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DION CASSIUS

TOME PREMIER

FRAGMENTS DES LIVRES I - XXXVI 

FRAGMENTS DU LIVRE V

Guerre contre les Volsques. Trahison de Coriolan: Rome sauvée par sa mère et son épouse. Guerre fratricide entre les patriciens et les plébéiens, avec des tentatives d'unité provoquées par des guerres contre les Étrusques, les Èques, et les Sabins. Les lois des Douze Tables.

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XXXV-XL. Histoire de Coriolan; sa mort

An de Rome 261

XXXV. Un certain Marcius s’était couvert de gloire en combattant contre les Volsques. Le consul lui offrit comme récompense beaucoup d’argent et un grand nombre de prisonniers. Marcius refusa tout, à l’exception d’une couronne et d’un cheval de guerre :quant aux prisonniers, il n’en demanda qu’un seul, qui était son ami, et lui rendit la liberté.

An de Rome 262-266

XXXVI. Il n’est pas facile au même homme d’exceller en tout et d’unir les qualités que demande la guerre à celles qu’exige la paix : celui-ci a la force physique en partage, mais il est souvent dépourvu de raison ; celui-là obtient coup sur coup les plus heureux succès ; mais sa prospérité est rarement durable. Ainsi, élevé au premier rang par ses concitoyens, Coriolan en fut bientôt précipité par leurs mains : après avoir soumis les Volsques à Rome, il se mit à leur tête et fit courir à sa patrie les plus grands dangers.

XXXVII. Coriolan brigua le consulat ; mais il ne put l’obtenir et fut vivement courroucé contre le peuple : cet échec et sa haine pour les tribuns dont la puissance était redoutable le poussaient à parler contre les plébéiens, plus hardiment que tous ceux qui pouvaient lui être comparés par leur mérite. Une violente famine survint, en même temps qu’une colonie devait être établie à Norba. Le peuple, à cette occasion, accusa les riches de le faire manquer de vivres et de l’engager à dessein dans des guerres continuelles, où il devait trouver une perte certaine : les hommes, quand ils se défient les uns des autres, prennent par esprit de parti tout en mauvaise part, même ce qui a leur salut pour objet. Coriolan, déjà plein de mépris pour le peuple, ne permit pas que le blé, transporté à Rome de plusieurs pays et en grande partie envoyé gratuitement par les rois de Sicile, fût distribué comme on le demandait. Les tribuns, dont il désirait la ruine avant tout, l’accusèrent de tyrannie auprès de la multitude et le firent condamner à l’exil, malgré les unanimes réclamations des patriciens, indignés de ce que le peuple osait rendre un pareil jugement contre leur ordre.

XXXVIII. Chassé de sa patrie, Coriolan se retira chez les Volsques, malgré la haine qu’ils lui portaient à cause de leurs désastres. Il se flatta qu’à raison de son courage dont ils avaient fait l’expérience et de sa colère contre ses concitoyens, les Volsques le recevraient volontiers dans l’espoir que, pour se venger, il ferait à Rome autant et même plus de mal qu’ils en avaient souffert. Et, en effet, nous sommes tous portés à croire que ceux qui nous ont causé de grands dommages les compenseront par autant de bien, s’ils en ont la volonté et le pouvoir.
Coriolan s’indignait de ce que les Romains, au moment où leur pays était menacé, n’abandonnaient pas dans une position aussi critique le territoire d’un autre peuple. La nouvelle de la marche des Vosques ne fit aucune impression sur les hommes : en proie aux plus vives dissensions, le danger même ne put les réconcilier.

 XXXIX. Les femmes, je veux dire Volumnie, épouse de Coriolan, Véturie sa mère et les dames romaines les plus illustres se rendirent dans son camp avec ses propres enfants ; mais loin de l’amener à transiger au sujet du pays conquis sur les Volsques, elles ne purent même le faire consentir à son retour. A peine instruit de leur arrivée, il les admit en sa présence et leur permit de parler. Voici comment l’entrevue se passa : toutes les femmes gardaient le silence et tombaient en larmes. Véturie s’écria : "Que signifient, mon fils, ton étonnement et ta surprise ? Nous ne sommes pas venues en transfuges : c’est la patrie qui nous envoie : nous serons toujours ta mère, ta femme, tes enfants, si tu te laisses fléchir ; sinon, nous ne serons plus que ton butin. Si ta colère tient ferme encore, massacre-nous dans les premières. Pourquoi détourner ton front à ces paroles ? Ignores-tu que naguère livrées, dans Rome, à la douleur et aux larmes, nous les avons interrompues pour venir te voir ? Réconcilie-toi avec nous, et ne poursuis plus de ta haine tes concitoyens, tes amis, nos temples, nos tombeaux. Ne marche plus contre ta patrie avec un coeur ennemi ; ne va pas assiéger une ville où tu es né, où tu as été élevé, où tu as reçu le glorieux surnom de Coriolan. Cède à mes paroles, mon fils : ne me congédie point sans avoir exaucé ma prière ; si tu ne veux me voir tomber à tes pieds, frappée de ma mai,."

  XL. Ainsi parla Véturie, et des larmes coulent de ses yeux. Elle déchire ensuite ses vêtements, découvre son sein et portant ses mains sur son flanc : "Voilà, s’écrie-t-elle, mon fils, le flanc qui t’a mis au jour et le sein qui t’a nourri." A ces mots, la femme de Coriolan, ses enfants, toutes les dames romaines pleurent ensemble. Il partage leur douleur : à peine peut-il résister encore, et, prenant sa mère dans ses bras et la couvrant de baisers : "Oui, ma mère, dit-il, je t’obéis : tu triomphes de ton fils ; c’est toi que les Romains devront remercier. Pour moi, je ne saurai supporter les regards de ceux qui ont payé de l’exil les plus grands services ; jamais je ne rentrerai dans Rome. Que la patrie te tienne lieu de fils ; tu l’as voulu : moi, je vivrai loin de vous." En prononçant ces mots, il se leva ; soit qu’il craignît la foule qui l’entourait, soit qu’il eût honte d’avoir pris les armes contre ses concitoyens. Il refusa de retourner dans sa patrie ; comme on lui proposait, et se retira dans le pays des Vosques où il finit ses jours, victime d’un piège ou accablé par les ans.

XLI. Sp. Cassius mis à mort : An de Rome 269

XLI. Cassius fut mis à mort par les Romains, après leur avoir rendu de signalés services. Son exemple prouva qu’il ne faut pas compter sur la multitude : elle sacrifie ses meilleurs amis, comme les hommes qui lui ont fait le plus de mal. Toujours dominée par l’intérêt du moment, elle exalte ses bienfaiteurs ; disposée, dès qu’elle en a tiré tout ce qu’elle pouvait attendre, à ne pas leur témoigner plus d’attachement qu’à ses plus grands ennemis. Ainsi Cassius, après avoir tout fait pour le peuple, fut massacré pour les actes qui lui avaient procuré tant de gloire : sa mort fut évidemment l’oeuvre de l’envie et non la peine d’une conduite coupable. 

XLII. Guerres continuelles

XLII. Ceux qui succédaient dans les charges publiques faisaient à dessein naître guerre sur guerre. Ils n’avaient pas d’autre moyen de contenir la multitude, et ils espéraient qu’occupée par ces guerres, elle ne susciterait aucun trouble au sujet des terres.

XLIII. Vestale enterrée vivante : An de Rome 271

XLIII. Frappés de revers continuels, les Romains les attribuèrent à la vengeance des dieux. D’après les lois de leur pays, ils enterrèrent toute vivante une vestale accusée d’avoir provoqué la colère céleste, en profanant son voeu de chasteté et en souillant son ministère par un commerce illégitime. 

XLIV. Fragment relatif à la guerre entre les Véiens et les Étrusques

An de Rome 274 - 275

 XLIV. Les soldats, ainsi excités par les deux consuls, jurèrent de reporter la victoire. Dans leur ardeur, ils allèrent jusqu’à s’imaginer qu’ils étaient maîtres de la fortune.
La plupart des hommes ont coutume de lutter aux dépens de leur intérêt contre ceux qui résistent, et de tenter plus qu’ils ne peuvent, pour rendre service à ceux qui cèdent. 

XLV. Dévouement et mort des 306 Fabius : An de Rome 277.

XLV. Les Fabius qui, par leur naissance et leurs richesses, pouvaient se croire les égaux des premiers citoyens, virent sur-le-champ à quel point les Romains étaient découragés. Certains hommes, dans une position embarrassante et difficile à surmonter, loin de pouvoir prendre une résolution contre les dangers accumulés autour d’eux, désespèrent de triompher même des moindres : perdant ainsi toute fermeté et toute assurance par un abattement inopportun, ils tombent dans une inaction volontaire, comme si leurs efforts avaient toujours été impuissants ; enfin ils s’abandonnent à un destin aveugle et attendent avec résignation tous les coups de la fortune.
Les Fabius, au nombre de trois cent six, furent massacrés par les Etrusques : souvent les hommes que leur courage remplit de hardiesse trouvent leur perte dans cette audace même, et ceux qui tirent vanité de leur bonheur sont précipités dans l’adversité par un orgueil insensé. A Rome, la mort de Fabius fit éclater, en public et en particulier, une douleur qui pouvait paraître exagérée eu égard à leur nombre, quoique ce nombre fût considérable, alors qu’il s’agissait de patriciens ; mais tels étaient leur rang et leur grandeur d’âme que Rome crut avoir perdu toute sa force, en les perdant. Le jour où ils avaient péri fut donc inscrit parmi les jours néfastes, et la porte par laquelle ils étaient partis pour cette expédition fut marquée d’infamie : jamais général ne sortit plus par cette porte. Titus Ménénius, chef de l’armée au moment de ce désastre, fut accusé devant le peuple et condamné, pour n’avoir point secouru les Fabius et pour avoir perdu une bataille après leur défaite. 

XLVI-XLVII. Nouvelles dissensions entre les patriciens et les plébéiens : An de Rome 277-296

 XLVI. Il arrivait rarement aux Patriciens de résister à force ouverte et avec des imprécations ; mais ils faisaient souvent massacrer en secret les tribuns les plus audacieux : les autres ne furent arrêté ni par leur mort ni par le souvenir des neufs tribuns que le peuple livra jadis aux flammes. Tous ceux qui, plus tard, se succédèrent dans la même charge, puisant dans leurs vues ambitieuses plus de confiance pour de nouvelles tentatives que de crainte dans la fin tragique de leurs devanciers, s’enhardissaient davantage. Ils faisaient valoir la mort de leurs prédécesseurs comme un droit pour leur vengeance personnelle, et trouvaient un grand plaisir à penser qu’ils échappaient au danger, contre toutes les apparences. Aussi plusieurs patriciens, qui n’avaient pu réussir autrement, se firent-ils inscrire dans la classe des plébéiens dont l’obscurité leur paraissait beaucoup plus propre à servir leurs prétentions au tribunat que l’éclat impuissant du patriciat ; alors surtout qu’un grand nombre de plébéiens, par une violation manifeste de la loi, étaient élus deux ou trois fois tribuns, quelquefois même davantage, sans aucune interruption.

XLVII. Le peuple en vint là par la faute des patriciens : ils avaient cru travailler dans leur intérêt, en lui suscitant des guerres continuelles ; afin de le force par les dangers du dehors à se montrer plus modéré ; mais le peuple n’en était que plus mutin. Il ne consentait plus à se mettre en campagne qu’après avoir obtenu ce qu’il désirait ; s’il marchait quelquefois contre les ennemis, il combattait sans ardeur, à moins que toutes ses exigences ne fussent satisfaites. Aussi plusieurs nations voisine, comptant réellement plus sur les divisions de Rome que sur leurs propres forces, tentaient de nouveaux mouvements. 

XLVIII. Insolence des Éques : An de Rome 296

XLVIII . Les Eques, maîtres de Tusculum et vainqueurs de M. Minucius, furent si fiers de ce succès, que, sans répondre aux ambassadeurs venus de Rome pour se plaindre de la prise de cette ville, ils chargèrent leur général Cloelius Gracchus de les engager, en leur montrant un chêne, à raconter, s’ils le voulaient, leurs griefs à cet arbre.

XLIX-LI. Q. Cincinnatus est élu dictateur; état de Rome et de l'armée

An de Rome 296.

XLIX. Les Romains instruits que Minucius avait été surpris avec une partie de l’armée dans une gorge remplie de broussailles, élurent dictateur, pour marcher contre les Eques, L. Quintius, pauvre et cultivant de ses mains un petit champ, sa seule propriété, mais qui égalait en mérite les citoyens les plus recommandables et l’emportait sur tous par la modération de ses désirs : toutefois il fut surnommé Cincinnatus, parce qu’il bouclait ses cheveux.

An de Rome 305.

L. Les troubles régnaient dans les camps et à Rome : sous les drapeaux chacun, domoné par le désir de ne rien faire d’agréable pour ceux qui étaient revêtus du pouvoir, trahissait volontiers les intérêts publics et ses intérêts propres. Dans Rome, non seulement les magistrats se réjouissaient de la mort de leurs adversaires, tombés sous les coups des ennemis, mais ils faisaient adroitement périr plusieurs des plus actifs partisans du peuple : de là naissaient des séditions violentes.

An de Rome 337.

LI. Leur ambition et les rivalités qu’elle enfantait grandirent au point que les chefs de l’armée ne commandèrent plus en même temps, comme c’était l’usage ; mais séparément et chacun à son tour. Innovation funeste : dès lors chacun eut en vue son intérêt personnel et non l’intérêt général, aimant mieux voir la république essuyer un échec que son collègue se couvrir de gloire ; et des maux sans nombre affligeaient la patrie.La démocratie ne consiste pas à tout donner également à tous; mais à faire obtenir à chaque citoyen ce qu’il mérite.  


XXXVII. Une violente famine survint (p. 81). Tite-Live, II, 34 : « Eo anno, quum et foris quieta omnia a bello essent, et domi sanata discordia, aliud multo gravius malum civitatem invasit : caritas primum annonae, ex incultis per secessionem plebis agris; fames deincle, qualis clausis solet... Incommodo bello in tam arctis commeatibus vexais forent, ni Volscos jam moventes arma, pestilentia iugens invasisset. » CI'. Denys d'Hal. A. R. Vll, 13.

A Norba (p. 8 L). Tite-Live, Il, 34 : « Velitris auxere numerum colonorum Romani, et Norbae in montes novam coloniam, qum arx in Pomptino esset, miserunt. » De même dans Denys d'Hal., l. l.

Comme on le demandait (Ibid.). Tite-Live, l. l.: « M. Minucio deinde et A. Sempronio consulibus, magna vis frumenti ex Sicilia advecta; agitatumque in senatu quanti plebi daretur. Multi venisse tempus premendae plebis putabant, recuperandique jura quæ extorta secessione ac vi patribus essent; in primis Marcius Coriolanus, hostis tribuniciae potestatis etc. » Cf. Denys d'Hal., l. l. VII, 22-24; et Plutarque, l. l. XVI.

Le firent condamner à l'exil (Ibid.) Le même, l. l., 35 : « Adeo infensa erat coorta plebs, ut unius poena defungendum esset patribus. Restiterunt tarnen adversa invidia, usique sunt, qua suis quisque, qua totins ordinis viribus... Universi deinde processere (quidquid erat patrum reos diceres), precibus plebern exposcentes; « unum sibi civem, unum senatorem, si innocentem absolvere nollent, pro nocente douareut.» Ipse quum die dicta non adesset, perseveratum in ira est. Damnatus absens in Volscos exsulatum abiit, minitans patrice, hostilesque jam tum spiritus gerens. » Cf. Denys d'Hal., l. l. 64 et suiv.

XXXVIII. Coriolan se retira chez les Volsques (p. 83). Cf. Tite-Live, l. l. ; et Plutarque, l. l. XXI. 

XXXIX. Les femmes (Ibid.). On pourra comparer les Fr. XXXIX et XL avec Tite-Live, l. l 40; Denys d'Hal. A. R. VIII, 44-54 ; Plutarque, Coriol., XXI-XXXVI. 
M. Duruy, Hist. Rom. I, p. 169, note 2, fait des observations judicieuses sur toute cette histoire de Coriolan : « Pour remplir l'intervalle vide de faits, qui s'écoule entre les années 493 et 486 (Av. J. C.), on place d'ordinaire immédiatement après l'établissement du tribunat, le procès de Coriolan et les démêlés des tribuns avec les consuls au sujet des colonies de Norba et de Vélitres, c'est-à-dire la conquête pour les tribuns du droit de parler devant le peuple sans être interrompus, de convoquer les comices par tribus, de rendre des plébiscites, de juger et de condamner à mort des patriciens. C'est méconnaître les humbles commencements de cette magistrature, qui, la première année de son existence, n'était pas certes assez forte pour braver le sénat, les patriciens et les consuls. Outre cette considération, plusieurs circonstances sont matériellement fausses. Ainsi Norba et Vélitres n'étaient pas alors des colonies romaines, mais des cités latines indépendantes, comme le prouve le traité de Cassius avec les Latins; Corioles n'était pas une ville volsque prise par les Romains; mais une des trente républiques latines. Enfin Coriolan est dit avoir fait fort jeune ses premières armes à la bataille du lac Rhégille, en 496 (Av. J. C.), et en 492, il demande le consulat et est père de plusieurs enfants. La tradition relative à Coriolan a sans doute un fond historique; mais cette proscription d'un des plus illustres patriciens, cette vengeance d'un chef de bannis, doivent appartenir à l'époque qui vit la condamnation de Ménénius et d'Appius, l'exil de Caeson et la tentative d'Herdonius, etc. »

XLI. Cassius fut mis à mort (p. 89). Denys d'Hal. A. R. VIll, 69 et Tite Live, II, 41. 

De signalés services (Ibid.). Sp. Cassius par son traité avec les Latins, durant son second consulat, et sept ans plus tard par celui qu'il conclut avec les Herniques, avait deux fois raffermi au dehors la puissance de Rome.
Voir pour le premier de ces traités, Denys d'Hal. A. R. VI, 95 :
Peut-être est-il permis de rapporter à ce traité la clause mentionnée, d'après Cincius, par Festus, aux mots Praetor ad portant salutatus, p. 96-97, id. de M. Egger: Alba deinde diruta.... eos populos Latinos ad capud oetentinae (i. e. caput Ferentinae), quod est sub monte Albano, consulere solito, et imperium communi consilio administrare. Itaque quo anno Romanos imprimis ad exercitum mittere oportet, jussu nominis Latini, complures nostros in Capitolio a sole oriente auspiciis operam dare solitos.
Du temps de Cicéron, ce traité était gravé sur une colonne d'airain et placé derrière les Rostres : cf. Disc. pour L. C Balbus, XXIII.
Les mêmes conditions furent imposées plus tard aux Herniques : Denys d'Hal. l. l. VIII, 69 : Διαπραξάμενος δὲ τὸν θρίαμβον αὑτῷ δοθῆναι τὰς πρὸς Ἑρνικας ἐξήνεγκεν ὁμολογίας. Αὒται δὲ ἦσαν ἀντίγραφοι τῶν πρὸς Λατίνους γενομένων.

Sa mort, etc. (p. 89). Dion venge la mémoire de Cassius. Denys, A. R. Vlll, 82, avait commencé la réparation en disant que le peuple se repentit bientôt d'avoir abandonné ce défenseur de ses intérêts : Ἐπιστάντων δὲ τῶν ἀρχαιρεσίων, ἔδοξε τοῖς πατρικίοις ἠρεθισμένον ὁρῶσι τὸν δῆμον, καὶ μεταμελόμενον ἐπὶ τῇ Κασσίου καταδίκῃ κτλ. Cf. Tite-Live, ll, 42.

XLV. Les Fabius au nombre de trois cent six (p. 93). Tite-Live, Il, 50 : Fabii caesi ad unum omnes, praesidiumque expugnatum : trecentos sex periisse satis convenit : unum prope puberem astate relictum, stirpem genti Fabiae, dubiisque rebus populi romani saepe domi bellique vel maximum futurum auxilium. Pour tout le récit sur les Fabius, cf. Tite-Live, l. l. 48.50; Denys d'Hal. A. R. IX, 19-22; Florus, I, 12; Orose, II, 5. Perizonius, Animadv. Histor. V, p. 185 et suiv., le relègue parmi les exemples de la simplicité et de la crédulité antiques.

Fut marquée d'infamie (p. 95). Florus, 1. I.: « Scelerato signata nomine, quae proficiscentes in praelium porta dimisit.» Reimar fait à bon droit remarquer que sceleratum a ici, comme dans beaucoup de passages, le sens de contaminatum - quod infaustum exitum ominari videbatur, et il cite ce vers d'Ovide, Fast. II, 204 :
Porta caret culpa, sed tarnen omen habent.
Cf. dans une inscription de Reinesius, XII, 122, mater scelerata, c'est-à-dire, infelix.

Titus Ménénius fut accusé et condamné (Ibid.). Tite-Live, l. l. 52 : Q. Considius et T. Genucius, auctores agrariae legis, T. Menenio diem dicunt: invidiae erat amissum Cremerae praesidium, quum haud procul inde stativa consul habuisset : eum oppresserunt. Cf. Denys d'Hal. A. R. IX, 23. 

Pour avoir perdu une bataille (Ibid.). Le même, l. l. 54: Quum haec accepta clades esset, jam C. Horatius et T. Menenius consules erant. Menenius adversus Tuscos victoria elatos confestim missus : tum quoque male pugnatum est, et Janiculum hostes occupavere.

XLVI. Les tribuns les plus audacieux (Ibid.). Dion va plus loin que Tite-Live, qui parle seulement du meurtre d'un tribun, l. l. 54 : Tandem, qui obversati vestibulo tribuni fuerant, nunciant domi mortuum esse inventum.
Toutefois ce qu'il dit, l. l., des dispositions des patriciens rend le récit de Dion fort vraisemblable : Patres consilia inde non publics, sed in privato, seductaque a plurium conscientia bahere... Praecipuus pavor tribnnos invaserat, quam nihil anxilii sacratae leges haberent, morte collegae monitos. Nec patres satis moderate ferre laetitiam : adeoque neminem noxiae poenitebat, ut etiam insontes fecisse videri vellent, palamque ferretur, malo domandam tribuniciam potestatem. 

XLVIII. En leur montrant un chêne (p. 99). Tite-Live, III, 25: Eos Aequorum imperator, quae mandata habeant ab senatu romano ad quercum jubet dicere, se alia interim acturum. Quercus ingens arbor praetorio imminebat, cujus umbra opaca sedes erat. Tum ex legatis anus abiens : Et haec, inquit, sacrata quercus, et quidquid Deorum est, audiant foedus a vobis ruptum.
Dans Denys d'Hal. A. R. X, 22, les paroles de Claelius Gracchus expliquent jusqu'à un certain point cette injurieuse plaisanterie.

XLIX. Dans une gorge (p 101). Voir Denys d'Hal., l. l. 23. Cf. Tite-Live, III, 26; Florus, I, 11; S. Aur. Victor, De Vir. illustr. XVII, éd. Arntzen.; Eutrope, I, 15; Orose, II, 12. 

L. Quintius (Ibid.). Des circonstances importantes, omises ici, sont consignées dans le récit de Denys d'Hal., l. l.

Parce qu'il bouclait ses cheveux (p. 101). Les cheveux bouclés étaient une recherche, abandonnée à la coquetterie des femmes : la forme donnée par Dion à ce dernier trait en fait une sorte de reproche contre la mémoire de L. Quintius. On peut répondre par cette observation de Stanislas Kobierzich, Du Luxe des Romains, Ant. Rom. de Graevius, t. VIII, p. 1303 et suiv.: Crines hos Cincinnatorum natura flexerat, non luxuria, quos si illorum seculo lascivia in cirros contorsisset, non Cincinnatorum nomen tantum usurpassent, sed urbe fortunisque ejecti in exilium concessissent.

LI. Et les rivalités (p. 103). On a vu (p. 102, note 3) que je rapporte ce fragment aux différends survenus entre les tribuns L. Sergius Fidenas, M. Papirius Mugillanus et C. Servilius : ce dernier était fils de Priscus, dictateur à l'époque de la prise de Fidenès.
Quelques détails ne seront pas déplacés; je les emprunte à Tite-Live, IV, 45 : Nunciabant legati Lavicanos arma cepisse et cum Aequorurn exercitu depopulatos agrum Tusculanum castra in Algido posuisse. Tmn Lavicanis bellum indictum; factoque senatusconsulto, ut duo ex tribunis ad bellum proficiscerentur, usus res Romae curaret, certamen subito inter trihunos exortum ; se quisque belli ducem potiorem ferre, curam Urbis, ut ingratam ignobilemque aspernari. Quum parum decorum inter collegas certamen mirabundi patres conspicerent, Q. Servilius : « Quando nec ordinis hujus ulla, inquit, nec reipublicae est verecundia, patria majestas altercationem istam dirimet; filius meus extra sortem Urbi praeerit. Bellum utinam qui appetunt, considerantius concordiusque quam cupiunt gerant. »