Le temps des Gracques |
Tiberius Gracchus 133 |
VALERE-MAXIME
: Valerius Maximus est l'auteur de Faits et dits mémorables, rédigés
au début de l'époque impériale. Son ouvrage a été résumé par Iulius
Paris et par Ianuarius Nepotianus.
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Mort tragique de Tibérius. |
Récit
d'Appien APPIEN d'Alexandrie (né sous Trajan, mort après 160 P.C.N.) qui devint "procurateur" dans l'administration impériale sous Antonin, a écrit une histoire romaine en divisant son oeuvre en fonction des guerres. Il a intercalé cinq livres de Guerres civiles (des Gracques à Auguste). XIV. On était déjà en été, et les élections pour
le tribunat étaient prochaines. A mesure que l'époque de ces élections
s'avançait, les citoyens riches parurent avoir manifestement agi pour que
les suffrages fussent donnés de préférence à ceux qui se montreraient
les plus ardents ennemis de Gracchus. XV. Ce discours excitait parmi les citoyens pauvres une
vive commisération, d'abord pour eux-mêmes, parce qu'ils sentaient que désormais
toute égalité de droit serait anéantie, et qu'ils tomberaient nécessairement
dans la dépendance des citoyens riches ; ensuite pour Gracchus
personnellement, parce qu'il ne s'était exposé que pour leur avantage
aux dangers qui le menaçaient. Aussi le reconduisirent-ils le soir en
foule jusqu'à sa maison en l'invitant à prendre courage pour le jour
suivant. XVI. Sur ces entrefaites, le sénat s'assembla dans le
temple de Fides ; et je suis singulièrement étonné qu'on n'ait
point songé alors à nommer un dictateur, mesure qui plusieurs fois, dans
des circonstances semblables, avaient sauvé la république, à la faveur
de la toute-puissance attachée à cette magistrature, et que ce remède,
dont on avait antérieurement éprouvé l'efficacité avec tant de succès,
ne se soit présenté à la mémoire de personne, parmi un si grand nombre
de citoyens, ni à cette époque, ni au milieu des troubles suivants. Après
avoir arrêté ce qu'ils jugèrent convenable, les sénateurs prirent le
chemin du Capitole. Ils avaient à leur tête Cornelius Scipion Nasica,
Grand Pontife, qui criait à haute voix, tout en marchant :
"Suivez-nous, citoyens, qui voulez sauver la patrie." Il avait
relevé sur sa tête l'extrémité de sa robe sacerdotale, soit afin que
l'étrange nouveauté de la chose attirât plus de monde à sa suite, soit
afin que ce fût aux yeux des Romains comme une espèce de signal de
ralliement et de bataille, soit afin de dérober aux regards des dieux ce
qu'il allait faire. En entrant dans le Capitole, Scipion Nasica se jeta
sur les partisans de Gracchus, qui ne firent nulle résistance, à cause
de la vénération qu'inspirait un si grand personnage, et en même temps
à cause que le sénat était avec lui. Ceux des citoyens qui s'étaient
rangés sous l'étendard du Grand Pontife leur arrachèrent leurs bâtons,
les débris des sièges dont ils s'étaient armés, et toutes les autres
espèces d'armes qu'ils avaient apportées avec eux à l'assemblée. Ils
assommèrent les partisans de Gracchus ; ils poursuivirent les fuyards, et
les jetèrent du haut en bas des précipices qui environnaient le
Capitole. Plusieurs de ces malheureux périrent dans cette bataille,
Gracchus lui-même, atteint dans l'enceinte sacrée, fut égorgé près de
la porte, à côté de la statue des rois. La nuit suivante, tous les
cadavres furent jetés dans le Tibre. APPIEN, Histoire des guerres civiles de la république romaine, Livre premier, XXV-XXVI, traduction Combes-Dounous, imprimerie des frères Mame, 1808.
18. Mucius commença alors le vote mais rien ne se faisait dans l’ordre habituel à cause des troubles provoqués par la foule qui se pressait à l'extérieur. On se battait avec ceux qui étaient opposés à la loi en se poussant, en essayant de se frayer un chemin par la force et de dépasser les autres. Au milieu de cette confusion, Flavius Flaccus, un sénateur, se tenant dans un endroit où on pouvait le voir mais à une distance telle qu’il ne pouvait se faire entendre de Tibérius lui signifia de la main qu'il souhaitait lui dire quelque chose en privé. Tibérius demanda à la foule de le laisser passer. Ce ne fut pas sans difficultés. Flavius s’approcha et l’informa que les riches, lors de la séance du sénat, voyant qu’ils ne pouvaient pas faire en sorte que le consul épouse leur querelle en étaient venus à une solution finale : assassiner Tibérius. Dans ce but ils avaient un grand nombre d’amis et d’esclaves prêts à passer à l’acte. 19. Tibérius aussitôt annonça ce complot aux siens. Ceux-ci aussitôt replièrent leurs toges, cassèrent en morceaux les javelines avec lesquelles les licteurs avaient l'habitude de maintenir la foule et les distribuèrent autour d’eux dans l’intention de résister à l'attaque avec ceux-ci. Ceux qui se tenaient à distance s’étonnaient et se demandaient ce qui se passait. Tibérius sachant qu'on ne pouvait l'entendre à cette distance leva la main à la tête pour montrer le grand danger dans lequel il se trouvait. Ses adversaires en voyant cela se précipitèrent au Sénat et déclarèrent que Tibérius demandait au peuple qu’on lui donne une couronne : c’était la signification du fait qu’il s’était touché la tête. Ces nouvelles créérent une confusion générale chez les sénateurs et Nasica invita immédiatement le consul à punir ce tyran et à défendre le gouvernement. Le consul répondit avec modération qu’il ne serait pas le premier à employer la violence et qu’il ne souffrirait pas qu’un homme libre soit mis à la mort sans avoir été légalement jugé. Mais par contre il n’accepterait qu’aucune mesure ne soit prise si par persuasion ou par contrainte Tibérius incitait le peuple à voter une loi illégale. Alors Nasica se leva de son siège : "Puisque le consul," dit-il, "ne respecte pas la sécurité de l’Etat, que ceux qui veulent défendre les lois me suivent." Alors rabattant sa toge au-dessus de sa tête il se précipita au Capitole. Ceux qui le suivaient enroulèrent leurs toges autour de leurs bras et forcèrent le chemin devant eux. Comme c’étaient des personnages très importants à Rome, le peuple n’essaya pas de leur barrer le passage mais au contraire ils étaient si désireux de se dégager qu'ils dégringolèrent dans leur précipitation les uns sur les autres. Les serviteurs qu’ils avaient avec eux avec étaient venus de chez eux avec des gourdins et des bâtons. Les sénateurs prirent les pieds et d'autres fragments des tabourets et des chaises qui avaient été cassés lors de la fuite précipitée du peuple. Ainsi armés ils se dirigèrent vers Tibérius en frappant ceux qui se trouvaient sur leur passage. Ils les dispersèrent bientôt tous et en massacrèrent un grand nombre. Tibérius essaya de se sauver par la fuite. Pendant qu'il courait il fut arrêté par quelqu’un qui lui saisit la toge. Il la rejeta au loin et se sauva en sous-vêtement. Il trébucha sur ceux qui avaient été assaillis et alors qu'il essayait de se relever, Publius Satureius, un tribun, un de ses collègues fut le premier à lui donner la premier coup mortel en lui frappant la tête avec le pied d'un tabouret. Lucius Rufus se vanta d’avoir donné le deuxième coup comme si c’était un exploit de sa part. Des partisans de Tibérius, plus de trois cents furent tués, uniquement à coups de gourdins et de bâtons, aucun par le fer. Rhérorique à Herennius Le meurtre de Tibérius est raconté dans la Rhétorique à Herrenius (voir violence) : Mortel meeting Après avoir remarqué le flottement du peuple qui craignait qu'ébranlé lui-même par le prestige du sénat, il n'abandonnât son idée, Gracchus fait convoquer une assemblée. Dans le même temps, l'individu, débordant de scélératesse et de pensées meurtrières, dévale du temple de Jupiter : il sue, ses yeux sont de feu, ses cheveux dressés et sa toge chiffonnée; avec plusieurs compagnons, il se met à marcher plus vite. Le crieur demandait l'attention pour Gracchus; l'individu, hors de lui, écrase avec son talon un banc dont sa main brise le pied; il dit aux autres d'en faire autant. Au moment où Gracchus se met à invoquer les dieux, ces misérables attaquent en courant; de toutes parts, ils se précipitent et quelqu'un dans la foule crie : "fuis, Tiberius ! Tu ne vois pas ? Regarde, te dis-je!" Ensuite la foule versatile, prise d'une panique subite, se met à fuir. Mais cet infâme, dont la bouche crache le crime et la poitrine souffle la cruauté, lève le bras et, tandis que Gracchus, qui n'a pas quitté sa place, se demande ce qui se passe, il le frappe à la tempe. Gracchus s'affaisse en silence sans mettre à mal par une seule parole la vertu qui était sienne. L'assassin, éclaboussé du sang pitoyable de cet homme d'exception, regardait à la ronde comme s'il avait réalisé un exploit, et tendait gaiement sa main maudite à ceux qui le félicitaient; il se rendit alors dans le temple de Jupiter. Rhétorique à Herennius,IV, 68.
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a,
prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par ac, conj. : et, et aussi aedes, is, f. : la maison, le temple ago, is, ere, egi, actum : 1. mettre en mouvement, pousser 2. faire, traiter, agir arma, orum, n. : les armes bonus, a, um : bon (bonus, i : l'homme de bien - bona, orum : les biens) censeo, es, ere, censui, censum : estimer, être d=avis, décider circumdo, as, are, dedi, datum : entourer civis, is, m. : le citoyen cogo, is, ere, egi, actum : 1. assembler, réunir, rassembler, 2. concentrer, condenser 3. pousser de force, forcer conscribo, is, ere, scripsi, scriptum : composer, rédiger (pater conscripti : les Sénateurs) consul, is, m. : le consul convoco, as, are : convoquer corruo, is, ere, corrui, - : s'écrouler, crouler cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que cunctatio, ionis, f. : l'hésitation cuncti, ae, a : tous ensemble debeo, es, ere, ui, itum : devoir deinde, adv. : ensuite delibero, as, are : délibérer, discuter dextera, ae, f. : la main droite dictito, as, are : répéter discutio, is, ere, ussi, ussum : dissiper dum, conj. : 1. + ind. = pendant que, jusqu'à ce que 2. + subj. : pourvu que, le temps suffisant pour que dux, ducis, m. : le chef, le guide ea, 1. ABL. FEM. SING - NOM-ACC. N. PL. de is, ea, id (ce, cette, le, la...) 2. adv. : par cet endroit ego, mei : je egomet, memet, mihimet : moi, moi-même facio, is, ere, feci, factum : faire factio, onis, f. : 1. le pouvoir de faire, la conduite 2. la troupe, l'association, le parti, la faction favor, oris, f. : la faveur, la sympathie fides, ei, f. : 1. la foi, la confiance 2. le crédit 3. la loyauté 4. la promesse, la parole donnée 5. la protection Gracchus, i, m. : Gracchus id, NOM-ACC N. SING. de is, ea, is : il, elle, le, la, .... imperium, ii, n. : le pouvoir (absolu) imus, a, um : le plus profond de, le fond de in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre inquit, vb. inv. : dit-il, dit-elle interimo, is, ere, emi, emptum : supprimer, tuer ius, iuris, n. : le droit, la justice laevus, a, um, adj. : gauche, opposé, stupide, aveuglé ; n. : la partie gauche largitio, ionis, f. : la distribution généreuse, la largesse, la générosité, la profusion lex, legis, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité manus, us, f. : la main, la petite troupe mereor, eris, eri, meritus sum : gagner, mériter Mucius, i, m. : Mucius Nasica, ae, m. : Nasica (cognomen de Scipion) nego, as, are : nier occupo, as, are : se saisir de, envahir, remplir, devancer, couper (la parole) offero, fers, ferre, obtuli, oblatum : offrir, donner omnis, e : tout opprimo, is, ere, pressi, pressum : opprimer, accabler ordo, inis, m. : le rang, l'ordre, la file (de soldats), la centurie palam, adv. : ouvertement, publiquement pars, partis, f. : la partie, le côté pater, tris, m. : le père, le magistrat per, prép. : + Acc. : à travers, par persolvo, is, ere, solvi, solutum : acquitter, s'acquitter de, payer plebs, plebis, f. : la plèbe poena, ae, f. : le châtiment (dare poenas : subir un châtiment) populus, i, m. : le peuple privo, as, are : priver de + abl. (privatus, a, um : particulier) (privatus, i, m. : le simple particulier) proclamo, as, are : crier fortement, pousser de grands cris profusissimus, a, um : superlatif de profusus, a, um : débordant, excessif publicus, a, um : public quas, 1. ACC. FEM. PL. de pronom relatif. 2. ACC. FEM. PL. de l'adjectif ou du pronom interrogatif. 3. Après si, nisi, ne, num = aliquas 4. Faux relatif = et eas qui, 1. N.M. S., N. M. PL. du pronom relatif = qui 2. faux relatif = et is - et ei 3. NMS ou N.M.PL. de l'interrogatif = qui? quel? 4. après si, nisi, ne, num = aliqui quisnam, quaenam, quidnam : qui donc ?, quoi donc ? quisquam, quaequam, quidquam ou quic- : quelque, quelqu'un, quelque chose quoniam, conj. : puisque res, rei, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens Romanus, a, um : Romain (Romanus, i, m. : le Romain) salvus, a, um : en bonne santé Scaevola, ae, m. : Scaevola sceleratus, a, um : criminel, impie Scipio, onis, m. : Scipion se, pron. réfl. : se, soi senatus, us, m. : le sénat sequor, eris, i, secutus sum : 1. suivre 2. poursuivre 3. venir après 4. tomber en partage sum, es, esse, fui : être talis, e : tel ; ... qualis : tel.. que tempestas, atis, f. : le temps, le mauvais temps teneo, es, ere, ui, tentum : 1. tenir, diriger, atteindre 2. tenir, occuper 3. tenir, garder 4. maintenir, soutenir, retenir 5. lier 6. retenir, retarder, empêcher Tib, abrév. : Tiberius toga, ae, f. : la toge tollo, is, tollere, sustuli, sublatum : 1. soulever, élever, porter, élever 2. lever, enlever, supprimer tribunatus, us, le tribunat tueor, eris, eri, tuitus sum : protéger tum, adv. : alors ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que vester, tra, trum : votre vis, -, f. : la force volo, vis, velle : vouloir voluntas, atis, f. : la volonté vox, vocis, f. : 1. la voix 2. le son de la voix 3. l'accent 4. le son 5. , la parole, le mot |
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