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ORIENS (ORENS) (Orientius)

PRIÈRES

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

texte latin

Commonitorium livre I - livre II

 

 

Ici commencent les PRIERES D’ORIENTIUS au nombre de xxiv.

C’est vous, Seigneur, dont la grandeur est proclamée sans cesse par les Chérubins tout brûlants de flamme.[1] La masse de la voûte céleste, avec ses quatre directions,[2] vous célèbre aussi dans de perpétuels cantiques.

Et nous, faisant écho à ces accords, nous crions Amen, nous disons[3] Alléluia !

A vous les sept premiers anges adressent des supplications, comme les sept premiers citoyens de votre cité, eux qui sont placés près de votre trône, et qui sont les gardiens de vos portes les plus voisins de vous.

Et nous, faisant écho à ces accords, nous crions Amen, nous disons Alléluia !

C’est vous qu’invoquent et le soleil avec sa sœur qui se renouvelle chaque mois, et les Pléiades, et Orion, et l’étoile du soir et celle du matin,[4] et toutes les gouttes brillantes de la voûte céleste.

L’air chargé d’eau comme l’air serein, et en même temps les vents, la pluie, la grêle, le tonnerre chantent à leur façon le Créateur.

Et nous, faisant écho à ces accords, nous crions Amen, nous disons Alléluia !

Le sol immobile de la terre et l’engeance remuante des êtres qui obéissent à l’homme ou qui recherchent les lieux sauvages[5] ne chantent que vous, et se taisent pour les autres.

Et nous, faisant écho à ces accords, nous crions Amen, nous disons Alléluia !

O Océan, toi qui entoures et maintiens les vastes espaces de la terre, ô profondeurs de la mer Intérieure,[6] c’est le nom de Dieu que vous faites retentir, vous et vos animaux marins.

Et nous, faisant écho à ces accords, nous crions Amen, nous disons Alléluia!

La flamme de l’infernal séjour, le sombre[7] Tartare, et en même temps les anges farouches qui y commandent, tous répètent Amen sur un ton menaçant.

Et nous, faisant écho à ces accords, nous crions Amen, nous disons Alléluia!

PRIERE XXIV.[8]

Pour finir, je fais entendre un cantique de préservation. C’est le vingt-quatrième[9] de mes cantiques. Qu’un téméraire n’y[10] vienne rien altérer.[11]

J’adjure[12] le serpent, le maître du mensonge, de n’ajouter et de ne retrancher aucune lettre.

Que si quelqu’un est choqué par cette leçon de spiritualité, libre à lui de la mépriser, mais non d’en modifier la rédaction.

J’adjure le serpent, le maître du mensonge, de n’ajouter et de ne retrancher aucune lettre.

Si le copiste se trompe en changeant une lettre, c’est par ignorance qu’il se trompe; puisse ton indulgence, ô Christ, ne pas lui faire défaut[13]? car ce n’est pas sa volonté, mais sa main qui faillit.

J’adjure le serpent, le maître du mensonge, de n’ajouter et de ne retrancher aucune lettre.

Cette défense s’adresse à ceux qu’on appelle avec raison des hommes charnels.[14] Si vous ne m’approuvez point, passez, vous êtes libres.

J’adjure le serpent, le maître du mensonge, de n’ajouter et de ne retrancher aucune lettre.

Moi[15] aussi, je me suis dégagé des bourbiers de la sensualité,[16] et j’ai enfin percé ces ténèbres, en entendant les anges, ces mystiques[17] envoyés.

J’adjure le serpent, le maître du mensonge, de n’ajouter et de ne retrancher aucune lettre.

Je dénonce une secte dont vous devez dans votre conduite vous garer soigneusement:[18] ce sont les faux prophètes,[19] instruments des démons.[20]


 

[1] Te, Domine, celsum igniti Cherubim dictitant. (Conjecture de M. L. Havet.)

[2] Il est difficile de deviner le sens de cette expression moles quadrilormis machinas. Il n’est guère possible que le poète ait voulu parler des quatre éléments, puisqu’il divise le monde en cinq: astres, v. 11 air, v. 16; terre, v. 21; mer, v. 26; enfer, v. 81. Mais la voûte céleste, où résident les Chérubins, enveloppe les cinq divisions du monde et elle est caractérisée par les quatre points cardinaux.

[3] Amen sonamus, alleluia dicimus. Dicimus après sonamus paraît bien plat, et il n’y a aucune raison liturgique de mettre avec le mot Amen un verbe plus fort qu’avec Alleluia; le besoin seul du vers doit avoir guidé le poète.

[4] Vers imité de Plaute, Amphitryon, I. 1, 119.

[5] Je lis quaeque captat devia.

[6] C’est la Méditerranée opposée à l’Océan.

[7] Lire furea, avec Commire.

[8] Il faut supposer que vingt-deux Orationes d’Orientius ont été perdues.

[9] Lire : quartum post viginti cantica.

[10] Je change sed en hic.

[11] Je mets un point avant le refrain, et je lis interpolet malgré la faute de quantité.

[12] Increpo indique qu’il s’agit d’une sorte d’exorcisme. Isidore de Séville, qui vivait au sixième et au septième siècle, donne aux exorcistes le nom d’increpantes.

[13] Je lis : Venia, Christe, praesto sit.

[14] Je lis psychici, et non physici.

[15] Nos est le pluriel pour le singulier, comme dans le grand Poème (I, 5).

[16] Je lis psychicorum.

[17] Spiritalis est opposé à psychicus comme dans saint Paul, Ψυχικὸς et πνευματικός. (I, Cor., ii, 14)

[18] Orientius continue ses attaques contre les psychici, « les hommes charnels ».

[19] Je lis pseudoprophetas.

[20] Impossible de traduire le vers 62, qui est corrompu désespérément. Je ne traduis pas non plus les septénaires rythmiques de la fin, qui sont sans aucun doute d’une date beaucoup plus récente.