Oedipe de Sénèque |
Réponse des Enfers |
SENEQUE
: L. Annaeus Seneca échappe de peu à la condamnation à mort sous
l'empereur Caligula, est exilé par l'empereur Claude, choisi par
Agrippine pour être le précepteur de l'empereur Néron. Impliqué dans
le complot des Pisons, il se suicide. Il a écrit des dialogues philosophiques, un exposé de physique, une satire de l'empereur Claude et des tragédies, inspirées de sujets grecs. |
Hécate Hécate est une déesse
apparentée à Artémis, et qui ne possède pas de mythe proprement dit.
Elle reste assez mystérieuse, caractérisée par ses fonctions et ses
attributs plutôt que par des légendes où elle interviendrait. Hésiode la
présente comme engendrée par Astéria et Persès et descendant directement
de la génération des Titans. Elle est donc indépendante des divinités
olympiennes, mais Zeus lui a conservé ses anciens privilèges et les a même
accrus. Oedipe-Roi de Sophocle Oedipe paraît sur son seuil. OEDIPE. - Hé là! Que fais-tu donc ici? Quoi! Tu as le front, insolent, de venir jusqu'à mon palais, assassin qui en veux clairement à ma vie, brigand visiblement avide de mon trône !... Mais, voyons, parle, au nom des dieux! Qu’as-tu saisi en moi lâcheté ou sottise? - pour que tu te sois décidé à me traiter de cette sorte ? Ou pensais-tu que je ne saurais pas surprendre ton complot en marche, ni lui barrer la route, si je le surprenais? La sottise est plutôt dans ton projet, à toi, toi qui, sans le peuple, toi qui, sans amis, pars à la conquête d'un trône que l'on n'a jamais obtenu que par le peuple et par l'argent. CRÉON. - Sais-tu ce que tu as à faire ? Tu as parlé: laisse-moi parler à mon tour, puis juge toi-même, une fois que tu m'auras entendu. OEDIPE. - Tu parles bien, mais moi, je t'entends mal. Je te trouve à la fois hostile et inquiétant. CRÉON. - Sur ce point justement, commence par m'écouter. OEDIPE. - Sur ce point justement, ne commence pas par dire que tu n'es pas un félon. CRÉON. - Si vraiment tu t'imagines qu'arrogance sans raison constitue un avantage, tu n'as plus alors ton bon sens. OEDIPE. - Si vraiment tu t'imagines qu'un parent qui trahit les siens n'en doit pas être châtié, tu as perdu aussi le sens. CRÉON. - J'en suis d'accord. Rien de plus juste. Mais quel tort prétends-tu avoir subi de moi ? Dis-le. OEDIPE. - Oui ou non, souhaiterais-tu que je devais envoyer quérir l'auguste devin ? CRÉON. - Et, à cette heure encore, je suis du même avis. OEDIPE. - Dis-moi donc depuis quand votre roi Laïos... CRÉON. - A fait quoi? Je ne saisis pas toute ta pensée. OEDIPE. - Il a disparu, victime d'une agression mortelle. CRÉON. - On compterait depuis beaucoup de longues et de vieilles années. OEDIPE. - Notre devin déjà exerçait-il son art ? CRÉON. - Oui, déjà aussi sage, aussi considéré. OEDIPE. - Parla-t’il de moi en cette occurrence ? CRÉON. - Non, jamais, du moins devant moi. OEDIPE. - Mais ne êtes-vous pas d'enquête sur le mort ? CRÉON. - Si ! Cela va de soi - Sans aboutir à rien. OEDIPE. - Et pourquoi le sage devin ne parlait-il donc pas alors ? CRÉON. - Je ne sais. Ma règle est de me taire quand je n'ai pas d'idée. OEDIPE. - Ce que tu sais et ce que tu diras, si tu n'as pas du moins perdu le sens... CRÉON. - Quoi donc? Si je le sais, je ne cacherai rien. OEDIPE. - C'est qu’il ne m'eût jamais, sans accord avec toi, attribué la mort de Laïos. CRÉON. - Si C'est là ce qu’il dit, tu le sais par toi-même. Je te demande seulement de répondre, toi, à ton tour, ainsi que je l'ai fait pour toi. OEDIPE. - Soit! Interroge-moi. Ce n'est pas en moi qu'on découvrira l'assassin ! CRÉON. - Voyons : tu as bien épousé ma soeur. OEDIPE. - Il me serait bien malaisé d'aller prétendre le contraire. CRÉON. - Tu règnes donc sur ce pays avec des droits égaux aux siens ? OEDIPE. - Et tout ce dont elle a envie, sans peine elle l'obtient de moi. CRÉON. - Et n'ai-je pas, moi, part égale de votre pouvoir à tous deux ? OEDIPE. - Et c'est là justement que tu te révèles un félon ! CRÉON. - Mais non ! Rends-toi seulement compte de mon cas. Réfléchis à ceci d'abord : crois-tu que personne aimât mieux régner dans le tremblement sans répit, que dormir paisible tout en jouissant du même pouvoir ? Pour moi, je ne suis pas né avec le désir d'être roi, mais bien avec celui de vivre comme un roi. Et de même quiconque est doué de raison. Aujourd'hui, j'obtiens tout de toi, sans le payer d'aucune crainte : si je régnais moi-même, que de choses je devrais faire malgré moi! Comment pourrais-je donc trouver le trône préférable à un pouvoir, à une autorité qui ne m'apportent aucun souci? Je ne me leurre pas au point de souhaiter plus qu'honneur uni à profit. Aujourd'hui je me trouve à mon aise avec tous, aujourd'hui chacun me fête, aujourd'hui quiconque a besoin de toi vient me chercher jusque chez moi : pour eux, le succès est là tout entier. Et je lâcherais ceci pour cela? Non, raison ne saurait devenir déraison. Jamais je n'eus de goût pour une telle idée. Et je n'aurais pas admis davantage de m'allier à qui aurait agi ainsi. La preuve? Va à Pythô tout d'abord, et demande si je t'ai rapporté exactement l'oracle. Après quoi, si tu peux prouver que j'aie comploté avec le devin, fais-moi mettre à mort: ce n'est pas ta voix seule qui me condamnera, ce sont nos deux voix, la mienne et la tienne. Mais ne va pas, sur un simple soupçon, m'incriminer sans m'avoir entendu. Il n'est pas équitable de prendre à la légère les méchants pour les bons, les bons pour les méchants. Rejeter un ami loyal, c'est en fait se priver d'une part de sa propre vie, autant dire de ce qu'on chérit plus que tout. Mais cela, il faut du temps pour l'apprendre de façon sûre. Le temps seul est capable de montrer l'honnête homme, tandis qu'il suffit d'un jour pour dévoiler un félon. LE CORYPHÉE. - Qui prétend se garder d'erreur trouvera qu'il a bien parlé. Trop vite décider n'est pas sans risque, roi. OEDIPE. - Quand un traître, dans l'ombre, se hâte vers moi, je dois me hâter, moi aussi, de prendre un parti. Que je reste là sans agir, voilà son coup au but et le mien manqué. CRÉON. - Que souhaites-tu donc ? M'exiler du pays ? OEDIPE. - Nullement : c'est ta mort que je veux, ce n'est pas ton exil. CRÉON. - Mais montre-moi d'abord la raison de ta haine. OEDIPE. - Tu prétends donc être rebelle ? Tu te refuses à obéir? CRÉON. - Oui, quand je te vois hors de sens. OEDIPE. - J'ai le sens de mon intérêt. CRÉON. - L'as-tu du mien aussi ? OEDIPE. - Tu n'es, toi, qu'un félon. CRÉON. - Et si tu ne comprends rien ? OEDIPE. - N'importe ! Obéis à ton roi. CRÉON. - Pas à un mauvais roi. OEDIPE. - Thèbes ! Thèbes ! CRÉON. -Thèbes est à moi autant qu'à toi. LE CORYPHÉE. - O princes, arrêtez!... Mais je vois Jocaste sortir justement du palais. Il faut qu'elle vous aide à régler la querelle qui vous a mis aux prises. Jocaste apparaît au seuil du palais et s'interpose entre Oedipe et Créon. JOCASTE. - Malheureux! Qu’avez-vous à soulever ici une absurde guerre de mots? N'avez-vous pas de honte, lorsque votre pays souffre ce qu'il souffre, de remuer ici vos rancunes privées ? (A Oedipe.) Allons, rentre au palais. Et toi chez toi, Créon. Ne faites pas d'un rien une immense douleur. CRÉON. - C'est ton époux, ma Soeur, C’est Oedipe, qui prétend me traiter d'une étrange façon et décider lui-même s'il me chassera de Thèbes ou m'arrêtera pour me mettre à mort. OEDIPE. - Parfaitement! Ne l'ai-je pas surpris en train de monter criminellement contre ma personne une intrigue criminelle ? CRÉON. - Que toute chance m'abandonne et que je meure à l'instant même sous ma propre imprécation, si j'ai jamais fait contre toi rien de ce dont tu m'accuses ! JOCASTE. - Au nom des dieux, Oedipe, sur ce point-là, crois-le. Respecte sa parole - les dieux en sont garants -, respecte-moi aussi, et tous ceux qui sont là assez agité. LE CHOEUR. - Cède à sa prière, montre bon vouloir, reprends ton sang-froid, je t'en prie, seigneur. OEDIPE. - Alors que dois-je t'accorder ? LE CHOEUR. - Respecte ici un homme qui jamais ne fut fou, et qu'aujourd'hui son serment rend sacré. OEDIPE. - Mais sais-tu bien ce que tu souhaites ? LE CORYPHÉE. - Je le sais. OEDIPE. - Eh bien ! Dis ce que tu veux dire. LE CHOEUR. - C'est ton parent un serment le protège: ne lui fais pas l'affront de l'accuser sur un simple soupçon. OEDIPE. - Voilà donc ce que tu demandes! En ce cas, sache-le bien, tu veux ma mort, ou mon exil. LE CHOEUR. - Non, J'en prends à témoin le dieu qui prime tous les dieux, j'en prends à témoin le Soleil, que je périsse ici dans les derniers supplices, abandonné des dieux, abandonné des miens, si j'ai telle pensée. Mais ce pays qui meurt désole mon âme, si je dois voir maintenant s'ajouter aux maux d'hier des maux qui viennent de vous deux. OEDIPE. - Eh bien soit ! Qu’il parte ! Décidu périr à coup sûr, ou me voir expulsé par force et ignominieusement de Thèbes. C’est ton langage qui me touche ; il m'apitoie, et non le sien. Où qu'il soit, il sera, lui, l'objet de ma haine. CRÉON. - Tu cèdes la rage au coeur, on le voit, pour être ensuite tout confus, quand ton courroux sera tombé. Des caractères comme le tien sont surtout pénibles à eux-mêmes, et c'est bien justice. OEDIPE. - As-tu donc me laisser en paix et t'en aller ! CRÉON. - Je m'en vais, tu m'auras méconnu; mais pour eux je reste l'homme que j'étais. Il s'éloigne par la gauche.
|
abdo,
is, ere, didi, ditum : placer loin de, écarter, cacher (abditus,
a, um : caché, secret) Acheron, ontis, m. : l'Achéron, fleuve des Enfers ad, prép. : + Acc. : vers, à, près de aequus, a, um : égal, équitable (aequum est : il convient) (ex aequo : à égalité) ait, vb. irr. : dit, dit-il audio, is, ire, ivi, itum : 1. entendre (dire) 2. écouter 3. apprendre 4. bene, male audire : avoir bonne, mauvaise réputation aut, conj. : ou, ou bien caecus, a, um : aveugle catena, ae, f. : la chaîne cavus, a, um : creux Cerberus, i, m. : Cerbère chaos, i : le chaos coma, ae, f. : la chevelure, les cheveux compages, is, f. : l'assemblage, la jointure, la charpente, l'échafaudage concutio, is, ere, cussi, cussum : agiter, secouer, ébranler dehisco, is, ere : se fendre, s'entrouvrir deus, i, m. : le dieu Dis, Ditis, m. : Dis, ou Pluton (dieu des enfers) do, das, dare, dedi, datum : donner duco, is, ere, duxi, ductum : I. tirer 1. tirer hors de 2. attirer 3. faire rentrer 4. compter, estimer II. conduire, emmener, épouser erigo, is, ere, rexi, rectum : dresser, élever (erectus, a, um : élevé, dressé, droit, fier, attentif) et, conj. : et. adv. aussi fero, fers, ferre, tuli, latum : porter, supporter, rapporter fundo, is, ere, fusi, fusum : étendre, répandre, disperser fungor, eris, i, functus sum : s'acquitter de (+ Abl.) furo, is, ere : être hors de soi, être fou gelidus, a, um : gelé, glacé gemo, is, ere, ui, itum : gémir gravis, e : 1. lourd, pesant 2. grave, puissant, forts, grave, dur, rigoureux, pénible, accablant 3. alourdi, embarrassé, accablé haereo, es, ere, haesi, haesum : être attaché Hecate, es, f. : Hécate horror, oris, m. : l'horreur immensus, a, um : immense in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre inter, prép. : + Acc. : parmi, entre ipse, a, um : (moi, toi, lui,...) même ira, ae, f. : 1 - la colère, le courroux, l'indignation, la fureur, le ressentiment, la vengeance, l' inimitié. - 2 - la fureur, la violence, l' impétuosité (des vents, de la guerre...) - 3 - le différend, la dispute, la querelle, la brouille. - 4 - l'outrage, l'injure. iter, itineris, n. : le chemin, la route lacus, us, m. : le bassin, le lac latro, as, are : aboyer laxo, as, are : relâcher maestus, a, um : triste mens, mentis, f. : l'esprit moveo, es, ere, movi, motum : déplacer, émouvoir nemus, oris, n. : la forêt, le bois non, neg. : ne...pas nox, noctis, f. : la nuit omnis, e : tout palleo, es, ere, ui : être pâle, pâlir pateo, es, ere, patui : être ouvert (+ dat., à qqn), s'étendre largement (en parlant de l'étendue d'un pays) ; être à la disposition de (+ dat.). - patet + prop inf : il est évident que penitus, adv. : profondément, jusqu'au fond populus, i, m. : le peuple profundus, a, um : profond; dense, épais; élevé pulso, as, are : ébranler, frapper ratus, a, um : approuvé, adopté, ratifié retro, adv. : en arrière, par derrière rima, ae, f. : la fente, la crevasse robur, oris, n. :1. le rouvre 2. le bois de chêne 3. la dureté, la solidité 4. la vigueur, l'élite rumpo, rupi, ruptum, ere : briser, faire éclater, enfoncer ; enfreindre sanguis, inis, m. : le sang, la vigueur se, pron. réfl. : se, soi silva, ae, f. : la forêt sinus, us, m. : le sein, la courbure, le golfe, l'anse sive, (seu) inv. : sive... sive : soit... soit solum, i, n. : le sol sono, as, are, sonui, sonitum : sonner, résonner, faire du bruit sto, as, are, steti, statum : se tenir debout subito, inv. : subitement, soudain subsido, is, ere, sedi, sessum : 1. se baisser, s'accroupir 2. s'arrêter, faire halte 3. tendre des embûches à succutio, is, ere, cussi, cussum : secouer par-dessous, ébranler, agiter superus, a, um : qui est au dessus ; Superi : les dieux tellus, uris, f. : la terre, le sol, le terrain, le pays tempto, as, are : chercher à saisir, éprouver, essayer, attaquer ter, inv. : trois fois terra, ae, f. : la terre torpeo, es, ere : être engourdi, raidi, immobile, paralysé totus, a, um : tout entier triceps, itis : qui a trois têtes turba, ae, f. : la foule, le désordre, le trouble, l'émoi umbra, ae, f. : l'ombre ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que vallis, is, m. : la vallée vates, is, m. : le devin, le poète vena, ae, f. : la veine verbum, i, n. 1. le mot, le terme, l'expression 2. la parole 3. les mots, la forme verus, a, um : vrai via, ae, f. : la route, le chemin, le voyage video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler) |
texte |
texte | |
texte | |
texte |