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MATTER

 

HISTOIRE  DE L'ECOLE D'ALEXANDRIE

Première Période. (332 —146 avant J.-C. ) chapitre VII - Deuxième période. De l'an 246 à l'an 146 avant Jésus-Christ. -

 

 

 

 

HISTOIRE 

 

DE

 

L'ECOLE D'ALEXANDRIE

 

COMPAREE

 

AUX PRINCIPALES ECOLES CONTEMPORAINES,

Ouvrage couronné par l'Institut.

PAR M. MATTER,

INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'UNIVERSITE.

2e édition, entièrement refondue.

 

TOME PREMIER

Topographie. Musées. Bibliothèques. Syssities. Didascaléee.

Plan d'Alexandrie ancienne et moderne.

PARIS.

CHEZ HACHETTE,

ANCIEN ÉLÈVE DE L'ECOLE NORMALE, LIBRAIRE DE L'UNIVERSITÉ DE FRANCE,

Rue Pierre-Sarrazin, 12. P.

BERTRAND, Libraire-Éditeur 4e Paris historique,

Rue Saint-André-des-Arcs, 38.

BROCKHAUS ET AVENARIUS,

RUE RICHELIEU, 60;

MÊME MAISON, A LEIPZIG

1840.

 

 


SIXIÈME ET DERNIÈRE PÉRIODE.



De l'an 3l2 a l'an 64l après J.-C.

DE CONSTANTIN A OMAR.

CHAPITRE PREMIER.

LES INSTITUTIONS LITTÉRAIRES D'ALEXANDRIE SOUS L'EMPIRE DU CHRISTIANISME. — RÉACTION POLYTHÉISTE PENDANT LE RÈGNE DE JULIEN.— SÉRAPÉUM DE CANOBUS ET D'ALEXANDRIE.— RÉACTION CHRÉTIENNE PENDANT LES RÈGNES DE JOVIEN A THÉODOSE. — DESTRUCTION DU SÉRAPÉUM. — SUPPRESSION DES ÉCOLES POLYTHÉISTES D'ATHÈNES.— PRISE D'ALEXANDRIE PAR AMROU, INCENDIE DE LA BIBLIOTHÈQUE ET FIN DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE. — DERNIÈRES TRACES DES ÉDIFICES LITTÉRAIRES.

Les chefs'de l'empire, devenus les maîtres de l'Egypte, y avaient maintenu les établissements littéraires des Lagides, les uns par respect pour la mémoire de ces princes, les autres par amour pour les lettres. Depuis que leurs successeiirs S'étaient engagés dans la grande lutte du christianisme et du polythéisme, qui avait pour eux un caractère politique plutôt que religieux, ils les soutenaient par raison d'état, et ils s'y croyaient obligés; car le christianisme, qui amenait par le changement des mœurs celui des lois de l'empire, était plus puissant en Égypte que partout ailleurs. Il n'était du moins exposé nulle part avec plus de science : aussi était-ce là qu'on lui portait les coups les plus impitoyables toutes les fois qu'on l'attaquait, et il n'est pas de cité qui ait dû recevoir avec plus d'émotion que celle d'Alexandrie le décret de Milan, qui donnait aux chrétiens comme à tout le monde la faculté de suivre la religion que chacun préférerait. (1)

A cette nouvelle, les prêtres et les philosophes, qui jusque-là demandaient sans cesse l'anéantissement de la nouvelle religion, durent comprendre que désormais il fallait se borner aux seules armes de la dialectique. Mais déjà ils avaient pu se convaincre qu'elles ne leur suffisaient pas pour arrêter les conversions ; et quand ils virent Constantin embrasser le christianisme, bâtir des églises, conférer avec les évêques, renverser Licinius qui protégeait les polythéistes, et sortir de Rome païenne pour établir sa résidence dans Constantinople purifiée de toute inauguration profane (2), ils durent se persuader qu'ils n'auraient pas même la liberté de la discussion ; qu'au contraire on dirigerait contre eux toutes les rigueurs qu'ils avaient fait peser si long-temps sur leurs adversaires, et qu'il ne leur restait plus désormais qu'à s'unir étroitement, qu'à combattre avec les seuls moyens qu'on leur laisserait, ceux de l'enseignement et de la publication, l'un et l'autre aussi limités qu'ils les avaient faits naguère dans un sens opposé.

(1) Euseb. h. e. X, 5. — Lactant. de Mortib. Persecitt. c. 48.

(2) Matter, Histoire du christianisme et de la Société chrétienne, t. I, p. 239.

Cela constituait une ère nouvelle pour l'école d'Alexandrie qui avait déjà passé par tant de phases; et comme tout le cercle des spéculations philosophiques était épuisé, on ne pouvait chercher que dans les mystères de la religion les armes et l'enthousiasme qu'il fallait pour soutenir une lutte aussi inégale. Mais le Musée ne s'était guère occupé jusquelà d'études religieuses ; il n'avait qu'un sacerdoce insuffisant et ne possédait pas de mystères. Aussi commença-t-il à s'effacer dès cette époque pour faire place au Sérapéum, qui était depuis long-temps le principal sanctuaire du polythéisme égyptien, et qui fut bientôt aussi celui du polythéisme grec.

Un auteur moderne dit, à la vérité, que Constantin restaura le Musée ruiné par Caracalla ; mais cette assertion est doublement inexacte (1). D'abord, nous avons vu que Caracalla n'a ni anéanti ni ravagé le Musée ; ensuite, si Constantin a favorisé les études en rendant le calme à l'empire ou en protégeant les établissements d'instruction générale (2), il est faux qu'il ait protégé l'école profane d'Alexandrie. Le Musée existait encore, cela est hors de doute, puisqu'on cite des savants de la fin du ive siècle qui en furent membres; mais, dans tout le cours de ce siècle, il ne faisait pas plus parler de lui que leClaudium, le Sébastéum ou le Gymnase, et il n'est pas certain qu'il ne soit allé avec sa dotation se rattacher au Sérapéum, même avant l'époque de Théodose. Cette fusion est, au contraire, d'autant plus probable, que nous voyons des prêtres de Sérapis membres du Musée. (3)

Si cette réunion n'eut pas lieu, il est à croire que le Musée s'empressa de prendre un caractère de réserve qui ne choquât pas trop ni les chrétiens ni les païens, et qui permit désormais aux uns et aux autres de faire dans la règle ce qui n'avait

(1) Constantinus Muséum a Caracalla rescissum restituit. Guericke, de scholà Alex, catech. p. 116.

(2) Cad. Theod. XIII, 3, XIV, 9.

(3) V. ci-dessus, p. 96.

eu Heu jusque-là que par voie d'exception et pour les leçons du seul Ammonius, c'est-à-dire, de se réunir dans la même école. Cette circonstance expliquerait, d'abord, la chute du Didascalée qui date de cette époque, et qui aurait eu lieu tout naturellement quand le Musée offrait, sans aucun mélange de danger, une partie de l'instruction qu'autrefois on cherchait ailleurs; elle expliquerait aussi l'affaiblissement graduel de cette institution, réduite désormais à un état de promiscuité qui n'offrait plus rien de spécial ni aux chrétiens, ni aux païens, promiscuité qui pouvait convenir à la science, mais qui gênait singulièrement la foi et invitait en vain à l'indifférence deux partis dont l'un se rattachait avec enthousiasme au Sérapéum maintenant desservi par des philosophes, tandis que l'autre se groupait avec orgueil autour d'un siège épiscopal presque toujours occupé avec éclat.

Ce qui peut-être contribua davantage à la chute du Musée, ce fut la concurrence toujours plus forte que lui firent les écoles de la Grèce, de l'Italie et de l'Asie-Mineure. Depuis les créations d'Adrien, ces établissements attiraient de préférence la jeunesse chrétienne ou païenne. L'Athénée de Rome paraît avoir pris tous les développements d'une académie complète. Les écoles d'Athènes, de Nicomédie et d'Antioche étaient devenues les chefs-lieux de l'éloquence et de la philosophie, ou du moins de la rhétorique et de la sophistique (1). Béryte attirait tous ceux qui avaient besoin d'une étude savante de la jurisprudence (2). A ces écoles si florissantes vint encore se joindre celle de Constantinople, rivale dangereuse, et qui embrassait toutes les sciences, y compris la philosophie. (3)

Ces puissantes écoles firent d'autant plus de tort à celle d'Alexandrie, qu'elle fut plus négligée par la famille flavienne.
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Bientôt on sentit l'effet de cet abandon. Quand S. Grégoire Thaumaturge fit ses études vers le milieu du me siècle, toute la jeunesse curieuse de philosophie affluait encore dans la grande Alexandrie, de toutes les parties de l'empire (itavTax.ô6Ev). C'est S. Grégoire de Nysse qui nous l'apprend (1). Lorsqu'au contraire ce jeune fidèle, son frère S. Basile et leur ami S. Grégoire de Nazianze, firent les leurs au commencement du ive siècle, ils visitèrent encore Césarée et Alexandrie, où il y avait de vieilles écoles chrétiennes, mais ils s'arrêtèrent à Athènes, au milieu de cette innombrable multitude d'étudiants dont ils nous peignent les mœurs et l'admiration pour les sophistes Himérius et Proéiésius d'une manière si curieuse. (2)

. S. Grégoire de Naziance resta cinq ans dans Athènes, où le futur adversaire de ces pieux chrétiens, Julien, était leur camarade (Greg. Nazianz., orat, iv, p. 132, ed. Col.).

Julien, ramené à l'hellénisme par des études spéciales et d'imprudentes rigueurs de famille, apprécia l'importance d'Alexandrie, et donna à l'un des savants dont il était entouré, au médecin Zénon de Chypre, la mission de ressusciter les institutions polythéistes de cette ville (3). Cette mission paraissait facile à remplir, car le terrain était préparé, et Zénon le connaissait.

En effet, il avait quitté Alexandrie à la suite d'une insur* rection qui avait donné gain de cause au polythéisme. Les païens, fiers de la protection de Julien et irrités au plus haut degré contre Grégoire ou George de Cappadoce, évêque arien qu'on avait mis sur le siège épiscopal de S. Athanase et dont les violences avaient provoqué toute leur haine , s'étaient élevés contre lui, l'avaient massacré et avaient rétabli leur culte dans toute sa splendeur. Julien, loin de sévir contre les coupables, s'était borné à les reprendre en philo

(1) Vita Gregor. Thaumat. Greg. JS'yss. Opp. III, 536.

(2) V. Greg. Naz. Or. XX, 326. XMM, 78O. (3 Julian. Epist. 45.
sophe, et hâté de leur pardonne!- en faveur de son oncle le comte Julien, leur ancien gouverneur (1). Zénon devait achever de leur rendre, par le rétablissement de l'école d'Alexandrie , leur ancienne supériorité. Mais cette tâche était difficile; le siège épiscopal, à peine devenu vacant, fut repris par S. Athanase, et ce fut en vain que l'empereur exila ce prélat, la majorité des habitants se déclara chrétienne,

Zénon, bientôt privé de son puissant protecteur, fut heureux de pouvoir faire oublier sa mission éphémère de polythéiste dans sa chaire de médecine, autour de laquelle il fixa de nombreux disciples.

On distingua parmi eux Jonicus, Magnus et Oribase; et c'est la grande gloire de Zénon de les avoir formés. (2)

Pour ce qui est du Musée ou de la Bibliothèque, sa mission avait été à peu près stérile. Julien , au lieu de faire quoique sacrifice pour ces deux établissements, demandait au contraire qu'on lui envoyât la belle collection de manuscrits qu'avait formée l'évoque massacré par la population païenne, George de Cappadoce (3); il causait même un véritable préjudice à la ville d'Alexandrie, en mettant dans le portique du palais de Constantiuople une bibliothèque que ses successeurs paraissent avoir continuée et peut-être agrandie aux dépens de celle d'Alexandrie, quoiqu'on affirme que Jovieu la fit brûler sur les instances de sa femme. (4)

Les successeurs de Julien, dominés par les intérêts religieux de l'empire, et ne songeant à la ville d'Alexandrie qu'autant que le demandaient les débats soulevés par les Ariens, loin d'accorder aux établissements du polythéisme

(1) Epistol. X. — Ammian. Marcell. XXII, 11.

(2) Eunap. in Jonico, Zenon, et Oribat.

(3) Epistol. IX.

(4) Soldas, s. V. lo^iavôç. — Cf. Léo Allât. Diatribe de Georgiis, p. 307. Suidas dit que cet édifice était un temple érigé par Adrien à la mémoire de son père Trajan, et dont Julien avait fait une bibliothèque pour l'eunuque Théophile.

le moindre encouragement, les virent avec autant d'antipathie que ceux du gnosticisme, et partout ils firent fermer les sanctuaires et les écoles, malgré les éloquentes apologies que Symmaque et Libanius présentèrent en faveur de ces « monuments de la science et de la piété des anciens », l'un en Occident, l'autre en Orient.

Le Sérapéum, grâce à la vénération superstitieuse que lui portait une population qu'on craignait d'irriter (1), se maintint jusqu'au règne de Théodose; mais sa ruine était arrêtée depuis le moment où Grégoire, l'évêque arien, passant devant un temple d'Alexandrie, s'était écrié : Jusqu'à quand tolérera-t-on ces sépulcres? Chaque jour le Sérapéum était plus délaissé. La ville, grâce à l'influence du Didascalée et d'un épiscopat distingué, avait embrassé le christianisme avec d'autant plus d'empressement, que c'étaient des docteurs plus éclairés qui l'enseignaient (2). Déjà l'ancien culte n'avait plus qu'un petit nombie d'hommes distingués; depuis longtemps ses prêtres se montraient faibles, et les philosophes qui défendaient pour eux les sanctuaires, n'avaient ni l'éloquence des Ilimcrius et des Proérésius d'Athènes, ni la position éminente de Libanius à Antioche et à Constantinople, de Symmaque à Rome. Loin de séduire les esprits par d'élégants discours ou des publications ingénieuses, ils s'égaraient, au contraire, dans un mysticisme plus propre à obscurcir l'imagination qu'à satisfaire l'intelligence. Ils étaient euxmêmes moins philosophes que prêtres, et on les voyait plus souvent occupés aux sanctuaires de Sérapis qu'au Musée, plus dévoués à l'école de Canobus qu'à celle d'Alexandrie.

En effet, Canobus avait une ancienne école sacerdotale dont on avait fait une école de magie, et l'on professait encore plus d'attachement pour ce sanctuaire que pour celui d'Alexandrie ; le peuple s'y rendait avec d'autant plus d'em

(1) Zosta. III, 11, 5.

(2) On le voit par Origéne Philoe. 13, et les études du patriarche George. pressement, que ce voyage était plus facile et qu'il y régnait une plus grande licence (i). Un prêtre de Canobus, Antonin, fils de la pythonisse Sosipatra(2), et un prêtre du Sérapéum, Olympus ou Olympius de Cilicie, que son enthousiasme pour le culte de Sérapis avait fait nommer maître sacré (UpoSiSâexaXoç), se distinguaient plus par leurs ténébreuses intrigues que par la puissance de leur enseignement (3); et plus ils parvenaient à fanatiser la jeunesse grecque ou égyptienne, plus ils irritaient l'autorité impériale ou l'Église , l'une et l'autre également lasses de tolérer plus longtemps la vieille splendeur du Sérapéum.

Déjà la législation byzantine avait ordonné la clôture des temples, et Alexandrie voyait encore les siens ouverts. Les chrétiens réclamèrent. Théodose mit à la disposition de l'évèque un temple de Bacchus ou d'Osiris, ou un Mithreum, car Socrate diffère sur ce point de Sozomène (4). En le convertissant en église chrétienne, on livra à la risée publique quelques objets du culte qui s'y trouvaient, et on fit remarquer au peuple quelques symboles qui choquaient la décence, quelques statues creuses dont s'étaient servis les prêtres pour prêter leurs paroles aux dieux. Déjà l'affaire de Tyrannus, prêtre de Sérapis, dont la conduite licencieuse avait révolté les païens eux-mêmes, était devenue le sujet d'amères récri-, mina lions entre les partisans des deux cultes. Irrités de plusieurs procédés qui n'étaient qu'un appel à l'opinion, mais qui constituaient à leurs yeux un outrage, les païens, qu'avaient réunis les excitations des philosophes, assaillirent

(1) Strabo,XVU,c. 1.

(2) Kanap.insEdes, \. I, p. 42; éd. Boissonade.

(3) Jam vero Canopi quis enumeret superstitiosa flagitia ubi pratextu sacerdotalium litterarum, ita euin, appellant antiquas ;Egyptiorum litteras, maRicïc artis crat pêne publica schola. Quem locum velut fontem quendam atque originem diemonum, in lantum venerabantur pagani, ut multo ibi major celebritas quam apud Alexandriam haberetur. Ruiin. XII, c. 36,

(4) Sozom. Vil, 15. — Socr. V, 16. — Rurm. XII, M.

les chrétiens, en tuèrent plusieurs, en entraînèrent d'autres au Sérapéum, qui leur servait de citadelle, et mirent à mort ceux qui refusaient de sacrifier à Sérapis. Le gouverneur essaya de calmer leurs fureurs; Olympius les engagea à mourir pour leur religion, sans se laisser abattre par l'aspect des statues brisées de leurs dieux : ces dieux, ils les rejoindraient dans le ciel. On prit les ordres de Théodose; ce prince pardonna aux coupables, e afin qu'ils se laissassent toucher de la mansuétude chrétienne », mais il ordonna la démolition des sanctuaires qui entretenaient la résistance. La démolition eut lieu sous la direction de Théophile, qui fit commencer par le Sérapéum, qu'on abattit, qu'on ravagea complètement, dilRufin, et d'où l'on fit transporter lenilomètre dans une église chrétienne, l'an 391. (1)

Une seule statue, probablement celle d'un cynocéphale, fut laissée debout dans Alexandrie, afin de servir de preuve monumentale contre le polythéisme (2).

Suivant les uns, on aurait donc démoli le Sérapéum juxques aux fondements ; suivant les autres, la solidité des constructions n'aurait pas permis de renverser ces fondements; et, au moyen de quelques réparations, on y aurait bientôt établi des moines; à cet égard, un écrivain chrétien, Evagrius, se trouve d'accord avec un historien païen.[(3)

II en fut, en effet, de cette destruction du Sérapéum sous Théodose, comme il en avait été de la dispersion de l'école d'Alexandrie sous Ptolémée VII, de l'incendie de la grande Bibliothèque sous César, et de la suppression des syssities sous Caracalla, c'est-à-dire, que la catastrophe fut beaucoup moins considérable qu'on n'avait cru d'abord, et qu'elle fut bientôt réparée en grande partie.

Pour qu'elle fût complète, il aurait fallu démolir, non

(1) Rufin. XII, c. 22. — Pour le symbole de la croix que les chrétiens crurent reconnaître sur quelques pierres, V. Suidas, s. v. iirausoi.

(2) Socr. V, 17.

(S) Kunap., Vita ^Ofcift.'t. I, p. *1,. «1 Boisson.

T. I. 21

seulement le sap#uajre de glapis, tnais, encqœ les vastes dépendances de ce sanctuaire, les cours, les portiques, les appartements et la bibliothèque qui s'y trouvait établie depuis plus de six siècles, et qu'on avait sans cesse augmentée. Cett£ démolition complète ne paraît nullement avoir en lieu, ot cela par d'excellentes raisons ; d'abord parce qu'il Suffisait, pour le but qu'on voulait atteindre, de détruire le sanctuaire; ensuite, parce qu'il aurait fallu de trop longs ou de trop barbares travaux pour anéantir d§s constructions aussi solides et d'aussi célèbres collections,

Lorsque lSunapius rapporte qu'on introduisit de§ fHPin6| ,l;) us les /<>«.)• saints (du Sérapéum) (1), comme on en introduisit dans le sanctuaire de Canobus, qui en avait été une succursale, cola est d'autant plus probable, que les écrivains chrétiens affirment, de leur côté, qu'on bâtit, sur l'emplacement du temple de Sérapis, une église, dédiée sous l'invo cation de saint Jean-Baptis,tg , le 2(i rria.i^g, et qui porta 1» nom d'Arcadius, (2)

Voilà pour le tetfipte- Quant aux dépendances, il est es?* tain qu'elles ne furent pas démolies , et que si l'on essaya d'y porter la hache, si l'on commit quelques excès ou quelques pijlagesdans cet ensemble que Tacite (H. IV, c. $4) compara à une ville, pe fut si pe» de chose, qjj$ bientôf f 1 u' y pa,r %{ plus. f une s4fie de tsmoignages dont conternporaii} fit d^jjt, qu'au ?ciue siècle. Ces curieux témoignages ajJtori^jjf. les inductions suivantes ; quç cea d^pwda^c^s élajent es^FS m«s grjifiques; qu'elles reçurent, dan« le .cours du ve et du vi? sièclp, jes. 4ébrig des anciepnos >ns|itutiofls d'A.ite*«»é«e, ceux de l'école chrétienne cpm,me fteiix des d}¥e?s instituts païens j qtf$ la ^uite de cette rémm, le S0«ï«8ir du Musée
s'effaça de la tradition populaire, au point qu'on oublia complètemant qu'il avait été fondé au Bruchium; qu'on confondit le Sérapéum avec cette ancienne Académie, et qu'on en rattacha l'origine au fondateur de la ville, Alexandre; que le nouvel établissement fut à tel point prospère, qu'à l'époque de l'invasion arabe, le Sérapéum possédait encore une bibliothèque considérable.

Nous allons voir combien ces inductions sont légitimes. Cependant, ce n'est pas sans peine qu'on les établit et qu'on dégage les faits d'une série de traditions entremêlées d'erreqrs et de fables ; car, à cet égard, les auteurs des pays et des siècles les plus divers semblent rivaliser ensemble.

Le plus ancien de ces auteurs, Aphthonius, ce rhéteur d'Antioche qui a fait un Manuel pour remplacer celui d'HerniQgène admis jusque-là dans les écoles, nous a laissé des indications d'autant plus précieuses, qu'il est le seul contemporain qui constate la conservation des dépendances du Sérapéum. Mais cet écrivain pourrait égarer par quelques détails, par la ton général qui règne dans son langage, et jusque par le titre qu'il a donné au morceau d'éloquence que nous appliquons au Sérapéum. En effet, au lieu de donner à l'édifice qu'il décrit, le nom qu'il portait, il lui donne celui iïAewpolh, qui ne se rencontre dans aucun écrivain exact sur Alexandrie, et ce qu'il en dit est en partie altéré pçr l'exagération, au point qu'on serait tenté de croire qu'au lieu de faire une peinture fidèle, il s'est amusé à réunir, dans un même tableau, les traits les plus saillants qu'offraient l'Acroptilis d'Athènes, le Musée, le Sébasléum et. le Sérapéum d'Alexandrie, le tout à l'exemple de Piodore de 8ieile composant le tableau de son Osymandéum. Toutefois, en dépouillant ses indications des formes oratoires que nous sommes accoutumés à trouver dans les écrivains qui nous parlent de l'ancienne Alexandrie,J on trouve un fonds de vérité dans le tableau d'Aphthonius sur le Sérapéum. comme on en trouve un dans le tableau

de Philon sur le Sébastéum; et l'on voit qu'il existait encore dans Alexandrie, sous un nom que le rhéteur met de côté, un immense édifice formant un carré long, offrant une cour environnée de colonnes et de vastes portiques succédant à cette cour. Ces portiques étaient divisés par des colonnes et formaient des cabinets, consacrés, les uns à des dépôts de livres que pouvaient consulter tous ceux qui voulaient s'appliquer à l'étude de la philosophie, les autres, au culte des anciennes divinités. L'édifice était magnifique. On avait prodigué les dorures au toît de ces portiques et aux chapiteaux de ces colonnes , et toute cette cour était richement ornée. On y voyait entre autres, et en bas-relief sans doute, les combats de Persée. Au milieu de la cour se trouvait une colonne d'une grandeur extraordinaire, « qui servait comme de signe pour reconnaître les chemins, et qui faisait apercevoir cetédifice sur mer et sur terre ». Progymn. c. 12, p. 103, ed.\Valz.

Cependant trois objections graves s'élèvent à cet égard.

I. Comment l'auteur a-t-il pu donner, à cette époque et après une démolition fameuse dans les annales du temps, aux restes ou aux dépendances du Sérapéum, le nom d'Acropolis, inconnu jusque-là dans la topographie de la ville?

II. Est-il à croire qu'on y ait consacré des cabinets, les uns, au culte des anciennes divinités, les autres, à des salles de bibliothèque et de lecture accessibles à tous ceux qui voulaient s'appliquer à l'étude de la philosophie? Car, à cet égard, se présente ce dilemme : ou Aphthonius a écrit avant la destruction du Sérapéum par Théophile, et, dans ce cas, son tableau ne prouve rien ici, puisqu'il appartient à une époque antérieure aux ravages de 391; ou il a écrit après, et, dans ce cas, ce qu'il dit des cabinets consacrés au culte du polythéisme est improbable, tandis que ce qu'il affirme des cabinets de lecture est contredit par Orose, qui a trouvé vides les armoires qui avaient jadis renfermé les livres.

III. Enfin, qu'est-ce qui autorise l'application au Sérapéum de la description qu'Aphthonius fait d'une Acropolis?

Quant à la première de ces objections, c'est sans douté une étrange idée de la part d'Aphthonius, que devenir donner le nom d'Acropolis à un ensemble d'édifices composé de portiques, de sanctuaires et de salles d'études; cependant le Sérapéum était réellement situé sur une éminence formée par la nature et élevée par l'art (1) ; le mot de à'xpa, dont on se servait pour désigner cette élévation, et qui signifie en même temps promontoire, château-fort et citadelle, conduisait naturellement à celui d'Acropolis un rhéteur dont l'imagination était préoccupée de l'Acropolis d'Athènes, et ce mot lui semblait d'autant plus heureux que le rapprochement entre le Parthénon et le Sérapéum flattait davantage un polythéiste, car Aphthonius était polythéiste.

Nous opposons deux réponses au dilemme que suggère l'époque à laquelle il a pu écrire et nous disons d'abord que son tableau est postérieur à l'an 391.

En effet, il parle, ici et ailleurs, d'anciennes divinités, c'està-dire de celles qui furent proscrites, dont le culte l'ut interdit, les temples fermés et les statues brisées, sur la lin du ive siècle. (2)Mais si, d'un côté, ses indications deviennent d'autant plus précieuses, qu'elles établissent mieux l'existence de ces magnifiques portiques après 391, n'est-il pas surprenant de voir une partie des cabinets qu'ils formaient consacrés au culte de ces divinités proscrites? Cette objection est une des plus graves. On conçoit néanmoins que l'administration chrétienne, qui toléra pendant plus d'un siècle encore l'enseignement de la philosophie païenne, ait été bien aise d'accorder au culte d'une population considérable, sinon un temple, du moins quelques réduits d'un édifice fermé de tous les côtés.

Quant à l'argument tiré d'Orose contre les cabinets de lecture, il n'en est pas un; car d'abord Aphthonius aurait pu fort

(1) 'EnA T^Ç oExpaç, ^v vûv Pax$Tiv xaXoûsiv. Clément Alexand. 1,42, éd. Potter. cf. Whtte &gypt. 1,100.

(2) O!- itâXai Oeot.

bien trouver des livres au Sérapéum, immédiatement après l'an 391, et Orose ne plus y rencontrer que des armoires vides vingt ans.pltis tard, l'espace de quelques années suffisant pour une grande dilapidation; mais le fait est que les armoires d'Orose n'ont rien de commun avec les cabinets d'Aphthonius. Une simple observation va nous en convaincre, Orose, qui vit Alexandrie vingt ans après la catastrophe de 391, rapporte, à la vérité, qu'il trouva dans des temples (F Alexandrie des armoires qui jadis avaient contenu des livres, et qui étaient vides de son temps j les chrétiens eii ayant dispersé les volumes (1) ; mais Orose ne parle pas du Sérapéum, et rien dans ses indications ne prête à la confusion qu'on a faite quand on a dit qu'il avait trouvé vides les armoires d'Aphihonius, qui ne connaît pas d'armoz'res, qui ne connaît que des cabinets. Orose parle si peu du Sérapéum, qu'il n'a en vue que quelques-uns de ces temples d'Alexandrie qui avaient possédé des archives, des volumes sacrés, que les chrétiens étaient venus en arracher sur la fin du ive siècle, mais dont ils avaient laissé subsister les armoires. Qu'on veuille bien se pénétrer de ce petit fait ; il est important pour la question de l'incendie de la dernière bibliothèque d'Alexandrie ; et nous aurons besoin de l'invoquer quaftd reviendra Cette question, l'une des plus embrouillées que présente l'histoire d'Alexandrie.

Nous répondons à la troisième et dernière objection, relative à l'application du tableau d'Aphthonius au Sérapéum, que les textes que nous allons donner ne laissent pas le moindre doute sur la légitimité de cette application; car, malgré l'état de décadence où les auteurs de ces textes ont trouvé lé magnifiqueédificedécritpar Aphthonius, et malgré quelques différences de détail, l'identité ne saurait être douteuse; la colonne qui guidait autrefois le voyageur dans cette espèce de labyrinthe consacré aux sciences-, nous sert encore du boussole dans ce labyrinthe de ruines.

(l) L. VI, c. 15.

A partir d'Aphthonius, et pendant six siècles, les écrivains gardent le silence à cet égard; et quand les conquérants d'Alexandrie font au vue siècle le relevé des monuments de cette ville, ils se bornent à nommer en masse 4000 palais ; fnais à partir du xi* siècle les historiens donnent des détails <jni permettent de renouer la chaîne des traditions.

Voici d'abord ce que dit, d'après nn écrivain antérieur, tin anonyme qui rédigea en 4067 une description d'Alë&lHdrie, et qu'a traduit M. de Sacy : « Le grand palais d'Alexandrie est ruiné aujcrui'd'hui ; il est placé sur une grande colline, en fade de la porte de là ville; sa longueur èSt de SÔ6 fcoudées, et sa largeur, de la moitié oïl environ. Il n'ën existe plus rien, si ce n'est ses colonnes ou piliers (Saïuart, mot dont Michaëlis a fait Severus), qui sont encore sur pied, sans qu'aucune soit tombée, ei sa porte, qui est de la bâtisse la plus stfItdeet la mieux construite. » (-1)

Un abréviateuf d'Edrisi(ce dernier écrivait vêts 1ÎS9) assure que la grande colonne appelée colonne des piliers (Amud Sawttrl) se trouvait dans an bâtiment situé au sud de ïa ville, que les colonnes de cet édifice qui formait un caffé long étaient encore sur pied, qu'il y en avait 16 pour chacùf» dès c"6iés les plus éoufls, et 67 pour chacun des côtés les plus longs; que la grande colonne, garnie d'un chapiteau et posée sur une base efl marbré, se trouvait du côté septentrional.^)

L'auteur du Tohfat Alàlbal, qui visita Alexandrie l'an iHY, compta 300 coïotïnes. (&)

Benjamin de Tudèle, qui parcourut l'Egypte peu de teitïps après, et qui paraît avoir écrit vers l'an 1160, vit et décrivit aussi ces belles ruines; mais sa description doiiriedeux faits nouveaux, l'un matériel, l'autre moral, te1 pTëmie'r, c'est

(1) Manuscrits de la Bibliothèque du Roi, n° 580, p. 61.

(2) D* S»oy, ÂbfcAlhttif, p. 281

(3) Ibid. p. 233.
l'existence de 20 salles ou cabinets que le voyageur nomme Écoles, et qu'on distinguait encore de son temps, mais qu'aucun deses prédécesseurs n'avait remarquée, ou du moins mentionnée; le second, c'est l'existence d'une tradition ou d'une opinion populaire qui rattachait ce monument aux noms d'Aristote et d'Alexandre, tradition que jusque-là aucun écrivain n'avait constatée non plus, mais qui avait dû se former peu de temps après la conquête arabe. Voici le texte du voyageur : « Hors de la ville, dit-il, est VÉcole d'Aristote, précepteur d'Alexandre, qui est un grand et bel édifice orné de colonnes de marbre entre chaque école. Il y a environ 20 de ces écoles (salles) où l'on venait de tous les endroits du monde pour entendre la sagesse du philosophe Aristote. » (1) Ces traditions et ces portiques se fussent sans doute conservés ensemble jusqu'à nous, à l'ombre de la colonne qui les dominait et comme cette colonne elle-même, sans un acte de barbarie qui s'attaqua à ces ruines.

En effet, Abd-Allatif nous apprend qu'un gouverneur d'Alexandrie, nommé Karadja, qui commandait dans cette ville pour Saladin, fit transporter et jeter ces colonnes sur le bord de la mer, afin de rompre l'eflbrt des flots et mettre les murs d'enceinte à l'abri de leur violence. On voyait néanmoins, encore au temps d'Abd-Allatif, des débris de ces monuments autour de la colonne des piliers qui restait seule debout, et l'on pouvait juger par ces restes que les colonnes avaient été couvertes d'un toit qu'elles soutenaient. Cet historien ajoute que l'édifice lui-même était le portique où enseignaient Aristote, et après lui ses disciples ; que c'était là l'Académie que fit construire Alexandre, quand il bâtit cette ville, et où était placée la bibliothèque que brûla Amrou. (2) De ces indications il résulte évidemment que c'est bien du même édifice, du grand portique quadrangulaire que parti) Voyage, trad. de l'hébreu par Sabatier I, p, 232. Amsterd., 1734, iu-12. (2) l)e Sacy, Abd-Allatif, p. 183.

lent Aphthonius et les écrivains que nous venons de citer; que ce portique était réellement situé auprès de la colonne des piliers qui est encore debout, et près de laquelle Pococke découvrit les vestiges des colonnes enlevées par Karadja ; que le Musée était oublié au moment de la conquête arabe ; et que déjà une tradition générale identifiait le Sérapéumet l'ancienne Académie d'Alexandrie.

Cette opinion était établie sans doute au moment de la conquête arabe. En effet, s'il s'en était répandue une autre au moment de la conquête, une seconde eût eu peine à naître. En Orient, les traditions ont, comme les mœurs et le langage, un caractère de constance qui justifie cette induction.

J'ajoute maintenant que, de tous ces textes, aucun ne dit, à la vérité, que le Portique ou l'Acropolis fût le Sérapéum, mais que l'identité de la position met ce fait hors de doute, et que cette identité est acquise par la comparaison des indications de Strabon avec l'emplacement de la colonne de Dioctétien ; que Strabon place le Sérapéum en dedans du canal tiré du portKibotosau lacMaréotis; que là même s'élève la colonne de Dioclétien, qui semble restée debout comme pour guider les recherches de l'historien; que, toutefois, plusieurs géographes modernes, et Danville entre autres, placent le Sérapéum ailleurs, en le rapprochant de l'Heptastade, mais que cette opinion est sans fondement.

1I est donc établi qu'à la fin du iv* siècle ou dans les premières années du v% il existait dans l'ancienne enceinte du Sérapéum un immense portique avec des salles de lecture et quelques petits sanctuaires. Ce point constaté, nous reprenons maintenant l'histoire de l'école d'Alexandrie après la catastrophe de 391, en partant de ces Sept faits : que la Bibliothèque de l'édifice était demeurée sinon intacte, du moins considérable ; que l'on y avait rattaché l'ancien Musée ou l'ancienne Académie ; que l'on y tolérait dans quel

;1) White, &gypt., p, 1, p. 9$.

ques cabinets le culte dès anciennes divinités ; que, cependant* le christianisme régnait sur cet ensemble; que, sur l'emplacement du sanctuaire de Sérapis s'élevait l'église d« Saint-Jean ; que des moines occupaient les appartements des anciens âgntuontes, et que de cette sone ce foyer des mystères réunis d'Osiris-Dionysos, dé Sérapis-Pluton et de Mithra était anéanti comme celui de Cïmohus, sa succursale.

En effet, le caractère dominant des études de l'Ecole d'Alexandrie fut désormais à tel point chrétien, qu'on put laisser tomber le Didascalée, et qu'il tomba complètement à partir de cette époque. Dès le commencement du ive siècle, «'est-à-dire dès la première proclamation de la liberté chrétienne faite en 319; cette institution, destinée à former des hommes capables de lutter contre les philosophes du polythéisme, s'était affaiblie au point qu'on ne sait plus qui la dirigea après Pierre Martyr, dé l'an 313 à 320 de notre ère, si ee ne fut le savant Arius? qu'on ignore complètement qui en fut le chef de 320 à 430, et qu'on doute si de 330 à 340 ce fut réellement Macarius Politicus. Il est certain que, de 340 à 390, ce fut le Savant Didyme, et il est probable que, de 390 à 395, ee docteur fut Secondé par llhodon. Maison ne cite plus aucun professeur du Didasealée après cette époque, qui coïncide avec te destruction du Sérâpéum$ et Philippe de gide, successeur de Rhodon, ntttft apprend que ce maître liliffiéntè se transporta d'Alexandrie dans cette dernière ville. Cola se conçoit, I* lutte du Didascalée contre le sacerdoce de Sérapis et les philosophes du Musée terminée, la mission du Didascalée était accomplie, et dès la fin du v« Siècle on parlait de Cette école comme d'une insti luliou qui avait cessé d*existef. (1)

Lé Claudiuin, le Sébastéum éi le Musée eurent-ils le même Soft', cessèrérit-ils également d'exister à partit de 391, et toutes les études furent-elles concentrées dans les dépendances du Sérapéum ? On l'ignore. Personne ne mentionne

(1) Cassiod,, Init. div.fcrip. in Pnsf.

te Chute dé ces1 établissements ; et la Situation générale d'Alexandrie ne permet à ce sujet aucune induction positive. De ce que S. Jérôme, S. Epiphane et S. Hilarion trouvèrent le Bruchium un peu désert et détdchê de l'enceinte de la ville, il ne s'ensuit pas qu'il eût cessé d'être l'asile dés lettres; caria solitude ne tue pas les travail* de l'esprit ; ni l'Académie ni le Lycée n'avaient riétt perdu à s'établir hors de l'enceinte d'Athènes.

Toutefois> il est vrai, le Musée du Brticliiùrh rie se trouve plus homme à paflir du v' Siècle. Ce qui Seal est certain, c'est que des écoles de grammairiens, de critiques i de philosophes et de médecins se maintinrent dans Alexandrie, même après la catastrophe de 391, et que ces écoles, quoique dominées par l'administration chrétienne dé l'empire et de la cité, n'appartenaient pas à l'Eglise ; qu'au contraire elles continuaient l'ancien ordre d'idées ; qu'à la vérité presque toutes les traces de l'organisation primitive des aiieienftès syssitiéS y disparaissaient, et que le poly(héistne Se maintint dans ces travaux reprié au portique du Séràpéuni Gti se trouvaient Quelques petits sattctuaifes, quoi ti'il ne doit plus question de la présidence d'un prêtre.

Cette situation mixte, où le polythéisme était au fond dû eteur, le christianisme dans l'administration, manquait de toute sincérité; mais elle était amenée par la force des choseé, c'était celle d'une transaction; C'était aussi celle d'une transition, car elle ne pouvait rii perniëttr'è uii véritable développementi ni durer longtemps. Ces étndès, qui n'étaient plus païennes et qui n'étaient pas ertCorë chrétiennes, pouvaient bien plaire à quelques vieux rhétetirs ou à quelques sophistes qu'elles nourrissaient, et qui, darfs leurs écrits, se vengeaient, comme Euhape, de la gène imposée à leurs pai*c*les ; mais elles ne pouvaient trouver de sympathies dans aucune fraction du peuple. Ce que l'on devait rencontrer le plus souvent dans ces écoles, c'étaient de jeunes chrétions qui venaient y chercher des «mes pet» «tthbsttW» 6d jëtir les maîtres qui les formaient , et réfuter ceux de leurs condisciples qui écoutaient encore avec trop de soumission ces éloquents débris du passé.

Sous ce rapport, ces études offraient un puissant intérêt à ceux qui en avaient besoin, et ce fut pour eux que l'administration chrétienne les maintenait en laissant aux professeurs une dernière ombre de liberté ; que les empereurs eux-mêmes admettaient aux dignités Thémistius et Libanius, les plus illustres de ces maîtres; qu'ils pardonnaient au talent avec lequel ils enseignaient leurs élèves chrétiens, le polythéisme qu'ils professaient eux-mêmes.

Rien ne s'opposait donc à la continuation des études profanes d'Alexandrie ni à la fréquentation de ses écoles publiques par la jeunesse païenne et chrétienne. Ces études reprirent si bien, que Théon d'Alexandrie , membre du Musée, suivant la désignation expresse de Suidas (1), professa les mathématiques publiquement, et que sa fille Hypatie engna la philosophie du polythéisme avec un éclat qui séduisit le jeune Synésius au point qu'il lui fut difficile, sinon impossible, de s'en détacher entièrement quand il fut devenu chrétien et évoque. Il est très vrai qu'Hypatie, qui semblait imiter dans ses apparitions publiques la majesté et la grâce des anciennes divinités de l'Olympe, excita contre elle les violences de la population chrétienne; niais d'autres professeurs de philosophie lui succédèrent sans exciter les mêmes fureurs, et, en cessant ou en déguisant leurs hostilités contre le christianisme, ils purent continuer leur enseignement dans tout le cours du v* et du vie siècle.

Il n'y eut peut-être pas dans leur succession la même régularité que dans celle des philosophes d'Athènes, leurs contemporains de la chaîne hermaïque; et les chefs de l'école d'Alexandrie (2) , Ammonius, Hiéroclès, Énée de Gaza et
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Olympiodore n'égalèrent pas en célébrité Plutarque, Syrianus, Proclus, Marinus, Isidore, Zénodote et Damascius, les chefs de l'école d'Athènes ; mais peut-être ils leur furent supérieurs sous le rapport de la science. Ils les surpassèrent aussi sous le rapport de la réserve qu'elle donne; et quand Justinien ferma l'école d'Athènes, l'an 529, moins pour soulager son trésor que pour obéir à sa conscience, il épargna celles d'Alexandrie. Il leur aurait défendu d'enseigner, que les philosophes de cette ville ne seraient pas allés s'expatrier avec leurs confrères de la Grèce, si j'apprécie bien la modération de leurs principes. (1)

II est vrai, quand Alexandrie n'occupait plus que le troisième rang parmi les villes de l'empire, l'enseignement qu'elle offrait encore était peu étendu ; mais on y rencontrait toujours de bonnes études de philosophie, de philologie , de médecine et de mathématiques, et même des cours de jurisprudence. Pour mettre fin à ces travaux, il fallut deux invasions barbares et le bouleversement si complet qu'amena le mahométisme. Ces catastrophes vinrent enfin succéderà lant d'autres dans la première moitié duvnesiècle.

La première des deux invasions, celle des Perses, sous Khosrou H, l'an 616, ne fut que passagère, et n'anéantit rien. Quoiqu'elle soumît toute l'Égypte à l'ennemi et qu'elle fût assez redoutable pour que le préfet et le patriarche se réfugiassent en Chypre, les historiens n'y rattachent aucun fait spécial sur les études. (2)

La seconde, au contraire, celle des Arabes, qui eut lieu l'an 640, fut suivie d'une longue occupation, et son début doit avoir amené l'incendie de la dernière bibliothèque d'Alexandrie. En effet, d'après trois écrivains orientaux, l'un du xne siècle, l'autre du xnie siècle, le troisième du xv% Abd-Allatif, Aboulfaradj' et Makrizi, le conquérant Amrou

(1) Malalas, p. 449 et 4SI. — Agathias II, 30.

(2) Niceph., p. 7, etib. Petav.—Thcoph., p. 232.—Bar Hebraeus,CArom'c. Syr. p. 99.

aurait anéanti1, sur la décision du oi)Jif^Q$9F, I0«te la collection de livres qui se trouvait dans la ville. Mais il n'est pas de fait plus contesté dans l'histoire que celui-là. Voyons d'abord ce qu'on affirme à cet égard, puis ce qu'on objecte, et enfin ce qui semble ressortir d'entre les exagérations des uns et les doutes des autres.

El d'abord Abd-Allatif, qui distinguait dans ses 13 livres ce qu'il avaif vu, de ce qu'il avait appris d'autres, dit dans les premiers, dans ceux qui contiennent ce qu'il a vu, en parlant des débris du portique quadrangulaire, dont il a été question ci-dessus (page 323): Je pense que cet édifice était le portique où enseignaient Aristote, et après lui ses condisciples, et que c'était là l'Académie que fit construire Alexandre quand il bâtit pette ville, et où était placée la bibliothèque que brûla Amrou-bcn-Alâs, avec la permission d'Omar, (i)

Aboulfaradj' donne plus de détails. En parlant des savants qui ont illustré Alexandrie, et surtout de Jean Philoponug, il raconte que ce dernier, bien accueilli d'Amrou, qui écoutait avec plaisir dos discours de philosophie auxquels les Arabes n'étaient pas accoutumés, lui dit un jour qu'après avoir tout visité dans Alexandrie et marqué de son sceau tout ce qui pouvait êtrç utile, le vainqueur devrait lui céder ce qui ne pouvait l'intéresser lui-même, c'est-à-dire, les livresphthuor pliiques qui se trouvaient au trésor royal; qu'Amrou n'osant en djgpQser sans avoir consulté le calife, lui écrivit et en recut cette réponse : que si les volumes en question étaietit tfoccord avec le livre de. pieu., ce dernier suffisait; que s'ils y étaient contraires, on n'en avait nul besoin, cl qu'il fallait les détruire; ijue, sur celte décision, Amrou les fit distribuer dans les baiqs d'Alexandrie pour servira les chauffer, et qu'ils furent consumés dans l'espace de six raois. (?)

(1) Abdollatiphi compendium memorabilium JEgyptl ; ed White. Tnbing. 1789, p. 64.—Cf. Abd-Allatif, Relation de l'Egypte, trad. de l'Arabe, par M. de Sacy, Paris, 1810, p. 183, 240.

(S) Jlist. Dynait., p. 114, trad, dePococke.

reproduire Je mêi^e, fait, d'après Abd-AllaW qu

générale; il ajoute cependant une tradition fort curieuse , celle que Benjamin de Tudèle ayait rencontrée, dè§ le Xlj' siècle, sur le fondateur de l'édifice dont on ne voyait plu» debout qu'une $eule colopne. (Getta. colonne étaij, dit-i), d'après l'opinion générale, au nombril de celles qui soutenaient le portique d'Aristotc, et on disait qu'en cet endroit s'était trouvé le palais de lu science , qui avait contenu la Bibliothèque Jjrûjée d'aprèa }es intention* d'Omar, fiJa do KJiettab, (!)

On ypjt que, si l'opinion générale recueillie par ces trois écrivains était fondée, il aurait existé une bibliothèque considérable au moment de la conquête. Elle aurait été enlevée à cette époque d'un bâtiment dont il serait resté I|b belles colonnades jusqu'au xm° siècle; et, dans ce siècle où la tradition sur l'ancienne. Alexandrie s'était nécessairement al téréc, on aurait pris ces débris pour ceux de l'ancien Musée, édifiée dont on aurait rattaché l'origine non pas au non» de Plolémée Sotur et de l'iolémée l'Iiiladelphe, mais à celui d'Alexandre, dont tout l'Orient admirait les exploits, et à c«lui d'Aristote, dont il lisait les ouvrages.

Pflur pe dernier peint, la tradition 4tajt çap^ doute, fort altérée; ruais pour ce qui est de l'existence d'une bibliothèque au moment de la conquête et de sa destruction par les Arabes, ces deux faits, loin d'offrir rien de fabuleux ou d'incroyable, portent au contraire le cachet de la vraisemblance et de re$acijttt.de. H faut pourtapt m certain courage pftBF les défendre ; car, depuis les doutes que Uenaudol a jetés sur lies deux fajtp dans so» Histoire. des patriarches drie (2), c'est une opinion établie» qu'ils ne reposant que des cpnte§ ofiejït^ux, Qn fait à est égajrd
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On dit, d'abord, que les trois écrivains en question méritent d'autant moins de confiance, qu'aucun des autres historiens d'Orient qui retracent la conquête de l'Égypte par les Arabes, ne mentionne les mêmes faits.

On dit, ensuite, que ces faits sont inconnus aux auteurs les plus spécialement appelés à les retracer, à Eutychès,patriarche d'Alexandrie, qui a vécu au xe siècle, et qui raconte en détail la prise de la ville par les Arabes ; à Elmacin, qui a vécu au xiii% et qui retrace le même événement ; à AbouIféda, qui a vécu au xin* siècle aussi, et qui aurait dû également le rapporter, soit dans sa Description de l'Egypte, soit dans la cinquième partie de son Histoire abrégée du genre humain.

On prétend qu'il n'y avait plus de bibliothèque dans Alexandrie lors de la conquête arabe; et grossissant une erreur que nous avons déjà mise à nu, celle que, dès le V siècle un écrivain latin, Orose, en' aurait trouvé les armoires vide* (voyez ci-dessus, page 326), on dit qu'il résulte de/ textes de deux écrivains du vie siècle, Jean Philoponus et Ammonius Hermiae, que les anciennes bibliothèques n'existaient plus, ce que tant d'invasions et de catastrophes rendraient d'ailleurs fort probable.

On assure, de plus, que Jean Philoponus, qui joue un si grand rôle dans le récit d'Aboulfarndj', était mort avant la prise d'Alexandrie.

On dit, aussi, que les erreurs commises sur le Musée, au sujet d'Aristote et d'Alexandre, par deux des trois écrivains, font juger de la confiance que mérite tout leur récit ; et l'on assimile ce qu'on appelle ces contes arabes à d'autres fables analogues sur des bibliothèques portées dans les rivières et qui y auraient formé des ponts, etc.

On ajoute, enfin, que les califes avaient défendu la destiuction des volumes juifs ou chrétiens sous les peines les plus sévères, et qu'il n'en périt point ailleurs, pendant les premières conquêtes des Musulmans.

Ces raisons, présentées d'une manière plus ou moins complète par Assemanni, Gibbon, Reinhard et d'autres, paraissent fort spécieuses au premier aspect; mais sont-elles décisives? Je ne le pense pas, et je dois attacher à les combattre une importance d'autant plus sérieuse, qu'elles sont plus généralement admises.

Quant aux deux premières, elles n'en forment qu'une : c'est cet argument tiré du silence qui est jugé, et en vertu duquel on nierait l'existence de la moitié des institutions et la moitié des catastrophes connues dans l'histoire. Pour ne parler ici que de la bibliothèque d'Alexandrie, n'avonsnous pas vu, en effet, que si cet argument était admis, on prouverait, par le 17e livre de Strabon, qu'il n'y eut jamais de bibliothèque dans Alexandrie, etqu'il n'yeutpasd'incendiedans cette ville sous César? Et cependant Strabon avait vu de ses yeux le théâtre de l'incendie, et il avait mille fois entendu le récit de la catastrophe, dela part de gens qui l'avaien vue de leurs yeux. Or, l'écrivain qui garde ce silence, donne une description exacte de la capitale des Ptolémées, et parle des plus belles institutions de ces princes. Il y a plus, le livre où Strabon oublie la Bibliothèque qui existait de son temps, il l'a fait avec les matériaux qu'il y avait recueillis. Cet exemple ne montre-t-il pas clairement, et pour la millième fois, ce que valent des inductions tirées du silence ?

De cet argument du silence, passons aux témoignages explicites d'Orose, d'Ammonius et de Philoponus, qui doivent attester qu'il n'y avait plus de bibliothèque à brûler quand Omar s'empara d'Alexandrie. Et d'abord, quant au texte d'Orose, il est on ne peut plus mal invoqué. Orose, nous l'avons vu, parle d'armoires vides qu'il a trouvées dans destemples, et ne dit nulle part qu'il n'y eût plus deson temps de bibliothèques dans Alexandrie. Si, de son silence sur les bibliothèques ou débris de bibliothèques profanes qui existaient encore, on infère qu'il n'y en avait plus, il faut inférer aussi de son silence sur celle du Didascalée, qui existait T. i. 22
encore au ctimmenceittent du v° Siècle, qu'elle s'était dispersée également, ce que personne ne saurait admettre.

Le texte de Philôponus semble plus favorable au premier aspect ; il ne l'est pas quand on l'examiné d'un peu plus près. En effèi, en parlant de l'authenticité d'une portion des Analytiques faussement attribuée au chef du Lycée -, ce grammairïôh-philrjsOphe ajoute : On dit que dans les anciennes bibtiothèqA6s(lvm&tà<H<; pip^o8ifraiç), il se trouvait quarante livreB d'Analytiques (ï). Mais peut-on induire sérieusement de la disparition des anciennes collections, qu'il n'y en eûtpâsdô nouvelles ? S'il faut conclure quelque chose des mots dePhilO» pohus, n'est-ce pas précisément le contraire, c'est-à-dir^ qu'il y en aVâit de nouvelles, mais que les anciennes, cellèà qui brûlèrent au temps de César, ayant été détruites, on n'a" tait pas pu ou on n'avait pas voulu mettre dans lés nouvelles les 40 livres en question? Jean Philoponus ne dit pa* le moine du monde que, de son temps, il n'y avait plus de biblio» thèques dans Alexandrie; il dit seulement que dans lèS anciennes bibliothèques qui n'existaient plus, et qui d'ailleUrS avaient renfermé tant de commîtes et de faux livres, on trou* vait des écrits faussement attribué* à Aristote.

Le passage d'Ammonius, important pour l'histoire des ouvrages d'Aristote, est encore plus contraire que celai de Philoponus a la thèse qu'on veut établir. * H doit y avoir eu , dans la grande bibliothèque (Iv tîj [Aï-fixXvi ^W»flfcy))^ dit têt écrivain, qui est plus précis que le précédent, quarante livW* dMfcà^twTaeiètdeux de Catégories (2) ». Voilà tout Ce qu'Affîmonius rapporte, et cela prouve sans doute ce que tout fe monde sait, c'est-à-dire, que la grande bibliothèque d'A> \exandrie, brûlée l'an 47 avant notre ère, n'existait pins afc *b siècl'è dt cette èïè; mais télà né prouve ^as pitis, et ih*

(1) Au heu de quatre qui nous restent.

(t) Phiiop., Comment, ad Arist. Analyt., pr. \, fol. 2. B.

(3) Comment, in Àrist. Categ. ap. Ai.d. toi. 5. X.

férer de ce texte qu'au temps d'Ammonius, il n'existait point d'autre bibliothèquedans Alexandrie que celle qui était brûlée depuis cinq siècles, c'est vraiment faire de singulières inductions.

Il en est une plus légitime, celle que suggère aussi le texte de Philoponus, c'est-à-dire, qu'à la grande, qui n'existait plus, il en répondait une petite, qui existait encore. Mais, dans ce cas, dit-on, Ammonius y serait allé vérifier l'existence des quarante livres? J'ai ici quelque peine à répondre. On vérifie ce qu'on a besoin de vérifier. Mais si Ammonius savait ce qu'on eût voulu qu'il vérifiât — et comment ne l'auraitil pas su — pourquoi serait-il allé te vérifier? — Cela était d'ailleurs bien simple, on n'avait pas fait recopier les quarante livres, par la raison qu'ils n'étaient pas authentiques?

On objecte aussi que le récit d'Aboulfaradj' fait jouer, efl 641, un rôle à Jean Philoponus, qui serait mort longtemps avant cette époque. Mais pour quelle raison fait-'on mourir ce grammairien avant la conquête arabe ? C'est parce qu'on le fait auteur de YHérésie des tritkéistet qui remonte à l'an 578, et parce qu'il a été le disciple d'un Ammonius quia vécu au vie siècle. Or, pour ce qui est de l'hérésie, c'est à tort qu'on l'a confondu avec Jean d'Askusnages, qui en fut le véritable auteur; pour ce qui est du nom d'Ammonius, l'un des plus communs en Egypte, il ne prête aucune fore» à cette argumentation, qui vaut ce que valent les précédentes.

Le parallèle qu'on a établi entre les livres d'Alexandrie distribués dans les bains de cette ville, et ceux d'une antre jetés dans une rivière, où ils auraient formé pont, est pi* quant; il n'est que cela. On ferait des rapprochements plus ingénieux, et l'on produirait des récits orientaux plus extravagants, qu'ils ne prouveraient pas davantage. Quand on dit que celui d'Aboulfaradj' est un conte des Mille et une nuits, ce n'est pas ce récit, c'est le rapprochement qui est étrange. Il y a sans doute, dms i'entretien d'Amrou et de Philoponus, ainsi que dans la décision que doit avoir rendue le calife Omar, une part à faire au style historique de l'Orient; mais, sauf ces exagérations que nous trouvons, à propos d'Alexandrie, dans Théocrite, dans Josèphe, dans Philon, dans Vitruve, dans Athénée et dans les Scoliastes, presque au même degré que dans Abd-Allatif, Aboulfaradj' et Makrizi, il n'y a, dans les récits de ces derniers, rien qui ne soit conforme aux mœurs du temps et aux probabilités historiques. Le prophète venait de mourir. Aux yeux des Musulmans, son Code, tiré de ceux des juifs et des chrétiens, contenait tout ce qu'il leur importait de connaître; car, à cette époque, il ne s'agissait pour eux d'aucune autre espèce d'écrits que de livres de religion. Aristote, qu'ils ont tant lu plus tard, et toute la philosophie et la littérature de la Grèce, qu'ils ont traduites et imitées pendant tant de siècles, leur étaient parfaitement inconnus; et Omar n'a pas dû comprendre, plus qu'Amrou, ce que Philoponus ou tout autre avait pu dire d'écrits philosophiques; il a dû les déclarer inutiles.

Quand on assure que les Arabes ne détruisaient pas de livres lors de leurs premières conquêtes, on va contre l'histoire et contre l'opinion des écrivains musulmans. L'un d'eux, Hadji-Kalfa, qui n'est pas fort ancien , mais qui est fort érudit, nous apprend, sur les premiers partisans de Mahomet, qu'ils furent scrupuleux au point de brûler les livres qui leur tombèrent entre les mains dans les pays dont Us firent la conquête. (1)

Quand les Musulmans eurent conquis les provinces de la Perse, [dit Ebn-Khaldoun, qui établit pour les sciences des rapprochements entre les Perses et les Grecs, ] et que plusieurs des livres de ces régions furent tombés en leur pouvoir, Saad, fils d'Abou-Wakkas, écrivit à Omar, pour lui demander la permission de les transporter chez les Musulmans. La réponse d'Omar fut : Jetez-les dans l'eau; car si ce

(1) De Sac;, Abd-Allatif, p. 241.

qu'ils contiennent est capable de diriger (vers la vérité), Dieu nous a dirigés par quelque chose de bien supérieur à cela; si, au contraire, ce qu'ils renferment est propre à égarer, Dieu nous en a préservés. On jeta donc ces livres dans l'eau et dans le feu (1). Cela se conçoit.

Il n'est contre les trois écrivains qu'une seule objection qui soit grave: c'est l'erreur sur le palais d'Alexandre ou cette Académie d'Aristote, qu'un de ces narrateurs prétend avoir vue. Mais il faut considérer ici que c'est une tradition qu'il recueille, que ce n'est pas une question d'histoire qu'il résout, et que rien n'était plus naturel, dans la ville d'Alexandrie, que de rattacher à un héros connu de tout l'Orient les plus belles ruines de la cité qu'il avait fondée. On pouvait d'ailleurs, à juste titre, faire remonter jusqu'à lui ce Musée jadis établi dans le quartier des palais royaux. Or une fois le nom d'Alexandre adopté, celui d'Aristote ne pouvait manquer de s'y joindre. Aristote n'a sans doute pas enseigné au Musée, mais n'est-ce pas un de ses disciples, Démétrius de Phalère, qui en a dirigé la création?

Cette objection est donc de la force des précédentes.

Il en est d'autres qu'on pourrait se dispenser de produire; mais c'est les réfuter que de les exposer. Ainsi, on a vu le même écrivain affirmer, d'abord, qu'il n'a pas pu se conserver de livres en Égypte jusqu'au vu" siècle, parce qu'on y écrivait sur une matière très-altérable, le Papyrus; et puis déclarer un peu plus loin, que si l'on avait employé ceux qui existaient lors de la conquête à chauffer les bains publics, on aurait empesté la ville par la mauvaise odeur que répand le Parchemin. (2)

Un autre a dit qu'il n'y avait plus de livres à Alexandrie par la raison que Julien fit établir une bibliothèque à Con» stantinople, et qu'après un incendie qui la dévora sous le

(l)Ibid.,p.242.

(2) Reinhard,p. 48 et 51.

règne de Basiliscns (1), Zénon la fit rétablir aux dépens de Celles d'Alexandrie ; mais le moyen de prendre au sérieux de tels arguments !

Ce qui fit la fortune du scepticisme de Renaudot, ce fut d'abord l'érudition qu'Assemanni mit au service de cette hypothèse, ce fut ensuite l'esprit de critique de Gibbon, esprit si séduisant pour les écrivains du dernier siècle. Mais, quand on considère de quelle manière le meilleur historien de l'antiquité grecque, Hérodote, était traité avant l'expédition d'Égypte, on ne saurait être surpris de la façon dont sont traités trois écrivains d'Orient, qui prêtent d'ailleurs à de justes critiques par ces chiffres de quatre mille bains et de six mois, par cette relation d'entretiens auxquels ils n'ont pas assisté, et par ces noms d'Alexandre et d'Aristote qu'ils acceptent de la tradition.

Maie, on le voit, s'il y a des considérations qui peuvent faire hésiter, il n'y a pas un argument qui puisse faire douter.

L'EXISTENCE ET L'iNCENDIE D'UNE BIBLIOTHÈQUE DANS ALEXANDRIE, Au Temps D'omar , Est Un Fait A RÉtablir Dans L'histoire. Gibbon lui-même, tout en se livrant au plaisir de renverser une autorité, sentait ce que n'ont pas senti tous ses copistes, c'est-à-dire, qu'il était impossible de contester une collection de livres à une ville si distinguée encore par ses travaux scientifiques; à une ville où le vainqueur trouva quatre mille palais, car ce chiffre, d'ailleurs si bien expliqué par Saint Martin (2), est accepté par ceux même qui veulent qu'il n'y eût pas quatre mille bains dans Alexandrie, ni de quoi les chauffer avec des livres pendant six mois (3). Gibbon admet donc qu'on a pu brûler une bibliothèque ; mais ce n'était, suivant lui, qu'une bibliothèque chrétienne, pleine, dit-il, d'écrits de polémique. Or, pour celle-là, il la
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livre aux flammes avec des réflexions trop gaies ci trop connues pour qu'il soit nécessaire de les répéter.

Deux orientalistes célèbres, d'un autre esprit que Gibbon, Lanfdùs et de Sacy, sont entrés en partie dans la même voie, Langlès dit qu'il est Incontestable, qu'à l'arrivée des Musulmans, il existait encore à Alexandrie une Bibliothèque, et qu'elle fut livrée aux flammes (1). M. de Sacy admet comme vraisemblablcle récitd'AboulJaradj'; et l'autorjtéavec laquelle il apprécie le génie d'un historien d'Orient est d'autant plus grande, qu'il produit plus de témoignage? orientaux, pour établir '/"-'à cette époque les Musulmans détruisaient les livres; mais il ajoute qu'on avait pu mettre une bibliotheque pour le service de l'école d'Alexandrie dans les armoires dont parle Aphthonius, et ici (p. 243 de la induction d'Abd-Allatif), le célèbre orientaliste tombe dans une erreur d'autant plus singulière, qu'Aphthonius ne parle d'armoires que dans les traductions latines qui ont trop longtemps régné dans les écoles; que le mot sy)xoî, qu'on y traduit par armariq,, signifie des retraites, des cabinets, des réceptacles propres à recevoir des livres, et que dans la traduction qu'il donne plus haut du texte d'Aphthonius, il ne met pas armoires, mais cabinets (p. 235). Cette erreur étant l'unique raison qui ait pu le porter à croire que la bibliothèque du Sérapéum n'existât plus au temps d'Omar, est la seule aussi qui l'ait porté à dire qu'on avait pu enfermer une autre; mais on voit que cette hypothèse est complètement inutile, et elle est d'autant plus inadmissible que l'œuvre qu'elle suppose devenait plus difficile.

L'idée de Gibbon n'était pas heureuse ; mais il n'était pas non plus nécessaire de créer une bibliothèque spéciale, et de la déposer dans les armoires de l'Acropolis, pour que le vainqueur d'Alexandrie trouvât à brûler une bibliothèque, puisqu'il est à croire que l'immense portique du Séraoéum,

(1) Voyage de Norden, Notes III. p. 173 et suiv. — Sainte-Croix, Mag. Encyclop. IV, 433.

qui devint si fameux après la concentration de toutes les études de l'ancien Musée et de l'ancien Didascalée dans ces bâtiments, avait recueilli, avec les livres de ces deux institutions, ceux du Sébastéum, du Claudium et de toutes les syssitics qui s'étaient éteintes avant ou après la catastrophe de 3&1.(1)

II est deux choses qui sont hors de doute dans cette question, la première, qu'Alexandrie possédait pendant le ve et le vi" siècle, après la destruction du sanctuaire de Sérapis, et probablement dans le portique quadrangulaire où Benjamin de Tudèle distinguait encore, auxiie siècle, vingt locaux d'écoles séparés les uns des autres par des colonnes de marbre, une collection de livres assez considérable pour permettre de vastes travaux; la seconde, que ces collections, loin de se borner aux ouvrages de religion, embrassaient les diverses branches d'études.

Cela ressortira nettement, je crois, de l'histoire des derniers savants de cette époque; et Gibbon lui-même, à l'aspect de leurs travaux eût avoué qu'Amrou a pu brûler dans Alexandrie autre chose que des livres de théologie.

(1) Je dirai ici que je préfère avec Pagi la date de 391, qui est celle de Prosper, à celle de 3§9, qui est celle de Marcellin. et qu'on suit ordinairement d'après l'autorité de Tiilcmont.

CHAPITRE II

LES DERNIERS SAVANTS DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE.—LES THÉÂTRES DES SOPHISTES D'ATHÈNES. — LE PHILADELPHÉION DE CONSTANTINOPLE.

Quoique l'école d'Alexandrie fût singulièrement décimée par les événements que nous venons de rappeler, ses annales, dans ces siècles d'indifférence et de persécution, offrent encore des grammairiens, des critiques, des lexicographes, des rhéteurs, des historiens ou des polygraphes, des philosophes, des mathématiciens et des médecins.

Les événements de 391 eurent pour résultat d'expulser d'Alexandrie quelques-uns des plus savants philologues, et notamment deux prêtres de Sérapis fort érudits, Grecs l'un et l'autre, Ammonius et Helladius, qui se réfugièrent à Constantinople, où ils donnèrent des leçons à Socrate, le futur historien de l'Eglise (1). Cependant, c'est dans cette période que furent exécutés quelques-uns des plus importants travaux de philologie et surtout de lexicographie. Tels furent ceux d'Orus ou Horapollon d'Alexandrie, (auteur des Hiéroglyphiques, l'une des parties des Téméniques dont parle Suidas), qui se rendit également à Constantinople; ceux d'Orion de Thèbes, sans doute élève de l'école d'Alexandrie, et auteur (?) d'un Dictionnaire étymologique et d'une Anthologie de sentences rédigée pour l'impératrice Eudoxie; ceux d'Harpocration, auteur d'une Anthologie perdue et d'un Lexique des dix orateurs attàques, qui reste ; ceux d'Hésychius, auteur d'un Lexique qui nous a conservé un grand nombre de passages d'écrivains perdus; ceux d'Helladius d'Antinoé, du (1) Soc. H. E. V, 16. - Photim, c. 28.

iv« siècle; ceux d'Helladius d'Alexandrie, auteur d'un Lexique intitulé De l'Emploi de tous les mots dans l'ordre alphabétique, qui formait, suivant Photius, cinq volumes dont Suidas a pu profiter pour son ouvrage, ainsi qu'il paraît avoir profité du grand travail d'Hésychius dont il ne nous reste que l'abrégé ; ceux d'Ammonius, auteur du Traité des synonymes ou des Locutions semblables et différentes suivant les différentes époques de la langue, et d'un Traité, [encore manuscrit], des mots impropres, Ihpi àxupoXoYi'aç ; ceux enfin de Jean Philoponus, Des dialectes et Des mots qui changent de signification d'après les accents.

Les poètes étaient depuis long-temps peu nombreux à Alexandrie. Cependant, sans parler des hymnes de Synésius, J'élève de la célèbre Hypatie, on peut assurément revendiquer à cette ville, outre Coluthusde Lycopolis, l'auteur du poëme l'Enlèvement d'Hélène (i), plusieurs autres compilateurs de vers que l'Égypte nourrissait encore à cette époque. (2)

Je crois aussi qu'on doit rattacher à l'école d'Alexandrie l'historienOlympiodorede Thèbes, ce continuateur d'Eunape <de l'an 407 à 425) dont Photius rappelle les 22 livres de Matériaux historiques (3); le géographe Cosmas surnommé Indopleustès, le premier qui crut devoir réfuter, dans l'intérêt du christianisme, la cosmographie de Ptolémée; Sévérus, auteur d'Étkopées et de Contes; le romancier Achille Tatius; Eustathe, auteur d'Isménias et d'Isménie, écrivain chrétien, comme Cosmas lui-même, et dont les ouvrages portent le cachet d'Alexandrie, qu'on en considère le style ou l'éruditioo.

Cependant les études favorites de l'école d'Alexandrie, pendant cette dernière période, furent celles de la philosophie, de la médecine et des mathématiques.

Cette philosophie mystique qui est propre à l'école d'A

{*) V. l'édition donnée par M. Julien et celle de Schaefer, et des savants, juillet 1823, p. 406.

(2) V. Eunap. Vit. Proaeres., p, 92.

(3) Phot.,c.80.

lexandrie, cette philosophie qui atatt été enseignée avec tant de réserve par Ammonius Saocas> et puis développée tout-à-coup avec tant d'audace par Plotin et Porphyre, davint un instant dominante dans toutes les écoles, en Italie, en Sicile, en Syrie, en Çrèce, dans tout l'empire. Elle s'allia partout avec les sanctuaires de la religion et reçut, dans son union avec les mystères du culte gréco-égyptien, d«s mains d'Iamblique, une sorte de manuel qui valut à ce chef un grand nombre de partisans. Il paraît avoir séduit ceux d'Alypius d'Alexandrie, maître qui se bornait aux entretiens et aux discussions, mais qui ne publiait pas (€).

La réputation de ces professeurs ayant grandi, ils eurent des disciples si nombreux, dit Eunape, «pie s'étant rencontrés par hasard, les chefs> semblables à deux astres, étaient entourés à tel point, que leur tkéâfre ^ auditoire) ressemblait à un grand Musée {2).

Cette rencontre fut curieuse. Alypius, dont l'amour-propre était piqué, voulut briller aux yeux de ses anciews disciples pour mieux conserver les nouveaax. Il proposa donc à lamblique, en forme de dilemme, une de ces questioas 4u'aimaient à traiter les sophistes et que les Grecs écoutaient avec ravissement, à savoir, Que le triche est un homme injuste ou l'héritier d'un homme injuste. Mais Ia«ibliqtse, qwi méprisait ces parades et qui sentait que les temps étaient sérieux, déclara qu'il ne s'occupait p&s,, dans ses discussions, des o*>««tages extérieurs d'un homme, mais qu'il recherchait s'il possédait en abondance les "vertus philosophiques. Après ces mots, il disparut et toute l'assemblée se sépara. (3)

J'aime à croire que cette rencontre «ut 'lieu dans Alexsandrie, la patrie d'Alypius, ville chère à lamblique. Si cela était, et si Eunape n'exagérait pas trop, il y aurait eu bien des philosophes en Égypte à cette époque. Je dois dire ce

(1) Eunap. Tita lamblich,, p. 29.

(2) Ibid. • , :

(3) Ibid.
pendant que l'école de Plotin fut un peu sporadique depuis le dépari de ce philosophe pour Rome; et lamblique, qui avait le don de prévoir et de faire des miracles, voyagea autant que Porphyre et Plotin.

Le principal disciple de ce philosophe, Édésius, qui ne jouissait pas de l'inspiration des dieux, ou qui ne pouvait en faire aveu, vu l'iniquité des temps et la destruction des temples (1), s'établitàPergame, enMysie, et l'on ignore quel fut, après lamblique, et à partir de l'an 333, le chef de l'école ploiinienne en Égypte, si ce ne fut pas Claudien, le frère de Maxime, qui y enseigna au temps de Julien (v. Eunape), mais il est certain qu'elle se maintint à Alexandrie et à Canobus, et que, vers le milieu du iv" siècle, elle eut pour chefs la visionnaire Sosipatra, la femme du philosophe Eustathe, élevée chez des Chaldéens, ou par des génies, si nous en croyons le crédule Eunape (2). Sur la fin du même siècle, cette école était dirigée par deux hommes qui y professaient avec enthousiasme, Olympe, et Antonin, fils de Sosipatra , qui répondit avec éclat à l'illustration de sa mère et de son père, et qui se consacra à l'instruction de ceux qui se faisaient initier (toiç TEXoujxsvocç) à Canobus. Antonin s'était d'abord fixé dans Alexandrie; mais, séduit par le site de Canobus, il était venu dans cette ville, s'y était entouré d'une foule déjeunes gens qui ne cessaient de remplir le sanctuaire deSérapis, et quoique simple mortel, dit Eunape, il s'était élevé à la communion des dieux, négligeant le corps, étudiant la sagesse inconnue au vulgaire, et prédisant à ses nombreux disciples, qu'après lui Us n'auraient plus de temple (3). Il lui venait des auditeurs d'Alexandrie (oî xaTi Ty)v AXsijavSpiav To'te <T^oXaÇovreç). De plus, une multitude de peuple qui se renouvelait sans cesse affluait au Sérapéum d'Alexandrie de toutes les régions du monde, et Antonin instruisait les curieux, soit dans la doctrine platonicienne, soit dans des sciences plus élevées. Mais, ainsi qu'il l'avait prédit, il fut le dernier qui pût enseigner au sanctuaire de Sérapis, secondé par Olympe, ce professeur sacré (UpoSiSaçxaXoç) de Sérapis, dont le génie, l'éloquence et la beauté exerçaient une influence si puissante, que Suidas en parle avec admiration.

(1) Eunap. /Edes. éd. Cotnm. p. 33.

(2) Eunap. Ibid., Si.

(3) Ibid.. 89, 60, 62.

Peut-être devrait on mettre aussi dans cette catégorie, Horapollon, l'interprète des hiéroglyphes.

C'est donc à peine s'il y eut, lors de l'incendie du Sérapéum, un moment d'interruption dans cet enseignement, puisque la fille de Théon, Hypatie, se présenta dès le commencement du ve siècle pour rétablir ces leçons et qu'elle compta un nombre d'auditeurs qui excita des colères.

Peu de temps après cette femme si admirée, un philosophe d'Alexandrie qui pouvait avoir suivi ses leçons, Syrianus, qui voulait l'accord d'Orphée, de Pythagore et de Platon (2), se trouva à la tête de l'enseignement d'Athènes. (3)

Vers le milieu du v* siècle , Alexandrie fut de nouveau le principal foyer des études spéculatives; et le célèbre Proclus, si avide de ces sciences, crut devoir se rendre d'abord en Égypte, afin de mieux y puiser à la source les doctrines d'une école que Plotin avait donnée au polythéisme comme un dernier mot de salut. Proclus, né en 412, y vint vers 434, et trouva dans cette ville qui n'avait plus de sanctuaire, plus de Musée, plus de temple de Sérapis, un enseignement régulier de philologie, de mathématiques et de philosophie. Il n'entendit pas, à ce qu'il

(1) Liban. Orat. pro templit, p. 21. — Eunap. Vit. Soph., p. 59, sq. — Cf. Suidas, in F. Olympus , nom que d'autres écrivent Olympius.

(2) D'après une erreur de Suidas, reproduite dans beaucoup de livres, Hypatie aurait épousé Isidore, disciple de Proclus; j'ignore d'où vient cette opinion qui fait vivre après le milieu du v° siècle, une femme morte en 414 ou 416, Cf. Wernsdorf, diss. iv de Hypatia philosopha Alexand. Wittenb. 1747-8. in-4".

(3) Suidas,s. v. Syrianns.

paraît, le platonicien Hiéroclès, l'auteur du Commentaire sur les vers dorés de Pytkagvre, qui mettait d'accord Platon et Aristote, en réfutant Épicure et Zénon, et en combattant avec une égale vigueur ceux qui niaient la Providence et ceux qui prétendaient intervenir dans le jeu de ses lois par leurs œuvres de théurgie ou de magie (1). Toutefois, ces deux personnages se trouvaient à Alexandrie vers le milieu du ve siècle.

Proclus ne parait pas non plus avoir entendu Théosébïus, le disciple d'Hiéroclès, et cela sans doute par les mêmes raisons; mais il suivit les cours de mathémathiques d'Héron , les leçons de grammaire d'Orion, celles de rhétorique de Léonaa Isaurus, et celles d'Olympiodore, péripatéJicien, sur lequel Marinus et Suidas rapportent une circonstance qui prouve que de nombreux auditeurs étudiaient encore la philosophie dans l'enceinte de l'ancien Sérapéum. En effet, ils nous apprennent que ce professeur, qui parlait trop vite, n'était compris que d'un petit nombre de ses élèves, ce qui prouve assurément qu'il y en avait un grand nombre. Ils ne disent pas que Proclus fut plus heureux, mais ils l'insinuent, en ajoutant qu'Olympiodore l'aima au point de lui donner en mariage sa fille, une de ces femmes instruites en philosophie si nombreuses à cette époque. (2)

Ce ne fut qu'après ces études faites à Alexandrie que Proclus se rendit à Athènes, pour y suivre encore les leçons d'un philosophe plotinien, ce Syrianus dont nous avons parlé tout-à-I'heure, et qui était l'un des diadoques de ls chaîne hermaïque dont Proclus se croyait le dernier chaînon.

(1) Est-ce l'influence du christianisme ou celle d"Aristote qui a mis fin aux aberrations de l'école plotinienne, dont lamblique, Sosipatra et Antonin Turent l'expression la plus exagérée? C'est là une question qui se présentera ailleurs; mais, quant à Hiéroclès, il avait pour la fol chrétienne tonte l'antipathie de son homonyme, le gouverneur d'Alexandrie, et il fut persécuté pour cette raison, comme ce dernier avait fait persécuter les chrétiens.

(2) Marinus, in Vita Procli, éd. Boissonnade, Lips. 1814. — Suidas, Olympiod. V. Kusterum ad h. I.

Après ces deux chefs, Ammonius, fils d'Hcrmias et d'Édésie, disciple de Proclus, lait, de la chaire d'Alexandrie, la première du monde chrétien et païen, et réunit dans son auditoire, non-seulement Damascius et Simplicius, deux des sept philosophes qui s'exilèrent de l'empire romain quand Justinien fit fermer les écoles d'Athènes, mais encore de futurs docteurs de l'Église, et entre autres Zacharie, qui fut évêque de Mitylène après avoir exercé la profession d'avocat , qu'il avait étudiée à Alexandrie et à Béryte.

C'est à une discussion sur l'éternité du monde, qui eut lieu à Alexandrie, entre Ammonius et Zacharie, que se rapporte un dialogue de ce dernier.

La chaire d'Alexandrie était préférée, dans ce temps, & celle d'Athènes, ou du moins elle se posait pi us gravement. Isidore, disciple de Ptoclus, qui avait été investi de celle d'Athènes^ après son condisciple Marinus, la quitta pour celle d'Alexandrie, aimant peu, si j'explique bien Suidas, celte dialectique qu'on recherchait avant tout dans la capitale dfe l'Attique.

La mort de Proclus n'étant arrivée qu'en 485, l'arrivée d'Isidore à Alexandrie ne peut avoir eu lieu qu'après cette époque,

Alexandrie conserva encore des études de philosophie quand Athènes perdit les siennes, et ce fut un des fugitifs dont ï«MiS verrons de parler, Damascius* qui continua la cfertîwe ttJe*a«rfrtttequand fut rompue celle de Proclus, II doit tiVoir enseigné en Egypte, soit avant, soit après son exil en Perse, puisqu'Olympiodore le Jeune fut un de ses auditeurs* «t qu'il n'y a pas lieu de croire que ce fut à Athènes. ,

Cet Orympiodorè -, ^ui s'illustra sur la fin du vie sièclei fut platonicien, et laissa, sur quatre dialogues et la vie du cheftte l'Académie, des commentaires que nous possédons encore, (ï)

La même succession se remarque dans l'enseignement

(i) Voir l'édition de M. Creuzer, Francf. 1821.8».

des sciences mathématiques, qui sont professées au iv siècle par Paul d'Alexandrie, auteurd'un Apotélesmatique; au v*par Pappus et Théon , qui publièrent tant de commentaires sur leurs illustres prédécesseurs; par la savante Hypatie , qui commenta aussidesouvragesdescience; par Héron, le maître de Proclus (1), et Héron, l'auteur des traités dela Défense des places et des machines de guerre ; par d'autres enfin dont les noms sont moins connus.

Les études médicales étaient également florissantes encore, et l'on distinguait à Alexandrie, soit dans l'enseignement, soit dans la pratique et dans l'érudition médicale, Héraclien, qui fut le maître de Galien, dont les études anatomiques doivent être revendiquées à notre école (2); Zénon, qui joua un certain rôle sous le règne de Julien ; Magnusd'Antioche, Oribase de Pergame, et Jonicus de Sardes, tous trois disciples de Zénon (3); Aétius d'Amida en Mésopotamie, qui publia, dans Constantinople, de savants ouvrages, après avoir faits ses études à Alexandrie ; Jean d'Alexandrie, qui commenta Hippocrate sur la fin du vie siècle ; Paul d'Égine, qui avait étudié la médecine dans la même ville ; et enfin Palladius d'Alexandrie, qui commenta encore Hippocrate.

En un mot, nulle part ailleurs Hippocrate et Galien n'eurent de plus savants disciples ni de plus habiles commenta, teurs, que dans la ville illustrée par Hérophile (4).

Mais, par l'invasion que l'Orient fit en Egypte et qu'on remarque dans l'histoire des doctrines religieuses et philosophiques d'Alexandrie, l'école médicale de cette cité devint bientôt le principal foyer de l'art de guérir par voie de miracle, et cet art devint l'objet d'une sorte d'initiation et de transmission sacerdotale entre les mains des Plotin, des

(1) On l'appelle Héron le jeune pour le distinguer d'Héron l'ancien p. 303.

(2) H conseille à ceux qui veulent étudier l'ostéologie sur le squelette, d'aller à Alexandrie. Admin. anat., lib. I, p. 119,130.

(3) Eunap. Fit. Sophiit., p. 137,sq.

(4) Cf. Ammian. Marcel). XXH, 16.
Porphyre, des Jamblique et des Damascius. Cet art était riche, puisqu'on le distinguait en plusieurs branches [la théocratie, la goétie, la magie, la pharmacie, lathéurgieet la théosophie] ; aussi voyait-on plusieurs sectes, mais surtout les platoniciens et les gnostiques, se le disputer et prétendre le rattacher, les uns à l'école d'Orphée, les autres à celle des Thérapeutes de l'Égypte.

Une étude que jusque-là on avait toujours négligée dans l'Égypte grecque, malgré l'exemple de Démétrius de Phalère, celle de la législation et de la jurisprudence, paraît s'y être établie dans ces derniers temps. D'après Marinus, Proclusy doit avoir suivi des cours de cette science. (1)

Je dirai maintenant, pour conclure, qu'à l'aspect de toutes ces écoles, dont quelques-unes étaient même de nouvelle création, il est impossible de ne pas admettre l'existence coatin.ue dans la cité d'Alexandre de bibliothèques et d'édifices consacrés à l'enseignement. On trouve, à la vérité, dans la ville d'Athènes, des cours aussi réguliers que ceux d'Alexandrie, et faits dans les domiciles des professeurs. Eunapenous apprend, dans la vie de Julien le rhéteur, qui régna à Athènes , ItupaweitSv A6ir)vwv, qu'il eut une affluence si prodigieuse d'auditeurs qu'il écrasa ses rivaux, Apsinès et Epagathe, que sa maison était comme un temple de Mercure et des Muses, qu'elle fut transmise à Proérésius comme un sanctuaire, qu'il y avait dans cette maison un théâtre de marbre poli, construit à l'imitation d'un théâtre public, mais plus petit, et que c'était là que le rhéteur faisait ses leçons. La même chose a pu se rencontrer en Egypte. Mais d'abord, les mœurs d'Athènes, où n'affluaient que d'éloquents sophistes et déjeunes amateurs de rhétorique, où l'enseignement se bornait à la philosophie et aux belles-lettres, différaient beaucoup de celles d'Alexandrie, où l'on faisait encore , comme au temps d'Andron et de Ménéclès de Barca,

(4)Surigny, Vie de Proclus; v.Mém.dtl'Acad. des Inscr., I.XXXf,p. 140. T. i. 23

des études générales qui demandaient d'autres locaux. Ensuite, Athènes elle même qui n'avait accordé anciennement ses édifices publics aux philosophes que pendant un assez court espace de temps, nous l'avons démontré (v. ci-dessus, p. 38), avait pris des habitudes différentes sous l'administration romaine, et donné aux professeurs des théâtres publics, si bien qu'Eunape présente comme une exception le fait qu'il rapporte, et qu'il y ajoute cette remarque : il régnait alors, entre les citoyens et les étudiants, une sorte de guerre civile si animée, qu'aucun d'eux n'eût osé se rendre dans un théâtre public, non qu'ils y eussent provoqué des combats de vie ou de mort, mais qu'ils y auraient fait éclater des luttes et des rivalités d'éloquence et d'applaudissements. L'exaltation était telle, en effet, qu'un jour les auditeurs d'Apsinès de Sparte levèrent leurs mains grossières sur Julien, et accusèrent ensuite de violences graves les disciples de ce dernier, et ce professeur lui-même, qu'ils avaient accablé de coups, procès qu'on peut lire dans Eunape(l).

Qu'en vue de cette situation on ait préféré, dans Athènes, des théâtres particuliers, cela se comprend; mais cela autorise d'autant moins à supposer les mêmes usages dans Alexandrie, que cette ville, au contraire, avait toujours eu des édifices spécialement affectés aux études des savants, et que ces études, qui étaient presque universelles, demandaient plus impérieusement des ressources publiques.

A nos yeux, c'est donc un fait élevé au-dessus de toute espècé de doute, que l'école d'Alexandrie conserva, soit dans les dépendances du Sérapéum, soit ailleurs, des bibliothèques et des salles destinées à l'enseignement. Nous avons, de plus, indiqué les quatre mille palais qu'y trouva le vainqueur et dont quelques-uns avaient pu servir depuis long-temsà ces usages.

Sans doute les empereurs de Constantinople avaient négligé les établissements littéraires d'Alexandrie depuis 39-I,

(1) Julian., p. 98.

mais la force des choses les avait maintenus, et rien n'était venu prendre leur place, ni rivaliser avec eux.

Plusieurs princes, il est vrai, avaient fondé des écoles et des bibliothèques, à Constantinople ou ailleurs, et un courtisan inspiré par son nom propre, Musélius, avait institué dans la nouvelle capitale de l'empire, sous le nom de Philadelphéion, un Musée qui occupait, avec ses jardins et sa bibliothèque de 300,000 volumes, un emplacement un peu vaste pour les douze savants chargés, sous la présidence de l'un d'eux, de rivaliser avec l'illustre fondation des Lagides; mais, si nous consultons l'histoire des lettres plutôt que les phrases louangeuses des chroniqueurs (1) ou des épigrammatistes (2), nous voyons que cette maison n'a pas même lutté avec l'école d'Alexandrie dans sa dernière décadence.

Il ne nous reste plus maintenant, pour terminer ce travail , qu'à dresser la liste des savants qui formaient encore, soit le Musée, soit l'école d'Alexandrie, dansées derniers siècles.

1. Orus ou Horapollon ? Orion,^ i i Léonas Isaurus, Harpocra

lion. Hésychius, A.mmonius,

Ti n j- j. /.i j • rr i Grammairiens et lexicographes.

Helladiusd Alexandrie, Hel

ladius d'Antinoé, Jean Phi-
loponus.

2. Synésius, Coluthus? Poëtw- .

3. Olympiodore, Cosmas, Se

,J ^ Historiens'et polygrapbes.

4. Jamblique, Eustathe, Claudien, Théosébius, Antonin,

Olympe, Olympiodore le pé

../... , . Philosophes de l'Ecole ou du Mu

npateticien, Ammomus , . „.,

' sée d Alexandrie.
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5. La femme de Proclus; So-1 sipatra, femme d'Eustathe; / Edésie; Hypatie. )

6. Sopater, *Eusèbe, disciple;

d'Édésius. Sopater , sophiste du vie siècle.**

7. Paul d'Alexandrie , Théon, Pappus, Héron, le jeune, et Héron, son contemporain?

8. Hypatie.

9. Héraclien, Zénon,
Jean,

Paul,
Palladius,
Léonides ***

10. S. Athanase,
Apollinaire d'Alexandrie,
Théophile,

Didyme,
S. Cyrille.

11. Arius,

George, le patriarche, (

Aétius. - )

12. Jean Philoponus.

13. Disciples immédiats deBasi-v lide et de Valentin ; disciples ' indirects ou Ophites. )

14. Syrianus, Proclus, Magnus, Jonicus, Aétius , Damascius, Simplicius , Oribasius, Synésius, Coluthus? Cosmas? Nonnusî 15. Alypius , Sévérus, Achille Tatius, Zacharie, Eustathe le romancier.
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* Le favori de Constantin. Eunap.
"* Pholius, cod. 161.
"• Cf. Sprcngel, II, 126.

femmes distinguées de l'école de
Canobus et de celle d'Alexandrie.

Disciples douteux de philosophes d'Alexandrie.

Mathématiciens, membres probables du Musée.

Mathématicien , en dehors du

Musée.

Médecins.

Savants de l'école ou de l'église
chrétienne d'Alexandrie.

Ariens d'Alexandrie.
Trithéiste?

Gnostiquea.

Elèves certains ou probables de l'École d'Alexandrie.

Hôtes de l'École d'Alexandrie.

On le voit, les débris de l'école d'Alexandrie sont encore assez nombreux et assez remarquables, au moment où Amrou refuse à Philoponus et distribue aux baigneurs d'Alexandrie les'volumes échappés à tant de désastres.

On le voit aussi, pour détruire les belles institutions de Ptolémée Soter, il n'a fallu rien moins que cette longue série de catastrophes, qui commença pour elles au règne de Ptolémée Physcon et finit à celui d'Omar.

Ce qu'il n'était pas dans la puissance de l'homme d'anéantir, ce qui étonne encore le monde savant après l'avoir si long-temps éclairé, ce sont les travaux si éclatants qui ont été exécutés dans les établissements dont nous venons de faire l'histoire en quelque sorte extérieure, et dont nous allons main tenant retracer le mouvement intérieur, les créations littéraires et les découvertes scientifiques.














 

(1De tranquill. animi, c. 9. Cf. Oros. VI. 15.

(2) Aul. Gell, noct. VI, c. 17. — Am. Marcell. XXII, c. 16.

(3) M. Parthey. p. 81.

(4 Essai hist. I. 196.

(5) 27.810 vers.

(6) Elegantiae regum curaque egregium opus. Senec. de Tranq. c. 9.

(7)  Studiosa luxuria , immo ne studiosa quidem, quoniam non in studium, sed in spectaculum comparaverunt. ib.

(8) Orose, VI, 15, nous apprend après beaucoup d'autres, qu'il y avait des livres dans les temples.

(9) Aristobule avait possédé incontestablement des volumes qui n'appartenaient pas a la Bibliothèque; la même chose a du avoir lieu pour d'autres.

(10)  Bell, civil. III, c. 111.

(11) Bell. civil. II, 89.

(12) Deerant remi; portlcus, gymnasia, aedificia publica detegebant; assores rcmorum usum obtinebant. Bell. Alexndr. c. 13.

(13) Ptutarch in Anton, c. 58. — Voir Essai historique, etc. I, 206.

(14) Plut. Vita Ant., c. 69.

(15)  Heyne, Op. acad. VI, p. 439.

(16) Strabo, XVII, c. 1.

(17) Ibidem.

(18) Tacit. Hist. I, c. 11.

(19)  Lib. XVII, c.

(20) Plut. Apopht. rom. — Seneca, consol. ad Martiam , 6. 4.

(21) Strabo, XVII, c. 1.

(22) Qui fait son entrée dans la ville.

(23) Ad Caj. p. 697. édit, Turneb. Paris, 1552.

(24) Sueton. Tiber. c. 70.

(25) Suidas s. v. Dionysius et V. Alexandre d'Egée.

(26) In Claudio, 42.

(27) Val. Maxim. III, c. 7,10. — Horat, 73. — Sat, 1,4, 73.

(28) Athénée dit même qu'on est honteux de les nommer. Lib. VI, 421.

(29) Epist. divers, philos. Venet. 1499, t. II. E. 34, p. 12.

(30) Vita Apoll. IV, c. 14.

(31) 20,000 fr. (cent grands sesterces). Suet. in Vespas, c. 30.

(32) Vita Apoll. V, c. 27.

(33) M. Klippel, p. 321.

(34) Suet. Vespas. 7. — Tacit. Hist., IV, c. 81. .

(35)  Dio Cass., LXVI., c. 13.

(36) Les historiens qui rapportent qu'il consacra dans Memphis le bœuf Apis, ne disent pas qu'il ait donné le moindre témoignage d'intérêt aux savants du Musée.

(37) Xiphil. in Domit. — Suet. in Domit., c. 4.

(38) Suet. in Domit., c. 20. — Plin., Hist. nat. Prœf. — Quinct. X, 1. — Valer. Flaccc. II, v. 12. — Lactant. I, c. 22.

(39) Vita Hadriani, c. 30.

(40) Vita Dionys. Milesii. éd. Oleario, p. 52i; éd. Kayser, p. 38. — Cf. Dio Cassius LXIX, p. 789, éd. Reim.

(41) Suidas s. v. Gregorius. — Hieronym. Catal. Eccles., c. 117.

(42)  Vita Polamonis, éd. Kayser, p. 44. V. sur Pollemo, Phrynich. s. v. κατ' ὄναρ. Cf. Lobeck, p. 421.

(43) Nicasii Dissert, de Numo Pantheo Hadriani, p, 23.

(44) Deipnos. XV, p. 677.

(45) Fabretti, III, 479. — Letronne, Recherches sur l'Égypte, p, 151.

(46) V. sur cette dignité, Salmasius in Spartiani Hadrian., c. 7, et Jul. Capitol, ad Marc. Ant., c. 4.

(47) Arius ἐν μουσείου, V. Letronne, Statue vocale de Memnon, p. 217. — Suidas, s. v. Theon.

(48)  Orat. XXXII.

(49)  Suidas. s. hh. vv.

(50) Contra Apionem.

(51) Arius, poète homérique du Musée. V. ci-dessus, p. 268. — Le grammairien Séleucus portait aussi l'épithète d'Homérique,

(52) Contemporain d'Athénée (Deipnos. XV, c. 6 ).

(53) Eus. Prœp. Ev. XI, 57, T. 10, éd. Vales.

(54) De Abstinent. IV, p. 360.

(55) Steph. Byzant. V. Alexanrdria.

(56) Diog. Laert. IX, 116. - Eus. praep. evang. XIV, 7, 18.

(57) Sprengel, Gesch. der Artzneik. II, p. 132.

(58) Suidas, s. lo. v.

(59) Comment. 2. in lib.. de natur. hum. p. 93.

(60) L'école sceptique remontait à limon, par Ptolémée, disciple d'Eubule, et Eubule, disciple d'Euphranor.

(61) II écrivit contre Cicéron et n'appartient qu'au début de cette période.

(62) Fut-il en Egypte? Héraclide du Pont l'entendit à Rome, après avoir entendu Didyme à Alexandrie. Suidas, s. v. Heraclid. Pont.

(63) II ouvrit une école et donna des leçons à Rome sous Claude et Néron. Suidas, s. v. Heraclid.

(64) Phil. Vita Apollonii, II.

(65) Suidas, v. Sylla. - Lucian., adv. indoct.

(66)  L'Apollinéum d'Auguste, l'Athénée, etc.

(67)  Pausan. I, 18, 6, cf. 5. - Hieron., Chronic., olymp. 227. - Philost. I, 24.

(68)  Philost. Vit. Soph. Il, 2.

(69) Photh Bibl. , p. 346.— Eunapius, éd. Wyttenb., p. 45.

(70)  Matter, Histoire du christianisme et de la Société chrétienne, 2e édition, v. I, p. 39.

(71) Catal. c. 36. p. 107.

(72) « Quia Alexandrie jamdudum Museum illud celeberrimum floruerat, similis scholae christianae instituendae facile capere potuerunt consiliam ». Guericke, de schola quœ Alexandrie floruit catechetica, p. 20.

(73) Euseb. Hist. ecc., V. 10. —Photii Bibl. c.118.—Niceph. Hist.eccles., IV, 32. — Philipp. Sid., p. 488.

(74) Hieronym. cat. c. 38. 

(75) Euseb., Hist. eccles. VI, 6. - Hieronym. Catal. c. 28 - Photius, Bibl., cod. 118. - Cf. Routh. Reliq. sacr. III, 262.

(76) Strom.  I, p. 338. ed. Oxon.

(77) Euseb. h. e. VI, 3. — Hierony., Cat. 54. — Phot., Cod. 118. — Niceph., Hist. eccles. IV, 33.

(78) Contra Celsum. C'est dans cet ouvrage qu'il donnait sur les mystères des écoles gnostiques d'Alexandrie, des détails si curieux.

(79) Euseb. VI, 3. — Niceph, V. 4, 5.

(80)  Matter, Histoire du gnosticisme, t. II, p. 81 et suiv.

(81) llli qui Serapin colunt Christiani sunt, et devoti sunt Sarapi qui se Christi episcopos dicunt. Nemo illic Archisynagogus Judœorum, nemo Samarites, nemo Christianorum presbyter non mathematicus, non haruspex, non aliptes. Ipse ille patriarcha cum Aeyptum venerit, ab aliis Serapidem adorare, ab aliis cogitur Christum.... Unus illis Deus nullus est. Hunc Chiistiani, hunc Judœi, hunce omnes venerantur, etc. VOPISC. Vita Saturnini.

(82) Julius Capitolinus se borne à dire de lui ; Fuit Alexandriae clementer eum iis agens.

(83) Dio-Cassius II, p. 1266, éd. Reimaro.

(84 Spart. Severus, c. 17,

(85) V. ci-dessus, p. 52.

(86) Arrian. VII, p. 309.

(87) Caracalla, c. 7. - 23. cf. Spartian. Caracalla, c. 5. - Herodian, l. IV.  c. 7. - 10.

(88) M. Klippel dit sans façon, er hob zuletzt die ganse Anttalt auf. p. 228.

(89) M. Klippel, p. 297. Er gieng mit dem Gedanken um die treffliche Bibliothek tu verbrennen.— Dio Cassius dit, au contraire, τὰ βιβλία αὐτοῦ c'est-à-dire, les livres d'Aristote, ce qui est différent. LXXVII, c. 7.

(90) M. Parthey dit, au Sérapéum, dans l'Acropolis (p. 96); mais il n'y avait d'Acropolis ni au Sérapeium, ni dans toute Alexandrie. V. ci-dessous.

(91) Le Stoïcien, v, Atthen., Deipn. V. 133. - Cf. Meursius, Creta, X. 178. - Stuckius, Antiq. Conviv. I, 31.

(92)  Vopisc. Vita Aurelian.

(93) L. XXII, 16.

(94) Euseb. Chronic., p. 176, ed. Scalig. - Euseb., Hist. eccles. VII, c. 18 - c. 21.

(95) In vita S Antonii.

(96Εἰς τὶ χωρίον πλησίον Ἀλεξανδρείας μεταφοιτᾷ. Κρουίχον (βρουχεῖον) ὄνομα αὐτῷ, dit le premier; ᾤκει ἐν τῷ πυροχείῳ οὕτω καλουμένῳ τόπῳ περὶ Ἀλεξανδρείας, dit l'autre.

(97) V. Scaliger, ad Eusebii chronic. p. 176.

(98)  La colonne dite de Pompée.

(99) Jean d'Antioche, Excerpt, Val. 8. 834. —Suidas v. Dioclet.

(100) Hieron. cat. c. 76.

(101) Origène exilé par le proconsul d'Alexandrie, sous le règne de Décius, n'avait pu reprendre sa place que sous le règne de Galien, l'an 260 de notre ère. — Euseb. Hist. eccles. VI, 40, — Niceph. V, 28.

(102) Essai historique, t. I, p. 286. V. ci-dessus, p. 274.

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t à celui d'Omar.