KITÂB AL-MADJMOÛ

Documents Nosaïris

 

KITÂB AL-MADJMOÛ'

 

traduction française de RENE DUSSAD

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

Pour le Fetwa contre ce texte : ici

 

 


 


 

Documents Nosaïris.[1]

 

 

1) Kitâb al-bâkourâh-al-soulaimâniyjyah contenant l’exposé des secrets religieux des Nosaïris par SOLEÏMÂN-EFENDÎ d’Adhana.[2] (Sans lieu ni date. Imprimé à Beyrouth en 1863). 119 pages.

Traduit en grande partie par Edward Salisbury dans le Journal of the American Oriental Society, t. VIII, p. 227-308 (communication des 18 mai et 27 octobre 1861). Voici les renseignements que Salisbury (loc. cit., p. 227-228) donne sur la composition de cet opuscule : « Il a été écrit par un ancien membre de la secte, selon le rapport de notre confrère le Dr Van Dyck, missionnaire à Beyrouth, à qui nous devons l’impression de cet ouvrage. » Suit le rapport du Dr Van Dyck : « Ce traité a été écrit par un Nosaïri qui d’abord douta de sa propre religion, se fit Juif, puis Musulman, Grec, enfin Protestant. Il fut pris comme soldat et envoyé d’Adhana à Damas, où il fut relâché. Il vint à Beyrouth et y écrivit son traité. Il gagna ensuite Lataquié et resta pendant quelques mois chez le Rév. R. J. Dodds, missionnaire de l’Assoc. Reformed Church. Il retourna à Beyrouth pour faire imprimer son traité à ses propres frais. Je l’ai laissé à peu près tel qu’il l’a écrit, sans essayer de le plier aux règles de la langue. Je n’ai pas eu le temps non plus de relire es épreuves. Plusieurs passages ont été supprimés pour des raisons de bienséance (for the sake of decency). — Beyrouth, 26 sept. 1863. »

Par l’obligeante entremise de notre consul à Lataquié, M. Adolphe Geofroy, nous avons pu obtenir un exemplaire du Kitâb al-bâkourâh devenu très rare. M. Geofroy nous écrivait, au 25 mars 1898, avec l’autorité que lui donne son long séjour dans le pays : « J’ai dû faire écrire plusieurs fois et à diverses personnes pour arriver à me procurer un exemplaire de cet ouvrage que je vous adresse aujourd’hui par la poste. Vous pourrez vous baser dessus, car à la suite des informations que j’ai prises, j’ai constaté que tout ce qu’il dit est exact. »

D’autre part, voici la réponse que nous faisait un Nosaïri très versé dans les choses de sa religion : « Le Kitâb al-bâkourâh est scrupuleusement exact et absolument complet. Si vous l’avez dans son entier et sans qu’on l’ait défiguré, vous n’avez plus aucun renseignement à demander. Son auteur était un Cheikh nosaïri d’un village des environs d’Antioche, connaissant parfaitement la religion. Il serait devenu successivement Grec, Protestant, Arménien et Musulman. En fin de compte, il aurait été assassiné à Tarsous, par des Nosaïris. »

Enfin, M. Clément Huart a ainsi formulé son opinion : « Ce n’est que par la publication d’un livre fort curieux, dû à la plume d’un Nosaïri d’Adhana, nominé Soleïman Efendi, devenu chrétien et protestant, qu’on a vu avoir une idée assez complète des principes sur lesquels repose l’enseignement de ces dissidents. »

Nous avons pu nous en assurer par nous-même, le traité de Soleumnân est fort précieux. Dans sa traduction, Salisbury suit le texte de près, mais il ne fournit aucune explication et n’a pas entrepris l’étude comparée de la religion nosaïrienne avec les religions voisines.

Le Kitâb al-bâkourâh nous donne plusieurs textes religieux nosaïris avec un commentaire, dont le Kitâb al-madjmoû’.[3]

2) Le Kitâb al-madjmoû’ formé de seize sourates est pour les Nosaïris le livre de prières par excellence et le livre d’instruction religieuse. Le Nosaïri que nous interrogions à ce sujet, nous répondit : « Le Kitâb al-madjmoû’ est la pierre fondamentale de la religion. Il renferme toute la doctrine. » C’est pourquoi on le remet au fidèle lors de son initiation. Nous ne possédons aucun renseignement sur sa composition, ni sur l’époque à laquelle il a été rédigé. L’auteur du Kitâb al-bâkourâh attribue à Al-Khosaibî la forme définitive de la doctrine et des prières nosaïris.[4] La légende la plus répandue attribue au prophète Mohammed le Kitâb al-madjmoû’, qui contient la parole et les commandements d’'Alî. Mohammed en fit don aux Nosaïris sans le révéler aux Musulmans et le remit aux douze Naqîbs — cités dans la seizième sourate — et à vingt-quatre Nadjîbs la nuit d’al-‘Aqabah dans le Wâdi Minâ, près de la Mecque.[5]

On se convaincra facilement que le Kitâb al-madjmoû’ est un dérivé d’écrits ismaélis : tous les noms propres sont ceux de personnages ismaélis. Les docteurs nosaïris ont poussé la glorification d’'Alî jusqu’à son identification avec Dieu. On leur doit l’invention du symbole ain-mîm-sîn qui joue un si grand rôle dans les cérémonies religieuses. Mais grâce à l’interprétation allégorique dont le commentaire de Soleïman nous donne un exemple, bien des passages de l’ancien texte, en contradiction apparente avec la religion nouvelle, nous ont été conservés. Les écrits ismaélis qu’utilisaient les scribes nosaïris n’avaient pas été composés autrement, en prenant pour base le Coran. L’esprit oriental s’attache si bien aux formules, que malgré un long détour, nous retrouvons dans les écrits nosaïris des versets du Coran presque intacts. Il n’y a aucun doute que ces passages du Coran se transmettaient oralement.[6] Pour en donner un exemple, voici Coran, sour. 112

On lit dans le Ms. arabe 1450, f° 130 v°, de la Bibi. Nation.

et plus abrégé, f° 136 v°:

Le Ms. arabe 4292, f° 6 v°, de Berlin, porte:

L’initiation nosaïri comporte en dehors des cérémonies décrites plus loin, l’explication du Kitâb al-madjmoû’. Cette explication diffère suivant les sectes nosaïris et dans chaque secte les cheikhs ne ont pas d’accord sur le détail. Aussi une initiation doit-elle être conduite sous la surveillance du même cheikh. Si celui-ci venait à disparaître, un autre cheikh ne pourrait le remplacer qu’en reprenant l’initiation dès le début.

Dans ces conditions, la question se pose de savoir jusqu’à quel point il faut admettre les commentaires de Soleïman, dans son Kitâb al-bâkourâh. Mais Soleïman s’en tient aux points principaux, donnant les opinions des diverses sectes. Il ne faut certes pas accepter sans contrôle certains rapprochements, et ce qu’il nous dit des origines des Nosaïris ou de l’enseignement doctrinaire de certains personnages comme Al-Khosaibî. Les écrits religieux se parent volontiers d’un nom vénéré pour acquérir l’autorité nécessaire, et les Nosaïris semblent avoir fort usé de ce stratagème.

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35) IBN TAIMIYYAH (Taqî ad-Din), Fatwa sur les Nosaïris, texte et traduction par Stanislas Guyard, dans Journal asiatique, 6e sér., t. XVIII, p. 158-198.— Avait déjà été traduit par E. Salisbury, dans Journal of the American Oriental Society, 1851, mais d’après un texte moins complet.

Document du XIVe siècle de notre ère. Il se compose de deux parties. La première résume les griefs contre les Nosaïris et pose un certain nombre de questions au savant musulman. La seconde est le Fatwa proprement dit ou décision juridique rendue par Taqi ad-Din ibn Taimiyyah. Ces deux parties sont de valeur très inégale. La première a été rédigée par un homme fort au courant de la religion nosaïri.[7] Nous sommes donc autorisé à en utiliser les renseignements. En particulier, nous croyons que les questions posées sur l’aide qu’on eut demander aux Nosaïris pour la défense des frontières, leur entrée dans les charges publiques, etc., se rapportent bien à eux, non aux Ismaélis, comme on pourrait l’inférer des notes de Stanislas Guyard. La seconde partie intitulée: «Décision du cheikh Taqî ad-Din ibn Taimiyyah », est d’un grand intérêt, mais l’auteur englobe les Qarmates du Bahreïn, les Ismaélis de Syrie ou Assassins et les Fatimides avec les Nosaïris.

 


 

KITÂB AL-MADJMOÛ'

 

 

PREMIÈRE SOURATE INTITULÉE LE COMMENCEMENT[8]

Heureux celui qui parvient à la contemplation de l'Être aux tempes chauves[9] !

Je commence en disant : Je suis un serviteur (de Dieu). Je commence au début de ma réponse par (proclamer) l'amour de la sainteté de la Ma'nawiyyah[10] de l'Émir des abeilles,[11] 'Alî ibn Abî Tâlib surnommé Haidarah[12] Aboû Tourâb. Avec lui j'ai commencé et avec lui j'ai mené à bonne lin. Par son invocation je triompherai, grâce à lui je serai sauvé et vers lui je me réfugierai.[13] Par lui j'ai été béni, c'est à lui que j'ai demandé secours. Par lui j'ai commencé et j'ai achevé dans la vérité de la religion et par l'affirmation de la certitude.

Le maître Aboû Cho'aib Mohammed ibn Nosaïr[14] dit à Yahyâ ibn Ma'in as-Sâmarî : « O Yahya, lorsqu'un accident te survient dans la vie ou qu'un malheur t'échoit avec la mort, profère une invocation élevée, pure, sincère, pieuse, sans souillure, éclatante, sublime, sainte, sans tache, rayonnante, lumineuse, qui te sauvera de ces enveloppes humaines de chair et de sang et te fera atteindre les formes lumineuses. Dis : Par toi j'ai été béni, ô toi qui guides par tes caresses, ô toi qui manifestes ta puissance et qui caches ta sagesse, ô toi qui t'exauces toi-même, qui appelles ton Nom : tes attributs,[15] ô Lui, ô Tout, ô Éternel, ô Préexistant qui n'a pas cessé d'être, ô toi qui causes les maladies, qui détruis les mouvements des dynasties, ô Limite des limites, Extrémité des extrémités, qui connais les secrets des choses cachées, ô toi qui es présent, qui existes, qui es manifeste, ô objet des désirs, qui es caché sans être enveloppé, ô toi d'où les luminaires se lèvent et où ils se couchent, partant de toi et retournant à toi, ô toi qui donnes à toute lumière une manifestation, à toute manifestation un nom, à tout nom un lieu, à tout lieu une place et à toute place une porte. La porte conduit de l'un à l'autre et fait entrer de l'un vers l'autre. C'est toi, ô Émir des abeilles, ô 'Alî ibn Abî Tâlib qui en es la Preuve et le Tout. Tu es Lui, ô Lui, ô Lui, ô toi que personne ne connaît si ce n'est toi-même !

Par les questions du Sin[16] qui sont enchevêtrées comme des fils emmêlés l'un dans l'autre, par les demandes de ceux qui t'implorent, par le guide des guides, par 'Alî Zain ad-Din wal-'Âbidîn,[17] je t'implore de rassembler nos cœurs et les cœurs de nos frères les croyants dans la piété, dans la crainte de Dieu, dans la règle, dans la science et la religion. Nous célébrons ta majesté pure, ta puissance éclatante, ta miséricorde universelle, le précepte obligatoire, la vérité péremptoire qui sont mystères, souvenir, gloire, honneur, force, victoire. Nous célébrons ton aspect brillant, tes tabernacles glorieux, le tabernacle de l'élévation, la couronne de la direction, la croyance ferme et le sentier droit[18] ! Quiconque en a connu le sens caché et le sens apparent triomphe et est sauvé. Celui qui nous en a instruits, c'est notre seigneur Salsal Salmân, en faisant de la propagande, c'est ce vers quoi nous a guidés et dirigés notre Cheikh et maître, la couronne de nos têtes, l'exemple de notre religion, la fraîcheur de nos yeux, le maître Aboû 'Abdallah al-Hosain ibn Hamdân al-Khasîbî.[19] Que le Très-Haut sanctifie son âme, afin que son lieu soit le lieu de la pureté, sa place la place de la vérité et de la fidélité. Au nom de Dieu et en Dieu. Mystère du maître Aboû 'Abdallah qui possède la connaissance de Dieu ! Mystère de sa pieuse mémoire ! Que Dieu assiste son mystère !

deuxième sourate intitulée la sanctification d'ibn al-walî[20]

Combien est beau ce que voit le dormant dans son rêve! Il perçoit les sensations, mais ne voit pas la personne. Tandis que celle-ci l'appelle, il répond : Me voilà, me voilà, ô Émir des abeilles, ô 'Alî ibn Abî Tâlib, ô désir de tous ceux qui désirent, ô éternel dans la divinité, ô mine du monde invisible. Secrètement tu es notre Dieu et ouvertement notre Imâm, ô toi qui es apparu là où tu étais caché et qui as été caché là où tu es apparu. Tu es apparu dans l'action de te voiler et tu t'es voilé dans l'apparition. Tu es apparu dans l'essence divine, tu t'es élevé sous la forme d’'Alî[21] et voilé sous la forme de Mohammed. Tu en as appelé de toi vers toi. O Émir des abeilles, ô 'Alî, ta lumière s'est levée, ton aurore a paru, ta clarté s'est répandue, tes bienfaits ont été incomparables, ta louange imposante, parce que tu me préserves de la peine de tes transformations avilissantes et que tu nous préserves, nous et l'ensemble de nos frères les croyants, de la peine du Faskh, du Naskh, du Maskh, du Waskh, du Raskh, du Qachch et du Qachchâch[22] ; car tu en as la puissance. Mystère du saint Ibn al-Walî qui est Aboû al-Hosain Mohammed ibn 'Alî al-Djillî ! Que par sa mémoire le salut soit sur nous! Que Dieu protège son mystère !

troisième sourate intitulée la sanctification d'aboû sa'îd[23]

Je t'implore, ô Possesseur du pouvoir, ô Émir des abeilles, ô 'Alî, ô Généreux, ô Préexistant, ô toi qui pardonnes, qui as poussé la Porte.[24] Je t'implore par les cinq Élus,[25] par les six Révélations,[26] par les sept astres brillants,[27] par les huit robustes porteurs du trône,[28] par les neuf Mohammédiens[29] par les dix coqs purs,[30] par les onze tours de la Porte[31] et par les douze personnages de l'Imâmah,[32] par leur foi en toi, ô Limite du Tout, ô Émir des abeilles, ô maître de la puissance suprême, ô toi le Un, dont le Nom est unique, dont la Porte est l'unité, ô toi qui es apparu dans les sept tabernacles essentiels, je t'implore de rendre fermes nos cœurs et nos membres dans ta sainte connaissance. Délivre-nous de ces formes humaines et revêts-nous des enveloppes lumineuses parmi les étoiles du ciel. Nous célébrons la personne de notre Cheikh et maître, le très glorieux, le très grand, le jeune et pieux Aboû Sa'îd al-Maimoûn ibn Qâsim at-Tabarânî,[33] qui possède la connaissance de Dieu, qui s'abstient de ce qui est illicite, qui a pris de sa main ce qui lui revenait, tandis qu'Aboû Dohaibah avait le dos tourné. Que Dieu maudisse Aboû Dohaibah, que le salut et la miséricorde de Dieu soient sur Aboû Sâ'id. Mystère d'Aboû Sâ'id le jeune, le pieux, le vertueux al-Maimoûn ibn Qâsim at-Tabarânî. Que Dieu assiste son mystère !

QUATRIÈME SOURATE INTITULÉE L'ORIGINE[34]

Combien belle est l'assistance que je trouve en Dieu, combien beau le chemin qui me conduit vers Dieu, combien beau ce que j'ai entendu et saisi de la part de mon Cheikh, démon maître, de mon directeur,[35] qui m'a comblé de bienfaits comme Dieu l'en a comblé lui-même par la connaissance du 'Ain-Mîm-Sîn, qui consiste dans le témoignage qu'il n'y a pas d'autre Dieu qu'Alî ibn Abî Tâlib, au front et aux tempes chauves,[36] l'Adoré; qu'il n'y a pas d'autre Voile que le seigneur Mohammed, le Loué, et pas d'autre Porte que le seigneur Salmân al-Fârisî, l'objet des désirs.[37] C'est ce que j'ai appris de mon Cheikh et maître, ma limite, mon appui, mon guide vers la voie du salut, qui me conduit vers la source de vie, qui a libéré mon cou du joug de l'esclavage par la connaissance de ce qu'est l'Essence suprême, le maître parfait, la montagne immense, mon 'Amm,[38] mon Cheikh, mon maître, couronne de ma tête, mon vrai père,[39] Ahmed. Il m'a communiqué ce grand mystère dans telle et telle année, dans tel et tel mois et tel jour. Ahmed le tenait d'Ibrahim, Ibrâhîm de Qâsim, Qâsim d’'Alî, 'Alî d'Ahmed, Ahmed de Khodr, Khodr de Salmân, Salmân de Soubh, Soubh de Yousouf, Yousouf de Djibrâ'il, Djibrâ'il de Mo'allâ, Mo'allâ de Yâsîn, Yâsîn de 'Îsâ, 'Îsâ de Mohammed, Mohammed de Houdâ Mohammed, Houdâ Mohammed de Rida Ahmed, Rida Ahmed de Safandi, Safandi de Balâdhori Asad, Balâdhorî Asad de Hassan ar-Rachîqi, Hassan ar-Rachîqî de Mohammed, Mohammed de Morhaf-Misr, Morhaf-Misr de 'Aqd Djibrâ'îl, 'Aqd Djibrâ'îl d’'Abdallah al-Djoûgholi, 'Abdallah al-Djoûgholi d'Ismâ'il al-Laffâf, Ismâ'îl al-Laffâf de Djafar al-Warrâq, Djafar al-Warrâq d'Ahmed at-Tarrâz, Ahmed at-Tarraz d'Aboû al-Hosain Mohammed ibn 'Alî al-Djilli, Aboû al-Hosain Mohammed ibn 'Alî al-Djilli du maître Aboû 'Abdallah al-Hosain ibn Hamdân al-Khasîbî, celui-ci de son Cheikh et maître Aboû Mohammed 'Abdallah ibn Mohammed al-Djanhân al-Djounboulân, le serviteur de Dieu, vivant dans l'abstinence, qui est du Farsistân. Ce dernier l'a reçu de Mohammed ibn Djoundab qui le tenait du maître Aboû Cho'aib Mohammed ibn Nosaïr al-'Abdî al-Bakrî an-Nomairî, qui était la Porte d'al-Hasan al-Âkhir al-'Askarî. De Mohammed ibn Nosaïr vient le nom et la religion (des Nosaïris). Que notre maître al-Hasan al-'Askarî soit exalté très haut, en dépit de ce que disent les égarés et de ce qu'ont proféré les impies! Mystère de la religion, mystère de nos frères les plus illustres, où n'y en a-t-il pas de puissants? Par leur mystère que Dieu les assiste tous! J'atteste qu'al-Hasan al-Âkhir al-'Askarî est le premier et le dernier, le caché et le manifeste, et qu'il est tout-puissant.

CINQUIÈME SOURATE INTITULÉE LA VICTOIRE[40]

Lorsque viennent l'aide de Dieu et la victoire et que tu vois les hommes embrasser en masse la religion de Dieu, rends grâce à ton Dieu et demande-lui pardon ; certes, il est miséricordieux.[41] J'atteste que mon maître l'Émir des abeilles, 'Alî, a créé le seigneur Mohammed de sa propre lumière et qu'il l'a appelé son Nom, son âme, son trône, son siège, ses attributs, réuni à lui et non séparé de lui, mais sans qu'il y ait vraiment union, ni séparation de lui par une distance, uni avec lui par la lumière, séparé de lui par la manifestation de l'apparition. Mohammed est issu d’'Alî comme le sentiment est issu de l'âme, ou comme les rayons solaires viennent du disque du soleil; ou comme le bruit de l'eau vient de l'eau ; ou comme le fatq du ratq;[42] comme la lumière de l'éclair provient de l'éclair, ou le regard de l'œil, ou le mouvement du repos. Quand 'Alî ibn Abî Talib le veut, il manifeste Mohammed; s'il le veut, il le dissimule sous l'éclat de sa lumière. J'atteste que le seigneur Mohammed a créé le seigneur Salmân de la lumière de sa lumière, qu'il en a fait sa Porte, et le porteur de son livre. C'est Salsal et Salsabîl, c'est Djâbir[43] et Djibrâ'îl, c'est la direction et la certitude, c'est indubitablement le maître des mondes. J'atteste que le seigneur Salmân a créé les cinq nobles Incomparables.[44] Le premier d'entre eux ou la grande perle, l'astre brillant, le musc odoriférant, la jacinthe rouge, la verte émeraude, ce sont al-Miqdâd ibn Aswad al-Kindî, Aboû adh-Dharr al-Ghifârî, 'Abdallah ibn Rawâhah al-Ançârî, 'Othman ibn Math'oûn an-Nadjâchî et Qanbar ibn Kâdân ad-Daousi. Ce sont les serviteurs de notre maître l'Émir des croyants. Gloire et honneur à sa mémoire ! Ils ont créé ce monde depuis le Levant jusqu'au Couchant, du Sud au Nord, la terre ferme et la mer, la plaine et la montagne qui supporte le ciel et entoure la terre depuis Djâbalqâ jusqu'à Djâbarsâ,[45] jusqu'aux observatoires d'al-Ahqâf,[46] jusqu'à la montagne Qâf,[47] jusqu'à ce qui supporte la voûte de la sphère céleste en rotation,[48] jusqu'à la ville du seigneur Mohammed, Samarie,[49] où se sont réunis les croyants et où ils sont tombés d'accord sur la doctrine du maître Aboû 'Abdallah (al-Khasîbî). Ils n'ont pas douté, ils ne sont pas tombés dans le polythéisme et ils n'ont pas trahi le mystère d’'Alî ibn Abî Tâlib, ni ne lui ont déchiré de Voile, ni ne sont entrés vers lui, si ce n'est par une Porte. Rends les Croyants croyants, tranquilles, raffermis, puissants contre leurs ennemis et nos ennemis, et victorieux. Rends-nous avec eux croyants, confiants, tranquilles, protégés, puissants contre nos ennemis et leurs ennemis, et victorieux. Par le mystère de la victoire, de celui qui a remporté la victoire et de celui qui tient la victoire sur sa main droite, par le mystère de notre seigneur Mohammed, de Fâtir d'al-Hasan, d'al-Hosain et de Mohsin. Mystère de ce qui est caché, des personnages de la prière, du petit nombre de ceux qui savent ! Que le salut soit sur nous à cause de leur mention, et que la prière de Dieu soit sur eux tous!

SIXIÈME SOURATE INTITULÉE L'ACTION DE SE PROSTERNER[50]

Dieu est très grand, Dieu est très grand, Dieu est très grand. Devant Dieu on se prosterne, devant le Seigneur, le Très-Haut, l'Être aux tempes chauves, l'Adoré. O mon maître, ô Mohammed, ô créateur, ô victorieux, ô lumière du Ma'nâ auguste et son noble Voile, c'est à toi que j'ai demandé assistance. Viens à mon secours dans ce monde, c'est à toi que j'ai demandé protection. Protège-moi du châtiment du feu,[51] ô fort, ô souverain, ô puissant, ô victorieux, ô créateur de la nuit et du jour! Nous tendons et nous dirigeons vers Dieu, qui est la lumière des cieux et de la terre, la hauteur suprême ; qu'il soit célébré et exalté. Je me suis dirigé vers la Porte, et je me suis prosterné devant le Nom. Devant le Ma'nâ j'ai adoré et je me suis prosterné. Ma face périssable et usée s'est prosternée devant la face d'Alî le vivant, le durable, l'éternel : ô 'Alî, ô grand, ô 'Ali, ô grand, ô 'Alî, ô grand, plus grand que tous les grands, ô créateur du soleil matinal et de la pleine lune lumineuse! ô 'Alî, tu as la force, ô 'Alî, tu as l'unité, ô 'Alî, tu as la royauté et la majesté, ô 'Alî, pour toi a été l'indication,[52] ô 'Alî, c'est à toi qu'il faut obéir, ô 'Alî, à toi s'adresse l'intercession, ô 'Alî, tu as le pouvoir de créer, ô 'Alî, tu as la toute-puissance, ô 'Alî, tu es la forme de vache.[53] Préserve-moi, ô 'Alî, préserve-moi de ta colère et de ton châtiment après m'avoir accordé ta satisfaction. J'ai foi dans ton pardon et dans ton miracle. Je t'honore, ô Émir des abeilles, pour la miséricorde qui est en toi. Je crois sincèrement que tu es caché et que tu es apparent. Ta forme apparente est mon Imâm et son mandataire ; quant à ta forme cachée, elle appartient au Mâ'nâ, à la divinité. O Lui, ô Lui, ô toi qui honores celui qui t'honore, qui mentionne ton nom et te proclame unique. O Lui, ô Lui, ô toi qui fais trébucher celui qui te repousse, te nie et te renie. O toi qui es présent, qui existes, ô absent qu'on ne peut atteindre, ô Émir des abeilles, ô 'Alî, ô auguste !

SEPTIÈME SOURATE INTITULÉE LE SALUT[54]

Je me suis prosterné, j'ai salué et j'ai tourné mon visage vers le créateur des deux et de la terre, croyant, soumis à Dieu et n'étant pas d'entre les polythéistes.[55] La première salutation a été adressée par le Ma'nâ éternel au Nom auguste,[56] puis le Nom auguste a salué la noble Porte, et celle-ci a salué les cinq Incomparables, soutiens du monde et de la religion. Que le salut soit sur les Portes, que le salut soit sur les Incomparables, que le salut soit sur les Naqîb, sur les Nadjib, sur les Mokhtass, les Mokhallis, les Momtahan, les Moqarrab, les Keroûb, les Roûhâni, les Moqaddas, les Sâ'ih,[57] les Mostami', les Lâhiq, qui sont les hauts dignitaires! Que soit sanctifié tout ce monde de la pureté! Que le salut soit sur celui qui poursuit la bonne direction, qui se laisse diriger, qui redoute les conséquences de la mort, qui obéit au roi suprême, au Très-Haut, qui reconnaît la grandeur de Mohammed, l'élu! Que le salut soit sur les cent vingt-quatre mille prophètes dont le premier est une Porte et le dernier un Lâhiq ! Que le salut soit sur vous, ô adorateurs vertueux de Dieu! Que Dieu nous réunisse, nous et vous, dans le Paradis de délices,[58] parmi les étoiles des deux !

HUITIÈME SOURATE INTITULÉE L'INDICATION[59]

Gloire à un Dieu devant qui ont plié les cous, devant qui se sont effacées violences et difficultés. Au jour de la fête de Ghadîr Khomm, ont été exaltées l'intention et l'indication émanant du seigneur Mohammed, l'élu. Celui qui a honoré (ce jour) et vanté sa supériorité aura une place élevée auprès de Dieu. Je suis un des serviteurs qui te désignent, ô Émir des abeilles, ô 'Alî, ô auguste, par l'affirmation de l'unité de Dieu, par l'humiliation de soi-même, par la préservation de toute souillure et l'action de te dépouiller de tout attribut, ô 'Ali, ô auguste, ô préexistant, ô éternel, ô créateur, ô sage! Je t'implore par la vérité de l'appel que le seigneur Mohammed t'a adressé, lorsque sortant de la porte de la Mecque et chevauchant sa monture blanche, il cria en disant : La guerre sainte, la guerre sainte ! le combat, le combat pour la cause de Dieu ! C'est le signe par lequel tu m'es désigné, ô lumière de la lumière, ô toi qui fends les rochers, qui pousses les mers, qui diriges les affaires. Je t'implore de donner un séjour aux croyants dans ton jardin le plus haut que garde Ridwân. Heureux tout fidèle qui l'espère ! Mais voici, partant de la hauteur, du versant droit du Sinaï, de l'arbre béni, (une voix) qui appelle et dit : O mon ami, ô Mohammed, quel adorateur m'a adressé cet appel dans la pureté de son cœur et la sincérité de sa foi, le jour du jeudi de la mi-Nisân, ou le soir qui ouvre le vendredi, ou la nuit de la mi-Cha'bân, ou dans les cinq nuits du mois de Ramadan, ou au jour d'al-Qoddâs,[60] ou dans la nuit de la Nativité ou au jour de la fête de Ghadîr Khomm, sans que je l'aie placé parmi mon peuple, et lui aie fait habiter mon Paradis, sans que je l'aie fait boire à la coupe de ma miséricorde pour le ranger avec les croyants qui n'ont rien à craindre et qui ne s'attristent pas.[61] J'ai proclamé celui que j'indique (mon indication) par le mystère du 'Ain d’'Alî, par le mystère du Mim de Mohammed, par le mystère du Sin de Salsal, par le mystère du 'Ain-Mîm-Sîn. Au début de notre invocation nous indiquons notre Ma'nâ et nous disons : Au nom du Dieu clément et miséricordieux. A la fin de notre invocation, nous remercions celui qui nous a' guidés et nous disons ; Dieu (louange à Dieu) est le maître des mondes.

NEUVIÈME SOURATE INTITULÉE LE 'AIN d’'ALI[62]

Par le mystère du 'Ain d’'Alî, de l'être essentiel, manifeste aux tempes chauves! Par le mystère du Mîm de Mohammed, de Hâchim, de la royauté suprême, du voile, du disque solaire, le lumineux ! Par le mystère du Sin de Salsal, de Djibrâ'il, de Salmân, de la Porte al-Bakri an-Nomairi an-Nosairi! Par le mystère du 'Ain-Mîm-Sin!

DIXIÈME SOURATE INTITULÉE LE PACTE[63]

J'atteste que Dieu est vérité, que sa parole est vérité et que la vérité évidente est 'Ali ibn Abî Tâlib, aux tempes chauves, le mystérieux. J'atteste que l'enfer est une demeure[64] pour les négateurs et le paradis un jardin verdoyant pour les croyants, que l'eau coule au-dessous du trône tout autour, tandis que sur le trône est assis le maître des mondes, que les porteurs du trône sont les huit nobles rapprochés de Dieu qui sont mon appui dans ma détresse et l'appui de tous les croyants. Mystère du pacte de 'Ain-Mim-Sin.

ONZIÈME SOURATE INTITULÉE LE TÉMOIGNAGE

ET APPELÉE COMMUNÉMENT[65] LA MONTAGNE[66]

Dieu a attesté qu'il n'y a pas d'autre dieu que Lui maintien de la justice. Les anges et les hommes doués de science ont attesté qu'il n'y a pas d'autre dieu que Lui, le Puissant, le Sage. Certes, la religion de Dieu est l'obéissance.[67] O notre maître, nous avons cru à ta révélation et nous avons suivi le Prophète. Inscris-nous donc parmi ceux qui témoignent.[68] Par le témoignage du 'Ain-Mîm-Sin ! Sois-moi témoin, ô Voile auguste, sois-moi témoin, ô noble Porte, sois-moi témoin, ô mon seigneur al-Miqdâd al-Yamîn, sois-moi témoin, ô mon seigneur Aboû adh-Dharr ach-Chamâl. Soyez-moi témoin, ô 'Abdallah, ô 'Othman, ô Qanbar ibn Kâdân! Témoignez pour moi, ô Naqîb, ô Nadjib, ô Mokhtass, ô Mokhallis, ô Momtahan, ô Moqarrab, ô Keroûb, ô Roûhâni, ô Moqaddas, ô Sâ'ih, ô Mostami', ô Lâhiq[69] ! Témoignez tous pour moi, ô vous placés sur les divers degrés, ô vous tous, monde de la pureté! Certes, j'atteste que personne n'est dieu, si ce n'est 'Alî ibn Abî Tâlib, au front chauve, l'adoré; qu'il n'y a point de Voile, si ce n'est le seigneur Mohammed, le loué, et point de Porte, si ce n'est le seigneur Salmân al-Fârisî, l'objet des désirs. J'atteste que les plus grands des anges sont les cinq Incomparables, qu'il n'y a point de doctrine vraie, si ce n'est celle de notre Cheikh et seigneur al-Hosain ibn Hamdân al-Khasibî, qui a établi les prescriptions religieuses dans tous les pays. J'atteste que la forme humaine qui est apparue parmi les hommes, c'est la limite absolue, c'est l'apparition lumineuse; j'atteste qu'il n'y a point de Dieu hors d'elle,[70] et qu'elle est 'Alî ibn Abî Tâlib, qui ne peut être ni mesuré, ni limité, ni compris, ni pénétré. J'atteste que je suis Nosaïri de religion, Djoundabî d'opinion, Djounboulânî de voies, Khasîbî de doctrine, Djillî d'affirmation, Maimoûnî en science juridique. Je proclame le retour[71] lumineux, le renouvellement brillant, l'enlèvement du Voile, l'éclaircissement du brouillard, la révélation de ce qui était caché, la vision de ce qui était celé et l'apparition d’'Alî ibn Abi Tâlib sortant du disque du soleil, monté sur le lion pour saisir chaque âme, brandissant Dhoû al-Fiqâr,[72] suivi des anges, précédé du seigneur Salmân, l'eau jaillissant de devant ses pieds. Alors le seigneur Mohammed proclamera en ces termes : « Celui-ci est votre maître, 'Alî ibn Abi Tâlib, reconnaissez-le, glorifiez-le, vénérez-le, exaltez-le ! C'est votre créateur, votre pourvoyeur, ne le reniez pas.[73] » Témoignez pour moi, ô mes maîtres, que ceci est ma religion et ma croyance. C'est sur quoi je m'appuie, ce par quoi je vis et avec quoi je mourrai. Tandis qu’'Alî ibn Abî Tâlib est vivant et ne mourra pas; dans sa main il tient l'autorité et la toute-puissance; de lui viennent l'ouïe, la vue, l'intelligence. Tous ceux-là, il leur demandera compte à notre sujet. Que le salut soit sur nous par leur mention !

DOUZIÈME SOURATE INTITULÉE : CELLE DE L'IMAM[74]

Apportez-moi votre témoignage, ô astres brillants, ô étoiles lumineuses, ô sphères en rotation, que cette forme humaine qui scrute et qui regarde est 'Alî ibn Abî Tâlib, l'éternel, le Un, le seul, qui se suffit à lui-même, le Seigneur qui n'est ni sectionné, ni partagé, ni divisé, ni compris dans un nombre. Il est mon Dieu et votre Dieu, le vôtre et le mien; mon Imâin et votre Imâm, le vôtre et le mien; l'Imâm des Imâms, le flambeau dans les ténèbres, Haidarah Aboû Tourâb, le manifeste au front chauve, le caché aux tempes chauves, qui apparaît du disque du Soleil, s'emparant de chaque âme qui est pour lui, pour la grandeur de sa glorieuse vénération, pour l'antiquité de sa divinité étincelante. Les cous ont plié devant lui, et les questions difficiles se sont abaissées devant lui. Mystère de celui qui est un Dieu dans le ciel et un Imâm sur la terre. Mystère de celui qui est l'Imâm de tout Imâm. Mystère d’Alî ibn Abî Tâlib, l'Eternel. Mystère de son Voile, le seigneur Mohammed, et de sa Porte, le seigneur Salmân, Porte de la direction et de la foi. Que, grâce à leur mention, la satisfaction de Dieu et le salut soient sur nous !

TREIZIÈME SOURATE INTITULÉE LE VOYAGE[75]

Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre a glorifié Dieu, car il est le fort, le sage.[76] Au matin, nous l'avons glorifié. La royauté a été à Dieu et toute royauté l'a glorifié : Au nom de Dieu et par Dieu ; mystère du seigneur Aboû 'Abdallah ; mystère du Cheikh et de ses enfants les Mokhtass[77] qui s'abreuvent à la mer du 'Ain-Mîm-Sîn. Ils sont cinquante et un : dix-sept d'entre eux sont de l'Iraq, dix-sept de Syrie, dix-sept d'origine inconnue. Ils se tiennent à la porte de la ville de Harrân, prenant et donnant avec équité. Celui qui professe leur religion et qui sert leur culte, que Dieu l'assiste jusqu'à la connaissance divine![78] Quant à celui qui ne professe pas leur religion et ne sert pas leur culte, que la malédiction de Dieu soit sur lui ! Par le mystère du Cheikh et de ses enfants les Mokhtass, par leur mystère, que Dieu les assiste tous !

QUATORZIÈME SOURATE INTITULÉE LE TEMPLE FRÉQUENTÉ[79]

Par le Sinaï, par un livre écrit sur un rouleau déployé, par le Temple fréquenté, par la voûte élevée, par la mer agitée,[80] par le mystère de Tâlib, de 'Aqil et de Djafar at-Tayyâr, qui sont les frères d’Ali ibn Abî Tâlib,[81] lumière de lumière, substance de substance, bien qu’'Alî ibn Abî Tâlib n'ait jamais eu ni frères, ni sœurs, ni père ni mère. Il existe caché, mais non enveloppé. Mystère du temple, et de la voûte du temple, du sol du temple et de ses quatre pierres angulaires! Le temple, c'est le seigneur Mohammed; la voûte du temple, c'est Aboû Tâlib; le sol du temple, c'est Fâtimah fille d'Asad, et les quatre pierres angulaires sont Mohammed, Fâtir, al-Hasan et al-Hosain. Mystère de la cellule enfoncée et cachée au milieu du temple, qui est Mohsin ! Mystère de ce qui est caché ! Mystère du maître du temple,[82] le parent d’'Alî, l'illustre, le Hachémite, qui a brisé les générations précédentes et détruit les idoles ! Par sa mention, que la satisfaction de Dieu et le salut soient sur nous !

QUINZIÈME SOURATE INTITULÉE: CELLE DU VOILE[83]

Mystère du Voile auguste ; mystère de la noble Porte ; mystère de mon maître al-Miqdâd al-Yamîn ; mystère de mon maître Aboû adh-Dharr ach-Chamâl; mystère des deux nobles et purs monarques al-Hasan et al-Hosain; mystère des deux saints Naufal ibn Hârithah et Aboû Borzah; mystère du Pur et du monde de la pureté; mystère de chaque étoile dans le ciel ; mystère de la sainteté de la Hauteur et de ses habitants. Que leur mention nous attire la satisfaction de Dieu et le salut !

SEIZIÈME SOURATE INTITULÉE : CELLE DES NAQÎBS[84]

Or, ils s'enfoncèrent dans les pays : y avait-il un refuge?[85] Nous mentionnons les noms des maîtres, les Naqîbs qu'a choisis le seigneur Mohammed parmi les soixante-dix hommes dans la nuit d'al-'Aqabah, dans le Wadî Mina. Les premiers d'entre eux sont: Aboû al-Haitham Malik ibn at-Taihân al-Achhalî, al-Barâ ibn Ma'roûr al-Ansâri, al-Mondhir ibn Laoudhân ibn Kannâs as-Sâ'idî, Râfi' ibn Mâlik al-Adjlâni, al-Asad ibn al-Hosain al-Achhali, 'Abbâs ibn 'Obâdah al-Ansâri, 'Obâdah ibn Sâmit an-Naufalî, 'Abdallah ibn 'Omar ibn Hizâm al-Ansârî, Sâlim ibn 'Omair al-Khazradjî, Obai ibn Ka'b, Râfi' ibn Waraqah, Bilâl ibn Riyâh ach-Chanawî. Mystère du Naqib des Naqîbs[86] et du Nadjîb des Nadjibs, notre seigneur Mohammed ibn Sinân az-Zâhiri,[87] que leur mention nous procure la satisfaction de Dieu et le salut !

 

 

 

 


 

[1] Les Alaouites (= partisans d'Ali), sont une population du Nord-Ouest de la Syrie, en particulier de la montagne dite Djebel en-Nosaïri (Djebel al-Ansariyeh, selon une transcription différente), prolongation du Liban au Nord, s'étendant entre la côte et la vallée de l'Oronte, depuis le Nahr el-Kebir (l'ancien Eleuthère) au Sud, jusque vers le Casius au Nord. On a voulu faire remonter le nom de Noçairi (Nosaïrî , Nusayri ou d'Ansariyés ), aussi donné aux Alaouites; à celui de Mohammed ibn Nosair. Mais la mention des Nosaïris par Pline doit faire complètement rejeter cette tradition et celle qui en découle, à savoir que les Nosaïris sont originaires de Perse. Le terme d'Alaouites s'applique ainsi à la population des anciens Nosaïris, à partir du moment où ils ont été islamisés.

Le religion des Alaouites, rangée parmi celle des Ghoûlat (= Outrés), est une forme très particulière de l'Islam. Elle est dérivée de celle des Chiites septimaniens (Ismaéliens), et se présente comme un moyen terme entre les vieux cultes syro-phéniciens, pratiqué par les anciens Noçairi et l'enseignement ismaélien, apparu vers le IXe siècle. Les Alaouites désignent un certain el-Khoseibi comme celui qui a mis au point leurs livres et leur doctrine. Le caractère secret de celle-ci a donné lieu à des accusations fort malveillantes. On les accusait, par exemple, de vénérer le sexe des femmes, plutôt que Dieu, ou de prostituer leurs filles. Un auteur sunnite du XIVe siècle, Ibn Taïmiyya, lança ainsi contre les Alaouites sa fatwa. (extrait du site www.cosmovisions.com)

[2] A la première page de son traité, Soleïman nous apprend qu’il naquit à Antioche en 1250 de l’hégire (1834-35).

[3] Kitâb al-bâkourâh, p. 7-34, Le titre de ce recueil de prières est donné par Soleïman, ibid., p. 6, ligne 10, à l’occasion de la remise qui lui en fut faite.

[4] Soleïman, al-bâkourâh, p. 16.

[5] Légende que nous avons recueillie sur place.

[6] Les écrits ismaélis sont pleins eux-mêmes de citations fautives qui proviennent de ce qu’on citait de mémoire. Cf. Günzburg, Collect. scient. de l’Institut des langues orientales du Ministère des affaires étrangères, t. VI, 1er fasc., Saint-Pétersbourg, 1891, p. 39.

[7] Dans le Fatwa même, Ibn Taimiyyah dit: « Ils prétendent que cela constitue la science du sens caché, qui renferme ce qu’en a fait connaître plus haut notre interlocuteur. » Cf. St. Guyard, op. cit., p. 186.

[8] Soleïman, al-bâkoûrah, p. 7-10. Salisbury, Journal of the American, Orienta! Society, t. VIII, p. 236-38.

[9] Il s'agit d’Alî comparé au lion. Cf. Clément Huart, Journ. asiat., 7e série, t. XIV, p. 251 : « Ce lion que nous surnommons le Prince des abeilles, notre maître 'Alî. » Le sens de  est à rapprocher de celui conservé chez les Soufis, Djordjâni, édit. Flügel, p. 275.

[10] Doctrine du Ma'nâ. Le terme de ma’nâ’ a dans la religion nosaïri une valeur particulière, il est devenu l’épithète d’'Alî-Dieu. 'Alî est le ma’nâ, comme pour les chrétiens Jésus est le Verbe, le logos. La doctrine nosaïri est appelée manawiyyah’. Mohammed l’a proclamée le jour de Ghadîr, en disant: « Celui dont je suis le maître, 'Alî est son ma’nâ. »

On pourrait citer un grand nombre de textes... Silvestre de Sacy donne ce passage d’un traité nosaïri rapporté par Niebuhr où l’auteur, après avoir rappelé diverses khotbah prononcées par 'Alî ajoute : « Tous ces témoignages et ces khotbah lumineux montrent l’existence du ma’na du Créateur des créatures, une forme humaine. » Hamza, le célèbre apôtre druze (Ve siècle de l’hégire), dit: « Quiconque croit à la métempsycose comme les Nosaïris, en plaçant le ma’nâ dans 'Alî, fils d’Aboû Tâlib, et qui l’adore, sera privé de tout bien en ce monde et en l’autre. » Ibn Taimiyyah, le juriste musulman, est non moins explicite: il s’élève contre les Nosaïris « qui pensent que le Créateur des cieux et de la terre est 'Alî, fils d’Aboû Tâlib… »

[11] Par « Émir des Abeilles s, les Nosaïris entendent « Émir ou prince des Étoiles ». Soleïman, dans Al-Bâkoûrah, semble avoir une opinion différente, — ce qui a fait hésiter M. Clément Huart, Journ. asiat., 7e sér., t. XIV. Pour lui, les abeilles seraient les anges, cf. Salisbury, Journal of the Amer. Orient, Society, t. VIII, p. 249. Mais autre part, Salisbury, op. cit., p. 251, on voit que les anges sont les étoiles. Les Nosaïris les considèrent comme le lieu d’habitation des hommes justes, des croyants. Dans al-Madjmoû, sourate 7: « Que Dieu nous réunisse, nous et vous, dans le Paradis, parmi les étoiles du ciel. » Le catéchisme des Nosaïris, publié par Wolff, Zeitschrift der deutch. morg. Gesell., t. III, p. 305, dit que les vrais croyants sont les abeilles.

[12] Surnom qui a été adopté par la secte des Haidarîs. Les Haidarîs représentent chez les Nosaïris le parti le plus avancé, celui qui a le mieux admis les croyances étrangères sans trop s’attacher à conserver les vieux rites. Tout au plus concèdent-ils aux autres sectes que Mohammed est te Soleil et Salmân al-Fârisî la Lune. Leur nom a pour origine le surnom al-Haidarah, le lion, que Alî s’était acquis par sa vaillance dans les combats. Nous avons relevé deux fois cette épithète dans les sourates du Kitâb al-madjmoû’.

[13] La mort est considérée comme un bienfait, car elle permet à l'âme de s'échapper hors de l'enveloppe humaine et d'accomplir son ascension vers les étoiles.

[14] Le prétendu fondateur de la religion des Nosaïris.

[15] Cf. sourate 5 : 'Alî a appelé le seigneur Mohammed son Nom..., ses attributs.

[16] Le Sîn est l'emblème de Salmân al-Fârisî. Le sens du texte nous échappe en ce point.

[17] 'Ali Zain al-'Âbidîn, mort en 75 de l'Hégire est le quatrième Imâm des Chi'ites.

[18] Expressions empruntées au Coran, cf. IX, 36 et passim; I, 5.

[19] M. Hartwig Derenbourg, notre maître, qui a bien voulu revoir les épreuves de ce texte, nous fait observer que l'appellation traditionnelle — depuis Silv. de Sacy, — d'al-Khosaibî n'est pas exacte. Il faut lire al-Khasîbî, cf. Adh-Dhahabî, al-Mochtabih.

[20] Soleïman, al-bâk., p. 10-11. Salisbury, op. cit., p. 238-239.

[21] Salisbury traduit  par supremacy. Le vrai sens est fourni par le titre de la sourate 9.

[22] La doctrine nosaïri offre une particularité très importante : le nombre des transformations est, pour le fidèle, limité à sept. Autrement dit, le fidèle revient sept fois sur terre avant d’atteindre la forme lumineuse définitive. Ces sept transformations sont: al-faskh, al-naskh, al-maskh, al-waskh, al-raskh, al-qachch et al-qachchâch. Ce sont les sept degrés du bas monde humain qui amènent l’âme à la délivrance et la réintègrent parmi les étoiles.

[23] Al-bâkoûrah, p. 11-14. Salisbury, op. cit., p. 239-241.

[24] C'est-à-dire : qui as incité Salmân al-Fârisî à la propagande.

[25] Les cinq Elus ne sont autres que « les gens du manteau », ainsi appelés dans la légende musulmane, soit parce que Mohammed enveloppa de son manteau 'Alî, Fâtimah, Hasan et Hosain, soit parce que l’ange Gabriel lui-même recouvrit d’un voile ces cinq personnages, Mohammed compris..

[26] Celle de Salmân al-Fârisî et des cinq Incomparables qui sont: al-Miqdâd ibn Aswad al-Kindî, Aboû adh-Dharr al-Ghifârî, ‘Abdallâh ibn Rawâbah al-Ansâri, ‘Othmân ibn Math’oûn an-Nadjâchî et Qanbar ibn Kâdân ad-Daousi. Les cinq Incomparables ont créé le monde. Il faut se garder de les confondre avec les cinq Élus.

[27] Les sept planètes.

[28] Ce sont les huit noms cabalistiques, ceux des cinq Incomparables; plus Tâlib, 'Aqîl, Dja'far at-Tayyâr.

[29] Mohammed, al-Hasan, al-Hosain,'Alî Zain al-'Âbidîn, Mohammed al-Bâqir, Dja'far as-Sâdiq, Moûsâal-Kâthim, 'Alî ar-Rîdâ, Mohammed al-Djawâd.

[30] Les cinq Incomparables, plus Naufal, Aboû al-Hârith, Mohammed ibn al-Hanafiyyah, Aboû Borzah et 'Abdallah ibn Nadlah.

[31] Roûzbah ibn al-Marzabân, Aboû al-'Alâ Rachîd al-Hadjarî, Kankar ibn Abî Khâlid al-Kâboulî, Yahya ibn Mo'ammar, Djâbir ibn Yazid al-Djo'fî, Mohammed ibn Abî Zainab al-Kâhilî, al-Mofaddal ibn 'Omar, 'Omar ibn al-Mofaddal, Mohammed ibn Nosaïr al-Bakri an-Nomairî, Dahyah ibn Khalîfah al-Kalbî, Oumm Salamah.

[32] Les neuf Mohammédiens, plus 'Alî al-Hâdî, al-Hasan al-'Askari, Mohammed ibn al-Hasan al-Hodjdjah. Ce sont les douze Imâms de la secte chiite des Imâmites, avec cette différence que Mohammed, le prophète, remplace 'Alî. Cette liste est en opposition avec les doctrines ismaélis ; Makrizi nous conte cet événement: « L’an 717 de l’hégire (donc, sous le sultan mamlouk al-Nasir Mohammad), on vit apparaître un imposteur, natif du bourg de Qartiâwous’, dans le canton de Djabalah, et qui se faisait passer pour Mohammed ibn Hasan al-Mahdi. Il prétendait que, tandis qu’il était occupé à labourer la terre, un oiseau blanc s’était approché de lui, et que, lui ayant percé le côté, il avait fait sortir son âme, à la place de laquelle il avait introduit l’âme de Mohammed ibn Hasan. Les Nosaïris croyaient à la métempsycose. L’imposteur était alors une réincarnation du 12e imâm des Chiites dont ceux-ci attendaient le retour comme mahdi.

[33] ABOÛ SAÎD IBN AL-QÂSIM AT-TABARÂNÎ (de Tibériade). L’auteur est considéré comme un des maîtres de la religion nosaïri : « Après al-Hosain ibn Hamdân (al-Khosaibî) vint Maimoûn Ibn Qâsim al-Tabarânî, un des disciples de Mohammed ibn 'Alî al-Djillî. Il composa pour les Nosaïris de nombreux ouvrages, entre autres le Madjmoû’ al-A’yad, célèbre par les injures qu’il contient contre Aboû Bekr, 'Omar et 'Othmân. »

[34] Al-bâkoûrah, p. 14-18. Salisbury, op. cit., p. 241-245.

[35] C'est le personnage qui préside à l'initiation.

[36] Allusion au lion avec qui 'Alî est toujours comparé. Le sens mystique est celui d'invisible. Cf. Berlin, Bibl. Royale, ms. 4292, f° 35 v°.

[37] C'est la formule par excellence des Nosaïris correspondant au symbole . La formule que récite le fidèle est imitée de la formule musulmane. « Certes j’atteste, dit6il, qu’il n’y a pas de dieu si ce n’est ‘Alî ibn Abi Tâlib au front chauve, l’adorable, qu’il n’y a point de Voile si ce n’est le seigneur Mohammed, le loué, et point de Porte si ce n’est le seigneur Salmân al-Fârisî, l’objet des désirs. » Cette formule est ancienne, car on la retrouve presque textuelle dans le Fatwa d’Ibn Taimiyyah qui date du XIVe siècle.

[38] Titre du personnage qui joue le rôle d'initiateur : al-’Amm al-sayyid.

[39] L’initiation crée la parenté. Cf. aussi St. Guyard, Fragments, p. 127.

[40] Al-bâkoûrah, p. 18-20; Salisbury, op. cit., p. 245-248.

[41] Ce sont les trois versets de Coran, sour. 110.

[42] Le fatq et le ratq étaient chez les Ismaélis — et les Soufis les ont conservés — des termes techniques. Ils donnent une particulière importance à la mention de Coran, xxi, 31, dans certaines prières et en précisent le sens allégorique. Le ratq définissait l'état de Dieu avant l'apparition de ses émanations et le fatq l'état de Dieu après la manifestation de la raison universelle. Cf. St. Guyard, Fragments, p. 168 et 174, n. 1.

[43] Nous ne pensons pas qu'il soit question ici de Djâbir ibn Yazid al-Djo'fî, une des onze tours de la Porte, cf. sourate 3 ; mais de Djâbir ibn 'Abdallâh que la tradition classe parmi les premiers partisans du Prophète et qui mourut à Médine en l'an 78 de l'Hégire, âgé de 94 ans.

[44] Ou les cinq Yatîm.

[45] Villes fabuleuses. Voici ce qu'en dit Yâkoût, Mo’djam, t. II, p. 2 : « Djâbarsâ est une ville dans l'Extrême-Est. Les Juifs racontent que les fils de Moïse s'étant enfuis, soit dans la guerre de Tâloût (Saül), soit dans la guerre de Nabuchodonosor, Dieu les mena et les fit habiter en ce lieu, afin que personne ne les atteignit. Ils étaient en effet le reste des croyants. Pour qu'ils parvinssent à Djâbarsâ, la distance leur fut abrégée et Dieu égalisa la nuit et le jour. Ainsi ils y habitent, mais personne, si ce n'est Dieu, ne sait leur nombre. Lorsqu'un Juif se rend vers eux, ils le tuent après lui avoir dit : Tu ne parviendras pas chez nous avant d'avoir changé ta loi. Ils trouvent alors licite de verser son sang. D'autres Juifs prétendent que les habitants de Djâbarsâ sont le reste des croyants de Thamoûd, tandis que ceux de Djâbalqâ sont le reste des croyants de la tribu de 'Âd… Cette seconde ville est dans l'extrême Ouest. » Yâkoût orthographie :  et .

[46] Al-Ahqâf mentionné dans le Coran, xlvi, 20, désigne le pays des 'Âdites. C'est là, d'après la légende (cf. Yâkoût, Mo’djam, I, p. 155), qu'on aurait retrouvé le tombeau du prophète Hoûd avec l'inscription arabe suivante : « Je suis Hoûd le prophète, qui me suis affligé de l'impiété de 'Âd; car, par ordre d'Allah, il n'y a pas de retour sur terre. » Les derniers mots sont une allusion à Coran, xlii, 43.

[47] Montagne qui, d'après les cosmographes arabes, soutient la terre et l'entoure de toute part, si bien que le Soleil se lève et se couche derrière la montagne Qâf.

[48] Ce support est, d'après Coran, xxi, 32, formé par les montagnes de la terre.

[49] Il est curieux de trouver dans la cinquième sourate nosaïri la mention de Samarie comme « ville du seigneur Mohammed ». La tradition place en ce lieu un grand concile nosaïri. Il faut y voir un écho de la célébrité qu’eurent Simon le Mage et les Samaritains dans les sectes gnostiques.

[50] Al-bâkoûrâh, p. 20-21. Salisbury, loc. cit., p. 248-250.

[51] C'est-à-dire de l'enfer. L'expression  est empruntée au Coran, cf. sour. ii, 120, mais ne répond en rien à la croyance des Nosaïris, car ceux-ci doivent se purifier de leurs péchés en revenant sur terre. Le châtiment du feu ou l'enfer est interprété par les Nosaïris, à la suite des Ismaélis, cf. St. Guyard, Fragments, p. 221 et 222, comme le retour ici-bas.

[52] La plus grande fête des Nosaïris est celle de al-Ghadîr qui tombe le 18 de Dhou’lhiddjeh. C’est un honneur réservé à des Cheikhs vénérés que celui de réunir chez soi et de présider les fidèles en ce jour. L’institution de la fêté de Ghadîr est d’origine chiite. Elle fut installée officiellement dans l’Iraq en 325 de l’Hégire, et en 362 en Égypte. Les Chiites racontent que, malgré le manque d’eau, Mohammed fit camper à Ghadîr Khomm après avoir terminé les cérémonies du pèlerinage pour y révéler un message divin. Là, il institua ’Alî son successeur. cf. sourate 8.

[53] Il n'y a pas lieu de donner à ce passage trop d'importance. Les Chiites recherchaient dans le Coran avec une patience et une ingéniosité infatigables toutes les allusions possibles à 'Alî. Des traités chiites étaient consacrés aux « Noms de l'Émir des croyants dans le livre d'Allah ». Cf. Sprenger, List of Shya books, n° 592. L'interprétation allégorique favorisait les rapprochements les plus inattendus. Pour les Nosaïris, 'Alî est apparu sous la vache que Moïse aurait ordonné de sacrifier d'après Coran, ii, 63 et s. Cf. al-bâk., p. 17. De même, il a été la chamelle de Sâlih, comme Salmân al-Fârisî a été Raqîm, le chien des sept dormants. Cf. al-bâk., p. 93.

[54] Al-bâkoûrâh, p. 21-23. Salisbury, op. cit., p. 250-252. Le « salut » est l'action de dire à quelqu'un : , la paix ou le salut soit sur toi !

[55] Coran, vi, 79.

[56] De même que le premier acte du prédicateur musulman, du Khatîb, dès qu'il entre en chaire est de saluer l'auditoire, de même le Ma'nâ, dès qu'il eût fait émaner de lui le Nom, le salua.

[57] Texte : , cf. St. Guyard, Fragments, p. 163 :

[58] Expression tirée de Coran, xxxi, 85.

[59] Al-bâkoûrâh, p. 23-25; Salisbury, op. cit., p. 252-54. Ici le mot  « l'action de montrer du doigt, d'indiquer », vise la soi-disant proclamation d’'Alî comme successeur du Prophète, par Mohammed lui-même, près de Ghadîr Khomm. — A la lecture de cette sourate, les Haidaris mettent la main sur l'estomac, les doigts réunis comme les chrétiens dans l'acte de contrition. Cela signifie, disent-ils, « cinq en un », car la divinité se décompose en cinq personnes. Les Kalâzîs ou Qamarîs placent les mains sur les seins, « pour simuler, disent-ils, le croissant lunaire » dans un geste qui rappelle le geste rituel, des Aphrodites orientales nues.

[60] Fête de l'Epiphanie.

[61] Coran, ii, 36 et passim.

[62] Al-bâkoûrâh, p. 25. Salisbury, op. cit., p. 254.

[63] Al-bâkoûrâh, p. 25-26. Salisbury, op. cit., p. 254.

[64] Expression tirée de Coran, xlvii, 13. L’expression ne répond en rien à la croyance des Nosaïris, car ceux-ci doivent se purifier de leurs péchés en revenant sur terre. Le châtiment du feu ou l’enfer est interprété par les Nosaïris, à la suite des Ismaélis, cf. St. Guyard, Fragments, p. 221 et 222, comme le retour ici-bas.

[65] Littéralement : et les Non-initiés (al-'Âmmah) l'appellent la Montagne. Le jeune Nosaïri est initié et peut assister aux prières et aux cérémonies. Il demeure quelque temps chez son ‘Amm et sayyid pour parfaire son instruction. Le titre de cette sourate montre que les non-initiés ne sont pas privés de toute notion religieuse.

[66] Al-bâkoûrâh, p. 26-28. Salisbury, op. cit., p. 255-257.

[67] Ce début est tiré de Coran, iii, 16-17.

[68] Coran, iii, 46.

[69] Cf. plus haut, sourate 7.

[70] La secte des Ghaibîs seule repousse cette doctrine. La secte des Ghaibîs a été signalée pour la première fois par Félix Dupont (1824) ; Guys, en 1825, ne fit que répéter les indications de Dupont, puis personne n’en fait plus mention jusqu’à Vital-Cuinet qui donne la forme barbare: Chaybiés. Soleïman ne les connaît que sous le nom d’adorateurs de l’air. Il semble s’être glissé une allusion à cette secte dans un passage du Kitâb madjmoû’ al-a’yâd: ((La conséquence du meurtre, de la prise de Hosain et de l’envoi de sa tête à Yazîd, fils de Mouâwiyah, fut que notre maître Hosain révéla la Ghaibah. » Mais à ce dernier mot un copiste a substitué « la secte des Ghaibîs. »

Il faut, croyons-nous, attribuer aux partisans de cette secte les idées que réfute Yoûsouf ibn al’Adjoûz al-Halabî, surnommé an-Nachchâbî’ : « Al-Khoaibî (que Dieu sanctifie son âme!) a dit au sujet de la forme : Certes, elle n’est pas tout le Créateur, mais le Créatèur n’est pas sans elle. Il a affirmé, et il a nié. L’affirmation est une preuve de l’existence, et la réfutation a pour but d’écarter du Créateur l’union avec une forme. Par cette parole, il a montré que le Ma’nâ, l’Unique, l’Ancien, a été appelé al-Ghaib comme par les autres noms divins, et qu’il s’est affranchi lui-même de la forme humaine en ce qu’il a manifesté la science et la puissance divines. Tel est l’objet de mon adoration et ce que je prétends. Toi, au contraire, tu as nié la forme et tu as défini le Ghaib par ta parole: Certes, il règle l’augmentation et la diminution; mais sur quoi bases-tu ta croyance? Quant à moi, la forme que j’ai niée, tu as su comment je la nie, et pour le Ghaib, tu sais comment je l’ai dépouillé, tandis que toi tu as détruit les deux manières. »

[71] Les Musulmans entendent par  la résurrection; les Nosaïris, le retour à la vie dans un autre corps. Le retour lumineux est la transformation finale en corps céleste.

[72] Nom du sabre de l'Arabe païen al-'Âs, ibn Mounabbih, tué au combat de Bedr. Ce sabre recueilli par Mohammed appartint ensuite à son gendre 'Alî. Autre légende dans Clément Huart, Revue de l'Histoire des Religions, t. XIX, p. 361. Cf. Schwarzlose, Die Waffen der alten Araber, p. 152.

[73] Cette tradition a inspiré un passage de la sourate 11 du al-madjmoû’ (al-bâkourâh, p. 27) où est décrit le retour à l’état lumineux. 'Alî surgit du disque du soleil pour s’emparer de l’âme, tandis que le seigneur Mohammed s’écrie : « Celui-ci est votre Maître 'Alî ibn Abî Tâlib. » 

[74] Al-bâkoûrâh. p. 28-29 ; Salisbury, op. cit., 227-258.

[75] Al-bâkoûrâh, p. 29-30; Salisbury, op. cit., p. 258-259.

[76] Coran, lvii, 1 et passim.

[77] Cf. plus haut, sourates 7 et 11.

[78] , c'est-à-dire que Dieu l'aide à devenir un  titre qu'on trouvera sourates 1, 3 et passim. Il faut comprendre de même l'expression abrégée , employée dans les séances d'initiation. Ce sens a été emprunté aux Ismaélis. On trouve en effet dans les Fragments publiés par St. Guyard, p. 113-113 et 115, l'expression :  que Dieu t'accorde la compréhension de cette indication !

[79] Al-bâkoûrâh, p. 30-32. Salisbury, op. cit., p. 259-262. Al-bait al-ma'moûr' désigne la Ka'ba d'après Coran, lii, 4.

[80] Coran, lii, 1-6.

[81] En même temps les Nosaïris affirment qu’'Alî n'eut ni père, ni mère, ni frère, ni sœur. Ce passage doit, — comme tout le morceau, — s'entendre symboliquement.

[82] Mohammed.

[83] Al-bâkoûrâh, p. 32. Salisbury, op. cit., p. 262-263.

[84] Al-bâkoûrâh, p. 32-34. Salisbury, op. cit., p. 263.

[85] Coran, l, 35.

[86] Titre chiite, cf. Hartwig Derenbourg, Al-Fakhri, introduction, p. 4 et 39. A la gauche du Nadjib sont vingt-quatre personnages. Douze appelés Nadjîbiyyoûn, sont les témoins qui ont, dans la précédente initiation répété cinq fois à l’initié les titres des seize chapitres. Les douze autres, appelés Hawâriyyoûn sont les garants de douze premiers. Tous ont des noms symboliques et comma les douze talâmidh, passent pour avoir été institués par Jésus. Ont-ils été suggérés par les vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse? L’emprunt n’a pas été fait directement au christianisme. Les Ismaélis avaient institué douze naqîbs à l’imitation des Abbasides au temps des Omeyyades. Les Abbasides s’étaient souvenus des douze naqîbs institués par le Prophète, qui lui-même avait songé aux douze apôtres et au conseil des Israélites (Coran, v. 15).

[87] Personnage très en faveur chez les Ismaélis, cf. St. Guyard, Fragments, p. 212 et Un grand maître des Assassins, Journal Asiatique, 1877.