Philon de Byzance

PHILON DE BYZANCE

 

TRAITÉ DE FORTIFICATION.

CHAPITRE III

Chapitre II - chapitre IV

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

CHAPITRE III

 

LA DÉFENSE DES PLACES

 

 

 

 

 

 

1. — Ces préparatifs étant faits, on rassemblera avant le siège les projectiles de toute nature en ayant soin de les répartir dans les lieux où chacun doit trouver son emploi.[137]

2. — Il faudra, dans les combats qui pourront avoir lieu, ménager autant que possible la vie des soldats et des citoyens, et ne pas leur permettre de s’exposer témérairement à être blessés, afin que, à l’occasion, on ne manque pas d’hommes prêts à affronter les dangers.[138]

3. — De plus, contre les traits incendiaires (τοὺς πυροβόλους),[139] il sera bon d’avoir des rondins de palmiers (εκ τῶν φοινίκων σανίδας) que l’on suspendra jointivement en avant des remparts;[140] ces rondins sont solides et brûlent difficilement. Puis, devant ces bois et: afin de préserver leurs lignes de contact du choc des projectiles, on placera des corps mous (μαλάγματα)[141] retenus au des filets de corde ou contenus dans des sacs. Ces rondins et ces corps mou sont suspendus à des poutres qui font saillie au haut du mur; il faut couvrir tous ces objets avec des peaux pour les empêcher d’être brisés par les projectiles des machines ennemies.

4. — Il sera utile de contrebattre chacune de celles-ci par deux lithoboles de dix mines (4,363 kg); et l’on mouvra ces machines de façon à pouvoir toujours les faire agir simultanément sur chacun des engins de l’attaque.[142]

5. — Pour s’opposer aux travaux de mines (πρὸς τὰς μεταλλεύσεις), il faut creuser, entre le mur et l’avant-mur, un fossé qui aille jusqu’au niveau des fondements de ce dernier, afin de surprendre les mineurs à découvert, de les tuer facilement et d’empêcher qu’on n’approche du mur.[143]

6. — Pour combattre les portiques et les tours de charpente, il faudra, au moyen de tubes faisant saillie de l’une des tours, soit de charpente, soit de maçonnerie, servant à la défense, projeter sur eux des pierres de trois talents (78 kg). L’extrémité de chacun de ces tubes (σωλῆναι) est munie de deux portes mobiles sur des gonds et retenues par des cordes; quand on lâche les cordes, les portes s’ouvrent sous la pression et la pierre tombe sur les portiques; puis, refermant les portes au moyeu des câbles, on agit de même avec une autre pierre.

7. — On fera tomber également de très grosses pierres à l’aide des tours de charpente et des antennes (ἀπὸ τῶν μηχανημάτων καὶ ἀπὸ των κερειῶν) ;[144] on en lancera d’autres avec des pétroboles palintones et monancones (τοῖς πετροβόλοις τοῖς παλιντονίοις καὶ τοῖς μοναγκῶσι)  ;[145] on jettera aussi par les embrasures plongeantes (διὰ τῶν καταζήρων θυρίδων) des pierres d’un talent (26 kg). On s’efforcera de cette manière soit de briser les couvertures des machines de l’attaque avec les pierres qui les atteindront par sus ou par devant, soit de renverser ces machines elles- mêmes par des coups latéraux.[146]

8. — Si les portiques sont construits en bois, on jettera aussi contre eux des matières incendiaires (πυροφόρους), et, saisissant le moment favorable, on fera des sorties pour y mettre le feu.[147]

9. — S’ils sont creusés dans le sol (ἐὰν δὲ ὦσι ὀρυκταί), on les inondera en y versant l’eau de la mer, à l’aide de roues élévatoires, à défaut d’autres moyens,[148] et on s’efforcera de briser leurs ouvertures en les frappant d’en haut avec le lanceur (τῷ ἐνετῆρι)[149] et avec les pétroboles.

10. — Pour résister aux tours d’attaque de l’ennemi quand elles auront joint le mur, ou aux béliers et aux ponts (πρὸς δὲ τὰ μηχανήματα ὅταν ἐγγὺς ᾖ καὶ τοὺς κριοοὺς καὶ τὰ ἐπιβάθρας), il faudra, au point attaqué, élever le rempart, non pas en détruisant l’ancien parapet (τοὺς προμαχῶνας), mais en édifiant au-dessus une autre construction, qu’on couronnera par un nouveau parapet de façon à en avoir deux au moment du besoin. Si l’ennemi jette un pont, nous pourrons facilement l’incendier de l’étage inférieur; s’il cherche à détruire notre parapet supérieur en amenant des béliers et des lacets (βρόχους) devant l’espace qui se trouve entre les deux parapets, nous organiserons facilement cette partie pour la défense en perçant soit le parapet, soit le rempart aux endroits convenables, et en établissant des rouleaux mobiles dans les embrasures ainsi construites; nous pourrons alors, en nous servant d’un contre-bélier, frapper, au-dessus du cadre en charpente qui forme leur base, la tour d’attaque, le bélier, le trépan (τὸ τρύπανον),[150] ainsi que les corbeaux (τὰ κόρακα),[151] et les détruire facilement. Si l’ennemi les approche, tes poutres cylindriques seront placées transversalement dans les embrasures, pour que le bélier puisse être facilement poussé en avant et retiré en arrière, les rouleaux accompagnant le mouvement. Il faut disposer avec beaucoup de soin cette batterie de béliers (κριόστασις) pour que ceux qui manœuvrent la machine puissent, étant commodément établis, produire tous les résultats dont ils sont capables.[152]

11. — On doit également élever en arrière de cette partie de l’enceinte un mur triangulaire, c’et-.à-dire en forme de coin,[153] dont les côtés latéraux seront percés de nombreuses poternes, afin que, si la courtine venait à être endommagée (2), les assaillants fussent, à leur entrée dans la place, accablés de tous côtés par les traits de la défense, ainsi que par les sorties de la garnison et même des citoyens.[154]

12. — Il faut aussi lancer du haut des guérites de cuir ()ελ τῶν καρβατιώνων)[155] des pierres aussi grosses que possible sur ceux qui s’approcheront du mur.

13. — Si l’ennemi venait à s’emparer d’une partie du rempart ou des tours, on devrait immédiatement détruire les plates-formes qui se présentent d’abord à lui et se servir des décombres pour barricader celles qui se trouvent à droite et à gauche des tours. il faut toutefois laisser subsister celles qui sont à la gorge des tours et conserver ainsi à la défense les moyens de faire des retours offensifs dans ces tours et de !aire périr ceux qui s’y seraient introduits; car, si nous pouvons effectuer ces retours, l’ennemi, qui est arrivé par escalade sur une tour ou sur une courtine, se trouve dans l’impossibilité d’avancer, il ne peut guère reculer et rester complètement exposé à nos coups.[156]

14. — On munira de parapets (προμαχῶνας) les maisons qui bordent la rue du rempart;[157] on établira des portes[158] à droite et à gauche dans les différents quartiers, et l’on percera des meurtrières dans les murs transversaux qui les séparent, afin que, si l’ennemi venait à envahir le quartier, on pût le frapper de flanc avec des javelots (ἀκοντίοις), des épieux (ζηβήναις) et des broches à bœuf (βουπόροις ὀβελίσκοις). On fortifiera de même les maisons qui bordent les places et qui forment la ceinture des différents quartiers.

15. — On doit désigner maison par maison ce dont chacune d’elles doit être munie en fait de lances (λόγχας), d’arcs (τοξεύματα) de pierres soit de grandes dimensions, soit propres à être lancées à la main. On donnera à chaque quartier, aux frais de la ville, une lithobole de dix mines (4,363 kg) et deux catapultes de trois palmes (0,22 m); on distribuera des armes à ceux qui n’en ont point et qui ne peuvent s’en procurer.

16. — On établira des postes pour la nuit (ἐκκοιτίας) et des rondes (ἐφοδίας)pour surveiller ces postes; dans les rondes, on se servira de lanternes de bois, afin d’éclairer seulement les pieds des soldats et ne point donner l’éveil à l’ennemi.[159]

17. — Il faut que les stratèges donnent à ceux qui font les rondes, ainsi qu’aux chefs de quartiers (τοῖς ἀμφοδάρχαις), des signes de reconnaissance (συνθήματα) et des contresignes (ὑποσυνθήματα) les uns seront muets, les autres se feront avec la voix.[160] Enfin, les portes des différents quartiers seront fermées aussi bien que celles de la ville elle-même. Grâce à ces dispositions, si un parti ennemi faisait irruption dans la ville, soit de jour, soit de nuit, et s’établissait en quelque point, il serait accablé de toutes parts d’abord par les catapultes, puis par les traits et les pierres : les citoyens et les soldats, soit des postes, soit des autres quartiers, arriveraient ensuite en bon ordre et sous la conduite de leurs chefs au secours du quartier en danger et attaqueraient l’ennemi quand ils jugeraient le moment opportun; s’il leur arrivait malheur, ils sauraient où se réfugier, puisque chaque quartier a ses portes; enfin les enfants, les servantes, les femmes et les jeunes filles pourraient concourir elles-mêmes à la défense de la ville en frappant les assaillants du haut des toits de leurs maisons.[161]

18. — Il sera bon également de creuser en certains endroits, à l’intérieur, des fossés (ἔνδοθεν ἀντιταφρεύειν) que l’on dissimulera, afin que, si une brèche permettait aux ennemis de se répandre dans là place, ceux-ci trouvassent en partie la mort dans ces embûches dont ils ignoreraient l’emplacement.[162]

19. — Quand le rempart a souffert en quelque point, il faut, aussitôt que possible, renforcer la partie faible (προτείχισμα κατασκευάσαι) en plantant des palissades ou en remplissant des corbeilles (φορμούς)[163] avec de la terre.

20. — Qu’il s’agisse de citoyens ou de soldats, il sera bon de changer [parfois] leur tour de garde de nuit comme de jour (τὰς ἐκκοιτίας καὶ τὰς φυλακάς); il ne faut pas non plus leur indiquer en quels points du rempart ils doivent être de garde, afin qu’ils ne puissent livrer la ville aux ennemis.[164]

21. — Il faudra aussi, de temps en temps, changer les mots d’ordre (τὰ συνθήματα), afin que, s’ils venaient à être livrés par quelques traîtres de la ville à des ennemis qui seraient parvenus à s’approcher la nuit du rempart, ils ne leur fussent d’aucune utilité.[165]

22. — Si l’ennemi surprenait le mot après ce changement,[166] ceux qui escaladeraient le mur n’en seraient pas moins reconnus, grâce aux contresignes. Ces contresignes se feront de la manière suivante celui qui demande le mot doit ôter son chapeau, son bonnet ou son casque s’il l’a sur la tête, ou bien saisir le manche de son poignard ou toucher sa chlamyde; [celui qui est interrogé donnera le mot et fera l’un de ces gestes convenus à l’avance[167]]. Du reste, on doit donner des signes (συνθήματα) nouveaux et doubles pour que l’ennemi puisse moins facilement les découvrir.

23. — Si l’on entendait quelque bruit au pied du rempart, on renverserait sans peine le masque des mineurs, ainsi que les échelles, en les frappant de côté avec les lithoboles, ou bien on les écraserait du haut du rempart, au bien encore on les incendierait avec du naphte, si l’on en avait, ainsi qu’avec d torches. On devra également embraser les tortues et les tours de charpente de l’attaque, quand elles seront arrivées au pied du mur; on jettera sur elles des matières incendiaires (πυοφόρους) en quantité aussi grande que possible, et des chausse-trappes (τριβόλους) garnies d’étoupes enflammées.[168]

24. — [169] ………………………. pour des embûches répétées et pour des attaques, soit de jour, soit de nuit, toutes les fois que cela te paraîtra opportun; tu finiras ainsi par faire lever le siège.

25. — Pendant l’incendie des tours de charpente et des tortues, [et] pendant les attaques qui pourraient avoir lieu, il faut que tous les hoplites et tous les psiles qui ne sont point nécessaires à la défense des remparts soient répartis derrière l’avant-mur (τῷ προτειχίσματι), de façon à pouvoir obéir rapidement et avec précision aux ordres du stratège.

26. — Quand des étrangers sont blessés, il faut en prendre grand soin et leur fournir tout ce qui peut leur &re utile. S’ils n’ont personne pour les soigner, il faut les recueillir dans les maisons des citoyens; s’ils se sont comportés bravement, on leur accordera des terres, des récompenses et des couronnes;[170] si quelques-uns viennent à succomber à leurs blessures, on les ensevelira aux frais du trésor avec la plus grande pompe; s’ils laissent des enfants ou des femmes, on assurera largement leur sort.[171] Les étrangers s’attacheront ainsi à leurs chefs, ainsi qu’aux citoyens, et combattront bravement.

27. — Si le terrain sur lequel s’avance l’ennemi va en montant vers la ville, on fera rouler sur la pente des roues garnies de faux et de grosses pierres; de cette façon on arrive, en peu de temps, à causer beaucoup de mal aux assiégeants.[172]

28. — Si l’approche (ἡ προσαγωγή) se fait par mer, on placera dans les endroits où l’ennemi doit débarquer des portes garnies de clous et dissimulées à la vue.[173] On sèmera des chausse-trappes (τριβόλους) soit de fer, soit de bois. On interceptera avec des palissades les passages d’accès facile.[174]

29. — On fermera les entrées des ports avec des clôtures à travers lesquelles on puisse faire circuler même des vaisseaux de transport. Pour cela, il faudra, en certains points, des chaînes de fer ou des grilles,[175] et ailleurs on coulera, au fond de l’eau, de très grosses pierres s’entrecroisant autant que possible. Sur ces pierres, on fixera des pieux (σταυρούς) de fer disposés obliquement et reliés les uns aux autres en forme de treillis; leur extrémité supérieure ne doit pas arriver au niveau de l’eau, mais s’arrêter à environ une palme (0,08 m) au-dessous; on pourra encore placer, vis-à-vis, des navires (πλοῖα) armés en guerre, et, si l’on n’en a pas, il faudra mouiller, les uns près des autres, des lembes (λέμβους) et les autres petites embarcations que vous pourrez vous procurer; on les réunira à l’aide de poutres longues de quatre coudées (1,85 m) adaptées en avant de la proue et fixées les unes aux autres de façon à ne former qu’un tout; leurs pointes devront être munies d’éperons.[176]

30. — Auprès de ces fermetures (κλεῖθρα) et de ces passes (ζεύγματα), il faut arrêter les barques dites acatias (πλοῖα ἀκάτια), pleines de poix, de soufre et de chausse-trappes garnies d’étoupes. On préparera de même des olcas (ὀλκάδες).[177]

31. — On établira enfin, pour chacune des entrées (στόμα) et de chaque côté de l’entrée, des pétroboles de vingt mines (8,726 kg).

32. — De cette manière, si quelques-uns des navires de guerre de l’ennemi venaient à forcer l’entrée des ports, ils seraient ou incendiés, ou percés par les éperons, ou submergés par les amphores de plomb et par les projectiles des pétroboles.

33. — S’il y a un grand intervalle Là l’entrée du port J, on construira, au milieu, une tour dans laquelle ou placera une pétrobole de quarante mines (17,5 kg).

34. — Contre les tours de charpente que l’on amènera et contre les navires qui s’avanceront, il faut se servir surtout de pétroboles, de machines incendiaires (πυροφόροις) et de doryboles.[178]

35. — Si les murs sont baignés en quelque endroit par une mer profonde, il faudra protéger le pied de ces murs au moyen d’une jetée (προσχώματι), pour que l’approche n’ait pas lieu de ce côté-là, et afin que l’ennemi ne puisse détruire les remparts au moyen de l’éperon de ses grands navires, ou s’emparer de quelque tour en y jetant des ponts.[179]

36. — Pendant la nuit et quand la mer sera houleuse, il faudra envoyer des plongeurs pour couper les cordages d’ancre des navires qui sont au mouillage et percer leur coque; c’est le meilleur moyen d’empêcher l’ennemi de rester en station devant la ville.[180]

37. — On pourra, du reste, très utilement employer contre ces sortes d’attaque tous les procédés qui s’emploient contre les attaques par terre.

38. — Si, à cause de l’éloignement de la ville, il y a quelque partie du rempart qui soit vue à revers (ἀμφιβόλον), il faudra la couvrir au moyen d’un mur, ou bien à l’aide de peaux, ou de tentures d’étoffes afin que les défenseurs qui s’y tiendront ne soient pas exposés à être blessés par derrière.[181]

39. — Quand l’ennemi aura préparé la route pour l’approche de sa tour de charpente (μηχανήματι), il faudra projeter sur cette route, avec les pétroboles, les pierres les plus grosses que l’on pourra trouver, pas rondes toutefois, afin qu’il ne puisse amener l’hélépole (τὴν ἑλέπολιν).[182]

40. — Il est aussi très utile d’avoir tout prêts de solides filets de lin pour s’opposer à l’escalade des remparts à l’aide d’échelles portant des ponts; car on saisit facilement avec ces filets ceux sur qui on les jette, pourvu qu’on ait soin de courir en sens contraire aussitôt qu’on les a jetés.[183]

41. — On se servira également avec fruit de piques en forme de hameçon (ἀγκιστρωτὰ ἐμβόλια); car, en les lançant d’en haut avec des cordes, puis en les retirant, on pourra, si l’on parvient à accrocher des corps mous (μαλάγματα) ou des planches, en arracher ainsi une grande quantité.

42. — Mais, avant tout, il faut s’occuper avec le plus grand soin des lithoboles de trente mines et des hommes qui doivent manœuvrer ces machines, ainsi que de l’établissement, dans les meilleures conditions possibles, de leurs batteries. Car, si les lithoboles sont bien construites, si leurs batteries sont faites dans les endroits propices et suivant les règles de l’art, si enfin leurs servants sont des artilleurs habiles, il n’y aura ni tortue d’osier (γερροχελώνη), ni tour de charpente (μηχάνημα), ni portique (στοά), ni tortue[184] ...., qui puisse s’avancer sans grandes difficultés; et, les amenât-on jusqu’aux remparts, elles ne pourraient rien faire, battues qu’elles seraient par toutes ces pièces. Les projectiles doivent être parfaitement proportionnés et de matières fort dures, afin de produire des chocs aussi violents que possible. Tout s’exécutant ainsi régulièrement, la ville n’aura rien à craindre d’un siège.

43. — Il faut avoir dans l’intérieur de la place d’excellents médecins, habiles dans l’art de soigner les blessures et d’extraire les flèches. Ils devront être munis de tous les remèdes et de tous les instruments nécessaires; mais la ville leur fournira le cérat, le miel, les compresses et les emplâtres. Les soldats blessés guériront ainsi rapidement et pourront de nouveau être utiles dans les combats; ils s’y conduiront du resto d’autant mieux qu’ils sauront qu’on les soigne et qu’on subvient à leurs besoins quand ils sont blessés. Cela suffit souvent à sauver la ville.[185]

 

[137] Ici on s’occupait de réparer les murailles, là on entassait des pierres. » (Diod. de Sic., XX, lxxxiv: Préparatifs de déf. des Rhodiens.)

[138] Ce paragraphe paraît interpolé.

[139] Suppléez πρὸς avant τοὺς πυροβόλους. Cette partie du texte a été altérée; l’interpolation du paragraphe précédent en est une preuve. — Cf. Philon, iv, 40.

[140] Ces bois ne sont point placés au devant du mur pour protéger la maçonnerie de l’escarpe, comme on pourrait le croire d’après la description que j’ai traduite à peu près littéralement, mais au-dessus des créneaux; ils sont destinés à empêcher les traits incendiaires de passer par-dessus le rempart pour aller mettre le feu à la ville. On lit dans l’institution xv de l’empereur Léon, § 10 : Si les maisons de la ville sont de nature à prendre feu aisément, vous y jetterez beaucoup de dards enflammés, surtout par un grand vent. Vous ferez jeter aussi par des mangonneaux, dits alakatia, des paquets de goudron liés à une flèche, ou bien des pierres pleines d’une matière brûlante. Pendant que les assiégés s’occuperont à éteindre le feu, vous approcherez des échelles pour escalader les remparts. . — Cf. Ænéas, xxxii, 4; xxxiii, 3.

[141] L’empereur Léon dit (Inst. xv, § 33) « On préparera les machines et aussi tout ce qu’il faut pour se garantir des pierres que les assiégeants lancent avec leurs mangonneaux. On se sert à cet effet de cilices ou toiles de crin qu’on suspend au-dessus des créneaux et qui pendent en dehors du mur; de grosses voiles, ou de tissus de cordes de jonc (rien ne résistant mieux aux traits et aux pierres), de claies ou autres mantelets de bois. — Cf. Ænéas, xxxii, 3; Strat. An., xlii. 18, 19, 26.

[142] Cf. Philon, i, 24. note : iv, 13. — On remarquera que Philon admet la supériorité en artillerie de la défense sur l’attaque.

[143] Cf. Philon, iv, 25; Ænéas, xxxvii; Strat. An., xli, 6; xiii, 8, 12.

[144] « On se sert encore de grosses pierres taillées en pointe qu’on laisse tomber sur la tortue pour l’écraser et l’ouvrir. Comme elles sont attachées à des cordes ou à des chaînes qui tiennent à une grue, on les relève au moyen de contrepoids ou d’un tour. » (L’empereur Léon (Inst. xv, 34). — Cf. Strat. An., xiii, 27, 28; Philon, iv, 39.

[145] C’est la seule fois que l’on trouve mention des pétroboles monancones, soit dans les deux traités de Philon, soit dans les ouvrages à peu près contemporains.

[146] Cf. Philon, iv, 42.

[147] Cf. Philon, iv, 26.

[148] Déplacez le point dans le texte. On remarquera cette mention très explicite des tranchées. — Cf. Philon, iv. 43; Héron, i, 4.

[149] Je n’ai trouvé nulle part la description de cette machine. — Cf. Philon, iv, 39.

[150] Le trépan était une espèce de bélier que Vitruve (liv. X) décrit ainsi d’après Athénée : « Cette machine (terebra) consiste en un canal supporté par des pieds comme dans les catapultes ou les balistes; sa longueur est de cinquante coudées et sa largeur d’une seule. Un treuil se place en travers; en avant à droite et à gauche, on attache deux poulies par le moyen desquelles on met en

Trépan, fig. ext. d’ATHÉNÉE.

mouvement dans ledit canal une pièce de bois munie d’une tête de fer. Sous cette poutre et dans le canal même, on enferme des rouleaux qui servent à lui imprimer une impulsion plus rapide et plus violente. Au-dessus de la poutre ainsi placée, on organisera, le long du canal, de nombreux demi-cerceaux pour soutenir les cuirs frais qui couvrent la machine. »

[151] Cf. Philon, iv, 39.

[152] Ænéas décrit le contre-bélier (iii, 10); mais je n’ai retrouvé cet engin de défense indiqué dans aucun autre ouvrage didactique, pas plus que dans aucun récit de siège. L’exhaussement des murs était, au contraire fréquent. Végèce dit (liv. IV, chap. xix): « Si l’assiégé menace quelque partie du mur, élevez au-dessus un autre mur de briques, de torchis, de charpente même si vous n’avez point d’autres matières...

L’empereur Léon ne parle que de tours élevées au moment du besoin « Vous ferez lancer contre les tours de l’attaque du feu et des pierres par les machines; si cela na suffit pas, les assiégés élèveront de leur côté d’autres tours, soit de charpente, soit de maçonnerie. » (xv, 35.)

Ænéas s’exprime à peu près de même dans le § 2 du chapitre xxxii.

Arrien dit qu’au siège de Tyr, Memnon le Rhodien avait fait élever, sur la partie du rempart qu’il défendait, une tour de bois en face d’une des tours du l’attaque. Quinte-Curce rapporte que, au fur et à mesure que les travaux d’Alexandre le Grand s’élevaient devant les murs de Gaza, les assiégés élevaient leurs remparts. César cite le même trait à propos du siège de Bourges. Josèphe fit exhausser le mur de Jotapata de dix coudées, et on verra, par le récit des sièges que nous donnons dans le deuxième volume, comment cette opération pouvait se faire sans trop de danger Ammien Marcellin raconte qu’au siège d’Amide, l’un de ces échafaudages élevés par les assiégés, ébranlé depuis longtemps par les coups de l’attaque, finit par s’effondrer; les débris tombèrent dans le fossé et formèrent un pont par lequel les Perses pénétrèrent dans la ville. (xix, 8.)

On remarquera que Philon recommande (i, 52) d’avoir des tours de bois mobiles sur des roues qu’on pourra porter rapidement aux points menacés, et qui produiront un résultat analogue aux constructions qu’il décrit dans le présent alinéa. — Cf. Philon, iv, 39

[153] Τρίγωνον τεῖχος τὸ ἔμβολον ἔχον dit PHILON. y a là une altération évidente du texte. Je suppose qu'il faut lire τρίγωνον τεῖχος (τὸ σχῆμα ἔμβολον ἔχον), la partie entre parenthèses n’étant qu’une explication ajoutée par quelque copiste. — Cf. Strat. an., xiii, 13, 14.)

[154] Les retranchements intérieurs ont été de tout temps un des éléments essentiels d’une bonne défense. La loi prescrit encore aujourd’hui aux commandants de place d’en élever en arrière des bastions attaqués. Ces retranchements servent non seulement à prolonger la défense, mais encore à obtenir une capitulation honorable. Dans l’antiquité, les villes assiégées n’étaient reçues qu’à merci quand elles attendaient pour se rendre que le bélier eût entamé la brèche (si aries murum tetigisset), à moins qu’elles n’eussent un retranchement intérieur. Les assiégés en élevaient souvent plusieurs les uns derrière les autres: au siège d’Ostende (de 1601 à 1603), il y en eut ainsi sept ou huit.

De nos jours, ces travaux se font généralement bastionnés; autrefois, ils étaient soit en forme de triangle, comme l’indique Philon, soit en forme de croissant, Les principaux sièges où l’on en fit usage sont ceux de Tyr et d’Halicarnasse par Alexandre le Grand; celui de Sagonte, en Espagne, par Annibal fils d’Amilcar; celui de Rhodes, par Démétrius Poliorcète: celui de Massada, par Sylva, et d’Ambracie par Fulvius Nobilior. — Cf. Ænéas, xxxii, 5.

[155] Je suppose qu’il s’agit ici de guérites en charpente recouvertes de peaux placées en encorbellement sur les murs et analogues aux échauguettes du moyen âge. On voit dans les planches du grand ouvrage sur l’Egypte (Ant., t. III), la représentation d’un combat naval, et, au sommet de l’un des mâts, on remarque un hunier à peu près de la forme d’un u grec, dans lequel est placée une vigie. Dans le même ouvrage (Ant., t. II, pl. 31), au sommet de la plus haute tour d’une forteresse, on aperçoit un hunier semblable. On trouvera dans Philon (iv, 54) la preuve que ces postes élevés s’employaient aussi dans l’attaque des places. Au moyen âge, on appelait bertesche (bertesca) un panier qu’on élevait à l’aide d’une corde et d’une poulie le long d’un arbre ou d’un mât; dans ce panier se trouvait un guetteur qui, par ce moyen, cherchait à reconnaître la place (Carlo Promis, Mem. stor., III. xi). — Voir la planche 379 du tome IV des Monuments de l’Egypte et de la Nubie, par Champollion.

[156] Ce paragraphe n’est pas très compréhensible, sans doute parce que nous n’avons pas une idée bien précise de la disposition des tours dont parle Philon. Je suppose que ces tours avaient leur escalier à la gorge, dans une cage qui formait une sorte de retranchement intérieur comme à Pompéi. Voici du reste le texte : Ἐὰν δέ τι τοῦ τείχους ἢ τῶν πύργων ἁλίσκηται, ἀποσπατέον τέ ἐστι τὴν ταχίστην τὰς πρώτας ὁροφὰς, καὶ τὰς καθαιρέσεις ἀναιρετέον, ἀποικοδομήσαντα, τὰς ἑκατέρωθεν οὖσας τῶν π´θργων· τὰς δὲ πρὸς τὰ ἔσωθεν ἐσοπύργια ὑπαρχούσας καταλειπτέον, ἵνα ἔχωμεν τοῖς πύργοις ταύτῃ βοηθοῦντες κτείνειν τοὺς βιαζομένους αὐτούς.

[157] Ταῖς καθηκούσαις πρὸς τὸ τεῖχος οἰκείας προμαχῶνας. Le suppose qu'il faut lire οἰκίαις Peut-être faut-il traduire: les maisons adossées au rempart. Philon recommande bien (i, 8) de conserver une rue du rempart; mais cette prescription n’était sans doute pas plus observée de son temps qu’au moyen âge; de reste, nous avons à Lépréon un exemple de maisons accolées au mur de la ville. (Exp. scient. de Mor.) — Cf. Thucydide, iv, 69.

[158] On sait que rien n’était plus commun dans l’antiquité que de voir des villes divisées en plusieurs quartiers munis chacun d’une enceinte fortifiée. Antioche en avait quatre (Strabon, XVI, ii, 638); Syracuse cinq, connus sous les noms d’Epipole, Néapole, Ostygia. Achradine et Tigue. Il est facile de se rendre compte de cotte particularité par ce qui se passe encore sous nos yeux. Tout le monde peut voir comment, au bout de quelques années, la population de nos places fortes, trop à l’étroit dans sa ceinture de pierres, déborde le rempart, s’établit le long d’une route et finit par former un faubourg. Autrefois, au moindre bruit de guerre, les faubourgs se protégeaient par un rempart qui venait se souder en deux points différents à l’enceinte primitive; et quand plusieurs annexes s’étaient ainsi accolées à la cité, on finissait par les englober dans une nouvelle enceinte concentrique à la première, mais généralement plus forte, parce que la ville était devenue plus importante.

Les portes dont parle Philon étaient destinées à assurer la communication entre les divers quartiers placés, comme on le verra plus bas, sous les ordres de chefs différents nommés amjodarkai. Quant aux parapets, ils devaient couronner les façades des maisons voisines du rempart, ainsi que l’indique la fin du § 17, et former ainsi un retranchement intérieur dominant les brèches.

[159] Cf. Ænéas, ch. xxvi, 3.

[160] Cf. Ænéas, ch. xxiv et xxv. — Voir le développement de ces prescriptions plus bas, § 21 et § 22.

[161] Cf. Diodore de Sicile, xiii (Siège de Sélinonte).

[162] Ce système d’embûches, assez singulier, est déjà indiqué par Ænéas (ch. xxxix, 2). L’auteur des Cestes le recommande dans son chapitre cvi. Les Chinois emploient un procédé de même famille ils placent, au seuil des portes ou dans les couloirs, des madriers horizontaux qui se confondent avec le reste du sol, mais qui, munis d’un axe horizontal et d’un contrepoids, basculent sous le pied du passant et se referment après l’avoir lancé dans un cul de basse fosse. M. de Villenoisy a vu à Luxembourg, dans les fortifications élevés par les Prussiens, des escaliers de pierre dans lesquels les marches étaient coupées par moitié sur urne certaine partie de la voie; le passage se trouvait ainsi seulement rétréci à droite, par exemple, mais était subitement interrompu à gauche, de sorte que si l’on descendait rapidement de ce côté-là, on trouvait le vide et on tombait sur la volée inférieure. On lit dans les Commentaires, que Pompée, résolu d’abandonner Brindusium à César qui l’assiège, et craignant que l’ennemi ne force la ville au moment de son départ, en fait boucher les portes, barricade (inædificat) les places et les avenues, creuse des fossés au travers des rues et y fait enfoncer des pieux et des bâtons pointus, les couvre de claies légères et fait jeter de la terre par-dessus. » (De bell. Civ., i, 27.)

[163] Le mot προτείχισμα me fait supposer qu’il s’agit peut-être ici, non pas d’un retranchement intérieur, mais dune sorte d’ouvrage avancé construit au pied de l’ouvrage qui a souffert, pour en interdire l’accès. — Cf. Philon, iv, 38.

[164] Cf. Ænéas, xxiv.

[165] Cf. Ænéas, xxv.

[166] Il y a dans le texte une transposition.

[167] Il y a ici une lacune évidente dans le texte, lacune que nous avons comblée en ajoutant avec Ænéas, chez lequel Philon a puisé ce qui précède.  Τὸν δὲ ἐρωτώμενον, τὸ δὲ σύνθημα ἀποκρινάσθαι καὶ τούτων τι προσυγκείμενον ποιῆσαι. Voici comment, deux mille ans plus tard, s’exprimait sur le même sujet l’Ordonnance sur le service des armées en campagne (art. 88) Il est souvent utile, pour éviter que les sentinelles soient surprises, que des signaux remplacent ou précèdent le mot de ralliement; les sentinelles de pose, les sentinelles volantes, les patrouilles, les rondes, doivent alors frapper dans la main, ou sur une autre partie de l’armement, ou exécuter tout autre signal convenu — « Lorsqu’on veut dérober à l’ennemi la connaissance de l’emplacement des sentinelles, des signaux peuvent remplacer les qui vive? Dans ce cas, les sentinelles font les premières un signal; il leur est répondu par le signal convenu. »

[168] Cf. Philon, iii, 30; iv, 26. 38, 79; — Ænéas, xxxiii, 1; — Strat. An., xiii, 25.

[169] Il y a ici une lacune.

[170] Ces sortes de récompenses étaient en usage chez les Athéniens: sur la proposition d’Alcibiade, Lysimaque, fils d’Aristide, obtint, en mémoire de son père, 100 mines d’argent, 200 plèthres de terrain en Eubée et en outre une pension de 4 drachmes par jour. Les couronnes s’accordaient souvent; elles étaient tantôt en métal précieux, tantôt en verdure. On couronnait d’or, à la fin de l’année, le Sénat des Cinq-cents lorsqu’il s’était convenablement acquitté de sa charge; ceux qui, après l’anarchie, ramenèrent le peuple de Phylé à Athènes reçurent des couronnes de verdure.

[171] D’après la loi de Pisistrate, ceux qui étaient estropiés dans une guerre devaient être nourris aux frais du trésor public. On décernait de grands honneurs à ceux qui étaient tués par l’ennemi, ainsi qu’à leurs parents et à leurs enfants. On rapportait leur corps à leurs maisons, on les ensevelissait aux frais du trésor public, on leur composait une oraison funèbre et on fondait, en souvenir d’eux, des jeux et des chapelles: on vengeait leurs parents de toutes les injures qu’ils pouvaient recevoir; on élevait enfin leurs enfants jusqu’à l’âge de puberté oh on les renvoyait dans leurs familles avec don d’une armure complète. Les Rhodiens, assiégés par Démétrius, votèrent des lois analogues. (Diod. Sic., xx, 84.)

[172] Cf. Héron, i, 2; Philon, iv, 33.

[173] Cf. Philon, iv, 35; Ænéas. vin, 3; Héron, i, 2. — On remarquera que Héron parle de portes placées sur des fosses de manière à s’enfoncer sous le poids des chevaux et des machines, tandis que Philon indique des portos munies de clous analogues à celles dont nous avons fait un si grand usage en Afrique pour la défense des blockhaus contre les Arabes qui marchent pieds nus.

[174] Thucydide dit (vi, 75) que les Syracusains, craignant un débarquement des Athéniens, palissadèrent le rivage de la mer partout où le débarquement était possible.

[175] Le texte est ici corrompu. Τὰ δὲ στόματα τῶν λιμένων φράττειν μὴ τοῖς κλείθροις, ἐν οἷς εἰσὶ περιτρέχουσι καὶ στρογγύλαι, σιδηροὺς δὲ κόλπους ἐχούσας ἢ ἐσχάρας ἐπὶ τοῦ τόπου τίθεσθαι. - J’ai donné dans ma traduction seulement le sens que je crois probable. Il est clair que les clôtures des ports ne devaient pas être partout infranchissables, et qu’en certains points on devait pouvoir entrer et sortir même avec les gros vaisseaux de transport qu’on appelait vaisseaux ronds (στρογγύλα), par opposition aux navires de guerre auxquels leur forme allongée faisait donner le nom de vaisseaux longs (μακρά); c’était près de ces ouvertures (ζεύγματα) que les assiégés accumulaient tous les moyens de défense énumérés dans le paragraphe suivant. — Cf. Philon, iv, 19 ; viii, 4. Voir, dans Diodore de Sicile (xiii, 78-79), le récit dès préparatifs de défense faits au port de Mytilène par Conon, général des Athéniens, et, dans Thucydide (liv.VII), le récit du siège de Syracuse. — Le port de Thasos est un curieux exemple de port antique fortifié. (Archives des missions scientifiq. et litt., 2e série, t. I, pp. 76 et 77.)

[176] Si j’ai bien compris ce passage qui est assez obscur, il faut lire δοκῶν πήχων πεσσάρων, des poutres longues de quatre coudées, au lieu de δοκῶν παχέων τεσσάρων, de quatre poutres épaisses. Ces poutres étaient fixées en avant des embarcations comme un éperon, et leur extrémité était garnie d’une pointe de fer; de plus, elles étaient réunies les unes aux autres au moyen de cordages et de moises, ainsi que semblent l'indiquer les deux mots συγκοφθεισῶν καὶ συνδεθέντων. On lit dans Arrien (liv. II): « Alexandre n’essaya point de forcer l’entrée du port qui regarde Sidon, trop étroite et défendue d’ailleurs par des trirèmes dont la proue menaçait. » — Cf. Comp. sur la déf. des places, 20; César, De bell. civ. i, 25.

[177] Je suppose qu’il y a ici une lacune dans le texte. En effet le § 32 cite comme défenses de l’entrée du port, outre les éperons dont nous venons de parler et les pétroboles dont parle le § 31, les amphores de plomb dont le texte actuel ne tait aucune mention. Ces amphores étaient des machines analogues à celles que Thucydide décrit ainsi (livre VII, chap. xli) : « Les Athéniens mis en fuite se réfugiaient dans leur station en passant entre les bâtiments de charge. Les Syracusains ne les poursuivaient pas jusqu’à ces bâtiments: les antennes suspendues au-dessus des espaces intermédiaires par lesquels on pouvait entrer et qui portaient des dauphins de plomb les en empêchaient. » — Cf. Philon. iii, 23; iv, 40; — Arrien, Siège de Tyr.

[178] Cf. Philon. iv, 17, 18.

[179] Cf. Philon, iv, 24;— Strat. An., xi, 3; — Comp. sur la déf. des places, 20.

[180] Cf. Philon, iv, 44. 45; — Arrien, Siège de Tyr, liv. II.

[181] Quand une fortification présente des saillants prononcés, le rempart peut être vu de la campagne des deux côtés, à moins que les constructions de la ville ne viennent masquer ces vues; c’est ce qui arrive souvent aux faces de nos bastions. On a recours alors Soit à des traverses comme celles que ion voit déjà à Pompéi, soit à des parados comme l’indique Philon. — Cf. Philon, i, 56;— Ænéas, XXXII, 4;— Strat. An., xiii, 18-21.

[182] Ce paragraphe ne laisse aucun doute sur l’acception qu’il faut donner au mot μηχάνημα. — Cf. Philon. i, 2, note; iv. 19, 26.

[183] Le mot ἀμφίβληστρον désigne un filet semblable à notre épervier. — Cf. Polyen, i, 25. — On lit dans Diodore : D’autres se servaient de filets de pêcheurs pour envelopper les hommes qui combattaient sur les ponts volants, et, les privant de l’usage de leurs mains, les faisaient tomber aux pieds des murs. » Siège de Tyr, xviii, 43.

[184] Le texte est très corrompu en cet endroit, plusieurs mots sont sautés, il est probable qu’il faut lire : ni tortue de comblement, ni tortue bélière.

[185] Ce passage est marqué dans le manuscrit du Vatican par un signe qui veut dire ὠραῖον · excellent. Il est hors de doute que, dés qu’il y eut des armées constituées, ces armées possédèrent des médecins chargés de soigner les soldats malades ou blessés. On voit dans l’Iliade que Machaon et Podalire, fils d’Esculape, accompagnèrent Agamemnon devant Troie, et rendirent de si grands services comme chirurgiens, qu’on les combla d’honneurs et qu’on les exempta de tout service militaire. Xénophon nous apprend que Cyrus prit soin d’attirer à lui, dans la guerre qu’il entreprit contre son frère, les plus habiles médecins que l’on connût alors.

.Je crois qu’on n’a aucun détail sur leur position et sur leur nombre dans les armées grecques mais on sait que les diverses républiques de la Grèce en avaient constamment à leur solde (Xénophon, Mém. Socr., iv, 2, f; — Platon. Gorgias, § 23. Sur la solde; Strabon, iv; — Diodore, xii, 13), et que ces médecins formaient des valets, ordinairement esclaves, pour les remplacer auprès des pauvres (Platon, Lois). Il est extrêmement probable que ce sont ces médecins qui, au moment de la guerre, accompagnaient leurs clients habituels devenus soldats.

Nous avons plus de détails sur l’organisation médicale des armées romaines; de nombreuses inscriptions rapportées par Gruter et Muratori prouvent que chaque cohorte avait un médecin, et que la légion possédait en outre un médecin principal.