Aristote : Morale à Eudème

ARISTOTE

 

MORALE A EUDEME

LIVRE SEPT : THEORIE DE L'AMITIE

CHAPITRE VI

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Morale à Eudème

 

 

 

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CHAPITRE VI.

De l'amour de soi. On ne peut pas le confondre avec l'amitié proprement dite. — Rapports et différences de l'amour de soi et de l'amitié. —- Il n'y a que l'homme de bien qui puisse s'aimer lui-même. Le méchant est avec lui-même dans une lutte perpétuelle. 

1 Περὶ δὲ αὐτὸν αὑτῷ φίλον εἶναι ἢ μή, πολλὴν ἔχει ἐπίσκεψιν. Δοκεῖ γὰρ ἐνίοις μάλιστα ἕκαστος αὐτὸς αὑτῷ φίλος εἶναι, καὶ τούτῳ χρώμενοι κανόνι κρίνουσι τὴν πρὸς τοὺς ἄλλους φίλους φιλίαν· κατὰ δὲ τοὺς λόγους καὶ τὰ δοκοῦνθ´ ὑπάρχειν τοῖς φίλοις τὰ μὲν ὑπεναντιοῦται, τὰ δ´ ὅμοια φαίνεται ὄντα. 2 στι γάρ πως κατὰ ἀναλογίαν αὕτη ἡ φιλία, ἁπλῶς δ´ οὔ. ν δυσὶ γὰρ διῃρημένοις τὸ φιλεῖσθαι καὶ φιλεῖν· δι´ ἃ μᾶλλον οὕτως αὐτὸς αὑτῷ φίλος, 〈ὡς〉 ἐπὶ τοῦ ἀκρατοῦς καὶ ἐγκρατοῦς εἴρηται πῶς ἑκὼν ἢ ἄκων, τῷ τὰ μέρη ἔχειν πως πρὸς ἄλληλα τὰ τῆς ψυχῆς, καὶ ὅμοιον τὰ τοιαῦτα πάντα, εἰ φίλος αὐτὸς αὑτῷ καὶ ἐχθρός, καὶ εἰ ἀδικεῖ τις αὐτὸς αὑτόν. Πάντα γὰρ ἐν δυσὶ ταῦτα καὶ διῃρημένοις· 3 ᾗ δὴ δύο πως καὶ ἡ ψυχή, ὑπάρχει πως ταῦτα, ᾗ δ´ οὐ διῃρημένα, οὐχ ὑπάρχει. πὸ δὲ τῆς πρὸς αὑτὸν ἕξεως [ὡς] οἱ λοιποὶ τρόποι τοῦ φιλεῖν διωρισμένοι, καθ´ οὓς ἐν τοῖς λόγοις ἐπισκοπεῖν εἰώθαμεν. Δοκεῖ γὰρ φίλος εἶναι ὁ βουλόμενός τινι τἀγαθὰ ἢ οἷα οἴεται ἀγαθά, μὴ δι´ αὑτὸν, ἀλλ´ ἐκείνου ἕνεκα· 4 ἄλλον δὲ τρόπον ᾧ τὸ εἶναι βούλεται δι´ ἐκεῖνον καὶ μὴ δι´ αὑτὸν, κἂν εἰ μὴ διανέμων τἀγαθά, μὴ τῷ τὸ εἶναι τούτῳ ἂν δόξειε μάλιστα φιλεῖν·  5 ἄλλον δὲ τρόπον ᾧ συζῆν αἱρεῖται δι´ αὐτὴν τὴν ὁμιλίαν καὶ μὴ δι´ ἕτερόν τι, οἷον οἱ πατέρες τὸ μὲν εἶναι τοῖς τέκνοις, συζῶσι δ´ ἑτέροις.

6 Μάχεται δὴ ταῦτα πάντα πρὸς ἄλληλα. Οἳ μὲν γὰρ ἂν μὴ τὸ ἑαυτοῖς, οἳ δὲ ἂν μὴ τὸ εἶναι, οἳ δὲ τὸ συζῆν, οὐκ οἴονται φιλεῖσθαι. 7 τι τὸ ἀλγοῦντι συναλγεῖν μὴ δι´ ἕτερόν τι [ἀγαπᾶν θήσομεν], οἷον οἱ δοῦλοι πρὸς τοὺς δεσπότας, ὅτι χαλεποὶ ἀλγοῦντες, ἀλλ´ οὐ δι´ αὐτούς, * ὥσπερ αἱ μητέρες τοῖς τέκνοις καὶ οἱ συνωδίνοντες ὄρνιθες. 8 Βούλεται γὰρ μάλιστά γε οὐ μόνον συλλυπεῖσθαι ὁ φίλος τῷ φίλῳ, ἀλλὰ καὶ τὴν αὐτὴν λύπην, οἷον διψῶντι συνδιψῆν, εἰ ἐνεδέχετο, ὅτι [μὴ] ἐγγύτατα. 9 δ´ αὐτὸς λόγος καὶ ἐπὶ τοῦ χαίρειν· 〈τὸ γὰρ  [1241] χαίρειν〉 μὴ δι´ ἕτερόν τι, ἀλλὰ δι´ ἐκεῖνον, ὅτι χαίρει, φιλικόν. τι τὰ τοιάδε λέγεται περὶ τῆς φιλίας, ὡς ἰσότης φιλότης, καὶ [μὴ] μίαν ψυχὴν εἶναι τοὺς ἀληθῶς φίλους.

10 παντα ταῦτα ἐπαναφέρεται πρὸς τὸν ἕνα. Καὶ γὰρ βούλεται τἀγαθὰ αὐτῷ τοῦτον τὸν τρόπον. Οὐθεὶς γὰρ αὐτὸς αὑτὸν εὖ ποιεῖ διά τι ἕτερον, οὐδὲ χάριτος. Οὐ δὲ λέγει ὅτι ἐποίησεν ᾗ εἷς· δοκεῖ γὰρ φιλεῖσθαι βούλεσθαι ὁ δῆλον ποιῶν ὅτι φιλεῖ, ἀλλ´ οὐ φιλεῖν. 11 Καὶ τὸ εἶναι μάλιστα καὶ τὸ συζῆν καὶ τὸ συγχαίρειν καὶ τὸ συναλγεῖν, καὶ μία δὴ ψυχή, καὶ τὸ μὴ δύνασθαι ἄνευ ἀλλήλων μηδὲ ζῆν, ἀλλὰ συναποθνήσκειν. Οὕτω γὰρ ἔχει ὁ εἷς, καὶ ἴσως ὁμιλεῖ αὐτὸς αὑτῷ. —Πάντα δὲ ταῦτα τῷ ἀγαθῷ ὑπάρχει πρὸς αὑτόν. 12 ν γὰρ τῷ πονηρῷ διαφωνεῖ, οἷον ἐν τῷ ἀκρατεῖ. Καὶ διὰ τοῦτο δοκεῖ καὶ ἐχθρὸν ἐνδέχεσθαι αὐτὸν αὑτῷ εἶναι· ᾗ δ´ εἷς καὶ ἀδιαίρετος, ὀρεκτὸς αὐτὸς αὑτοῦ. 13 Τοιοῦτος ὁ ἀγαθὸς καὶ ὁ κατ´ ἀρετὴν φίλος, ἐπεὶ ὅ γε μοχθηρὸς οὐχ εἷς ἀλλὰ πολλοί, καὶ τῆς αὐτῆς ἡμέρας ἕτερος καὶ ἔμπληκτος. στε καὶ ἡ αὐτοῦ πρὸς αὑτὸν φιλία ἀνάγεται πρὸς τὴν τοῦ ἀγαθοῦ. τι γάρ πῃ ὁμοιοῖ καὶ εἷς καὶ αὐτὸς αὑτῷ ἀγαθός, ταύτῃ αὐτὸς αὑτῷ φίλος καὶ ὀρεκτός· φύσει δὲ τοιοῦτος, ἀλλ´ ὁ πονηρὸς παρὰ φύσιν.

14 δ´ ἀγαθὸς οὔθ´ ἅμα λοιδορεῖται ἑαυτῷ, ὥσπερ ὁ ἀκρατής, οὔτε ὁ ὕστερος τῷ πρότερον, ὥσπερ ὁ μεταμελητικός, οὔτε ὁ ἔμπροσθεν τῷ ὕστερον, ὥσπερ ὁ ψεύστης. λως τε εἰ δεῖ ὥσπερ οἱ σοφισταὶ διορίζουσιν, ὥσπερ τὸ Κορίσκος καὶ Κορίσκος σπουδαῖος. 15 Δῆλον γὰρ ὡς τὸ αὐτὸ πόσον σπουδαῖον αὐτῶν, ἐπεὶ ὅταν ἐγκαλέσωσιν αὑτοῖς, ἀποκτιννύασιν αὑτούς· ἀλλὰ δοκεῖ πᾶς αὐτὸς αὑτῷ ἀγαθός. Ζητεῖ δὲ ὁ ἁπλῶς ὢν ἀγαθὸς εἶναι καὶ αὐτὸς αὑτῷ φίλος, ὥσπερ εἴρηται, ὅτι δύ´ ἔχει ἐν αὑτῷ ἃ φύσει βούλεται εἶναι φίλα καὶ διασπάσαι ἀδύνατον. 16 Διὸ ἐπ´ ἀνθρώπου μὲν δοκεῖ ἕκαστος αὐτὸς αὑτῷ φίλος, ἐπὶ δὲ τῶν ἄλλων ζῴων 〈οὔ〉, οἷον ἵππος αὐτὸς αὑτῷ **, οὐκ ἄρα φίλος. λλ´ οὐδὲ τὰ παιδία, ἀλλ´ ὅταν ἤδη ἔχῃ προαίρεσιν· ἤδη γὰρ τότε διαφωνεῖ ὁ νοῦς πρὸς τὴν ἐπιθυμίαν. 17οικε δ´ ἡ φιλία ἡ πρὸς αὑτὸν τῇ κατὰ συγγένειαν· οὐθέτερον γὰρ ἐφ´ αὑτοῖς λῦσαι, ἀλλὰ κἂν διαφέρωνται, ὅμως οὗτοι μὲν ἔτι συγγενεῖς, ὃ δὲ ἔτι εἷς, ἕως ἂν ζῇ.

Ποσαχῶς μὲν οὖν τὸ φιλεῖν λέγεται, καὶ ὅτι πᾶσαι αἱ φιλίαι ἀνάγονται πρὸς τὴν πρώτην, δῆλον ἐκ τῶν εἰρημένων·

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1 On a beaucoup discuté pour savoir si l'on pouvait, ou si l'on ne pouvait pas s'aimer soi-même. Il y a des gens qui trouvent que l'on est, avant tout, son propre ami ; et qui, se faisant une règle de l'amour de soi, rapportent à cette mesure toutes les autres amitiés pour les juger. Mais en s'en tenant à la théorie, et d'après les faits qui se produisent évidemment entre les amis, ces deux genres d'affections sont contraires à certains égards ; et à certains autres, elles semblent pareilles. 2 Ainsi, l'amitié qu'on se porte à soi-même a bien quelqu'analogie avec l'amitié ; mais, absolument parlant, elle n'en est pas ; nécessairement être aimé et aimer doivent se trouver dans deux êtres tout à fait distincts. Mais, dira-t-on, ce qui explique qu'on puisse s'aimer soi-même, c'est ce qu'on a dit de l'homme tempérant et de l'intempérant, qui, en quelque sorte, le sont tout à la fois et de plein gré et malgré eux, parce qu'en eux les diverses parties de l'âme sont dans un certain rapport les unes relativement aux autres. C'est toujours le même phénomène à peu près d'être son propre ami, ou son propre ennemi, ou de se faire tort à soi-même. Tout ceci en effet suppose deux êtres nécessairement, et deux êtres séparés et distincts. 3 Si l'on admet que l'âme puisse être deux en quelque sorte, et qu'elle se partage, ces phénomènes alors sont possibles en un certain sens. Mais si l'on n'admet pas cette division, ils deviennent impossibles. C'est d'après les manières d'être de l'individu envers lui-même que peuvent se définir les différents modes d'aimer, dont nous parlons ordinairement dans nos études. Ainsi, aux yeux de bien des gens, l'ami est celui qui veut le bien d'un autre, ou ce qu'il croit son bien, sans songer en rien à son avantage personnel, et en ne pensant qu'à son ami. 4 A un autre point de vue, on semble surtout aimer celui dont on souhaite l'existence pour lui seul, et non pour soi-même, sans même avoir part à ses biens, et sans vivre avec lui. 5 Enfin, au dernier point de vue encore, on trouve que rami est celui avec qui l'on vent vivre pour sa société toute seule et sans aucun autre but, comme les pères qui souhaitent bien l'existence de leurs enfants, mais qui vivent avec d'autres personnes.

6 Toutes ces opinions sur l'amitié se combattent et s'excluent mutuellement L'un exige que les amis ne songent absolument qu'à vous seul ; l'autre, qu'ils ne pensent jamais qu'à votre existence ; un troisième, qu'ils ne désirent de vivre qu'avec vous ; ou autrement, et sans ces conditions, on déclare que ce n'est plus là de l'amitié. 7 Quant à nous, nous croyons que partager la douleur de quelqu'un sans aucune arrière-pensée, c'est lui donner une preuve d'affection réelle. Mais il ne faut pas que ce soit comme les esclaves, qui soignent leurs maîtres, parce que d'ordinaire ces malades sont d'un humeur peu facile, mais qui, tout en donnant ces soins, ne pensent guère à eux. Il faut que ce soit comme les mères, qui partagent le chagrin de leurs enfants, ou comme certains oiseaux mâles qui partagent avec leur femelle la douleur et la peine de la maternité. 8 Le véritable ami ne se borne même pas seulement à témoigner sa sympathie pour la souffrance de son ami ; il tâche encore de partager effectivement cette souffrance ; et, par exemple, il endurerait la soif avec son ami quand il a soif, si la chose se pouvait; ou du moins il s'efforce de toujours se rapprocher de cette communauté le plus qu'il peut. 9 Même remarque sur la joie qu'on partage avec son ami :  [1241] il faut que l'on se réjouisse pour son ami lui-même, et sans autre motif que la joie qu'il éprouve. De là encore toutes ces explications de l'amitié, quand on dit : « L'amitié est une égalité ; les amis véritables n'ont qu'une âme. »

10 On peut, à plus forte raison, transporter tous ces raisonnements à l'individu seul. En effet, c'est bien ainsi que l'individu se souhaite à lui-même son propre bien. Personne ne s'oblige soi-même en vue de quelqu'autre fin, ni pour gagner la faveur de qui que ce soit. On ne peut pas même se dire à soi-même le service qu'on s'est rendu, puisque l'on est un ; et celui qui veut faire savoir certainement à un autre qu'il l'aime, semble vouloir être aimé plutôt encore qu'il n'aime réellement. 11. Quant à souhaiter la vie de quelqu'un, à désirer de vivre toujours ensemble, à partager ses joies et toutes ses douleurs, à n'avoir en un mot qu'une âme, comme on dit, et à ne pouvoir se passer l'un de l'autre et à mourir même ensemble au besoin ; voilà ce que fait éminemment l'individu en tant qu'il est un ; et apparemment qu'il est avec lui-même en une société perpétuelle. Ce sont bien là, je l'avoue, tous les sentiments que l'homme de bien éprouve envers lui-même. 12 Dans le méchant au contraire, tous ces sentiments sont en désaccord ; il n'est pas moins partagé que l'intempérant ; et voilà pourquoi il peut être même son propre ennemi Mais, en tant que l'individu est un et indivisible, il se désire et s'aime toujours lui-même. 13. Or, c'est là justement ce qu'est l'homme de bien, et l'ami en qui l'affection n'est inspirée que par la vertu. Mais le méchant n'est pas un, il est plusieurs ; il change en un seul jour du tout au tout; et il est cent fois dégoûté de lui-même. J'en conclus que l'amour qu'on éprouve envers soi personnellement, peut être ramené à l'amitié de l'homme vertueux. C'est parce que l'homme de bien est en un certain sens semblable à lui-même, c'est parce qu'il est un et parce qu'il est bon pour soi, qu'en ce sens il est son propre ami et qu'il se désire. L'homme de bien est selon la nature, tandis que le méchant est un être contre nature.

14 J'ajoute que l'homme de bien n'a pas à s'injurier lui-même, comme le fait parfois le débauché; en lui, le dernier homme n'insulte pas le premier, comme dans celui qui a des remords ; ni l'homme actuel n'insulte le précédent, comme dans le menteur. En un mot, il n'y a point en lui de ces distinctions que fon tles Sophistes, quand ils séparent subtilement Coriscus et le bon Conriscus. 15 Ce qui prouve bien tout ce qu'il y a de bon encore dans ces natures perverses, c'est que les méchants, en s'accusant eux-mêmes, en arrivent à se donner la mort, quoiqu'il semble que tout homme cherche toujours à être bon envers soi. L'homme de bien, en tant qu'il est absolument bon, cherche à être aussi son propre ami, comme je l'ai déjà dit, parce qu'il a en lui-même deux éléments, qui, naturellement, veulent être amis l'un de l'autre, et qu'il est impossible de séparer. 16 Voilà comment dans l'espèce humaine chaque individu est, on peut dire, son propre ami, tandis qu'il n'en est point ainsi dans les autres animaux; et le cheval, par exemple, ne peut jamais passer pour être son ami propre. Je vais plus loin, et je dis que dans l'espèce humaine les enfants ne le sont pas non plus, et qu'ils ne deviennent leurs propres amis, que quand ils sont capables de choisir et de préférer quelque chose avec intention. C'est alors seulement que l'enfant peut être en désaccord avec lui-même, en résistant au désir qui le pousse. 17 L'amitié envers soi-même ressemble beaucoup aux affections de famille. Il ne dépend pas de nous de les dissoudre ni l'une ni l'autre. On a beau se quereller; on n'en est pas moins parents; et l'individu, malgré ses divisions intestines, n'en est pas moins un, durant toute sa vie.

D'après tout ce qu'on vient de dire, on doit voir en combien de sens peut se prendre le mot d'aimer ; et il n'est pas moins clair que toutes les amitiés, quelles qu'elles soient, peuvent se ramener à la première et parfaite amitié.

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Ch. VI. Morale à Nicomaque, livre IX, ch. 14; Grande Morale, livre II, ch. 15 et 16.

§ 1. Il y a des gens... On voit que le système de Larochefoucault n'était pas précisément très-neuf, quand l'auteur des Maximes le formula.

D'après les faits qui se produisent. II suffit en effet d'en appeler à l'observation la plus vulgaire, pour se convaincre de la fausseté de cet odieux système.

§ 2. L'amitié qu'on se porte à soi-même... De l'amitié. J'ai dû conserver cette répétition qu'a aussi le texte.

Ce qu'on a dit. Voir plus haut, livre II, ch. 7,  § 7 et suiv.

§ 3. Si l'on admet que l'âme, Ce sont les mêmes théories exposées dans la Morale à Nicomaque et dans la Grande Morale.

De l'individu envers lui-même. Toutes ces explications sont subtiles et peu justes, parce que le rapport de l'individu à autrui est toujours très-différent du rapport de l'individu à lui-même.

L'ami est celui qui veut le bien d'un autre. Toutes ces conditions de l'amitié véritable se retrouvent éminemment dans les rapports de. l'individu arec lui-même; et c'est pour cela qu'on les énumère ici. Voir un peu plus bas, § 10.

§ 5. Comme les pères. Comparaison qui n'est point assez préparée, et qui n'est pas même très-juste, puisque les pères virent en général beaucoup avec leurs enfants.

§ 6. Se combattent et s'excluent mutuellement. Il semble qu'elles peuvent tout aussi bien s'accorder, et qu'au fond ces opinions n'ont rien de contradictoire.

§ 7. Parce que d'ordinaire ces malades. Réflexion assez étrange; et qui ne laisse pas d'ailleurs que d'être favorable aux esclaves.

Comme certains oiseaux mâles. L'original n'est pas tout à toit aussi précis. J'ai dû le paraphraser, pour rendre plus claire la pensée qu'il exprime. Parmi les oiseaux dont veut parler l'auteur, on peut citer les pigeons.

§ 8. Le véritable ami ne se borne pas. Idées vraies, mais qui s'éloignent un peu de la question.

§ 9. Les amis n'ont qu'une âme J'ai supprimé une négation qui fausse toute la pensée. Cette discussion est un peu confuse ; et l'on ne sait si l'auteur adopte ces opinions ou s'il les réfute.

§ 10. Transporter tous ces raisonnements à l'individu. Voilà la seconde partie de la pensée, qui semble un peu perdue dans tous ces détails.

On ne peut pas se dire à soi-même. Observation assez bizarre.

§ 11. Voilà ce que fait éminemment l'individu. C'est là une subtilité plutôt que l'analyse d'un fait réel.

Ce sont bien là, je l'avoue... Détails un peu longs, et qui peut-être ne se rattachent pas assez directement à la question.

§ 13. Dans le méchant au contraire. Cette peinture de l'âme du méchant est très vraie mais la digression continue, et la solution de la question n'avance pas.

§ 18. Il est plusieurs. Expression très-énergique et très-exacte.

J'en conclus. Celte conclusion est préparée un peu trop longuement par tout ce qui précède.

L'homme de bien est selon la nature. Principe excellent, qu'on a déjà vu plus d'une fois, bien que sons des formes différentes : le bien est la loi et le but naturel de l'homme.

§ 14. N'a pas à s'injurier lui-même. C'est-à-dire, à se faire des reproches des fautes qu'il commet.

Le dernier homme n'insulte pas le premier. Expression assez singulière, quoiqu'au fond elle soit très-exacte. Du reste, ce principe de la dualité de l'homme est essentiellement Platonicien.

Qui a des remords. Des actes coupables où sa passion l'a emporté.

Les Sophistes. Il semble que cette critique des Sophistes ne vient pas très-bien après les subtilités précédentes.

Coriscus et le bon Coriscus. On sait que ce nom de Coriscus est un exemple souvent employé par Aristote. Voir les Réfutations des Sophistes, ch. 17, p. 389 de ma traduction.

§ 15. C'est que,... la mort qu'ils se donnent. Le texte est en cet endroit fort altéré, sans que les manuscrits permettent en rien de le rétablir. J'ai dû imaginer un sens plutôt que je n'en ai tiré un de l'original tel que nous l'avons.

Cherche toujours à être bon. Confirmation indirecte des principes tant de fois émis sur la pente naturelle de l'bomme au bien.

§ 16. Dans les autres animaux. Rapprochement inutile et peu exact.

Je vais plus loin et je dis. Le texte n'est pas tout à fait aussi précis.

§ 17. Aux affections de famille. Comparaison ingénieuse et vraie.

Malgré ses division intestines. J'ai ajouté ces mots qui ressortent du contexte.

D'après tout ce qu'on vient de dire, Résumé très-insuffisant et peu exact, puisque toute la dernière discussion y est omise. La pensée est peu en ordre.  

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