Le temps des généraux : Marius |
Devant Numance |
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133 L'avis de Scipion-Emilien |
VALERE-MAXIME
: Valerius Maximus est l'auteur de
Faits et Dits mémorables, rédigés au début de l'époque impériale.
Son ouvrage a été résumé par Iulius Paris et par Ianuarius Nepotianus.
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Le siège de Numance dura 11 ans. Les Romains eurent d’énormes difficultés pour en venir à bout. Le consul Mancinus fut obligé de signer un traité de paix qui fut refusé par le Sénat. Il fut livré nu aux Numantins. Tibérius Gracchus qui avait participé aux négociations échappa de peu au sort du consul. Il fallut l’intervention de Scipion-Emilien pour prendre la ville. |
II fit sa première campagne contre les Celtibériens, pendant que Scipion l'Africain faisait le siège de Numance. Ce général eut bientôt reconnu dans Marius une grande supériorité de courage sur tous les autres jeunes gens ; il lui vit embrasser avec la plus grande facilité la nouvelle discipline que Scipion avait introduite dans des armées corrompues par le luxe et par la mollesse. II combattit un jour un des ennemis à la vue de son général, et le tua. Scipion chercha depuis à se l'attacher en le comblant d'honneurs ; et un soir que Marius était à sa table, la conversation étant tombée, après le souper, sur les généraux de ce temps-là, un des convives, soit qu'il fût véritablement dans le doute, soit qu'il voulût flatter Scipion, lui demanda quel capitaine le peuple romain aurait après lui pour le remplacer. Scipion, qui avait Marius au-dessous de lui, le frappa doucement de la main sur l'épaule, en disant : « Ce sera peut-être celui-ci ; » tant ces deux hommes étaient heureusement nés, l'un pour annoncer dès sa jeunesse sa grandeur future, et l'autre pour conjecturer quelle fin aurait le début de ce jeune homme ! 4. Ce mot de Scipion fut, dit-on, pour Marius comme une voix divine qui, l'élevant aux plus hautes espérances, le porta à se livrer à l'administration des affaires ; et la faveur de Cécilius Métellus, dont la maison avait toujours protégé la famille de Marius, le fit nommer tribun du peuple. Pendant son tribunat, il proposa, sur la manière de donner les suffrages, une loi qui paraissait priver les nobles de l'influence qu'ils avaient dans les jugements. Le consul Cotta, ayant combattu cette loi, persuada le sénat de s'y opposer, et de citer Marius pour rendre raison de sa conduite. Le décret fut rendu, et Marius entra dans le sénat, non avec l'embarras d'un jeune homme qui, sans être connu par aucune action d'éclat, ne faisait que d'entrer dans le gouvernement ; mais, prenant d'avance l'air assuré que lui donnèrent depuis ses grands exploits, il menaça le consul de le faire traîner en prison, s'il ne faisait révoquer le décret. Cotta se tournant vers Métellus pour prendre sa voix, ce sénateur se leva et soutint l'avis du consul. Marius fit venir du dehors un licteur, et lui ordonna de conduire Métellus en prison. Celui-ci en appela aux autres tribuns ; mais aucun d'eux n'ayant pris sa défense, le sénat crut devoir céder, et retira son décret. Marius, fier de sa victoire, sort du sénat, et se rend à l'assemblée du peuple, où il fait passer la loi. Ce début fit juger qu'on ne le verrait jamais ni plier par crainte, ni céder par honte, et que, pour servir les intérêts du peuple, il opposerait au sénat la plus forte résistance, mais bientôt il effaça cette opinion par une conduite toute contraire. Quelqu'un ayant proposé de faire aux citoyens une distribution gratuite de blé, Marius s'y opposa fortement ; et, ayant fait rejeter la loi, il obtint également l'estime des deux partis, qui le jugèrent incapable de favoriser l'un ou l'autre contre l'intérêt de la république. 5. Après son tribunat, il se mit sur les rangs pour la grande édilité ; car il y a deux ordres d'édiles : le premier est celui des édiles curules, ainsi nommés des sièges à pieds courbés sur lesquels ils s'asseyent pour donner audience ; le second, bien inférieur en dignité, est celui des édiles plébéiens. Après qu'on a élu les grands édiles, on procède tout de suite à l'élection des autres. Marius, voyant bien qu'il allait être refusé pour la première édilité, se présenta sur-le-champ pour la seconde. On vit dans cette conduite une obstination et une audace qui le firent encore rejeter. Deux refus essuyés en un jour, ce qui était sans exemple, ne lui firent rien rabattre de sa fierté. Peu de temps après il brigua la préture, et se vit sur le point d'être refusé. Élu enfin le dernier, il fut accusé d'avoir acheté les suffrages. Ce qui l'en fit surtout soupçonner, c'est qu'on avait vu dans les barrières un esclave de Cassius Sabacon au milieu de ceux qui donnaient leurs voix. Sabacon était l'intime ami de Marius ; appelé devant les juges et interrogé sur ce fait, il répondit que la chaleur lui ayant causé une soif extrême, il avait demandé de l'eau fraîche ; que son esclave lui en avait apporté dans une tasse, et qu'à peine il l'avait eu bue que l'esclave s'était retiré. Cependant il fut chassé du sénat par les premiers censeurs nommés dans ces comices. On jugea qu'il avait mérité cette flétrissure, ou pour avoir fait une fausse déposition, ou pour avoir cédé à son intempérance. Caïus Hérennius fut aussi appelé en témoignage contre Marius ; mais il observa qu'il n'était pas d'usage de déposer contre ses clients, et que la loi dispensait les patrons de cette nécessité ; c'est le nom sous lequel les Romains désignent les protecteurs : or, la famille de Marius, et Marius lui-même, avaient été de tout temps les clients de la famille des Hérennius. Les juges reçurent cette excuse ; mais Marius s'opposa à ce qu'elle fût admise ; il soutint que, du moment qu'il avait été nommé à une charge publique, sa clientèle avait cessé ; ce qui n'était cependant pas tout à fait vrai, car toute magistrature ne dispense pas les clients eux-mêmes, ni leurs descendants, de leurs devoirs envers les patrons : ce privilège n'est attaché qu'aux charges qui donnent le droit de chaise curule : aussi, les premiers jours, l'affaire de Marius allait-elle mal, et les juges ne se montraient pas favorablement disposés pour lui. Cependant, contre l'attente du public, il fut absous le dernier jour, parce que les suffrages se trouvèrent partagés. Il se conduisit avec assez de modération dans sa préture. 6. En sortant de charge, il alla commander dans l'Espagne ultérieure, qu'il délivra des brigandages dont elle était le théâtre. Cette province avait encore des moeurs sauvages et barbares, et les Espagnols dans ce temps-là ne connaissaient rien de plus beau que de vivre de vols et de rapines. Revenu à Rome, il prit part aux affaires publiques ; mais il n'y apporta ni richesses, ni éloquence, deux des plus puissants moyens qu'eussent alors, pour gouverner, ceux qui avaient le plus de considération parmi le peuple. Ses concitoyens néanmoins lui ayant tenu compte de la force de son caractère, de sa constance infatigable dans les travaux, de sa manière de vivre toute populaire, il parvint bientôt aux premiers honneurs, et acquit une telle puissance, que, par l'alliance la plus honorable, il entra dans l'illustre maison des Césars ; il épousa Julie, tante de ce Jules César, qui fut dans la suite le plus grand des Romains, et qui, à raison de cette parenté, se fit gloire de rétablir les honneurs de Marius, comme nous l'avons raconté dans sa vie. (suite) |
ab,
prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par ac, conj. : et, et aussi accendo, is, ere, di, sum : embraser, allumer, exciter, attiser accido, is, ere, cidi : arriver ad, prép. : + Acc. : vers, à, près de aeque, inv. : également Africanus, a, um : africain amplissimus, a, um : superlatif de amplus, a, um : ample, de vaste dimensions an, conj. : est-ce que, si (int. ind.), ou (int. double) apud, prép. : + Acc. : près de, chez augurium, i, n. : l'augure, la prédiction C, = Caius, ii, m. : abréviation. cena, ae, f. : la cène, le repas du soir certius, adv. : comparatif adverbial on neutre de certus, a, um : fixe, sûr, certain Cimber, bri, m. : Cimber, le Cimbre consulatus, us, m. : le consulat cubo, as, are : être couché, allongé cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que deleo, es, ere, evi, etum : détruire deus, i, m. : le dieu dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler duo, ae, o : deux dux, ducis, m. : le chef, le guide efficacius, comparatif neutre ou adverbial de efficax, acis : qui réussit, qui réalise, efficace enim, conj. : car, en effet eo, 1. ABL. M-N SING de is, ea, is : le, la, les, lui... ce,..; 2. 1ère pers. sing. de l'IND PR. de eo, ire 3. adv. là, à ce point 4. par cela, à cause de cela, d'autant equester, tris, tre : équestre et, conj. : et. adv. aussi exulto, as, are : sauter, bondir, être dans les transports de joie forte, adv. : par hasard futurus, a, um, part. fut. de sum : devant être gaudium, ii, n. : le contentement, la satisfaction, la joie, la volupté habeo, es, ere, bui, bitum : avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ... immortalis, e : immortel imperator, oris, m. : le général, l'empereur in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre inhaereo, es, ere, haesi, haesum : 1. rester attaché, fixé, tenir à, adhérer à 2. être inséparable initium, ii, n. : le début, le commencement inter, prép. : + Acc. : parmi, entre interrogo, as, are : interroger ipse, a, um : (moi, toi, lui,...) même libo, as, are : 1. détacher de 2. goûter à quelque chose 3. effleurer 4. verser, répandre en l'honneur d'un dieu 5. offrir une libation aux dieux magnus, a, um : grand Marius, i, m. : Marius maximus, a, um : superlatif de magnus, a, um : grand mensa, ae, f. : la table mereo, es, ere, rui, ritum (mereri, eor, itus sum) : mériter, gagner; merere ou mereri (stipendia) : toucher la solde militaire, faire son service militaire militaris, e : militaire nemo, neminis : personne, nul... ne, personne nimirum, adv. : assurément, certainement non, neg. : ne...pas nox, noctis, f. : la nuit Numantia, ae, f. : Numance nuntius, ii, m. : 1. le messager 2. la nouvelle ominor, aris, ari : présager, augurer orior, iris, iri, ortus sum : naître, tirer son origine, se lever (soleil) perfectissimus, a, um : superlatif de perfectus, a, um : achevé, parfait perpendo, is, ere, pendi, pensum : peser attentivement possum, potes, posse, potui : pouvoir posterior, oris : qui vient après, dernier postquam, conj. : après que publicus, a, um : public qui, 1. n N.M.S ou N.M.PL. du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. Faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi quid, 1. Interrogatif neutre de quis : quelle chose?, que?, quoi?. 2. eh quoi! 3. pourquoi? 4. après si, nisi, ne num = aliquid quidam, quaedam, quoddam/quiddam : un certain, quelqu'un, quelque chose quisnam, quaenam, quidnam : qui donc ?, quoi donc ? quo, 1. Abl. M. ou N. du pronom relatif. 2. Abl. M. ou N. du pronom ou de l'adjectif interrogatif. 3. Faux relatif = et eo. 4. Après si, nisi, ne, num = aliquo. 5. Adv. =où ? (avec changement de lieu) 6. suivi d'un comparatif = d'autant 7. conj. : pour que par là quod, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel? res, rei, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens respicio, is, ere, spexi, spectum : regarder derrière soi rogus, i, m. : le bûcher sacrum, i, n. : la cérémonie, le sacrifice, le temple, les objets sacré Scipio, onis, m. : Scipion se, pron. réfl. : se, soi septem, adj. num. : sept si, conj. : si speciosissimus, a, um : superlatif de speciosus, a, um : brillant, beau stipendium, ii, n. : 1. l'impôt 2. la solde militaire 3. (au pl.) le service militaire sub, prép. : + Abl. : sous sum, es, esse, fui : être supra, adv : au dessus ; prép. + acc. : au dessus de, au delà de suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur tamquam, adv. : comme, de même que, pour ainsi dire; tamquam si : comme si totus, a, um : tout entier triumphus, i, m. : le triomphe (entrée solennelle à Rome d'un général victorieux) urbs, urbis, f. : la ville usque, prép. : usque ad, jusqu'à vel, adv. : ou, ou bien, même, notamment (vel... vel... : soit... soit...) video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler) virtus, utis, f. : le courage, l'honnêteté vix, adv. : à peine vox, vocis, f. : 1. la voix 2. le son de la voix 3. l'accent 4. le son 5. , la parole, le mot |
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