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table des matières de DIOGENE LAERCE

Diogène Laërce

 

 

LIVRE V

 

STRATON

texte grec

 

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  Théophraste         Lycon

 

STRATON.

[58] Straton de Lampsaque, fils d'Arcésilas, et le même dont Théophraste parle dans son testament, hérita de son école. Ce fut un homme fort éloquent, et on lui donna le nom de physicien, à cause qu'il s'appliqua plus à la physique qu'aux autres sciences.

Il enseigna Ptolémée Philadelphe, qui lui fit présent de quatre-vingts talents. Apollodore remarque, dans ses Chroniques, qu'il commença à conduire l'école la cent vingt-troisième olympiade, et qu'il la dirigea pendant dix-huit ans.

[59] On a de lui trois livres sur la Royauté, trois de la Justice, trois du Bien, trois des Dieux, trois du Gouvernement. Il a aussi fait d'autres livres, intitulés des Vies, de la Félicité, de la Philosophie, de la Force, du Vide, du Ciel, de l'Esprit, de la Nature humaine, de la Génération des animaux, de l'Union du mariage, du Sommeil, des Songes, de la Vue, du Sentiment, de la Volupté, des Couleurs, des Maladies, des Jugements, des Forces, des Métaux, de la Mécanique, de la Faim, des Éblouissements, de la Légèreté et de la Gravité, de l'Inspiration divine, du Temps, de la Nourriture et de l'Accroissement, des Animaux dont on doute, des Animaux fabuleux, des Causes, de la solution des Ambiguïtés; des préfaces pour les Lieux communs; de Ce qui arrive par accident, [60] des Définitions, du Plus et du Moins, de l'Injustice, du Premier et du Dernier, du Genre premier, du Propre, du Futur, deux Indices d'inventions, des Commentaires (mais on doute s'ils sont de lui ), des lettres qui commencent par ces mots : « Straton à Arsinoé, salut. »

On dit qu'il était d'une complexion si délicate, qu'il mourut sans sentiment ; c'est sur quoi roulent les vers suivants que j'ai faits pour lui :

Passant, je t'apprends qu'ici repose Straton du Lampsaque, qui ne cessa de s'oindre le corps, sans que cela le rendit moins faible ; il lutta toujours contre les maladies, et mourut sans ressentir les angoisses de la mort.

[61] Il y a eu huit Stratons : le premier fut disciple d'Isocrate ; le second est celui dont nous parlons ; le troisième, qui professa la médecine, fut instruit, ou, comme d'autres disent, élevé par Érasistrate; le quatrième, historien, a écrit la vie de Philippe et de Persée, qui ont fait la guerre aux Romains ; le sixième fit des épigrammes ; le septième est appelé ancien médecin par Aristote; le huitième, philosophe péripatéticien, vécut à Alexandrie. On conserve encore le testament de Straton le physicien ; en voici le contenu :

Si la mort me surprend, je dispose ainsi. Je laisse à Lampyrion et à Arcésilas tout ce qui est dans ma maison. Quant à l'argent que j'ai à Athènes, les exécuteurs testamentaires auront soin de l'employer aux frais de mes funérailles et des cérémonies ordinaires, en évitant également la prodigalité et l'avarice. [62] Ces exécuteurs seront Olympicus, Aristide, Mnésigène, Hippocrate, Épicrate, Gorgyle, Dioclès, Lycon et Athanes. Lycon succédera à mon école, les autres étant ou trop âgés ou surchargés d'occupations; et ils feront bien, et les autres aussi, s'ils approuvent cette disposition. Je lui donne tous mes livres, excepté ceux que j'ai composés, et je lui lègue tons mes meubles de table, mes gobelets et mes habits. Épitrate recevra de mes exécuteurs cinq cents drachmes et celui des garçons qui me servent qu'il plaira à Arcésilas de choisir. [63] Lampyrion et Arcésilas déchireront les contrats que Daippe a passés pour Irée, en sorte que, n'étant redevable ni à Lampyrion ni a ses héritiers, il soit dégagé de toute obligation envers eux. Mes exécuteurs lui paieront cinq cents drachmes, et lui donneront tel de mes domestiques qu'Arcésila jugera à propos ; afin qu'ayant beaucoup travaillé pour moi, comme il a fait, il ait de quoi vivre honnêtement. Je rends la liberté à Dioclès et à Abus. Je remets Simmia au pouvoir d'Arcésilas, et j'affranchis Dromon. Aussitôt qu'Arcésilas sera arrivé, Irée calculera avec Olympicus et Épicrate les frais de mes funérailles et des autres choses prescrites par l'usage : [64] le surplus appartiendra a Arcésilas, qui pourra l'exiger d'Olympicus, mais sans intenter d'action contre lui pour avoir retardé le paiement, ou pour les intérêts des années échues. Arcésilas retirera des mains de Philocrate, fils de Tisamène, les contrats que j'ai faits avec Olympicus et Aménias. Pour ce qui regarde mon sépulcre, je m'en rapporte à Arcésilas, Olympicus et Voilà le testament de Straton tel que l'a recueilli Ariston de Cos.

Straton, comme nous l'avons déjà dit, était un homme estimable, versé dans toutes sortes de sciences, et principalement dans la physique, qui est la plus ancienne, et la plus digne qu'on s'y applique.