SÉRIE VI. LETTRES.
A SAINT AUGUSTIN.
Compliments de Jérôme et de ses frères à saint Augustin et Alypius. — Il parle de son commentaire sur le prophète Jonas qu'on avait violemment critiqué.
Lettre écrite en 405.
EPISTOLA CXV. AD AUGUSTINUM.
Domino vere Sancto et Beatissimo Papae AUGUSTINO, HIERONYMUS in Christo salutem. 1. Cum a sancto fratre nostro Firmo sollicite quaererem quid ageres, sospitem te laetus audivi. Rursum cum tuas litteras non dico sperarem, sed exigerem, nesciente te, ex Africa profectum se esse dixit. Itaque reddo tibi per eum salutationis officia, qui te unico amore complectitur, simulque obsecro, ut ignoscas pudori meo, quod diu ut rescriberem, praecipienti negare non potui. Nec ego tibi, sed causa causae respondit. Et si culpa est respondisse, quaeso ut patienter audias, multo major est provocasse. Sed facessant istiusmodi querimoniae: sit inter nos pura germanitas; et deinceps non quaestionum, sed caritatis ad nos scripta mittamus. Sancti fratres qui nobiscum Domino serviunt, affatim te salutant. Sanctos qui tecum Christi leve trahunt jugum, praecipue sanctum et suspiciendum [al. suscipiendum] papam Alypium, ut meo obsequio salutes, precor. Incolumem te et memorem mei, Christus Deus noster tucatur omnipotens, domine vere sancte et beatissime papa. Si legisti librum explanationum in Jonam, puto quod ridiculam cucurbitae non recipias quaestionem. Sin autem amicus qui me primus gladio petiit, stylo repulsus est; sit humanitatis tuae atque justitiae accusantem reprehendere, non respondentem. In Scripturarum si placet campo sine nostro invicem dolore ludamus. |
1 J'ai appris avec joie de notre frère Firmus, à qui j'ai eu soin de demander de vos nouvelles, que vous étiez en santé. Mais m'étant informé si vous ne l'aviez point chargé de quelque lettre pour moi (car je comptais en recevoir, et je me croyais même en droit d'en demander), il m'a dit qu'il était parti d'Afrique à votre insu. Je me sers donc de l'occasion que me fournit une personne qui vous est si attachée pour vous assurer de mon respect, et en même temps pour vous prier de me pardonner la liberté que 600 j'ai prise de vous répondre comme j'ai fait. J'en ai une véritable confusion, mais vous l'avez voulu, et ,j'ai été obligé de me rendre malgré moi à vos instances réitérées. Si j'ai tort en cela, permettez-moi de vous dire que vous en avez encore plus de m'avoir attaqué. Mais ne chicanons pas davantage ; aimons-nous en véritables frères, et laissant là toutes nos disputes, ne nous écrivons désormais que pour nous donner des marques d'une sincère amitié. Tous nos frères qui servent ici le Seigneur avec moi vous saluent de coeur. Je vous prie aussi de saluer de ma part ceux qui portent avec vous le doux joug de Jésus-Christ, et particulièrement le saint évêque Alypius. Que le Christ, notre Dieu tout-puissant vous conserve sain et sauf, et vous fasse penser à moi, saint et vénérable évêque. Si vous avez lu mon Commentaire sur le prophète Jonas, je crois que vous n'aurez pas approuvé le ridicule procédé de ceux qui ont voulu me faire un procès au sujet du mot courge. Il est vrai que j'ai écrit contre un ami qui m'a attaqué le premier. Mais il est de votre justice de donner le tort à l'agresseur, et non pas à celui qui répond. Exerçons-nous, si vous le voulez, dans le champ des saintes Ecritures ; mais que ce soit sans récrimination aucune. |