Le temps des Gracques

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Les réformes agraires

Les ingrédients

Une crise

TITE-LIVE : Tite-Live écrivit une Histoire Romaine en 142 livres. Nous ne possédons plus que les livres I-X et XXI-XLV. Pour les autres, nous avons des résumés ou Periochae. Ces résumés sont très inégaux de développement et de précision

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Les guerres puniques, surtout la deuxième, ont provoqué des pertes énormes dans l'armée romaine. Comme celle-ci était une armée de citoyens et que le citoyen était surtout un agriculteur, les conséquences furent dramatiques.

Priusquam proficiscerentur consules ad bellum, moniti a senatu sunt, ut in agros reducendae plebis curam haberent: deum benignitate summotum bellum ab urbe Romana et Latio esse, et posse sine metu in agris habitari; minime convenire Siciliae quam Italiae colendae maiorem curam esse. Sed res haudquaquam erat populo facilis, et liberis cultoribus bello absumptis, et inopia servitiorum, et pecore direpto villisque dirutis aut incensis ; magna tamen pars, auctoritate consulum compulsa, in agros remigravit.

TITE-LIVE, XXVIII, 11, 8-9.

  vocabulaire

Avant que les consuls ne partent à la guerre, ils furent invités par le Sénat de s'occuper de ramener la plèbe aux champs : par la bonté des dieux, la guerre avait été écartée de la ville de Rome et du Latium et on pouvait sans crainte habiter les champs. Il convenait très peu de s'occuper davantage de la culture de la Sicile que de celle de l'Italie. Mais la chose n'était pas facile du tout pour le peuple car les cultivateurs libres avaient été anéantis lors de la guerre, il y avait pénurie d'esclaves, le bétail avait été détruit, les fermes démolies ou incendiées ; cependant une grande partie du peuple poussée par l'autorité des consuls revint habiter les campagnes.

TITE-LIVE, XXVIII, 11, 8-9.

 

 

La question agraire

La question agraire ne fait que culminer sous les Gracques, et ne concerne pas l'agriculture en elle-même, mais une certaine catégorie de terres : celles de l'ager publicus.
Les soldats de l'armée romaine sont recrutés dans la classe des petits propriétaires, citoyens et céréalicultures. C'est donc cette catégorie de paysans qui est la plus touchée par les pertes démographiques, tandis que ceux qui survivent sont conservés longtemps dans l'armée et ne s'occupent pas de leur terres qui tombent en friches. Le butin éventuel des survivants ne suffit pas en général à remettre en culture des terres en friches. Les cours du blé ne sont pas rémunérateurs : Rome commence à faire venir du blé tributaire des provinces conquises.
Si on se reconvertit dans l'arboriculture, on ne dispose pas alors du capital suffisant ni surtout de la durée (il faut 10 ans d'attente pour un olivier).
Alors ces propriétaires soit s'endettent et revendent leur terre pour rembourser, soit ils se mettent en tant que métayers au service d'un grand domaine, soit ils abandonnent la campagne pour la ville et grossissent la masse du prolétariat urbain.
La question agraire se couple ainsi avec une question sociale.

A/ L'aliénation de l'ager publicus

Appien (7-8), guerres civiles. Dans ce passage est analysé minutieusement les transformations subies par l'ager publicus. L'ager romanus peut être vendu à des particuliers ; l'ager publicus doit être maintenu dans sont intégrité pour nourrir le peuple romain.
Mais de plus en plus, cet ager publicus est lotit et aliéné (
adsignatus), soit à titre gratuit en retour de services rendus à l'Etat, soit attribué à des colons, soit assigné en échange d'une redevance, vectigal.
Au lendemain de la Deuxième Guerre Punique, 30 000 vétérans furent casés dans le sud de l'Italie, notamment en
Apulie sur des lots de l'ager publicus. Donc théoriquement, quand on aliène l'ager publicus, on n'en obtient pas une propriété pleine et entière : l'Etat demeure propriétaire des lots. En réalité, le temps passant, les propriétaires usurpent ces lots en se considérant comme les vrais propriétaires. C'est ainsi que des membres de la nobilitas de sont attribués d'immenses étendues de terres publiques sur lesquelles travaillent des esclaves.
La question devient alors aiguë dans les années 130, avec des paysans sans terres qui en réclament, des terres sans paysans où se développent l'élevage, et l'Etat qui voudrait bien récupérer les terres accaparées tandis que les propriétaires ne veulent pas les rendre.

B/ Les réactions politiques

Trois tendances s'opposent ou s'allient selon les évènements. Il faut noter que les romains ne se sont jamais appelé du nom des partis suivants !
1) Les "libéraux-conservateurs"
Parmi lesquels
Scipion Emilien, la famille Licinia, Mucia-Scaevola, Claudia. Ils appartiennent à un milieu timidement réformiste, prêt à satisfaire aux aspirations du peuple mais dans l'ordre et sans précipitations.

2) Les "conservateurs"
Le chef de file est le pontifex maximus, chef de la religion romaine :
P. Scipio Nasica. Ils entendent défendre coûte que coûte le statu quo, la légalité, par la force s'il le faut.

3) Les "réformateurs"
Parmi eux un Claudius :
Appius Claudius Pulcher, beau-père de Tib. Gracchus.
Tiberius et son frère sont à l'origine du rassemblement d'un certain nombre de revendications populaires, qui vont former le programme du parti populaire, un groupe, une faction, qui va poser des revendications récurrentes. Les thèmes de ces
populares comprennent :
Le souci de faire passer une loi agraire sur la redistribution des terres.
Les lois frumentaires : distributions à bas prix ou gratuites de blé aux citoyens pauvres.
Création d'établissements coloniaux en Italie ou en province.
Mettre un terme au monopole du Sénat dans les tribunaux (soutien aux chevaliers).
Mise en avant de la souveraineté du peuple (vote secret, possibilité de démettre un magistrat, droit d'appel au peuple romain)

A partir des
Gracques, les luttes politiques deviennent plus dures avec l'introduction du vote secret depuis le vote des lois tabellaires en 139-7. C'est le vote à bulletin secret sur une tablette pour l'élection des magistrats. En 133, le peuple demande ce même vote pour le vote des lois.

 

a, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ab
, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
absumo, is, ere, sumpsi, sumptum
: prendre entièrement, consumer, détruire, anéantir, dissiper
ad
, prép. : + Acc. : vers, à, près de
ager, agri,
m. : la terre, le territoire, le champ
auctoritas, atis
, f. : l'avis, le prestige, l'autorité, la volonté (du Sénat), la décision
aut
, conj. : ou, ou bien
bellum, i
, n. : la guerre
benignitas, atis
, f. : la bonté, la bienveillance, la générosité
colo, is, ere, colui, cultum
: honorer, cultiver, habiter
compello, is, ere, puli, pulsum
: pousser ensemble, rassembler, presser
consul, is
, m. : le consul
convenio, is, ire, veni, ventum
: 1. venir ensemble, se rassembler 2. convenir, s'adapter 3. être l'objet d'un accord 4. convenit : il y a accord 5. (juridique) -in manu : venir sous la puissance d'un mari, se marier
cultor, oris
, m. : celui qui cultive, honore, l'agriculteur
cura, ae
, f. : le soin, le souci
deus, i,
m. : le dieu
diripio, is, ere, ripui, reptum
: piller
diruo, is, ere, rui, rutum
: démolir, renverser (dirutus, a, um : brisé, éclaté, détruit)
et
, conj. : et. adv. aussi
facilis, e
: facile

habeo, es, ere, bui, bitum
: avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
habito, as, are
: habiter
haudquaquam
, inv. : pas du tout
in
, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
incendo, is, ere, cendi, censum
: allumer, embraser, brûler
inopia, ae
, f. : la pauvreté, le manque
Italia, ae
, f. : l'Italie
Latium, ii
, n. : le Latium
liber, era, erum
: libre
magnus, a, um
: grand
maior, oris
: comparatif de magnus. plus grand. maiores, um : les ancêtres)
metus, us
, m. : la peur, la crainte
minime
, adv. : très peu
moneo, es, ere, ui, itum
: avertir, engager à
pars, partis
, f. : la partie, le côté
pecus, oris
, n. : le bétail
plebs, plebis
, f. : la plèbe
populus, i,
m. : le peuple
possum, potes, posse, potui
: pouvoir
proficiscor, eris, i, fectus sum
: partir
quam
, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
reduco, is, ere, duxi, ductum
: 1. ramener, rétablir, restaurer, reconduire
remigro, as, are
: revenir habiter
res, rei
, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
Romanus, a, um
: Romain (Romanus, i, m. : le Romain)
sed
, conj. : mais
senatus, us
, m. : le sénat
servitium, i
, n. : la servitude, la condition d'esclave, l'esclavage
Sicilia, ae
, f. : Sicile
sine
, prép. : + Abl. : sans
sum, es, esse, fui
: être
summoveo, es, ere, movi, motum
: éloigner, écarter
tamen
, adv. : cependant
urbs, urbis,
f. : la ville
ut
, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
villa, ae
, f. : la maison de campagne, le domaine
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