RETOUR À L’ENTRÉE DU SITE

ALLER A LA TABLE DES MATIERES DE DION CASSIUS

DION CASSIUS

TOME PREMIER

FRAGMENTS DES LIVRES I - XXXVI

FRAGMENTS DU LIVRE I

 

texte grec seul

pour avoir le texte grec d'un chapitre, cliquer sur le chapitre

INTRODUCTION - FRAGMENTS DU LIVRE II

 

 

I. PRÉFACE de Dion Cassius

I. ... J’ai lu à peu près tout ce que divers historiens ont écrit sur les Romains ; mais je n’ai pas tout inséré dans mon ouvrage : j’ai dû choisir et me borner. Si j’ai fait usage des ornements du style, autant que mon sujet le comportait, ce n’est pas une raison pour révoquer en doute ma véracité , comme cela est arrivé à l’égard d’autres écrivains : car je n’ai rien négligé pour unir le mérite du style à l’exactitude historique. Je commencerai mon récit à l’époque où la lumière brille dans les traditions qui nous sont parvenues sur la terre que nous habitons ; je veux dire sur la contrée où Rome a été fondée. 

II-VI. Notions géographiques sur l'Italie ancienne

II. Le nom d’Ausonie n’appartient proprement, comme l’écrit Dion Cocceianus, qu’au pays des Aurunces, situé entre celui des Campaniens et celui des Volsques, le long de la mer. Plusieurs ont pensé qu’elle s’étendait jusqu’au Latium, ce qui fit appeler Ausonie l’Italie entière.
III. Les Liguriens habitent la côte maritime, depuis la Tyrrhénie jusqu’aux Alpes et au pays des Gaulois, comme le rapporte Dion.
IV. Les Iapyges et les Apuliens sont établis sur les bords du golfe Ionien. Les peuples de l’Apulie sont, suivant Dion, les Peucétiens, les Poedicules, les Dauniens, les Tarentins et les habitants de Cannes. La plaine de Diomède est située aux environs de l’Apulie Daunienne. 
V. La Messapie et l’Iapygie reçurent plus tard le nom de Salentie et celui de Calabre. La ville de Diomède, Argyrippe, changea aussi le sien et fut appelée Arpi par les Apuliens.
VI. Là, où se trouve maintenant Chôné, était une contrée nommée primitivement Oenotrie : Philoctète vint s’y fixer après la destruction d’Ilion, comme le disent Denys, Dion Cocceianus et tous ceux qui ont écrit l’histoire des Romains. 

VII. Évandre, fondateur de Pallantium

Avant J.-C. 1330

VII. Evandre, né en Arcadie, partit de Pallantium avec une troupe de ses compatriotes, pour aller établir une colonie ; il fonda sur les bords du Tybre une ville qui, de nos jours, forme une partie de Rome : elle reçut le nom de Pallantium, en mémoire de la ville d’Arcadie qui s’appelait ainsi : dans la suite, ce nom perdit un "lamda" et un "nu"  

VIII. Arrivée d'Énée en Italie; rois Albains

Avant J.-C. 1270

VIII. Cinquante-cinq ans s’étaient écoulés depuis Hercule, lorsqu’Énée, après la prise de Troie, vint, comme nous l’avons dit, en Italie, dans le pays des Latins. Il aborda près de Laurente, appelée aussi Troie, sur les bords du fleuve Mumicius, avec son fils Ascagne ou Ilus qu’il avait eu de Créuse. Là, tandis que ses compagnons mangeaient l’ache, ou la partie la plus dure des pains qui leur servaient de tables (ils n’en avaient pas une seule) ; une truie blanche s’élança de son vaisseau vers un mont, qui prit d’elle le nom de Mont Albain. Elle mit bas trente petits, présage certain qu’au bout de trente ans, les descendants d’Énée seraient maîtres de ce pays, où ils exerceraient une domination mieux établie. Guidé par ce présage, il mit un terme à sa vie errante, immola cette truie et se prépara à bâtir une ville.
Latinus ne le permit pas : il fit la guerre ; mais il fut vaincu et donna la main de Lavinie, sa fille, à Enée qui fonda une ville et la nomma Lavinia. Latinus et Turnus, roi des Rutules, s’arrachèrent mutuellement la vie, en combattant l’un contre l’autre : Énée devint roi. A son tour, il succomba près de Laurente, dans une guerre contre ces mêmes Rutules et le Tyrrhénien Mézence : Lavinie, son épouse, était alors enceinte. Ascagne, fils de Créuse, régna : il remporta une victoire décisive sur Mézence qui, après avoir refusé de recevoir des ambassadeurs, lui avait déclaré la guerre et voulait soumettre à un tribut annuel tous les états de Latinus. Les Latins grandirent en nombre et en puissance : lorsqu’arriva la trentième année, indiquée par la truie mystérieuse, ils dédaignèrent Lavinium et bâtirent une autre ville, appelée Albe la Longue, c’est-à-dire "Leukên Makran", à l’occasion de cette truie qui fit donner aussi à une montagne voisine le nom de Mont Albain. Les tatues des dieux, emportées de Troie, retournèrent seules à Lavinium. Après la mort d’Ascagne régna, non pas Iule, son fils ; mais Silvius, fils d’Énée et de Lavinie, ou suivant d’autres, Silvius, fils d’Ascagne. Silvius eut pour fils le second Énée ; celui-ci Latinus ; Latinus Capys ; Capys Tiberinus ; Tiberinus Amulius ; Amulius Aventinus.
Jusqu’à présent il a été question d’Albe et des Albains : ici commence l’histoire de Rome. Aventinus eut deux fils, Numitor et Amulius, qui détrôna Numitor et tua Aegeste, son fils, à la chasse. Quant à la soeur d’Aegeste, fille du même Numitor et qui s’appelait Silvia ou Rhéa Ilia, il en fit une prêtresse de Vesta, pour l’astreindre à la virginité : il craignait un oracle qui avait prédit qu’il serait assassiné par les enfants de Numitor. Il fit donc périr Aegeste et consacra sa soeur à Vesta, afin qu’elle restât fille et sans enfants ; mais étant allée chercher de l’eau dans un bois consacré à Mars, elle devint enceinte et mit au monde Romulus et Rémus. La fille d’Amulius sauva Ilia par ses prières : les deux jumeaux furent remis au berger Faustulus, mari de Laurentia, pour être jetés dans le Tibre. Sa femme, récemment accouchée d’un enfant mort, les recueillit et les nourrit.
Devenus grands, Romulus et Rémus gardaient des troupeaux dans les terres d’Amulius : ils tuèrent quelques bergers de leur aïeul Numitor et se virent, dès lors, en butte à mille pièges. Rémus fut pris : aussitôt Romulus courut annoncer la captivité de son frère à Faustulus qui, à son tour, s’empressa de tout raconter à Numitor. Celui-ci finit par reconnaître en eux les enfants de sa fille. Romulus er Rémus, à la tête d’une troupe nombreuse, massacrèrent Amulius, rendirent à Numitor, leur aïeul, la royauté d’Albe, et commencèrent à bâtir Rome : Romulus alors était âgé de dix-huit ans. Avant cette grande Rome, élevée par Romulus, près de la demeure de Faustulus, sur le mont Palatin, une autre qui avait la forme d’un carré, fut fondée par Rémus et Romulus, beaucoup plus anciens.

IX-XII. Romulus et Rémus, fondateurs de Rome  

IX. Dion dit au sujet des Tyrrhéniens : "Je devais placer dans cette partie de mon ouvrage ce que je viens de raconter sur ce peuple : je rapporterai de même, dans le moment convenable, tels et tels autres faits qui, amenés par la suite de ma narration, pourront en orner le tissu. Il suffira d’en faire autant pour toutes les digressions qui seront nécessaires ; car je compose, suivant mes moyens, une histoire complète des Romains : pour les autres peuples, je me bornerai à ce qui aura quelque rapport avec cette histoire."

X. Il n’est donné à l’homme ni de tout prévenir, ni de trouver un moyen d’éviter ce qui doit nécessairement arriver. De cette jeune fille naquirent les vengeurs du crime d’Amulius.

XI. La discorde éclata entre Rémus et Romulus. Les Romains bannirent le meurtrier de Rémus.
Pour certains hommes, les positions les plus critiques sont moins dangereuses que la prospérité.
Ils s’instruisirent eux-mêmes et ils instruisirent les autres.
Ceux qui se vengent n’arrivent jamais à une satisfaction complète, à cause du mal qu’ils ont d’abord souffert ; et ceux qui redemandent à un homme plus puissant qu’eux ce qu’il leur a ravi, bien loin de l’obtenir, perdent souvent même ce qui leur restait encore.

An de Rome 1

XII. Romulus, traçant sur le mont Palatin la figure de Rome qu’il allait fonder, attacha au même joug un taureau et une génisse : le taureau penchait hors de l’enceinte, du côté de la plaine ; la génisse penchait du côté de la ville. Par ce symbole, Romulus exprimait le voeu que les hommes fussent redoutables aux étrangers, les femmes fécondes et vouées aux soins domestiques. Il prit ensuite, hors de l’enceinte, une motte de terre qu’il jeta en dedans, et il demanda aux dieux que Rome grandit aux dépens des autres peuples.  

XIII. Combat des Romains et des Sabins; Hersilie

An de Rome 7

XIII. Hersilie et les autres femmes de la même nation, à la vue des Romains et des Sabins rangés en bataille, accourent du mont Palatin, tenant leurs enfants dans leurs bras : plusieurs étaient déjà nés. Elles s’élancent soudains dans l’espace placé entre les deux armées : tout dans leurs paroles, tout dans leurs actions excite la pitié ; elles se tournent tantôt vers les uns, tantôt vers les autres, en s’écriant : "Que faites-vous, ô nos pères ? Que faites-vous, ô nos époux ? Jusques à quand combattrez-vous ? Jusques à quand dureront vos haines réciproques ? Réconciliez-vous avec vos gendres ; réconciliez-vous avec vos beaux-pères ? Au nom de Pan, épargnez vos enfants ; au nom de Quirinus, épargnez vos petit-fils. Ayez pitié de vos filles, ayez pitié de vos femmes. Si votre haine ne peut s’éteindre, si le délire s’est emparé de vous et vous égare, commencez par nous massacrer, nous pour qui vous combattez ; frappez, égorgez d’abord ces enfants : quand les noms les plus saints , quand les liens du sang ne vous uniront plus, vous n’aurez pas à craindre le plus grand des malheurs ; celui de donner la mort, vous aux aïeux de vos enfants ; vous aux pères de vos petits-fils." A ces mots, elles déchirent leurs vêtements et découvrent leur sein et leur flanc : les unes heurtent les épées nues ; les autres se précipitent sur ces épées avec leurs enfants. A ce spectacle, Romains et Sabins versent des larmes : ils renoncent au combat et entrent sur-le-champ en pourparlers, dans ce lui même, qui reçut, à cette occasion, le nom de Comitium.

XIV. Le peuple romain est divisé en tribus

XIV. Tribu, signifie le tiers, ou la troisième partie. Les gardes de Romulus, au nombre de trois mille, comme le rapporte Dion dans le premier livre de son histoire, furent divisés en trois parties appelées tribus ou "trittuas" que les Grecs nommaient aussi "phulas". Chaque tribu fut partagée en dix curies ou phrontistéries. (Cura, chez les latins, a la même signification que "phrontis"). Les citoyens, compris dans la même tribu, se réunissaient pour s’occuper de leurs intérêts communs. En Grec, les Curies s’appellent "phatriai" et "phatriai", c’est-à-dire hétéries, confréries, associations, collèges, à cause du droit accordé à tous les membres d’exprimer ou de mettre au jour leur avis, en toute liberté et sans crainte. De là encore, le nom de "phrateres" donné aux pères, aux parents et aux instituteurs de la même tribu : peut-être aussi fut-il tiré du mot latin Frater, qui signifie frère.
Il y a une grande différence entre établir de nouvelles tribus et donner un nom particulier à celles qui existaient déjà.

XV. Conduite despotique de Romulus envers le sénat

An de Rome 18-39

XV. Romulus se montrait plein de dureté envers le Sénat et agissait en véritable tyran à son égard : il rendit aux Véiens leurs otages, de sa propre autorité et sans le consulter, ce qui arrivait souvent. Les Sénateurs en témoignèrent du mécontentement ; Romulus irrité leur adressa des reproches sévères et finit en disant : "Pères conscrits, je vous ai choisi, non pour me commander, mais pour recevoir mes ordres." 

XVI-XVII. Numa; son règne comparé à celui de Romulus

An de Rome 40

XVI. Numa, en sa qualité de Sabin, avait demeure sur le mont Quirinal ; le siège de son gouvernement était situé dans la voie Sacrée. Il se tenait souvent dans le voisinage du temple de Vesta : quelquefois il habitait la campagne.
Dion dit : "Je m’applique à écrire toutes les actions mémorables des Romains, en temps de paix et en temps de guerre ; de telle manière qu’eux-mêmes et les autres peuples n’aient à regretter l’absence d’aucun fait important."
Cet historien ajoute : "Les Romains se civilisèrent d’eux-mêmes, aussitôt qu’ils connurent le culte des dieux. Par là, ils vécurent entre eux et avec les autres peuples dans une paix profonde, durant tout le règne de Numa. Ce prince et Romulus furent regardés comme un présent du ciel : ceux qui connaissent à fond l’histoire des Sabins affirment qu’il naquit le jour même de la fondation de Rome. Grâce à ces deux rois, cette ville fut bientôt puissante et sagement constituée : le premier (il devait en être ainsi dans un Etat nouveau) lui apprit les arts de la guerre, le second les arts de la paix, et Rome excella dans les uns et les autres.

XVII. La plupart des hommes méprisent les choses qui se rapprochent de leur nature, ou qui sont sans cesse auprès d’eux ; parce qu’ils ne les croient pas au-dessus de leur propre mérite. Au contraire, ils montrent une crainte religieuse pour celles qui, placées loin de leurs regards ou s’écartant de leur nature, paraissent avoir une grande supériorité. Numa le savait bien : aussi consacra-t-il aux Muses un lieu particulier. 

XVIII. Janus

XVIII. Suivant Dion, historien de Rome, un ancien héros, appelé Janus, reçut pour prix de son hospitalité envers Saturne la connaissance de l’avenir et du passé : voilà pourquoi les Romains le représentent avec deux visages. Ils ont donné son nom au mois de janvier et placé dans ce mois le commencement de l’année.

ÉCLAIRCISSEMENTS.
1. A l'exactitude historique (p. 5). Divers passages, disséminés dans l'ouvrage de Dion, attestent ses efforts pour arriver à une grande exactitude historique. Je les ai réunis dans cette note : le lecteur me pardonnera, j'espère, la longueur des citations, en considération de leur importance.
1° Dion consacra dix ans à rassembler les matériaux dé son histoire, depuis les temps primitifs de Rome, jusqu'à la mort de Septime Sévère, et douze ans à l'écrire. Il nous l'apprend lui-même, Liv. LXXII, 23 : Συνέλεξα δὲ πάντα τὰ ἀπ' ἀρχῆς τοῖς Ῥωμαίοις μέχρι τῆς Σεουήρου μεταλλαγῆς πραχθέντα ἐν ἔτεσι δέκα, καὶ συνέγραψα ἐν ἄλλοις δώδεκα· τὰ γὰρ λοιπά, ὅπου ἂν καὶ προχωρήσῃ, γεγράψεται.
2° A ce travail opiniâtre, il joignit le plus grand amour de la vérité. Si des circonstances, indépendantes de sa volonté, l'empêchèrent quelquefois de la connaître, il a soin d'en avertir; témoin ses propres paroles :
Liv. LIII, 19 : καὶ ἐγὼ πάντα τὰ ἑξῆς, ὅσα γε καὶ ἀναγκαῖον ἔσται εἰπεῖν, ὥς που καὶ δεδήμωται φράσω, εἴτ' ὄντως οὕτως εἴτε καὶ ἑτέρως πως ἔχει. Προσέσται μέντοι τι αὐτοῖς καὶ τῆς ἐμῆς δοξασίας, ἐς ὅσον ἐνδέχεται, ἐν οἷς ἄλλο τι μᾶλλον ἢ τὸ θρυλούμενον ἠδυνήθην ἐκ πολλῶν ὧν ἀνέγνων ἢ καὶ ἤκουσα ἢ καὶ εἶδον τεκμήρασθαι.  
Liv. LXXV, 7 : λέγω γὰρ οὐχ ὅσα ὁ Σευῆρος ἔγραψεν, ἀλλ' ὅσα ἀληθῶς ἐγένετο.
Liv. LXXX, 1 : ταῦτα μὲν ἀκριβώσας, ὡς ἕκαστα ἠδυνήθην, συνέγραψα· τὰ δὲ δὴ λοιπὰ ἀκριβῶς ἐπεξελθεῖν οὐχ οἷός τε ἐγενόμην διὰ τὸ μὴ ἐπὶ πολὺν χρόνον ἐν τῇ Ῥώμῃ διατρῖψαι.
3° Il cite d'irrécusables témoignages, à l'appui des faits :
Liv. XLIX, 36 : Ταῦτα δὲ οὐκ ἀκούσας οὐδ' ἀναγνοὺς μόνον, ἀλλὰ καὶ ἔργῳ μαθὼν ὥστε καὶ ἄρξας αὐτῶν, οἶδα· μετὰ γάρ τοι τὴν ἐν τῇ Ἀφρικῇ ἡγεμονίαν τῇ τε Δελματίᾳ, ἧς ποτε καὶ ὁ πατήρ μου χρόνον τινὰ ἦρξε, καὶ τῇ Παννονίᾳ τῇ ἄνω καλουμένῃ προσετάχθην, ὅθεν ἀκριβῶς πάντα τὰ κατ' αὐτοὺς εἰδὼς γράφω.
Liv. LXVIII, 27 : Οὐ μὴν καὶ τὴν αἰτίαν αὐτοῦ συννοῆσαι ἔχω, λέγω δὲ ἅ τε εἶδον ὡς εἶδον καὶ ἃ ἤκουσα ὡς ἤκουσα.
Liv. LXIX, 1 : Ὁ γὰρ πατήρ μου Ἀπρωνιανός, τῆς Κιλικίας ἄρξας, πάντα τὰ κατ' αὐτὸν ἐμεμαθήκει σαφῶς, ἔλεγε δὲ τά τε ἄλλα ὡς ἕκαστα, καὶ ὅτι ὁ θάνατος τοῦ Τραϊανοῦ ἡμέρας τινὰς διὰ τοῦτο συνεκρύφθη ἵν' ἡ ποίησις προεκφοιτήσοι.
Liv. LXXII, 4 : Λέγω  δὲ ταῦτά τε καὶ τὰ λοιπὰ οὐκ ἐξ ἀλλοτρίας ἔτι παραδόσεως ἀλλ'  ἐξ οἰκείας ἤδη τηρήσεως. 
Même liv. 7 : Τοῦτό τε οὖν αὐτὸς ἤκουσα παρών, καὶ ἕτερον τοιόνδε εἶδον.
Même liv. 18 : Καὶ μή μέ τις κηλιδοῦν τὸν τῆς ἱστορίας ὄγκον, ὅτι καὶ τὰ τοιαῦτα συγγράφω, νομίσῃ. Ἄλλως μὲν γὰρ οὐκ ἂν εἶπον αὐτά· ἐπειδὴ δὲ πρός τε τοῦ αὐτοκράτορος ἐγένετο καὶ παρὼν αὐτὸς ἐγὼ καὶ εἶδον ἕκαστα καὶ ἤκουσα καὶ ἐλάλησα, δίκαιον ἡγησάμην μηδὲν αὐτῶν ἀποκρύψασθαι, ἀλλὰ καὶ αὐτά, ὥσπερ τι ἄλλο τῶν μεγίστων καὶ ἀναγκαιοτάτων, τῇ μνήμῃ τῶν ἐσέπειτα ἐσομένων παραδοῦναι. Καὶ μέντοι καὶ τἆλλα πάντα τὰ ἐπ' ἐμοῦ πραχθέντα καὶ λεπτουργήσω καὶ λεπτολογήσω μᾶλλον ἢ τὰ πρότερα, ὅτι τε συνεγενόμην αὐτοῖς, καὶ ὅτι μηδένα ἄλλον οἶδα τῶν τι δυναμένων ἐς συγγραφὴν ἀξίαν λόγου καταθέσθαι διηκριβωκότα αὐτὰ ὁμοίως ἐμοί.  
Liv. LXXIII, 3 : Καὶ ἔγωγε τότε ἐπὶ τοῦ Περτίνακος καὶ πρῶτον καὶ ἔσχατον ἐν τῷ βουλευτηρίῳ τὸν Πομπηιανὸν εἶδον.
Liv. LXXV, 13 : ἐγὼ δὲ τὰ μὲν ἄλλα τῆς Αἰγύπτου οὐδὲν δέομαι γράφειν, ὃ δὲ δὴ περὶ τοῦ Νείλου πολλαχόθεν ἀκριβώσας ἔχω, δικαιότατός εἰμι εἰπεῖν.
Dion n'avait pas adopté le même plan pour toute son histoire de Rome. D'après un Anonyme, qui avait probablement entre les mains cet ouvrage complet, il n'avait fait qu'un résumé des époques les plus anciennes; mais il racontait avec plus de détails les derniers temps de la République, et surtout l'époque impériale. Ce renseignement est confirmé par les parties de cette histoire que le temps a le plus respectées.

Dans les traditions (p. 5). Les fragments sur l'Ausonie (p. 5), sur les Liguriens (p. 5-7), les Iapyges, les Apuliens (p. 7-9) et les Tyrrhéniens (p. 23-25), sur Evandre (p. 9-11), sur l'arrivée et l'établissement d'Énée en Italie (p. 11-17), sur les rois d'Albe (p. 17-21), sur la naissance de Romulus et de Rémus (p. 21-23), enfin sur la fondation de Rome (p. 23, 25, 27), etc., attestent que Dion n'avait pas plus dédaigné que ses devanciers l'Archéologie fabuleuse de Rome; mais, d'après l'Anonyme déjà cité, il n'avait jeté qu'un coup d'oeil rapide sur ces traditions laborieusement recueillies par Denys d'Halicarnasse et que le savant M. J. V. Le Clerc a éloquemment défendues : « Les nations qui ont fait de grandes choses ne consentent jamais à une origine vulgaire : elles se plaisent à consacrer leur berceau par des événements surnaturels, par des interventions divines, ou seulement par de vagues souvenirs de vertu et d'héroïsme qui semblent agrandir avant le temps les destinées de la patrie. Le moment vient ensuite où la critique impitoyable, à force de remonter dans le passé, ne recule pas même devant ces mystérieuses ténèbres : moment fatal, arrivé pour Rome longtemps avant que l'érudition des trois derniers siècles entreprit d'arracher le figuier ruminai et de renverser l'autel d'Aïus Locutius. On l'avait fait avant elle : qui osera lui décerner le trophée de cette victoire ? C'est comme si l'on félicitait Mézeray de n'avoir pas donné Francus, fils d'Hector, pour fondateur au royaume de France, ou le bon Pasquier de n'avoir jamais voulu croire sans quelque restriction à la sainte Ampoule, ni à l'étendard divin de l'Oriflamme. » (Annales des Pontifes, IIIe partie, p. 167-168.)
Et un peu plus loin, p. 172-173 : « Les Annales de Rome et nos Chroniques de France ont atteint leur but : elles sont également parvenues, à force d'environner de merveilles l'enfance d'un grand peuple, à rendre sa maturité féconde en merveilles nouvelles, et à faire de quelques traditions douteuses, de quelques fables même, comme l'image anticipée, comme l'oracle de deux brillantes destinées, de deux gloires immortelles, Rome et la France; car c'est ici surtout, c'est dans l'histoire que, par une secrète sympathie, les illusions de l'idéal et du fantastique s'accordent avec les vertus d'un peuple les plus natives et les plus vraies, et les caprices de la fiction avec les grandeurs de la réalité. »

Il. L'Italie entière (p. 5). Surtout par les poètes. Bochart restreint cette dénomination au seul pays des Aurunces, Chanaan, p. 651. C. Sur les Ausones, cf. Niebuhr, Hist. Rom. t. I. p. 90-110 de la traduction française; Wachsmuth, Die aeltere Geschichte des Roemischen Staates, p. 66-67.

III. Les Liguriens (Ibid.). Cf. Niebuhr, l. I., p. 229 et suiv.; Wachsmuth, I. 1. p. 75-80.

IV-V. Les Iapyges et les Apuliens (p. 7-9). Cf. Niebuhr, p. 207 et suiv.

VIII. Ou l'un des taureaux de Géryon (p. 11). C'est la tradition d'Hellanicus de Lesbos, conservée par Denys d'Hal. A. R. 1, 35 : Ἑλλάνικος δὲ ὁ Λέσβιός φησιν Ἡρακλέα τὰς Γηρυόνου βοῦς ἀπελαύνοντα εἰς Ἄργος, ἐπειδή τις αὐτῷ δάμαλις ἀποσκιρτήσας τῆς ἀγέλης ἐν Ἰταλίᾳ ἐόντι ἤδη φεύγων διῆρε τὴν ἀκτὴν καὶ τὸν μεταξὺ διανηξάμενος πόρον τῆς θαλάττης εἰς Σικελίαν ἀφίκετο, ἐρόμενον ἀεὶ τοὺς ἐπιχωρίους καθ´ οὓς ἑκάστοτε γίνοιτο διώκων τὸν δάμαλιν, εἴ πή τις αὐτὸν ἑωρακὼς εἴη, τῶν τῇδε ἀνθρώπων Ἑλλάδος μὲν γλώττης ὀλίγα συνιέντων, τῇ δὲ πατρίῳ φωνῇ κατὰ τὰς μηνύσεις τοῦ ζῴου καλούντων τὸν δάμαλιν οὐίτουλον, ὥσπερ καὶ νῦν λέγεται, ἐπὶ τοῦ ζῴου τὴν χώραν ὀνομάσαι πᾶσαν ὅσην ὁ δάμαλις διῆλθεν Οὐιτουλίαν. 

Roi des Élymes (p. 13). Sur ce peuple, cf. Bochart, Chanaan, p. 628 et suiv.; Cluvier, Italie Anc. I. 2. p. 34 et suiv.

Aegeste (p. 21). Ovide le nomme Lausus, Fastes, IV. v. 54-55 :
Ense cadit patruo Lausus; placet Ilia Marti; 
Teque parit, gemino juncte Quirine Remo.

Romulus alors était âgé de dix-huit ans (p. 23). Solin, Ch. I. p. 2, éd. Saumaise, Utrecht, 1689, va jusqu'à fixer l'heure où Romulus traça le Pomeerium : « lbi Romulus mansitavit, qui auspicato fundamenta murorum jecit duodeviginti natus annos, undecimo Kalendas Maias, hora post secundam, ante tertiam plenam; sicut Lucius Tarruntius prodidit, Mathematicorum nobilissimus, love in piscibus, etc. Saumaise, Exercit. Plinian. p. 12, cite, d'après des Ms. qu'il ne désigne pas avec assez de précision pour que la vérification soit possible, un fragment de Dion, où les mêmes circonstances sont rapportées sur l'autorité de ce Tarruntius traduit par Solin : Ὥρα τῆς Ῥώμης ὅτε Ῥωμύλος ταύτην ἤρξατο κτίζειν, ὥρα δεύτερα πρὸς τρίτης, ὡς Ταρρούτιος ὁ μαθηματικὸς κατεστήριζεnµ, Διὸς μὲν ἰχθύσι, Κρόνου δὲ καὶ Ἀφροδίτης καὶ Ἄρεος καὶ Ἑρμοῦ σκορπίῳ, Ἡλίου τε ταύρῳ, καὶ Σελήνης ζυγῷ. Ce qui fait dire à Reimar : Ridenda forte Mathematicis, quod Mercurius tanto intervallo a sole disjungitur, adeoque Tarruntio Mathematico, forte et Dione minus digna.
Du reste, tout ceci n'est rien moins que de l'histoire: c'est le vieux récit tel que l'avait écrit Fabius ; tel qu'on le chantait dans des hymnes; Denys d'Hal. A. R. 1, 79 : ὡς ἐν τοῖς πατρίοις ὕμνοις ὑπὸ Ῥωμαίων ἔτι καὶ νῦν ᾄδεται. 

Qui avait la forme d'un carré (Ibid.). Solin, 1. 1. « Dictaque est primum Roma quadrata, quod ad aequilibrium foret posita, » passage longuement discuté par Saumaise, l. 1., p. 11, où toutes les autorités sont rapportées. Le docte Commentateur en conclut que Solin s'est trompé en avançant que la Rome fondée par Romulus fut appelée Roma quadrata. Il pense que cette dénomination doit être restreinte à un petit espace situé sur le mont Palatin et qui fut fortifié par Romulus, avant la fondation de la ville. La difficulté m'a paru résolue par M. G. Adolphe Becker, De Romae veteris Muris atque Portis, Leipzig, 1842, p. 18-19: « Mons Palatinus quum forma esset prope quadrata atque uno tantum angulo longius in meridiem procurreret, ductum ad ejus radices pomoerium pariter quadratum fuisse necesse est, atque hinc factum putatur, ut antiquissima urbs priscis temporibus Roma quadrata appellaretur, quamquam aliam hujus nominis esse originem, autiquiorem Romulo, incerta atque obscurs fuisse videtur fama. Après avoir mentionné l'opinion d'Ennius et de Varron, il cite Denys d'Hal. A. R. II. 65, et Plutarque, Romul. IX, qui la confirment; arrivé au passage q ni nous occupe, il poursuit en ces termes : « Quod petitum est e Grecorum scriptorum historiis, varie de Romae origine prodentium ; in quibus tarnen quid veri sit, nemo unquam poterit extricare. Romani certe Romam quadratam Romuli urbem appellaverunt, et factum fortasse, ut, qui ampliorem banc fuisse crederent, Romae quadrate quarn angestissimis finibus fuisse constabat, antiquiorem originem esse putarent. »

XI. La discorde éclata (p. 25). Cf. Denys d'Hal. A. R. 1, 87, et Plutarque, Romul. X.

XII. De Rome qu'il allait fonder (p. 27 ). Tacite, Ann , XII, 24 : Sed initium condendi et, quod Pomoerium Romulus posuerit, noscere haud absurdum reor. Igitur a foro Boario, ubi aereum tauri simulacrum aspicimus, quia id genus animalium aratro subditur, sulcus designandi oppidi coeptus, ut magnam Herculis aram amplecteretur. Inde certis spatiis interjecti lapides, per ima mentis Palatini ad aram Consi, mox ad Curias veteres, tum ad Sacellum Larium, Forumque Romanum; et Capitolium non a Romulo, sed a Tito Tatio additum urbi credidere. « Cf. dans M. G. Ad. Becker, l. l. p. 10-18, tout le chapitre intitulé De Urbe in Palatio condita ejusque Pomoerio.
Les formalités prescrites pour la fondation des villes étaient contenues dans les Rituels Étrusques. Festus, p. 155, éd. de M. Égger : « Rituales nominantur Etruscorum libri, in quibus perscribtum est, quo ritu condantur urbes, arae, aedes sacrentur, qua sanctitate muri,.quo jure porte, quomodo tribus, curiae, centuriae distribuantur, exercitus constituantur, ordinentur ; ceteraque ejusmodi ad hellum ac pacem pertinentia. »
ll serait superflu de parler encore de l'incertitude qui régne sur la date de la fondation de Rome. Tout a été dit à ce sujet. Cf. Pighius, Annal. Rom. t. I. p. 11-14, éd. Schott, Dodwel, De Antiquis Romanorum Cyclis, Diss. X. § LVIII et LIX, p. 557-561, et Niebuhr, l.l. p. 367-385. Un savant professeur de l'Université, M. Duruy, Hist. Rom. t. I. p. 110-111, Paris, 1843, résume ainsi les faits relatifs à cette question : « Quand on commença assez tard à vouloir établir une chronologie pour l'histoire romaine, c'était une croyance traditionnelle (cf. Servius ad En. I. 268) que Rome avait été fondée 360 ans après la ruine de Troie, et qu'entre sa fondation et sa destruction par les Gaulois, il s'était écoulé un méme nombre d'années. Sur cette période de 360 ans, on en prit un tiers pour les consuls ou 120 ans : les deux autres tiers ou 240, et avec quatre années intercalaires 244, formèrent la part des rois. Or, 390, date de la « prise de Rome par les Gaulois, plus 364, donnent 754. Seulement, comme pour cette méme date fondamentale on variait de quelques années, les
uns prirent 754, d'autres 753, ou 752. » (Fabius, l'Olymp. VIII, 1; Polybe et Corn. Nepos, l'Olymp. VII, 2; Caton, l'Olymp. VII, 3; Varron, l'Olymp. VI, 3, et les Fastes capitolins, l'Olymp. VI, 4).

Comitium (p. 31). C'est le terrain situé entre le mont Palatin et le Capitole.

XIV. En trois parties (Ibid.). Suivant la tradition la plus ancienne; Plularque, Romul. XX : φυλὰς δὲ τρεῖς καταστήσαντες, ὠνόμασαν τοὺς μὲν ἀπὸ Ῥωμύλου Ῥαμνήνσης, τοὺς δ´ ἀπὸ Τατίου Τατιήνσης, τρίτους δὲ Λουκερήνσης διὰ τὸ ἄλσος εἰς ὃ πολλοὶ καταφυγόντες ἀσυλίας δεδομένης τοῦ πολιτεύματος μετέσχον. Cicéron, Rép. II, 8, rapporte l'origine de la dénomination de Luceres à un chef étrusque, Lucumon : l'étymologie indiquée par Plutarque paraît plus probable : elle a été récemment adoptée par Hunschke, Die Verfassung des Koenigs Servius, Heidelberg, 1838, p. 31. Il vaut mieux s'y tenir que d'imaginer, comme Niebuhr, l.l. p. 417-418, la ville de Lucerum, à leur occasion. Cf. Wachsmuth,1.1. p. 191.

XVI. Dans le voisinage du temple de Vesta (p. 35). Plutarque, Numa, XIV : 'Ἐπεὶ δὲ διεκόσμησε τὰς ἱερωσύνας, ἐδείματο πλησίον τοῦ τῆς Ἑστίας ἱεροῦ τὴν καλουμένην Ῥηγίαν, οἷόν τι βασίλειον οἴκημα· καὶ τὸ πλεῖστον αὐτόθι τοῦ χρόνου διέτριβεν ἱερουργῶν ἢ διδάσκων τοὺς ἱερεῖς ἢ πρὸς ἐννοίᾳ τινὶ τῶν θείων πρὸς αὑτὸν σχολάζων.

Il habitait la campagne (Ibid.). Polyen, Strateg., VlII, 4 : Numa voulant détourner les Romains de la guerre et du sang, les porter à la paix et leur donner des lois, se retira de la ville dans un temple consacré aux Nymphes, et après y être demeuré seul beaucoup de temps, il revint à la ville chargé d'oracles, qu'il disait avoir reçus des Nymphes, et qu'il conseilla d'observer comme des lois inviolables. Il trouva dans les Romains toute la soumission qu'il pouvait souhaiter. Numa établit comme des lois des Nymphes, toutes les fêtes et les cérémonies, et tous les sacrifices qui s'observent encore aujourd'hui. Je pense qu'il le fit à l'imitation de Minos et de Lycurgue, dont l'un reçut ou voulut qu'on crût qu'il avait reçu de Jupiter, et l'autre d'Apollon, les lois qu'ils avaient proposées, celui‑là aux Crétois, et celui‑ci aux peuples de Lacédémone.

XVIII. Le commencement de l'année (p. 37). La réforme du Calendrier romain par Numa est exposée dans Plutarque, l.l. XVIII-XIX , et dans Macrobe, Saturn. I, 13. Romulus fit commencer l'année au printemps et ne lui donna que dix mois : mars était le premier; venaient ensuite avril, mai, juin, quintilis, sextilis, septembre, octobre, novembre et décembre. De ces dix mois, quatre, à savoir, mars, mai, quintilis et octobre avaient trente et un jours ; les six autres en avaient trente : l'année entière se composait de 304 jours. Cf. Macrobe, I. 1. 12.
Numa fit l'année de 355 jours : il retira un jour de chacun des six mois d'avril, mai, juin, sextilis, septembre, novembre et décembre, qui en avaient trente, et laissa aux quatre autres les trente et un jours qu'ils avaient dans l'origine. Ajoutant ces six jours aux cinquante et un que Romulus n'avait point compris dans son année, ce qui donnait 57 jours, il divisa ce nombre en deux et il en forma deux mois qu'il plaça avant mars; janvier qui eut 29 jours, et février qui en eut 28. Janvier commença au solstice d'hiver : il devint le premier mois de l'année et mars ne fut plus que le troisième.
Numa comprit la nécessité de rendre l'année lunaire égale à l'année solaire : il calcula que la différence entre l'une et l'autre, dans une période de huit ans, était de 90 jours, c'est-à-dire de onze jours et un quart pour chaque armée. De ces 90 jours, il forma quatre mois qu'il appela Merkedonii et en intercala un, tous les deux ans, après la fête des Terminalia qui avaient lieu le 6e jour des calendes de mars, c'est-à-dire le 24 février. Après que ce mois était écoulé, février achevait son cours, à partir du jour où l'intercalation avait commencé.
Numa avait donné 355 jours à son année, tandis que l'année grecque n'en avait que 354 : son année finissait donc un jour plus tard. On s'aperçut bientôt que les deux années ne pouvaient marcher ensemble, et qu'après un laps de temps assez court, la date de leur commencement différait beauconp. Pour obvier à cet inconvénient, Numa décida que, dans une période de luit ans, l'intercalation ne serait que de 82 jours ; que la première intercalation, qui fut placée après les deux premières années, serait de 22 jours, la suivante de 23, la troisième de 22 et la quatrième de 15.
L'année de Numa se composa donc de 12 mois : janvier, février, mars, avril, mai, juin, quintilis, sextilis, septembre, octobre, novembre et décembre. sept de ces mois avaient vingt-neuf jours, et les autres trente et un, à l'exception de février qui n'en avait que vingt-huit.

 

suite