μείζω, ὡς καὶ τῆς τῶν λοιπῶν ἐξουσίας ἀφαιρούμενος. Οὐδὲ γὰρ οὐδὲ ἐβούλετο δοκεῖν τι τῶν τιμήν τινα αὐτῷ φερόντων ἐπ´ αὐτοῖς ὡς καὶ κρείττοσιν αὐτοῦ οὖσι καὶ χαρίσασθαί {σφῶν} οἱ ὡς καὶ ἥττονί σφων τι δυναμένοις εἶναι· καὶ διὰ τοῦτο πολλάκις τινὰ οὐχ ὡς καὶ αὔξησιν τῆς λαμπρότητος ἀλλ´ ὡς καθαίρεσιν τῆς ἰσχύος αὐτῷ φέροντα διέβαλλε. Καὶ μέντοι καὶ ταῦθ´ οὕτω φρονῶν ὠργίζετο αὐτοῖς, εἴ ποτε ἐλάττω σφᾶς τῆς ἀξίας ἐψηφίσθαι οἱ ἔδοξεν. Οὕτω που ἔμπληκτος ἦν, καὶ οὐδεὶς αὐτοῦ ῥᾳδίως τυχεῖν ἐδύνατο. Ἐκείνους μὲν οὖν τοὺς πρέσβεις διὰ ταῦθ´ ὡς καὶ κατασκόπους ὑπιδόμενος, οὔτε πάντας προσεδέξατο, ἀλλ´ ὀλίγους ἐπιλεξάμενος τοὺς λοιπούς, πρὶν ἐς τὴν Γαλατίαν ἐλθεῖν, ἀπεπέμψατο, οὔθ´ οὕς γε προσήκατο σεμνοῦ τινος ἠξίωσεν, ἀλλὰ καὶ τὸν Κλαύδιον ἀπέκτεινεν ἄν, εἰ μὴ κατεφρόνησεν αὐτοῦ τὰ μὲν τῇ φύσει τὰ δὲ καὶ ἐκ προνοίας πολλὴν νωθείαν προσποιουμένου. Ἑτέρους δὲ αὖθις πλείους τε πεμφθέντας (πρὸς γὰρ τοῖς ἄλλοις τὴν ὀλιγότητα τῶν προτέρων ᾐτιᾶτο) καὶ πολλά τι ἐψηφίσθαι οἱ ἀγγέλλοντας ἡδέως ὑπεδέξατο, καὶ προαπήντησέ τε αὐτοῖς, ὑφ´ ὧν καὶ αὐτῶν αὖθις ἐτιμήθη. Καὶ τοῦτο μὲν ὕστερον ἐγένετο· τότε δὲ ἐκβαλὼν τὴν Παυλῖναν, προφάσει μὲν ὡς μὴ τίκτουσαν, τὸ δ´ ἀληθὲς ὅτι διακορὴς αὐτῆς ἐγεγόνει, Μιλωνίαν Καισωνίαν ἔγημεν, ἣν πρότερον μὲν ἐμοίχευε, τότε δὲ καὶ γαμετὴν ποιήσασθαι ἠθέλησεν, ἐπειδὴ ἐν γαστρὶ ἔσχεν, ἵν´ αὐτῷ παιδίον τριακονθήμερον τέκῃ. Οἱ δὲ ἐν τῇ Ῥώμῃ ἐταράττοντο μὲν καὶ ἐκ τούτων, ἐταράττοντο δὲ καὶ ὅτι δίκαι σφίσιν ἐπί τε τῇ πρὸς τὰς ἀδελφὰς αὐτοῦ καὶ ἐπὶ τῇ πρὸς τοὺς πεφονευμένους φιλίᾳ πολλαὶ ἐπήγοντο, ὡς καὶ ἀγορανόμους στρατηγούς τέ τινας ἀναγκασθῆναι τὴν ἀρχὴν ἀπειπόντας κριθῆναι. Κἀν τούτῳ καὶ ὑπὸ καυμάτων ἐταλαιπώρησαν· τοσαύτη γὰρ ὑπερβολὴ αὐτῶν ἐγένετο ὥστε καὶ παραπετάσματα ὑπὲρ τῆς ἀγορᾶς ὑπερταθῆναι. Ἐν τούτοις τοῖς τότε φεύγουσι καὶ ὁ Τιγελλῖνος ὁ Ὀφώνιος, ὡς καὶ τὴν Ἀγριππῖναν μεμοιχευκώς, ἐξέπεσεν.

[24] Οὐ μέντοι ταῦθ´ οὕτως αὐτοὺς ἐλύπει ὡς τὸ προσδοκᾶν ἐπὶ πλεῖον τήν τε ὠμότητα τὴν τοῦ Γαΐου καὶ τὴν ἀσέλγειαν αὐξήσειν, καὶ μάλισθ´ ὅτι ἐπυνθάνοντο τόν τε Ἀγρίππαν αὐτῷ καὶ τὸν Ἀντίοχον τοὺς βασιλέας ὥσπερ τινὰς τυραννοδιδασκάλους συνεῖναι. Καὶ διὰ ταῦθ´ ὑπατεύοντος αὐτοῦ τὸ τρίτον οὐδεὶς οὔτε τῶν δημάρχων οὔτε τῶν στρατηγῶν ἀθροῖσαι τὴν γερουσίαν ἐτόλμησε· συνάρχοντα γάρ, οὔτι καὶ ἐπιτηδεύσας, ὥσπερ οἴονταί τινες, ἀλλὰ τοῦ μὲν προαποδεδειγμένου τελευτήσαντος, ἑτέρου δὲ μηδενὸς δι´ ὀλίγου οὕτως ἐν τῇ ἐκδημίᾳ αὐτοῦ ἀντικαταστῆναι δυνηθέντος, οὐδένα ἔσχε. Καὶ ἔδει μέν που τοὺς στρατηγούς, οἷς τὰ τῶν ὑπάτων ἔργα ὁπόταν ἀποδημήσωσι μέλει, πάντα αὐτὰ ἐπιτετελεκέναι· ὅπως δὲ δὴ μὴ καὶ ἀντὶ τοῦ αὐτοκράτορος δόξωσί τι πεποιηκέναι, οὐδὲν τῶν καθηκόντων ἔπραξαν, ἀλλ´ ἐς τὸ Καπιτώλιον ἀθρόοι οἱ βουλευταὶ ἀναβάντες τάς τε θυσίας ἔθυσαν καὶ τὸν τοῦ Γαΐου δίφρον τὸν ἐν τῷ ναῷ κείμενον προσεκύνησαν, καὶ ἔτι καὶ ἀργύριον κατὰ τὸ ἐπὶ τοῦ Αὐγούστου ἔθος ἰσχῦσαν, ὡς καὶ αὐτῷ ἐκείνῳ διδόντες, κατέθεσαν. Καὶ τοῦτο μὲν καὶ τῷ ἑξῆς ἔτει ὁμοίως ἐγένετο, τότε δὲ συνῆλθον μὲν μετὰ ταῦτα ἐς τὸ συνέδριον μηδενός σφας ἀθροίσαντος, ἔπραξαν δὲ οὐδέν, ἀλλ´ ὅλην τὴν ἡμέραν ἔν τε τοῖς ἐπαίνοις αὐτοῦ καὶ ἐν ταῖς ὑπὲρ αὐτοῦ εὐχαῖς κατέτριψαν· ἐπειδὴ γὰρ οὔτ´ ἐφίλουν αὐτὸν οὔτε σώζεσθαι ἐβούλοντο, ἐπὶ πλεῖον ἀμφότερα, ὡς καὶ τὸ συνειδός σφων διὰ τοῦτο ἐπηλυγασόμενοι, προσεποιήσαντο. Καὶ τῇ τρίτῃ δὲ ἡμέρᾳ τῇ τὰς εὐχὰς ἐχούσῃ συνῆλθον μέν, πάντων τῶν στρατηγῶν ἐκ κοινοῦ προγράμματος τὴν σύνοδόν σφισιν ἐπαγγειλάντων, ἐχρημάτισαν δὲ οὔτε τότε οὔτε αὖθις οὐδέν, μέχρις οὗ ὁ Γάιος δωδεκάτῃ ἡμέρᾳ τὴν ἀρχὴν ἀπειπὼν ἠγγέλθη. Τότε γὰρ παραλαβόντες αὐτὴν οἱ ἐς τὸ ἔπειτα κεχειροτονημένοι διῴκουν τὰ προσήκοντα σφίσι, καὶ ἐψηφίσθη ἄλλα τε καὶ ἵνα τοῖς τοῦ Τιβερίου καὶ τοῖς τῆς Δρουσίλλης γενεσίοις τὰ αὐτὰ ἅπερ καὶ τοῖς τοῦ Αὐγούστου γίγνηται. Καί τινα καὶ οἱ ἐκ τῆς ὀρχήστρας ἄνδρες πανήγυρίν τε ἐπετέλεσαν καὶ θέαν παρέσχοντο, καὶ εἰκόνα τοῦ τε Γαΐου καὶ τῆς Δρουσίλλης στήσαντες ὡσίωσαν. Ταῦτα δὲ ἐξ ἐπιστολῆς που τῆς τοῦ Γαΐου ἐπράχθη· καὶ γὰρ τἆλλα ὅσα χρηματίζεσθαι ἐβούλετο, ὀλίγα μὲν πᾶσι τοῖς βουλευταῖς, τὰ δὲ δὴ πλείω τοῖς ὑπάτοις γράφων, καὶ ἐκεῖνα ἔστιν ὅτε ἐν τῷ συνεδρίῳ ἀναγιγνώσκεσθαι ἐκέλευε. Καὶ οἱ μὲν ταῦτ´ ἔπραττον.

[25] Γάιος δὲ ἐν τούτῳ τόν τε Πτολεμαῖον τὸν τοῦ Ἰούβα παῖδα μεταπέμψας, καὶ μαθὼν ὅτι πλουτεῖ, ἀπέκτεινε, καὶ - - - ἐς δὲ τὸν ὠκεανὸν ἐλθὼν ὡς καὶ ἐν τῇ Βρεττανίᾳ στρατεύσων, καὶ πάντας τοὺς στρατιώτας ἐν τῇ ᾐόνι παρατάξας, τριήρους τε ἐπέβη καὶ ὀλίγον ἀπὸ τῆς γῆς ἀπάρας ἀνέπλευσε, καὶ μετὰ τοῦτο ἐπὶ βήματος ὑψηλοῦ ἱζήσας καὶ σύνθημα τοῖς στρατιώταις ὡς ἐς μάχην δούς, τοῖς τε σαλπικταῖς ἐξοτρύνας αὐτούς, εἶτ´ ἐξαίφνης ἐκέλευσέ σφισι τὰ κογχύλια συλλέξασθαι. Λαβών τε τὰ σκῦλα ταῦτα (καὶ γὰρ λαφύρων δῆλον ὅτι πρὸς τὴν τῶν ἐπινικίων πομπὴν ἐδεῖτο) μέγα τε ἐφρόνησεν ὡς καὶ τὸν ὠκεανὸν αὐτὸν δεδουλωμένος, καὶ τοῖς στρατιώταις πολλὰ ἐδωρήσατο. Καὶ ὁ μὲν ἐς τὴν Ῥώμην τὰ κογχύλια ἀνεκόμισεν, ἵνα καὶ ἐκείνοις τὰ λάφυρα δείξῃ· ἡ δὲ βουλὴ οὔθ´ ὅπως ἐπὶ τούτοις ἡσυχάζοι εἶχεν, ὅτι μεγαλοφρονούμενον αὐτὸν ἐπυνθάνετο, οὔθ´ ὅπως αὐτὸν ἐπαινέσειεν· ἂν γάρ τις ἐπὶ μηδεμιᾷ ἢ μικρᾷ τινι ἀνδραγαθίᾳ ἤτοι ἐπαίνους μεγάλους ἢ καὶ τιμὰς ἐξαισίους ποιῆται, διαμωκᾶσθαί τε καὶ διασιλλοῦν αὐτὴν ὑποπτεύεται. Ὅμως ἐσελθὼν ἐς τὴν πόλιν τὴν μὲν βουλὴν ὀλίγου ἐδέησεν ἀπολέσαι πᾶσαν, ὅτι μὴ τὰ ὑπὲρ ἄνθρωπον αὐτῷ ἐψηφίσατο, τὸν δὲ δῆμον ἀθροίσας πολὺ μὲν ἀργύριον ἐκ μετεώρου τινὸς πολὺ δὲ χρυσίον ἔρριψε, καὶ πολλοὶ ἀπώλοντο διαρπάζοντες· σιδήρια γὰρ μικρὰ ἄττα αὐτοῖς, ὥς φασί τινες, ἀνεμέμικτο. - - -. πυθόμενόν τε εἰ μύσαι αὐτῷ ἐπιτρέπει, καὶ ἐκεῖνον σφαγῆναι προσέταξεν. - - -.

[26] Ἦν δέ τις Πρωτογένης πρὸς πάντα αὐτῷ τὰ χαλεπώτατα ὑπηρετῶν, ὥστε καὶ βιβλία ἀεὶ δύο περιφέρειν καὶ αὐτῶν τὸ μὲν ξίφος τὸ δὲ ἐγχειρίδιον ὀνομάζειν. Οὗτος ἐσῆλθέ ποτε ἐς τὸ συνέδριον ὡς καὶ κατ´ ἄλλο τι, καὶ πάντων, οἷα εἰκός, προσειπόντων τε αὐτὸν καὶ δεξιουμένων δριμύ τέ τι Σκριβωνίῳ Πρόκλῳ ἐνεῖδε καὶ ἔφη « Καὶ σύ με ἀσπάζῃ, μισῶν οὕτω τὸν αὐτοκράτορα; » ἀκούσαντες δὲ τοῦτο οἱ παρόντες περιέσχον τε τὸν συμβουλευτὴν καὶ διέσπασαν. {lacunes} - - - ἡσθέντος τε ἐπὶ τούτῳ τοῦ Γαΐου καὶ φήσαντος αὐτοῖς κατηλλάχθαι πανηγύρεις τέ τινας ἐψηφίσαντο καὶ ὅπως καὶ βήματι ὑψηλῷ καὶ ἐν αὐτῷ τῷ βουλευτηρίῳ, ὥστε μηδένα ἐξικνεῖσθαι, καὶ φρουρᾷ στρατιωτικῇ καὶ ἐκεῖ χρῷτο· καὶ τοὺς ἀνδριάντας αὐτοῦ φρουρεῖσθαι ἔγνωσαν. Ἐπ´ οὖν τούτοις ὁ Γάιος τὴν ὀργήν σφισιν ἀφῆκε καὶ χρηστά τινα προσενεανιεύσατο· Πομπώνιον γὰρ ἐπιβουλεῦσαι λεχθέντα οἱ ἀπέλυσεν, ἐπειδὴ ὑπὸ φίλου προεδόθη, καὶ τὴν ἑταίραν αὐτοῦ, ὅτι βασανισθεῖσα οὐδὲν ἐξεῖπεν, οὔτε τι κακὸν ἔδρασε καὶ προσέτι καὶ χρήμασιν ἐτίμησεν. Ἐπαινούμενος οὖν διὰ ταῦτα τὰ μὲν φόβῳ τὰ δὲ καὶ ἐπ´ ἀληθείας, καὶ τῶν μὲν ἥρωα τῶν δὲ θεὸν αὐτὸν ἀνακαλούντων, δεινῶς ἐξεφρόνησεν. Ἠξίου μὲν γὰρ καὶ πρότερον ὑπὲρ ἄνθρωπον νομίζεσθαι, καὶ τῇ Σελήνῃ συγγίγνεσθαι καὶ ὑπὸ τῆς Νίκης στεφανοῦσθαι ἔλεγε, Ζεύς τε εἶναι ἐπλάττετο, καὶ κατὰ τοῦτο καὶ γυναιξὶν ἄλλαις τε πολλαῖς καὶ ταῖς ἀδελφαῖς μάλιστα συνεῖναι προεφασίσατο, καὶ Ποσειδῶν αὖθις, ὅτι τοσοῦτον θαλάσσης μέτρον ἔζευξε, τόν τε Ἡρακλέα τόν τε Διόνυσον τόν τε Ἀπόλλω τούς τε ἄλλους, οὐχ ὅτι τοὺς ἄρρενας ἀλλὰ καὶ τὰς θηλείας, ὑπεκρίνετο, Ἥρα τε καὶ Ἄρτεμις καὶ Ἀφροδίτη πολλάκις ἐγίγνετο. Πρὸς γὰρ δὴ τὴν τῶν ὀνομάτων μετάθεσιν καὶ τὸ ἄλλο σχῆμα πᾶν τὸ προσῆκόν σφισιν ἐλάμβανεν, ὥστε ἐοικέναι ἂν δοκεῖν. Τοτὲ μὲν γὰρ θηλυδριώδης ἑωρᾶτο καὶ κρατῆρα καὶ θύρσον εἶχε, τοτὲ δὲ ἀρρενωπός, καὶ ῥόπαλον καὶ λεοντῆν ἢ καὶ κράνος ἀσπίδα τε ἐφόρει. Λειογένειος αὖ καὶ μετὰ τοῦτο πωγωνίας ἐφαντάζετο, τρίαινάν τε ἔστιν ὅτε ἐκράτει, καὶ κεραυνὸν αὖθις ἀνέτεινε. Παρθένῳ τε κυνηγετικῇ ἢ καὶ πολεμικῇ ὡμοιοῦτο, καὶ μετ´ οὐ πολὺ ἐγυναίκιζεν. Οὕτω που καὶ τῷ ῥυθμῷ τῆς στολῆς καὶ τοῖς προσθέτοις τοῖς τε περιθέτοις ἀκριβῶς ἐποικίλλετο, καὶ πάντα μᾶλλον ἢ ἄνθρωπος αὐτοκράτωρ τε δοκεῖν εἶναι ἤθελε. Καί ποτέ τις ἀνὴρ Γαλάτης ἰδὼν αὐτὸν ἐπὶ βήματος ὑψηλοῦ ἐν Διὸς εἴδει χρηματίζοντα ἐγέλασεν· ὁ δὲ Γάιος ἐκάλεσέ τε αὐτὸν καὶ ἀνήρετο « Τί σοι δοκῶ εἶναι; » καὶ ὃς ἀπεκρίνατο (ἐρῶ γὰρ αὐτὸ τὸ λεχθέν) ὅτι « Μέγα παραλήρημα. » Καὶ οὐδὲν μέντοι δεινὸν ἔπαθε· σκυτοτόμος γὰρ ἦν. Οὕτω που ῥᾷον τὰς τῶν τυχόντων ἢ τὰς τῶν ἐν ἀξιώσει τινὶ ὄντων παρρησίας οἱ τοιοῦτοι φέρουσι. Ταῦτα μὲν οὖν τὰ σχήματα, ὁπότε τις θεὸς ἐπλάττετο εἶναι, ἐλάμβανε, καὶ αὐτῷ καὶ ἱκετεῖαι καὶ εὐχαὶ θυσίαι τε κατὰ τὸ πρόσφορον προσήγοντο· ἄλλως δὲ δὴ ἔν τε τῇ σηρικῇ καὶ ἐν τῇ νικητηρίᾳ σκευῇ ὡς πλήθει ἐδημοσίευεν.

[27] Ἐφίλει τε ὀλιγίστους· τοῖς γὰρ πλείστοις καὶ τῶν βουλευτῶν ἢ τὴν χεῖρα ἢ τὸν πόδα προσκυνεῖν ὤρεγε, καὶ διὰ τοῦθ´ οἱ φιληθέντες ὑπ´ αὐτοῦ χάριν αὐτῷ καὶ ἐν τῇ γερουσίᾳ ἐγίγνωσκον, καίτοι τοὺς ὀρχηστὰς καθ´ ἡμέραν φιλοῦντι πάντων ὁρώντων. Καὶ ταῦτα μέντοι, ὅσα ὡς θεῷ αὐτῷ ἐγίγνετο, οὐχ ὅτι οἱ πολλοὶ καὶ ἀεί τινα κολακεύειν εἰωθότες ἐποίουν, ἀλλὰ καὶ οἱ πάνυ δοκοῦντές τι εἶναι. Ὁ δ´ οὖν Οὐιτέλλιος ὁ Λούκιος οὔτ´ ἀγεννὴς οὔτ´ ἄφρων ὤν, ἀλλὰ καὶ ἐκ τῆς ἐν τῇ Συρίᾳ ἀρχῆς ὀνομαστὸς γενόμενος (τά τε γὰρ ἄλλα λαμπρῶς ἡγεμόνευσε, καὶ τὸν Ἀρτάβανον καὶ ἐκείνῃ ἐπιβουλεύοντα, ἐπειδὴ μηδεμίαν τιμωρίαν ἐπὶ τῇ Ἀρμενίᾳ ἐδεδώκει, κατέπληξέ τε ἀπαντήσας αὐτῷ ἐξαπιναίως περὶ τὸν Εὐφράτην ἤδη ὄντι, καὶ ἔς τε λόγους αὐτὸν ὑπηγάγετο καὶ θῦσαι ταῖς τοῦ Αὐγούστου τοῦ τε Γαΐου εἰκόσιν ἠνάγκασε, σπονδάς τε αὐτῷ πρὸς τὸ τῶν Ῥωμαίων σύμφορον δοὺς καὶ προσέτι καὶ παῖδας αὐτοῦ ὁμήρους λαβών)—οὗτος οὖν ὁ Οὐιτέλλιος μετεπέμφθη μὲν ὑπὸ τοῦ Γαΐου ὡς καὶ ἀπολούμενος (ἐφ´ οἷς γὰρ οἱ Πάρθοι τὸν βασιλέα σφῶν ἐξήλασαν, ἐπὶ τούτοις ἐκεῖνος αἰτίαν ἔσχε, μισηθείς τε ὑπὸ τοῦ φθόνου καὶ ἐπιβουλευθεὶς ὑπὸ τοῦ φόβου· τῷ τε γὰρ κρείττονι τῷ ἑαυτοῦ ὁ Γάιος ἤχθετο, καὶ τὸ εὖ φερόμενον ὡς καὶ ἐπιθησόμενόν οἱ ὑπώπτευεν), ἐσώθη δὲ σχηματίσας πως ἑαυτὸν ὥστε καὶ ἐλάττων αὐτῷ τῆς δόξης φανῆναι, καὶ πρός τε τοὺς πόδας αὐτοῦ προσπεσὼν καὶ δάκρυσι κλαύσας, κἀν τούτῳ καὶ θειάσας αὐτὸν πολλὰ καὶ προσκυνήσας, καὶ τέλος εὐξάμενος, ἂν περισωθῇ, θύσειν αὐτῷ ἐκείνῳ. Ἐκ γὰρ τούτων οὕτως αὐτὸν ἐτιθάσευσε καὶ ἱλεώσατο ὥστε μὴ μόνον περιγενέσθαι, ἀλλὰ καὶ ἐν τοῖς πάνυ φίλοις αὐτοῦ νομισθῆναι. Καί ποτε τοῦ Γαΐου συγγίγνεσθαί τε τῇ Σελήνῃ λέγοντος, καὶ ἐρωτήσαντος αὐτὸν εἰ ὁρῴη τὴν θεὸν συνοῦσαν αὐτῷ, κάτω τε ὡς καὶ τεθηπὼς ἔβλεπεν ὑποτρέμων, καὶ σμικρόν τι φθεγξάμενος « Ὑμῖν » ἔφη « τοῖς θεοῖς, δέσποτα, μόνοις ἀλλήλους ὁρᾶν ἔξεστιν. » Οὐιτέλλιος μὲν οὖν ἐκεῖθεν ἀρξάμενος πάντας καὶ μετὰ τοῦτο τοὺς ἄλλους κολακείᾳ ὑπερεβάλετο.

[28] Γάιος δὲ ἐν τῇ Ἀσίᾳ τῷ ἔθνει τέμενός τι ἑαυτῷ ἐν Μιλήτῳ τεμενίσαι ἐκέλευσε· ταύτην γὰρ τὴν πόλιν ἐπελέξατο, λόγῳ μὲν εἰπὼν ὅτι τὴν μὲν Ἔφεσον ἡ Ἄρτεμις τὴν δὲ Πέργαμον ὁ Αὔγουστος τὴν δὲ Σμύρναν ὁ Τιβέριος προκατειλήφασι, τὸ δὲ ἀληθὲς ὅτι τὸν νεὼν ὃν οἱ Μιλήσιοι τῷ Ἀπόλλωνι καὶ μέγαν καὶ ὑπερκαλλῆ ἐποίουν ἰδιώσασθαι ἐπεθύμησε. Τότε δὲ ἐπὶ πλέον ἐξήχθη, ὥστε καὶ ἐν αὐτῇ τῇ Ῥώμῃ ναὸν ἑαυτοῦ, τὸν μὲν ὑπὸ τῆς βουλῆς ψηφισθέντα τὸν δὲ ἰδίᾳ ἐν τῷ παλατίῳ, ποιήσασθαι. Ἐτεκτήνατο μὲν γὰρ καὶ ἐν τῷ Καπιτωλίῳ κατάλυσίν τινα, ἵν´, ὡς ἔλεγε, τῷ Διὶ συνοικοίη· ἀπαξιώσας δὲ δὴ τὰ δευτερεῖα ἐν τῇ συνοικήσει αὐτοῦ φέρεσθαι, καὶ προσεγκαλέσας οἱ ὅτι τὸ Καπιτώλιον προκατέλαβεν, οὕτω δὴ ἕτερόν τε νεὼν ἐν τῷ παλατίῳ σπουδῇ ᾠκοδομήσατο, καὶ ἄγαλμα ἐς αὐτὸν ἠθέλησε τὸ τοῦ Διὸς τοῦ Ὀλυμπίου ἐς τὸ ἑαυτοῦ εἶδος μεταρρυθμίσαι. Μὴ δυνηθεὶς δέ (τό τε γὰρ πλοῖον τὸ πρὸς τὴν κομιδὴν αὐτοῦ ναυπηγηθὲν ἐκεραυνώθη, καὶ γέλως, ὁσάκις τινὲς ὡς καὶ τοῦ ἕδους ἐφαψόμενοι προσῆλθον, πολὺς ἐξηκούετο) ἐκείνῳ μὲν ἐπηπείλει, αὐτὸς δὲ ἕτερον ἐνέστησε. Τό τε Διοσκόρειον τὸ ἐν τῇ ἀγορᾷ τῇ Ῥωμαίᾳ ὂν διατεμὼν διὰ μέσου τῶν ἀγαλμάτων ἔσοδον δι´ αὐτοῦ ἐς τὸ παλάτιον ἐποιήσατο, ὅπως καὶ πυλωροὺς τοὺς Διοσκόρους, ὥς γε καὶ ἔλεγεν, ἔχῃ. Διάλιόν τε ἑαυτὸν ὀνομάσας, τήν τε Καισωνίαν τὴν γυναῖκα καὶ τὸν Κλαύδιον ἄλλους τε τοὺς πλουσιωτάτους ἱερέας προσέθετο, πεντήκοντα καὶ διακοσίας ἐπὶ τούτῳ παρ´ ἑκάστου μυριάδας λαβών. Καὶ προσέτι καὶ αὐτὸς ἑαυτῷ ἱερᾶτο, τόν τε ἵππον συνιερέα ἀπέφηνε· καὶ ὄρνιθες αὐτῷ ἁπαλοί τέ τινες καὶ πολυτίμητοι καθ´ ἑκάστην ἡμέραν ἐθύοντο. Ταῖς τε βρονταῖς ἐκ μηχανῆς τινος ἀντεβρόντα καὶ ταῖς ἀστραπαῖς ἀντήστραπτε· καὶ ὁπότε κεραυνὸς καταπέσοι, λίθον ἀντηκόντιζεν, ἐπιλέγων ἐφ´ ἑκάστῳ τὸ τοῦ Ὁμήρου « Ἢ μ´ ἀνάειρ´ ἢ ἐγὼ σέ. » Ἐπειδή τε ἡ Καισωνία θυγάτριον μετὰ τριάκοντα ἡμέρας τῶν γάμων ἔτεκε, τοῦτό τε αὐτὸ δαιμονίως προσεποιεῖτο, σεμνυνόμενος ὅτι ἐν τοσαύταις ἡμέραις καὶ ἀνὴρ καὶ πατὴρ ἐγεγόνει, καὶ Δρουσίλλαν αὐτὴν ὀνομάσας ἔς τε τὸ Καπιτώλιον ἀνήγαγε καὶ ἐς τὰ τοῦ Διὸς γόνατα ὡς καὶ παῖδα αὐτοῦ οὖσαν ἀνέθηκε, καὶ τῇ Ἀθηνᾷ τιθηνεῖσθαι παρηγγύησεν. Οὗτος οὖν ὁ θεὸς καὶ οὗτος ὁ Ζεὺς (καὶ γὰρ ἐκαλεῖτο τὰ τελευταῖα οὕτως, ὥστε καὶ ἐς γράμματα φέρεσθαι) ταῦτά τε ἅμα ἔπραττε καὶ χρήματα αἴσχιστα καὶ δεινότατα συνελέγετο. Ἵνα γάρ τις τά τε ὤνια καὶ τὰ καπηλεῖα τάς τε πόρνας καὶ τὰ δικαστήρια, τούς τε χειροτέχνας καὶ τὰ ἀνδράποδα τὰ μισθοφοροῦντα τά τε ἄλλα τὰ τοιαῦτα, ἐξ ὧν οὐδὲν ὅ τι οὐκ ἠργυρίζετο, παραλείπῃ, ἀλλὰ τά γε οἰκήματα τὰ ἐν αὐτῷ τῷ παλατίῳ ἀποδειχθέντα, καὶ τὰς γυναῖκας τὰς τῶν πρώτων τούς τε παῖδας τοὺς τῶν σεμνοτάτων, οὓς ἐς αὐτὰ καθίζων ὕβριζεν, ἐκκαρπούμενος ἐπ´ αὐτοῖς πάντας ἁπλῶς, τοὺς μὲν ἐθελοντὰς τοὺς δὲ καὶ ἄκοντας, ὅπως μὴ καὶ δυσχεραίνειν τι νομισθῶσι, πῶς ἄν τις σιωπήσειεν; οὐ μὴν ἀλλὰ τούτοις μὲν οὐ σφόδρα τὸ πλῆθος ἤχθετο, ἀλλὰ καὶ ἔχαιρον ὁμοῦ οἱ τῇ τε ἀσελγείᾳ αὐτοῦ, καὶ ὅτι ἔς τε τὸ χρυσίον καὶ ἐς τὸ ἀργύριον τὸ συλλεγόμενον ἀπ´ αὐτῶν ἐμβάλλων ἑκάστοτε ἑαυτὸν ἐκαλινδεῖτο· ὡς μέντοι καὶ περὶ τῶν τελῶν πικρῶς τινα διανομοθετήσας ἐς λεύκωμα αὐτὰ βραχυτάτοις γράμμασιν ἐσέγραψε καὶ ἀφ´ ὑψηλοῦ τινος ἀπεκρέμασεν, ὅπως ὡς ἥκιστα ἀναγιγνώσκοιτο, κἀκ τούτου πολλοὶ τοῖς ἐπιτιμίοις, ἀγνοοῦντες τὸ κεκωλυμένον ἢ κεκελευσμένον, περιπίπτωσιν, ἔς τε τὸν ἱππόδρομον εὐθὺς σπουδῇ συνέδραμον καὶ δεινὰ συνεβόησαν.

[29] Ὡς οὖν πάντα τρόπον ἐξεμαίνετο, ἐπεβούλευσαν αὐτῷ Κάσσιός τε Χαιρέας καὶ Κορνήλιος Σαβῖνος, καίτοι χιλιαρχίας ἐν τῷ δορυφορικῷ ἔχοντες. Συνώμοσαν μὲν γὰρ πλείονες καὶ συνῄδεσαν τὸ πραττόμενον, ἐν οἷς ἦν ὅ τε Κάλλιστος καὶ ὁ ἔπαρχος· οἱ δὲ αὐτόχειρες αὐτοῦ γενόμενοι ἐκεῖνοι ἦσαν. Ἄλλως τε γὰρ ἀρχαιότροπός τις ἀνὴρ ὁ Χαιρέας ἦν, καί τινα καὶ ἰδίαν τῆς ὀργῆς αἰτίαν ἔσχε· γύννιν τε γὰρ αὐτὸν καίπερ ἐρρωμενέστατον ἀνδρῶν ὄντα ὁ Γάιος ἐπεκάλει, καὶ τὸ σύνθημα αὐτῷ, ὁπότε ἐς ἐκεῖνον καθήκοι, Πόθον ἢ Ἀφροδίτην ἢ ἕτερόν τι τοιοῦτον ἐδίδου. Θεοπρόπιον δέ τι τῷ Γαΐῳ ὀλίγον ἔμπροσθεν ἐγεγόνει φυλάττεσθαι Κάσσιον· καὶ ὁ μὲν ἐς Γάιον Κάσσιον τὸν τότε τῆς Ἀσίας ἄρχοντα, ἐπειδὴ τὸ γένος ἀπὸ τοῦ Κασσίου ἐκείνου τοῦ τὸν Καίσαρα ἀποκτείναντος εἶχεν, ὑποπτεύσας μετεπέμψατο αὐτὸν δεδεμένον, προέλεγε δ´ ἄρα αὐτῷ τὸ δαιμόνιον τοῦτον τὸν Κάσσιον τὸν Χαιρέαν. Ἀπολλώνιός τέ τις Αἰγύπτιος οἴκοι τε τὸ συμβὰν αὐτῷ προεῖπε, καὶ πεμφθεὶς διὰ τοῦτ´ ἐς τὴν Ῥώμην προσήχθη τε αὐτῷ ἐν αὐτῇ ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ ἐν ᾗ τελευτήσειν ἔμελλε, καὶ ἀναβληθεὶς ὡς καὶ μετ´ ὀλίγον κολασθησόμενος ἐσώθη. 0επράχθη δὲ ὧδε. Ἑορτήν τινα ἐν τῷ παλατίῳ ἦγε καὶ θέαν ἐπετέλει, κἀν τούτῳ καὶ αὐτὸς καὶ ἤσθιε καὶ ἔπινε καὶ τοὺς ἄλλους εἱστία, ὅτε δὴ καὶ Πομπώνιος Σεκοῦνδος ὁ τότε ὑπατεύων ἐνεφορεῖτό τε ἅμα τῶν σιτίων, παρὰ τοῖς ποσὶν αὐτοῦ καθήμενος, καὶ ἐπικύπτων συνεχῶς αὐτοὺς κατεφίλει. Ὡς δὲ καὶ αὐτὸς ὁ Γάιος καὶ ὀρχήσασθαι καὶ τραγῳδίαν ὑποκρίνασθαι ἠθέλησεν, καὶ διὰ τοῦτο ἑτέρας τρεῖς ἡμέρας προήγγειλε, οὐκέθ´ οἱ περὶ τὸν Χαιρέαν ὑπέμειναν, ἀλλὰ τηρήσαντες αὐτὸν ἐκ τοῦ θεάτρου ἐξελθόντα ἵνα τοὺς παῖδας θεάσηται, οὓς ἐκ τῆς Ἑλλάδος καὶ τῆς Ἰωνίας τῶν πάνυ εὐγενῶν ἐπὶ τῷ τὸν ὕμνον τὸν ἐς ἑαυτὸν πεποιημένον ᾆσαι μετεπέπεμπτο δῆθεν, ἀπέκτειναν ἐν στενωπῷ τινι ἀπολαβόντες. Καὶ αὐτοῦ πεσόντος οὐδεὶς τῶν παρόντων ἀπέσχετο, ἀλλὰ καὶ νεκρὸν αὐτὸν ὄντα ὠμῶς ἐτίτρωσκον· καί τινες καὶ τῶν σαρκῶν αὐτοῦ ἐγεύσαντο. Τήν τε γυναῖκα καὶ τὴν θυγατέρα εὐθὺς ἔσφαξαν.

[30] Γάιος μὲν δὴ ταῦτα ἐν ἔτεσι τρισὶ καὶ μησὶν ἐννέα ἡμέραις τε ὀκτὼ καὶ εἴκοσι πράξας τοῖς ἔργοις αὐτοῖς ὡς οὐκ ἦν θεὸς ἔμαθεν. - - - Μεμνημένοι καὶ τοῦ λεχθέντος ποτὲ ὑπ´ αὐτοῦ, ὅτε ὀργισθεὶς τῷ δήμῳ ἔφη « Εἴθε ἕνα αὐχένα εἴχετε », καὶ ἐπιλέγοντες ὅτι « Σὺ μὲν ἕνα ἔχεις αὐχένα, ἡμεῖς δὲ χεῖρας πολλάς. » - - -. διαθεόντων δέ τινων ὀλίγων καὶ θορυβούντων βοώντων τε « Τίς Γάιον ἀπέσφα ξεν »; Οὐαλλέριος Ἀσιατικὸς ἀνὴρ ὑπατευκώς ἀνῆλθεν εἰς ἄποπτόν τι χωρίον καὶ ἐκβοήσας ἔφη « Εἴθε ἐγὼ αὐτὸν ἤμην ἀπεκτονώς ». Καὶ οὕτω καταπλαγέντες οἱ θορυβοῦντες ἡσύχασαν.

[21] Cette perte, jointe à ce que, malgré la mort de Togodumnus, les Bretons, loin de céder, ne s'en soulevaient qu'avec plus d'ardeur de toute part pour le venger, ayant inspiré des craintes à Plautius, il ne s'avança pas plus loin, il se contenta de veiller sur les parties conquises et manda Claude ; car il lui avait été prescrit d'agir ainsi, s'il survenait quelque accident ; entre autres ressources préparées en abondance pour cette expédition, on avait réuni des éléphants. Quand la nouvelle parvint à Claude, il remit les affaires intérieures et même les soldats à L. Vitellius, son collègue (il lui avait donné le consulat pour six mois entiers, sur le pied d'égalité avec lui), et partit lui-même pour la guerre. S'embarquant pour Ostie, il gagna Marseille, et de là, voyageant tantôt par terre, tantôt sur les fleuves, il parvint à l'Océan, d'où, passant en Bretagne, il rejoignit, sur les bords de la Tamise, son armée qui l'attendait. A sa tête, il passa le fleuve, et, engageant l'action avec ceux qui avaient pris les armes en masse à son approche, il les vainquit en bataille rangée et se rendit maître de Camulodunum, résidence du roi Cynobellinus. Ayant, à la suite de ce succès, réduit, les uns par composition, les autres par force, un grand nombre de peuples sous sa puissance, il fut, contre les usages des ancêtres, proclamé plusieurs fois imperator (il n'est, en effet, permis à personne de prendre ce titre plus d'une fois pour la même guerre) ; il enleva les armes à ces peuples dont le gouvernement fut par lui confié à Plautius, avec ordre d'achever la soumission du reste du pays. Puis il se hâta de retourner lui-même à Rome, où il fit apporter d'avance la nouvelle de sa victoire par ses gendres Magnus et Silanus.

[22] Le sénat, lorsqu'il connut les succès remportés en Bretagne, donna à Claude le surnom de Britannicus, et lui décerna le triomphe. Il décréta, en outre, des jeux annuels, l'érection de deux arcs de triomphe, l'un à Rome, l'autre dans la Gaule, à l'endroit où il s'était embarqué pour passer en Bretagne; il décora son fils du même surnom, en sorte que le nom de Britannicus devint, pour ainsi dire, véritablement celui de l'enfant. Messaline eut la préséance, qu'avait eue autrefois Livie, et l'autorisation de faire usage d'un char. Tels furent les honneurs que le sénat rendit aux princes ; de plus, la mémoire de Caius lui étant odieuse, il ordonna que toutes les monnaies d'airain frappées à son image seraient fondues. La mesure fut exécutée, mais l'airain ne fut pas mieux employé, car Messaline en fit faire des statues du danseur Mnester. Ce Mnester avait été autrefois le familier de Caius, et Messaline lui témoignait ainsi la reconnaissance de ses rapports avec elle. Car elle était vivement éprise de ce danseur, et, comme elle ne pouvait en aucune façon, ni par promesses, ni par menaces, le faire consentir à ses désirs, elle s'adressa à son mari, le priant de forcer Mnester à lui obéir, comme si elle avait eu besoin de lui pour un service d'un autre genre : Claude lui ayant dit alors de faire tout ce qui lui serait commandé par Messaline, Mnester entra en commerce avec elle, comme si cela eût été compris dans l'ordre de l'empereur. Elle fit la même chose à l'égard de beaucoup d'autres ; car elle commettait des adultères, comme si Claude avait connaissance de ce qui se passait, et lui avait permis de se plonger dans la débauche.

[23] C'est ainsi que certaines parties de la Bretagne furent alors soumises; à la suite de cette conquête, sous le second consulat de C. Crispus et le premier de T. Statilius, Claude rentra dans Rome après une absence de six mois, sur lesquels il n'avait passé que seize jours en Bretagne, et célébra un triomphe où, entre autres prescriptions de la loi qu'il accomplit, il monta à genoux les degrés du Capitole, soutenu sous les deux bras par ses gendres. Il accorda les ornements triomphaux à tous les sénateurs qui l'avaient accompagné dans son expédition, et non pas seulement aux consulaires, faveur que, du reste, il prodiguait à tort et à travers même pour les moindres choses; une statue et un siège parmi les sénateurs à Rubrius Pollion, préfet du prétoire, toutes les fois qu'il l'accompagnerait dans le sénat; et, pour ne paraître introduire aucune nouveauté, il allégua qu'Auguste en avait fait autant à l'égard d'un certain Valérius Ligur. Lacon, autrefois chef des Vigiles, en ce moment gouverneur de la Gaule, reçut le même honneur et, de plus, fut décoré des ornements consulaires. Après cela, Claude célébra les jeux triomphaux, et pour cela il recut le pouvoir consulaire. Ces jeux eurent lieu sur les deux théâtres à la fois : souvent il quitta le spectacle, et d'autres y présidèrent à sa place. Il promit autant de courses de chevaux qu'il pourrait y en avoir dans le jour, néanmoins il n'y en eut pas plus de dix : car, dans l'intervalle des courses, on égorgea des ours et on fit combattre des athlètes; des enfants, venus d'Asie, dansèrent la pyrrhique. Les artistes dramatiques donnèrent aussi, avec la permission du sénat, d'autres jeux, célébrés également à l'occasion de la victoire de l'empereur. Voilà ce qui eut lieu pour les affaires de Bretagne, et, pour faciliter la soumission du reste du pays, on décréta que toutes les conventions faites par Claude et toutes celles que feraient ses lieutenants avec quelqu'un de ces peuples seraient valables comme faites avec le sénat et le peuple.

[24] L'Achaïe et la Macédoine qui, depuis le règne de Tibère, étaient confiées à des gouverneurs choisis par le prince, furent alors remises au sort par Claude, qui, ayant destitué les préteurs chargés de l'administration du trésor, la confia, suivant l'antique usage, aux questeurs, sans, toutefois, rendre annuels ces fonctionnaires, ce qui avait eu lieu pour eux auparavant, et qui eut lieu plus tard pour les préteurs, puisque les deux mêmes questeurs administrèrent trois années entières; quelques-uns d'entre eux arrivèrent aussitôt après à la préture, les autres reçurent un salaire proportionné à l'opinion qu'ils donnèrent de leur administration. Claude rendit donc aux questeurs l'administration du trésor, au lieu de gouvernements en Italie hors de Rome (elles furent toutes abolies), et il confia, en revanche, aux préteurs la connaissance de certaines causes qui étaient auparavant du ressort des consuls. Il accorda aux soldats, attendu que les lois ne leur permettaient pas d'avoir de femmes, les droits d'hommes mariés. Il augmenta les États que M. Julius Cottius tenait de son père, auprès des Alpes appelées de son nom Cottiennes, avec le titre de roi, qu'il lui donna alors pour la première fois. Il priva les Rhodiens de la liberté, pour avoir mis en croix des citoyens romains. Il fit venir de Bétique Umbonius Silion, qu'il chassa du sénat, pour avoir envoyé trop peu de blé aux troupes qui servaient en Mauritanie : c'était le crime dont on le chargeait; mais son crime réel était d'avoir offensé des affranchis du prince, Silion mit sous la haste tout son nombreux et magnifique mobilier, comme pour tout mettre à l'enchère, mais il ne vendit que sa toge de sénateur, montrant par là qu'il n'était pas bien malheureux et qu'il pourrait vivre agréablement dans une condition privée. Voilà ce qui eut lieu alors ; de plus, les « nundines » furent transférées à un autre jour, à cause de certains sacrifices, chose qui arriva encore dans plusieurs autres occasions.

[25] L'année suivante, furent consuls M. Vinicius pour la seconde fois, et Statilius Corvinus. Claude prêta seul tous les serments en usage, et défendit aux autres de jurer individuellement; de même, parmi les préteurs, il n'y en eut qu'un, comme autrefois, et un aussi parmi les tribuns, qui récita la formule du serment pour ses collègues. Cette manière se pratiqua pendant plusieurs années. Rome était remplie de statues innombrables (il était permis, sans réserve, à quiconque le voulait, de se faire représenter en public par la peinture, par l'airain, ou par le marbre) ; Claude en fit transporter la plupart dans d'autres lieux, et défendit qu'on érigeât une statue à un particulier sans l'autorisation du sénat, à moins qu'il n'eût construit ou réparé quelque édifice ; alors il lui était loisible, à lui et à ses descendants, de le faire en cet endroit. De plus, en punissant de l'exil un gouverneur de province qui s'était laissé corrompre, il confisqua tout ce que cet homme avait acquis durant son gouvernement. Pour empêcher ceux qui commettraient une semblable infraction de se soustraire aux accusations qu'on voudrait leur intenter, il n'accorda à personne un gouvernement. immédiatement à la suite d'un autre. C'était bien, en effet, déjà auparavant, une prescription de la loi que l'on pût librement citer en justice, dans l'intervalle de leurs fonctions, ceux qui avaient exercé une charge (il ne leur était même pas permis, au sortir d'une province, d'entreprendre des voyages successifs, afin que, s'ils avaient prévariqué, ils ne parvinssent pas, soit par l'exercice d'un nouvel emploi, soit par des voyages, à éluder leur responsabilité), mais cette disposition était tombée en désuétude. Claude observa ces deux prescriptions avec tant de soin, qu'il ne permettait pas même à un assesseur de tirer immédiatement la province qui lui revenait, bien que continuant deux années à quelques-uns le gouvernement de la même province, et y envoyant même parfois des citoyens de son choix. Lorsqu'on lui demandait une légation libre hors de l'Italie, il l'accordait de son propre chef, sans prendre l'avis du sénat; mais, pour paraître agir légalement, il s'y fit autoriser par un sénatus-consulte. Cette mesure fut décrétée encore l'année suivante ; pour le moment, il célébra les jeux votifs qu'il avait promis pour son expédition, et donna à tous les citoyens qui recevaient du blé de l'État soixante-quinze drachmes par tête, plus même à quelques-uns ; ce qui fit que certains eurent jusqu'à trois cent douze drachmes et demie. Néanmoins tout ne fut pas distribué par lui ; une partie le fut par ses gendres, car la répartition dura plusieurs jours, durant lesquels il voulut aussi rendre la justice. Il rétablit en outre le cinquième jour que Caius avait ajouté aux Saturnales, et qu'on avait ensuite supprimé.

[26] Le soleil devant s'éclipser le jour anniversaire de sa naissance, Claude craignit qu'il n'en résultât quelque trouble, attendu qu'il était arrivé d'autres prodiges, et il publia un édit pour faire connaître à l'avance, non seulement l'éclipse, son moment et sa grandeur, mais les causes qui devaient nécessairement l'amener. Ces causes, les voici. La lune qui, comme on le croit, fait son tour au-dessous du soleil, qu'elle le fasse immédiatement sous lui, ou que Mercure et Vénus soient entre deux, se meut en longitude comme cet astre ; elle se meut aussi comme lui en hauteur, et elle a, de plus, un mouvement en latitude que n'a nullement le soleil. Lors donc que la lune vient à se trouver sur la même droite que lui, au-dessus de nos regards, et qu'elle s'interpose entre nous et ses rayons, alors elle dérobe la lumière qui vient de cet astre à la terre, plus pour certains lieux, moins pour d'autres; pour quelques endroits même, elle n'en cache rien du tout; car le soleil, ayant toujours une lumière qui lui est propre, ne la perd jamais ; et c'est ce qui fait que, dans les endroits où la lune n'est pas en opposition, de manière à le couvrir de son ombre, il ne cesse d'être visible en entier. Voilà ce qui a constamment lieu pour le soleil, et ce que Claude fit alors publier. Quant à la lune (il n'est pas hors de propos de parler d'elle aussi, puisque je suis engagé dans cette matière), toutes les fois que, se trouvant à son opposition avec le soleil (cela ne lui arrive qu'aux époques de pleine lune, comme au soleil qu'aux époques de nouvelle lune), elle rencontre l'ombre de la terre, qui a la forme d'un cône (la chose a lieu lorsqu'elle est au milieu de son mouvement latitudinal), elle est privée de la lumière que lui envoie le soleil, et se montre telle qu'elle est par elle-même. Voilà ce qu'il en est de ce phénomène.

[27] Cette année écoulée, Valérius Asiaticus fut consul pour la seconde fois, et M. Silanus pour la première. Ce dernier exerça sa charge pendant tout le temps pour lequel il avait été nommé ; Asiaticus avait été désigné consul pour l'année entière, ce qui se pratiquait pour d'autres aussi; au lieu de cela, il abdiqua volontairement cette charge, ce que d'autres avaient fait encore. Mais ceux-là l'avaient fait à cause de leur pauvreté (les dépenses pour les jeux du cirque étaient montées fort haut, et la plupart du temps il y avait vingt-quatre courses); Asiaticus le fit à cause de ses richesses, qui causèrent sa mort. Comme il avait de grands biens, et que son deuxième consulat l'avait rendu incommode et odieux à beaucoup de monde, il voulut se rabaisser, et, pour ainsi dire, s'amoindrir lui-même, dans l'espoir d'être ainsi moins exposé au danger. Son attente fut trompée. Pour Vinicius, Claude ne lui fit aucun mal (c'était un homme illustre, et il vivait en sûreté, tranquillement occupé de ses propres affaires); mais Messaline, ayant conçu des soupçons contre lui, parce qu'elle avait tué sa femme Julie, irritée, en outre, de ce qu'il avait refusé d'avoir commerce avec elle, le fit périr par le poison. Aussi fut-il honoré de funérailles aux frais de l'État, et d'une oraison funèbre, honneur qui, du reste, était accordé à beaucoup de monde. Quant à Asinius Gallus, frère utérin de Drusus, il ourdit une conspiration contre Claude; néanmoins il ne fut pas mis à mort, mais condamné à l'exil. La cause en fut, sans doute, qu'il n'avait pour cela ni réuni d'armée, ni amassé d'argent, et que l'excès de la folie, lui persuadant que les Romains, en considération de sa naissance, lui accorderaient volontairement la souveraineté, l'avait seul poussé à cette audace; mais ce fut plutôt que, méprisé pour la petitesse de sa taille et pour sa laideur, il était un sujet de risée, loin d'être un sujet d'inquiétude.

[28] Claude obtint pour cet acte des éloges sans réserve, et aussi, par Jupiter! parce qu'un affranchi ayant, non content de citer devant les tribuns du peuple le patron qui lui avait donné la liberté, demandé et obtenu l'assistance d'un licteur, il s'en montra indigné, punit l'affranchi et ceux qui lui avaient prêté leur concours, et défendit que, par la suite, personne prêtât aide à des affranchis qui présenteraient pareilles requêtes contre leurs anciens maîtres, sous peine d'être privé à jamais du droit d'intenter une accusation. On n'en était pas moins chagrin de le voir esclave de sa femme et de ses affranchis, surtout depuis le jour où plusieurs citoyens, et Claude lui-même, ayant cherché à faire périr, dans un combat de gladiateurs, Sabinus, gouverneur de la Gaule sous Caius, Messaline lui avait sauvé la vie; Sabinus, en effet, était son amant. Les Romains étaient affligés de cela, et aussi de ce que Messaline retenait près d'elle Mnester, qu'elle avait enlevé au théâtre, et parce que, toutes les fois que le peuple parlait des motifs qui empêchaient Mnester de danser, Claude en témoignait sa surprise et protestait avec serment, entre autres choses, qu'il n'avait pas de relations avec lui. Comme on croyait qu'il n'avait réellement pas connaissance de ce qui se passait, on était peiné qu'il fût le seul à ignorer les désordres de la maison impériale, désordres dont le bruit s'était déjà répandu jusque chez les ennemis; mais on ne voulait pas l'en avertir, par respect pour Messaline, et par crainte de nuire à Mnester, qui, s'il était agréable à Messaline pour sa beauté, ne l'était pas moins au peuple pour son talent. En effet, il était si habile danseur, qu'un jour, les spectateurs l'ayant prié avec de grandes instances de danser une pièce célèbre, il les regarda de la scène et répondit : « Je ne saurais, car j'ai couché avec Oreste. » Tels étaient donc les actes de Claude ; de plus, comme le nombre des procès était infini, et que ceux qui craignaient de succomber ne se rendaient pas à l'appel de leur cause, il avertit par un édit les parties intéressées que, passé un certain jour, qu'il fixa, il statuerait sur elles, même en leur absence, et il tint parole.

[29] L'année suivante, qui fut la huit-centième de Rome, furent consuls, Claude pour la quatrième fois, et L. Vitellius pour la troisième. Claude raya du sénat plusieurs membres qui, la plupart, loin de répugner à cette dégradation, la subirent volontiers à cause de leur pauvreté, et il en mit plusieurs autres en leur place. Un certain Surdinius Gallus, à qui ses moyens permettaient de faire partie du sénat; s'étant retiré à Carthage, il s'empressa de l'envoyer quérir, et lui dit : « Je t'attacherai par des chaînes d'or. » Ainsi Surdinius, enchaîné par sa dignité, demeura à Rome. Bien que Claude châtiât avec rigueur les affranchis des autres, quand il les prenait à mal faire, il était tellement indulgent pour les siens qu'un jour, au théâtre, un acteur ayant prononcé ce mot bien connu : « Insupportable est le marchand d'étrivières que la fortune a élevé »; et Polybe, son affranchi, sur qui tout le peuple avait jeté les yeux, ayant reparti à haute voix : « Le même poète a dit aussi : « Rois sont devenus, qui auparavant étaient chevriers »; il ne lui fit aucun mal. Avant reçu avis que plusieurs avaient conspiré contre lui, il méprisa tous les autres accusés en disant : On ne se doit pas venger d'une puce comme on se venge d'une bête farouche; » Asiaticus fut, seul, jugé dans l'appartement du prince, et encore il s'en fallut bien peu qu'il ne fût absous. Car, comme Asiaticus niait le crime, et répétait sans cesse : « Je n'ai jamais vu, je ne reconnais aucun de ces témoins qui déposent contre moi », un soldat qui prétendait avoir été son complice, et à qui on demanda où était Asiaticus, montra un homme chauve qui, par hasard, se tenait à peu de distance de l'accusé; c'était, en effet, le seul signalement qu'il eût de sa personne. Un grand éclat de rire s'en étant suivi et Claude étant sur le point d'absoudre l'accusé, Vitellius, pour faire sa cour à Messaline, dit qu'Asiaticus l'avait supplié de faire en sorte qu'il eût le choix du genre de mort. Ces paroles persuadèrent à Claude qu'Asiaticus s'était véritablement condamné lui-même dans sa conscience, et il le fit périr. Il sortit des flots cette même année, auprès de l'île de Théra, un îlot qui n'y était pas auparavant. Comme il y avait des maîtres qui, loin de prendre soin de leurs esclaves malades, les chassaient de leurs maisons, Claude disposa que tous ceux de ces esclaves qui, ayant été chassés de la sorte, recouvreraient la santé, seraient libres.

[30] En Bretagne, cependant, Vespasien ayant été enfermé par les barbares et courant risque d'y périr, son fils, saisi de crainte pour son père, rompit le cercle ennemi par une hardiesse extraordinaire, et tailla en pièces les fuyards. Plautius, pour sa belle conduite et ses succès dans la guerre de Bretagne, obtint de Claude des éloges et le triomphe. {Dans le combat de gladiateurs, on mit aux prises plusieurs affranchis étrangers et les captifs bretons; un grand nombre fut moissonné dans cette sorte de spectacle, et Claude s'en fit gloire.} Cn. Domitius Corbulon, qui commandait en Germanie, rassembla ses troupes et incommoda, entre autres barbares, le peuple appelé les Cauques. Il était sur la terre ennemie, lorsqu'il fut rappelé par Claude; instruit de sa valeur et de la discipline qu'il appliquait, le prince ne lui permit pas de grandir davantage. Informé de cet ordre, Corbulon revint sur ses pas, en se contentant de s'écrier : « Heureux les généraux d'autrefois ! » pour montrer qu'on pouvait alors sans danger être vaillant, au lieu que, lui, il trouvait un obstacle dans la jalousie de l'empereur. Malgré cela cependant il obtint les ornements du triomphe. Replacé à la tête de ses troupes, il n'en continua pas moins l'application de la même discipline, et, comme on était en paix, il les occupa à creuser, dans tout l'espace compris entre le Rhin et la Meuse, cent soixante-douze stades environ, un canal destiné à empêcher que le reflux de l'Océan, faisant remonter ces fleuves, inondât le pays.