Aristote : Physique

ARISTOTE

PHYSIQUE.

TOME DEUX : LIVRE IV : DE L'ESPACE, DU VIDE ET DU TEMPS. CHAPITRE V
 

Traduction française : BARTHÉLÉMY SAINT-HILAIRE.

chapitre IV - chapitre VI

paraphrase du livre IV

 

 

 

LEÇONS DE PHYSIQUE


LIVRE IV.


DE L'ESPACE, DU VIDE ET DU TEMPS.

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE V.

L'espace est en soi et non dans autre chose. Quand on dit qu'une chose est dans une autre, cette expression peut présenter plusieurs acceptions diverses. Être en soi, être dans une autre chose; exemple de l'amphore et du vin. - Doute de Zénon sur la nécessité de placer l'espace dans un autre espace. Si on le fait un être réel; solution de cette objection; nature véritable de l'espace. - Résumé de ces considérations préliminaires.
 

1 Μετὰ δὲ ταῦτα ληπτέον ποσαχῶς ἄλλο ἐν ἄλλῳ λέγεται. Ἕνα μὲν δὴ τρόπον ὡς ὁ δάκτυλος ἐν τῇ χειρὶ καὶ ὅλως τὸ μέρος ἐν τῷ ὅλῳ. Ἄλλον δὲ ὡς τὸ ὅλον ἐν τοῖς μέρεσιν· οὐ γάρ ἐστι παρὰ τὰ μέρη τὸ ὅλον. Ἄλλον δὲ τρόπον ὡς ὁ ἄνθρωπος ἐν ζῴῳ καὶ ὅλως εἶδος ἐν γένει. Ἄλλον δὲ ὡς τὸ γένος ἐν τῷ εἴδει καὶ ὅλως τὸ μέρος τοῦ εἴδους ἐν τῷ λόγῳ. Ἔτι ὡς ἡ ὑγίεια ἐν θερμοῖς καὶ ψυχροῖς καὶ ὅλως τὸ εἶδος ἐν τῇ ὕλῃ. Ἔτι ὡς ἐν βασιλεῖ τὰ τῶν Ἑλλήνων καὶ ὅλως ἐν τῷ πρώτῳ κινητικῷ. Ἔτι ὡς ἐν τῷ ἀγαθῷ καὶ ὅλως ἐν τῷ τέλει· τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ οὗ ἕνεκα. Πάντων δὲ κυριώτατον τὸ ὡς ἐν ἀγγείῳ καὶ ὅλως ἐν τόπῳ.

2 Ἀπορήσειε δ' ἄν τις, ἆρα καὶ αὐτό τι ἐν ἑαυτῷ ἐνδέχεται εἶναι, ἢ οὐδέν, ἀλλὰ πᾶν ἢ οὐδαμοῦ ἢ ἐν ἄλλῳ. Διχῶς δὲ τοῦτ' ἔστιν, ἤτοι καθ' αὑτὸ ἢ καθ' ἕτερον.  3 Ὅταν μὲν γὰρ ᾖ μόρια τοῦ ὅλου τὸ ἐν ᾧ καὶ τὸ ἐν τούτῳ, λεχθήσεται τὸ ὅλον ἐν αὑτῷ·  4 λέγεται γὰρ καὶ κατὰ τὰ μέρη, οἷον λευκὸς ὅτι ἡ ἐπιφάνεια λευκή, καὶ ἐπιστήμων ὅτι τὸ λογιστικόν. Ὁ μὲν οὖν ἀμφορεὺς οὐκ ἔσται ἐν αὑτῷ, οὐδ' ὁ οἶνος· ὁ δὲ τοῦ οἴνου ἀμφορεὺς ἔσται· ὅ τε γὰρ καὶ ἐν ᾧ, ἀμφότερα τοῦ αὐτοῦ μόρια. 5 Οὕτω μὲν οὖν ἐνδέχεται αὐτό τι ἐν αὑτῷ εἶναι, πρώτως δ' οὐκ ἐνδέχεται. Οἷον τὸ λευκὸν ἐν σώματι (ἡ ἐπιφάνεια [210b]  γὰρ ἐν σώματι), ἡ δ' ἐπιστήμη ἐν ψυχῇ· κατὰ ταῦτα δὲ αἱ προσηγορίαι μέρη ὄντα, ὥς γε ἐν ἀνθρώπῳ (ὁ δὲ ἀμφορεὺς καὶ ὁ οἶνος χωρὶς μὲν ὄντα οὐ μέρη, ἅμα δέ· διὸ ὅταν ᾖ μέρη, ἔσται αὐτὸ ἐν αὑτῷ)· οἷον τὸ λευκὸν ἐν ἀνθρώπῳ ὅτι ἐν σώματι, καὶ ἐν τούτῳ ὅτι ἐν ἐπιφανείᾳ· ἐν δὲ ταύτῃ οὐκέτι κατ' ἄλλο. Καὶ ἕτερά γε τῷ εἴδει ταῦτα, καὶ ἄλλην φύσιν ἔχει ἑκάτερον καὶ δύναμιν, ἥ τ' ἐπιφάνεια καὶ τὸ λευκόν.

6 Οὔτε δὴ ἐπακτικῶς σκοποῦσιν οὐδὲν ὁρῶμεν ἐν ἑαυτῷ κατ' οὐδένα τῶν διορισμῶν, 7 τῷ τε λόγῳ δῆλον ὅτι ἀδύνατον· δεήσει γὰρ ἀμφότερα ἑκάτερον ὑπάρχειν, οἷον τὸν ἀμφορέα ἀγγεῖόν τε καὶ οἶνον εἶναι καὶ τὸν οἶνον οἶνόν τε καὶ ἀμφορέα, εἴπερ ἐνδέχεται αὐτό τι ἐν αὑτῷ εἶναι. 8 Ὥστ' εἰ ὅτι μάλιστα ἐν ἀλλήλοις εἶεν, ὁ μὲν ἀμφορεὺς δέξεται τὸν οἶνον οὐχ ᾗ αὐτὸς οἶνος ἀλλ' ᾗ ἐκεῖνος, ὁ δ' οἶνος ἐνέσται ἐν τῷ ἀμφορεῖ οὐχ ᾗ αὐτὸς ἀμφορεὺς ἀλλ' ᾗ ἐκεῖνος. Κατὰ μὲν οὖν τὸ εἶναι ὅτι ἕτερον, δῆλον· ἄλλος γὰρ ὁ λόγος τοῦ ἐν ᾧ καὶ τοῦ ἐν τούτῳ.

9 Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ κατὰ συμβεβηκὸς ἐνδέχεται· ἅμα γὰρ δύο ἐν ταὐτῷ ἔσται· αὐτός τε γὰρ ἐν αὑτῷ ὁ ἀμφορεὺς ἔσται, εἰ οὗ ἡ φύσις δεκτική, τοῦτ' ἐνδέχεται ἐν αὑτῷ εἶναι, καὶ ἔτι ἐκεῖνο οὗ δεκτικόν, οἷον, εἰ οἴνου, ὁ οἶνος. Ὅτι μὲν οὖν ἀδύνατον ἐν αὑτῷ τι εἶναι πρώτως, δῆλον·

10 ὃ δὲ Ζήνων ἠπόρει, ὅτι εἰ ὁ τόπος ἐστί τι, ἔν τινι ἔσται, λύειν οὐ χαλεπόν· οὐδὲ γὰρ κωλύει ἐν ἄλλῳ εἶναι τὸν πρῶτον τόπον, μὴ μέντοι ὡς ἐν τόπῳ ἐκείνῳ, ἀλλ' ὥσπερ ἡ μὲν ὑγίεια ἐν τοῖς θερμοῖς ὡς ἕξις, τὸ δὲ θερμὸν ἐν σώματι ὡς πάθος. Ὥστε οὐκ ἀνάγκη εἰς ἄπειρον ἰέναι. 11 Ἐκεῖνο δὲ φανερόν, ὅτι ἐπεὶ οὐδὲν τὸ ἀγγεῖον τοῦ ἐν αὐτῷ (ἕτερον γὰρ τὸ πρώτως ὅ τε καὶ ἐν ᾧ), οὐκ ἂν εἴη οὔτε ἡ ὕλη οὔτε τὸ εἶδος ὁ τόπος, ἀλλ' ἕτερον. Ἐκείνου γάρ τι ταῦτα τοῦ ἐνόντος, καὶ ἡ ὕλη καὶ ἡ μορφή.

12 Ταῦτα μὲν οὖν ἔστω διηπορημένα.

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§ 1. Ceci posé, il faut expliquer en combien de sens on peut dire qu'une chose est dans une autre chose. Selon une première acception, c'est comme on dit que le doigt est dans la main, et d'une manière générale que la partie est dans le tout. Une acception inverse, c'est quand on dit que le tout est dans les parties; car, en dehors des parties, le tout n'existe pas. Dans un troisième sens, on dit que l'homme est dans l'animal ; et, d'une manière générale, que l'espèce est dans le genre. En un autre sens encore, c'est comme le genre dans l'espèce, et, d'une manière générale, le genre de l'espèce dans la définition de l'espèce. Etre dans une chose peut avoir aussi le sens où l'on dit que la santé est dans les influences du chaud et du froid, c'est-à-dire d'une manière générale comme la forme dans la matière. De plus, c'est comme quand on dit que les affaires de la Grèce sont dans les mains du Roi, c'est-à-dire à considérer la chose d'une manière générale, dans le premier moteur. Une autre acception où l'on dit qu'une chose est dans une autre, c'est quand on la considère comme étant dans le bien, et généralement dans la fin, c'est-à-dire le pourquoi, le but où elle tend. Enfin, l'acception la plus propre de toutes, c'est celle où l'on dit que la chose est dans une autre, comme dans un vase, et, d'une manière générale, dans un lieu, dans l'espace.

§ 2. Maintenant on peut se demander s'il est possible qu'une chose, restant telle qu'elle est, soit elle-même dans elle-même, ou si rien ne peut être de la sorte, et si toutes les choses doivent ou ne point être du tout ou être dans une autre. § 3. Mais quand on dit qu'une chose est dans quelque chose, cette expression a un double sens, et c'est ou en soi ou relativement à un autre. § 4. Ainsi, comme les parties d'un tout sont à la fois et la partie qui est dans le tout et ce qui est dans cette partie, on pourra dire en ce sens que le tout est dans lui-même ; car le tout est aussi dénommé d'après les parties. Par exemple, on dit d'un homme qu'il est blanc, parce que sa surface est blanche; et l'on dit qu'il est savant, parce que sa partie raisonnable est savante. Mais on ne peut pas dire que l'amphore soit dans elle-même, non plus que le vin; seulement on peut dire que l'amphore de vin est dans elle-même; car le vin qui est dans le vase et le vase dans lequel il est sont tous les deux les parties d'un même tout. En ce sens donc, une chose peut être elle-même dans elle-même. § 5. Mais ces expressions ne peuvent jamais signifier que la chose est primitivement dans elle-même; par exemple, la blancheur est bien dans le corps, puisque la surface qui est blanche [210b] est dans le corps ; la science est bien aussi dans l'âme; et les appellations sont formées d'après ces choses qui sont de simples parties, en ce sens qu'elles sont dans l'homme. Mais l'amphore et le vin, considérés isolément l'un de l'autre, ne sont pas des parties d'un tout; ce ne sont des parties que quand on les réunit tous les deux. Lors donc qu'il s'agit des parties, on pourra dire que la chose même est dans elle-même. Ainsi, la blancheur est dans l'homme, parce qu'elle est dans le corps; et elle est dans le corps, parce qu'elle est dans la surface; car la blancheur n'est plus dans la surface médiatement et par une autre chose ; mais c'est que la blancheur et la surface sont d'espèce différente, et qu'elles ont chacune une nature et une propriété diverses.

§ 6. En recourant à l'induction, nous voyons que rien n'est dans soi-même suivant aucune des définitions ci-dessus données. § 7. Et la raison aussi suffit à démontrer que c'est impossible; car il faudra que chacune des deux choses soient à la fois l'une et l'autre; par exemple, l'amphore devra être à la fois le vase et le vin ; et, à son tour, le vin devra être le vin et l'amphore, du moment qu'on admet qu'une chose peut être elle-même dans elle-même. § 8. Par conséquent, les deux objets auraient beau être le plus complètement possible l'un dans l'autre, l'amphore contiendra toujours le vin, non pas en tant qu'elle est elle-même le vin, mais en tant que le vin est ce qu'il est; et réciproquement, le vin sera dans l'amphore, non pas en tant qu'il est lui-même l'amphore, mais en tant que l'amphore est ce qu'elle est. Donc il est évident qu'essentiellement le vin et l'amphore sont autres; car la définition du contenant est différente de la définition du contenu.

§ 9. Même sous le simple point de vue de l'accident, ce n'est pas plus possible; car il faudrait en ce cas que deux corps fussent à la fois dans un seul et même corps. Ainsi, d'une part, l'amphore même serait dans elle-même, si une chose dont la nature est d'en recevoir une autre, peut être dans elle-même; et d'autre part, il y aurait de plus dans l'amphore ce qu'elle peut recevoir, c'est-à-dire du vin, si c'est du vin qu'elle reçoit. Donc évidemment il ne se peut jamais qu'une chose soit primitivement dans elle-même.

§ 10. Quant au doute de Zénon, qui demandait dans quoi on placera l'espace si l'on fait de l'espace quelque chose de réel, il n'est pas difficile d'y répondre. Rien en effet n'empêche que le lieu primitif, l'espace primitif ne soit dans une autre chose sans y être cependant comme dans un lieu, mais en y étant comme la santé est dans la chaleur, en tant que disposition et habitude, et comme la chaleur est dans le corps en tant qu'affection corporelle. Par conséquent, il n'est pas besoin de remonter à l'infini. § 11. Évidemment, comme le vase n'est rien de ce qui est en lui, puisque le contenant primitif et le contenu sont choses fort distinctes, il s'ensuit que l'espace n'est ni la matière, ni la forme, et qu'il est tout autre chose; car la matière et la forme sont l'une et l'autre les éléments de ce qui est dans l'espace.

§ 12. Telles sont donc en résumé les discussions qui ont été soulevées relativement à la nature de l'espace.

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Ch. 5. § 1. En combien de sens on peut dire, comme ces acceptions diverses sont parfois presque purement verbales, il faut se rappeler qu'elles peuvent fort bien ne pas avoir des équivalents exacts dans notre langue ; et c'est ce que prouve le premier exemple donné par Aristote.

- Le doigt est dans la main, cette locution, qui est sans doute excellente en grec, est à peine acceptable dans notre langue ; et nous devrions dire : « Le doigt fait partie de la main » ; mais j'ai de conserver lu tournure particulière qui permet d'employer la préposition Dans, sur laquelle repose toute cette discussion.

- La partie est dans le tout, c'est en effet, le rapport du doigt à la main. - Inverse, j'ai ajouté ce mot.

- Est dans l'animal, parce que l'Animal est le genre de l'homme, et que l'espèce est dans le genre.

- Le genre dans l'espèce : le genre est compris dans l'espèce en ce sens que, si l'on veut définir l'espèce, il faut d'abord indiquer le genre auquel elle appartient : « L'homme est un animal raisonnable, etc., etc. »

- Etre dans une chose, j'ai cru devoir répéter la formule placée au début du §, pour que tout ce passage fût plus clair.

- Dans les influences du chaud et du froid, le texte dit simplement : dans le chaud et le froid.

- La forme dans la matière, il ne semble pas que ce soit là tout à fait le rapport de la santé au chaud et au froid.

- Dans les mains du Roi, c'est peut-être une allusion au roi de Macédoine, soit Philippe, soit Alexandre, qui, en effet, dominaient la Grèce à cette époque.

 - Dans le premier moteur, parce que le roi est celui qui dirige les affaires de la Grèce et leur donne le mouvement, sans recevoir lui-même l'impulsion de qui que ce soit, si ce n'est de lui seul.

- Dans le bien, la fin étant toujours le bien de la chose dont elle est la fin. Voir le début de la Morale à Nicomaque, Livre I, ch. 1, §§ 1 et 6, p. 2 et 3 de ma traduction. - Dans la fin, ou : « Dans sa fin. »

- Le pourquoi, le but, il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

- Enfin, j'ai ajouté ce mot pour indiquer que cette acception est la dernière.

- Comme dans en vase, voir plus haut ch. 4, § 8.

 - Dans un lieu, dans l'espace, il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

§ 2. Restant telle qu'elle est, le texte dit : Restant une et même.

- Soit elle-même dans elle-même, comme doit être l'espace, s'il n'est pas dans une autre chose, comme toutes les choses sont en lui.

 - Ne peut être de la sorte, c'est-à-dire dans soi-même et non dans une autre.

§ 3. Quand on dit qu'une chose est dans quelque chose, le texte n'est pas aussi explicite, et il dit seulement : « Cela est à double sens. »

- Ou en soi ou relativement à un autre, ou par rapport à la chose elle-même, ou par rapport à une autre chose.

§ 4. Et fa partie qui est dans le tout, le texte n'est pus aussi précis

- Et ce qui est dans cette partie, par exemple une des qualités de cette partie.

- Le tout est dans lui-même, parce que la qualité sera dans la partie, et la partie dans le tout ; il y aura donc telle qualité du tout qui sera dans le tout lui-même; et l'on pourra dire en ce sens que le tout est en lui-même.

- D'après les parties, et la qualité de la partie est étendue au tout qu'elle sert à dénommer.

- Sa surface, j'ai conservé l'expression grecque; mais peut-être aurait-il mieux valu dire « La peau »; du reste la peau comme la surface n'est qu'une partie de l'homme, et la qualité de la partie sert à qualifier le tout.

 - Sa partie raisonnable, ou sa raison, qui n'est aussi qu'une partie de l'homme.

- L'amphore, considérée isolément.

- Non plus que le vin, considéré également à part du vase dans lequel il est renfermé.

 - L'amphore de vin, en réunissant les deux idées d'amphore et de vin dans une seule qui en fasse un tout.

- Les parties d'un même tout, c'est vrai; mais si l'on dit bien que le vin est dans l'amphore, comme l'amphore et le vin ne se confondent pas, on ne peut pas dire également bien que l'amphore est dans elle-même, puisque de fait c'est seulement une partie du tout qui est dans le tout. D'une manière générale toutes ces distinctions peuvent paraître bien subtiles, et il semble qu'on pouvait aisément les présenter d'une façon plus claire.

§ 5. Primitivement, pour le sens spécial de cette expression, voir plus haut, ch. 4, § 1.

 - Et les appellations, qu'on applique à l'homme en disant qu'il est blanc ou savant, selon que l'on considère son corps ou son intelligence.

- D'après ces choses, ou si l'on veut : « D'après ces qualités ; » la blancheur pour le corps, la science pour l'âme.

 - Considérés isolément, il y a peut-être ici quelque tautologie, et il est clair que, si l'on considère les choses isolément l'une de l'autre, elles ne font plus partie d'un tout, et l'on pourrait presqu'en dire autant de la blancheur et de la science; seulement le vin et l'amphore qui le contient sont des choses réelles, distinctes l'une de l'autre, et qui ont, en effet, une existence séparée, tandis que la blancheur et la science, en tant que qualité n'ont d'existence que dans les sujets où elles sont.

 - Que quand on les réunit tous les deux, verbalement et qu'on dit : « Une amphore de vin, » comme dans le § précédent. Mais on peut comprendre ce passage autrement ; et au lieu de traduire : « Ce ne sont des parties que quand on les réunit tous les deux » on traduirait : « Seulement ils sont ensemble, » Cette seconde traduction semble s'accorder mieux avec ce qui suit; mais l'autre s'accorde davantage avec ce qui précède.

- On pourra dire, d'une manière indirecte et non substantiellement. - Médiatement, j'ai ajouté ce mot.

- Et par une autre chose, ceci ne veut pas dire que la blancheur soit dans elle-même; et elle est toujours dans la surface, bien qu'elle y soit immédiatement.

§ 6. En recourant à l'induction, c'est-à-dire en observant les choses dont un peut dire qu'elles sont dans une autre chose.

- Ci-dessus données, le texte est moins précis. Voir plus haut, § 1.

§ 7. La raison, indépendamment des données de l'observation.

- Que c'est impossible, à savoir qu'une chose puisse être dans elle-même primitivement et en soi.

- Soient à la fois l'une et l'autre, ce passage qui est obscur se trouve éclairci par l'exemple qui suit.

- Le vase et le vin, puisqu'on a confondu le vin et l'amphore qui le renferme, en supposant que l'amphore est dans elle-même, parce que le vin est en elle.

§ 8. Les deux objets auraient beau, en admettant la théorie combattue par Aristote qu'une chose peut être dans elle-même, comme elle est dans une autre.

- Que le vin est ce qu'il est, et que par conséquent il est renfermé dans l'amphore.

- Que l'amphore est ce qu'elle est, c'est-à dire qu'elle renferme le vin.

- Donc il est évident, cette conclusion est vraie; mais il semble qu'on pouvait y arriver avec moins de développements.

- Du contenant... Du contenu, la formule du texte n'est pas tout à fait aussi précise et aussi nette.

§ 9. Le simple point de vue de l'accident, c'est l'alternative posée plus haut. § 3.

- Ce n'est pas plus possible, la chose ne peut pas plus être dans elle-même indirectement, qu'elle ne peut y être immédiatement et en soi.

- Dans un seul et même corps, ou peut-être aussi : « Dans un seul et même lieu. »

- Donc évidemment, conclusion de toute la discussion annoncée dans les §§ 2 et 3.

§ 10. Quant au doute de Zénon, Simplicius donne un résumé de l'argument de Zénon, sans d'ailleurs ajouter beaucoup à la courte analyse qu'en présente Aristote.

- Il n'est pas difficile d'y répondre, la réponse qui est faite un peu plus bas semble annuler la réalité de l'espace; en ce sens, elle soutient l'argument de Zénon plus encore qu'elle ne le combat.

- Le lieu primitif, l'espace primitif, il n'y a qu'un des deux mots dans le texte. Voir plus haut, ch. 4, § 1.

- Ne soit dans une autre chose, mais alors on regarde l'espace comme une partie du corps, et non plus comme renfermant le corps.

- Comme la santé est dans la chaleur, la santé semble être, médicalement parlant, un effet de la chaleur ; et l'on ne peut pas dire que l'espace soit dans les corps comme un effet est dans sa cause.

- Il n'est pas besoin de remonter à l'infini, comme le voulait Zénon : le premier espace est dans un second, le second dans un troisième, et ainsi de suite à l'infini.

§ 11. Comme le vase, ou d'une manière plus générale: Le contenant.

- Ni la matière, ni la forme, voir plus haut, ch. 4, §§ 2 et 3. - Les éléments, le texte dit précisément : « La matière et le forme sont quel. que chose de ce qui est dedans. »

- De ce qui est dans l'espace, ou : « de ce qui est en soi. »

§ 12. Les discussions qui ont été soulevées, il semble que jusqu'ici Aristote n'a fait que rapporter les opinions des autres, sans avoir encore donné la sienne.

- Relativement à la nature de l'espace, j'ai ajouté ces mots.

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