Tiberius Gracchus

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Une amitié sincère : Blossius de Cume

VALERE-MAXIME : Valerius Maximus est l'auteur de Faits et dits mémorables, rédigés au début de l'époque impériale. Son ouvrage a été résumé par Iulius Paris et par Ianuarius Nepotianus.

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Nous connaissons ce personnage par deux textes sur l'Amitié : l'un de Valère-Maxime et l'autre de Cicéron (dans le de Amicitia).  Plutarque en parle aussi dans sa Vie des Gracques, il insiste surtout sur son influence phlosophique et politique.  On parle du cercle des Scipions avec Laelius mais il faut aussi parler du cercle des inspirateurs politiques des Gracques.

Inimicus patriae fuisse Ti. Gracchus existimatus est, nec inmerito, quia potentiam suam saluti eius praetulerat. Quam constantis tamen fidei amicum etiam in hoc tam pravo proposito C. Blossium Cumanum habuerit operae pretium est cognoscere. hostis iudicatus, ultimo supplicio adfectus, sepulturae honore spoliatus benivolentia tamen eius non caruit: nam cum senatus Rupilio et Laenati consulibus mandasset ut in eos, qui cum Graccho consenserant, <more> maiorum animadverte<re>nt, et ad Laelium, cuius consilio praecipue consules utebantur, pro se Blossius deprecatum venisset familiaritatisque excusatione uteretur, atque is dixisset: 'Quid? si te Gracchus templo Iovis optimi maximi faces subdere iussisset, obsecuturusne illius voluntati propter istam, quam iactas, familiaritatem fuisti?' 'Numquam istud' inquit 'Gracchus imperasset'. Satis, immo etiam nimium: totius namque senatus consensu damnat<os ei>us mores defendere ausus est. Verum quod sequitur multo audacius multoque periculosius: conpressus enim perseveranti interrogatione Laeli in eodem constantiae gradu stetit seque etiam hoc, si modo Gracchus annuisset, facturum respondit. Quis illum sceleratum putasset fuisse, si tacuisset? quis non etiam sapientem, si pro necessitate temporis locutus esset? At Blossius nec silentio honesto nec prudenti sermone salutem suam, ne qua ex parte infelicis amicitiae memoriam desereret, tueri voluit.

operae pretium est : expression : il vaut la peine de

VALERE-MAXIME, 4.7.1 

  vocabulaire

On a considéré que Tibérius Gracchus fut un ennemi de la patrie et c'est à juste titre. Il avait préféré son pouvoir au salut de celle-ci. Cependant, il vaut la peine de connaître combien, dans ce projet si néfaste, il eut un ami d'une fidélité constante, Caius Blossius de Cumes. Jugé comme ennemi public, puni du dernier des supplices, dépouillé de l'honneur d'une sépulture, il ne manqua pas cependant du dévouement de celui-ci. Sous le consulat de Rupilius et de Lenas, le sénat avait demandé, selon l'usage ancien, de poursuivre ceux qui avaient soutenu Gracchus. Blossius alla demander de l'aide à Laelius chez qui les consuls allaient très souvent demander son avis. Il donnait comme excuse son amitié avec Gracchus. Laelius lui demanda : "Eh quoi! Si Gracchus t'avait demandé de mettre le feu au temple du Grand Jupiter, aurais-tu suivi son avis à cause de cette amitié dont tu te vantes?" -"Jamais, dit-il, Gracchus ne m'aurait commandé cela." J'en dis assez et même trop. Il osa défendre une façon de faire déjà condamnée par le sénat. Mais ce qui suit est encore plus fort et beaucoup plus dangereux. Attaqué par les questions insistantes de Laelius, il garda la même constance et même il répondit que si seulement Gracchus avait fait un signe de tête, il l'aurait fait. Qui aurait pu le considérer comme criminel s'il s'était tu? Qui ne l'aurait pas considéré comme sage s'il avait parlé selon les circonstances du moment? Mais Blossius ne voulut pas protéger sa vie ni par un silence de bon ton, ni par des paroles sages pour ne pas laisser tomber la moindre partie d'une amitié malheureuse.

VALÈRE-MAXIME, IV, 7, 1.

 

 

http://www.unisa.it/disced/quad52/q52lag.htm

Site sur Blossius (en Italien)

Le bureau politique de Tibérius

Voici ce que dit Plutarque, vie de Tibérius, VIII. 

Caius Laelius, l'ami intime de Scipion, s'engagea à reformer cet abus; mais il se heurta à l'opposition des puissants et par crainte de troubles il renonça vite et reçut le nom de sage ou de prudent : ces deux significations viennent du mot latin Sapiens
Mais Tibérius élu tribun de la plèbe reprit cette idée sans tarder, à l'instigation, comme la plupart le prétendent, de Diophane, le rhéteur et de Blossius, le philosophe. Diophane était un exilé de Mitylène, Blossius était un Italien de la ville de Cumes qui avait été l’élève d’Antipater de Tarse qui lui fit l'honneur de dédicacer certaines de ses oeuvres philosophiques.
Certains ont également accusé Cornélie, la mère de Tibérius, de les avoir aidés parce qu'elle se plaignait souvent devant ses fils que les Romains l'appelaient plutôt la fille de Scipion que la mère des Gracques. D'autres parlent encore de Spurius Postumius comme l'artisan de ses réformes. C’était un homme du même âge que Tibérius et son rival pour la réputation comme orateur public. Quand Tibérius, revenant de son service militaire, vit que celui-ci le devançait en renommée et en influence et qu’il le vit admiré il pensa le surpasser en tentant une entreprise populaire difficile et qui aurait de grandes conséquences. Mais son frère Caius a écrit dans un livre que quand Tibérius traversa la Toscane pour se rendre à Numance et qu’il trouva le pays presque dépeuplé où il y avait à peine quelques laboureurs ou bergers mais presque uniquement des barbares et des esclaves importés, il conçut alors pour la première fois l’idée de sa politique qui dans la suite fut si funeste à sa famille. Il est également certain que c’est le peuple lui-même qui principalement excita son ardeur et sa détermination dans la poursuite de ses réformes en plaçant des inscriptions sur les portiques, les murs et les monuments, l'invitant à rétablir les pauvres citoyens dans leurs anciennes possessions.
9.  Cependant il n'élabora pas sa loi sans le conseil ni l’aide de citoyens qui étaient alors les plus éminents par leur vertu et autorité. Parmi eux, il y avait Crassus, le Grand Pontife, Mucius Scaevola, l'avocat, qui à ce moment-là était consul, et Claudius Appius, son beau-père.


Plutarque, vie de Tiberius Gracchus (suite)

20.  Ceci, à ce qu’on raconte, fut la première sédition chez les Romains depuis l'abrogation de la Royauté qui se termina dans un bain de sang. Toutes les anciennes querelles qui pourtant n'étaient ni petites ni sur des sujets insignifiants se terminèrent toujours paisiblement par des concessions mutuelles : le sénat par crainte de la foule et la foule par respect pour le sénat. Et il est probable que Tibérius aussi aurait alors facilement changé de voie par la seule persuasion. Et certainement, attaqué de partout, il aurait cédé si on n’avait pas eu recours à la violence et au carnage car il n'avait à ce moment pas plus de trois mille personnes pour le soutenir. Mais il est évident que cette conspiration était fomenté contre lui plus par la haine et par méchanceté des riches que pour les raisons qu'ils ont généralement données contre lui.  Comme témoignage, nous pouvons apporter la cruauté et les insultes contre nature faites à son cadavre. Ils refusèrent que son propre frère, malgré ses supplications, l'enterre la nuit mais jetèrent son cadavre ainsi que les autres dans le fleuve. Cela ne mit pas fin à leur animosité : ils bannirent certains de ses amis sans procès et tuèrent d’autres après les avoir arrêtés. Entr’autre Diophane le rhéteur fut massacré et un certain Caius Villius fut cruellement assassiné en étant enfermé dans un grand tonneau rempli de vipères et de serpents. Blossius de Cume, lui, fut emmené devant les consuls et interrogé sur ce qui s'était produit. Il admit qu’il avait fait de son plein gré sans se poser de questions ce que Tibérius lui avait demandé de faire. "Alors Nasica s’écria : "Si Tibérius t’avait demandé de brûler le Capitole, tu l’aurais brûlé?" Il répondit d’abord que Tibérius ne lui 'aurait jamais demandé une telle chose; mais pressé de questions il déclara, "Si Tibérius me l'avait commandé, je l’aurais fait car il ne l'aurait jamais commandé que si ce n’était pour le bien du peuple."  Blossius fut momentanément pardonné et partit chez Aristonicus en Asie. Quand Aristonicus fut renversé et ruiné, il se suicida.

 

 

 

ad, prép. : + Acc. : vers, à, près de
adficio, is, ere, feci, fectum : pourvoir, doter (qqn de qqch, aliquem aliqua re), affecter
amicitia, ae, f. : l'amitié
amicus, a, um : ami (amicus, i, m. : l'ami)
animadvuerto, is, ere, ti, sum : 1. faire attention, remarquer 2. reconnaître, constater, voir 3. blâmer, critiquer
annuo, is, ere, nui, nutum : faire un signe à, donner son approbation
at, conj. : mais
atque, conj. : et, et aussi
audacius, comparatif neutre ou de l'adverbe d'audax, acis : audacieux
audeo, es, ere, ausus sum : oser
benivolentia, ae, f. : la bienveillance, le dévouement
Blossius, i, m. : Blossius
C, = Caius, ii, m. : abréviation.
careo, es, ere, ui, iturus : manquer de, être débarrassé de
cognosco, is, ere, novui, nitum : 1. apprendre à connaître, étudier ; pf. : savoir 2. reconnaître 3. instruire (une affaire)
conprimo, is, ere, pressi, pressum : comprimer, serrer; tenir enfermé; arrêter
consensus, us, m. : l'accord, l'assentiment
consentio, is, ire, sensi, sensum : être d'accord
consilium, ii, n. : le projet, le plan, le conseil
constans, antis : ferme, constant, conséquent
constantia, ae, f. : la constance, la persévérance
consul, is, m. : le consul
consulo, is, ere, sului, sultum : consulter
cuius, 1. GEN. SING. du pronom relatif 2. idem de l'interrogatif 3. faux relatif = et eius 4. après si, nisi, ne, num = et alicuius
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
Cumanus, a, um : de Cumes
damno, as, are : condamner
defendo, is, ere, fendi, fensum : défendre, soutenir
deprecor, aris, ari : supplier
desero, is, ere, ui, desertum : abandonner
dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler
eius, Gén. Sing. de IS-EA-ID : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle
enim, conj. : car, en effet
eos, acc. m. pl. de is,ea,id : les, ceux-ci, ces
et, conj. : et. adv. aussi
etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus
ex, prép. : + Abl. : hors de, de
excusatio, ionis, f. : la justification d'une faute, l'excuse, le prétexte
existimo, as, are : estimer, juger, considérer, être d'avis
facio, is, ere, feci, factum : faire
familiaritas, atis, f. : l'amitié, la liaison, la familiarité, l'intimité
fax, facis, f. : la torche
fides, ei, f. : 1. la foi, la confiance 2. le crédit 3. la loyauté 4. la promesse, la parole donnée 5. la protection
Gracchus, i, m. : Gracchus
gradus, us, m. : le pas, le degré
habeo, es, ere, bui, bitum : avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
honestus, a, um : honnête
honos, oris, m. : l'honneur, l'hommage, la charge, la magistrature, les honoraires
hostis, is, m. : l'ennemi
iacto, as, are : 1. jeter, lancer 2. agiter 3. débattre 4. jeter avec ostentation, vanter
idem, eadem, idem : le (la) même
ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
immo, inv. : pas du tout, non, au contraire
impero, as, are : commander
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
infelix, icis : malheureux
inimicus, a, um : ennemi, de l'ennemi (inimicus, i, m. : l'ennemi)
inmerito, adv. : injustement
inquit, vb. inv. : dit-il, dit-elle
interrogatio, ionis, f. : l'interrogation
is, NOM M SING de is,ea,id : ce, cette, celui-ci, il
iste, a, um : ce, celui-ci (péjoratif)
iubeo, es, ere, iussi, iussum : 1. inviter à, engager à 2. ordonner
iudico, as, are : 1. juger, faire office de juge 2. rendre un jugement 3. requérir 4. décider
Iuppiter, Iovis, m. : Jupiter
Laelius, i, m. : Laelius
Laenas, atis, m. : Laenas (surnom de la famille Popilia)
loquor, eris, i, locutus sum : parler
maior, oris : comparatif de magnus. plus grand. maiores, um : les ancêtres)
mando, as, are : confier
maximus, a, um : superlatif de magnus, a, um : grand
memoria, ae, f. : la mémoire, le souvenir
modo, adv. : seulement ; naguère, il y a peu (modo... modo... tantôt... tantôt...)
mos, moris, m. : sing. : la coutume ; pl. : les moeurs
multo, adv. : beaucoup, de beaucoup
nam, conj. : de fait, voyons, car
ne, adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté)
nec, adv. : et...ne...pas
necessitas, atis, f. : la nécessité, l'inévitable
nimium, adv. : trop
non, neg. : ne...pas
obsequor, eris, i, cutus sum : se plier aux désirs de qqn.
opera, ae, f. : le soin, l'effort (operam dare : se consacrer à)
optimus, a, um : très bon, le meilleur. superlatif de bonus
pars, partis, f. : la partie, le côté
patria, ae, f. : la patrie
periculosius, adv. : comparatif adverbial ou neutre de periculosus, a, um : dangereux
persevero, as, are : rester, persister
potentia, ae, f. : 1. la force 2. la puissance, le pouvoir, l'autorité, l'influence
praecipue, adv. : surtout
praefero, fers, ferre, tuli, latum : porter devant, afficher, préférer
pravus, a, um : de travers, difforme, mauvais
pretium, ii, n. : le prix, la valeur, la récompense, le salaire
pro, prép. : + Abl. : devant, pour, à la place de, en considération de
propositum, i, n. : l'intention, le sujet traité, le projet
propter, prép + acc. : à cause de, à côté
prudens, entis : sage, prévoyant
puto, as, are : 1. élaguer, émonder, apurer 2. supputer 3. estimer, penser, croire 4. supposer
qua, 1. ABL. FEM. SING. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliqua. 4. faux relatif = et ea 5. adv. = par où?, comment?
quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel?
qui, 1. N.M.S ou N.M.PL du relatif 2. Interrogatif : qui? quels? 3. Après si, nisi, ne, num = quelque 4. Faux relatif = et is - et ei 5. en quoi, par quoi
quia, conj. : parce que
quis, 1. pronom interrogatif N. M. S. 2. pronom indéfini = quelqu'un 3. après si, nisi, ne, num = aliquis 4. = quibus
quod, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel?
respondeo, es, ere, di, sum : répondre
Rupilius, i, m. : Rupilius
salus, utis, f. : 1. la santé 2. le salut, la conservation 3. l'action de saluer, les compliments
sapiens, entis : sage (sapiens, entis, m. : le sage)
satis, adv. : assez, suffisamment
sceleratus, a, um : criminel, impie
se, pron. réfl. : se, soi
senatus, us, m. : le sénat
sepultura, ae, f. : les derniers devoirs, la sépulture
sequor, eris, i, secutus sum : 1. suivre 2. poursuivre 3. venir après 4. tomber en partage
sermo, onis, m. : 1. l'entretien, la conversation 2. le dialogue, la discussion 4. le discours 5. la langue
si, conj. : si
silentium, ii, n. : le silence
spolio, as, are : piller, dépouiller
sto, as, are, steti, statum : se tenir debout
subdo, is, ere, didi, ditum : 1. mettre sous, placer sous 2. soumettre, assujettir 3. mettre en remplacement
sum, es, esse, fui : être
supplicium, i, n. : le supplice
suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur
taceo, es, ere, cui, citum : se taire
tam, adv. : si, autant
tamen, adv. : cependant
templum, i, n. : le temple
tempus, oris, n. : 1. le moment, l'instant, le temps 2. l'occasion 3. la circonstance, la situation
Ti, abréviation de Tiberius
totus, a, um : tout entier
tu, tui : tu, te, toi
tueor, eris, eri, tuitus sum : protéger
ultimus, a, um : dernier
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
utor, eris, i, usus sum : utiliser
venio, is, ire, veni, ventum : venir
verum, conj. : vraiment, en vérité, mais
volo, vis, velle : vouloir
voluntas, atis, f. : la volonté
texte
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