Le temps des Généraux : Marius

100 : Saturninus

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100 

Emeutes à Rome

VALERE-MAXIME : Valerius Maximus est l'auteur de Faits et dits mémorables, rédigés au début de l'époque impériale. Son ouvrage a été résumé par Iulius Paris et par Ianuarius Nepotianus.

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En 100 on refuse la candidature de Glaucia au consulat.  Saturninus et Glaucia pouvaient accepter cette décision de bonne grâce ou employer la violence pour imposer leur volonté en dépit des objections de Marius. Ils choisirent la seconde solution. Pendant les élections en automne, Antonius fut élu mais une émeute éclata et un des séides de Saturninus assassina Memmius. On ne sait pas si Memmius avait aussi été élu mais s’il ne l’était pas il l’aurait certainement été.

Sed L. Equitium qui se Tib. Gracchi filium simulabat tribunatumque adversus leges cum L. Saturnino petebat, a C. Mario quintum consulatum gerente in publicam custodiam ductum populus claustris carceris convulsis raptum humeris suis per summam animorum alacritatem portavit.

Valère-Maxime, IX, VII, 1

Item, cum tribunus plebis Saturninus et praetor Glaucia et Equitius designatus tribunus plebis maximos in civitate nostra seditionum motus excitassent? nec quisquam se populo concitato opponeret, primum M. Aemilius Scaurus C. Marium consulatum sextumn gerentem hortatus est ut libertatem legesque manu defenderet protinusque arma sibi afferri iussit. Quibus allatis, ultima senectute confectum et paene dilapsum corpus induit, spiculoque innixus ante fores curiae constitit ictuque saxi vulneratus, parvulis et extremis spiritus reliquiis ne res publica exspiraret effecit. Praesentia enim animi sui senatum et equestrem ordinem ad vindictam exigendam impulit.

Valère-Maxime, III, II, 18

 vocabulaire

Le peuple arracha les portes de la prison, libéra et porta sur ses épaules avec beaucoup d'entrain L Equitius qui se faisait passer pour le fils de Tibérius Gracchus, qui réclamait le tribunat au mépris des lois et qui avait été emprisonné par Marius alors consul pour la cinquième fois. (An de R. 653

Valère-Maxime, IX, VII, 1

De même le tribun de la plèbe Saturninus, le préteur Glaucia le le tribun de la plèbe désigné Equitius avaient excité dans la ville de très grands mouvements de discorde sans que personne ne s'oppose au peuple déchaîné. Le premier, M Aemilius Sacaurus demanda à Marius qui en était à son sixième consulat de défendre de ses mains la liberté et les lois. Aussitôt il demanda qu'on lui apporte des armes. Quand il les eut, il en s'en couvrit le corps affaibli par la vieillesse et tombant presque en morceaux, il s'appuya sur un javelot et se tint devant les portes de la curie. Il fut blessé d'un coup de pierre et avec le peu de souffle qui lui restait il fit en sorte que l'état n'expire pas. C'est la vue de son courage qui poussa le sénat et l'ordre équestre à réclamer une punition. (An de R. 653.)

Valère-Maxime, III, II, 18

 

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Elections consulaires

Maintenant qu’il n’y avait plus d’état d’urgence, Marius était finalement prêt à cesser d'être consul. Il y avait trois candidats principaux pour le consulat de 99. Il y avait M. Antonius. C’était un homme nouveau et un grand orateur, qui revenait juste d'une campagne victorieuse en Cilicie (voir ci-dessous). Antonius plus tard sera l’ennemi de Marius et le défenseur de l'oligarchie, mais diverses preuves prouvent qu'à ce moment-là il était un défenseur de Marius (par exemple, des liens étroits avec l'aristocratie de la ville natale de Marius Arpinum comprenant la famille de Cicéron, le mariage de son fils à une fille des Julii Caesares la famille de l'épouse de Marius, et la défense plus tard de M.' Aquillius, le collègue de Marius en 101).

Le deuxième candidat pour le consulat était C. Memmius, le tribun qui avait été à la pointe de l’attaque contre la noblesse en 111.

Enfin, l'associé de Saturninus C. Servilius Glaucia souhaitait se présenter. La candidature de Glaucia fut certainement refusée par Marius. Si Saturninus devenait tribun l'année suivante avec son complice comme consul, on ne savait pas où cela pourrait mener. Nous ne savons pas quels étaient leurs plans mais il était clair que Marius n'avait aucune envie de voir Glaucia comme consul. Il fit convoquer un consilium (Conseil) de principaux sénateurs et décida que la candidature de Glaucia était non valable. En ce moment, Saturninus et Glaucia pouvaient accepter cette décision de bonne grâce ou employer la violence pour imposer leur volonté en dépit des objections de Marius. Ils choisirent la seconde solution. Pendant les élections en automne, Antonius fut élu mais une émeute éclata et un des séides de Saturninus assassina Memmius. On ne sait pas si Memmius avait aussi été élu mais s’il ne l’était pas il l’aurait certainement été.

Saturninus et Glaucia s’emparent du Capitole

La plèbe urbaine était hostile à Saturninus et à Glaucia, mais celle de la campagne les supportait et s’empara du Capitole. Vraisemblablement c’était pour faire passer la loi autorisant l’élection de Glaucia dans la place vacante de consul bien qu’il soit préteur. Le meurtre de Memmius ressemble ainsi à celui de Nunnius l'année précédente, meurtre qui permit à un candidat douteux d'être élu dans une élection postérieure. Marius n'avait fait rien alors, mais qu’allait-il faire maintenant?

Marius attaque Saturninus et Glaucia

En 133 le pontifex maximus P. Scipio Nasica avait mené une foule des sénateurs pour tuer Tiberius Gracchus dans le but de préserver l'état contre une tentative de le renverser. En 121 un senatus consultum avait été voté autorisant le consul L. Opimius à prendre des mesures pour protéger l'état dans les circonstances semblables et en vertu de celui-ci Opimius avait tué des milliers de citoyens romains en violation des protections normales. La légitimité de ce décret impliqua l’acquittement d'Opimius pour meurtre en 120, mais la question était encore ouverte. Maintenant Marius, l’homo novus populaire et le partisan de la vertu personnelle en opposition au privilège sénatorial, légitima finalement l’utilisation de la force en violation de la loi et dans l'intérêt de l'oligarchie sénatoriale, dont Marius maintenant recherchait la reconnaissance.

Il n'était cependant pas évident à ce moment-là que Marius prendrait une telle mesure énergique. D'abord, il agissait vraiment dans l'intérêt de ses ennemis au sénat et, en second lieu, c’était une chose en 121 de tuer de simples citoyens révoltés et une autre de faire tuer un haut magistrat du peuple romain (le préteur Glaucia) et la personne sacro-sainte d’un tribun (Saturninus). S’ils comptaient sur le consentement de Marius pour le meurtre dans les élections consulaires (ce qui avait été le cas lors des élections tribunitiennes de l'année précédente) Saturninus et Glaucia se trompaient. Quand Saturninus et Glaucia s’emparèrent du Capitole avec leurs partisans, Marius reçut du sénat le senatus consultum ultimum (les consuls s’assurent qu’on ne peut faire aucun dommage à l’Etat).

D'abord il distribue des armes à la plèbe urbaine, puis dégage le forum des défenseurs de Saturninus et les assiège sur le Capitole. Marius a l'appui de tous les tribuns et préteurs sauf de Saturninus et de Glaucia. C'était une journée torride et Marius fait couper les canalisations d’eau du Capitole. (nous savons qu'un questeur était avec Saturninus sur le Capitole et puisque les élections consulaires avaient été interrompues et que l'élection du consul précédait les élections du questeur et que les nouveaux questeurs avaient pris leurs fonctions le 5 décembre, ces événements ont dû avoir lieu avant cette date [autrement il ne pourrait pas y avoir eu de questeurs en place]. Puisque Saturninus et le pseudo-Gracchus étaient des tribuns désignés pour l'année suivante, ce siège eut lieu après les élections tribunitiennes en juillet. En octobre il peut encore faire très chaud à Rome : aussi cette date est probable.) Antonius était en dehors de la ville attendant de célébrer son triomphe sur les pirates de Cilicie, mais avant qu'il ne puisse amener ses troupes, Saturninus, Glaucia et leurs partisans capitulèrent aux conditions de Marius, qui apparemment avait donné sa parole de ne pas leur faire de tort. Ils durent se rendre compte que, si Marius se montrait disposé à appliquer le décret du sénat contre eux, il était inutile de résister. Saturninus et quelques autres furent détenus dans la maison du sénat, alors qu'on permit à Glaucia d'aller dans la maison d'un sénateur. Maintenant Marius montra qu’il ne tenait pas parole. La foule pénétra par effraction dans le sénat et lapida à mort ceux qui étaient à l'intérieur; Glaucia fut traîné hors de la maison où il se trouvait et on lui brisa le cou. Bien que Marius démentît toute responsabilité, il est à peine croyable que dans les circonstances une telle force puisse avoir été employée sans sa complicité.

 

a, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ad, prép. : + Acc. : vers, à, près de
adversus, a, um : contraire (prép. + acc. = contre)
Aemilius, i, m. : Aemilius, Emile
affero, fers, ferre, attuli, allatum
: apporter
alacritas, atis, f. : la vivacité, l'ardeur, l'entrain
animus, i, m. : le coeur, la sympathie, le courage, l'esprit
ante, prép. : +acc., devant, avant ; adv. avant
arma, orum, n. : les armes
C, = Caius, ii, m. : abréviation.
carcer, eris, m. : la prison, le box de départ (course)
civitas, atis, f. : la cité, l'état
claustra, orum, n. : la fermeture, les barres, les verrous, les barrières
concito, as, are : pousser vivement, exciter, soulever, enflammer
conficio, is, ere, feci, fectum : 1. faire (intégralement) 2. réaliser 3. réduire 4. venir à bout de 5. accabler, épuiser
consisto, is, ere, stiti : se placer, s'établir
consulatus, us, m. : le consulat
convello, is, ere, vulsi, vulsum : arracher complètement, d'un bloc
corpus, oris, n. : le corps
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
curia, ae, f. : la curie
custodia, ae, f. : la prison, la garde, les sentinelles
defendo, is, ere, fendi, fensum : défendre, soutenir
designo, as, are : marquer, dessiner, indiquer, délimiter (un emplacement), nommer (un magistrat), ordonner, arranger, disposer, régler
dilabor, eris, i, lapsus sum : se dissiper, s'évanouir, disparaître
duco, is, ere, duxi, ductum : I. tirer 1. tirer hors de 2. attirer 3. faire rentrer 4. compter, estimer II. conduire, emmener, épouser
efficio, is, ere, effeci, effectum : 1.achever, produire, réaliser 2. - ut : faire en sorte que
enim, conj. : car, en effet
equester, tris, tre : équestre
Equitius, i, m. : Equitius
et, conj. : et. adv. aussi
excito, as, are : exciter, réveiller, dresser, inciter
exigo, is, ere, egi, actum : chasser, achever, réclamer
exspiro, as, are : expirer, mourir
extremus, a, um : 1. le plus à l'extérieur, extrême 2. dernier 3. le plus bas
filius, ii, m. : le fils
foris, is, f. : la porte (rare au sing.)
gero, is, ere, gessi, gestum : 1. porter 2. exécuter, faire
Glaucia, ae, m. : Glaucia
Gracchus, i, m. : Gracchus
hortor, aris, ari : exhorter, engager à
humerus, i, m. : l'épaule
ictus, us, m. : le coup, le choc
impello, is, ere, puli, pulsum : 1. heurter contre 2. ébranler 3. pousser à qqch 4. culbuter, bousculer (un ennemi)
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
induo, is, ere, dui, dutum : revêtir, couvrir
innitor, eris, i, nixus sum : s'appuyer sur
item, inv. : de même
iubeo, es, ere, iussi, iussum : 1. inviter à, engager à 2. ordonner
L, abrév. : Lucius
lex, legis, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
libertas, atis, f. : la liberté
M, inv. : abréviation de Marcus
manus, us, f. : la main, la petite troupe
Marius, i, m. : Marius
maximus, a, um : superlatif de magnus, a, um : grand
motus, us, m. : 1.le mouvement 2. le mouvement de l'âme 3. le mouvement de foule
ne, 1. adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; 2. conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté) 3. adv. d'affirmation : assurément 4. interrogatif : est-ce que, si
nec, adv. : et...ne...pas
noster, tra, trum : adj. notre, nos pronom : le nôtre, les nôtres
oppono, is, ere, posui, positum : placer devant, opposer
ordo, inis, m. : le rang, l'ordre, la file (de soldats), la centurie
paene, adv. : presque
parvulus, a, um : tout petit
per, prép. : + Acc. : à travers, par
peto, is, ere, i(v)i, itum : 1. chercher à atteindre, attaquer, 2. chercher à obtenir, rechercher, briguer, demander
plebs, plebis, f. : la plèbe
populus, i, m. : le peuple
porto, as, are : porter
praesentia, ae, f. : la présence, l'apparition
praetor, oris, m. : le préteur
primum, adv. : d'abord, pour la première fois
protinus, inv. : droit devant, aussitôt
publicus, a, um : public
qui, 1. n N.M.S ou N.M.PL. du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. Faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quibus, 1. DAT. ou ABL. PL. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif 3. faux relatif = et eis 4. après si, nisi, ne, num = aliquibus
quintus, a, um : cinquième (Quintus, i, m. : Quintus)
quisquam, quaequam, quidquam ou quic- : quelque, quelqu'un, quelque chose
rapio, is, ere, rapui, raptum : 1. emporter 2. ravir, voler, piller 3. se saisir vivement de
reliquiae, arum, f. : les restes
res, rei, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
Saturninus, i, m. : Saturninus
saxum, i, n. : la pierre, le rocher, la roche
Scaurus, i, m. : Scaurus
se, pron. réfl. : se, soi
seditio, onis, f. : la sédition, la division, la discorde, le soulèvement, la révolte
senatus, us, m. : le sénat
senectus, utis, f. : la vieillesse
sextus, a, um : sixième (Sextus, i, m. : Sextus)
simulo, as, are : 1. rendre semblable 2. simuler, feindre, faire semblant
spiculum, i, n. : le dard, la pointe, le javelot
spiritus, us, m. : 1. l'air 2. le souffle 3. la vie 4. l'inspiration 5. la suffisance, l'arrogance, l'orgueil
sum, es, esse, fui : être
summus, a, um : superlatif de magnus. très grand, extrême
suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur
Tib, abrév. : Tiberius
tribunatus, us, m. : le tribunat
tribunus, i, m. : le tribun ; tribunus pl. : le tribun de la plèbe
ultimus, a, um : dernier
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
vindicta, ae, f. : la baguette, l'action de revendiquer, l'affranchissement, la délivrance, la vengeance, la punition
vulnero, as, are : blesser
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