Le temps des généraux : Marius

Guerre contre Jugurtha

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Un congé sans solde

SALLUSTE :  C. Sallustius Crispus se lança dans la politique dès sa jeunesse. Sa carrière fut brisée par l’assassinat de César. Suspecté d’avoir pactisé avec le parti populaire, il se retira dans ses célèbres jardins. Il écrivit de coniuratione Catilinae, Bellum Iugurthinum et Historiae (cette dernière oeuvre est perdue).

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En 109 A.C.N., après de nombreux déboires en Afrique dans sa lutte contre Jugurtha le Numide, le Sénat se décide à donner le commandement de l'armée à Métellus, un grand aristocrate. Celui-ci rétablit la discipline dans l'armée mais pour son malheur il a comme lieutenant un certain Marius.

Igitur ubi Marius haruspicis dicta eodem intendere videt quo cupido animi hortabatur, ab Metello petendi gratia missionem rogat. Cui quamquam virtus, gloria atque alia optanda bonis superabant, tamen inerat contemptor animus et superbia, commune nobilitatis malum. Itaque primum commotus insolita re, mirari eius consilium, et quasi per amicitiam monere ne tam prava inciperet neu super fortunam animum gereret: non omnia omnibus capienda esse; debere illi res suas placere; postremo caveret id petere a populo Romano quod illi iure negaretur. Postquam haec atque talia dixit, neque animus Mari flectitur, respondit, ubi primum potuisset per negotia publica, facturum sese quae peteret. Ac postea saepius eadem postulanti fertur dixisse ne festinaret abire; satis mature illum cum filio suo consulatum petiturum. Is eo tempore contubernio patris ibidem militabat, annus natus circiter viginti.

SALLUSTE, Bellum Iugurthinum, LXIV, 1-5.

   vocabulaire

Donc Marius, voyant les paroles de l'haruspice concorder avec son ambition, demande à Métellus un congé pour poser sa candidature. Métellus dépassait tout le monde en courage, en réputation et dans tout ce que pouvait souhaiter un homme de bien cependant il était méprisant et orgueuilleux : défaut commun à la noblesse. C'est pourquoi dans un premier temps Métellus indisposé par cette demande insolite s'étonna de son projet et sous le couvert d'une soi-disant amitié il lui demanda de ne pas entreprendre une chose aussi extravagante ni de tenter plus que la fortune. "Tout n'est pas à prendre par tous. Ce qu'on possède doit suffire. Prends garde de ne pas demander au peuple romain ce qu'on te refuserait à bon droit." Malgré cela, Marius resta sur ses positions. Alors Métellus lui répondit qu'il lui accorderait ce qu'il demandait dès que les affaires publiques le permettraient. On raconte que dans la suite il avait répondu à Marius qui lui redemandait souvent la même chose : "Ne te hâte pas de partir. Tu auras tout le temps de demander le consulat en même temps que mon fils." A ce moment-là celui-ci faisait son service militaire en qualité d'attaché à son père et avait environ vingt ans.

SALLUSTE, Bellum Iugurthinum, LXIV, 1-5.

 

L’Afrique au temps de Jugurtha

http://www.jmiller.demon.co.uk/africa.jpg

http://www.lombardmaps.com/cat/general/mavretania.jpg

Plutarque, vie de Marius

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7. Vers ce temps-là le consul Cécilius Métellus, ayant été chargé d'aller en Afrique faire la guerre contre Jugurtha choisit Marius pour son lieutenant. Marius, qui vit dans cette expédition un vaste champ à de grands combats et à des actions glorieuses, n'eut garde, comme les autres lieutenants, de servir à l'élévation de Métellus et de travailler pour sa gloire. Persuadé que c'était moins Métellus qui l'avait choisi pour cet emploi, que la fortune elle-même, qui, lui ménageant l'occasion la plus favorable, l'avait placé sur un vaste et magnifique théâtre, où il pourrait se signaler par les plus belles actions, il y déploya tout ce qu'il avait de talents militaires. Dans le cours de cette guerre, qui offrait les plus grandes difficultés, on ne le vit jamais ni craindre les travaux les plus rudes, ni dédaigner les fonctions les moins importantes. Supérieur à tous ses égaux en bon sens et en prudence pour tout ce qui pouvait contribuer à l'utilité commune, il disputait avec les simples soldats de patience et de frugalité, et il acquit ainsi la bienveillance de toute l'armée. C'est en général un grand soulagement dans les situations difficiles, que d'avoir des compagnons qui en partagent volontairement les peines, et qui semblent par là en ôter la contrainte et la nécessité. Il n'est pas, pour le soldat romain, de spectacle plus doux que de voir son général manger publiquement le même pain que lui, coucher sur une simple paillasse, et travailler avec lui à ouvrir une tranchée ou à fortifier un camp. Il estime bien moins les capitaines qui lui donnent de l'argent ou qui l'élèvent aux charges, que ceux qui s'associent à ses travaux et à ses dangers ; il aime qu'ils partagent ses fatigues, et non qu'ils le laissent vivre dans l'oisiveté. Marius, en suivant cette conduite, gagna l'affection de tous les soldats, et remplit bientôt l'Afrique entière et l'Italie même du bruit de son nom et de sa gloire. Tous ceux qui, de l'armée, écrivaient à Rome, ne cessaient de répéter qu'on ne verrait la fin de cette guerre contre ce roi barbare, que lorsque Marius, nommé consul, en aurait seul la conduite.

8. Une préférence si marquée déplaisait fort à Métellus ; mais rien ne lui causa plus de chagrin que l'aventure de Turpilius. C'était un ami de Métellus, et les deux familles étaient depuis longtemps liées par les noeuds de l'hospitalité. Turpilius avait alors à l'armée la charge d'intendant des ouvriers. Préposé par Métellus à la garde d'une ville considérable, nommée Vacca, il crut qu'en ne faisant aucune injustice aux habitants, en les traitant même avec beaucoup de douceur et d'humanité, il s'assurerait de leur fidélité ; mais leur perfidie le livra, sans qu'il s'en doutât, entre les mains des ennemis. Ils reçurent Jugurtha dans leur ville ; mais ils ne firent point de mal à Turpilius, et obtinrent pour lui, de ce prince, la vie et la liberté. Cité en justice comme coupable de trahison, il eut pour un de ses juges Marius, qui, très indisposé contre lui, aigrit tellement la plupart des autres, que Métellus se vit forcé malgré lui, par la pluralité des suffrages, de le condamner à mort. Peu de temps après, l'accusation ayant été reconnue fausse, et tous les autres juges partageant la vive douleur de Métellus, Marius, au contraire, en témoigna publiquement sa joie ; il se vanta que cette condamnation était son ouvrage, et il n'eut pas honte de dire partout qu'il avait attaché à l'âme de Métellus une furie vengeresse, qui le punissait d'avoir fait mourir son hôte. Il éclata dès lors entre eux une haine implacable ; et Métellus lui dit un jour en le raillant : « Vous voulez donc nous quitter, homme de bien ; vous pensez à vous embarquer pour Rome, et à y briguer le consulat ; car vous n'auriez garde d'attendre à être consul avec mon fils. » Ce fils de Métellus était encore dans sa première jeunesse. (suivant)

Les Metelli

http://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/Latin/provinc/anciens.html

La grande famille des Metelli a eu un rôle de premier plan dans la Rome républicaine. Appartenant à la gens Caecilia d'origine plébéienne, ils furent toujours du parti des optimates. Parmi les représentants
Quintus Caecilius Metellus Numidicus, consul en 109 av. J.-C. Ses premiers succès lui valurent son surnom, mais il ne vint pas à bout de Jugurtha et fut supplanté en 107 par Marius.
L. Metellus Dalmaticus avait déjà été la cible de Marius en 119...

Cursus honorum de Marius

http://www.cliohist.net/antique/rome/repub/cours/chap7.html

Il est né en 158-7, à Arpinum, au sud-est de Rome. Sa durée de vie est peu commune : plus de 70 ans. Il est originaire d'une famille équestre inconnue à Rome. Elle est donc relativement aisée, mais n'a pas de cognomen. Son éducation littéraire est limitée, il ne connaît probablement pas le grec. En revanche, la vie de campagne lui a donné des mœurs austères, et n'ayant pas beaucoup d'aptitude dans l'art oratoire, il se lance dans l'armée.
Sa formation se fait sous les ordres du plus grand général, Scipion Emilien, en Espagne lors du siège de Numance. Il se fait remarquer par son sens de la discipline, son courage, et son abnégation. Il a fait parti du corps d'élite recruté par Scipion pour cette guerre d'Espagne, dans lequel on remarquera un contingent de Numides commandés par Jugurtha.

Marius entame ensuite un cursus honorum avec pour première charge le tribunat militaire dans un Etat Major en Espagne avec Scipion Emilien.
En 121, Marius est élu questeur. Cette fonction permet de faire deux observations : en 121, il aura été marqué par le meurtre du Gracque, et il se tournera toujours désormais vers les populares. Ensuite, avec la questure, Marius passe de l'ordre équestre au rang de sénateur.
En 120, il est élu tribun de la plèbe grâce au consul de l'année, L. Caecilius Metellus Dalmaticus.
Mais il échoue à l'édilité.
En 115, il est élu préteur à la dernière place et il a déjà 42 ans.
En 114, il tire au sort avec le titre de propréteur le gouvernement de l'Espagne Ulterior. Ce gouvernement a été assuré avec beaucoup de compétence : il a lutté contre le brigandage et lancé l'exploitation des mines. Au retour d'Espagne, il se marie remarquablement en 110 avec une Iulia, la future tante de Jules César. C'est un mariage habile : les Iulii sont des patriciens qui commence à nouveau à faire parler d'eux : Sex. Iulius Caesar, le frère de Iulia sera élu sénateur.
En 109, Marius est emmené en Afrique pour lutter contre Jugurtha par L. Caecilia Metellus avec le titre de légat. Mais il se brouillera avec Metellus car il veut se présenter aux élections du consulat en 108. Il passe outre les ordres de Metellus, et il est élu pour l'année 107 par une alliance entre chevaliers et populares. Cette élection fut triomphale. En trois ans il met fin à la guerre en faisant capturer Jugurtha par son questeur Sulla. La guerre prend fin en 105 et Rome établi sur la Numidie un roi docile, vassal de Rome.

a, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ab, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
abeo, is, ire, ii, itum
: s'éloigner, partir
ac, conj. : et, et aussi
alius, a, ud
: autre, un autre
amicitia, ae, f. : l'amitié
animus, i, m. : le coeur, la sympathie, le courage, l'esprit
annus, i, m. : l'année
atque, conj. : et, et aussi
bonus, a, um : bon (bonus, i : l'homme de bien - bona, orum : les biens)
capio, is, ere, cepi, captum
: prendre
caveo, es, ere, cavi, cautum : faire attention, veiller à ce que (cautus, a, um : sûr, en sécurité, défiant, circonspect)
commoveo, es, ere, movi, motum : 1. pousser, déplacer 2. agiter 3. émouvoir (commotus, a, um : en mouvement, ému, agité)
communis, e : 1. commun 2. accessible à tous, affable
consilium, ii, n. : le projet, le plan, le conseil
consulatus, us, m. : le consulat
contemptor, oris, m. : celui qui méprise, le contempteur
contubernium, i, n. : la camaraderie de soldats; le commerce, la société, l'intimité; la tente
cui, 4 possibilités : 1. datif singulier du pronom relatif : à qui, pour qui 2. datif singulier de l'interrogatif : à qui? à quel? 3. faux relatif = et ei 4. après si, nisi, ne num = alicui
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
cupido, dinis, m. : le désir
debeo, es, ere, ui, itum : devoir
dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler
dictum, i, n. : la parole
eius, Gén. Sing. de IS-EA-ID : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle
eo, 1. ABL. M-N SING de is, ea, is : le, la, les, lui... ce,..; 2. 1ère pers. sing. de l'IND PR. de eo, ire 3. adv. là, à ce point 4. par cela, à cause de cela, d'autant
eodem (adv.) : dans la même direction
et, conj. : et. adv. aussi
facio, is, ere, feci, factum
: faire
fero, fers, ferre, tuli, latum : porter, supporter, rapporter
festino, as, are : se hâter, se dépêcher
filius, ii, m. : le fils
flecto, is, ere, flexi, flexum : courber (flexum mare : une crique)
fortuna, ae, f. : la fortune, la chance
gero, is, ere, gessi, gestum
: 1. porter 2. exécuter, faire
gloria, ae, f. : 1. la gloire, la réputation, le renom 2. le désir de gloire
gratia, ae
, f. : la grâce, la reconnaissance (gratias agere = remercier)
haruspex, icis, m. : l'haruspice
hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
hortor, aris, ari
: exhorter, engager à
ibidem, inv. : au même endroit
id, NOM-ACC N. SING. de is, ea, is : il, elle, le, la, ....
idem, eadem, idem : le (la) même
igitur, conj. : donc
ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
incipio, is, ere, cepi, ceptum : commencer
insolitus, a, um : inaccoutumé à ( avec ad ou gén ou inf) ; inusité, insolite
insum, es, esse : être dans
intendo, is, ere, tendi, tentum : tendre, diriger vers
itaque, conj. : c'est pourquoi, aussi, par conséquent
iure, inv. : à bon droit
malus, a, um : mauvais, malheureux, méchant (malum, i, n. : le mal, le malheur, les mauvais traitements)
Marius, i, m. : Marius
mature, adv. : promptement, de bonne heure
Metellus, i, m. : Métellus
milito, as, are : faire son service militaire, être soldat
miror, aris, ari : 1. s'étonner, être surpris 2. voir avec étonnement, admirer
missio, ionis, f. : le renvoi, la grâce accordée à un gladiateur, le congé d'un soldat
moneo, es, ere, ui, itum : avertir, engager à
natus, a, um : formé par la naissance, né pour, âgé de (natus, i, m. : le fils)
ne, adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté)
nego, as, are : nier
negotium, ii, n. : l'affaire, la mission
neque, adv. : et ne pas
neu, conj. : et que ne pas
nobilitas, atis, f. : la réputation, la noblesse
non, neg. : ne...pas
omnis, e : tout
opto, as, are : souhaiter
pater, tris, m. : le père, le magistrat
per, prép. : + Acc. : à travers, par
peto, is, ere, i(u)i, itum
: 1. chercher à atteindre, attaquer, 2. chercher à obtenir, rechercher, briguer, demander
placeo, es, ere, cui, citum : 1.plaire, être agréable (placitus, a, um : qui plaît, agréable) 2. paraître bon, agréer
populus, i, m. : le peuple
possum, potes, posse, potui : pouvoir
postea, adv. : ensuite
postquam, conj. : après que
postremo, adv. : enfin
postulo, as, are : demander, réclamer
pravus, a, um : de travers, difforme, mauvais
primum, adv. : d'abord, pour la première fois
publicus, a, um : public
quae, 4 possibilités : 1. N.F.S. N.F.PL. N.N.PL., ACC. N. PL. du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quamquam, quanquam + ind. : bien que
quasi, conj. : comme si; adv. : pour ainsi dire, environ
quo, 1. Abl. M. ou N. du pronom relatif. 2. Abl. M. ou N. du pronom ou de l'adjectif interrogatif. 3. Faux relatif = et eo. 4. Après si, nisi, ne, num = aliquo. 5. Adv. =où ? (avec changement de lieu) 6. suivi d'un comparatif = d'autant 7. conj. : pour que par là
quod, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel?
res, rei, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
respondeo, es, ere, di, sum : répondre
rogo, as, are : demander
Romanus, a, um : Romain (Romanus, i, m. : le Romain)
saepius, comp. de saepe : plus souvent
satis, adv. : assez, suffisamment
sese, pron. : = se
sum, es, esse, fui : être
super, prép. : + Abl. : au dessus de, au sujet de
superbia, ae, f. : l'orgueil, la fierté
supero, as, are : 1. s'élever au-dessus 2. être supérieur, l'emporter 3. aller au-delà, dépasser, surpasser, vaincre
suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur
talis, e : tel ; ... qualis : tel.. que
tam, adv. : si, autant
tamen, adv. : cependant
tempus, oris, n. : 1. le moment, l'instant, le temps 2. l'occasion 3. la circonstance, la situation
ubi, adv. : où; conj. quand
video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler)
virtus, utis
, f. : le courage, l'honnêteté
texte
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