ŒUVRES COMPLÈTES DE CICÉRON AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE; INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR - TOME QUATRIÈME - PARIS - CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET Cie. LIBRAIRES - IMPRIMERIE DE L'INSTITUT DE FRANCE - RUE JACOB, - M DCCC LXIX
TOME IV.
ENTRETIENS SUR LA NATURE DES DIEUX. - DE NATURA DEORUM
NOTES
Œuvre numérisée et mise en page par Patrick Hoffman
de natura deorum livre III - liste des philosophes
ŒUVRES
COMPLÈTES
DE CICÉRON,
AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS,
PUBLIÉES
SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD,
DE L'ACADÉMIE
INSPECTEUR GÉNÉRAL DE
L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
TOME QUATRIEME
PARIS,
CHEZ FIRMIN DIDOT FRERES, FILS ET Cie, LIBRAIRES,
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE
RUE JACOB, .
M DCCC LXIV
ENTRETIENS SUR LA NATURE DES DIEUX.
DE NATURA DEORUM
NOTES SUR LE TRAITE DE LA NATURE DES DIEUX.
169 LIVRE PREMIER.
I. Causam, id est, principium philosophiœ, esse scientiam. Orelli reçoit dans son texte,au lieu de scientiam, inscientiam, leçon qui est donnée par un manuscrit que beaucoup d'excellents critiques ont adoptée, que M. Le Clerc a introduite dans son édition et sa révision, et qu'une saine interprétation doit admettre comme la seule conforme à l'esprit philosophique de Cicéron. La vraie pensée de l'auteur est «qu'au milieu de tant de contradictions sur une question si grave, il apprend clairement que le fondement, le principe de la philosophie, est de savoir douter et ignorer.» C'est la devise des Académiciens, devise parfaitement justifiée, il faut en convenir, en matière de théologie, par la diversité incroyable des opinions dont Cicéron se fait l'historien, et la faiblesse, pour ne pas dire l'absurdité de la plupart des systèmes anciens.
Diagoras Melius et Theodorus Cyrenoicus. On dit que ce qui jeta Diagoras dans l'athéisme, ce fut de voir que les Dieux souffraient la prospérité d'un homme, qu'il savait être coupable, les uns disent de lui avoir dérobé un poème, les autres de lui retenir un dépôt. Quoi qu'il en soit, les Athéniens mirent sa tête à prix. Digne fin d'un athée. D'Oll — Diagoras était de Mélos, l'une des Cyclades, et non pas de Mélia, ville de Carie. — Théodore écrivit contre l'existence des Dieux. La morale était digne d'un athée; car il enseignait que tout est indifférent; qu'il n'y a rien qui de sa nature soit crime ou vertu. Son impiété lui fit des affaires partout ou il se trouva, et il fut enfin condamné à s'empoisonner. D'Ol..
III. De libris nostris, quos complures brevi tempore edidimus. C'est de ses livres philosophiques qu'il veut parler. Il les composa les trois dernières années de la vie, et ce ne furent pas même les seuls ouvrages qu'il fit durant ce temps-la. Quand il fit ces entretiens sur la nature des Dieux, il courait la soixante-troisième année de son âge, qui était l'au de Rome 709. D'Ol.
Diodotus, Philo, Antiochus, Posidonius. Diodotus et Posidonius étaient Stoïciens. Philon et Antiochus étaient Académiciens, mais ce dernier à la fin pencha davantage pour les Stoïciens. D'Ol.
IV. Eam unius consilio atque cura gubernari. Par Jules César.
Fortunœ magna et gravi commota injuria. Comme il vient de toucher déjà la décadence de la République, on croit que ceci regarde la mort de sa fille Tullie, qu'il perdit l'an de Rome 708. D'Ol. — C'est à l'occasion de cette mort qu'il composa sa Consolation philosophique, ouvrage perdu pour nous, et dont Cicéron parle souvent, surtout dans les Tusculanes.
V. Profecta a Socrate, repetita ab Arcesila, confirmata a Carneade. Voilà les trois époques de l'Académie. Par rapport au temps de Platon et à l'état où elle parut d'abord, elle se nomme la vieille Académie; par rapport au temps d'Arcésilas et à l'état où elle fui rétablie, la moyenne; par rapport au temps de Carnéade et à l'état où elle fut confirmée en dernier lieu, la nouvelle. C'est par ces trois épithètes qu'on distingue pour l'ordinaire les temps et les variations de l'Académie. D'Ol.
Dictum est hoc de re alio loco. Dans ses Questions Académiques, ii, 31 et suiv.
VI. Est ille in Syntphebis. Les Synéphèbes ou les jeunes camarades, étaient une comédie grecque de Ménandre, traduite ou imitée en latin par Cécilius, qui est appelé Statius dans le texte. D'Ol.
Quid de templis, delubris, sacrificiis. Il y a dans le texte, delubris. Mais nous n'avons point de mots en notre langue pour distinguer templum et delubrum, à moins de rendre ce dernier par chapelle. J'ai mieux aimé placer ici un équivalent. D'Ol.
Quum apud C. Cottam familiarem meum. Caïus Anrélius Cotta, pontife. C'est un bel esprit qui, en qualité d'Académicien, prend à tâche d'embarrasser les autres interlocuteurs, et se joue de toute opinion sans donner à connaître la sienne. D'Ol.
Quum feriis latinis ad eum. Pour avoir une idée des fériés latines il faut consulter les lettres à Atticus, i, 8.
Cum C. Velleio senatore. Caïus Velléius, tribun du peuple l'an de Rome 663.
C. Lucilius Balbus. Ce Balbus avait eu pour maître Panétius.
VII. M. enim Piso si adesset. Pison le péripatéticien, dont parle Cicéron dans son livre de Claris Oratoribus, et qui expose la philosophie morale du Lycée dans le cinquième livre de Finibus.
VIII. Ex Epicuri intermundiis. Épicure voulait qu'il y eût des mondes innombrables, et il appelait intermondes les espaces qu'il se figurait entre un monde et un autre. C'est là qu'il faisait habiter les Dieux, tanquam inter duos lucos, sic inter duos mundos, propter metum ruinarum, dit plaisamment Cicéron, de Divin , ii, 17. D'Ol.
170 Unde vero ortœ quinque illœ formœ. Ces cinq formes tout apparemment la terre, l'eau, le feu, l'air, et une cinquième anonyme, qui forme l'âme. D'autres prétendent que ce sont les cinq qualités que Platon, dans le dialogue du Sophiste, attribue à l'Être; savoir, l'essence, l'identité, la diversité, le repos cl le mouvement. Là-dessus je renvoie aux doctes spéculations de Marsile Ficin, Compend. in Timœm, cap. 27. D'Ol.
Cur mortalem fecerit mundum, non quemadmodum Platonicus. Voyez ci-après, liv. ii, ch. 46, dans quel sens les Stoïciens croyaient le monde périssable. Quant à Platon, il ne disait point que le monde fût éternel de sa nature; au contraire, il le croyait produit et corruptible, mais il prétendait que l'auteur du inonde, par un effet de sa bonté, l'empêcherait de périr, et le conserverait toujours. Voyez le Timée et Plutarque, de Placit. Philos, ii, 4. D'Ol.
IX. Mundum signis et luminibus, tanquam œdilis. Dans les décorations ordonnées par les édiles, la coutume était que le spectacle fut embelli de statues, de figures, signis, disposées avec art. A cela ressemblent les constellations qui représentent des domines, des animaux, etc. L'allusion porte sur le mot signis. D'Ol.
X. Quœ ex aqua cuncta jugeret. Sur ce passage, Gassendi, Phys. sect. i. lib. 4. cap. 2. fait celle remarque: Cum dicit Fingeret, non Finxerit, planum facit placuisse illi eamdem adhuc causam penetrare in omnia, omniaque adhoc efficere.
XI. Aut infiixus, aut infusus esset in mundo. Je n'aurais pu sans une périphrase faire sentir clairement les différentes idées qui sont renfermées ici dans ces deux mots, aut infixus, aut infusus. Je crois qu'il s'agit là d'examiner comment une âme universelle pourrait être unie au monde, si c'est par voie d'application, aut infixus, ou par voie de pénétration, aut infusus. D'Ol.
Commentitium quiddam coronæ similitudine. Sur cette couronne de Parménide, voyez Plutarque, Placit. lib. ii, 7, et Stobée, Eclog. Phys. p. 50.
XII. Aer, quo Diogenes Apolloniates utitur Deo. On ne voit pas, suivant ces paroles, en quoi l'opinion de ce Diogène n'était pas la même que celle d'Anaximène. Saint Augustin, de Civ. Dei, viii, 2, nous fait sentir que Diogène admettait de l'intelligence dans l'air, au lieu qu'Anaximène croyait l'air inanimé, antérieurement aux êtres qui s'en formaient. D'Ol.
Qui in Timœo patrem hujus mundi. Platon dit seulement dans le Timée qu'il est difficile d'arriver jusqu'à trouver l'auteur et le père de l'univers, et que quand on l'a trouvé, il est impossible île le faire connaître à tous: «τὸν μὲν οὖν ποιητὴν καὶ πατέρα τοῦδε τοῦ παντὸς εὑρεῖν τε ἔργον καὶ εὑρόντα εἰς πάντας ἀδύνατον λέγειν.»
La seconde citation est du septième livre des Lois, 22. Platon dit encore dans le Sophiste que les yeux de la multitude ne peuvent supporter l'éclat de la divinité.
XIII. Quum autem sine corpore idem vult esse Deum. Parce que, suivant Velléius, la raison ne saurait être que dans un corps, et même dans un corps de ligure humaine. D'Ol.
XIV. Neque in Diis sensum esse dicat. Point de. sentiment, c'est-à-dire point d'intelligence, point d'âme, suivant ce passage de Sénèque, rapporté par saint Augustin, de Civit, vi, 10: «Ego feram aut Platonem, aut Peripateticum Stratonem, quorum alter fecit Deum sine corpore, aller sine animo?»
XV. Ea, quœ natura fluerent atque manarent. II est certain que Chrysippe, aussi bien que les autres Stoïciens, regardent l'éther comme le seul principe animé de lui-même, qui, lorsqu'il aurait un jour absorbé les trois autres cléments, les ferait renaître pour former un monde nouveau. Voyez liv. Ii, ch. 46. Ainsi l'eau, la terre et l'air ne lui paraissaient que comme des écoulements de l'éther, source universelle, principe de tout. D'Ol.
Diogenes Babylonius consequens. Ce Diogène fut disciple de Chrysippe, et il enseigna la dialectique à Carnéade, avec lequel il fut député à Rome l'an 424 de l'ère philosophique. D'Ol.
XIX. Nec ad numerum, ut ea, quœ ille propter firmitatem. Je vais deviner plutôt que traduire; car le sens grammatical est difficile à prendre ici, et, pour ce qui est du sens physique, on verra dans la suite que Cicéron lui-même avoue qu'il ne l'entendait pas. Il y a de plus beaucoup de variétés dans le texte.... Saint Jérôme, Prœf, lib. xii, in Es., fait dire à Cicéron qu'il a traduit le Timée de Platon sans l'entendre: «Timaæum de mundi harmonia astrorumque cursu, et numeris disputantem ipse, qui interpretatus est, Tullius se non intelligere confitetur.» D'Ol.
XXI. L. Crasso familiari illo tuo. Lucius Crassus, ce célèbre orateur que Cicéron introduit dans ses livres de Oratore.
Zenonem, quem Philo noster coryphœum Épicureorum. Puisque ce Zénon professait la doctrine d'Épicure, et qu'il eut Cotta pour disciple, on voit qu'il ne faut pas le confondre avec le chef des Stoïciens, dont il est parlé ci-dessus; encore moins avec Zénon d'Élée, dont il sera parlé dans le dernier livre. D'Ol.
XXII. Auctore utar Simonide. On attribue aussi à Thalès ces délais et cette réponse de Simonide. Le roi à qui il l'aurait faite est Crésus.
XXIII. Ut ait Lucilius. Lucilius, poète satirique, nommé dans le texte. Par fils de Neptune, on entendait un franc scélérat, tel que Tubulus, dont il sera parlé dans le dernier livre de ces entretiens, ch. 30; tel que Lupus, dont parle Horace, liv. ii, sat. i, 67.
Abuteris ad omnia atomorum regno et licentia. Suivant Épicure, tout est atome, ou vide. L'atome est indivisible; c'est ce que signifie ἄτομος;. Suivant d'autres philosophes, tout est plein, et il n'y a point de corpuscules qui ne soient divisibles à l'infini. Voyez Plutarque, de Placit. Philos, i, 16 et 18. — Corps, dans le langage des Stoïciens, ne présentait que l'idée d'un corps divisible, et composé de parties. Dans le langage des Épicuriens, il pouvait se prendre quelquefois pour un corps indivisible, pour un atome. Témoin Lucrèce, i, 53 et 50. Enfin, comme ils ne reconnaissaient point d'esprits, ils disaient corps, non par opposition à esprit, mais par opposition à vide, suivant la remarque de Gassendi, Phys. sect. i, lib. 3, cap. 5. D'Ol.
XXIV. Ista enim flagitia Democriti, sive etiam ante Leucippi. Leucippe n'était pas le premier qui eût enseigné la doctrine des atomes. Posidonius en donnait l'invention à un certain Moschus de Phénicie, si l'on en croit Sextus Empiricus, adv. Phys. Et ce Moschus vivait avant la guerre de Troie, à ce que dit Strabon, lib. 10. D'Ol.
Susceptœ philosophiœ nomen amittere. Nomen amittere, se dit proprement d'un militaire que l'on casse, que l'on dégrade. D'Ol.
XXV. A quibus quum traditum sit. Voyez Acad. iii, 30.
XXVI. Quod non rideat haruspex. C'est un mot de Caton le censeur. Voyez de Divinat. ii, 24.
171 XXVI. In Nausiphane Democriteo. Voyez Diogène de Laërce, x, 4; Sextus Empiricus, adv. Mathemat. i, init.
XXVII. Idem quod in Venere Coa. La.Vénus de Cos, fameuse peinture d'Apelle.
XXVIII. Nœvus in articula pueri deleclat Alcœum. Alcée, contemporain et compatriote de Sapho, a été le premier poète lyrique, selon Horace, liv. i, ode 32. Le jeune homme qu'il aimait était sans doute Lycus, dont il est parlé dans la même ode: et Lycum nigris oculis nigroque crine decorum. D'Ol.
Constiteram exorientem. La traduction que je rapporte ici de cette épigramme est de M. de la Monnaye. Celle épigramme a été le canevas des sonnets pour la belle matineuse, recueillis par Ménage dans la dissertation qu'il a faite là-dessus. D'Ol.
XXIX. Florere in cœlo Academiam necesse est. Pour entendre la pensée de Cotta, il n'y a qu'à se ressouvenir du sentiment de l'Académie qu'on a lu à la fin du chap. 5: «Que le faux est mêlé partout de telle façon avec le vrai, et lui ressemble si fort, qu'il n'y a point de marque certaine pour les distinguer sûrement.» D'Ol.
Illam vestram Sospitam. La Junon de Lanuvium, d'où était Vélleius.
XXX. Cœsios oculos Minervœ. «Pers, vieux mot qui signifie de couleur entre le vert et le bleu,» dit le Dictionnaire de l'Académie, et c'est un terme consacré quand on parle des yeux de Minerve. D'Ol.
Selectis ejus brevibusque sententiis. Les κυρίαι δόξαι sont rapportées par Diogène de Laërce, à la fin de la vie d'Épicure.
XXXI. llle vero Deos esse putat. Cotta dira tout le contraire à la fin de ce livre. Peut-être veut-il ménager ici Velléius, et ne pas l'effaroucher d'abord, en lui reprochant l'athéisme d'Épicure. D'Ol.
Si Seriphi natus esses. Sériphe, aujourd'hui Sersino, est une mauvaise petite île de l'Archipel. D'Ol.
XXXIII. Tantum Epicuri hortus habuit licentia: Le jardin d'Épicure, c'est-à-dire son école, parce qu'il enseignait dans un jardin. De même on dit l'Académie pour l'école de Socrate, parce que Platon et ses successeurs enseignaient dans un parc de ce nom-là. On dit aussi par la même raison le Lycée pour l'école d'Aristote, et le Portique pour celle des Stoïciens. D'Ol.
Nausiphanem, magistrum suum. Voyez ci-dessus le vingt-sixième chapitre.
XXXIV. Scurram Atticum fuisse. Quintilien, ix, 2, dit que Socrate fut appelé εἴρων, id est agens imperitum, et admirator aliorum tanquam sapientium. Mais de l'ironie à la bouffonnerie, il y a loin. Une bouffonnerie plate, et ridicule, c'est celle de Zénon lui-même, quand il dit Chésippe pour Chrysippe, faisant allusion au mot χέζειν. D'Ol.
XXXVI. De ichneumonum utilitate. Les voyageurs nous disent que l'ichneumon est une espèce de blaireau. D'Ol.
XXXVIII. Orphicum carmen. Épigène et Suidas attribuent aussi quelques chants orphiques au Pythagoricien Céréops ou Théognète.
Ut Scyllœ, ut Chimerœ. Scylla, nom d'un rocher qui donne dans la mer de Sicile, dangereux écueil, dont la fable a fait un monstre marin, que Virgile décrit, Æneid. iii, 426, sqq. — Chimère, nom d'une montagne de Lycie, dont la fable a fait pareillement un monstre, que Lucrèce décrit, liv. v, 903, sqq. D'Ol.
XXXIX. Fluentium frequenter transitio sit. Vélleius ne l'a point dit formellement; mais c'est ce que disaient les Épicuriens, comme on le peut voir dans la lettre de saint Augustin à Dioscore, n. 30. D'Ol.
XL. Accusat enim fratrem suum Metrodorus. Un fragment qui nous est resté d'une lettre que Métrodore écrivait à son frère, montre bien sa brutalité. «O que je suis joyeux, et comme je me glorifie d'avoir appris d'Épicure à gratifier mon ventre, ainsi comme il le faut! Car, à la vérité, le bien souverain de l'homme, ô physicien Timocrate, consiste au ventre.» Plutarque rapporte ce fragment dans le traité ou il fait voir qu'on ne saurait vivre heureux selon la doctrine d'Épicure. Au reste, il n'y a pas sujet de se plaindre que l'original perde ici de sa naïveté dans la version d'Amyot. D'Ol.
XLI. Nec manibus ut Xerxes. Xerxès fil mettre le feu aux temples de la Grèce, non par un principe d'impiété, mais au contraire par un zèle de religion. Les mages, c'est-à-dire, les savants et les prêtres de son royaume, lui avaient persuadé que les Dieux ayant pour temple et pour habitation le monde entier, il ne convenait pas aux hommes de vouloir les renfermer entre des murailles. Voilà ce que nous apprend Cicéron dans le second livre des Lois, ch. 10. D'Ol.
XLII. Quid? il qui dixerunt totam de Diis immortalibus. Sextus Epicurus, adv. Mathem., attribue cette impiété à Critias, et lui fait dire en prose tout ce que nous lisons dans quarante vers, qui se trouvent parmi les fragments des Tragiques Grecs, avec la traduction que Grotius eu a faite, Plutarque, de Placit. Philos, i, 7, rapporte une partie de ces vers, et accuse Euripide, non-seulement d'en être l'auteur, mais d'y avoir démasqué ses propres sentiments, en prenant la précaution de les mettre dans la bouche de Sisyphe, personnage de théâtre. D'Ol.
Quœratio maxime tractata ab Evhemero. Voyez Sextus Empiricus, adv. Mathem. ix, 17; Arnobe, iv, 147; Lactance, Div. Inst. i, 11; saint Augustin, de Civit. Dei, vi, 7; vii, 26.
Samothraciam, eaque, quœ Lemni. Il paraît sembler ici que les mystères de Samothrace et ceux de Lemnos étaient des mystères différents. C'étaient pourtant les mêmes, selon Meursius, Grœc. Feriat. in Καβείρα. Quoique ces mystères fussent essentiellement les mêmes, peut-être différaient-ils en quelques cérémonies. D'Ol.
XLIII. Quæ quidem omnia sunt patria Democriti. Démocrite était d'Abdère, ville maritime de Thrace, qui n'avait pas la réputation de produire des hommes fort spirituels. D'Ol.
Qua quum carere Deum vultis. Le fameux vers de Lucrèce, Nec bene. promeritis capitur, nec tangitur ira, renferme deux points, dont Colla ne touche ici que le premier. Il prétend que les Dieux font du bien aux hommes; mais il ne dit pas que leur colère soit à craindre. En effet, tous les anciens philosophes ont affecté d'ignorer qu'il puisse y avoir en Dieu une justice vindicative. Cicéron le dit formellement, de Offic. iii, 28.
LIVRE SECOND.
171 II. Adspice hoc sublime candens. Le mot éther n'est pas d'Ennius; mais outre que la rime l'amenait, il exprime seul ce sublime candens, qui sans cela n'eût pu se rendre que par une périphrase. D'Ol. — Le vers cité par Cicéron est emprunté au Thyeste d'Ennius.
Hippocentaurum fuisse aut Chimœram. Hippocentaure, animal fabuleux, moitié homme, moitié cheval. La Chimère, selon les poètes, était un monstre qui avait 172 la tête d'un lion, le corps d'une chèvre, et la queue d'un dragon.
II. In nostra acie Castor et Pollux. Voyez Denys d'Halicarnasse, vi, 13; Plutarque, Vies de Coriolan et de Paul Émile; Valère-Maxime, i, 8.
Tyndaridœ Persen victum. Quoique le mot de Tyndaride soit peu connu, je le conserve à cause de l'usage que Cotta en fait dans le troisième livre, L.éda, femme de Tyndare, eut Castor de son mari, et Pollux, de Jupiter; d'où vient qu'on les appelle indifféremment, ou Tyndarides, fils de Tyndare, ou Dioscures, fils de Jupiter. D'Ol. — Voyez Tite-Live, xxvi, 16.
Atque etiam quum ad fluvium Sagram. Cette histoire est rapportée par Strabon, Plutarque, Justin et Suidas.
III. Ea, quœ futura sunt, ostendi, monstrari, partendi, prœdici. Je me contente d'énoncer clairement la proposition, sans appuyer sur chaque mot du texte, notre langue n'ayant pas les quatre synonymes qui sont ici dans le latin. D'Ol.
P. Claudii bello Punico primo temeritas. Voyez Valère-Maxime, i, 4, 3.
C. Flaminium Cœlius religione neglecta. Célius, historien qui n'était point savant, qui manquait d'exactitude, qui écrivait sans politesse, le meilleur pourtant que Rome eût fourni jusqu'alors. C'est ainsi qu'en parle Cicéron, De Orat. ii, 13. D'Ol.
An Attii Navii lituus ille. Cette histoire est contée plus au long dans le premier livre de la Divination, où il est dit que Navius ayant perdu un de ses pourceaux. fit vœu que s'il le retrouvait, il offrirait aux Dieux la plus belle grappe de raisin qu'il y aurait dans toute l'étendue de la vigne où il était; que l'ayant retrouvé, il s'arrêta au milieu de cette vigne, la partagea en quatre cantons, et après avoir eu le présage des oiseaux contraires dans trois, enfin trouva dans le quatrième une grappe d'une merveilleuse grosseur. D'Ol.
Nullis auspiciis administrantur, nulla peremnia servantur. On aurait eu peine à m'entendre, si j'avais voulu exprimer mot pour mot ces coutumes, comme elles sont dans le texte; les voici: 1° On ne prend plus les auspices en passant les rivières, nulla peremnia servantur; 2° on ne les prend plus à la pointe des armes, nulla ex acuminibus; 3° on n'appelle plus les hommes dont les noms semblent promettre d'heureux succès, nulli viri vocantur; d'où il arrive que les soldats au moment qu'ils vont combattre ne font plus leurs testaments, ex quo in procintu testamenta perierunt. Des noms de bon augure, c'étaient, par exemple, Valerius, Salvius, Statorius, Victor, etc. D'Ol.
Ut quidam imperatores. Les Décius, père et fils. Voyez Tite-Live, viii, 9; x, 28.
IV. Magna augurum auctoritas. Quid haruspicum ars? Les aruspices et les augures se mêlaient également de prédire l'avenir, mais ils s'y prenaient différemment. La principale fonction de l'aruspice consistait à examiner les entrailles des victimes. Celle de l'augure était d'observer le vol des oiseaux, leur chant, leur manière de manger. Tout cela tenait en même temps à la politique et à la religion, D'Ol.
V. Tum stellis iis, quas Grœci cometas. Le texte ajoute que nous appelons crinitas, étoiles chevelues. Sur la guerre d'Octavius, voyez Florus, liv. iii, 21; Appien, liv. i des guerres civiles. D'Ol.
Tuditano et Aquillio consulibus. L'an de Rome 559. Voyez Tite-Live, xxxix, 25.
VI. Ut ait apud Xenophontem Socrates. On peut voir l'entretien de Socrate et d'Aristomène, rapporté par Xénophon, Memorab. l. 4. Cette demande n'y est pas en termes formels, mais elle naît du principe que Socrate y établit. D'Ol.
VII. Tanta rerum consentiens, conspirans. Je dis indifféremment l'Univers, ou le Monde, parce que ces deux termes sont équivalents pour nous; mais les Stoïciens y mettaient une différence bien remarquable, selon Plutarque de Plac. Phil.. II, i. Οἱ Στοῖκοι διαφέρειν τὸ πᾶν, καὶ ὸ ὅλον, λέγουσι· πᾶν μὲν γὰρ εἶναι τὸ σὺν κένῳ ἄπειρον. Ὅλον δὲ, χωρὶς τοῦ κενοῦ, τὸν κόσμον. Amyot et le traducteur latin, qui ont suivi cette leçon, ne font point assez sentir la pensée des Stoïciens. Juste Lipse, guidé par Stobée, corrige ainsi ce passage, Physiol. Stoic. n, 6: Πᾶν γὰρ εἶναι σὺν κένῳ ἀπείρῳ. Par le Monde, les Stoïciens entendaient donc les cieux et la terre, avec tout ce qui y est renfermé. Par l'Univers, ils entendaient non-seulement les cieux et la terre avec tout ce qui y est renfermé, mais encore le vide infini qu'ils supposaient au delà du monde. Car ils croyaient le monde plein et limite, mais au delà ils supposaient des espaces in finis et absolument vides. D'Ol.
IX. Atque etiam ex puteis jugibus. «L'eau de puits est tiède;» le texte ajoute une épithète, qui spécifie les puits d'eau vive. D'Ol.
XI. Naturam que eam, quœres omnes complexa teneat. On voit par là, et par toute la suite du raisonnement, ce que les Stoïciens appelaient l'âme du monde. C'était cette intelligence, cette raison, qu'ils croyaient répandue dans la nature, comme le dit Cicéron encore plus clairement dans les Questions Académiques: «In natura sentiente ratio perfecta inest quam vim animum dicunt esse mundi.» Et ce principe intelligent, sensitif, raisonnable, qu'était-ce? Rien autre chose que le feu de l'éther, qui pénètre tous les corps. Ou plutôt, rien autre chose que des lois mécaniques qu'ils attribuaient principalement au feu céleste, et suivant lesquelles tout se formait, tout agissait nécessairement, Acad. i, 7. D'Ol.
XII. Audiamus enim Platonem. Endroit de Platon, tiré du Phèdre et reproduit dans les Tusculanes, i, 23, et dans le Songe de Scipion, Republ. vi, 18.
XIII. Neque enim est quidquam aliud praeter mundum. Voilà l'exclusion formelle d'un esprit pur, qui soit créateur de l'Univers, et qui ne soit rien de ce qu'est l'Univers. D'Ol.
XVI. Constantia neque naturam significat. Balbus prend ici la nature dans le sens de ses antagonistes, qui n'admettaient qu'une nature aveugle et stupide. D'Ol.
XVII. Minimeque respiciens patriam. L'Attique, pays si renommé pour être celui des esprits fins et délicats. D'Ol.
XVIII. Nunquam eruditum illum pulverem. Ceci s'adresse eu général à tous les Épicuriens. On voit par là que les géomètres traçaient autrefois leurs figures sur de la poussière, comme ils y emploient présentement le crayon ou la plume. D'Ol.
Coeli palatum, ut ait Ennius. Voici un passage de Varron, conservé par saint Augustin, Cité de Dieu, liv. iii, 8. «Palatium græce οὐρανὸν appellant; et nonnulli poetae latini cælum vocaverunt palatum.»
XX. Tum omnino ne moventur quidem. Les planètes jamais ne s'arrêtent véritablement; mais quelquefois elles ne semblent ni avancer ni reculer; et dans cet état nous les appelons stationnaires. D'Ol.
Quam longa sit, magna quœstio est. Ciceron avait 173 reconnu ailleurs cette question pour toute décidée, s'il faut s'en rapporter à un passage tiré de son Hortensius, et conservé par Servius, Æneid. iii, 284, où il est dit que cette grande année arrive au bout de 12954 ans. D'Ol.
XXIII. Epicurus monogrammos eos. Des Dieux d'un seul trait. Métaphore tirée de la peinture. Voyez plus haut, liv. i, 25 et 35.
Ex quo illud Terentii. Eunuchii. iv, 5. Le vers français est de Marot.
XXIV. Ex mysteriis intelligi potest. Voyez saint Augustin, Cité de Dieu, vi, 9; vii, 2.
Sed quod ex nobis ...... Phrase omise par d'Olivet. «Comme nous appelons nos enfants liberi, ceux de Cérès ont été nommés liber et libera; le nom de liber a été conservé, mais non pas celui de libera.» Nous traduisons suivant le texte d'Orelli, heureusement corrigé: «Quod in libero servant, in libera non item.»
Quum et optimi essent et œterni. Les Stoïciens ne croyaient pas les âmes tout à fait immortelles, mais seulement ils les faisaient vivre longtemps, comme des corneilles, dit Cicéron, Tuscul. i, 31. «Stoici usuram nobis largiuntur, tanquam cornicibus, diu mansuros aiunt animos, semper negant.» Vossius, dans son traité de l'Idolâtrie, liv. i, 10, croit que par ce longtemps ils entendaient tout le temps que durera ce monde-ci jusqu'à l'embrasement général, dont Balbus fera mention un peu plus bas. Ces âmes particulières devaient alors, comme tout le reste, s'abîmer dans l'âme universelle, qui était leur principe. Jusque-là elles habitaient dans la haute région, où elles n'avaient qu'à philosopher tout à leur aise, souverainement heureuses par la claire vision de l'univers, ainsi que Cicéron l'explique dans sa première Tusculane et dans le Songe de Scipion. D'Ol.
XXV. Saturnus autem est appellatus. On ne saurait entendre cette étymologie qu'avec le secours du latin. La phrase précédente dépend toute de l'orthographe grecque κρόνος et χρόνος. D'Ol.
XXVI. Junonis nomine consecratur. Delà cette ingénieuse fiction, rapportée par saint Athanase, lib. i, Contra gentes: que c'est Junon qui a persuadé aux hommes de se vêtir. D'Ol.
Neptunus a nando. On peut bien s'attendre que Cotta, dans le troisième livre, sifflera cette étymologie. Mais comment dit-on que Neptune s'est fait de nager, en changeant un peu les premières lettres? Au contraire, la première est la seule qui se trouve dans Neptunus et dans le verbe nare, nager. D'Ol.
Mater autem est a gerendis frugibus Ceres. D'Olivet fait dire à Cicéron «qu'il ne rapporte point les étymologies de Cérès, de Mars, etc.;» mais il ajoute en note: «C'est au traducteur d'avouer qu'il ne rapporte point ces étymologies; mais Cicéron les rapporte effectivement.» Nous sommes obligé, pour reproduire, autant que la langue française le permet, l'auteur latin, sans l'altérer ou le dénaturer, d'essayer de traduire tout ce qui suit jusqu'à la fin du chap. xxvii. «Le nom de Cérès vient a gerendis fructibus, comme qui dirait Gères; et le hasard fait que nous changeons la première lettre comme les Grecs, qui nomment celte déesse Δημήτηρ ou bien Γημήτηρ. Mavors (ou Mars) vient de qui magna verltret (qui remue ou produit de grandes choses), et Minerve signifie, quœ minueret qui diminue ou amortit), vel minaretur (qui menace).
XXVII. Comme en toutes choses le commencement et la fin ont une grande importance, on a voulu que Janus le premier reçût nos sacrifices. Son nom vient ab eundo (d'aller), et c'est de là qu'on a nommé les lieux de passage jani, et les portes d'entrée des édifices profanes januœ. Nous avons emprunté aux Grecs le nom de Vesta; c'est la déesse qu'ils nomment Ἑστία. Son pouvoir tutélaire s'étend sur les autels et les foyers; c'est pourquoi, comme elle est la gardienne de notre intérieur, c'est à elle que nous adressons toujours nos dernières prières, et la dernière fumée de nos sacrifices monte vers elle: c'est à peu près le même patronage qu'exercent les Dieux Pénates, dont le nom est tiré ou de penus, l'expression qui désigne tout ce dont les hommes se nourrissent, ou de penitus, parce qu'ils résident au fond de nos demeures; c'est de là que nos poètes ont pris sujet de les nommer aussi Pénétrates. Le nom d'Apollon est grec; Apollon et le soleil, ce n'est qu'un; il en est de même de Diane et de la lune. Le soleil est ainsi nommé, ou parce qu'il est seul, solus, d'une telle grandeur entre tous les astres; ou parce que son éclat les efface tous et qu'il paraît seul, lorsqu'il est sur l'horizon. Lune vient de lucendo, luire; c'est la même divinité que Lucine. Chez les Grecs, les femmes en travail invoquent Diane Lucifère; chez nous, elles invoquent Junon-Lucine. On donne à cette même Diane le surnom d'omnivaga (errante partout), non parce qu'elle est la déesse de la chasse, a venando, mais parce qu'on la compte au nombre des sept étoiles dites errantes, vagantibus. Pour le nom de Diane, il vient sans doute de ce qu'elle répand la nuit comme une espèce de jour. La persuasion où l'on est que Diane procure des couches heureuses est fondée sur ce que les enfants viennent au bout de sept mois lunaires, ou, plus ordinairement, au bout de neuf. On appelle les mois menses, à cause de la carrière déterminée, spatia mensa, fournie par la lune qui les mesure. Ce patronage de Diane a donné lieu à une jolie pensée du Timée. Après avoir raconté, dans son histoire, que la nuit qu'Alexandre vint au monde, le temple de Diane brûla à Ephèse, il ajoute qu'en cela il n'y avait rien d'étonnant parce que Diane, qui voulut se trouver aux couches d'Olympiaσ, était absente de chez elle pendant l'incendie de sou temple. Nos pères ont nommé Vénus Venerem, la déesse qui vient, quœ veniret, en quelque sorte, animer tous les êtres; et le mot venustas (grâce) dérive plutôt de Vénus que Vénus ne dérive de venustas.»
XXVIII. Qui autem omnia quœ ad cultum Deorum...... Cette phrase est presque entièrement omise dans la traduction. «On nomma religieux ceux qui remplissaient tous les devoirs du culte envers les Dieux, et y revenaient souvent (religiosi, relegere), comme on a tiré élégant d'eligere (choisir), diligent de diligere, intelligent d'intelligere; car tous ces mots emportent l'idée de choisir, legendi, comme religieux lui-même.»
XXIX. Velut a te ipso hesterno die dictum est. Cicéron, par la manière dont il s'explique à la fin de sa préface, feint, ce semble, que tout ce qui est contenu dans ces trois livres fut dit chez son ami Cotta le même jour, et dans le même entretien. Les transitions, au commencement du second et du troisième livre, font aussi juger qu'il n'y eut qu'une seule conversation suivie, et non interrompue. Cependant Balbus parle ici comme si le discours de Velléius s'était tenu la veille, hesterna die; et dans le troisième livre, il arrive de même à Cotta de supposer de l'intervalle entre le discours de Balbus et sa réfutation, quœ a te nudius tertius dicta sunt. Ce sera une méprise de Cicéron, si l'on veut; mais elle m'a autorisé à intituler cet ouvrage au pluriel, Entretiens sur la nature des Dieux. D'Ol.
XXXIII. Quum quatuor sint genera corporum. Les quatre éléments. Car les Stoïciens n'admettaient rien de plus.
Voyez Acad. i, II. De naturis (Zeno) sic sentiebat, primum est in quatuor initiis rerum illis, etc. D'Ol.
XXXV. Atque ille apud Attium pastor. Attius, ou Accius. L'endroit dont il s'agit est un récit qu'il faisait dans une de ses tragédies, que Nonius Marcellus intitule Médée 174 et Priscien, les Argonautes; ce qui revient au même. D'Ol.
XXXV. Auditoque nautico cantu. C'était la pratique déjouer des instruments et de chanter dans un navire, afin que les rameurs fissent les manœuvres tous à la fois en cadence. D'Ol.
XXXVI. Mutuemur hoc quoque verbum. Passage omis jusqu'à la phrase: Ex œthere igitur. «Nous pouvons aussi emprunter celle expression, et l'on dira en latin éther, aussi bien que l'on dit air, aer; quoique Pacuvius ait recouru à une interprétation. Ces espaces immenses dont je parle, nous les nommons le ciel, et les Grecs le nomment éther. — (Comme si ce n'était pas un Grec qui parlait mais il parle latin, sans doute. Mais ne devons-nous pas croire que nous entendons du grec? Pacuvius ailleurs nous en donne lui-même l'exemple: c'est un Grec; son langage le trahit.) Mais revenons à des objets plus graves.»
XXXVII. Non colore, non qualitate aliqua. La couleur, la chaleur et autres qualités semblables ne conviennent, selon Épicure, qu'à des composés. Les atomes n'ont de propriétés naturelles que la grandeur, la pesanteur, et et qui résulte essentiellement de la figure, comme d'être rude ou poli. D'Ol.
Prœclare ergo Aristoteles. Ce passage d'Aristote ne se trouve pas dans les écrits qui nous restent de lui.
XL. Luna autem, quœ est, ut ostendunt mathematici. On démontre que la lune est 45 fois plus petite que la terre. Mais Plutarque, de Placit. Philos. ii, 27, nous apprend que les Stoïciens croyaient la lune plus grande que la terre: dès lors nous aurions tort d'imputer à Cicéron même l'erreur de Balbus, qu'il fait parler conformément aux préjugés du Portique. Voyez aussi Stobée, Ecl. Phys. D'Ol.
Stellarum inerrantium maxima multitudo. Les anciens réduisaient le nombre des étoiles perceptibles à 1022, dont étaient 343 pour les douze signes du Zodiaque; 364 pour les vingt-deux constellations septentrionales; 315 pour les dix méridionales. Ce qu'il y a de certain maintenant, c'est que le nombre des étoiles est innombrable. Voyez Gassendi, Phys. Lect.ii, 2, I. D'Ol.
XLI. Hoc loco me intuens. Jetant les yeux sur Cicéron, qui n'assistait à cet entretien que comme auditeur.
Cetera labuntur. Les autres, c'est-à-dire, les fixes. Aratus venait de parler des errantes dans les vers précédents, que Balbus ne rapporte pas. D'Ol.
Ex his altera apud Graios. Passage omis. «L'une est appelée chez les Grecs Cynosure, et la seconde Hélicé. Celle ci nous fait voir pendant toutes les nuits ces étoiles si brillantes, que nos Romains ont coutume d'appeler Septentrion.
XLII. Engonasia vocitant. Les Grecs l'appellent Engonasin (agenouillé), parce qu'il s'appuie sur les genoux.
Quem... pertinent Ophiuchum. Que les Grecs appellent Ophiuchus.
Arctophylax, vulgo qui dicitur. Son gardien, Arctophylax.
XLIII. Has Grœci stellas Hyadas. Passage omis. «Les Grecs appellent ces étoiles Hyades, parce qu'elles annoncent la pluie; ὕειν en grec, signifie pleuvoir. Nous les appelons mal à propos suculœ, comme s'il fallait faire dériver leur nom de sus, et non pas de la pluie qu'elles présagent.
XLIV. Graio Procyon qui nomine. Le petit Chien que les Grecs nomment Procyon.
XLVIII. Pinna vero.... duabus grandibus patula. Voyez de Finibus, iii, 19; Plutarque, de Solert. Anim., 30; Pline, Hist. Nat., ix, 42; Pline, Hist. Anim., iii, 29.
XLIX. Avem quamdam, quœ platalea. Cet oiseau est nommé platea dans Pline, x, ii, et πελεκᾶν dans Aristote, Hist. Anim., viii, 15. Ce qui ne doit pas faire croire que ce soit le pélican, qui, de la manière dont nos peintres le représentent, est un oiseau imaginaire. Le savant P. Hardouin, dans son Commentaire sur Pline, dit que la platalée ne nous est point connue. D'Ol.
L. Vomitione canes, purgatione autem alvos ibes. On sait que les chiens se font vomir en mangeant de l'herbe. Pour ce qui regarde l'ibis, les voyageurs nous apprennent que cet animal se seringue avec son bec rempli d'eau salée. D'Ol.
Cervœque paulo ante partum. Aristote, Hist. Animal., ix, 5, dit que les biches se purgent avec du sézeli après qu'elles ont faonné, au lieu que Cicéron les fait purger auparavant. Pline, viii, 32, et xxv, 8, les fait purger avant et après. Ont-elles des médecins, dont l'un dise blanc, l'autre noir? D'Ol.
Atramenti effusione sœpiœ, torpore torpedines. Voyez Plutarque, de Solert. Anim.; Pline, xxxii, 1.
LIII. Ventos Etesias. Vents qui régulièrement chaque année se lèvent deux jours après que le soleil est entré au signe du Lion, et ils règnent quarante jours de suite. Tous les soirs ils se calment, pour ne reparaître qu'avec l'aurore. On les appelle sur mer les dormeurs. D'Ol.
LXIII. Ferrea tum vero proles. Vers tirés de la traduction d'Aratus par Cicéron, 130 sqq.
LXVI. Magna Dii curant, parva negligunt. Platon, dans le Traité des Lois, x, 12, dit formellement le contraire: «O mon fils, le Modérateur de toutes choses les a disposées pour la conservation et le bien de l'ensemble; agissantes ou passives, leurs moindres parties sont dans l'ordre; chacune est surveillée par un génie qui règle ce qu'elle doit faire ou souffrir, et ces génies gouvernent jusqu'au dernier atome. Et toi-même, faible mortel, ton être imperceptible dans l'immensité se rapporte et obéit au dessein général» Ce n'est pas la seule différence essentielle qu'il y ait entre Platon et les Stoïciens.
LIVRE TROISIÈME.
II. Habeoque C. Lœlium augurem. Le sujet de cette harangue est exposé par Lélius lui-même dans le Traité de l'Amitié, ch. 25.
Quœ nunquam profecto sine summa placatione Deorum. Cicéron, de Harusp. resp. 9, met les Romains en parallèle avec les autres nations, et ne leur donne le dessus qu'en ce qui concerne la religion. «Pietate, ac religione, omnes gentes nationesque superavimus.»
V. Et quos Homerus, qui recens ab illorum œtate fuit.... Dans l'Iliade, iii, 243 sq. Voyez ci-dessus, liv. ii, c. 2.
VI. Sequuntur, quœ futura sunt. Ou la transition est un peu brusque, ou il y a ici, comme le prétendent les critiques, une petite lacune, mais qui n'intéresse point la suite du raisonnement. Des apparitions Cotta passe aux prédictions, qui est l'ordre que Balbus avait gardé. D'Ol. Nous croyons qu'il n'est nullement besoin de recourir ici à la supposition d'une lacune.
Quis invenit fissum jecoris. Voyez le traité de la Divination, ii, 23.
VII. Eodemque illa etiam differemus, quod Chrysippum. Cela n'est pas exactement vrai; car dans un moment, et avant que d'en venir à l'article de la Providence, Cicéron 175 va parler de tout ce qu'il propose ici. Et c'est sans doute pour imiter la liberté des conversations qu'il secoue le joug de la méthode. D'Ol.
Omniaque, quœ a te medius tertius. Voyez une note sur le livre ii, ch. 29. Ce passage y est cité.
IX. In formica non modo sensus, sed etiam mens. C'est un argument ad hominem, d'où l'on peut conclure, non pas que l'Académicien Cotta crût l'âme des bêtes, mais que le Stoïcien Balbus la croyait, ou la devait croire, conformément à ses principes. «Esse apibus partem divinœ rnentis et haustus Ætherios dixere....» Georg., iv, 221. D'Ol.
Isto modo etiam disertus. Cicéron dit seulement disertus; mais il n'était pas question ici d'appuyer sur la différence qu'il y a entre un homme disert et un homme éloquent. Nous lisons dans le de Orat., i, 21: «Scripsi disertos me cognosse nonnullos, eloquentem neminem.» Au reste voyez la réponse des Stoïciens h cette objection dans Sextus Empiricus, adv. Math. On dirait, à peu de chose près, qu'il n'est que le traducteur de Cicéron dans ce qu'il a écrit des Dieux. D'Ol.
X. Quid? Oceani fervore illis locis. Aujourd'hui le détroit de Gibraltar.
Versutos eos appello. Phrase omise. «J'appelle subtils (versutos), ceux dont l'esprit passe promptement d'une idée à l'autre (celeriter versatur), et exercés (callidos), ceux dont l'esprit s'est affermi par l'exercice (concalluit), comme la main s'endurcit par le travail.»
Quemadmodum docebo, a natura confirmatum. Cela devait être dans la troisième partie, que nous n'avons point. Mais il semble qu'en cet endroit Cotta, sortant de ses doutes académiques, se déclare ouvertement pour le système de Straton. Aussi ne l'a-t-il réfuté nulle part, et il l'a encore le confirmer dans un moment. D'Ol.
XI. Quœrit apud Xenophontem Socrates. Socrate, dans son entretien avec Aristodème, dont nous avons parlé à propos du chap. 6 du livre second, emploie ce raisonnement pour démontrer l'existence d'un être supérieur. Il la démontre non-seulement par la nature de notre âme, mais encore par la structure de notre corps, sur laquelle il fait beaucoup de réflexions, que Cicéron paraît avoir copiées dans le second livre. Car, pour le dire en passant, Cicéron n'est presque dans tout cet ouvrage que le copiste des philosophes grecs; mais tellement copiste, qu'il devient lui-même un original inimitable, par la forme qu'il sait donner à ce qu'il emprunte. D'Ol.
Ad harmoniam canere mundum. Cicéron, dans le Songe de Scipion, Republ. vi, 2, tâche d'expliquer cette prétendue harmonie de l'univers.
XII. Illa autem quœ Carneades afferebat. Pour sentir la force de ces objections, il faut se ressouvenir que les Stoïciens regardaient leurs Dieux comme des corps animés. Ils n'avaient point d'autre idée de l'éther, leur Dieu suprême. Ainsi leur montrer que la mortalité est attachée nécessairement à l'animalité, c'était leur fermer la bouche. D'Ol.
Si omne animal mortale, est, immortale nullum est. A cette leçon, qui exprime un raisonnement trop évident, nous préférons celle adoptée par Orelli: «si omne animal tale est, immortale nullum est, si tout animal est tel que je viens de le dire, il n'en est aucun d'immortel.»
XIV. Qui magis, quam prœter animam, unde animantium quoque. Phrase omise. «Pourquoi le feu plutôt que l'air, anima, si nous considérons que c'est de l'air que vient le souffle, animus, des êtres animés, animantium, que nous nommons âme, anima, pour cette raison-là même?»
Hoc totum quale sit, mox. Apparemment cela était dans la troisième partie, que nous n'avons point.
XV. Alabandum Alabandi, Tenedi Tenem. Il y a encore des médailles qui présentent ces deux demi-Dieux.
XVI. Homerus apud inferos conveniri facit. Odyssée, xi, 600.
Is Hercules quem concertavisse cum Apolline. Hercule étant allé pour consulter l'oracle de Delphes, la prêtresse lui fit savoir que le Dieu n'était pas en humeur de répondre ce jour-là. Hercule fit du bruit, et s'emporta jusqu'à renverser et mettre en pièces le trépied sacré. Apollon trouva fort mauvais ce procédé, et il voulut en venir aux mains; mais il eut le dessous. Voyez le Scoliaste de Pindare, Olymp. Od. ix, 45. D'Ol.
XVII. Capedunculis iis. Urnes de terre à deux anses, qui étaient en usage dans les sacrifices.
Panisci etiam et Satyri. Voyez Strabon, x, p. 468; Athénée, v, 7.
Dii habendi sunt Æther et Dies. «L'Éther et la Lumière.» II y a en latin le jour, dies; mais il fallait ici un équivalent qui fut du genre féminin. D'Ol.
XVIII. Moneta, omniaque. Junon Monéta, comme qui dirait la donneuse d'avis. Voyez Cicéron, de Divin, i, 45, et ii, 32; Ovid., Fast, vi, 183.
XIX. Quod Leocorion nominatur.... non inurbane Stratonicus. Voyez Suidas au mot Λεωκόριον. Pour Stratonicus, c'était un joueur de flûte, dont il se trouve d'autres plaisanteries dans Plutarque, dans Athénée, dans Strabon, etc. D'Ol.
XX. Thaumante dicitur esse nata. Thaumas, de θαυμάζειν, admirer.
Maso ex Corsica. Papirius Maso, consul en 522. Voyez Tite-Live, xxix, 29; Pighius, Annal. Mag. rom. ii, p. 103 sq.
Spinonem, Almonem, Nodinum. Rivières de la campagne de Rome. L'Almon coule entre Rome et Ostie.
XXII. Quœ Vulcaniœ nominabantur. Aujourd'hui les Iles de Lipari.
Dia matre natus. J'ai déjà expliqué par quelle raison je dis la lumière pour Dies. Quant à la ligne qui suit dans le texte, on voit assez pourquoi je la supprime. D'Ol.
XXIII. Arcades νόμιον appellant. Nomion, de νόμος, loi.
Tertium, Caprio patre... cui Sabazia. Il faut certainement préférer à cette leçon celle qu'admet Orelli. «Tertium Cabiro patre... cui Cabiria sunt instiluta. Il s'agit ici de Bacchus Cabirus ou Cabire.
Trieterides constitutœ. Fêtes de Bacchus qui se célébraient tous les trois ans.
Sed eo jam unde huc degressi sumus. D'Olivet fait ici une transposition de phrase, dont il prévient, et que l'on peut regarder comme inutile.
XXIV. Saturnus quia se saturat annis. Étymologies répétées du livre ii, ch. 25. D'Olivet lésa supprimées dans l'un et l'autre endroit.
XXV. Orbonœ ad œdem Larum. Orbona, d'orbare, déesse qui faisait mourir les enfants. Comparez Pline, ii, 7.
Efficiam profeclo ut fateare; sed... Non-seulement la phrase n'est point achevée dans le texte, mais ici commence une grande lacune qui nous fait perdre tous les raisonnements de Cotta sur la troisième proposition de Balbus, et une partie de ses réponses sur la quatrième.
176 Je ne sais pourquoi on accuse les chrétiens des premiers siècles d'avoir lacéré tous les manuscrits en cet endroit. Quelle apparence qu'un pieux motif les eût portés à faire périr cet endroit, plutôt que beaucoup d'autres du même livre, qui pouvaient leur paraître non moins dangereux?
Arnobe, lib. iii, nous donne lieu d'en soupçonner les païens. Car nous apprenons de lui qu'ils étaient fort scandalisés de quelques livres de Cicéron, lesquels ne sauraient être que ceux de la Nature des Dieux, et de la Divination. Jusque-là qu'ils demandèrent que le sénat en défendit la lecture et les supprimât par un arrêt solennel, comme étant favorables à la religion chrétienne et propres à ruiner le paganisme.
Arnobe n'a pas voulu dire que ces livres de Cicéron prouvaient directement la religion chrétienne, mais indirectement, en ce qu'ils confondaient l'idolâtrie. Qu'y avait-il en effet de plus capable d'ouvrir les yeux aux païens, et de leur faire sentir leur illusion, que tout ce qui est ici rapporté par Cicéron, sous le nom de Cotta? Ici les faux Dieux sont attaqués par un Romain, par un augure, par un ancien consul. Que pouvaient dire les païens, qui fermât la bouche à un de leurs pontifes initié dans leurs mystères les plus secrets? Aussi cet ouvrage leur parut digne d'être brûlé avec la sainte Bible, sous l'empereur Dioclétien, comme l'a remarqué le cardinal Baronius. D'Olivet.
Le traducteur cite ensuite deux passages de ce long morceau qui nous manque, passages conservés par Lactance, Div. Inst. ii, 3 et 8; et il essaie de renouer le fil des idées de Cotta, et de donner le cadre et la substance de la partie de son argumentation que nous avons perdue. Cette dissertation, qui ne manque ni d'intérêt ni de sagacité, ne peut prendre place dans des notes. Nous nous bornerons à citer les deux passages que nous a conservés Lactance.
I. Non sunt ista vulgo disputanda, ne susceptas publice religiones disputatio talis extinguat. «II ne faudrait pas rendre publique une telle discussion, de peur qu'elle n'anéantit le culte et la religion des peuples.»
II. Primum igitur non est probabile, eam materiam rerum, unde orta sunt omnia, esse divina providentia effectam; sed habere, et habuisse vim et naturam suam. Ut igitur faber, quum quid ædificaturus est, non ipse facit materiam, sed ea utitur quœ sit parata; fictaque item cera: sic isti providentiœ divinœ materiam prœsto esse oportuit, non quant ipsa faceret, sed quam haberet paratam. Quod si non est a Deo materia facta, ne terra quidem, et aqua,et aer, et ignis a Deo factus est.
«D'abord il n'est pas probable que la matière première, d'où toutes choses sont sorties, soit l'œuvre de la divine providence; il est bien plus vraisemblable qu'elle a et qu'elle a toujours eu une existence et une puissance originelles. Tout comme l'architecte qui doit élever un bâtiment n'en fait pas les matériaux, mais emploie ceux qui se présentent à sa main, et que le modeleur ne fait pas la cire qu'il moule; il faut pareillement que cette providence divine ait eu sous sa main une matière qui ne fût point son ouvrage, mais qui se trouvât toute préparée devant l'ouvrier divin. Or, si Dieu n'a pas fait la matière, il n'a fait non plus ni la terre, ni l'eau, ni l'air, ni le feu.»
Dans la quatrième partie de sa démonstration, Balbus avait donné quatre preuves du soin particulier avec lequel les Dieux veillent sur les hommes et les affaires humaines: 1" la structure de notre corps; 2° les perfections de notre âme; 3° l'utilité de tout ce qui est dans le monde par rapport à nous; 4° divers exemples d'hommes illustres qui ont été protégés singulièrement par les Dieux. Nous n'avons que la dernière partie de la réfutation de Cotta; nous le voyons dans ce fragment essayer de détruire la seconde et la quatrième des preuves présentées par Balbus. Le texte reprend au moment où Cotta veut montrer l'abus que l'homme peut faire de son esprit.
XXVI. Parumne ratiocinari videtur. On devine que les deux vers précédents font partie de la réponse que Niobé fit à la prophétesse Manto, qui la pressait d'adorer Latone, Apollon et Diane. Apollon et Diane tuèrent à coups de flèches tous les enfants de Niobé, qui fut elle-même transformée en pierre. D'Ol.
Plusieurs critiques croient que ces vers seraient mieux placés dans la bouche de Médée. On ne sait à quel auteur les attribuer.
Ille transversa mente. C'est Médée qui parle; mais contre qui? Les commentateurs sont partagés là-dessus, mais peu importe d'en savoir la vérité. D'Ol.
Ille funestas epulas fratri. Atrée. Ces vers sont probablement d'Attius, qui avait traité ce sujet tragique.
XXVIII. Nec prodesse Phereeo Jasoni. Voyez Valère-Maxime, i, 7; Sénèque, de Benef. ii, 19; Pline, Hist. Nat, vii, 51.
XXIX. Disputat ille in Eunucho. Comédie de Térence, acte I, scène 1.
Ut Phormio possit dicere. Térence, Phormion, acte II, scène 2.
XXX. Auri Tolosani. Voyez Justin, liv. xxxii, ch. 3. — Tubuli, de pecunia capta. Voyez le Traité de Finibus, ii, 16.
De incestu rogalione Peducœa. Trois vestales, Émilia, Marcia et Licinia, ayant été accusées d'inceste, L. Métellus, grand pontife, condamna la première et renvoya les deux autres. Scxtus Péducéus, tribun du peuple, accusa Métellus d'avoir mal jugé, et apparemment de s'être laissé corrompre. Le peuple nomma L. Cassius pour revoir ce procès. Asconius nous a conservé ces faits dans son commentaire sur le plaidoyer pour Milon. Bouhier.
Inde illa actio. Formule omise: «Je dis que le vol a été conçu, prémédité, exécuté par nous.»
Utinam ne in nemore Pelio. Début de la Médée d'Ennius.
XXXI. Aristo Chius dicere solebat. Voyez plus haut liv. 1,14; Académiq. ii, 39; de finibus, ii, 4; Athénée, xiii, 9.
XXXII. Telamo autem uno versu. Ce vers est vraisemblablement emprunté au Télamon d'Ennius.
In Hispania Pœnus oppressit. Asdrubal. Les deux Scipions, dont il causa la mort, étaient Cnéius et Publius. — Maximus extulit filium. Q. Fabius Maximus,si connu par le surnom de temporiseur, Cunctator.
XXXIII. J. Varius, homo importunissimus. Tribun du peuple, l'an de Rome 662; auteur de la loi Varia, contre ceux dont les suggestions avaient soulevé les alliés contre Rome. Cicéron en parle dans son discours Pro Sexto, 47; dans le Traité de Orat., i, 25; et le Brutus, 49 et 62.
At Phalaris, at Apollodorus poenas sustulit. Phalaris, tyran d'Agrigente, en Sicile. Apollodore, tyran de Potidée, en Macédoine. Tout le monde sait quelle fut la fin du premier; mais pour le second, l'histoire ne dit pas exactement le genre de sa mort. D'Ol.
XXXIV. Dicere solebat Harpalum. Selon plusieurs critiques habiles, il ne s'agit pas de l'officier d'Alexandre qui se sauva à Athènes, après avoir pillé les trésors de son maître, mais d'un brigand de Pamphilie, que Diogèno de Laërce, vi, 74, nomme Scirpalts, et Suidas Scirtalus.
XXXV. Mortuus in Tympanidis rogum. Je m'expliqua d'une manière vague, sans m'embarrasser dans les diver- 177 ses conjectures des commentateurs. D'Ol. Les manuscrits donnent, ou typandis, ou tympanidis, ou timpadis, ou tyrannidis, ou vitimpanitis. Les hypothèses des commentateurs, qui ont essayé de restituer ce passage, sont innombrables. M. Le Clerc préfère la leçon, in tyrannidis rogum.
XXXVIl. Herculi quisquam decumam vovit. Plutarque, Quœst. Rom. 18, examine d'où venait la coutume de vouer la dîme de ses biens à Hercule.
Quoniam ille, ne Apollini quidem. Pythagore n'approuvait point que l'on égorgeât des animaux, même pour les sacrifices. Aussi Porphyre dit-il que le bœuf, immolé aux Muses par Pythagore, n'était que de farine. D'Ol.
XXXVII. Quinam Tantalidarum. Ces vers sont tirés des Pélopides, tragédie d'Attius. Pélops, fils de Tantale et père d'Atrée et de Thyeste, au lieu de la récompense promise à Myrtile, cocher d'Ænomaüs, le jeta dans la mer. C'est cette perfidie qu'on croyait que les Dieux punissaient dans les enfants de Pélops. D'Ol.
Neque enim, quem Hipponactis. Hipponax était affreusement laid. Des sculpteurs qui l'avaient représenté au naturel, ayant exposé sou buste pour faire rire le monde, il fit des vers d'une horrible malignité contre les rieurs, dont quelques-uns se pendirent de rage. Pline, xxxvi, n'en convient pas. — A l'égard d'Archiloque, on dit que ses traits piquants contre Lycambe, qui, après lui avoir promis sa fille eu mariage, lui manqua de parole, réduisirent Lycambe à se pendre. Voyez les commentateurs d'Horace sur l'épître xix du liv. I, v. 25. D'Ol.
Critolaus, inquam, evertit Corinthum; Carthaginem Hasdrubal. Parce que tous deux précipitèrent leur pays dans la guerre contre les Romains. Sur Critolaus, préteur des Achéens, voyez Polybe, in Excerpt. de Legatione, 144. Sur Hasdrubal, voyez Appien in Punicis, 70-130.
XXXIX. Non ut eam tollerem, sed ut intelligeretis. Cotta prend souvent cette précaution d'avertir qu'il n'en veut point à l'existence des Dieux; et celui qui le fait parler de cette sorte convient lui-même qu'il y a de l'affectation. L'endroit où Cicéron fait cet aveu mérite d'être rapporté et bien examiné, parce qu'on y découvre ce que l'auteur jugeait de son ouvrage. C'est dans le 1er livre de la Divination, c. 5. «J'ai achevé depuis peu, lui dit son frère, de lire votre troisième livre de la Nature des Dieux; et quoique les raisons de Cotta m'aient ébranlé, elles ne m'ont pas pourtant fait changer de sentiment. — Vous avez raison, lui dit Cicéron, car Cotta y parle plutôt pour réfuter les arguments des Stoïciens, que pour détruire l'opinion que les hommes ont des Dieux. — Je sais bien, lui répond son frère, que Cotta le dit de la sorte, et même souvent peut-être, pour faire qu'il ne paraisse pas s'écarter de l'opinion commune; mais je vous avoue qu'il me semble qu'à force de vouloir combattre les Stoïciens, il rejette entièrement les Dieux.» D'Ol.
XL. Dabis diem nobis aliquem. La dispute n'a jamais dû recommencer, et Cicéron ne dit ceci que pour se tirer d'intrigue. Car il fait dire par son frère dans le Ier livre de la Divination, incontinent après les paroles que je viens de rapporter, que la cause de la religion ayant été suffisamment défendue par Balbus dans le livre II de ces entretiens, il est inutile de répondre aux objections de Cotta. D'Ol.