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OEUVRES D'HIPPOCRATE

 

DES MALADIES DES FEMMES

LIVRE I

texte grec

livre II

 

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DES MALADIES DES FEMMES.

LIVRE 1er.

[1] (Les femmes qui ont eu des enfants, moins sujettes aux suppressions de menstrues et aux dérangements que celles qui n'en ont pas eu. Comparaison, pour justifier cette proposition, entre le corps féminin et le corps masculin. Preuve tirée d'une physique grossière.) Ceci est sur les maladies des femmes. Je dis qu'une femme qui n'a pas eu d'enfant est affectée plus vite et d'une façon plus grave par les menstrues que celle qui a eu des enfants. En effet l'accouchement a rendu à celle-ci les veines plus coulantes pour les menstrues; ce qui les fait devenir coulantes, c'est le flux lochial et la fonte du corps; les parties voisines du ventre et des mamelles se fondent le plus, mais le reste du corps se fond aussi (j'ai dit dans la nature de l'enfant en voie d'enfantement pourquoi cela arrive). Le corps se fondant, il est inévitable que les veines deviennent plus dilatées et plus coulantes pour les règles, et que la matrice s'ouvre davantage, vu que l'enfant les a traversées avec effort et douleur. Les choses étant ainsi, la purgation menstruelle s'opère moins péniblement chez la femme qui a l'expérience des lochies. Et même, s'il survient à la femme qui a déjà enfanté quelque affection empêchant l'évacuation cataméniale de s'effectuer, elle supportera le mal plus aisément que si elle n'avait pas enfanté. En effet, à se remplir, la matrice y est habituée et le corps y est disposé, vu la grossesse; en même temps plus d'espace après l'accouchement est dans le corps pour le sang, à cause que le corps s'est fondu; et le sang, étant au large, cause moins de mal, à moins que les veines n'éprouvent un excès de plénitude et de ton. Mais, sans grossesse antécédente, le corps, qui n'est pas habitué, si la pléthore y survient, est plus résistant, plus ferme, plus dense que s'il avait passé par les lochies; la matrice est moins ouverte; aussi les règles coulent plus laborieusement, et il y a plus d'accidents supprimant le flux menstruel chez les femmes qui n'ont pas été enceintes. II en est comme je l'ai exposé précédemment : la femme a la chair plus lâche et plus molle que l'homme; cela étant ainsi, le corps féminin tire du ventre le fluide plus vite et plus que le corps masculin. En voici la preuve : mettez par-dessus de l'eau ou même en un lieu humide, pendant deux jours et deux nuits, de la laine nettoyée et un drap nettoyé d'un tissu dense, pesant exactement autant que la laine; quand vous les retirerez, vous trouverez, à la balance, que la laine est devenue beaucoup plus pesante que le drap; ce qui produit cet effet, c'est que, l'eau qui est dans un vase à large ouverture exhalant sans cesse vers le haut, la laine, étant lâche et molle, reçoit davantage de cette exhalation, et le drap, étant plein et dense, se trouve rempli sans en avoir beaucoup reçu. De la même façon, la femme, étant d'une nature plus lâche, puise dans le ventre, pour le compte du corps, plus de fluide et plus vite que l'homme ne fait; et, avec cette laxité, quand le corps s'est rempli de sang, s'il n'y a pas évacuation en l'état de pléthore et de chaleur où sont les chairs, la souffrance survient. La femme a le sang plus chaud, et c'est pourquoi elle est plus chaude que l'homme. Mais si la plénitude qui s'est tonnée s'évacue, ni la souffrance ni la chaleur ne se produisent par le fait du sang. L'homme, étant de chair plus dense, n'éprouve point de plénitude sanguine telle que, s'il n'évacue mensuellement une certaine quantité de sang, il ressent du malaise; il puise ce que demande la nourriture du corps, et le corps, n'étant pas mou, n'est sujet à un excès ni de ton ni de chaleur par l'effet de la pléthore comme chez la femme. Ce qui contribue grandement à cet effet chez l'homme, c'est qu'il fatigue bien plus que la femme; la fatigue dissipe une partie du fluides.

[2] (Suppression des règles chez une femme qui n'a pas eu d'enfants. Accidents que cette suppression cause. Déplacement de l'orifice utérin qui en résulte. Diverses voies que prennent les menstrues supprimées : transport sur le poumon et phénomènes de phtisie; transformation des règles en un pus qui s'échappe par les parties génitales, ou qui forme une tumeur au-dessus de l'aine; issue des règles par une ouverture qui se fait à l'aine; issue par le vomissement, par le siège.) Quand chez une femme qui n'a point été grosse les menstrues se suppriment et ne peuvent trouver issue au dehors, une maladie survient. Cela arrive si l'orifice utérin s'est fermé ou dévié ou si quelque point des parties génitales offre une contraction. Dans un tel cas, les règles ne pourront pas trouver issue tant que la matrice ne sera pas remise en sa condition naturelle. Cette maladie se produit surtout chez celles qui ont l'orifice utérin étroit ou le col situé en avant dans les parties génitales. Si l'un de ces cas existe, que la femme n'ait pas de rapports sexuels et que le ventre se vide plus qu'il ne faut par quelque souffrance, la matrice subit un déplacement; car elle n'est pas humide par soi-même, vu qu'il n'y a pas eu de coït, et elle a de l'espace, vu que le ventre est devenu vide, de sorte qu'elle se déplace en raison de sa sécheresse et de sa légèreté plus grandes qu'à l'ordinaire. Et parfois, quand elle est ainsi déplace, l'orifice se trouve détourné en avant, attendu que le col est situé en avant dans les parties génitales. Au contraire, quand la matrice est humide par le coït et que le ventre ne se vide pas, elle ne se déplace pas facilement. Telle est la cause pour laquelle elle se ferme, la femme n'usant pas du coït. Au bout de trois mois, la malade se trouvera aussi bien que possible, si l'éruption cataméniale venant à se faire entraîne ce qui s'était amassé. Dans le cas contraire, voici les accidents qu'elle éprouvera : suffocation par intervalle, fièvre aussi par intervalle, frisson et douleur lombaire. Tels sont les accidents dans la troisième époque, si l'éruption ne se fait pas. A la quatrième époque, si l'éruption ne se fait pas et ne procure pas l'évacuation du sang antécédent, toutes les souffrances qui se faisaient sentir à la troisième époque s'exaspèrent, surtout au temps des règles ; puis cela s'adoucit, et souvent même la femme paraît sans souffrance. En suscroit il y a encore d'autres signes que voici : elle rend de temps en temps beaucoup d'urine épaisse, le ventre se durcit et se tuméfie; elle grince des dents, elle perd l'appétit et le sommeil. Voilà, ce qu'elle éprouve à la quatrième époque, où, soignée, elle peut guérir. A la cinquième époque, si les règles ne viennent pas en abondance, la souffrance croit en intensité. A la sixième époque le mal est devenu incurable. Les accidents précédents sont plus douloureux, et il s'y ajoute ceux-ci : la malade a parfois de l'anxiété et de la jactitation, des lipothymies, des vomissements pituiteux; elle est en proie à une soif intense, vu que le ventre est brûlé par la matrice surchargée de sang ; le palper est douloureux, surtout à l'hypogastre; il y a parfois une fièvre aiguë; la matrice gargouille, vu que le sang s'y agite et n'y chemine pas ; les selles ne sont pas régulières; la vessie, non plus, n'émet pas l'urine, attendu que la matrice tombe sur le col vésical, lequel est nerveux, et qu'elle se porte sur le ventre. Le rachis et le dos tout entier sont douloureux; la langue devient empêchée et n'articule plus distinctement ; lipothymie ; quelquefois aphonie; mordications au cardia, vomissement de bile jaune; respiration entrecoupée, anxiété, jactitation et inflammation. Quand, dans ce déplacement, la vessie attire la partie ténue du sang qui est dans la matrice, l'urine est rendue rouge; des souffrances se font sentir dans tout le corps, mais surtout au cou, au rachis, aux lombes et aux aines. A ce point, le ventre se gonfle, les membres inférieurs enflent, les jambes et les pieds; et la mort est imminente. En un tel cas la suppression des menstrues amène la mort au bout de six mois. Il y a encore ces phénomènes-ci : chez quelques femmes, les règles ayant été retenues en abondance pendant deux mois dans la matrice, le transport du flux supprimé se fait sur le poumon; la malade éprouve tout ce qui a été dit dam la phtisie, et elle ne peut résister an mal. Voici encore ce qui arrive : chez d'autres, les règles, ayant manqué à deux en trois époques, deviennent purulentes avec le temps; cela s'opère surtout quand elles sont échauffées par la chaleur fébrile. Les signes de cette purulence sont : douleurs intenses et battement dans l'hypogastre, impossibilité de supporter le palper; s'il doit y avoir amélioration, les règles font éruption car les parties génitales; du pus et du sang s'écoulent; cet écoulement fétide dure sept, huit ou neuf jours. Dans le temps antécédent, la femme souffre comme il a été dit plus haut. Après l'évacuation, le meilleur serait qu'il n'y eût pas d'ulcération; s'il en est resté, il faudra plus de traitement, afin que les ulcérations ne deviennent pas humides et de mauvaise odeur. Mais la femme demeurera stérile, même après guérison, si les ulcérations ont été considérables dans la matrice. Si les menstrues devenues purulentes ne s'échappent pas par les parties génitales, il arrivera qu'elles feront éruption au-dessus de l'aine, dans le flanc, sans tumeur, vu que le pus a corrodé; et par là sortiront des matières purulentes et fétides. A ce point, la malade ne guérit pas; et, dans le cas même où elle guérirait, elle resterait stérile; en effet, dorénavant, c'est par cette voie que s'échapperont les menstrues, l'orifice utérin étant appliqué vers cette région. Voici un autre cas : chez certaines femmes, à la seconde ou à la troisième époque de la suppression, ou même plus tard, si les menstrues se portent vers le flanc, sans être devenues purulentes, il se forme au-dessus de l'aine une tumeur acéphale, grosse et rouge. Il est arrivé plus d'une fois que des médecins ne sachant pas ce que c'était, l'ont incisée et ont mis la malade en danger. Cette espèce de tumeur se forme ainsi : la chair puise du sang, vu que l'orifice utérin est appliqué au flanc, elle s'en remplit, et elle se soulève à cause de ce sang qui la pénètre. Parfois, quand l'orifice utérin, se déplaçant, revient vers les parties génitales et que les règles sortent par cette voie, le gonflement du flanc s'affaisse, car il communique avec la matrice, laquelle a versé au dehors. Mais si l'orifice ne se tourne pas vers les parties génitales, la suppuration se forme vers le flanc, les règles se font jour par là; et les dangers sont les mêmes que dans le cas précédent. Elles prennent aussi la voie du vomissement, et parfois celle du siège, comme je l'ai dit en parlant des maladies des jeunes filles; les signes et les souffrances sont les mêmes que dans cette description; mais cette issue est moins commune chez les femmes que chez les jeunes filles.

[3] (Suppression des règles chez une femme qui a eu des enfants. Énumération d'accidents très semblables.) Quand les règles sont supprimées, il y a douleur dans bas-ventre, la malade semble y avoir un poids, elle souffre cruellement dans les flancs. Si les règles sont absolument supprimées par l'effet d'une maladie ou quelles soient épaisses, visqueuses, collantes, il faut d'abord évacuer le ventre par le haut et le bas; puis purger la matrice à l'aide d'un pessaire qui évacue le sang; alors on met un intervalle; après quoi on administre un purgatif qui agisse sur le sang; la malade boira aussi le crethmon (crithmum maritimum L.) dans le vin de branche de pin. Si le flux menstruel ne s'opère pas, il arrivera qu'elle paraîtra être enceinte; le coït lui est douloureux de sorte que quelque chose semble être dedans; un poids se fait sentir dans le ventre; le ventre proémine; elle a les mêmes envies qu'une femme grosse; les nausées la prennent quand il s'est passé environ cinquante jours; de la douleur se fait sentir par intervalle à la région ombilicale, au cou, aux aines et aux lombes. Au bout de deux on trois mois, les règles font parfois une éruption abondante par les parties génitales, les matières évacuées sont noires et semblent être des caroncules comme après un avortement. Parfois aussi il se forme des ulcérations dans la matrice, et il faudra s'appliquer au traitement. Souvent il arrive que la femme parait être grosse pendant six mois on un peu moins, le ventre proémine, et tout semble être chez elle comme dans l'état de grossesse; puis, chez quelques-unes, les menstrues, devenues purulentes, font éruption au-dessus de l'aine, vers le cinquième ou le sixième mois, et prennent leur voie par là; parfois aussi il se forme des ulcérations dans la matrice au point au-dessus de l'aine, la femme courra risque de mourir, et, quand même elle réchapperait, elle sera stérile. En d'autres cas l'éruption se fait par les parties génitales, et il sort des matières pourries et purulentes; il en résulte des ulcérations dans la matrice, le danger est grand, et il faut, afin que les ulcérations ne deviennent pas chroniques, s'appliquer au traitement; celle-ci aussi sera stérile, même quand le traitement réussirait. Mais si les menstrues, retardées six mois, ne font pas éruption, la malade éprouvera tous les accidents qu'éprouve la femme qui n'a pas eu d'enfant et chez qui les règles ne peuvent trouver issue; si on la traite, elle guérit. Dans le cas contraire, ayant résisté jusqu'à huit mois, elle succombe. Chez plusieurs, si les menstrues sont pituiteuses, il arrive qu'elles coulent longtemps et qu'elles sont moindres que les menstrues saines. Traitée convenablement, la femme guérit.

[4] (Règles moins abondantes qu'il ne faut. Accumulation qui en résulte. Accidents.) Les règles, venant il est vrai, sont pourtant moins abondantes qu'il ne faut; l'orifice utérin est ou un peu dévié de la direction des parties génitales, ou un peu fermé, au point d'obstruer, sans empêcher tout écoulement, les voies de transmission; le sang étant arrivé dans la matrice, presse constamment sur I'orifice. et il s'écoule peu à peu. Les jours que la purgation menstruelle a l'habitude de durer passent, le sang qui est de reste demeure retenu dans la matrice; une nouvelle époque ne chasse pas le sang retenu, et la pesanteur croît par des accessions continuelles; pourtant la malade restera, les premiers mois, deux ou trois, sans se ressentir grandement de ce dérangement. Mais quand il y aura plus de mois de passes les souffrances augmenteront; elle ne deviendra pas enceinte tant que cet état durera; une petite fièvre la prendra, surtout aux jours de son époque; toutefois, il est probable que, dans l'intervalle aussi, elle aura de la fièvre, des frissonnements, de la cardialgie, des vomissements abondants chaque jour, de la douleur par intervalle dans le corps, surtout aux lombes, au rachis, aux aines et aux articulations des membres supérieurs et inférieurs. Elle n'a pas ces douleurs à la fois, mais tantôt l'une et tantôt l'autre, suivant que se jette le sang qui a été sécrète et ne peut rester dans la matrice. Là où il se fixe, on voit survenir parfois de la tuméfaction, un spasme violent des articulations, ou quelqu'un des signes susdits. Cette malade, traitée convenabletnent, guérira; sinon, la maladie, auant duré sept mois ou même plus, causerait la mort, ou une claudication, ou quelque impotence des parties, si le sang, par le fait du froid et de l'abstinence, se coagulait autour des nerfs là où il se porterait. Cette maladie survient de préférence chez les femmes non mariées ; mais si ces affections ou celles qui seront dites attaquent une femme qui a éprouvé les lochies, elles seront de plus longue durée et moins douloureuses; toutefois les signes et les terminaisons seront les mêmes pour les femmes qui ont eu des enfants et celles qui rien ont pas eu, si elles ne sont pas traitées. ll faut employer sur-le-champ le traitement; sinon, les maladies surviennent.

[5] (Règles plus abondantes qu'il ne faut. Accidents qui en résultent.) Quand les règles sont plus abondantes et plus épaisses qu'il ne faut, c'est que la personne a un corps naturellement disposé à fluer et l'orifice utérin placé près de la vulve. En cet état, si elle a de fréquents rapports conjugaux et qu'une fois en passant elle fasse un repas copieux, les règles, descendant en abondance et marchant avec plénitude, élargissent l'orifice utérin par leur effort; cela étant, si les vaisseaux ne sont pas désemplis et qu'au contraire elle mange beaucoup derechef, l'orifice utérin devient large, le corps, attendu qu'elle mange bien, qu'elle a des désirs et qu'elle use du coït, flue vers la matrice, l'écoulement menstruel est abondant; tant qu'il en sera ainsi, la femme sera décolorée; et, si par la suite il survient quelque maladie ou quelque souffrance qui l'épuisent, la matrice n'en restera pas moins avec l'orifice élargi, et le corps avec la disposition à fluer de ce côté. A la suite vient la fièvre, l'anorexie, l'anxiété, l'amaigrissement, la faiblesse par le fait des menstrues; il y a douleur aux lombes. Avec le temps, si elle n'est pas traitée, tous les accidents s'exacerberont par intervalles; et elle courra risque ou de devenir stérile, ou, s'il lui survient quelque autre maladie, d'y succomber après avoir été épuisée par la durée et par le mal.

[6] (Remarques générales sur les règles. Quantité moyenne. Qualité du sang.) Les règles sont le plus épaisses et le plus abondantes dans les jours du milieu, mais, au début et à la fin, elles sont moins abondantes et plus ténues. Chez toute femme en santé, la quantité moyenne du flux menstruel est de deux cotyles attiques, un peu plus, un peu moins (cotyle = 0 litre, 27) ; et cela, pendant deux jours ou trois; une dorée plus grande ou moindre est morbide, et la stérilité s'ensuit. Il faut porter son jugement en considérant le corps de la femme, et interroger de manière à savoir par la comparaison avec les précédents si le flux est morbide ou non; si en effet il dure plus ou moins de jours que d'habitude, ou si le flux est plus ou moins abondant, il y a dérangement, à moins que la constitution même ne soit maladive et stérile. Dans ce cas, le changement se faisant en mieux, ce serait avantageux. Le sang qui s'écoule est semblable à celui d'une victime, et se coagule promptement, si la femme est en santé. Les femmes chez qui naturellement l'évacuation dure plus de quatre jours et est très abondante, deviennent maigres; et leurs foetus sont maigres et débiles. Celles chez qui l'évacuation dure moins de trois jours ou est peu abondante, ont de l'embonpoint, un bon teint, un aspect masculin, mais elles sont peu portées au plaisir de l'amour, et ne conçoivent guère.

[7] (Suffocation utérine. Théorie des déplacements imaginaires de la matrice pour expIiquer les divers accidents qui se produisent. Cas où la matrice se porte au foie. Cas où elle se porte au col de la vessie. Cas où elle se porte soit aux lombes, soit aux hanches.) Suffocation utérine subite : cette affection survient surtout chez les femmes qui n'ont pas de rapports sexuels, et chez les femmes d'un certain âge plutôt que chez les jeunes; en effet leur matrice est plus légère. Voici comment cela se fait : la femme avant les vaisseaux plus vides que d'ordinaire et ayant plus fatigué, la matrice, desséchée par la fatigue, se déplace, attendu qu'elle est vide et légère; la vacuité du ventre fait qu'il y a place pour qu'elle se déplace; s'étant déplacée, elle se jette sur le foie, y adhère, et se porte aux hypocondres; en effet elle court et va en haut vers le fluide, vu qu'elle a été desséchée à l'excès par la fatigue; or, le foie est plein de fluide. Quand elle s'est jetée sur le foie, elle cause une suffocation subite, interceptant la voie respiratoire qui est dans le ventre. Parfois, en même temps que la matrice commence à se jeter sur le foie, du phlegme descend de la tête aux hypocondres, attendu que la femme est suffoquée: et parfois, avec cette descente du phlegme, la matrice quitte le fuie, retourne à sa place, et la suffocation cesse. La matrice retourne, ayant pompé du fluide et étant devenue pesante; elle produit un gargouillement en revenant à sa place. Après ce retour, il peut arriver qu'à la suite le ventre devienne plus humide qu'auparavant; car la tête laisse aller du phlegme dans le ventre. Quand la matrice est au foie et aux hypocondres et produit la suffocation, le blanc des yeux se renverse, la femme devient froide, et même quel¬quefois livide. Elle grince des dents; la salive afflue dans la bouche, et elle ressemble aux épileptiques. Si la matrice reste longtemps fixée au foie et aux hypocondres, la femme succombe étouffée. En d'autres cas, après que la femme a eu les vaisseaux vidés et éprouvé de la fatigue par surcroît, la matrice, se déplaçant, se porte au col de la vessie, et cause de la strangurie; c'est tout le mal qui en résulte; et, traitée, la malade guérit promptement, parfois même spontanément. En d'autres cas, la fatigue ou l'abstinence font que la matrice se porte vers les lombes ou vers les hanches et cause des souffrances.

[8] (Menstrues bilieuses. L'auteur en distingue deux cas : quand la femme est en mauvais état, et quand elle est en bon état. Accidents qui en résultent, entre autres un flux utérin bilieux qui amène des ulcérations. Voy. § 22, un autre signe auquel l'auteur reconnaît que les menstrues sont bilieuses.) Si la femme a le corps en mauvais état et les menstrues bilieuses, cela se connaît ainsi : les menstrues sont très noires, parfois noires et brillantes, elles viennent très peu à la fois, elles ne se coagulent pas promptement, la semence des deux individus, l'homme et la femme, perd sa vertu, et la femme ne devient pas grosse. Au début de la maladie, la purgation menstruelle dure le nombre habituel de jours, pas davantage; mais avec le temps elle se prolonge au delà de cet intervalle, et elle est moins abondante chaque jour ; il survient des fièvres aiguës erratiques avec frisson, de l'anorexie par intervalles, de la cardialgie. Les souffrances augmentent à l'approche des règles. Les règles passées, il y a, pour un peu de temps, du mieux en comparaison de l'état antécédent; puis la situation redevient la même. Traitée, la malade guérit promptement. Mais si elle n'est pas traitée et que le mal se prolonge, toutes les souffrances susdites s'aggraveront ; de la douleur surviendra tantôt dans le ventre à la région sous-ombilicale, tantôt aux aines, tantôt aux lombes et aux hanches, tantôt au cou. Parfois une suffocation violente saisit la malade ; ténèbres devant les yeux, vertige, vu que la purgation remonte et se porte en haut. Chez la femme dont le corps est en mauvais état, les règles sont mauvaises; chez celle dont le corps est plein, elles sont plus abondantes; en ce cas, si les règles bilieuses (voy. § 9) sont supprimées, il survient des défaillances, de l'inappétence parfois, de la jactitation, de l'insomnie; la malade a de fréquentes éructations; elle ne veut pas marcher, elle est découragée, ne paraît pas voir, et est en proie à la crainte. Soignée, elle en guérira. Mais, si le temps se perd, les souffrances s'aggravent. Le meilleur événement serait qu'il survint un vomissement bilieux ou un dérangement de ventre bilieux et non violent, ou un écoulement de sang non considérable; car, si une de ces évacuations était violente en un corps déjà épuisé, il en résulterait du danger; au lieu qu'avec une évacuation modérée qui emporte partie de l'humeur bilieuse ou toute l'humeur peccante, la femme guérit. Mais, quand elle n'est ni traitée ni soulagée par une de ces solutions, elle succombe. Toutefois, la plupart du temps, il arrive qu'une telle maladie amène un écoulement bilieux. Si l'écoulement s'établit, d'abord il est peu abondant, mais chaque jour il va croissant en général. Se prolongeant, la maladie devient aiguë la plupart du temps, la matrice est irritée par le flux bilieux et s'ulcère. A ce point encore, la malade guérit, si l'écoulement est arrêté. Mais, quand la matrice s'enflamme par le fit des ulcérations, la maladie devient encore plus aigus, des matières abondantes, fétides purulentes sont fournies par la matrice même, ce qui s'écoule étant dès lors et toujours semblable au liquide provenant de chairs ; toutes les souffrances susdites s'exaspèrent; les ulcérations deviennent plus fermes, jusqu'à ce qu'elles causent la mon. Quand même la malade guérirait, elle resterait stérile à cause des cicatrices.

[9] (Menstrues pituiteuses. Accidents qui en résultent. Ils sont très semblables à ceux du cas précédent, seulement un peu moins pressants, parce que, dans la théorie antique, la pituite est moins active que la bile. Voy., § 22, un autre signe auquel l'auteur reconnaît que des menstrues sont pituiteuses.) Si une femme a le corps en mauvais état par le fait de la pituite, les règles seront pituiteuses. Voici à quoi on reconnaît cet état : elles paraissent membraneuses, des espèces de toiles d'araignées y sont étendues, et la couleur en est blanchâtre. Cela arrive, quand la pituite, emplissant le corps et la tête, n'est évacuée ni par les narines, ni par le siège, ni par l'urètre, mais son avec les règles dans l'agitation que l'époque menstruelle donne au sang. La chose étant ainsi, la malade ne se sent de rien pendant deux ou trois mois; mais, à la longue et aucun traitement n'intervenant, elle souffre davantage, une fièvre erratique survient, il y a anorexie par intervalles et cardialgie. Les souffrances s'aggravent surtout à l'approche des règles. Les règles passées, son état s'améliore comparativement pour un peu de temps. puis il revient an même point ; et, si cela se prolonge sans traitement, il arrivera ici aussi tout ce qui arrivait dans le cas des règles bilieuses, tant que le flux était arrêté. Une conséquence de cette affection est aussi un écoulement, mais un écoulement pituiteux, on tout ce que je dirai un peu plus loin. Si cela arrive en surcroît, il y a tous les jours un flux tantôt abondant, tantôt peu considérable, parfois semblable à de l'eau d'orge, parfois à de la lavure de viande; de nombreux caillots de sang s'y trouvent; il ronge la terre comme le vinaigre, irrite les parties de la femme qu'il touche, et ulcère la matrice. A ce point, elle éprouve les mêmes accidents que dans le cas précédent; cependant elle souffre moins de la tête, et les ulcères ne sont ni d'aussi mauvaise apparence, ni aussi grands, ni aussi purulents, ni aussi fétides. Traitée, elle guérit, même après que la maladie a duré; il n'y a pas beaucoup de crainte de mort ; mais, en cet état, elle ne peut pas devenir enceinte.

[10] (Femme ne pouvant pas devenir enceinte, parce que le sperme n'est pas retenu. Trois cas : il sort le jour même; il sort le lendemain ou le surlendemain; il sort le sixième ou le septième jour. Dans le premier cas, l'orifice utérin est dévié: dans le second, la matrice est humide; dans le troisième, la matrice et le corps entier sont en cause.) Quand une femme qui cohabite avec son mari ne peut devenir enceinte, il faut s'informer si les règles viennent ou non, et si le sperme s'en va sur-le-champ, ou le lendemain, ou le surlendemain, ou le sixième jour, ou le septième. Dit-elle qu'il s'en va aussitôt après le coït, alors l'orifice utérin n'est pas droit, il est dévié et ne prend pas le sperme. Dit-elle que c'est le second ou le troisième jour, la matrice est humide, et le sperme est balayé par le liquide. Dit-elle que c'est le sixième et le septième, le sperme se putréfie, et, putréfié, il sort. Pour le cas où tout d'abord le sperme n'est pas reçu, il faut en premier lieu s'occuper de l'orifice utérin, de manière à le redresser; dans le cas où le sperme est balayé le second ou le troisième jour, de la matrice et de la tête; dans le cas où il se putréfie et sort, de la matrice et du corps entier, lequel est humide. Tels sont les signes par lesquels ces trois cas se distingueront.

[11] (Traitement du cas où le sperme n'est pas retenu parce que le corps entier est en cause.) Quant à la purgation qui convient, on la déterminera ainsi : au moment des règles, on plie un linge en plusieurs doubles, de manière qu'il soit de la grandeur d'un empan, et on l'étend sur de la cendre légère ; puis on s'arrange pour que le flux tombe dessus. On aura deux de ces tampons, l'un pour le jour, l'autre pour la nuit; celui du jour, on le lavera le lendemain; celui de la nuit, quand un jour et une nuit auront passé dessus ; bien entendu qu'ils seront restés sur la cendre. Après le lavage, on remarquera ce que deviennent ces linges, séchés au soleil, ou, mieux encore, dans un lieu obscur. Si c'est la pituite qui fait obstacle, le linge sera taché de pituite; si c'est la salure et la bile: il sera rouge et sublivide. Cela étant vu et soumis à un examen attentif, on portera le regard sur tout le corps pour décider s'il réclame ou non une évacuation abondante, prenant en considération la couleur, l'âge, la force, la saison, le régime. Le traitement, qui s'occupe du corps entier, s'occupe aussi de la matrice et de son orifice. S'il est fermé, on l'ouvrira; si elle est déviée, on la redressera; si humide, on la desséchera, et ainsi du reste, par le contraire. Chez toutes, le gros du traitement est à peu près le même, sauf l'emploi des emménagogues; car, lorsque les règles viennent, il n'y a pas lieu de les provoquer, il faut seulement ôter ce qui est mauvais, par exemple l'état pituiteux, membraneux, bilieux, ichoreux, ténu, blanc, grumeleux, noir, charbonneux, sombre, âcre, salé, trouble, purulent. Toutes ces conditions morbides doivent être enlevées; car elles empêchent la grossesse. Quand les règles sont pituiteuses et membraneuses, et que la femme est charnue, la bouche est très humide, une salive copieuse et gluante y abonde. Si la femme prend du vinaigre ou quelque chose d'âcre, la salive devient plus liquide et plus insipide. Tout ce qu'elle mange ou boit provoque un nouveau malaise; le ventre se gonfle; nausées, beaucoup d'anxiété. De la tête descend de la pituite qui obstrue tout et amène beaucoup d'humidité. Le dessous des yeux est livide et soufflé. Dans ce cas, on prescrira des bains de vapeurs entiers et de fréquents vomissements tant avec nourriture qu'à jeun. On amollira le ventre inférieur à l'aide de purgatifs très légers qui ne seront aucunement cholagogues. La femme ne fera qu'un repas par jour; elle s'exercera fréquemment, usera du régime le plus sec, et prendra très peu de boisson, et cette boisson sera du vin pur. Il vaut mieux que le ventre reste libre. La matrice, si ce régime n'opère pas sur elle, sera purgée à l'aide de pessaires qui n'aient rien d'irritant. Il faut toujours donner des bains de vapeur avant ces purgations, d'abord avec l'eau de fenouil (anethum faeniculum, L.), puis avec les substances balsamiques. Les bains de vapeur et les applications de pessaires seront conduits de manière, que tout sera terminé et en ordre au moment où les règles devront paraître. Si donc elles sont pures, sans altération et bien sanguines, la femme ira auprès de son mari au début, ou, mieux, quand elles finissent, et plutôt coulant encore que complètement disparues. Au moment d'aller auprès de son mari, elle fera quelqu'une des fumigations aromatiques et astringentes; la fumigation se fera par le couvercle et le roseau, le médicament ayant été jeté sur de la cendre chaude; quand le médicament est jeté, elle dispose le couvercle et le roseau, et, s'asseyant, reçoit la fumigation. Quand il faut faire la fumigation, elle se servira de la sonde de plomb, afin que la fumigation trouve ouvert l'orifice utérin. Puis, levée de dessus sa fumigation et s'étant mise au lit, elle appliquera de nouveau le plomb ; enfin, le retirant, elle usera aussitôt du coït; et, si la semence de l'homme ne vient pas en dehors, elle étendra les jambes, les croisera et se tiendra immobile. Ce jour-là, il faut faire abstinence, sauf, si elle veut, un cyceon sans sel à I'eau; elle le boira au moment de la fumigation. Si, après le coït, elle garde la semence le lendemain et le surlendemain, elle se privera d'aliments solides et de bains, elle boira de la farine d'orge à l'eau sans sel, deux on trois fois le jour. Ce régime en durera six, et, mieux encore, sept, si, après le coït, la semence de l'homme ne sort pas. Pendant tout ce temps, elle restera sans bains et se gardera de se donner du mouvement. Si elle veut se promener, elle se promènera en un terrain plan et uni, évitant absolument lis montées et les descentes. Elle se tiendra assise sur des sièges mous, si elle conçoit; et observera le même régime pendant trente jours ; elle continuera de s'abstenir de bains, ou, s'il lui en faut prendre, elle se lavera avec peu d'eau qui ne sera pas très chaude; elle ne se mouillera pas la tête. Pour aliments de céréales, elle aura le pain et la pâte d'orge; pour viandes, le pigeon et autres semblables; pour poisson de mer, tout ce qui resserre le ventre; elle s'abstiendra des herbages âcres; elle usera d'un vin noir; les viandes seront plutôt rôties que bouillies, aussi bien d'animaux domestiques que de gibier.

[12] (Traitement du cas où le sperme n'est pas retenu parce que la matrice est trop humide. L'auteur y ajoute le cas où la matrice ne retient pas, parce qu'elle a été affaiblie par les pessaires ou les fumigations.) Voilà ce que fera la femme, si elle conçoit. Mais si elle ne conçoit pas, et que la semence de l'homme, s'écoulant avec beaucoup d'humidité, sorte le deuxième ou le troisième jour, évidemment la matrice est trop humide. Il faut traiter suivant le mode exposé précédemment, jusqu'à ce qu'elle devienne sèche. Quand elle parait être sèche, ce qu'il y a de mieux c'est d'appliquer un médicament émollient en arrière et eu avant, jusqu'à ce qu'elle reprenne son état naturel ; et, derechef, la femme ira auprès de son mari, lorsque les règles, cessant d'être abondantes, seront en petite quantité, de bonne couleur, et que les désirs se feront sentir. Dans les autres jours aussi, les désirs doivent se faire sentir, si la matrice est en bon état. Quand la femme a usé du coït en ces jours, la matrice étant bien disposée et la semence ayant été retenue dix ou douze jours, la femme n'ira pas auprès de son mari. Si elle ne conçoit pas, tout en ayant néanmoins la matrice saine (cela se voit souvent aussi), c'est que l'utérus, quoique en état de bonne nutrition, a été affaibli par une affection. ou par des purgations ou des fumigations excessives, et il ne peut porter la semence, tant qu'il ne s'est pas habitué et fortifié. Voici à quoi on reconnaîtra ce cas : quand la semence sort, elle sort le second ou le troisième jour, ou même plus tard; ce qui sort est épais et grumeleux comme du mucus, à moins qu'il n'y ait quelque mal et que la semence ne s'en aille par une autre maladie de la matrice. Quand donc la semence sort ainsi, il faut soigner l'utérus, sans négliger le corps entier. On mettra le corps en bon état, de manière qu'il ait à la fois fermeté et embonpoint. Peu de bains; beaucoup d'exercices légers; abstinence des substances âcres ou salées; vomissements avant les jours où viennent les règles, puis diète rigoureuse, et tout le reste comme il a été dit. Voilà le traitement de ces cas.

[13] (Traitement du cas où, par la faute de l'orifice utérin, le sperme n'est pas retenu.) Quant à celui où, après le coït, la semence de l'homme sort incontinent, la cause en est dans l'orifice utérin. On traitera ainsi : si l'orifice est très fermé, on l'ouvrira avec les bâtonnets de pin et avec les plombs ; fumigation émolliente, avec le fenouil; purgation avec les pessaires qui atténuent la matrice et en favorisent le redressement. Après les purgations et les fumigations, on administrera en injections ce qui est contraire à la cause du mal. Chez quelques-unes l'orifice utérin est dévié et appliqué du côté de la hanche; car c'est aussi un des empêchements pour la matrice de recevoir la semence. En ce cas, on fera les fumigations aromatiques; après la fumigation, la femme, portant le doigt, écartera l'orifice de la hanche; l'ayant écarté, elle le redressera avec les bâtonnets de pin et le plomb, comme il a été dit plus haut. La matrice étant redressée et ouverte; on la purge avec des pessaires émollients, et tout le reste clans l'ordre susdit. Quand la matrice est plus béante qu'il ne convient, elle a besoin d'être purgée, et, après les purgations, d'injections et de fumigations aromatiques. Si elle est abaissée, on prescrit les vomissements, les fumigations fétides, jusqu'à ce qu'elle revienne à sa place; le régime est comme plus haut. Si l'orifice est gras et épais et que ce soit la cause qui empêche de concevoir, la femme mangera, à jeun, de la moutarde blanche cuite, et boira par-dessus du vin pur; en pessaire, elle aura du nitre rouge, du cumin et de la résine; le mieux est de mettre cela en un linge; ou bien mélanger du nitre avec de la myrrhe, de la résine, du cumin et du parfum blanc; ou bien brider de la corne de cerf, y mêler le double de farine, dans du vin, et boire cela pendant quatre jours. S'il n'y a pas d'amélioration, faire cuire des poireaux; la femme prendra un bain de siège dans cette eau; ou bien piler du hêtre et l'appliquer. Manger de l'ail frais, boire de l'hydromel par-dessus et vomir.

[14] (Remède pour le cas où le sperme séjourne et se putréfie.) Pour les femmes chez qui la semence séjourne, se putréfie et cause du malaise, donner en éclegme le fruit ou le suc de l'arroche sauvage (atriplex hortensis, L.) avec du miel ou avec du cumin.

[15] (Remède pour le cas où, les règles ayant mauvaise odeur, la femme ne conçoit pas.) Quand les règles sont de mauvaise odeur et que la femme ne devient pas enceinte, mêler l'arroche et la graisse d'oie, et appliquer en pessaire.

[16] (Autre détail su le cas où le sperme sort putréfié le sixième ou le septième jour.) Quand la semence de l'homme sort putréfiée le sixième jour ou le septième, cela sans doute vient de l'afflux des deux humeurs, bile et salure. On traitera par l'hellébore, ou la scammonée et le peplion (euphorbia peplis, L.); car ils évacuent par le haut et par le bas la pituite et la bile, et expulsent les vents; avant les purgations on emploiera les fumigations aromatiques. Après les fumigations, on purgera avec des pessaires de la même façon que dans les cas précédents. A la suite des fumigations et des purgations, ou emploiera les émollients, le pessaire avec la mercuriale, l'armoise, l'anémone et l'hellébore blanc ou noir. Tels sont les médicaments qu'il faut mettre en usage. Quant au régime, on examinera le corps de la femme en son ensemble, considérant si elle parait sèche ou charnue. Si elle est sèche, beaucoup de bains, pour mets toutes choses bouillies, soit poissons de mer, soit viandes; vin léger; herbages bouillis, tous gras et doux; car toutes ces substances en général produisent de l'humidité et dans le corps entier et dans la matrice. Si la femme est humide, la matrice n'a besoin d'aucune de ces choses; c'est tout le contraire qu'il faut : on ne touchera pas la matrice, on ne fera ni injections ni fumigations à nouveau; car le flux se porte facilement vers la partie excitée. Si la matrice s'humecte plus qu'il ne convient, il faut dessécher et faire des fumigations. Si un flux bilieux va sur la matrice, donner ce qui évacue la bile; si un flux salé, donner du lait d'ânesse, du vin et les autres secours.

[17] (Réflexion générales sur les cas où la femme ne peut concevoir.) Il faut, considérant la force des maladies et déterminant convenablement les causes qui les engendrent, procéder au reste comme il a été dit et guérir les parties. Quand c'est l'orifice utérin qui empêche la femme de devenir enceinte, c'est l'orifice qu'il faut mettre en bonne disposition. Chez celles où l'humidité est l'obstacle, on prend les moyens pour l'écarter; examinant toute la condition de la femme, soit que quelque fluxion paraisse provenir de tout le corps, ou de l'utérus même, ou de l'un et de l'autre. On traitera la matrice de manière qu'elle ne soit ni humide ni trop sèche. Pour celle qui a trop de sécheresse, on prescrit, en proportion de la sécheresse, une abondance de suc, et un suc tel qu'elle soit plutôt grasse que maigre. Quand la matrice est abreuvée d'humidité, on la dessèche, lui laissant toutefois assez de suc pour qu'elle ne reste pas desséchée; car l'excès d'un côté ou de l'autre doit être soigneusement évité. On ne voit devenir enceintes ni celle qui a l'humidité, ni, non plus, celle qui a la sécheresse, à moins que ces conditions ne soient de leur constitution propre. La femme ira auprès de son mari, quand la cure a bien opéré, au début ou à la fin des règles; le mieux est quand elles ont cessé. C'est surtout dans ces jours qu'il faut essayer si elle peut concevoir; car ils sont les plus décisifs. Si la femme ne conçoit pas sur-le-champ, tout en étant bien du reste, rien n'empêche que dans les autres jours elle n'ait des rapports conjugaux; car le traitement excite des désirs, les veines sont béantes; et, si la semence de l'homme concourt directement avec celle de la femme, il y aura conception. Chez quelques femmes, en effet, la chose s'accomplit, soit sur-le-champ, soit plus tard. En voilà assez sur ce cas.

[18] (Orifice utérin trop humide, empêchant que le sperme ne soit attiré.) Si l'orifice utérin est trop humide, la matrice ne peut attirer la semence. On emploiera les pessaires âcres ; en effet, l'orifice, irrité et s'enflammant, devient ferme parfois; il y a là une sorte d'affinité avec l'état squirreux ; état où il est bon d'appliquer les substances âcres. Les substances mordantes, étant atténuantes et chaudes, dissipent le squirrhe; et s'il se ramollit, on a recours aux émollients et à ce qui n'irrite pas (de la Nature de la Femme, § 24).

[19] (Moyen pour faire concevoir une femme qui est restée longtemps sans devenir grosse.) Si la femme demeure longtemps sans concevoir, bien que les règles paraissent, prenez, le troisième ou le quatrième jour, de l'alun, broyez, détrempez dans un parfum, absorber avec un lainage, et appliquez en pessaire; la femme le gardera trois jours; le quatrième, faites bouillir de la bile desséché de boeuf dans de l'huile, mouillez-en de la charpie, et appliquez ce pessaire; elle le gardera pendant trois jours; le lendemain, elle le retirera, et ira auprès de son mari.

[20] (Membranes empochant la conception.) Si la femme (ibid., § 67) ne reçoit pas la semence, bien que les menstrues aillent naturellement, une membrane est en avant; cet empêchement provient aussi d'autres causes; le doigt, touchant l'obstacle, le fera reconnaître. Faites un pessaire avec résine et fleur de cuivre, délayées dans du miel, et étendues sur un linge, qu'on introduira aussi avant que possible, après avoir mis un fil à un des bouts; en le retirant, la femme se lavera avec du vin tiède où du myrte aura cuit. Il vaut encore mieux enlever la membrane.

[21] (Indication des causes qui font que certaines femmes avortent spontanément le troisième ou le quatrième mois.) Il est des femmes qui, à la vérité, conçoivent facilement, mais ne peuvent aller jusqu'au bout de leur grossesse; elles avortent le troisième mois ou le quatrième, sans aucune violence, sans aucun aliment nuisible. Chez ces femmes, la cause en est une de celles qui ont été indiquées, mais surtout quand la matrice laisse échapper une partie de ce qui est destiné à la croissance de l'embryon. Le ventre se dérange, il survient de la faiblesse, une forte fièvre et de l'anorexie au moment de l'avortement. Il faut aussi compter parmi les causes l'état lisse de la matrice, soit naturellement, soit à la suite d'ulcérations; en effet, quand la matrice est lisse, parfois les membranes enveloppantes s'en détachent, quand l'enfant commence à se mouvoir, attendu qu'elles tiennent moins à l'utérus qu'il ne faut, en raison de l'état lisse de cet organe. On reconnaîtra ces diverses conditions, en interrogeant exactement; mais, pour l'état lisse, il faut qu'une autre femme touche l'utérus quand il est vide, car autrement la chose ne serait pas apparente. Quand les règles vont chez ces femmes, elles sont très abondantes. Dans le nombre, il en est qui portent l'enfant à terme. Avec le traitement, on a des chances pour amener à bien la grossesse. Voilà ce qui en est là-dessus.

[22] (Moyen de reconnaître si les règles sont pituiteuses ou bilieuses. Cette connaissance sert à procurer la conception.)  Si vous voulez faire avoir des enfants à une femme qui n'a pas pu en avoir (de la Nature de la Femme, § 100), il faut voir si les règles sont pituiteuses ou bilieuses. On s'en assurera ainsi: on répandra, au temps des règles, du sable léger et sec, et sur ce sable, au soleil, on versera du sang menstruel, le laissant sécher. Si la femme est bilieuse, le sang séché sur le sable sera jaune; si elle est pituiteuse, il sera comme de la pituite. On administrera l'évacuant qui convient à l'une ou à l'autre de ces conditions, soit par le haut, soit par le bas; puis on purgera la matrice.

[23] (Autres recettes pour faire concevoir.) Si vous voulez faire concevoir, administrez en boisson sept graines de lierre, ou des feuilles de lierre, chaque mois, dans du vin vieux, à la fin des règles; ou faites cuire une écorce de grenade dans du vin pur de bonne odeur, faites-en un pessaire que vous appliquerez jusqu'à midi; ou broyez fin de l'alun d'Égypte, attachez-le dans un lainage, et appliquez-le en pessaire, jusqu'à ce que le soleil se couche; puis, le retirant, la femme se lavera avec du vin de bonne odeur; cela se fera à la fin des règles.

[24] (Leucorrhée, que l'auteur désigne sous le nom de flux de semence; c'est de cette idée que vient le mot de gonorrhée.) Voici encore un cas: c'est surtout quand la purgation menstruelle s'est opérée, que les femmes, ayant des désirs, conçoivent; la semence, chez elles, se fortifie, si elles usent du coït quand il faut; celle de l'homme se mêle facilement; et, s'il arrive qu'il y ait prédominance, c'est de ce côté que se fait la coalescence. A ce moment, surtout, après la purgation menstruelle, la matrice a l'orifice béant et tendu, et les veines attirent la semence; mais, dans le temps précédent, l'orifice est plus fermé, et les veines ne l'attirent pas aussi bien, étant pleines de sang. Si la semence s'échappe pure et sans intermission, la femme n'aime pas à avoir des rapports avec son mari, elle ne devient pas enceinte, les lombes sont douloureuses. il y a fièvre lente, adynamie, lipothymie; et parfois la matrice n'est pas à sa place. Si le flux vient de plénitude, le mieux est de le laisser aller; si, au contraire, la matrice est relâchée, on prescrira pour alimentation le gruau d'orge, la viande de porc ou de pigeon, le vin rouge, et les boissons qui seront indiquées contre les écoulements.

[25] (Maladies des femmes enceintes. Diverses causes d'avortement: persistances des règles; diarrhée; saut; chute; frayeur; excès d'alimentation, etc.) Maintenant, je vais parler des maladies des femmes grosses. Je dis que, chez une femme grosse de deux mois, ou de trois, on plus, si les règles viennent chaque mois, nécessairement elle sera maigre et faible. Parfois même, la fièvre la prend à l'approche des règles, jusqu'à ce qu'elles coulent et pendant qu'elles coulent; après qu'elles sont passées, elle devient pâle ; à la vérité, elles sont peu abondantes. Dans ce cas, la matrice est plus ouverte qu'il ne convient, et laisse échapper une partie de ce qui est destiné à la croissance de l'embryon. En effet, dans l'état de grossesse, il va de tout le corps à la matrice du sang peu à peu; ce sang, se disposant circulairement autour du produit de la conception, en détermine la croissance. Mais si la matrice est trop ouverte, elle laisse échapper du sang chaque mois, comme c'est l'habitude; et le produit de la conception devient maigre et faible. Avec un traitement, l'enfant profite, et la femme elle-même se rétablit ; sans traitement, la femme avorte, et elle court risque d'avoir une affection chronique, si, après l'avortement, la purgation est plus abondante qu'il ne faut ; ce qui peut arriver, vu que la matrice est trop ouverte. Il y aura encore danger, si, chez une femme grosse, la tête est pituiteuse et qu'il en descende dans le ventre de la pituite âcre, qui provoque la diarrhée; il survient une fièvre sourde; en quelques cas, des battements faibles, s'en allant, puis reprenant et précipités. Si, en outre, il y a anorexie et adynamie, il est à craindre qu'elle n'avorte promptement, et elle-même, après l'avortement, sera en danger de succomber, si elle n'est traitée, vu que le ventre est dérangé, aussi faut-il le resserrer sur le champ. Il est encore bien d'autres périls qui compromettent le foetus; en effet, la femme enceinte peut avorter si elle est malade et s'affaiblit, si elle soulève un fardeau avec effort, si elle reçoit un coup, si elle saute, si elle est affectée d'anorexie ou de lipothymies, si elle prend beaucoup ou peu de nourriture, si elle a une frayeur, un tressaillement, si elle pousse des cris, si elle se livre à ses passions. La nourriture et beaucoup de sang sont causes d'avortement. La matrice elle-même a des conditions qui font avorter, étant venteuse, dense, lâche, grande, petite, et autres états analogues. Si une femme enceinte souffre du ventre ou des lombes, il est à craindre qu'elle n'avorte, les membranes qui enveloppent l'enfant s'étant rompues. Il en est qui avortent, si elles mangent ou boivent quelque chose d'âcre ou d'amer contre leur habitude. le foetus étant encore petit. En effet, pour peu qu'il survienne quelque chose d'inhabitué au foetus alors qu'il est jeune, il meurt ; ce qui arrive aussi, quand la femme mange ou boit des substances qui lui dérangent fortement le ventre à cette époque de la vie foetale, vu que la matrice se ressent du flux intestinal. Un excès de fatigue, ou le resserrement du ventre, ou le gonflement abdominal suffisent encore pour expulser le foetus, qui est échauffé par la fatigue et pressé par le ventre; car, en général, les foetus tout petits sont sans force. Il arrive aussi qu'on avorte d'enfants déjà grands. Aussi les femmes ne doivent-elles pas s'étonner d'avorter involontairement; car il faut beaucoup de précaution et de connaissance pour mener à terme le foetus, le nourrir dans la matrice, et le mettre au monde dans l'accouchement.

[26] (Influence d'un état bilieux pendant la grossesse sur l'état des lochies. Lochies bilieuses. Accidents qui dérivent de la diminution ou de la suppression des lochies. Comparaison de ces accidents avec ceux que déterminent les règles bilieuses.) Si la femme enceinte a le corps en mauvais état, est bilieuse et souffrante, a de la fièvre par intervalles, la bouche amère, la langue jaune, les yeux ictériques, les ongles bilieux, l'urine âcre, si surtout elle a de la fièvre, il lui arrivera, après l'accouchement, d'avoir des lochies bilieuses et un enfant faible. En ce cas, les lochies sont bilieuses ou très noires, de la graisse y surnage, elles ne vont que peu à peu, et ne se coagulent pas promptement. D'abord la femme n'en souffrira pas beaucoup, puis elle en souffrira davantage ; et la purgation lochiale ne coulera pas autant qu'il faut. En effet, si le corps n'est pas en bon état, les lochies seront moindres et de plus mauvaise nature. La femme éprouvera tout ce qu'éprouve celle dont les menstrues sont bilieuses, mais elle sera moins longtemps malade; mêmes dangers, mêmes signes, mêmes métastases. En effet, il lui survient on un vomissement bilieux, ou un flux de ventre; et la matrice s'ulcère. La femme a besoin d'être suivie de près, quand quelque chose de semblable survient, pour qu'elle ne succombe pas ou ne reste pas stérile. Si aucun de ces phénomènes ne survient, qu'il n'y ait pas de traitement, et que les lochies se suppriment, elle succombe en trente et un jours généralement. Dans cette maladie, on donne un cholagogue; l'anis aussi est utile ici, et tout ce qui pousse aux urines; faire vomir, provoquer des sueurs, et laver le ventre avec la décoction d'orge, ou avec du miel, des oeufs et l'eau de mauve.

[27] (Signes de mort on de maladie du foetus dans l'utérus.) Quand, chez une femme enceinte de sept ou huit mois, la plénitude des mamelles et du ventre s'affaisse subitement, que les mamelles deviennent petites et que le lait ne paraît pas, on dira que l'enfant est mort, ou, s'il vit, débile.

[28] (Écoulement de sang, cher une femme grosse, indiquant l'avortement ou la maladie du foetus.) Quand, chez une femme enceinte, les règles se montrent, elle avorte si elles sont abondantes et de mauvaise odeur, ou l'enfant est maladif.

[29] (Influence d'un état pituiteux pendant la grossesse sur l'état des lochies. Lochies pituiteuses. Comparaison de ces accidents avec ceux que déterminent les règles pituiteuses.) Une femme enceinte est pituiteuse, elle a mal à la tête, et de la fièvre par intervalles; la pituite lui roule dans la tête, cause de la pesanteur et du froid, et s'épanche dans le corps et les veines, quand la tête est pleine. La malade prend une teinte plombée et vomit de la pituite; langue blanche; urine blanche; selles blanchâtres, froides; difficulté à se mouvoir. Après l'accouchement, le flux lochial sera pituiteux, il paraîtra membraneux, et contiendra comme des toiles d'araignée étendues. La femme éprouvera tous les mêmes accidents que celle chez. qui les règles étaient pituiteuses, mais elle sera moins longtemps malade. La maladie aura les mêmes dangers, signes et métastases. Car il lui arrivera un vomissement pituiteux et toutes les souffrances semblables au cas susdit, s'il y a prolongation. Les lochies et les règles pituiteuses ont une dépendance de même sorte, mais le mal dure moins pour les lochies que pour les règles. Si la purgation lochiale arriérée ne fait pas éruption, la mort survient en quarante-cinq jours; et si cette purgation coule pituiteuse, elle coulera moins abondamment que dans le cas de santé; mais, traitée, la femme guérira, et elle aura du météorisme dès le début jusqu'à guérison. Cette affection est, en effet, difficile. On donnera un médicament phlegmagogue, et, par-dessus, avec du miel, le lait de chèvre cuit; s'il n'y a pas d'effet, le cardame (erucaria aleppica d'après Franz) ou le cnecos (carthamus tinctorius) ou le cneoron (daphne tartonraira L. ), ou le polypode (polypodium vulgare L.), ou le petit-lait, ou la préparation avec le sel, bref tout ce qui relâche et expulse la pituite.

[30] (Femme enceinte dont la rate est malade.) Si la femme enceinte a la rate affectée par suite de souffrances exposées dans le cas de la femme dont les règles sont aqueuses et pituiteuses (§ 9), les lochies seront aqueuses, et il en coulera, tantôt beaucoup tantôt peu; c'est comme de l'eau qui aurait servi à laver de la viande sanguinolente, parfois elles sont un peu plus épaisses; elles ne se coagulent pas. Elle éprouvera tout ce qu'éprouve la femme dont les règles sont aqueuses; la maladie aura les mêmes périls et les mêmes métastases, car il arrivera à la patiente d'avoir un écoulement aqueux, ou de voir se supprimer la purgation, qui se portera sur le ventre, sur les jambes, sur la poitrine, ou quelque autre part; et les dangers seront les mêmes qu'il a été dit précédemment.

[31] (Remèdes pour l'enflure, pour la bile, dans l'état de grossesse.) Si une femme enceinte enfle, donnez la graine d'ortie le plus possible, du miel, et du vin coupé ayant du bouquet, le tout à prendre en boisson deux fois par jour. Si une femme enceinte est tourmentée par la bile, donnez la décoction d'orge, la saupoudrant avec le fruit du sumac rouge ou avec celui du mûrier; cela sera pris froid, et le mal s'apaisera.

[32] (Suffocation subite chez une femme enceinte. Comp. avec le § 7.) Une femme enceinte est saisie de suffocation subite; cet accident survient surtout quand elle a éprouvé de la fatigue ou fait abstinence; la matrice ayant été échauffée par la fatigue, et le fluide étant devenu moins abondant pour l'enfant, attendu que la mère a le ventre plus vide qu'il ne faudrait, l'enfant se dirige vers le foie et les hypocondres, attendu qu'ils sont pleins de fluide, et cause soudainement une violente suffocation. La voie de respiration à travers le ventre se trouve interceptée, la femme perd la parole, le blanc des yeux se renverse, et elle souffre tout ce que j'ai dit qu'éprouve une femme suffoquée par la matrice. En même temps que la suffocation commence chez une femme enceinte, de la pituite commence aussi à couler de la tête aux hypocondres, vu que le corps ne peut tirer la respirations. Et si, simultanément avec la descente de la pituite, l'enfant retourne à sa place, attirant le fluide et refoulé par la pituite, le mal cesse; un gargouillement se fait entendre, l'enfant revenant au lieu qu'il a quitté; et le ventre devient humide la plupart du temps. Mais, si l'enfant ne reprend pas promptement sa place, deux conditions le font souffrir, à savoir la pituite qui, descendant de la tête, le presse par son poids, et le refroidit par sa permanence, et un lieu inhabitué. Il y aura danger, si un meilleur régime n'est pas vite institué, et la femme sera suffoquée. Voilà ce qui en est sur ce sujet.

[33] (Difficultés d'accouchement : présentation par les pieds, par le côté; enfant mort ou double.) Une femme est enceinte, l'époque de l'accouchement est arrivée, le travail dure longtemps, et elle ne peut se délivrer; en général, c'est que l'enfant vient de côté ou par les pieds; or, il faut qu'il vienne par la tête. Ce cas peut se comparer à un noyau d'olive qui, mis dans un vase à goulot étroit, n'en peut être retiré de côté. De même, chez la femme, l'obliquité de l'enfant est fâcheuse; car il ne sort pas. Venir par les pieds est encore une mauvaise position; et souvent il en résulte la mort de la mère, ou de l'enfant, ou de tous deux. En troisième lieu, l'accouchement est grandement entravé, quand l'enfant est mort, ou apoplectique, ou double.

[34] (Remarques sur la grossesse et l'accouchement. Quelque accidents qui surviennent et leurs remèdes.) Quand une femme est grosse, elle devient toute pâle, parce que la partie pure de son sang distille journellement du corps et se porte à l'embryon, qui en reçoit accroissement. Or, le sang étant moindre dans le corps, nécessairement elle est pâle, elle a des envies d'aliments étranges; même peu de nourriture cause des dégoûts et des nausées; et elle s'affaiblit, parce que le sang diminue. Je remarque que la femme, quand elle accouche, a la respiration fréquente; et, au moment où la purgation commence, le ventre est plein et chaud au toucher. La respiration est surtout fréquente quand elle approche de la délivrance, et les lombes sont surtout douloureuses alors; car les lombes sont contuses par l'enfant; dans tout l'intervalle, elle a de la cardialgie de temps en temps, vu que le ventre et surtout l'utérus se contractent autour du foetus. Si, chez une femme qui accouche, l'utérus se remplit d'air, couvrir de cendre un foie de brebis ou de chèvre, puis le faire cuire, le prendre, et boire, si rien n'empêche, du vin vieux pur pendant quatre jours, si elle est à quelque distance de l'accouchement. S'il y a douleur aux lombes, la femme boira de l'anis et du cumin d'Éthiopie, et se lavera à l'eau chaude. S'il y a dyspnée, prenez soufre gros comme une fève, autant de cardamome, de rue et de cumin d'Éthiopie, pilez, délayez dans du vin, et donnez à boire à jeun fréquemment; s'abstenir d'aliments. Si, dans l'accouchement, la purgation est abondante, l'utérus, la vessie et l'intestin se contractent simultanément; les excréments et l'urine, qui ne sont plus retenus, s'écoulent. Prendre des oeufs en potage, manger du pain cuit sous la cendre et le reste qui est écrit. Si la femme est sèche et sans eau dans l'accouchement, faire boire de l'huile, et étuver les parties avec de l'huile chaude, de l'eau de mauve, les oindre avec du cérat liquide, et faire une injection avec de la graisse d'oie associée à l'huile. Si l'accouchement ne peut se faire, employez en fumigation la résine ou le cumin ou l'écorce de pin. Quand des gonflements surviennent à la matrice ou dans l'accouchement ou après l'accouchement, il ne faut pas, comme font les médecins, employer les astringents. Les meilleurs remèdes sont le cumin d'Éthiopie, à la dose d'une pincée, cinq ou six pincées d'anis et de seseli (tordylium officinale, L.), une demi-chéramys de la racine de pivoine ou même de la graine (chéramys = 0 litre, 018); donnez cela dans du vin blanc de bonne odeur, à jeun surtout. Ou bien la racine de daurus d'Éthiopie, de seseli, de pivoine, de la même façon. Ou bien la graine d'hipposelinon (smyrnium olusatrum, L.) et de daucus d'Éthiopie, de la même façon. Ou bien la racine de crithmon (crithmum maritimum, L.), ou quatre oboles attiques de cumin d'Éthiopie (obole attique = 0gr,75), ou poivre, anis, daucus, (lophotaenia aurea Griesbach, d'après Fraas), sureau, racine de pivoine, pilez dans du vin, et donnez à boire. Ou bien deux ou trois rameaux de myrtidanum (plante indéterminée), cumin d'Éthiopie, racine de pivoine, ou semblablement la graine de lin, que les enfants qui toussent prennent avec un jaune d'oeuf cuit et du sésame grillé. Si une accouchée (de la Nature de la Femme, § 100) a des aphtes aux parties génitales, broyez des amandes et de la moelle de boeuf, faites cuire dans de l'eau, ajoutez un peu de farine, oignez les parties, et lavez avec de l'eau de baies de myrte.

[35] (Des lochies. Accidents causés par l'absence de lochies.) Maintenant je vais parler des lochies et de ce qui coule après l'accouchement. Quand une femme n'a pas ses lochies ou ses règles, ou que la matrice est dure, il y a douleur aux lombes; elle souffre cruellement dans les flancs, les aines, les cuisses et les pieds ;le ventre se gonfle ; des frissons traversent le corps, et il en résulte des fièvres aiguës. En cet état, s'il n'y a pas de fièvre, on prescrira les bains, on graissera la tète avec de l'huile de lis; faire cuire de la mauve, ou verser de l'huile de cypre (lawsonia inermis) dans de l'eau, et prendre là-dedans un bain de siège émollient. Dans toutes les maladies où les fomentations sont bonnes, il vaut mieux s'oindre ensuite avec de la graisse. S'il y a fiévre, s'abstenir de bains; faire des fomentations sur le bas-ventre, et traiter les lombes; donner à boire les médicaments utérins, mêlant ou des oeufs de sèche ou du castoréum; après donnez en potage ou la farine cuite avec de la rue ou la décoction d'orge.

[36] (Lochies coulant mal. Cinq cas : 1° rien ne vient avec l'enfant; 2° les lochies sont exiguës; 3° le flux lochial ne marche pas facilement; 4° la purgation lochiale retenue fait éruption soudaine, il peut survenir des ulcérations; 5° la purgation lochiale, marchant bien les premiers jours, se supprime.) Chez une femme, dans l'accouchement, le liquide ne va pas comme il faut avec l'enfant, il est moindre; et, si le liquide attiré par la chaleur dans l'accouchement et peu auparavant est dans la tête, il y aura de la céphalalgie; s'il arrive en abondance dans le ventre, il le dérangera par son irruption, et cela n'ira pas plus loin. Il faut venir en aide, de peur que la diarrhée, survenant à la suite dans un corps en mauvais état, ne la fasse souffrir. Si le flux venant de la tète se tourne sur la purgation lochiale et est abondant, il y a amélioration; s'il dépasse la mesure, il faut traiter; s'il se porte sur le ventre, l'issue devient plus facile pour l'enfant. La purgation est-elle exiguë, une douleur intense est ressentie aux lombes et à toute la région des parties génitales, il y a gonflement, les cuisses se remplissent; de la bouche et des narines s'écoule une pituite aqueuse; céphalalgie, fièvre, frisson, sueurs, grincement de dents; lipothymie; le ventre et la vessie se resserrent; les yeux roulent et la vue devient ténébreuse. Une accouchée a le flux, mais ce flux ne marche pas facilement, vu que la matrice est échauffée et que l'orifice en est fermé; en effet, l'orifice se recourbe après que l'enfant a fait sa sortie. S'il en est ainsi, la purgation ne marchera pas; et, ne marchant pas, il arrivera que la femme aura de la fièvre, le frisson et le ventre tuméfié. Si on la touche, tout le corps est douloureux, le ventre surtout; cardialgie de temps en temps; douleur aux lombes; inappétence, insomnie, sensation de piqûre. Puis, au cinquième ou septième jour, parfois le ventre se dérange, les déjections sont noires et très fétides, et parfois aussi l'urine est comme l'urine d'âne. Si ces évacuations arrivent, la femme se sent mieux, et, traitée, elle guérit promptement. Dans le cas contraire, il y a risque que, une diarrhée violente survenant, les lochies se suppriment. Alors, si le ventre ne se dérange pas, si les lochies n'apparaissent pas spontanément, si on n'administre pas promptement ce qui convient, et que l'état se prolonge, les accidents susdits s'aggraveront, et, en surcroît, elle sera en danger de devenir plombée et hydropique; l'ombilic fera saillie, soulevé par la matrice, et il sera plus noir que les parties environnantes. A ce point, il n'y a plus moyen de guérir; les malades succombent les unes à une époque, les autres à une autre, suivant les conditions de leur corps et de leur mal; elles ne passent pas vingt et un jours; c'est du moins ainsi qu'il arrive la plupart du temps. Si la purgation fait éruption soit par médicaments soit, ce qui arrive aussi, spontanément, quand la matrice laisse l'orifice se relâcher violemment par le sang affluant tout à coup en abondance, l'écoulement est fétide, purulent, parfois même noir; l'état s'améliore, et, traitée, la malade guérit. Il survient aussi des ulcérations à la matrice, par la corruption des lochies; si cela arrive, il faudra plus de soin, afin que les ulcérations ne deviennent pas grandes et putrides; il y a danger que la femme succombe ou devienne stérile. Voici les signes quand des ulcérations existent: la purgation venant, il semble que des épines passent par la matrice; de la chaleur tient le ventre. Voici encore ce qui survient souvent: palpée, la région sous-ombilicale est douloureuse comme si on touchait une plaie pure sur une partie nerveuse; puis des douleurs intenses saisissent par intervalles la matrice; il y a de la fièvre, qui est parfois douce à la main; de temps à autre, les lochies coulent avec un assez mauvais caractère, purulentes, fétides: voilà les signes quand il y a des ulcérations à la matrice, et beaucoup de soin est nécessaire. Telles sont toutes les terminaisons de cette maladie. Si la purgation lochiale marche les trois ou quatre premiers jours, puis se tarit tout à coup, la femme éprouve des accidents analogues aux précédents, mais à un degré moindre ; semblablement, la maladie, venant à se déplacer, a la même métastase; elle est de durée et moins intense que dans l'autre cas. La femme, mise au régime, guérit, si elle est soignée de près. Voilà ce qu'il en est touchant cette maladie.

[37] (Traitement du cas où manque la purgation lochiale.) Si après l'accouchement il n'y a pas de purgation, le ventre, la rate et les membres inférieurs se gonflent, la fièvre vient, le frisson saisit, des douleurs se font sentir aux lombes, parfois aussi aux viscères; refroidissement, fièvre, battements faibles, parfois fréquents, tantôt élevés, tantôt se dérobant. Tels sont les accidents et l'état au début de la maladie; avec le temps, le dessous des yeux devient rouge.
Les choses étant ainsi, donner des aliments légers; les humeurs sont-elles en mouvement, prescrire un purgatif : si la malade est bilieuse, un cholagogue; si pituiteuse, un phlegmagogue; puis fumigation aromatique de la matrice, et, pendant le jour, un pessaire émollient. Si l'orifice est dur, fumigation chaque jour, et application de pessaires émollients; puis laver à l'eau chaude, et appliquer les plombs; ensuite, liant des grains de sel et de la myrrhe dans un chiffon, la résine cuite dans de la laine, mêlant des aromates, de chaque autant, faire un pessaire gros comme une petite noix de galle, et le laisser en place un jour et une nuit; pois, interruption de trois jours, et fumigation avec les mêmes ingrédients. Autre pessaire : écorcez des haies du daphné Cnidium, prenez de ces baies et du poivre la dose de deux potions, pilez fin, mêlez de l'huile blanche d'Égypte et du très beau miel, emplâtrez dans de la laine, roulez autour d'une plume, et appliquez pendant un jour et une nuit; si la purgation paraît complète, il vaut mieux s'en tenir là; si non, interrompre pendant deux jours, et, derechef, appliquer le pessaire avec le concombre sauvage pendant un jour et une nuit; puis, prendre du nétopon, de l'huile de rose très odorante, faire fondre de la graisse de cerf, et appliquer dans de la laine pendant un jour; on lavera avec beaucoup d'eau chaude, de la façon la plus douce pour la femme. Aussitôt après avoir purgé les parties souffrantes avec les mondilicatifs et l'eau chaude, elle oindra l'orifice utérin avec de la graisse d'oie, de la myrrhe et de la résine tiède, et fomentera. Le lendemain, elle fera des injections pour l'utérus avec le vin et l'huile de narcisse; s'il n'y a pas d'huile de narcisse, avec le vin seul. Il faut s'arranger pour que tout cela soit fait un jour avant les règles. Les règles venues, pendant les trois premiers jours, piler de la spode noire de Chypre, répandre des grains de sel, et prendre le tout dans de la laine; la femme gardera cela quelque temps dans son corps, et boira à jeun du vin pur de bonne odeur. Les règles ayant cessé, elle appliquera pendant le jour le pessaire avec le pouliot, et ira auprès de son mari; si elle devient grosse, elle guérit. Elle mangera pendant la purgation menstruelle. En outre, il faut faire cuire la mercuriale, mêler des poireaux, de l'ail, du chou, des grains de grenade, et boire ce bouillon; du reste, user plutôt de poissons de mer que de viande; éviter les choses douces et huileuses. Il faut boire continuellement à jeun la préparation avec les branches de pin, jusqu'à ce que la purgation vienne; et la boire surtout pendant les règles.

[38] (Cas où les lochies coulent moins, parce que la matrice a l'orifice étroit et dévié, ou parce que les parties génitales sont resserrées par l'inflammation.) Si les lochies coulent moins qu'il ne faut, parce que la matrice a l'orifice étroit et est déviée, ou parce que les parties génitales sont fortement resserrées par la phlegmasie, la femme a une fièvre aiguë, de la cardialgie, tout le corps douloureux, de la jactitation; la douleur s'empare des articulations des membres supérieurs et inférieurs et des lombes; elle souffre au cou, au rachis et aux aines, et quelques parties du corps seront frappées d'impuissance; puis une fièvre tranquille, un frisson tout à fait manifeste; elle vomit aussi des matières pituiteuses, amères, âcres. Tel est ce cas. Traitée, elle guérira; si elle n'est pas traitée, elle restera boiteuse ou paralysée de quelque partie du corps. Cette maladie ne rend pas absolument la femme stérile. Si la matrice s'ulcère et que les lochies ne viennent pas comme il faut, la femme aura tous les accidents; traitée promptement, elle guérit dans le cas où les ulcérations ne sent pas étendues. Il faut traiter avec beaucoup de soin les ulcérations utérines; car, étant dans une cavité molle, d'une sensibilité exquise et nerveuse, avec beaucoup de sympathies, le bregma, le cardia, l'intelligence, elles s'accroissent, deviennent malignes, et ne sont pas disposées à se fermer. La matrice devenant étroite à l'orifice, ne laissant pas couler la purgation lochiale et s'enflammant, si le traitement n'est pas appliqué promptement, tout s'aggrave, odeur mauvaise, gonflement du conduit; dans le cas où la matrice n'est pas enflammée, il sort spontanément des matières sentant mauvais, livides ou noirâtres, contenant des caillots, et la femme a la purgation lochiale ; mais parfois il ne sort rien, ce qui est indice de mort, à moins que promptement on n'ouvre la veine ou tâche le ventre; en ce cas, il vaut mieux employer un lavement; si la femme vomit facilement, ou peut encore provoquer le vomissement; il est excellent d'uriner et de suer. Pour ces moyens le meilleur moment est celui où besoin en est.

[39] (Cas où les lochies sont plus abondantes qu'il ne faut.) Après l'accouchement, la femme a un flux un peu plus abondant qu'il ne faut; cela arrive en effet aussi quand la matrice devient large de l'orifice et que quelques veines qui s'étendent sous la matrice se rompent par l'effort de la sortie de l'enfant ; il y a une fièvre légère, de la chaleur sur tout le corps, parfois du frissonnement et de l'anorexie; la femme a du dégoût pour tout, elle maigrit, s'affaiblit, pâlit, s'oedématie, et perd l'appétit; mange-t-elle ou boit-elle quelque chose, la digestion ne s'en fait pas; chez quelques-unes même le ventre et la vessie font éruption, et le frissonnement augmente. Tel est l'état dans ce cas.

[40] (Adhérence des parties génitales, suite d'ulcérations. C'est l'absence des lochies qui permet à ces adhérences de se former. L'auteur rapporte le cas d'une de ses malades.) Après l'accouchement, les parties génitales se ferment par quelque adhérence; j'ai, en effet, vu cela aussi survenir lorsque l'orifice des parties s'ulcère. L'ulcération ayant été produite dans l'accouchement par l'effort de la sortie de l'enfant, il survint quelque chose de semblable à un aphte ; l'inflammation fut forte, et les lèvres, par l'inflammation, vinrent au contact et contractèrent adhérence l'une avec l'autre, vu qu'elles étaient ulcérées. Il y a contact, et il se forme un champignon qui tient réunies les deux lèvres, parce que la purgation lochiale est supprimée. Si la purgation allait, les plaies ne deviendraient pas fongueuses ; au lieu qu'une fluxion survient qui s'épaissit en une chair contre nature. Il faut traiter ces ulcérations comme dans toute autre partie du corps et les mener à cicatrisation, de sorte que la place soit lisse et de coloration uniforme. Phrontis éprouva ce qu'éprouvent les femmes chez qui la purgation lochiale ne se fait pas; de plus elle eut de la douleur dans les parties, et, touchant, elle reconnut qu'il y avait obturation; elle le dit, et, traitée, elle eut ses lochies, guérit et resta féconde. Si elle n'avait pas été traitée et que les lochies n'eussent pas fait éruption spontanément, l'ulcération se fût agrandie, et il y aurait eu danger, le traitement faisant défaut, que tes ulcérations devinssent carcinomateuses.

[41] (Déplacement des lochies, et transport sur la tête, la poitrine, les poumons.) La purgation lochiale se porte à la tète, à la poitrine et au poumon; cela arrive en effet, et souvent les femmes succombent sans retard, s'il y a suppression; mais si un flux se fait bien par la bouche ou par les narines, la malade réchappe. Si la maladie se prolongeait un peut davantage, la femme éprouverait tout ce qui a été dit au sujet de la jeune fille chez qui la première éruption menstruelle s'est portée en haut; toutefois la femme résistera plus longtemps que la jeune fille, et les accidents seront moins intenses jusqu'à ce que le poumon devienne purulent. Mais si la purgation lochiale ne se fait pas par la bouche et qu'elle se tourne en haut où elle s'est portée, les lochies demeureront supprimées, comme cela duit être en effet; de la toux et de la dyspnée se feront sentir; le poumon étant rempli par le sang, le côté et le dos deviendront très douloureux; quand elle tousse, la toux est sèche; parfois, elle a une exspuition écumeuse; avec le temps, l'exspuition devient foncée e; bourbeuse; la poitrine est plus chaude que le reste du corps, attendu que le sang l'échauffe. La femme a la fièvre, le ventre resserré, de l'anorexie, de l'insomnie, du dégoût; elle ne guérit pas, mais succombe en vingt et un jours d'ordinaire.
Si la purgation lochiale, s'étant portée en haut, ne s'échappe pas par la bouche et ne se tourne pas non plus sur le poumon, elle se tournera sur le visage, qui deviendra très rouge, la tête sera pesante, et la femme ne pourra la mouvoir sans douleur; les yeux seront très rouges, et il s'en écoulera du sang ténu. En quelques cas, du sang s'échappe par les narines, et, quand il en est ainsi, la maladie a une durée plus longue. Dans cette affection, l'ouïe devient dure; il y a de la cardialgie, des éructations, du délire, des transports maniaques; en quelques cas, les yeux sont égarés et convulsés. La femme éprouve toutes les souffrances qui surviennent, comme il a été dit, quand la purgation se tourne sur le poumon, si ce n'est qu'elle ne tousse pas et ne crache pas de même; elle ne souffre pas, non plus, dans le dos. Traitée, elle guérit; toutefois les chances de guérison ne sont pas nombreuses; et si elle réchappe, il restera, en général, cécité ou surdité. C'est ainsi que se termine cette maladie.

[42] (Diarrhée après l'accouchement et remèdes.) Si après l'accouchement (de la Nature de la Femme, § 52) il survient de la diarrhée et que les aliments ne demeurent pas dans le ventre, prenez du raisin sec noir et le dedans d'une grenade douce, pilez, délayez dans du vin noir, ratissez du fromage de chèvre, saupoudrez avec de la farine de blé grillée, et donnez à boire bien mélangé.

[43] (Hématémèse après l'accouchement, attribuée à une lésion du foie; traitement.) Si la femme vomit du sang après l'accouchement (de la Nature de la Femme, § 52), le lobe du foie est blessé; de la douleur gagne les viscères, et des spasmes saisissent le cardia. En ce cas, laver avec beaucoup d'eau chaude, appliquer les fomentations qui sont le mieux reçues, et donner à boire du lait d'ânesse pendant sept jours ou cinq; ensuite prescrire du lait de vache noire, à prendre à jeun, si elle peut, pendant quarante jours.. Le soir, elle boira du sésame broyé. Cette maladie est dangereuse.

[44] (Moyens pour rappeler le lait supprimé.) La formation du lait a été expliquée par moi dans la production de l'enfant, lors de l'accouchement, et le reste semblablement (de la Nature de l'Enfant, § 21 ). Si le lait (de la Nature de la Femme, § 93) se supprime, pilez des poireaux, trempez avec de l'eau, et donnez à boire. La femme se lavera aussi à l'eau chaude; elle mangera des poireaux et du chou; on y fera cuire dedans des feuilles de cytise, et elle boira cette eau. On donne en boisson la graine et la racine du fenouil, l'orge mondé, le beurre, qu'on fait cuire ensemble et qu'on laisse refroidir. Il est bon encore d'administrer l'hippomarathron (anethum segetum), et l'hipposelinon (smyrnium olusatrum), et le cytise. Tout cela ensemble rend le lait abondant, les chèvres de Scyros, et les fromages surtout. Il est bon encore de faire cuire de la sauge, d'ajouter des baies d'arkeuthos (juniperus phænicea) ou de cedros (juniperus oxycedrus), transvaser, ajouter du vin et boire; pour ce qui reste, elle y versera de l'huile et mangera. Elle s'abstiendra de ce qui est âcre, salé, acide et de tous les légumes crus. Le cardame (erucaria aleppica), pris dans du vin, est bon; car il provoque le lait; elle se lavera à l'eau chaude et boira l'apothermon (sorte de boisson). Donnez à boire le fruit du vitex dans du vin. Abondance de lait est produite aussi par la décoction de bette, de sésame non lavé et d'orge de trois mois ; on jette dans un mortier, on pile le tout, on extrait le jus à travers un linge, on mêle du miel ou des amamélides (sorte de sorbe ou de poire, voy. note 1); puis on donne à boire dans du vin noir.

[45] (Moyens pour faire bien couler les lochies.) Quand une femme ayant accouché est délivrée des secondines, il vaut mieux donner ce qui évacue surtout les lochies : de l'ail bouilli ou grillé, dans du vin et de l'huile, avec de petits poulpes et de petites sèches sur des charbons, celui des deux aliments qu'elle voudra; elle boira du castoréum ou du nard; elle boira aussi de la rue dans du vin noir doux, à jeun ou sans vin; s'il n'y a pas de vin doux, il vaut mieux y mêler du miel. Prendre aussi du chou cuit avec de la rue et de la mercuriale, et boire quelques-unes des graines qui sont bonnes pour l'utérus. Si les lochies se coagulent et causent de la douleur dans le bas-ventre, donner des poireaux bouillis, et ce qui est sauvage et cultivé; il faut tout préparer au gras; la femme se lavera tous les trois jours par un temps chaud; car le froid est nuisible en ce cas; après le bain, elle s'oindra; il vaut mieux ne pas user de beaucoup d'eau chaude.

[46] (Moyen pour faire sortir l'arrière-faix. L'auteur expIique comment il est quelquefois retenu.) Quand l'arrière-faix ne s'en va pas aussitôt après l'accouchement, il survient des douleurs au bas-ventre et aux flancs; frissons, fièvres; quand l'arrière-faix s'en va, la femme guérit; il se corrompt le plus souvent; il s'en va le sixième jour, ou le septième on même plus tard. Dans ce cas, il faut donner les remèdes que j'écrirai, et retenir la respiration. Ce qu'il y a de mieux, c'est l'armoise, le dictame, la fleur de violette blanche (cheiranthus); bu dans l'eau, gros comme une fève grecque, le suc de silphion est très puissant. Si l'arrière-faix ne peut pas sortir, garder l'abstinence; puis piler les feuilles du vitex dans du vin et du miel, verser de l'huile, faire tiédir, et donner à boire à la dose d'une cotyle (0 litre, 27); l'arrière-faix sort (de la Nature de la Femme, § 56). Le chorion demeure dans la matrice; cela arrive quand le cordon ombilical se rompt par une violence ou quand la femme qui le coupe le coupe, par ignorance, avant que le chorion soit sorti de la matrice ; l'utérus attire en haut l'arrière-faix, qui est glissant et humide, et le retient en elle-même, car le chorion prend son origine au cordon ombilical de l'enfant; le cordon sort le dernier de la matrice; s'il sortait d'abord, ce ne serait pas lui qui conduirait la nourriture à l'enfant, parce qu'il y est suspendu.

[47] (Moyen pour faire sortir un foetus mort à un ou deux mois.) Quand chez une femme enceinte l'enfant meurt à un mois ou deux et ne peut sortir, si elle est maigre, il faut lui purger le corps et lui donner de l'embonpoint; car les embryons putréfiés ne sortent pas avant que la matrice soit forte et épaisse (Comp. de la Nat de la F., § 19).

[48] (Chorion retenu, empêchant les lochies de couler.) Quand le chorion est retenu, si la matrice n'a pas un orifice large, la purgation lochiale va moins qu'il ne faut, le ventre devient dur et gros; grand refroidissement, fièvre aiguë, douleur dans tout le corps et surtout à 1a région sous-ombilicale; un poids se fait sentir à la matrice, et des tranchées comme si un enfart était dedans. Traitée, la femme expulse promptement le chorion putréfié, et elle guérit.

[49] (Ulcérations de l'utérus après l'accouchement; remèdes.) Si, à la suite de l'accouchement, la matrice s'ulcère, on traitera avec la fleur de rosier; la femme fera aussi des injections astringentes (De la Nat. de la F., § 84). Si l'orifice s'ulcère et s'enflamme, prendre de la myrrhe, de la graisse d'oie, de la cire blanche, de l'encens, du poil de lièvre de dessous le ventre, mêler le tout, broyer et appliquer en pessaire dans de la laine (De la Nat. de la F., § 53).

[50] (Phlegmasie utérine après l'accouchement. Traitement.) Si la matrice s'enflamme à la suite de l'accouchement, il y a fièvre légère et obscurité de la vue ; au ventre jamais la chaleur ne cesse; la femme a soif ; douleur aux hanches; la région hypogastrique est fortement gonflée, et le ventre se dérange. Les selles sont mauvaises et fétides; la fièvre est intense; anorexie; douleur au bregma ; l'orifice de l'estomac ne peut attirer les boissons et les aliments; et la digestion ne se fait pas. Si le traitement n'intervient pas aussitôt, la plupart succombent, et c'est par le ventre. Prendre des feuilles très tendres de sureau et de la grosse farine de blé de trois mois, faire cuire et donner à boire tiède (De la Nat. de la F., § 37). Donner aussi de l'hydromel et du vin aqueux, appliquer des cataplasmes refroidissants sur le bas-ventre, manger aussi peu que possible, arrêter le flux de ventre, traiter la tête, mettre des cataplasmes sur l'hypocondre.

[51] (Différents moyens pour les souffrances de l'utérus après l'accouchement.) Boisson pour la matrice : quand il y a douleur après l'accouchement, si la douleur se fait sentir au siège ou autre part, broyer la baie de l'arkeuthos (juniperus phaenicea), ou la graine de lin et d'ortie, et donner à boire. S'il y a douleur après l'accouchement, donner à prendre de la térébenthine, du miel, et du vin tiède; et, si la matrice s'enflamme, cela l'empêchera. Si la région de la matrice est douloureuse, piler les feuilles tendres de l'amandier amer et de l'olivier, le cumin, les baies ou les feuilles de laurier, l'anis, l'erysimon (sisymbrium polyceratium, L.), l'origan, le nitre, mêler, piler fin, et en faire une injection pour la matrice. S'il y a inflammation et douleur de matrice, prendre feuilles de rose, cinnamome, cassia, piler fin ensemble, verser du nétopon, et faire des pastilles du poids d'une drachme, puis, ayant chauffé jusqu'au rouge un vase neuf en terre, faire asseoir la femme par dessus, la recouvrir de vêtements, et faire une fumigation vers la matrice; cela calmera les douleurs.

[52] (Souffrances de l'utérus après l'accouchement, avec fièvre. Traitement.) Si la matrice souffre après l'accouchement, il y a une fièvre faible, mais à l'intérieur le bas-ventre est brûlant, et parfois du gonflement se manifeste à la hanche; de la douleur se fait sentir au bas-ventre et aux flancs; les déjections sont bilieuses et fétides; et, si le flux de ventre n'est pas arrêté, la femme meurt soudainement. Quand il en est ainsi, il faut refroidir le ventre tout en évitant de causer du frisson. Si la diarrhée ne s'arrête pas, elle boira la préparation au gruau, ou la préparation au pain, ou la farine ; pour potage, elle prendra le jus d'une grenade vineuse, le coupera d'eau, le saupoudrera de farine de lentilles, et fera cuire, mêlant des lentilles, du cumin, du sel, de l'huile et du vinaigre; ce potage sera donné froid ainsi que la bouillie acide de lentilles; elle boira par-dessus du vin fort de Pramne; quant aux autres aliments, elle s'en abstiendra jusqu'à ce que la fièvre ait cessé. Si on le juge convenable, elle pourra se baigner. Est-elle faible, qu'elle boive de la fine fleur de la farine d'orge; sa faiblesse est-elle encore plus grande, elle la boira dans l'eau froide. Elle prendra, quand la fièvre sera tombée, des aliments légers qui ne dérangent pas le ventre. Cette maladie est aiguë et très grave.

[53] (Phlegmasie utérine chez une nouvelle accouchée. Traitement.) Si la matrice s'enflamme chez une nouvelle accouchée, le ventre s'échauffe et devient gros; de l'oppression se fait sentir aux hypocondres. Quand il en est ainsi, appliquez des cataplasmes avec la mousse marine qu'on jette sur les poissons; cette mousse aura été pilée dans un mortier; on y mêlera de la grosse farine de grain non grillé, de la cendre de sarment et de la graine de lin grillée ; on moudra tout cela, on pétrira avec du vinaigre et de l'huile, et on fera comme un cycéon épais; on cuira jusqu'à ce que la préparation prenne la consistance de la graisse, et on l'appliquera en cataplasme aussi chaude que possible. S'il le faut, on prescrira des bains de siège.

[54] (Autre cas de phlegmasie utérine chez une nouvelle accouchée. Traitement.) Si l'utérus s'enflamme chez une femme en couche, il se tuméfie; et, les lochies séjournant, il se distend secrètement. Cela arrive quand il a été condensé par le froid. Dans ce cas, s'il est refroidi, il faut le réchauffer; s'il est brûlant et que le froid cesse, faire un pessaire qui s'oppose à l'inflammation, layer, fumier et administrer les médicaments que j'écrirai ; aspirer de la vapeur dans la bouche et dans les narines.

[55] (Remède pour la suffocation causée par l'utérus.) Si la matrice cause de la suffocation, cuire des lentilles dans du vinaigre, du sel et beaucoup d'origan, et en aspirer la vapeur; manger de la mercuriale; faire un potage avec l'eau où elle a bouilli et un peu de farine.

[56] (Conseils quand l'accouchement se fait trop promptement.) Quand l'accouchement se fait très promptement, donner, avant que la douleur survienne, les médicaments qui calment les douleurs utérines, et administrer des aliments qui lâchent le ventre. Si le ventre s'échauffe, administrer des lavements le plus tôt possible.

[57] (Matrice remplie de phlegme; règles pituiteuses; divers accidents. Traitement.) Si la matrice se remplit de phlegme, des vents s'y développent et les règles coulent moindres, blanches, pituiteuses; parfois c'est un sang ténu, pur, plein de membranes. Parfois encore il y a dérangement, elles paraissent trois fois par mois; à cause de l'humidité la femme ne veut pas avoir de rapports avec son mari, et-elle n'a aucun désir; elle maigrit. Elle souffre au bas-ventre, aux lombes et aux aines. Si le flux irrite et ulcère les lèvres de l'orifice utérin, dites qu'il sera de longue durée. Est-il abondant, faite vomir avec la bouillie de. lentilles et l'ellébore; puis faire une infusion dans le nez, et administrer un purgatif. Elle s'abstiendra des alimente âcres. Si elle sent des pesanteurs, du froid et de l'engourdissement, donner du lait et du vin de bonne odeur; boire à jeun de l'hypéricon, de la graine de lin, de la sauge dans du vin aqueux de bonne odeur; faire des injections utérines avec la préparation à la lie; et, si la matrice n'est pas ulcérée, suspendre deux jours ou trois, puis administrer l'injection avec la baie du daphné gnidium, puis avec les astringents. S'il y a ulcération, laver avec la décoction de myrte et de laurier, et oindre avec la préparation à la fleur d'argent (oxyde de plomb). La maladie est fâcheuse, et peu réchappent.

[58] (Autre cas d'affection utérine attribuée à la pituite.) Si les cotylédons sont remplis de pituite, les règles sont moins abondantes; la femme devient-elle grosse, elle avorte, quand le foetus a pris quelque force; car il ne se développe pas, mais s'écoule. Vous vous en apercevrez ainsi : la femme devient humide; ce qui s'écoule est muqueux et gluant comme la matière du flux de ventre, et n'a rien d'irritant; lors des règles, quand le sang cesse d'être évacué, des mucosités s'échappent de la matrice pendant un jour ou deux ; il v a frisson, chaleur non aiguë, mais qui n'a point de rémission. En ce cas, administrer le lavement avec l'eau de figues non mûres et avec ce qui évacue l'eau, et l'administrer et deux et trois fois; après cette purgation, user, pour le reste, d'astringents; appliquer en pessaire les émollients qui évacuent la pituite; fumiger l'utérus avec la préparation de laurier; injecter la préparation au vinaigre ; quand les règles ont cessé, faire une fumigation avec les aromates. Puis la femme s'abstiendra d'aliments et de bains et s'unira avec son mari. Prendre en petite quantité les aliments et le vin, se tenir chaude, s'envelopper les membres inférieurs avec la peau de mouton; et faire des onctions huileuses.

[59] (Hydropisie de matrice. Traitement.) Si une hydropisie (De la Na de la F., § 2) se forme dans la matrice, les règles deviennent moindres, mauvaises et s'arrêtent avant le temps; le bas-ventre enfle; les mamelles, loin d'être molles, sont dures; le lait est mauvais; la femme semble être enceinte. Voilà à quoi vous reconnaîtrez que c'est une hydropisie. Mais il y a aussi des signes à l'orifice de l'utérus; car la femme, en le touchant, le trouve mince et humide. Le frisson et la fièvre surviennent. A mesure que le temps se prolonge, la douleur occupe le bas-ventre, les lombes, les flancs et les aines. Cette maladie vient à la suite d'un avortement ; elle vient aussi par d'autres causes, et, entre autres, par la suppression des menstrues. Il faut laver avec beaucoup d'eau chaude et appliquer des fomentations quand la douleur existe; a-t-elle cessé, administrer un purgatif et faire à la matrice la fumigation avec la bouse de vache; puis mettre le pessaire à la cantharide, et suspendre pendant deux jours ou trois. Si les forces sont bonnes, injection avec le nétopon; le ventre devient-il vide, les fièvres cessent-elles, les règles marchent-elles convenablement, la femme s'unira avec son mari, se tiendra encore à l'usage des pessaires, et, après l'intervalle d'un jour, boira dans du vin, à jeun, l'écorce de crithmos, cinq graines noires de pivoine, graines de sureau; elle mangera de la mercuriale autant qu'elle pourra, de l'ail cru et cuit; elle usera, pour le sommeil, des aliments mous, poulpes et autres chairs molles, chairs marines plutôt que viandes. Si elle devient grosse, elle guérit.

[60] (Hydropisie de matrice, avec grossesse. Traitement.) Si une hydropisie (De la Nat de la F., § 35) se forme dans la matrice, les règles sont moindres, plus mauvaises et à de plus longs intervalles. La femme reste grosse pendant deux mois ou peu davantage. Le ventre enfle ainsi que le pénil, les jambes et les lombes. Quand beaucoup de temps s'est écoulé et qu'elle est grosse, le foetus meurt et est expulsé, et de l'eau s'écoule en même temps. Les femmes succombent la plupart du temps; le sang se corrompt, et elles deviennent hydropiques. En ce cas, il faut mettre à l'usage du lait et faire boire des pavots jusqu'à ce que le foetus puisse se mouvoir. Toutefois, la mort du foetus et son expulsion surviennent communément avant ce temps, et la matrice laisse écouler du sang et de l'eau. Ces accidents ne surviennent pas plus après de la fatigue qu'autrement. Vous reconnaîtrez qu'il y a de l'eau, à ceci : en touchant avec le doigt, vous trouverez l'orifice mince et plein d'humidité. Si l'avortement survient non pas dès le début, mais le foetus avant déjà deux mois, et que la femme éprouve de la suffocation, le bas-ventre se tuméfie, il est douloureux au toucher comme s'il y avait une plaie; grande fièvre; grincement de dents; douleur aiguë et intense aux parties génitales, au bas-ventre. aux hanches, aux flancs et aux lombes. Les choses étant ainsi, on lavera la malade avec de l'eau chaude s'il y a douleur, et on fera des applications chaudes, essayant celles qui sont le mieux supportées; on fera boire un médicament qui évacue par le bas ; après un intervalle tel que vous le jugerez suffisant pour la femme, injection, fumigation; pessaire avec du cyclamen, mouillé avec du miel, mis dans un linge et appliqué à l'orifice de la matrice; ou raclez du cyprès, mouillez avec de l'eau et appliquez semblablement; mais vous laisserez ce pessaire moins longtemps et vous l'appliquerez à des intervalles plus éloignés, attendu qu'il mord et irrite davantage. Vous aurez une sonde d'étain que vous introduirez, et le doigt de même. Vous essayerez quels sont les breuvages qui passent le mieux à la malade. Elle dormira avec son mari surtout aux époques opportunes ; car, si elle reçoit la semence et devient enceinte, elle se purge en accouchant, et avec cette purgation s'en vont les matières qui séjournaient auparavant : &est surtout de cette façon qu'elle recouvrera la santé.

[61] (Hydropisie générale causée par une affection de la rate. Cette hydropisie gagne la matrice.) Une femme est prise d'hydropisie par le fait de la rate, qui devient aqueuse et grosse. La rate devient aqueuse de cette façon : la femme a une fièvre qui ne la quitte pas, elle est très alterée, elle boit et ne revomit pas ; car une partie de la boisson, allant à la vessie, est chassée par les urines; le reste est attiré par la rate qui le pompe hors du ventre, attendu qu'elle est lâche, spongieuse et située près du ventre. Si, la chose étant ainsi, il n'y a ni sueur, ni filtration par la vessie, ni flux de ventre (Quatrième livre des Mal., § 57), la rate est distendue par la boisson, surtout si la boisson est de l'eau. En palpant la rate, on la sent molle comme du duvet; parfois elle est rénitente, Distendue et remplie outre mesure, elle répartit le liquide par les veines du corps, et surtout à l'épiploon, aux régions ventrales et aux membres inférieurs; car, dans le corps, une partie fournit à l'autre. quand, ayant plus qu'il ne faut, elle ne peut retenir cette surabondance. Ceci cause constamment une hydropisie, quand la rate, qui est lâche et poterie, a pris l'habitude d'absorber. En quelques cas, le début de la maladie est même sans fièvre, quand, de la chaleur se développant dans le ventre par le fait du phlegme qui y descend, et la femme ne retenant pas sa soif, la vessie et le ventre n'émettent pas l'urine et les selles comme il convient, et que le régime n'est pas convenable. L'hydropisie étant formée, les règles viennent soudainement en abondance, parfois en petite quantité; tantôt elles sont comme de l'eau de chairs sanguinolentes qu'on aurait lavées, tantôt plus consistantes, et elles ne se coagulent pas. Il y a de l'oppression avant qu'elles viennent. La rate est douloureuse, surtout quand la malade a mangé quelque chose de doux. Le ventre se gonfle et devient gros; quand elle a mangé plus que d'habitude, elle y souffre. Les lombes sont douloureuses de temps en temps. La fièvre survient à de courts intervalles. Après la purgation menstruelle, elle parait être mieux comparativement aux jours précédents ; puis l'état redevient le même; et, si on la traite comme il convient, elle guérit. Sinon, l'écoulement apparaîtra, et tout le temps il s'échappera continuellement, peu à peu, un liquide ichoreux ; cela exige beaucoup de soins. Si l'écoulement ne survient pas et que la matrice, distendue par les affections susdites, ne laisse pas aller les menstrues, le ventre deviendra gros, un poids se fera sentir comme chez une femme enceinte; il semblera qu'un enfant se remue dans son ventre ; en effet la matrice est pleine d'eau, l'eau s'y meut, et par intervalle elle y fait un flot comme dans une outre. La femme souffre à la région sous-ombilicale quand on y touche. Les clavicules, la poitrine, le visage, les yeux maigrissent; et les mamelons se redressent. En quelques cas, le ventre et les membres inférieurs s'emplissent d'eau; en d'autres, c'est ou le ventre ou les membres inférieurs. Si le ventre et les membres inférieurs s'emplissent, il n'y a aucune chance de salut pour la malade; si le ventre ou les membres, il y a quelques chances, supposé que le traitement intervienne et que la femme ne soit pas trop épuisée. Cette maladie est de longue durée.

[62] (Réflexions générales sur les maladies des femmes. Les femmes, par ignorance ou par pudeur, hésitent à en parler; les médecins les méconnaissent souvent. Les maladies des femmes diffèrent beaucoup de celles des hommes.) Tous les accidents arrivent de préférence aux femmes qui n'ont pas eu d'enfant; pourtant ils surviennent souvent aussi chez celles qui en ont eu. Ils sont graves, comme il a été dit, et généralement aigus, intenses, et, parce que les femmes partagent les maladies communes], difficiles à comprendre. Parfois elles ne savent pas elles-mêmes quel est leur mal, avant d'avoir l'expérience des maladies provenant des menstrues et d'être plus avancées en âge. Alors, la nécessité et le temps leur enseignent la cause de leurs maux. Souvent, chez les femmes qui ne connaissent pas la source de leurs souffrances, les maladies sont devenues incurables, avant que le médecin ait été instruit par la malade de l'origine du mal. En effet, par pudeur, elles ne parlent pas, même quand elles savent et l'inexpérience et l'ignorance leur font regarder cela comme honteux pour elles. En outre, les médecins commettent la faute de ne pas s'informer exactement de la cause de la maladie, et de traiter comme s'il s'agissait d'une maladie masculine; et j'ai vu déjà plus d'une femme succomber ainsi à cette sorte d'affections. Il faut, dès le début, interroger soigneusement sur la cause ; car les maladies des femmes et celles des hommes diffèrent beaucoup pour le traitement.

[63] (Ulcération aiguë de l'utérus.) Si la matrice s'ulcère, du sang et du pus s'écoule; odeur forte; douleur aiguë aux lombes, aux aines, au bas-ventre. Cette douleur monte, par les flancs, aux côtés, aux omoplates; parfois elle gagne les clavicules; elle est mordicante; céphalalgie intense; délire. Avec le temps, la femme enfle tout entière, et elle est faible; défaillance, fièvre légère, refroidissement. Les jambes surtout sont enflées. Cette maladie survient après l'accouchement, quand la femme, avortant et se débarrassant d'un foetus putréfié, n'a pas de purgation lochiale et que l'orifice utérin est très chaud; elle survient aussi à la suite d'écoulements qui, devenant âcres et bilieux, corrodent. Si une telle maladie vous échoit, quand les douleurs sont actuelles, lavez avec beaucoup d'eau chaude, appliquez des fomentations chaudes sur les parties douloureuses. Les douleurs sont-elles en haut et la femme est-elle forte, fumigation générale et purgatif. La saison de l'année le permet-elle, faire bouillir du petit-lait que la femme boira pendant cinq jours, si elle peut. N'y a-t-il point de petit-lait, faire bouillir du lait d'ânesse, et le boire pendant trois ou quatre jours. Après la cure par le lait, on restaurera la femme par l'eau. par des aliments convenables, viandes de mouton tendres, jeunes, oiseaux, bette, concombre; abstinence des choses salées, âcres, de toutes les productions marines, du porc, du boeuf, de la chèvre; manger du pain. S'il y a des défaillances, si la femme n'est pas forte, si elle se refroidit, prendre des potages d'orge. Il est des gens qui, à ces femmes souffrant de la tête, prescrivent le lait à cause de la céphalalgie; et d'autres qui prescrivent l'eau à cause des lipothymies. C'est le contraire, je pense (Aph. V, 64) : si la tête est douloureuse et l'intelligence prise, l'eau convient ; s'il y a mordication et âcreté, le lait est favorable. Dans le cas où la femme parait avoir de la force, faire l'injection utérine d'abord avec la préparation à la lie; puis, après une interruption de trois ou quatre jours, avec la préparation à l'eau de chou, tiède; derechef, après une interruption de trois jours, avec la préparation au beurre; et si, durant ces opérations, la matrice guérit, avec la préparation à l'écorce de grenade. Sur les ulcérations on fera des onctions avec fleur d'argent ( oxyde de plomb), noix de galle, myrrhe, encens, fruit de l'épine d'Égypte (mimosa nilotica, L.), fleur de vigne sauvage, chrysocolle, écaille de cuivre, sciure de lotus, safran, alun d'Égypte calciné ; de chaque partie égale, sauf l'alun, la noix de galle et le safran, qui formeront la moitié du tout ; pilez fin, mêlez, mouillez avec du vin blanc doux; faites cuire jusqu'à consistance de miel. Donnez, de cette préparation, de quoi s'oindre deux fois par jour ; la femme se sera lavée avec de l'eau tiède où du lierre et de la sauge auront bouilli. Quand, par ces moyens, la femme parait être mieux, lui faire boire préalablement, pendant un jour, du lait bouilli de chèvre; puis donner du lait de vache, de la même façon que dans les cas précédents. Après la cure par le lait, donner autant d'embonpoint que possible par l'alimentation, et faire en sorte que la femme devienne enceinte; car elle guérira. En général, les malades réchappent, mais deviennent stériles. Les femmes qui sont d'un certain âge ont moins de chances de réchapper. Après les évacuants, prenez graine de lin grillée, sésame, graine d'ortie, racine amère de pivoine, pilez dans du vin noir, de bonne odeur, coupe d'eau, et faites boire.

[64] (Autre cas de l'ulcération aiguë de l'utérus.) Si la matrice est ulcérée, du sang, du pus et de l'ichor s'en écoulent ; car, la matrice se corrompant, il en provient une maladie; le bas-ventre se tuméfie, devient mince, et, au toucher, est douloureux comme une plaie. Fièvre, grincement de dents ; douleur aiguë et continuelle aux parties génitales, au pubis, au bas-ventre, aux flancs, aux tombes. La maladie survient surtout à la suite de l'accouchement, quand quelque chose de déchiré se pourrit dans la matrice; elle survient encore à la suite de l'avortement et même spontanément. Si une telle malade vous échoit, laver avec beaucoup d'eau chaude, et, là où siège la douleur, appliquer les fomentations, une éponge trempée dans l'eau chaude et exprimée; faire des injections, où il n'y aura rien d'âcre et d'astringent, mais où l'on mêlera, entre les substances émollientes, celles qui paraîtront convenir. Prenez de la graine de lin et de sureau, broyez, mêlez dans du miel, et faites-en un médicament dont vous vous servirez de la sorte : Lavez à l'eau chaude, et, prenant une éponge on de la laine molle que vous tremperez dans l'eau chaude, nettoyez les parties génitales et les ulcérations, puis, trempant l'éponge ou la laine dans du vin pur, servez-vous-en de même; alors faites des onctions avec le médicament susdit, autant de fois que vous le jugerez utile. Après cela, incorporer, dans ce médicament, de la résine et de la graisse de porc, et, avec le doigt, en faire des onctions plusieurs fois le jour et la nuit. Puis, grillez de la graine de lin, pilez et tamisez, pilez du pavot blanc dans de la farine d'orge et tamisez, faites griller du fromage de chèvre dont vous aurez ôté l'ordure et la saumure, mêlez du beurre et de la fine farine d'orge, prenez partie égale du médicament, du fromage et de la farine, et donnez à boire de grand matin, à jeun, dans du vin astringent coupé; le soir, mêlant un cycéon épais, le donner; et, parmi les potions destinées aux femmes, administrer celles qui vont le mieux. Voilà ce qu'il faut faire, tant que le sang coule abondamment et qu'il y a des douleurs aiguës avec de courtes intermissions. Mais, quand l'ulcération diminue, que les douleurs s'adoucissent et ont de plus longues intermissions, administrer les médicaments qui évacuent par le bas plutôt que par le haut, mettant des intervalles aussi longs que le cas paraîtra l'exiger. Administrer aussi des fumigations douces, faisant asseoir haut la malade, si à chaque fois cela parait opportun. On guérit par ces moyens. Cette maladie est plus lente, dangereuse, et peu en réchappent.

[65] (Autre cas de l'ulcération aiguë de l'utérus.) Si la matrice est fortement ulcérée, du sang et du pus s'écoulent, une odeur désagréable s'exhale, et, quand la douteur saisit, l'écoulement cause d'ordinaire une souffrance de même caractère que celle de l'accouchement. Avec le temps, les jambes et les pieds enflent; et les. médecins croient traiter une hydropisie ; mais ce n'en est pas une. Si vous prenez une telle malade, laver d'abord avec l'eau chaude, fomenter, faire des injections âcres, émollientes, astringentes, avec l'eau et le vin. Prenez polycarpon (polygonum persicaria, L.), polycnémon (ziziphora capitata, L.) et miel, faites cuire ensemble; puis, y trempant de la laine, oindre les parties génitales; oindre aussi avec la résine, le miel et l'axonge. Breuvage : prenez graine de lin et sésame, grillez, ajoutez beurre, fromage de chèvre et farine d'orge, et donnez à jeun dans du vin; le soir, on y versera beaucoup de miel. Voilà ce qu'il faut faire tant que du sang est rendu, que les douleurs sont aiguës et n'ont que de courtes intermissions. Mais, quand l'écoulement est moindre et que les douleurs, moins intenses, ont de plus longues intermissions, administrer un purgatif, et meure un intervalle. Par ces moyens, la femme guérit; mais elle n'engendre plus.

[66] (Distinction entre les ulcérations utérines qui proviennent de l'utérus même, et celles qui proviennent de l'état général du corps.) Toutes les ulcérations qui se forment dans la matrice à la suite de l'avortement ou par toute autre cause, doivent être traitées en ayant l'oeil sur le corps entier, suivant la cure qui est nécessaire, soit que vous jugiez nécessaire de vous occuper de tout le corps, soit de l'utérus seulement. Voici comment vous connaîtrez que le mal provient du seul utérus : les ulcérations naissant de l'utérus fournissent un écoulement purulent et consistant; celles qui n'en naissent pas, un écoulement ténu et ichoreux. Ceux donc des écoulements qui sont ténus doivent être traités à l'aide des évacuants et par haut et par bas, et d'abord par haut. Si, après l'évacuation, l'écoulement devient moindre et plus doux, mettre un intervalle et évacuer de nouveau de la même façon. Après l'évacuation, prescrire le régime par lequel la malade sera le plus sèche; or, elle le sera, si vous prescrivez une fumigation générale tous les trois ou quatre jours, et le vomissement immédiatement après la fumigation. Après les vomissements et les fumigations, mettre dans le régime l'abstinence des bains, peu boire, et l'usage du pain: point d'autre boisson que du vin noir pur ; aucun herbage. Quand vous préparez le vomissement, alors il faut gorger d'herbages âcres, d'aliments de céréales copieux et de tous les plats qui seront au gré de la malade; la remplir de beaucoup de vin aqueux, et laver, après les fumigations, avec beaucoup d'eau chaude. Tel est le traitement d'écoulements de ce genre. Ce qui importe, c'est d'évacuer par les deux voies, et de faire vomir et d'attirer par le haut; ce qui importe encore, c'est un régime desséchant et l'abstinence de bains. Quant à la matrice, il faut traiter ainsi : d'abord fumigations avec l'eau de feuilles de sureau bouillies; puis, après la fumigation, injection avec la lie de l'onguent à frotter; si la pourriture est dans les ulcérations et que l'écoulement soit fétide, l'onguent sera moins mélangé d'eau ç s'il n'y a rien de tel, il le sera davantage ; après la lie, l'injection se fera avec l'eau; dans l'eau, on aura fait bouillir du myrte, du laurier et de la sauge ; après cela, injection avec du vin blanc pur, tiède. Quand les injections commencent à faire éprouver une sensation mordicante, c'est que les ulcérations se mondifient, il faut donc faire les injections avec la lie plus coupée d'eau et le vin noir. Après le vin, faire fondre de la graisse fraîche de porc, ajouter de la graisse d'oie, si on en a, sinon, toute autre graisse de volaille, sinon encore, de la vieille huile, et injecter tiède. Après cela, faire une autre injection avec du vin. Quant à l'orifice utérin, qu'il soit ulcéré ou non, appliquer des tentes émollientes; si cette application cause de la chaleur, la femme les ôtera et se nettoiera avec l'eau tiède qui lui servait aux injections. Si, par ce régime, l'écoulement ne cesse pas, mais devient moins copieux et irrite fortement, et que la matière en soit de la bile et de la saumure, ulcérant les parties non seulement intérieures, mais encore extérieures, il faut changer le régime et humecter le corps entier, de manière que l'écoulement soit aussi aqueux et aussi peu irritant que possible : beaucoup de bains chauds, polenta, herbages bouillis tons au gras, poissons cartilagineux cuits avec des poireaux et de la coriandre dans de la saumure douce et de la graisse, mutes viandes bouillies, excepté le boeuf et la chèvre, très cuites, dans de l'aneth et du fenouil, vin couleur de miel, paillet, aqueux; en abondance, usage habituel du lait avec du vin doux. Pour les injections, on fera comme il a été dit tout à l'heure. Tel est le traitement de ces écoulements. Quant aux écoulements purulents et consistants, il faut, pour ceux-là, n'agir aucunement sur le corps tout entier, mais prescrire des injections et faire reposer sur ce moyen tout le traitement; les injections seront les mêmes et employées de la même façon que plus haut. D'autres injections seront aussi indiquées. Traitement des ulcérations : graisse récente de cerf, en pessaire. On fera aussitôt les injections avec le vin cuit. Ce qu'il y a de plus énergique, s'il y a des ulcérations, c'est de faire des injections avec la céruse et avec l'huile de narcisse. La malade usera d'aliments très doux ; rien d'âcre. Si les ulcérations sont sordides, s'étendent et corrodent la région voisine, les mondifier et produire une chair nouvelle qu'on amènera à cicatrice ; elles cèdent en effet facilement et ne deviennent pas malignes; baigner souvent.

[67] (Différents cas d'ulcérations utérines. Stérilité qui en résulte.) Quand la femme est affectée d'une grande plaie à la suite de l'avortement, ou quand la matrice a été ulcérée par des pessaires âcres, ce qui arrive, vu tant de pratiques et de traitements que les femmes font de leur chef, ou quand, le foetus étant chassé par l'avortement et la femme n'ayant pas la purgation lochiale, la matrice s'enflamme fortement, se ferme et ne peut donner issue à la purgation, si ce n'est à ce qui sort tout d'abord avec l'enfant, la malade, si elle est traitée promptement, guérira, mais restera stérile. Si les lochies font éruption spontanément et que les ulcérations se cicatrisent, elle restera stérile de cette façon encore. Mais si, la purgation marchant, les ulcérations ne sont pas traitées, il est à craindre qu'elles deviennent putrides. Si la purgation vient au moment où la femme est épuisée, la mort en est la suite. Dans le cas où une ulcération considérable est produite dans l'accouchement par l'enfant qui ne sort pas régulièrement, les accidents seront les mêmes que dans l'ulcération suite d'un avortement. La maladie aura les mêmes changements et les mêmes terminaisons, soit qu'elle provienne d'un avortement ou d'un accouchement. Si toutes les lochies coulent, l'affection sera moins grave, pourvu que les ulcérations ne soient pas grandes, et, traitée, elle guérit promptement. Il faut ne pas perdre de temps pour recourir au traitement quand il y a des ulcérations à la matrice; car, étant dans un lieu mou, elles augmentent et deviennent vite putrides. Ces ulcérations seront traitées comme celles du reste du corps : en ôter l'inflammation, les mondifier, les remplir et les mener à cicatrisation. Donner de l'eau, point de vin, des aliments peu nutritifs et non en grande quantité.

[68] (Délivrance ne pouvant se faire sans un avortement. Emploi des sternutatoires, de la succussion. Précautions accessoires.) Quand, dans un avortement, la délivrance ne peut pas se faire, soit que le foetus soit tout entier trop gros, ou ait quelque partie trop grosse, soit que, n'étant pas trop gros, il vienne obliquement et soit sans force, en ce cas, si les choses sont selon l'ordre naturel, laver avec beaucoup d'eau chaude et donner les médicaments que j'indiquerai; et si, disposé à sortir, le foetus, tout en étant dans la position naturelle, ne sort pas avec facilité, administrer un sternutatoire, et, pendant l'éternuement, pincer les narines et fermer la bouche, afin que l'éternuement agisse autant que possible. On emploiera aussi la succussion ; voici comment : prendre un lit élevé et solide, le garnir, coucher la femme sur le dos, disposer autour de la poitrine, des aisselles et des bras une écharpe ou un lien large et souple qui la fixe au lit ; faire plier les jambes et les attacher aux talons. Quand vous préparez la manoeuvre, disposez un fagot de branchages souples ou quelque chose de semblable qui ne permettra pas au lit lancé contre terre de toucher le sol par les pieds du côté de la tête. Recommander à la femme de prendre le lit avec les mains ; tenir le lit élevé du côté de la tête, afin qu'il y ait impulsion du côté des pieds, prenant garde que la femme ne fasse pas de chute. Quand cela est arrangé et que le lit est porté en haut, mettre les branchages sous les pieds de derrière, et dresser autant que possible afin que les pieds ne touchent pas le sol, le lit étant lancé, et soient en dedans des branchages. Chaque pied sera saisi de çà et de là par un homme, de manière que le lit tombe perpendiculairement avec régularité et égalité et qu'il n'y ait pas de déchirement. On fera la succussion au moment de chaque douleur surtout. Si la femme se délivre, il faut cesser aussitôt ; sinon, pratiquer la succussion par intervalles, et la balancer portée dans son lit. Voilà ce que l'on fait quand le foetus sort droit et dans la position naturelle. Il faut préalablement oindre avec du cérat humide; dans toutes les affections utérines de ce genre, c'est ce qu'il y a de mieux, ainsi que de fomenter avec l'eau de mauve et de fenugrec et surtout avec la décoction de froment ; il faut fomenter le siège et les parties génitales jusqu'aux aines, mettre dans un bain de siège, surtout quand les douleurs d'accouchement sont pressantes, et n'avoir rien autre dans l'esprit. La sage-femme ouvrira doucement l'orifice utérin, ce qu'elle fera avec précaution, et elle tirera le cordon ombilical en même temps que l'enfant.

[69] (Règles pour corriger une mauvaise présentation ou faire la version.) Les foetus qui se plient en deux et qui s'arrêtent à l'orifice utérin (qu'ils soient vivants ou morts), doivent être repoussés en arrière et retournés de manière à sortir naturellement par la tête. Quand on veut repousser ou faire la version, il faut faire coucher la femme sur le dos, mettre quelque chose de mou sous les hanches et quelque chose sous les pieds du lit, de manière que ceux du côté des pieds soient beaucoup plus élevés. Les hanches seront plus hautes que la tête. Il n'y aura sous la tète aucun oreiller. Tels sont les préparatifs à faire. Quand l'enfant est repoussé et retourné de côté et d'autre, on remettra en position ordinaire le lit et les hanches, ôtant ce qui est sous les pieds du lit, les pierres, et ce qui est sous les hanches. Alors on remettra un oreiller sous la tête. Voilà comment il faut traiter ces cas. Quant aux enfants qui, vivants, avancent an dehors le bras ou la jambe ou tous les deux, il faut, dis que la chose est manifeste, repousser ces parties de la façon susdite, faire la version par la tête, et les mettre en voie de sortie. Pour ceux qui, s'étant courbés, se plient au flanc ou à la hanche dans l'accouchement, il faut les redresser, faire la version et mettre dans un bain de siège d'eau chaude, jusqu'à ce que les parties soient assouplies.

[70] (En cas de mort de l'enfant, dont un bras ou une jambe sort, repousser les parties; sinon, briser la tête, les côtes et réséquer. Précautions à prendre.) Pour les enfants morts qui ont une jambe ou un bras dehors, le mieux est, si l'on peut, de repousser et faire la version; si la chose est impossible et que le gonflement survienne, opérer ainsi qu'il suit : fendre la tête avec un bistouri, l'écraser avec le compresseur, afin qu'elle ne cause pas d'embarras, et tirer les os avec la cuiller à os; alors tirer avec le crochet à embryon, crochet que l'on fixe à la clavicule afin qu'il tienne, tirant non tout à la fois, mais peu à peu, relâchant et puis forçant. Quand vous avez amené cela au dehors et que le foetus est aux épaules, couper les deux bras dans les articulations avec les épaules; cela étant amené, si le reste peut venir, le tirer sans retard. Mais s'il résiste, fendre la poitrine entière jusqu'à la gorge, tout en prenant garde à ne pas couper dans le ventre et à n'y rien mettre à nu ; car l'estomac, les intestins et les matières fécales sortiraient; et s'il sort quelqu'une de ces choses, l'opération devient plus embarrassante ; écraser les côtes, rapprocher les omoplates, et alors le reste du foetus cheminera sans peine, à moins qu'il n'ait déjà le ventre tuméfié. S'il y a quelque tuméfaction, il vaut mieux percer doucement le ventre de l'embryon; il n'en sort que du vent, et le corps cheminera ainsi facilement. Quand le bras ou la jambe est sortie, l'enfant étant mort, si la chose est possible, repousser l'un et l'autre et faire la version ; voilà le mieux. Si la chose n'est pas possible, retrancher ce qui est en dehors aussi haut que faire se pourra, et, pour le reste, reporter la main, repousser et faire la version par la tête. Quand vous devez faire la version ou la section de l'enfant, les ongles de l'opérateur seront coupés; le bistouri dont il se servira sera plutôt courbe que droit; on en cachera l'extrémité avec le doigt indicateur, palpant, guidant et craignant de blesser la matrice.

[71] (Môle. Explication de sa formation. Signes à l'aide desquels on la distingue de la grossesse. Traitement.) Voici la cause de la formation d'une môle : quand les menstrues étant abondantes reçoivent une semence peu copieuse et morbide, il n'y a pas conception régulière, le ventre paraît plein comme chez une femme enceinte; mais rien ne remue dans le ventre; il ne se forme point de lait dans les mamelles, qui sont cependant turgescentes. Cet état dure deux ans, quelquefois même trois. S'il n'y a qu'une seule chair, la femme succombe; car elle n'est pas en état de résister ; s'il y a plusieurs chairs, un sang abondant et plein de caroncules fait éruption par les parties génitales ; si ce flux se modère, elle réchappe; sinon, la métrorrhagie la fait périr. Telle est cette maladie. On la reconnaîtra et par le développement du ventre et par l'absence de tout mouvement dans le ventre. En effet, le foetus mâle remue au bout de trois mois, le foetus femelle au bout de quatre. Quand donc l'époque est passée sans qu'il y ait eu de mouvement, c'est évidemment une môle. Un autre signe considérable, c'est qu'il n'y a pas de lait dans les mamelles. Autant que possible ne pas traiter un tel cas ; et, si on le traite, avertir. D'abord, on fera une fumigation générale; puis on prescrira un lavement qui produira un flux abondant de sang; car peut-être on mettra en mouvement la concrétion qui parait être un embryon, par l'effet du médicament qui aura échauffé le ventre. Faire aussi dans la matrice des injections qui amènent le sang; sinon, introduire les pessaires les plus actifs faits avec le bupreste et donner à boire le dictame de Crète dans du vin, ou, à son défaut, le testicule de castor. Appliquez en arrière aux flancs une ventouse et tirez le plus possible de sang; appliquez-en encore, aussi bien que vous pourrez l'apprécier, dans la région de la matrice.

[72] (Remarques sur les lochies. Quantité. Durée différente si c'est un garçon ou une fille. Les suites d'un avortement sont plus graves que celles d'un accouchement.) Voilà ce que j'ai à dire sur les maladies provenant des lochies. Elles font courir des dangers non petits, étant aiguës et se déplaçant rapidement. Les primipares en souffrent plus que celles qui ont l'expérience des accouchements. Chez une femme saine, la quantité des lochies qui s'écoulent est suffisante si, au commencement, elle est d'une cotyle attique et demie (cotyle = 0 litre, 27) ou un peu plus ; puis elles diminuent proportionnellement jusqu'à ce qu'elles cessent. Elles sont semblables au sang des victimes si la femme est, comme j'ai dit, saine et doit bien se porter, et elles se coagulent promptement. La purgation lochiale, chez une femme saine, dure d'ordinaire, après l'accouchement d'une fille, au plus quarante-deux jours, il n'y aurait pas de danger non plus quand elle ne durerait que vingt-cinq jours ; après l'accouchement d'un garçon, trente jours au plus; il n'y aurait pas de danger non plus quand elle n'en durerait que vingt. Après les avortements, les purgations lochiales durent, suivant cette même proportion, moins pour les foetus plus jeunes, plus pour les foetus plus âgés. Les affections attachées aux lochies sont les mêmes chez une femme avortant, si l'embryon n'est pas tout à fait petit, que chez une femme accouchant. Les dangers sont plus grands pour la femme qui avorte, les avortements étant plus pénibles que les accouchements. Il n'est pas possible, en effet, qu'il n'y ait pas violence dans l'expulsion de l'embryon, soit par un purgatif, soit par une boisson, soit par un aliment, soit par des pessaires, soit par toute autre cause. Or, la violence est mauvaise, amenant le risque ou de l'ulcération ou de l'inflammation de la matrice; ce qui est très périlleux.

[73] (Remarques sur la cause qui fait que les régies manquent chez une femme qui allaite.) La formation du lait a été expliquée par moi dans la nature de l'enfant à l'époque de l'accouchement. Les femmes grosses n'ont pas leurs règles, excepté quelques-unes, et en petite quantité. La partie la plus douce du fluide provenant des aliments et des boissons se porte aux mamelles, et y est attirée comme par succion; nécessairement alors le reste du corps se vide davantage et devient moins plein de sang. Telle est la cause de ce fait. Chez quelques femmes il y a agalaxie, et le lait manque avant le temps; celles-là ont la chair solide et dense, et un fluide suffisant ne se rend pas du ventre aux mamelles, attendu que la voie est obstruée.

[74] (Formules de pessaires emménagogues. Je remarque d'une façon générale, au sujet des formules de tout genre qui vont se suivre jusqu'à la fin de ce livre, qu'elles ont été ainsi placées intentionnellement par l'auteur, qu'elles forment un appendice nécessaire de son livre, et que c'est d'elles qu'il parle quand il dit dans la description des maladies particulières : On emploiera les pessaires, les injections, etc., que j'indiquerai.) Pour provoquer les règles : prendre deux potions d'élatérion, mêler de la graisse de mouton d'autour des reins en quantité égale à l'élatérion, ne pas écraser, et faire deux pessaires. Ou prendre la nielle qui vient dans les blés, piler, pétrir avec de l'eau, et faire deux pessaires; on appliquera ces pessaires avant les jours où les règles doivent venir ; ne venant pas, elles causent des frissons et des fièvres. Émollients (De la Nat. de la F., § 32, p. 365, et § 109, p. 431) qui évacuent l'eau et le sable, provoquent les règles, si la suppression n'en est pas ancienne, et assouplissent l'orifice utérin : narcisse, myrrhe, cumin, encens, absinthe, cypirus (cyperus rotundus, L.), de chaque partie égale, sauf le narcisse dont il y aura quatre parts, mêler la partie de l'étoupe du lin écru qui reste sur le peigne, piler ensemble avec de l'eau où de l'origan aura bouilli, faire un pessaire et l'appliquer. Mêlez (ib.) aussi gros qu'un osselet de cyclamen. Pilez encore (ib.) gros comme une fève de fleur de cuivre, mouillez avec du miel, faites un pessaire et appliquez ; ou bien (ib.) pouliot, myrrhe, encens, bile de porc et de bœuf, agiter dans du miel, et former en pessaire. Si les règles ne viennent pas, graisse d'oie, nétopon, résine, mêlez, recueillez dans de la laine, et appliquez. Pessaire purgatif émollient (ib. § 109) : prenez des figues sèches, faites-les bien cuire, exprimez, broyez très bien, puis appliquez dans de la laine et de l'huile de rose. Le pessaire âcre (ib. § 109) : chou, rue, de chaque une demi partie, pilez, employez de la même façon. Mondificatif (ib.) : moelle d'oie ou de bœuf, ou de cerf, gros comme une fève, versez de l'huile de rose et du lait de femme, pilez comme on pile un médicament; puis, avec cette préparation, oignez l'orifice de la matrice. Autre pessaire émollient (lb.) : moelle d'oie gros comme une noix, cire gros comme une noix, résine de lentisque ou térébenthine gros comme une fève, faites fondre avec de l'huile de rose sur un feu doux, et préparez comme un cérat ; puis, avec cette préparation, oignez l'orifice de la matrice, et faites des affusions sur le pénil. Autre mondificatif (ib.) : farine de blé du printemps, trois oboles de myrrhe; autant de safran, une obole de castoreum, pilez avec de l'huile d'iris, et appliquez. Ou bien (ib.) graine d'ortie, eau de mauve, graisse d'oie, mêler, appliquer. Autre pessaire mondificatif si les règles ne paraissent pas (ib.) : styrax, origan, piler fin, mêler, verser de la graisse d'oie, appliquer. Autre pessaire mondificatif, bon pour purger la matrice et évacuer le sang : racine d'absinthe, bien broyer, mêler à du miel et de la graisse d'oie, appliquer (ib.). Autre pessaire mondificatif : bupreste, ôter la tête, les pattes et les ailes, piler le reste, y mêler le dedans de la figue; le gras de la figue sera en quantité double; cette préparation insuffle la matrice; elle est excellente pour les femmes qui ont perdu la parole [par suffocation hystérique]. Ou bien, feuilles de mercuriale, broyer, appliquer en pessaire; elles amènent une purgation ténue et bilieuse. L'armoise aussi agit comme la mercuriale, et elle purge mieux. L'ellébore noir, broyé dans de l'eau, amène, lui aussi, une purgation semblable à de l'eau provenant des viandes. L'alun et la résine produisent le même effet. Cypirus, absinthe, aristoloche, cumin, sel, miel; broyer tout ensemble et appliquer. Ellébore dans du vin doux, farine d'ivraie, farine de blé, pétrir avec du miel, appliquer dans de la laine. Pessaires si les médicaments pris par la bouche n'amènent pas la purgation utérine : mercuriale, myrrhe, giroflée des jardins (matthiola ircana), poireau aussi fort que possible, nielle, et, si la femme peut la supporter, menthe, mêler, appliquer. Pessaires âcres, amenant le sang (des Mal. des F., § 32, p. 361) : cinq cantharides, sauf les pattes, les ailes et la tête, myrrhe, encens, mêler le tout avec du miel, puis tremper dans de l'huile de rose ou du parfum égyptien, et appliquer pendant le jour; quand il mord l'ôter; puis le tremper dans du lait de femme et du parfum égyptien, et l'appliquer pendant la nuit, ensuite laver avec de l'eau parfumée, et appliquer de la graisse. Le bupreste (ib.) conviendrait aussi s'il est petit, sans ailes, sans pattes ni tête ; s'il est gros, la moitié ; on l'incorpore dans les mêmes substances que les cantharides, et on l'applique de même. S'il est besoin d'un pessaire plus doux (ib.), on mêle au bupreste le vin, le cumin d'Éthiopie, le raisin sec, la poudre de séséli (seseli tortuosum) et d'anis, et on fait bouillir le vin; on décante, on broie, et on fait des pastilles du poids d'une drachme; on les applique en y mélangeant de la myrrhe et de l'encens, et on se comporte comme pour le pessaire aux cantharides. Ou bien (ib.) broyer exactement la nielle des blés avec du miel, et faire comme un gland ; enrouler autour d'une plume. Pessaire énergique : suc de mandragore et de concombre sauvage, appliquer avec du lait de femme. Ou bien brûler de la lie sèche de vieux vin blanc, et l'éteindre dans du vin. Ou bien, concombre sauvage, mercuriale, nitre et érysimon (sisymbrum polyceratium, L.). Pessaire qui amène plus vite les règles : racine de mandragore, cantharide, serpolet, baie de laurier, huile d'iris, huile de laurier; y mêler le suc de tithymalle, agiter et ôter la glu; ceci est très bon à donner gros comme un grain d'ers et à faire en pessaire; si le flux est trop copieux, laver avec du vin. Ou bien délayer du cuivre calciné, le recevoir dans de la laine, et l'appliquer.

[75] (Pessaires, préparations et régime destinés. favoriser la conception.) Préparation favorable à la conception : résine de cédros un oxybaphe (= 0 litre, 068), graisse de bœuf, quatre drachmes, broyer, mêler ensemble, faire des pessaires, appliquer à jeun ; la femme ayant le pessaire gardera la diète tout le jour; elle le mettra après les règles, deux fois par jour, le matin et le soir; après le dîner, elle se lavera et dormira avec son mari. Ou bien broyer de la nielle, attacher dans un linge, ajouter de la graisse d'oie, et donner pour qu'on l'applique. Autre pour la conception : traiter la femme pour qu'elle conçoive : vieille urine, scories de fer en fragments gros à remplir la main; faire asseoir la femme sur un siège, lui recouvrir le corps et la tête, mettre dessous un vase à bains de pieds, et y jeter trois à trois, chauffés au rouge, les fragments de scorie; il y aura un conge d'urine ( = 3 litre, 24) ; on ira, de la sorte, jusqu'à trente morceaux de scorie; après la fumigation, frotter la tête avec l'urine qui a servi à la fumigation, y éteignant derechef les masses et échauffant derechef le liquide ; après, faites sur la tête des affusions aussi abondantes que possible avec une eau dans laquelle aura cuit le potion (teucrium polium) et beaucoup de vitex; faites cela pendant sept jours; chaque fumigation sera faite en trois fois, avant le frictionnement. Après le bain, la femme s'oindra avec de l'huile de laurier. Après le dîner, ayant mangé des poireaux trempés dans du miel et bu quatre cotyles d'hydromel, puis gardant un peu ce qu'elle a mangé, elle vomira. Cela fait, demeurant couchée sur le dos, elle tiendra de la rue dans les oreilles et dans les narines. Elle écrasera du pain levé, à la quantité d'un sixième de chénice (chénice =1 litre,,08) dans du bouillon de volaille contenant une chême d'ache (chême = 0 litre, 009), et prendra cela; elle en prendra autant au dîner. Ce régime sera continué pendant les sept jours. Puis on nettoiera le ventre pendant sept jours à l'aide d'un lavement ainsi composé : résine, quatre drachmes, miel, un oxybaphe plat, huile autant, eau de blé de printemps, aphronitre, sept oeufs. Le lavement sera de huit cotyles, dont trois de l'eau de blé. Elle le prendra de côté, et se lavera avec peu d'eau. Elle usera aussi, dans le jour, de sept pessaires, qu'elle conservera jusqu'à ce qu'ils fondent, composés ainsi : encens, nitre, galbanum, miel cuit. Elle prendra les mêmes aliments. Fumigation : polion, poil d'âne, excréments de loup, jeter de cela autant que possible sur des charbons, faire asseoir la femme, la couvrir, et fumiger, prenant garde de ne pas la brûler. Si une femme qui a eu des enfants ne peut plus en avoir, nitre, résine, myrrhe, cumin d'Éthiopie, parfum; piler ensemble et appliquer. Ou bien appliquer du pouliot sec dans un linge; la femme boira du pouliot au moment de dormir. Autre pour concevoir : meure au régime la femme qui a besoin de concevoir, et lui donner les mômes aliments et les mêmes boissons qu'à une femme en couche, au mari tous les aliments excepté l'ail, le poireau, les bouillies de fèves et de pois, le suc de silphion et tout ce qui est venteux ; ce dont il s'abstiendra. Infusion pour concevoir : lait de femme nourrissant un garçon, grains d'une grenade fraîche, les piler, en exprimer le suc, brûler le périnée d'une tortue de mer, le broyer et injecter le tout dans les parties génitales. Infusion pour concevoir, à une femme qui ne devient pas grosse : lait, résine, suc de grenade douce, miel ; mêler, injecter le tout. Autre, pour concevoir : le fruit ou la fleur du bulbe blanc (ornithogalum nutans), piler dans du miel, rouler dans de la laine, et appliquer à la matrice pendant trois jours ; le quatrième, piler la mauve sauvage à larges feuilles, y mêler du lait de femme, rouler dans de la laine et appliquer, puis la femme dormira avec son mari ; auparavant, elle prendra un potage de pouliot cuit avec de la farine, et boira une légère décoction de pouliot dans du vin. Si cela reste sans effet, prendre la conyza de bonne odeur, écraser, exprimer le jus, y mêler du vin, et boire à jeun. Autre, pour concevoir : boire semblablement dans du vin la graine de l'asperge. Autre, pour concevoir : écraser du chorion de femme et des tètes de vers, délayer de l'alun d'Égypte dans de la graisse d'oie, et appliquer dans de la laine à l'orifice de la matrice. Autre, pour le même objet : vert-de-gris, fleur de cuivre, de chaque demi-obole, encens mâle, alun fendu, fleur de vigne, noix de galle, myrrhe, écorce de grenade, résine, pollen, de chaque une obole, piler dans du miel et appliquer deux fois par jour pendant trois jours ; si ce pessaire se trouve trop âcre, y mêler de la graisse d'oie et du nitre grillé, et donner du vin, se gardant de la force qu'a cette liqueur. Autre pour concevoir : ver qui a une queue, trois ou quatre parts, origan menu, piler dans de l'huile de rose, et appliquer à l'orifice de la matrice. Autre, pour concevoir : pourpier, piler avec de la graisse d'oie, myrrhe, graine de poireau et bile de boeuf, rouler dans de la laine, et mettre à l'orifice de la matrice. Si les règles deviennent abondantes, et que la femme ne conçoive pas, remède pour concevoir : fleur de cuivre deux oboles, alun fendu autant, bien broyer dans du miel, éponger avec de la laine, attacher la laine dans du linge avec un fil, et mettre aussi avant que possible ; le fil sortira en dehors ; puis, la purgation ayant été suffisante, ôter, faire bouillir vin de bonne odeur et feuilles de myrte, faire une injection, et aller auprès du mari. Pessaire pour faire concevoir : miel, myrrhe, fruit de myrice (tamarix africana), résine molle, graisse d'oie, piler le tout ensemble, rouler dans la laine, et appliquer. Pessaire pour concevoir, très propre à ouvrir l'orifice utérin, quand il est fermé et que la femme ne peut concevoir, et à évacuer l'eau : petite schédias, lentisque, cumin, cypirus, concombre sauvage, nitre rouge, sel égyptien, la grande schédias (voy. note 7), broyer tout cela, passer dans un linge, prendre du miel, le faire cuire â un feu doux ; quand il bout, mêler cire, résine; puis mélanger le tout, verser de l'huile, retirer, laisser tiédir, faire un rouleau de laine, et appliquer à la matrice jusqu'à ce qu'elle se purge. Autre, pour concevoir : voulez-vous qu'une femme conçoive, elle se servira à jeun de mondificatifs, et, quand elle doit aller près de son mari, prendre dix baies noires de laurier, trois drachmes d'encens, un peu de cumin, broyer dans du miel, rouler dans une laine grasse, le même jour appliquer une fois et ôter une fois, pendant quatre jours; puis elle gardera l'abstinence pendant le même nombre de jours.

[76] (Préparation pour empêcher la conception.) Préparation pour empêcher la conception (De la Nat. de la F., § 98) : si une femme ne doit pas concevoir, délayer gros comme une fève de misy dans de l'eau, faire boire, et elle reste une année, pour ainsi parler, sans concevoir.

[77] (Formules de préparations accélérant l'accouchement.) Préparations pour accélérer l'accouchement quand il est difficile : racine de laurier ou les jeunes pousses, en racler un demi-oxybaphe, donner à boire chaud dans du vin. Préparation pour accélérer l'accouchement : dictame, deux oboles ; piler, boire dans eau chaude. Ou bien, aurone une drachme, baies de cédros (juniperus oxycedrus), anis, piler dans un cyathe de vin doux (cyathe = 0 litre, 045), ajouter un cyathe de vieille eau, donner à boire; le bon moment de l'administration est avant les douleurs. Ou bien, dictame une obole, myrrhe une obole, anis deux oboles, nitre une obole, bien broyer, verser un cyathe de vin doux et deux cyathes d'eau chaude, donner à boire, pais laver avec de l'eau chaude. Préparation accélérant l'accouchement : térébenthine, miel, huile le double du miel et de la térébenthine, vin de bonne odeur aussi agréable que possible, mêler, faire tiédir, donner à boire plusieurs fois ; cela remettra aussi la matrice, si elle est enflammée. Autre, accélérant l'accouchement : fruit déjà blanc du concombre sauvage, l'emplâtrer de cire, l'enrouler dans une laine rouge, l'attacher autour des lombes. Si une femme enceinte est longtemps en travail, ne peut accoucher et a les douleurs pendant plusieurs jours; est-elle jeune, forte et sanguine, il faut ouvrir les veines des chevilles et ôter du sang, en se réglant sur la force du sujet; ensuite laver avec beaucoup d'eau chaude, de manière à ce que la femme en soit pénétrée; donner à boire le fruit du vitex et le dictame de Crête, à dose égale, dans du vin blanc ou de l'eau; préparer en pessaire galbanum, baies de laurier et huile de rose, rouler dans de la laine et appliquer. Autre, accélérant l'accouchement : racine de dryopteris (asplenium adiantum nigrum), piler dans du vin, donner à boire; et aussi, adiante, piler dans de l'huile, délayer dans du vin pur, donner à boire.

[78] (Formules de préparations propres à faire aller les lochies.) Chez une nouvelle accouchée, ceci purge mieux les lochies : le foie récent d'une tortue marine encore vivante, broyer dans du lait de femme, tremper dans de l'huile d'iris et du vin, et appliquer; ou broyer de la mercuriale et l'appliquer dans de la laine; ou broyer de l'armoise et l'appliquer semblablement dans de la laine; ou, mercuriale et concombre, en piler un peu, mouiller avec du vin et du miel, et appliquer. Purgatif des lochies après l'accouchement : décortiquer une demi-chénice de blé de trois mois, faire cuire dans quatre cotyles d'eau; quand cela est cuit, donner à prendre deux ou trois fois. Autre : feuilles de sureau, faire cuire dans l'eau, et boire; la femme mangera des choux bouillis, des poireaux, du fenouil, de l'anis, des poulpes et des crabes. Ou bien, feuilles de sumac et érysimon dans du vin, saupoudrer avec farine fine, donner à boire. Ou bien (De la Nat. de la F., § 32, p. 355) : misy deux oboles, piler, pétrir dans du vin, et appliquer. Purgatif des règles et des lochies surtout, emmenant l'eau et le reste (De la Nat. de la F., § 32, p. 355) : racine bien broyée de saponaire, une pincée, tremper dans du miel, et appliquer; elle vient, comme la saponaire d'Andros, sur les rivages. Autre qui purge semblablement (De la Nat. de la F., § 32, p. 353) : cuire de l'érysimon, verser de l'huile, quand cela bout, refroidir et fumiger; il est bon encore d'employer cette décoction et d'user d'aliments émollients. Purgatif des lochies : pilez doucement de l'érysimon et chassez-en l'écorce en soufflant; quand il est nettoyé, achevez de piler, versez de l'eau, ajoutez du sel et de l'huile, saupoudrez avec de la farine, faites cuire et donnez en potage. Si la purgation Iochiale ne va pas, prenez trois oboles du dedans d'une courge, de l'armoise, une obole d'encens, pilez, mêlez dans du miel, roulez dans de la laine et appliquez à l'orifice de la matrice, continuellement, jour et nuit, pendant cinq jours. Ou piler du pampre vert, y mêler du miel, rouler dans de la laine et appliquer de la même façon. Ou bien, baies de cyprès, encens, piler ensemble, mouiller avec de l'huile de rose et du miel, rouler dans de la laine, et appliquer. Ou bien, aurone une drachme, courge, le dedans, une obole, piler dans du miel, rouler dans de la laine, appliquer. Ou bien, élatérion et myrrhe, une obole, piler dans du miel, rouler dans de la laine, appliquer. Ou bien, baies de cyprès, le dedans d'une courge, encens, mêler avec du miel, et appliquer dans de la laine. Mondificatif, si la purgation n'a pas lieu après l'accouchement : boire du trèfle dans du vin blanc; le trèfle amène aussi les règles en pessaire et chasse l'embryon. Purgatif des matrices quand, l'enfant y étant mort dedans, le sang y reste : concombre sauvage, écraser, prendre eu électuaire dans du miel, ou mettre en pessaire. Pour toutes les lochies, quand elles ne vont pas bien: érysimon, farine d'orge, faire cuire, verser de l'huile quand c'est cuit et prendre en potage ; user des aliments les plus émollients. Ou bien, scammonée, broyer dans du lait de femme, éponger avec de la laine, et appliquer. Ou bien, réglisse, mouiller avec du miel et de l'huile de rose ou du parfum égyptien, et appliquer dans de la laine. Ou bien, appliquer de la même façon de la farine lavée; la femme boira : graine de crithmos, graine de séséli, graine de rue, de chaque deux oboles, piler ensemble, et donner à boire dans du vin pur, s'il n'y a pas de fièvre. Pessaire chassant le chorion qui est resté : feuille de sureau, faire une fumigation antécédente et appliquer avec la cantharide ces feuilles et tout ce qui est faible ; si le pessaire pique et mord, l'enlever aussitôt, plonger la laine dans de l'huile de rose, et appliquer. Pessaire capable d'expulser le chorion et de faire venir les règles et l'embryon frappé d'apoplexie : cinq cantharides, sans les ailes, les pattes ni la tête, puis piler du tribulus marin (sennebiera coronopus) avec la racine et les feuilles, une conque (0 litre, 023), piler du boanthème vert (chrysanthenum coronarium), la partie extérieure dure, une conque' autant de graine d'ache, quinze oeufs de sèche, dans du vin doux coupé d'eau, et appliquer; quand la douleur se fait sentir, la femme prend un bain de siège chaud et boit de l'hydromel aqueux et du vin doux ; et boire, dans du vin doux, de cette composition pilée à la dose d'un statère d'Égine (statère = 0 grammes, 48); quand il y a douleur, faire cuire des pois chiches blancs et des raisins secs dans de l'eau, refroidir, donner à boire; et, quand de la strangurie se fait sentir, prendre un bain de siège tiède. Pessaire propre à expulser le chorion : suc de concombre sauvage, en faire comme un petit pain; la femme l'appliquera, après avoir jeûné deux jours; vous ne pourriez rien trouver de meilleur. Moyen explorateur de la fécondité : faire bouillir une gousse d'ail et l'appliquer. Autre moyen explorateur :un peu de nétopon, rouler dans de la laine, appliquer, et voir si l'odeur en vient par la bouche. Pessaires : prendre la bile du scorpion de mer (cottus scorpio)„ mettre dans la laine, sécher à l'ombre et appliquer. Ou bien, sécher du pouliot, bien broyer, mouiller avec du miel, . appliquer dans de la laine; ou bien, fleur de cuivre dans du miel, attacher dans un linge, et appliquer. Ou bien, graine de courge, têt calciné, mouiller avec du vin, et appliquer dans du poil de lièvre on dans de la laine. Autre pessaire : alun d'Égypte, rouler dans de la laine, appliquer. Ou bien, cantharides, piler, mouiller avec du vin, appliquer dans de la laine. Ou bien, armoise, mouiller avec du vin, appliquer. Ou bien, nielle, piler dans du vin, appliquer dans de la laine. On bien, le bulbe qui croit dans les champs de blé (muscari comosum), piler, mouiller avec du vin, appliquer dans de la laine. Ou bien, lie de vin blanc vieux, calciner, éteindre avec du vin blanc, pulvériser, appliquer dans un linge. Ou bien, galbanum, nétopon, misy, mouiller avec de l'huile de rose, appliquer dans un linge. Autre pessaire : deux potions d'élatérion, rayon de miel dans du vin, appliquer dans un linge. Ou bien, beurre, alun, mouiller avec du miel, appliquer semblablement. Ou bien, suc de scammonée, graisse, mêler dans de la pâte d'orge, mouiller avec du vin, appliquer avec un linge. Breuvages pouvant chasser un chorion qui s'est fixé dans la matrice : concombre sauvage, en piler le dedans dans du lait de femme, appliquer dans un linge. Pour le même : silphion gros comme une fève, donner à boire dans du vin. Autre moyen expulsif: prendre la femme par-dessous les aisselles et la secouer fortement. En breuvage, donner les feuilles d'agnus dans du vin; ou le dictame de Crète, pilé dans de l'eau, à la dose d'une obole; ou bien, conyza à odeur forte (crigeron graveolens), une poignée, mouiller avec de l'eau où des poireaux ont bouilli, nétopon une bonne chême (= 0 litre,018), bien broyer, et donner le tout à boire dans du vin. Ou bien, faire cuire une branche de pin très grasse dans du vin doux, trois cyathes, où on a ajouté galbanum trois oboles et myrrhe; et quand c'est devenu épais par la cuisson, donner à boire tiède. Ou bien, décoction de poireau, myrrhe, vin doux, boire ensemble. Ou bien, fruit de l'arbousier, piler, donner dans du vin blanc vieux. Ou bien neuf cocons résineux du peuplier de Crète, piler, boire dans du vin. Ou bien, batrachion (ranunculus asiaticus), feuilles et Beurs pilées, à la dose d'une drachme d'Egine, boire dans du vin doux. Si le chorion est retenu, vieille peau de serpent, à la dose d'une obole, piler dans du vin et donner â boire. Ou bien, faire cuire racine d'ache et baies de myrte, et boire pendant quatre jours. Ou bien, cumin d'Éthiopie, castoreum une obole, un peu de cantharide, donner à boire dans du vin. Ou bien, racine de fenouil, faire cuire dans du vin, de l'huile et du miel, et donner à boire. Si le chorion ne sort pas, piler de la conyza (erigeron viscosum) et appliquer dans de la laine; en donner en boisson est .mieux. Ou bien, conyza une poignée, mêler décoction de poireau et nétopon à la dose d'une chéramys ( = 0 litre, 018), et boire cela dans du vin. Bon pour expulser le chorion, amener les règles et tirer le foetus à demi formé : cinq cantharides, ôter les ailes, les pattes et la tête, puis tribulus marin, piler avec la racine et les feuilles, à la dose d'une conque, évanthéme (anthemis chia), même quantité, graine d'ache, quinze oeufs de sèche, boire cela ensemble dans du vin doux coupé d'eau, quand il y a douleur; là femme prendra un bain de siège chaud, et boira de l'hydromel coupé d'eau et du vin blanc doux. Bon pour expulser le chorion; racine de l'oloconitis douce (cyperus. eculentus, d'après Fraas), elle est comme le bulbe, mais petite comme une olive, piler dans du vin et donner à boire ; si elle est petite, en prendre deux; si elle est grosse, une seule suffit; mêler des graines, cumin d'Éthiopie, séseli de Marseille (seseli tortuosum) ou la feuille sèche de Libye (graine du silphion), à la dose d'une demi-chènice, avec trois cotyles de vin, faire cuire et réduire à moitié; la femme boira de cette préparation. Autre : graine de vitex, séséli, quantité égale, myrrhe, piler ensemble et donner à boire avec de l'eau. Expulsifs : vitex blanc frais un oxybaphe, bien broyer et donner à boire dans du vin blanc de bonne odeur. Autre: castoreum ou sagapenum une obole, asphalte une drachme, nitre deux drachmes, piler le tout dans une demi-cotyle de vin doux et d'huile, et faire boire à jeun à la dose de deux oboles; puis bien laver à l'eau chaude, Autre : trois hérissons de mer, les bien piler entiers dans du vin de bonne odeur, et donner à boire. Autre: une petite poignée de menthe, de rue et de coriandre, sciure de cédros (juniperus oxycedrus) ou de cyprès, donner à boire dans du vin de bonne odeur; et aussi la femme prendra autant qu'elle pourra d'un potage aux hérissons de mer, s'il y en a; puis elle se lavera à l'eau chaude. Autre, semblable : anis, baies de cédros, graine d'ache, cumin d'Éthiopie, séséli, de chaque un demi-oxybaphe, bien piler et donner à avaler dans du vin blanc. Autre, semblable : une poignée de dictame, deux drachmes de graines de daucus, nielle autant, bien piler et donner à boire dans du vin blanc; la femme se lavera avec beaucoup d'eau chaude; on proportionnera la dose de cette préparation à la force de la maladie. Autre : galbanum gros comme une olive, piler dans de l'huile de cédros, et appliquer; cela peut faire avorter et chasser ce qui tarde à sortir. Autre qui s'administre en infusion pour débarrasser la matrice: quand le foetus, tué par le froid que produit un vent glacial, se putréfie, bien piler du safran à la dose d'une drachme, dans de la graisse d'oie, infuser dans la matrice et laisser le plus longtemps possible. Breuvage très utile pour le même objet : conyza odorante, miel et résine, bien piler et donner à boire dans du vin odorant ou dans de l'eau du navet employé pour vomir; puis se laver à l'eau chaude. Autre breuvage, pour l'enfant et les lésions intérieures : vert-de-gris, broyer avec du miel et du navet, et donner à boire. Autre expulsif en pessaire, quand l'enfant meurt : limaille de cuivre, mettre dans un linge souple, et appliquer à l'orifice de la matrice, vous en retirerez de l'avantage. Pessaire expulsif, en cas de mort de l'enfant : têt neuf, graisse d'oie, piler et appliquer. Autre pessaire : nitre et résine, faites cuire, formez un gland, trempez dans la graisse de volaille, appliquez. Autre pessaire : l'herbe appelée gracieuse, appliquez-en la racine à l'ombilic pendant un temps qui ne soit pas trop long. Autre : concombre sauvage, excréments de rats, piler bien, appliquer. Autre, qui se porte en sachet : résine, graisse de volaille, piler ensemble, mêler, et attacher sur l'ombilic et le ventre. Autre, en pessaire : baies de lierre blanc, sciure de cédros, broyer, faire des glands, et appliquer. Autre : cervelle de tortue marine, safran d'Égypte, sel d'Égypte, broyer, mêler, faire des glands, et appliquer. Fumigation expulsive, capable aussi de faire sortir du sang hors de la matrice : mettre des feuilles de saule sur le feu et fumiger; on fera asseoir la femme et on la laissera jusqu'à ce que la vapeur entre dans la matrice. Du traitement de l'avortement : quand, une femme se blessant, l'enfant ne sort pas, soit parce qu'il est putréfié et gonflé, soit par quelque autre cause de ce genre, jus de poireau et d'ache exprime à travers un linge, une cotyle d'huile de rose, un quart de cotyle de graisse d'oie, trois oboles de résine fondue dans de l'huile; alors, ayant fait les pieds plus élevés que la tête, infuser dans la matrice; la femme, couchée, gardera cette infusion le plus longtemps qu'elle pourra; puis elle restera sur son siège pendant quatre jours; après quoi sort l'embryon putréfié; sinon, sel d'Égypte, concombre sauvage vert, mêler avec du miel, broyer et donner â avaler, après avoir avalé, la femme se remuera çà et là. Pessaire expulsif : sel d'Égypte, excréments de rats, concombre sauvage, verser par-dessus un quart de miel demi-cuit, puis, prenant une drachme de résine, la jeter dans le miel, le concombre et les excréments de rats, bien broyer le tout, faire des glands, et appliquer à la matrice, tant que cela paraîtra convenable. Autre expulsif, qui chasse l'enfant frappé d'apoplexie : helxine (convolvulus arvensis), piler dans du vin et donner à boire. Autre breuvage expulsif, qui chasse l'enfant devenu livide : racines d'ellébore noir, pilées menu, une pincée, myrrhe gros comme une fève, donner à boire dans du vin doux. Autre, expulsif : coriandre avec la racine, nitre, nétopon, la femme mettra cela en pessaire et marchera. Infusion pour la matrice, propre à chasser le foetus, s'il est mort : piler du safran, verser de la graisse d'oie, passer, infuser dans la matrice, et l'y laisser aussi longtemps que possible. Pour détruire et chasser le foetus qui ne fait aucun mouvement : alun fendu une drachme, myrrhe autant, ellébore noir, trois oboles, bien broyer dans du vin noir, faire des glands, et appliquer, jusqu'à ce qu'ils se dissolvent peu à peu. Injections détersives de la matrice, ulcérée à la suite de l'accouchement ou d'une phlegmasie : figues non mûres d'hiver, verser de l'eau, faire bouillir, passer, laisser reposer, puis verser de l'huile tiède et mêler; l'injection sera de deux cotyles au plus. Aucune injection ne doit dépasser cette quantité. Faites cuire des écorces sèches de grenade et de la manne dans du vin noir astringent, décantez, et injectez ce vin. Autre injection : lie de vin calcinée, dissolvez, et faites l'injection avec l'eau; puis faites cuire écorces sèches de grenade, baies de myrte, jonc odorant, lentilles dans du vin, décantez, et injectez le vin. Autre injection : beurre, encens, résine, miel, faire fondre ensemble, verser du vin, et injecter tiède. Ou bien baies de sureau, faire cuire dans l'eau, décanter, piler ensemble ache, myrrhe, anis, encens, verser du vin très odorant autant qu'on avait fait d'eau, passer au travers d'un linge, faire tiédir, injecter. Autre : chou, mercuriale, graine de lin, lin vert, cuire dans l'eau, passer, injecter. Autre : feuille de myrte un oxyhaphe, myrrhe, anis, miel, résine, parfum d'Égypte, piler et incorporer, verser deux cotyles de vin blanc très odorant, passer, faire tiédir, injecter. Autre : baies de laurier, pouliot, faire cuire dans l'eau, verser de l'huile de rose, faire tiédir, injecter. Autre : graisse d'oie, résine, mêler, verser du vin, faire tiédir, injecter. Autre : beurre, huile de cédros, un peu de miel, faire tiédir, mélanger, injecter. Autre : miel, beurre, jonc, calamus odorant, fucus marin (zostera marina), faire cuire dans du vin, passer, injecter. Autre : graine d'ache, séséli, myrrhe, anis, nielle, dans du vin, passer le vin, injecter. Autre: cédros, faire bouillir dans du vin, injecter le vin. Autre : lierre, faire bouillir dans de l'eau, injecter l'eau. Autre : élatérion ou cestron (sideritis syriaca, d'après Fraas), deux potions, faire bouillir dans deux cotyles d'eau, injecter tiède. Autre : le dedans d'une courge, long de deux doigts, faire bouillir dans deux cotyles d'eau, verser dans l'eau du miel et de l'huile, et injecter. Autre : racine de thapsie, deux potions, bien piler, verser du miel et de l'huile, délayer avec deux cotyles d'eau tiède, et injecter. Autre : ellébore noir, deux potions, délaver avec du vin doux et de l'eau, et injecter. Autre : soixante grains de Cnide (baies du Daphné gnidium), bien piler, verser du miel, de l'huile et de l'eau, et injecter. Injection fortifiante, si les ulcérations sont mondifiées : figues non mûres d'hiver, piler, verser de l'eau, laisser macérer pendant un jour, ajouter de l'huile, et injecter. Autre : écorces sèches de grenade et sciure de lotus, faire bouillir dans du vin noir. Quand les ulcérations fournissent une humeur impure, calciner de la lie, injecter avec du vin et de l'eau. Autre : écorce sèche (le grenade, sumac à corroyeur, feuilles de myrte et de ronce, faire bouillir dans du vin noir, et injecter. Injections pour les vieilles ulcérations : injecter de l'eau où du chou a bouilli ; de la mercuriale semblablement; et mêlez un peu de nitre rouge. Myrrhe un oxybaphe, encens, séséli, anis, graine d'ache, nétopon, résine, miel, graisse d'oie, vinaigre blanc, parfum blanc d'Égypte, de chaque partie égale, bien broyer le tout ensemble, puis délayer avec deux cotyles de vin blanc, et injecter tiède. Autre : mercuriale, faire bouillir dans l'eau, et passer. Autre : myrrhe un oxybaphe, encens, séséli, nétopon, de chaque partie égale, injecter tiède. Autre : sauge, hypéricon, faire bouillir dans dé l'eau, injecter l'eau. Autre : baies de sureau et de laurier, de chaque partie égale, faire bouillir dans du vin, injecter le vin. Autre pouliot, décoction, injecter. Autre : graisse d'oie, faire fondre dans de la résine, semblablement verser un peu d'huile de cèdres, délayer avec du miel, injecter tiède. Autre : fleur d'argent dans du vin, du miel et de la cire fondue, et cypérus, jonc odorant, calamus, lesquels se mêlent aux parfums, et iris, bryon, faire bouillir dans du vin et injecter. Autre : graine d'ache, anis, séséli, myrrhe, nielle, faire bouillir dans du vin. Autre : cédros de Crète, faire bouillir dans du vin, et injecter. Autre : lierre de Crète, clans de l'eau; l'action en est la même. Autre : échétrosis (bryonia alba) et myrrhe, délayer dans l'eau, injecter. Autre : élatérion, deux potions, dans de l'eau, injecter. Autre: deux concombres sauvages, laisser macérer dans quatre cotyles de vin ou de lait cuit, passer, injecter. Autre : le dedans d'une courge, un palme (quatre doigts), faire bouillir dans quatre cotyles d'eau, ajouter miel et huile, et opérer. Autre : racine de thapsie, deux potions, délayer dans du vin doux avec deux cotyles d'eau, injecter tiède. Autre : ellébore, deux potions, délayer dans du vin doux, deux cotyles. Autres : thlaspi (capsella bursa pastoris) un oxybaphe, mêler du miel, délayer dans deux cotyles d'eau, employer tiède. Autre : courge un palme, cnéoron (daphne tartonraira) une potion, faire bouillir dans cinq cotyles d'eau, ajouter du miel et de l'huile, injecter. Autre : grains de Cnide, soixante, miel, huile, délayer avec de l'eau, injecter. Si après l'accouchement la diarrhée survient, raisin noir sec, le dedans de l'écorce sèche de la grenade douce, présure de chevreau, délayer le tout dans du vin noir, saupoudrer avec du fromage de chèvre et de la farine de froment, et faire boire; le froment doit avoir été un peu grillé. Si après l'accouchement il y a hématémèse, le conduit du foie est blessé : la femme boira du lait d'ânesse, puis du lait de vache si cela se peut, pendant quarante jours, et du sésame pilé, jusqu'à ce qu'elle aille bien; le lait sera bu à jeun. Si après l'accouchement il y a douleur au siège, faire bouillir baies d'arkeuthos (juniperus phaenicea), racine de lin, boire pendant quatre jours; et aussi manger de la graine de laitue pilée avec de la graisse d'oie. Si à la suite de l'accouchement il y a phlegmasie de l'utérus, faire une infusion utérine avec la décoction de strychnos (solanum nigrum), ou de bette ou de rhamnus (rhamnus alcoides). Si après l'accouchement la femme a la jambe percluse par cause utérine et ne peut se lever, elle boira une chéramis (= 0 litre, 009) de baies de jusquiame dans du vin noir, pendant trois jours; cette boisson dérange l'esprit; remède, une coupe de lait d'ânesse, puis un purgatif phlegmagogne ; elle fera une fumigation avec la sandaraque, le cérat et le poil de lièvre pendant trois jours. De l'inflammation après l'accouchement : si la matrice s'enflamme à la suite de l'accouchement, infuser dans l'intérieur des parties génitales l'eau de strychnos, ou d'ache, ou de rhamnus ou de bette; ou exprimer le suc d'une courge et l'infuser; ou bien racler en long la partie moyenne et la plus tendre de la courge, et l'introduire. Autre : broyer de l'absinthe dans de l'eau, éponger avec de la laine; si la femme se sent refroidir, on ôtera ce pessaire. Autre: feuilles de cotylédon (cotyledon umbilicus), poireaux, faire cuire avec de la grosse farine de froment, ajouter de l'huile et donner.

[79] ( Moyens propres à purger la bile de la matrice.) Moyens propres à purger la bile de la matrice : dedans d'une courge, bien piler, pétrir avec du miel, faire un gland, appliquer; il faut donner un médicament qui évacue par le haut et par le bas, laver avec l'eau chaude, et appliquer en pessaire l'anis ou la nielle. Autre : concombre sauvage, le dedans, bien piler, pétrir avec du miel, et appliquer. Autre: élatérion quatre potions, mêler graisse d'oie ou de chèvre, faire un gland allongé, et appliquer. Autre : nitre, cumin, ail, figue, broyer le tout, mouiller avec du miel, et appliquer; la femme se lavera à l'eau chaude et boira après le bain. Autre : broyer du thlaspi, pétrir avec du miel, et appliquer. Autre : racler la partie grasse d'une vieille figue, mêler deux potions d'elatérion, autant de nitre, mouiller avec du miel, et appliquer. Autre : peucédanum trois galbes, donner à boire. Autre : anis, nielle, mouiller avec du vin, donner à boire. Autre : élatérion, quatre potions, mêler avec de la graisse de mouton; après avoir ôté ce pessaire, la femme se lavera avec une eau parfumée, légèrement astringente. Autre : élatérion trois potions, avec graisse de mouton, faire un gland autour de la plume; après l'avoir ôté, la femme se lavera à grande eau. Autre : thlapsi une potion, donner avec du miel.

[80] (Formules d'injection utérines.) Injection si la femme est bilieuse : élatérion deux potions, délayer avec de l'eau, verser de l'huile de narcisse, et injecter tiède. Autre: deux concombres sauvages, faire macérer dans quatre cotyles d'un mélange cuit de vin et de lait, en passer une cotyle, y mêler de l'huile de narcisse et injecter. Autre injection, pour la bile et le phlegme: le dedans d'une courge, un palme, faire bouillir dans quatre cotyles d'eau potable, mêler du miel et de l'huile de lis, et injecter. Autre, purgeant la pituite et la bile: grains de Cnide soixante, mêler miel et huile de lis, injecter avec l'eau. Autre : cnestron (daphne oleoides), faire bouillir dans cinq cotyles d'eau potable, décanter deux cotyles, mêler miel, huile de lis et huile de narcisse, injecter. Injections purgatives : figues non moires d'hiver, grillées et macérées dans l'eau, décanter l'eau, mêler de l'huile, et injecter, puis faire une contre-injection avec l'écorce sèche de grenade, la noix de galle, la sciure de lotus, tout cela bouilli dans du vin noir. Autre : lie calcinée, s'en servir avec de l'eau; contre-injection avec les feuilles de myrte et le sumac de corroyeur, le tout bouilli dans du vin noir odorant; la contre-injection peut aussi se faire avec les feuilles de lentisque, l'hvpéricon, la sauge, le tout bouilli avec du vin noir odorant; ou avec l'eau de chou, dans laquelle on fera bouillir de la mercuriale et un peu de nitre rouge. Autre : élatériun, une potion, avec huile de narcisse ou de lis, et injecter tiède. Si la femme est bilieuse, prendre deux courges, les faire macérer dans quatre cotyles de lait d'ânesse cuit, passer, injecter, après y avoir mêle de l'huile de narcisse ou de lis. Autre, à la courge : le dedans d'une courge un palme, faire bouillir dans quatre cotyles d'eau potable, ajouter miel et huile de lis; cette injection est bonne pour le phlegme et la bile. Injection attirant le phlegme : grain de Cnide, baie de mandragore, broyer avec de l'eau.

[81] (Formule de pessaires mondificatifs). Pessaire qui procure une purgation abondante et de toute nature : gousse d'ail, nitre, la partie intérieure et grasse de la figue, de chaque partie égale, broyer, faire de la grosseur d'une noix de galle, et appliquer. Autre : feuilles de cumin, piler dans du vin, ap¬pliquer dans de la laine. Autre : terre blanche, la valeur d'une potion. Autre : la blanche racine (celle du dracontion, dracunculus polyphyllus ), bien broyer, ajouter du miel, faire bouillir, former un gland et appliquer. Autre : suc de silphion, pétrir avec des figues, et faire un gland; il est bon aussi de piler semblablement la graine de courge. Autre : bile de taureau, nitre rouge, nétopon, cyclamen, prendre de chaque gros comme une noix de galle, sauf le cyclamen, dont on prendra davantage, mêler à du miel; la femme en traitement appliquera cela. Pessaire : tête de cyclamen, la laver. avec de l'eau, pétrir avec du duvet, et appliquer. Autre : myrrhe, sel, cumin, bile de taureau, avec du miel, semblablement. Autre (de la Nat. de la F., § 32, p. 363) : trois grains décortiqués, médicament indien, qui est pour les yeux et qui s'appelle poivre, le grain rond, bien piler ces trois choses, humecter avec du vin vieux tiède, en faire un gland autour d'une plume, et l'introduire ainsi. Autre : suc de tithymalle, avec du miel. Antre :racine de scille, un morceau de six doigts, en enrouler deux doigts dans la laine, et appliquer. Autre : la scille même sans la racine, piler, rouler semblablement dans de la laine, puis appliquer.

[82] (Formules d'injections mondficatives.) Injection si la femme est pituiteuse : ellébore, deux potions, délaver dans deux cotyles de vin doux, mêler et injecter. Si la femme a besoin de mondification, faire cuire des poireaux, ou baies de sureau, ou anis. encens, myrrhe, vin, broyer le tout ensemble, et injecter cette décoction. Autre : faire cuire du chou dans de l'eau, puis, dans cette décoction, faire cuire de la mercuriale, en décanter un peu, et injecter. Autre : cnestron une potion, humecter avec du miel et injecter.

[83] (Moyen de reconnaître si les règles sont pituiteuses ou bilieuses; répétition du § 22. Formule d'injection pour les règles pituiteuses.) Il faut considérer si les règles sont bilieuses ou pituiteuses : prendre du sable fin, sec, le jeter au soleil, et, quand les règles vont, verser du sang dessus, et l'y laisser sécher; si les règles sont bilieuses, le sang séché sur le sable devient jaune; si elles sont pituiteuses, on y voit comme de la pituite; dans le cas donc où elles sont pituiteuses, cnestron une potion, délayer avec une cotyle d'hydromel et injecter.

[84] (Formules de pessaires purgatifs de l'utérus. On y remarquera le pessaire aux cantharides et la strangurie qu'il cause.) Pessaire purgatif émollient, qui amène de l'eau, des peaux et une humeur sanguinolente, attire les règles si la suppression n'en est pas ancienne, et assouplit l'orifice utérin : huile de narcisse, cumin de table, myrrhe, encens, absinthe, sel de Chypre, huile de rose, de chaque partie égale, sauf l'huile de narcisse dont il y aura quatre parts, mêler de l'étoupe de lin écru, piler le tout ensemble, faire un gland, enrouler un chiffon fin autour d'une plume, attacher, tremper dans du parfum blanc d'Égypte, appliquer et laisser pendant un jour entier; ayant pris un bain et ôté le pessaire, la femme se lavera avec de l'eau parfumée. Autre: purgatif, amenant de l'eau, des peaux, des mucosités et un ichor sanguinolent : myrrhe, sel, cumin, bile de taureau, mélanger le tout, pétrir avec du miel, meure dans un chiffon, et appliquer; on laissera pendant un jour entier; puis, s'étant baignée et ayant ôté le pessaire, la femme se lavera avec une eau parfumée. Autre : sel, cumin, bile de taureau, pétrir avec du miel, et appliquer; la femme se baignera, ôtera le pessaire, et se lavera avec l'eau parfumée. Autre: silphion, mêler avec des figues, appliquer; puis laver avec de l'huile de rose. Autre : grains de Cnide décortiqués, faire cuire, former un gland; et, après l'avoir ôté, appliquer de l'huile de rose. Autre : ail, nitre rouge, figue, de chaque partie égale, mêler avec du miel, appliquer; et, après avoir ôté le pessaire, appliquer de la graisse de cerf fondue dans du vin. Autre : cinq grains de poivre, mêler avec un peu d'élatérion, verser du lait de femme dans de la laine, tremper dans un parfum; après avoir ôté ce pessaire, la femme fera la même application que précédemment. Autre : la partie la plus grasse de la figue, une potion d'élatérion, autant de nitre rouge, autant de miel, faire de même. Autre : bile de taureau, nitre rouge, nétopon, cyclamen gras comme une noix de galle, dans du miel. Autre : bile de taureau, faire un pessaire, tremper dans du parfum égyptien, appliquer; après l'avoir ôté, la femme appliquera de l'huile de rose. Autre : le dedans de la courge longue, ôter les graines, mettre du lait de femme allaitant un garçon, myrrhe pure, un peu de miel, du parfum égyptien, piler, appliquer. Autre : le dedans d'une courge, sécher, ôter la graine, broyer, jeter du miel, faire bouillir, former un gland allongé, tremper dans du parfum blanc. Autre : le concombre sauvage semblablement. Autre : élatérion, trois potions, piler dans de la graisse et faire un gland. Autre : grains de Cnide décortiqués, en piler une potion, faire cuire, verser du miel, et appliquer, ou de l'huile de rose et appliquer; toutes les fois qu'on applique un pessaire, il faut ficher la plume dedans, puis l'enrouler dans de la laine et dans un chiffon fin, tremper dans du parfum égyptien et appliquer; celui-ci est très emménagogue et enlève les peaux. Pessaires purgatifs énergiques, capables d'attirer de l'eau, des mucosités et des peaux plus que les précédents : grains de poivre, quatre des gros, ou dix des petits, êlatérion une potion, mêler, bien broyer en versant du lait de femme, ajouter un peu de miel, pétrir, enrouler avec des chiffons dans de la laine propre et molle autour d'une plume, et appliquer après avoir trempé dans le parfum blanc égyptien; ce pessaire restera en place pendant le jour, et, après l'avoir ôté, la femme appliquera la graisse de cerf. Pessaires purgatifs, si les breuvages ne purgent pas la matrice : mercuriale, myrrhe, broyer, appliquer. Pessaires semblablement purgatifs, pouvant expulser le chorion, amener les règles et faire sortir l'embryon apoplectique : cinq cantharides, ôter les ailes, les pattes et la tête, piler du tribulus marin avec les racines, les feuilles et la partie verte extérieure, avec même volume de graine d'ache et quinze oeufs de sèche dans du vin doux coupé d'eau; la femme prendra un bain de siège tiède, boira de l'hydromel aqueux et du vin doux et prendra dans du vin doux une dose de cette préparation pilée du poids d'un statère d'Égine; quand de la douleur se fait sentir, faire cuire des pois chiches blancs et des raisins secs dans de l'eau, laisser refroidir et donner à boire; quand la strangurie survient, la femme prend un bain de siège tiède et boit du vin doux. Bon pour toute maladie; bon à ouvrir l'utérus et à le purger : un peu de myrrhe, sauge, anis, piler, s'en servir.

[85] (Traitement pour mondifier, si le col utérin est bien, une femme stérile.) Moyen cathartique pouvant mondifier une femme stérile, si l'orifice utérin est bien : bouse de vache sèche, quatre chénices, piler et tamiser, vinaigre dix cotyles, urine de boeuf autant, eau de mer vingt cotyles, avec ce mélange faire une fumigation douce pendant beaucoup de temps, puis la femme prend un bain, avale de la bouillie de lentilles où elle a mis du miel et du vinaigre, et vomit; alors elle prendra un potage de farine et boira par-dessus du vin vieux odorant qui aura été exposé an serein de la nuit; mais, de ce jour-là, elle ne goûtera pas aux aliments solides; le lendemain, elle avalera le grain de Cnide, et le surlendemain on lai administrera le diurétique ainsi composé : raisins secs et pois chiches blancs, deux chénices de pois et une de raisins secs, eau un conge et demi (conge = 3 litres, 2), décanter, exposer au serein de la nuit, boire le lendemain, et employer les pessaires.

[86] (Fumigation emménagogue.) Fumigation propre à faire venir les règles : bouse de vache, y mêler de la sciure de cyprès, pétrir et arranger en forme de conque, sécher au soleil, et là-dedans jeter les ingrédients fumigatoires.

[87] (Infusion purgative de l'utérus. L'infusion se faisait aussi ailleurs que dans l'utérus. Voy. p. VII, p. 5, p. 162, et Livre Deuxième des Mal. § 47, p. 69. Il est probable que l'infusion différait de l'injection par plus de consistance.) Infusion utérine purgative, si les règles ne vont pas : épine blanche, les feuilles, piler, passer, faire tiédir, et introduire en infusion.

[88] (Formules de liniments purgatifs de la matrice.) Liniment purgatif propre à mondifier la matrice : graine de poireau et de cardame (erucaria aleppica), piler, délayer avec du vin et du lait cuit, oindre le bas ventre. Liniment émollient, qui amène l'eau, les mucosités et les peaux, emporte les lochies et n'ulcère pas : demi-portion de myrrhe excellente, sel en grain autant, poix parfumée, écraser, mélanger (la myrrhe sera la moitié du sel et de la poix), jeter, dans un linge, gros comme une grosse noix de galle de cette poix ainsi préparée; on en aura deux, l'un pour le jour, l'autre pour la nuit, et il restera jusqu'à ce qu'il fonde; la femme prendra un bain chaud, puis, ôtant le pessaire, elle se lavera avec de l'eau parfumée.

[89] (Différents moyens pour guérir la stérilité. Comp. avec le § 85.) Cathartique propre à mondifier une femme stérile, si l'orifice utérin est bien : dans le cas où vous traitez une femme stérile, faire sécher au soleil de la bouse de vache, en tamiser quatre chénices attiques, prendre vinaigre dix cotyles, farine d'ers une chénice, eau de mer vingt cotyles, et faire une fumigation abondante et prolongée, puis, ayant fait de la bouillie de lentille, où elle mêlera du miel et du vinaigre, la femme vomira, prendra en potage de la farine, et par-dessus boira du vin odorant; pendant ce jour, elle ne touchera pas aux aliments solides; le lendemain elle avalera le grain de Cnide; le surlendemain elle prendra un diurétique, celui-ci, par exemple, si vous voulez : raisins secs blancs, pois chiches blancs, deux chénices, verser eau un cange et demi, en décanter la moitié, exposer au serein de la nuit, et le lendemain boire de cette préparation peu à la fois, et user des pessaires. Si vous voulez qu'une femme conçoive (de la Nat. de la F., § 94), la purger, elle et la matrice, puis donner de l'aneth à manger à jeun, boire du vin pur par-dessus, et appliquer nitre rouge, cumin, résine, humecter avec du miel, et mettre dans un linge; et, quand l'eau s'écoule, la femme appliquera les pessaires noirs comme émollient, et ira auprès de son mari. Si l'orifice utérin est fermé, elle appliquera du sue de figuier jusqu'à ce qu'il s'ouvre; elle se lavera aussitôt avec de l'eau. Écraser de la fiente d'épervier dans du vin doux, et boire à jeun; et alors la femme ira auprès de son mari. Autre : au moment où les règles cessent, écraser dans l'huile de rose la fiente de chénalopex, oindre les parties génitales, et aller auprès du mari.

[90] (Différentes recettes pour les ulcérations utérines. Il est parlé, dans le courant de ce paragraphe, des aphtes des parties génitales.) Si les ulcérations sont âcres et qu'il y ait phlegmasie, employer cette injection : graisse d'oie, résine, mêler, délayer avec de l'eau tiède, injecter. Autre : miel, beurre, faire fondre, injecter. Autre : échétrosis, en racler la valeur d'une petite citerne (= 0 litre, 009), myrrhe et miel autant, délayer dans du vin noir odorant, et injecter tiède. S'il y a (de la Nat. de la F., § 108) ulcération ou que le bord des lèvres se remplisse de phlyctènes pendant la purgation menstruelle, viande de boeuf, ou beurre, ou graisse d'oie, anis ou safran, ou spode de Chypre, broyer tout cela, en frotter la viande, et appliquer. S'il y a ulcérations et mordication, viande de boeuf, la frotter avec de la graisse, mettre la viande en pessaire, et faire une injection. Si les ulcérations sont sordides, faire une fumigation avec la racine de mûrier, puis boire une infusion de poire dans du vin doux. Si des ulcérations se forment dans les parties génitales, oindre avec de la graisse de boeuf, puis, faisant cuire du myrte dans du vin, se laver avec ce vin, ou feuilles d'olivier, de ronce et de grenadier; le même effet est produit par les feuilles du persea dans du vin de Pramne; on pile les feuilles, et on les met dans les parties génitales. Autre : graine d'aneth et d'ache, piler, oindre. Si les parties génitales ont des aphtes, traiter ainsi : chair de boeuf, de la longueur de deux palmes (huit doigts), de la grosseur d'un manche, l'appliquer jusqu'au soir et l'ôter la nuit; le lendemain réappliquer jusqu'à midi, et par-dessus boire du vin doux coupé de miel. Injection, quand la matrice est ulcérée et que la strangurie survient : poireaux, graine de sureau, séséli, anis, encens, myrrhe, vin en quantité égale à l'eau de ces ingrédients, mêler, faire bouillir, laisser refroidir, et faire une injection modérée. Autre : miel, beurre, moelle, cire, injecter. Toutes les fois qu'il y a et qu'il se forme des ulcérations dans les parties génitales, feuilles d'olivier, de ronce, de lierre et de grenadier doux, bien broyer, mouiller avec du vin vieux, et appliquer dans de la laine la nuit aux parties génitales, et aussi faire un cataplasme de ces feuilles ; au jour, ôter, puis laver avec du vin où des baies de myrte ont bouilli. Autre : graisse d'oie, résine, faire fondre, injecter. Autre : benne, huile de cédros, ajouter un peu de miel et injecter. Bon pour sécher les ulcérations de l'orifice utérin : fleur d'argent (oxyde de plomb), broyer dans du vin, et injecter. Autre : beurre avec miel, injecter. Autre : échétrosis, myrrhe, miel, mouiller avec du vin fort, noir et tiède, et injecter le lendemain, puis faire une contre-injection avec des feuilles de lentisque bouillies dans de l'eau. Autre, si l'orifice de la matrice est ulcéré : beurre, encens, myrrhe, résine, moelle de cerf, injecter. Autre: faire bouillir des lentilles dans de l'eau, transvaser, et injecter celte eau. Quand de l'eau s'écoule de la matrice, qu'il y a des ulcérations, et qu'elles sont mordicantes, oindre avec de la graisse d'oie et un oeuf. Autre : graisse de mouton ou de porc, et lentilles, faire cuire dans du vin coupé de moitié d'eau, et injecter ce vin; les ulcérations des parties génitales seront fomentées avec du vin; on les saupoudrera avec manne, ronce, écorce de pin, et on les lavera avec de l'eau où auront bouilli ces ingrédients.

[91] (Moyens propres à expulser l'embryon mort.) Moyen expulsif, si l'enfant est mort : galbanum gros comme une olive, rouler dans un linge, tremper dans de l'huile de cédros, et appliquer à l'orifice utérin. Autre : calamus odorant, intérieur d'une courge, piler dans de la graisse d'oie; attacher à l'ombilic et au bas ventre; en faire dégoutter un peu, qu'on recevra dans de la laine et qu'on appliquera à l'orifice utérin; par ce moyen le foetus sort peu à peu. Autre : piler de la garance, ajouter de la sciure de cédros et de l'eau, exposer au serein de la nuit, puis, le lendemain matin, donner pour les douleurs. Autre : silphion une drachme, suc de poireau un oxybaphe, ajouter un demi petit cyathe d'huile de cédros, et donner à boire. Autre : bile de taureau une obole ou une demi-obole, piler dans du vin et donner; on envelopper dans de la pâte et donner à avaler. Autre : écrevisses de rivière cinq, racine de patience et de rue, suie d'un four, piler le tout ensemble dans de l'hydromel et incorporer, puis exposer au serein, et faire boire à jeun trois fois. Autre : intérieur d'une courge, bien broyer dans de la poix de cédros, rouler dans de la laine, attacher à une plume avec un fil, et mettre à l'intérieur; la partie dure de la plume fera un peu saillie hors de la laine ; quand le sang parait, on l'ôte. Autre : prendre un rameau d'ellébore noir long de six doigts, le rouler dans la laine, en laisser l'extrémité nue, puis l'introduire aussi avant que possible; quand elle est tachée de sang, la retirer. Autre : ellébore noir, cantharides, conyza, piler dans l'eau, faire un gland mou long de six doigts, sécher; puis, quand il est durci, l'entourer de laine et l'appliquer; l'extrémité sera ointe de résine de cédros, et laissée nue; on le retirera quand le sang paraîtra. Moyen expulsif; si l'embryon mort est à l'intérieur, ou s'il est frappé d'apoplexie, batrachion (ranunculus asiaticus), un peu d'ellébore, mêler dans du vinaigre bien coupé, et donner à boire. Autre : tige tendre de chou, frottée de nétopon par le bout et introduite.

[92] Quoique cet appendice soit dit apocryphe dans des manuscrits, cependant je ne le regarde aucunement comme tel. Seulement, ce qu'on peut dire, c'est qu'il ne tient en rien aux livres des Maladies des Femmes. Il me parait être un fragment de quelqu'un de ces livres intitulés Φαρμακῖτις que les Hippocratiques avaient rédigés et dont il est fait mention dans le livre des Affections, § 28, t VI.  - Différentes recettes pour la toux des enfants, pour leur lâcher le ventre.) Partie apocryphe, mise en appendice à la fin du premier livre sur les maladies des femmes. Pour la toux des enfants : faire manger de la thapsie dans de la farine d'orge. Autre : faire cuire un oeuf, ôter le jaune, puis ajouter sésame blanc grillé et sel, et donner en électuaire dans du miel. Pour lâcher le ventre, chez un enfant : mettre en suppositoire de la laine non lavée, trempée dans du miel; si l'enfant est plus grand, piler l'intérieur des poireaux, et mettre en suppositoire; sinon, donner un lavement avec du lait de chèvre mêlé à du miel; s'il n'y a pas de lait, laver de la farine de blé de printemps, ajouter miel et huile, et injecter tiède en lavement. Pour la gêne de la respiration, chez un enfant : encens dans du vin doux, interdiction des bains, purgatif; faire des suppositoires, miel une cotyle, anis un oxybaphe, asphalte deux drachmes, bile de boeuf, trois drachmes de myrrhe, une potion d'élatérion; faire cuire dans un vaisseau de cuivre, mêler de la graisse d'oie, et, quand on va s'en servir, oindre les suppositoires avec de la graisse d'oie molle; on se sert de laine de mouton, d'huile de lentisque, et on y mêle du sang-dragon.

[93] (Moyens d'arrêter le vomissement.) Pour arrêter le vomissement : jus d'ocymum (ocymum basilicum) dans du vin blanc. Autre : eau dans laquelle aura bouilli de la farine de blé du printemps, on jus exprimé de grenades douces et acides, puis y mêler du miel.

[94] (Formule du médicament septique.) Le médicament septique se compose ainsi : ellébore noir, sandaraque, écaille de cuivre, de chaque partie égale, piler à part; quand c'est bien broyé, mêler plâtre le double d'une partie, mouiller avec de l'huile de cédros, et oindre.

[95] (Formule du médicament grillé.) Le médicament grillé se prépare ainsi : fleur de cuivre bien brûlée jusqu'à ce qu'elle devienne de couleur rouge, bien piler et s'en servir.

[96] (Formule du médicament noir.) Le médicament noir : écaille de cuivre, fleur de cuivre, piler séparément; quand la trituration est complète ainsi, composer deux ou trois espèces du médicament, l'une la plus forte où la fleur est le tiers de l'écaille, l'autre où elle est le quart, la troisième où elle est le cinquième; ce médicament a un emploi très tendu.

[97] (Formule d'un liniment pour l'angine.) Liniment pour l'angine: cachrys (cachrys cretica), staphisaigre, absinthe, élatérion, miel.

[98] (Recette contre les douleurs goutteuses.) Dans les douleurs goutteuses, appliquer sur les parties gonflées du sel dont on fait une pâte avec de l'eau, et ne pas détacher de trois jours; puis, quand vous l'avez ôté, piler du nitre rouge cru et un peu de miel, et s'en servir comme du sel, le même temps; le sel pilé se jette dans un vase, puis on le saupoudre d'un peu d'alun, alors on met les chaudrons sur le feu, et derechef on saupoudre avec le sel et l'alun, enfin on le laisse se cuire une nuit et un jour (voy. Diosc. V, 126).

[99] (Recette en cas de chute du rectum.) Pour faire rentrer le fondement qui tombe : raisins secs, bien pilés, sèches, en frotter le fondement.

[100] (Pour résoudre les concrétions.) Pour résoudre les concrétions : sandaraque dans de la graisse.

[101] (Recette anodine.) Le suc de la laitue rouge, dans de l'eau, dissipe toute douleur, à la dose d'une demi-obole attique.

[102] (Recette pour les yeux.) Préparations ophtalmiques : cuivre calciné, vert-de-gris, myrrhe, délayés dans de la bile de chèvre; bien triturer tout cela ensemble et mouiller avec du vin blanc; puis sécher au soleil dans un vase de cuivre; ensuite mettre dans un roseau, et s'en servir sec.

[103] (Emplâtres.) Emplâtre : misy calciné, triturer dans un pilon, y mêler de la spode chrysitis lavée (oxyde de plomb); il y aura trois parties de spode, et une de misy; brûlez le misy en pain, prenant garde qu'il ne s'écoule; en effet, grillé, il se liquéfie; quand il est bien grillé, il devient rouge. Emplâtre : céruse mêlée de la même façon avec le misy grillé comme pour la préparation avec la spode chrysitis. Autre emplâtre plus fort que le précédent : spode de Chypre lavée, celle qui provient de la suie, céruse, misy grillé; il y aura deux parties de la spode et de la céruse et une de misy.

[104] (Différentes formules de préparations qu'on emploie sèches.) Piler les feuilles de l'anémone; en exprimer l'humidité, et mettre au soleil dans un vase en cuivre rouge que l'on couvrira afin qu'il n'y tombe rien; quand la préparation est épaisse, en faire des pastilles, et sécher; quand c'est sec, calciner autant que possible, laisser refroidir, bien triturer, et mêler en partie égale, avec la spode lavée, celle qui provient de la suie; puis verser un peu de nétopon, triturer, mouiller avec du miel, sécher, et meure dans une boite de cuivre pour s'en servir. Préparation sèche adoucissante : spode de Chypre, chalcitis non lavée bien triturée, fleur de cuivre, de chaque partie égale, mêler, triturer. Autre, sèche : spode de Chypre, chalcitis triturée, spode chrysitis non lavée, dans laquelle on fait cuire l'or, de chaque partie égale, triturer. Autre, sèche : spode lavée, chrysitis, écume de cuivre, de chaque partie égale, triturer. Autre : jus de raisins verts et spode de Chypre; il faut exprimer le jus du raisin vert déjà gros à travers un linge dans un vase de cuivre rouge, mêler un tiers de vinaigre blanc aussi fort que possible, faire cuire ainsi an soleil en agitant cinq fois par jour; quand le suc s'épaissit, y jeter la spode de la chalcitis de Chypre triturée et mêler; la spode ne doit être jetée que quand le suc est resté au soleil six ou sept jours, huit drachmes de spode pour chaque cotyle attique de suc ; si vous voulez que ce soit plus âcre, mettez moins de spode ; plus doux, mettez-en davantage; on sèche jusqu'à ce qu'il soit possible d'en faire des pastilles; puis faire dessécher, en suspendant au-dessus de la famée, jusqu'à ce que cela devienne comme un têt, de manière que, pilé, il ne s'y forme pas de grumeaux; c'est dans cet état qu'on s'en servira; on tiendra ce médicament là où il n'y aura pas d'humidité. Autre, sèche : spode, chalcitis, pétrir avec du vinaigre blanc, faire des pastilles, sécher, triturer après la dessiccation.

[105] (Différentes préparations ophtalmiques.) Pour employer en onction sur l'oeil : miel aussi beau que possible, vin vieux doux, faire cuire ensemble. Pour l'argémon : larme de peuplier, lait de femme, mêler et s'en servir. Quand l'oeil pleure et est douloureux : exprimer le jus d'une grenade douce, faire cuire en un vase de cuivre sur un feu doux, jusqu'à ce qu'il devienne épais et noir comme de la poix; si on est en été, l'exposer au soleil ; puis oindre avec cette préparation humide. Si l'oeil est larmoyant et chassieux : quand le raisin blanc est très noir et s'amincit sur la vigne, le cueillir, en exprimer le jus, le sécher au soleil, le racler après la dessiccation, y mêler du vert-de-gris à la dose d'une demi-obole attique, et oindre. Médicament en poudre : plomb calciné, spode, parties égales, myrrhe une dixième partie, un peu de suc de pavot, vin vieux, sécher, piler et s'en servir. Scille, un tiers de spode et de céruse, un tiers de papyrus brille, un dixième de myrrhe.

[106] (Dépilatoires.) Si vous voulez faire tomber les poils du corps, oindre avec la larme de la vigne et de l'huile; et même pour l'oeil, arrachez le poil et oignez. Halcionium, brûler, triturer, mouiller avec du vin, et oindre ; le poil s'en va avec une pellicule, et la place resté rouge et de bonne couleur.

[107] (Pour la lienterie.) Pour la lienterie : lentilles, blé de printemps, deux chénices, mouiller; puis, lorsqu'ils sont mous sous la dent, les broyer très bien dans un mortier, verser six cotyles d'eau, et remuer fortement; puis mettre dans un vase ce qui se sépare pour aller au fond, ajouter un peu de miel, et faire cuire; quand cela est bien cuit, faire frire et en donner à manger; si le malade a soif, il boira du vin très vieux; et il se servira de ce remède jusqu'à ce qu'il guérisse.

[108] (Pour le coryza.) S'il y a coryza, bien triturer de la myrrhe, mêler du miel, enduire un linge, frotter les narines.

[109] (Lavements purgatifs pour la pituite, pour la bile. Lavement pour amener une évacuation stercorale. Lavement pour la dysenterie. Lavements pour le ténesme.) Lavement amenant la pituite : thapsie une potion, ou quarante grains de staphisaigre, ou une potion de grains de Cnide ou de cnestron ; mêler une demi-cotyle de miel, autant d'huile, délayer soit avec de l'eau de mer où a bouilli du son ou du gruau d'orge jusqu'à épaississement, soit avec de l'eau de pâte, soit avec de l'eau seule de bette, soit avec du lait cuit, soit avec de l'eau de sureau, soit avec de l'eau de mercuriale; mêler nitre dix drachmes, ou un tryblion (espèce de petit vase); de sel, excepté dans le cas où l'on se sert d'eau de mer. Si vous voulez évacuer la bile, silphion une potion, elatérion une drachme et demie, courge une drachme, piler, mouiller de la même faon que dans la préparation précédente Si vous voulez une action plus forte, concombre sauvage, le dedans, quatre drachmes, mouiller avec une demi-cotyle d'eau, et faire prendre en lavement; si ce lavement excite de la cuisson en sortant, en administrer un second avec l'eau de gruau d'orge. Autre : lait d'ânesse cuit, ou bien eau de bette, trois cotyles, mouiller le dedans d'un concombre sauvage, mêler sel, miel et huile, puis administrer un second lavement avec l'eau de gruau d'orge. Autre : courge une drachme, piler après avoir mouillé avec du lait d'ânesse, et mêler les mêmes substances. Autre : intérieur de concombre sauvage une drachme, élatérion une potion, une pincée (voy. note 3), miel, huile, mouiller avec de l'eau de mer. Si vous voulez produire une évacuation stercorale, ne boire aucun évacuant, mais se servir du reste. Lavement pour la dysenterie : faire cuire dans du vin autant d'écorces sèches de grenades douces qu'on pourra, jusqu'à réduction de moitié, ajouter miel, huile, de chaque un quart de cotyle. Pour le ténesme : encens quatre drachmes, huile de rose demi-cotyle, eau de gruau d'orge, eau de mer bouillie. Ellébore deux potions, piler, mouiller avec une demi-cotyle d'eau, autant d'huile, injecter. Mettre de l'eau de gruau dans un vase, couper des coings, les y laisser macérer, et, quand l'eau a l'odeur du fruit, la donner à boire. Jeter de la bouillie de gruau d'orge dans un conge d'eau, faire cuire jusqu'à ce que l'eau devienne grasse, laisser refroidir, couper les coings, mouiller avec de l'eau un rayon de miel, broyer tout ensemble, jusqu'à ce que la préparation devienne un peu douce, passer, et jeter des feuilles d'ache. Autre : jeter dans de l'eau raisin blanc sec, calaminthe (melissa altissima, d'après Fraas) ou coriandre, piler jusqu'à ce que l'eau devienne un peu douce.