Jean de Nikiou

JEAN, ÉVÊQUE DE NIKIOU

 

CHRONIQUE chapitres LXXXI à LXXXIX

Œuvre numérisée par Marc Szwajcer

chapitres LI à LXXX - chapitres XC à CX


 

CHRONIQUE

 

DE

 

JEAN, ÉVÊQUE DE NIKIOU

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Chapitre LXXXI. Lorsque la guerre fut terminée, Jovien, l'empereur chrétien, quitta la Perse et ramena sains et saufs les soldats qui avaient échappé à la mort. Mais tous ceux qu'il voyait dans les mauvais sentiments de Julien, le tyran, il les extermina et les fit disparaître. Il ouvrit, sans retard, les églises de Constantinople et ferma les temples. Il restitua aux chrétiens les villes que Julien leur avait enlevées et établit dans toutes ses provinces des gouverneurs chrétiens ; il détruisit les temples jusqu'à leurs fondements, et le nombre des païens diminua. Il prohiba aussi la religion des Ariens, qui étaient hostiles au Christ ; car il était orthodoxe, sans fléchir, et adorait sincèrement la sainte Trinité, qui donne la vie à tous. L'éclat qu'il répandait par ses actions, ainsi que par sa foi orthodoxe et ferme, était comme la lumière du soleil ; il était plein de vertus et il prodiguait ses bienfaits à tous les hommes de son temps. Il adressa à toutes les provinces de l'empire romain une ordonnance ainsi conçue : Jovien, Pieux, Auguste, souverain empereur, maître de l'univers, à tous les chrétiens de mon empire. Je vous recommande à Dieu et me réjouis avec vous au sujet de la sainte église qui est au milieu de la cité comme le nombril au milieu du ventre. Elle a triomphé d'une manière éclatante de tous ceux qui l'avaient combattue. Elle a été l'objet du ressentiment de l'empereur Julien, qui l'a fait fermer. J'en ordonne la réouverture ; qu'elle soit rendue à sa paisible existence, afin que le pur et saint sacerdoce y puisse être conféré et que l'on y fasse monter au ciel des prières, que Dieu voudra exaucer avec faveur. Empressons-nous donc de l'ouvrir, accomplissons ses offices, honorons ses ministres, afin que tout le peuple et l'armée de Rome y accourent ; car elle leur a été donnée par le Seigneur clément et miséricordieux, pour qu'ils s'y livrassent à la prière et à des supplications avec une ferveur parfaite. Jovien adressa aussi une lettre à saint Athanase l'apostolique, patriarche d'Alexandrie, pour qu'il revînt dans sa ville avec honneur. Cette lettre était conçue en ces termes : De la part de Jovien, empereur, à saint Athanase, l'ami de Dieu. Nous admirons ta personne, ta sage conduite, tes relations avec les empereurs, tes vertus chrétiennes et tes nobles efforts pour la cause de Notre-Seigneur Jésus-Christ (qu'il soit loué !). Nous te demandons, ô maître vénérable, qui as supporté tant de peines ; qui n'as pas cédé à ceux qui t'ont persécuté, ni reculé devant les périls qui ont fondu sur toi ; qui as réduit à néant la haine et la colère et qui ne t'en es pas plus soucié que d'un fétu de paille, en suivant les traces de la foi orthodoxe jusqu'au bout, laissant l'exemple de ta vie héroïque à tes successeurs que tu as liés par une foi parfaite et par la vertu ; nous te demandons de revenir à présent, dans nos États, de reprendre ton enseignement salutaire, de garder l'Église, de gouverner le peuple du Christ et d'adresser tes ferventes prières à Dieu, pour nous et notre empire, afin que par ta prière nous trouvions le salut. Car nous croyons que nous obtiendrons l'assistance de Dieu Très-Haut, lorsqu'elle sera demandée par ta pure et sainte bouche, dont les paroles sont inspirées par le Saint-Esprit. Nous t'adressons cette lettre, pour Rengager à éclairer le peuple de la lumière du Christ, à abolir les idoles que Dieu déteste, et à abolir aussi l’hérésie des Ariens, que nous avons chassés, pour que nous obtenions notre salut par ta prière.[112] » Saint Athanase, l'apostolique, lumière du monde, après avoir lu cette lettre, convoqua les saints évêques et les vénérables docteurs, et composa deux traités : l'un sur le Verbe de Dieu qui est l'une des trois personnes de la sainte Trinité ; l'autre sur les préceptes du Christ. Puis il adressa à saint Basile, qui méditait constamment sur les œuvres de Dieu et cherchait à les comprendre, une lettre ainsi conçue : Le pieux empereur Jovien, adhère complètement et avec empressement à la foi orthodoxe du concile de Nicée. Réjouis-toi donc : il est orthodoxe et il a rétabli la foi véritable de la sainte Trinité.

L'empereur Jovien acheva sa carrière paisiblement et pieusement, faisant ce qui est agréable à Dieu. Alors, s'étant mis en route pour se rendre à Byzance, il contracta une maladie ; il traversa la Cilicie et la Galatie et vint dans une ville nommée Didastana, où il mourut. Le monde ne méritait pas de posséder un empereur tel que lui, qui était bon, pieux, clément, modeste, chrétien et orthodoxe.

Chapitre LXXXII. Après la mort de Jovien, l'ami de Dieu, régna Valentinien. Comme il y avait une grande affliction parmi les officiers, à cause de la mort de l'empereur Jovien, il était venu pour pleurer avec les autres. Et comme, tout en se lamentant, ils se préoccupaient de choisir un empereur, alors Salluste, le tribun, qui était chef de l'armée (préfet du prétoire) et qui jouissait d'une grande autorité parmi les officiers, s'approcha et leur donna son avis en disant : C'est Valentinien qui nous convient le mieux comme empereur, car il a été autrefois général et il a été exilé par Julien, le tyran, à cause de sa foi orthodoxe. Sur cet avis de Salluste, les officiers de l'armée et les troupes le proclamèrent empereur et l'on fit annoncer, dans toutes les provinces, par la voix du crieur public, que Valentinien, homme juste, chrétien, dont le langage est véridique et les paroles sincères, était monté sur le trône. Après avoir pris le gouvernement, Valentinien nomma Salluste, qui ne faisait nulle acception de personne, premier ministre, chef de l'armée. Salluste, dans l'exercice de ses fonctions de premier ministre, faisait régner le droit et la justice dans toutes les provinces ; il était homme d'expérience et ne se laissait pas corrompre par des dons. L'empereur voyait avec joie qu'il appliquait la justice. Puis Valentinien nomma son frère Valens empereur et l'envoya à Constantinople, tandis que lui-même se rendit à Rome et prit le gouvernement de l'Occident. Il condamna plusieurs magistrats qui commettaient des actes de prévarication et acceptaient des dons. Un homme, nommé Rhodane, officier du palais, avait commis un acte de concussion à l'égard d'une veuve et s'était emparé de ses biens. Cette femme alla en informer l'empereur qui ordonna à Rhodane de lui restituer tous ses biens. A partir de ce jour, il fut respecté par les officiers, l'armée, et par tout le peuple ; car cet empereur honnête et juste haïssait les actes de prévarication ; il jugeait selon la justice et observait le droit.[113] Ce grand empereur n'épargnait pas même sa femme, l'impératrice Marina, qui avait acheté un jardin d'une jardinière à laquelle elle n'avait pas payé le prix qu'il valait, parce que les estimateurs en avaient fait l'estimation, ayant égard à la personne de l'impératrice et qu'ils avaient incliné en sa faveur. Le pieux Valentinien ayant appris ce que venait de faire sa femme, envoya des hommes craignant Dieu, afin d'évaluer avec soin ce jardin, et il les fit jurer solennellement de procéder à cette estimation avec une rigoureuse justice. Lorsque les estimateurs se furent transportés dans le jardin, ils trouvèrent que l'impératrice avait fait subir à la jardinière un préjudice considérable, et qu'elle ne lui avait payé qu'une faible partie du prix. L'empereur, très irrité contre l'impératrice, l'éloigna de sa présence, la fit sortir du palais et prit une femme nommée Justine, avec laquelle il vécut jusqu'à la fin de ses jours. Quant à sa première femme, il la chassa et l'exila de la ville, et il restitua le jardin à la femme qui l'avait vendu.[114]

L'empereur Valentinien éleva au rang d'empereur son fils Gratien, qu'il avait eu de cette femme qu'il avait chassée. Et, après avoir accompli des actions louables en grand nombre, il tomba malade et mourut, fidèle à la foi de la sainte Trinité, dans un château appelé Wâtân. Il eut pour successeur son frère Valens, qui auparavant avait été chrétien et, dès lors, suivait la voie des Ariens et s'attacha à leur croyance réprouvée. Il persécutait les orthodoxes, et leurs églises furent ouvertement données aux hérétiques impies ; il confisquait injustement les biens des habitants de Byzance et des autres villes.[115] Sous le règne de ce méchant homme, il y eut un cataclysme dans la ville de Nicée,[116] où s'était assemblé le saint concile : la mer monta et couvrit la ville. A cette époque était préfet, à Alexandrie, la capitale de l'Egypte, un homme nommé Tatien, qui construisit, à l'endroit appelé Bruchium, deux énormes portes de pierre, par lesquelles il faisait passer le grand fleuve, et qui munit l'Egypte de fortifications.

En ces temps, il arriva un miracle par l'intervention de saint Athanase, l'apostolique, le père de la foi, patriarche d'Alexandrie. En effet les flots de la mer avaient envahi Alexandrie, menaçaient de submerger entièrement la ville et avaient déjà pénétré jusqu'à l'endroit appelé Heptastadion. Alors le vénérable Père, accompagné de tout le cierge, se rendit au bord de la mer, et tenant dans sa main le livre de la sainte Loi, il éleva sa main au ciel et s'écria : O Seigneur, Dieu qui ne faillis point à tes promesses, c'est toi qui as promis à Noé, après le déluge, en disant : Je ne veux pas amener une autre fois un déluge sur la terre ! A la suite de cette invocation du saint, la mer se retira dans ses limites et la colère de Dieu s'apaisa. C'est ainsi que.la ville fut sauvée par la prière de saint Athanase, l'apostolique, l'astre sublime.[117]

Chapitre LXXXIII. Mais voici les illustres empereurs, Gratien et Théodose, les serviteurs de Dieu, qui étaient pleins de zèle pour le bien. L'un délivra les saints croyants des chaînes dont les avait chargés l'empereur Valens, et il fît cesser la persécution des chrétiens. Quant à l'autre, il aimait Dieu avec ardeur, rendit aux fidèles leurs églises et détruisit l'idolâtrie. Il prohiba aussi la doctrine des méchants Ariens et établit la vraie religion, exempte de toute erreur. Grégoire, le théologien, qui auparavant avait été obligé de se cacher et de fuir d'une maison à l'autre et de ville en ville, parut à Constantinople et affermit l'Eglise. (Théodose) construisit aussi une sainte église, monument magnifique. Il chassa de la ville Eudoxe, l'hérétique, le contempteur du Saint-Esprit, et, après avoir chassé ce misérable, il envoya un message à Basile, évêque de Césarée de Cappadoce, à Grégoire de Nysse et à Amphiloque d'Icône, les théosophes, et leur recommanda d'édifier l'Eglise par la vérité et le Saint-Esprit. Ceux-ci disputaient contre les hérétiques, les réduisaient au silence et les confondaient, et proclamaient, en tout lieu, la vraie foi des orthodoxes. Pour en revenir à l'histoire de l'empereur Théodose, l'ami de Dieu, il arriva, lorsqu'il se rendit à Byzance, auprès de Gratien, l'empereur bienheureux, qu'il eut un songe. Il voyait comme Mélèce, patriarche d'Antioche, lui posa sur la tête la couronne impériale, par la volonté des princes.[118]

Il y avait un Arien, demeurant hors de la ville.[119] Lorsque Amphiloque vint à la cour impériale, il trouva, assis sur des trônes, l'empereur Théodose et ses deux fils, Arcadius et Honorius, que Théodose avait créés empereurs, de son vivant. L'évêque, en se présentant devant eux, salua Théodose, mais ne salua point ses fils. Or Théodose était blessé parce qu'il n'avait pas salué ses fils. Puis, l'évêque, voyant que l'empereur était mécontent de lui, lui dit : « Sache, ô empereur, que c'est ainsi qu'agissent ceux qui ne saluent pas le Fils et le Saint-Esprit, consubstantiels avec le Père, c'est-à-dire les hérétiques blasphémateurs. Toi, tu ne les as pas expulsés de tes Etats. » L'empereur, en entendant ce langage, reconnut que cet évêque était l'un des meilleurs d'entre les fidèles, et il garda le silence. Et immédiatement, il manifesta son zèle pour la cause de la religion orthodoxe, en promulguant une loi, sous son règne, par laquelle il défendait de laisser demeurer aucun hérétique dans les villes romaines, ni dans les clos, ni dans les champs, ni dans les villages.[120]

Pendant que l'empereur Théodose séjournait en Asie, il surgit un usurpateur nommé Maxime, originaire de la province de Britannia, qui tua Gratien, le bienheureux empereur, par un guet-apens, s'empara de ses Etats par la force et établit sa résidence à Rome. Valentinien, frère puîné de Gratien, se réfugia à Thessalonique. Quant à Maxime, le tyran, il ne se souciait pas de Dieu, car il était Arien. Il surgit encore un autre, nommé Eugène 3, qui avait été auparavant un docteur parmi les païens, qui persécutait les serviteurs du Christ, et qui aimait à pratiquer des sortilèges et les pratiquait habituellement.[121] Cet homme, avec le consentement de l'armée, qui était d'accord avec lui, s'empara des États de Valentinien et fit mourir ce prince traîtreusement. Lorsque Théodose apprit ces événements, il rassembla une nombreuse armée, marcha contre les deux usurpateurs, Maxime et Eugène, et les tua avec l'assistance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont il était le serviteur ; il vengea ainsi les deux empereurs, Gratien et Valentinien, et prit possession de l'empire romain tout entier et le soumit à son autorité. Il donna aux croyants orthodoxes toutes les églises, dans tout son empire, et il expulsa les Ariens blasphémateurs. Ensuite il convoqua, à Constantinople, un synode d'évêques, cent cinquante saints pères. Il extirpa toute incrédulité et toute hérésie de toutes les provinces de son empire, y introduisit le culte du Dieu un en trois personnes, et fit régner la foi orthodoxe. Le clergé était rempli du Saint-Esprit et parfait dans ses actions, ses paroles et dans toutes ses pensées, et la paix régnait dans l'Eglise, parce que les évêques étaient réunis dans la concorde et dans l'union. Alors, voyant cette situation, Satan fut jaloux et se mit à déchirer et à disperser les membres de ce corps intact, c'est-à-dire la sainte Eglise. En effet, Grégoire le théologien, étant venu assister au concile des chefs du clergé de l'Église, édifiait et illuminait par son enseignement la ville de Constantinople. Timothée, patriarche d'Alexandrie, l'exhorta dans un langage angélique à abandonner Constantinople, la ville impériale, et à se rendre à son siège et à son ancienne église, c'est-à-dire à Nazianze (?), pour la gouverner et la garder, parce qu'il n'était pas permis qu'il quittât une église pauvre, pour occuper une église riche ; que c'était là, en quelque sorte, un acte de fornication, un acte contraire aux canons des Pères. Mais, en cela, les évêques d'Orient et les autres évêques présents, qui entendaient ces discours, n'étaient pas d'accord avec lui. Ils étaient encore divisés sur un autre sujet. En effet, le patriarche Timothée s'était arrogé le droit de nommer patriarche de Constantinople Maxime, qui était un homme éminent et qui avait beaucoup souffert des persécutions des Ariens. Il y avait donc désaccord entre les Orientaux et les Egyptiens. Mais Grégoire fut le médiateur et il rétablit l'union parmi eux. Maxime, qui avait été nommé à Constantinople, sans le consentement des évêques, demeurait dans la ville. Alors on fit sortir Grégoire de la ville impériale, sur l'avis de tous les évêques, et il se rendit dans son ancienne église. Grégoire, dont le cœur était ferme comme le roc, n'avait nui souci des choses de ce monde. Tous les habitants le regrettaient ; car il avait sauvé la ville impériale de Constantinople de la prostitution des Ariens. On fit aussi sortir de la ville Maxime, ainsi que tous les évêques qui avaient été ordonnés par lui, et on le renvoya au couvent qu'il avait dirigé auparavant. Ensuite on élut comme patriarche, du consentement des cent cinquante évêques, un homme de grande naissance de la ville de Constantinople, nommé Nectaire, homme sage et prudent, dont la vertu et la piété étaient admirées de tout le monde : on le nomma malgré sa résistance ; puis il s'appliquait à combattre la doctrine des Ariens et défendait avec ardeur la foi orthodoxe. L'union ayant été ainsi rétablie au sein du concile, les évêques s'en retournèrent contents dans leurs provinces. Mais Satan, l'ennemi de notre race, ne manqua pas de susciter des troubles contre le patriarche Nectaire. Alors que Théodose, l'empereur ami de Dieu, s'était mis en marche, à la tête d'une nombreuse armée, pour combattre l'usurpateur Maxime, l'Arien, et que, dans un lieu appelé Milan,[122] où se trouvait cet Arien usurpateur, les deux armées étaient en présence l’une de l'autre, sans en être encore venues aux mains, certains Ariens répandirent, par toute la ville de Byzance, la nouvelle mensongère que l'empereur Théodose avait été vaincu dans la bataille et toute son armée détruite. Tous les chrétiens furent dans la crainte et dans la terreur, et les orthodoxes, cédant à leur crainte, se tournèrent vers les Ariens. Ceux-ci, dans leur fureur, allèrent mettre le feu à la maison du patriarche Nectaire.[123] Aussitôt après que l'empereur Théodose, l'ami de Dieu, eut été informé de leurs méfaits, il attaqua l'usurpateur Maxime et le tua.

En ces temps, le saint patriarche Théophile construisit à Alexandrie une magnifique église, à laquelle il donna le nom de l'empereur Théodose,[124] et une autre église, qu'il appela, du nom de son fils, Arcadia.[125] Il y avait un temple dans la ville de Sérapis,[126] que Théophile convertit en une église qui fut consacrée par lui au nom d'Honorius, le second fils de Théodose. Mais cette dernière, située en face de l'église du patriarche saint Pierre, le sceau et le dernier des martyrs, était aussi appelée église des saints martyrs Cosme et Damien.

Les chrétiens demeuraient alors, sous le règne de l'empereur Théodose, dans une paix parfaite.

Ensuite, Théodose fit exécuter, aux faubourgs de la ville d'Antioche, des constructions considérables. Il fit un nouveau mur, reliant la montagne à la tour[127] de l'empereur Tibère Ier, et il fit élever des murs autour des champs et des clos qui en étaient dépourvus.[128]

Il arriva ensuite de grands désordres et des actes de révolte, dont les auteurs étaient les Ariens, dans la ville de Thessalonique. Une querelle s'étant élevée entre les habitants et des officiers,[129] les Ariens se mirent à lancer des pierres à ces officiers, en outrageant ainsi l'empereur. Celui-ci, informé du crime des Ariens, faisant semblant de se rendre à Rome, vint à Thessalonique avec toute son armée, et, usant de ruse, envoya au milieu de la population les soldats qui exterminèrent les Ariens. Le nombre des morts fut de quinze mille.

L'empereur, ayant été réprimandé à cause de ce grand massacre d'Ariens, par le patriarche Mélèce,[130] qui était ému de pitié pour des chrétiens, avait manifesté une grande colère contre le patriarche ; puis il regretta de s'être emporté contre lui ; il fit pénitence en jeûnant, en distribuant des aumônes et en versant d'abondantes larmes, et en priant pour obtenir le pardon et la rémission de son péché.

En ces temps, il survint dans la ville d'Antioche une sédition et des événements funestes. En effet, l'empereur, pressé par les nécessités de la guerre qu'il avait à soutenir dans cette province, ainsi que partout ailleurs, ordonna la levée d'un impôt extraordinaire, dans toutes les provinces de son empire ; et l'on arrêtait les habitants et on les maltraitait. Les troupes, qui se trouvaient à Antioche, voyant que l'on pendait, sans miséricorde, leurs frères, manifestèrent leur mécontentement, et les habitants de la ville précipitèrent du haut du mur le cercueil de bronze qui renfermait le corps de la bienheureuse Flaccille,[131] épouse de l'empereur Théodose, et le traînèrent dans les rues. Lorsque l'empereur fut informé de ces faits, il fut extrêmement irrité. Il révoqua les magistrats de la ville et les exila à Laodicée. Quant aux officiers d'Antioche, qui avaient gravement offensé l'empereur, il ordonna, pour les punir, de livrer aux flammes la ville avec tout ce qui y existait. Ceux qui furent chargés de brûler la ville étaient Césaire, préfet (maître des offices) et Hellébique,[132] le général. Alors, un moine du désert, un saint de Dieu, se présenta devant les officiers chargés de brûler la ville et leur parla ainsi : « Écrivez à l'empereur Théodose et dites-lui de ma part ceci : Tu n'es pas seulement empereur, mais tu es homme comme nous, quoique tu sois le premier. Tu es sujet aux mêmes misères que toute créature qui est l'image de Dieu. Or, quand lu condamnes l'image de Dieu, tu offenses Dieu qui a créé l'homme à son image. Tu es irrité au sujet d'une statue de bronze muette ; combien plus Dieu sera-t-il irrité contre toi et ton gouvernement, quand il s'agit de son image vivante, pourvue d'une âme ! Car c'est lui, lui seul, le Seigneur et roi de l'univers, qui t'a donné le pouvoir. Puisque tu es en colère à cause d'une statue de bronze qui a été détruite, sache que nous pourrons en faire une pareille ; mais toi, tu ne pourras pas faire un cheveu de la tête d'une seule des personnes que tu veux tuer. » A cette époque vivait un prêtre, nommé Jean et surnommé Chrysostome, qui, avant d'être élu patriarche, enseignait pieusement et qui, alors, enseignait et prêchait dans toute la ville. Or, craignant d'être tué par les Ariens, il avait pris la fuite et avait laissé la ville privée de son enseignement salutaire.[133] Lorsque l'empereur Théodose connut ce fait, il éprouva des regrets et revint de sa colère. Il rétablit dans leurs fonctions, à Antioche, les magistrats de la ville qu'il avait exilés et rendit la liberté à ceux qui étaient en prison. Il adressa à ses agents la réponse suivante : « J'ai été irrité à cause de ma femme morte, Flaccille, qui aimait Dieu, et qu'ils ont outragée, sans qu'elle l'ait mérité d'eux. C'est pourquoi j'ai voulu les punir. Mais, à présent, pour plaire à Dieu qui aime les hommes, afin qu'il soit satisfait de moi, qu'il me donne son aide et qu'il me fasse triompher des incrédules, des barbares et de tous mes ennemis, je leur pardonne ; que la ville d'Antioche soit sauve et que les habitants demeurent en paix, sans agitation ! »

L'empereur Théodose, après avoir vaincu les usurpateurs, demeura clans la ville de Rome et fit mourir beaucoup d'hérétiques. En ces temps, les boulangers ayant établi des souterrains et des basses-fosses et élevé des constructions dans lesquelles ils préparaient la pâte, y commettaient des actes abominables contre des hommes, notamment des étrangers, des clients et beaucoup de gens qui y venaient soit pour manger et boire, soit dans une intention de libertinage. Les marchands de vin faisaient passer subrepticement ceux qui se présentaient, chez les boulangers, et ceux-ci les saisissaient et les retenaient de force : ces captifs ne pouvaient plus se sauver, et, s'ils criaient, personne ne pouvait les entendre. Ils employaient les uns à tourner la meule pendant toute leur vie, et faisaient demeurer d'autres dans le lieu de débauche, jusqu'à leur vieillesse, et ne les en laissaient pas sortir. Or un soldat de l'empereur que l'on avait poussé par un guet-apens dans ce lieu où se trouvait la meule, et que l'on y avait torturé pendant longtemps, las de supporter son sort, fit un effort énergique, tira son sabre et tua plusieurs de ceux qui cherchaient à le retenir ; les autres, effrayés, le laissèrent sortir, et il alla dénoncer cette affaire à l'empereur. Celui-ci fit amener les boulangers, les punit sévèrement et fit détruire leurs repaires. Quant aux femmes prostituées, il les fit promener publiquement, avec accompagnement de sons de cloche, dans la ville de Rome, afin que leur crime fût connu de tous. Il fit aussi exposer publiquement les boulangers. C'est ainsi que Théodose extirpa complètement ces crimes.[134]

Théodose acheva sa vie vertueuse, laissa une mémoire illustre à ses successeurs et mourut en paix. Il termina sa sainte vie, pieusement et sans péché, et passa de ce monde périssable à la vie éternelle.

Chapitre LXXXIV. Après la mort de l'empereur Théodose, l'ami de Dieu, son empire passa à ses deux fils, Arcadius et Honorius, qui lui étaient nés de la bienheureuse Flaccille, sa femme. Il les avait nommés empereurs de son vivant : Arcadius, pour régner à Constantinople, et Honorius, à Rome. Le corps de l'empereur Théodose fut déposé dans l'église des saints apôtres, à Constantinople.

Arcadius et Honorius étaient parfaitement fidèles à la religion chrétienne. Le pieux Honorius étant tombé malade, son frère Arcadius, en recevant cette nouvelle, partit pour Rome, afin de le visiter. Or Honorius était, par sa sainteté et sa chasteté, un ascète, et il pratiquait, tout en demeurant dans le palais impérial, la vie des anachorètes. Il cultivait la vertu, suivait une discipline sévère et se mortifiait beaucoup ; il portait le cilice sous la tunique de soie qui était le vêtement impérial ; il couchait sur la terre, jeûnait tous les jours de sa vie, priait et chantait des psaumes, et, d'une manière permanente, couronnait ses exercices de piété par ses vertus ; il méprisait profondément le royaume terrestre et aspirait au royaume céleste, et il était tel que Dieu fut content de lui. Il exécuta toutes les mesures louables qui n'avaient pas encore été exécutées par son père, et abolit tous les abus qui étaient une offense à Dieu. Une coutume de ses contemporains était que, dans les arènes, deux hommes luttaient ensemble, et que celui qui avait vaincu l'autre, le tuait, sans être coupable de meurtre. Ce fut alors qu'un moine, nommé Télémaque, dont la vie était comme celle des anges du ciel et qui était venu de l'Orient à Rome, voyant pratiquer cet abominable et sanglant spectacle, adjura les combattants et leur ordonna solennellement au nom de Jésus-Christ de cesser la lutte, et de renoncer à cette action diabolique de tuer un frère. Les combattants, en entendant ces paroles, déposèrent leurs armes, lancèrent des pierres contre lui, et répandirent le sang de ce pieux ascète, Télémaque, l'homme de Dieu.[135] Lorsque le saint empereur Honorius apprit l'événement, il fit cesser cette coutume dans la ville de Rome et l'abolit définitivement ; et il y régnait ensuite la paix du Seigneur plein de gloire, le maître suprême. Il détruisit aussi les abominables temples d'idoles et les convertit en édifices consacrés aux saints martyrs.

Pendant le séjour de l'empereur Arcadius à Rome, un officier de l'armée, d'origine barbare, nommé Gaïnas, se révolta contre l'empereur et prit les armes contre lui ; il enrôla un grand nombre de barbares et excita de grands troubles. L'empereur Arcadius quitta Rome immédiatement, retourna à Byzance, plein de zèle pour la religion orthodoxe de son père, et tua l'usurpateur Gaïnas, l'apostat, qui appartenait à la secte des misérables Ariens.[136] Il demeura ensuite en paix. Puis l'empereur ami de Dieu, Arcadius, tomba malade et mourut, au temps du pontificat de saint Jean Chrysostome. Son fils, Théodose le jeune, avait été proclamé empereur avant la mort de son père.

Après l'avènement de Théodose le jeune, il y eut une grave sédition à Rome. En effet, l'empereur Honorius (comme beaucoup de sénateurs[137] étaient hostiles à ce saint de Dieu, à cause de sa belle vie, car il craignait Dieu et accomplissait toutes ses prescriptions), avait abandonné, par dépit, ses Etats et s'était rendu dans la ville de Ravenne. Alors un capitaine de la province de la Gaule, nommé Athalaric, partit à la tête d'une nombreuse troupe, pour s'emparer de la ville de Rome. Lorsqu'il parut (devant la ville), il s'allia avec les ennemis de l'empereur, qui lui offrirent le tribut de la ville ; mais il le refusa, se rendit au palais et prit tous les trésors de l'empire. Il enleva aussi la sœur de l'empereur Honorius, nommée Placidie, qui était vierge ; puis ce conquérant retourna en Gaule. Il avait un agent, nommé Constance,[138] lequel ramena, à l'insu de ce conquérant, la jeune fille à son frère, l'empereur Honorius. L'empereur le combla d'honneurs et le nomma premier ministre ; plus tard il l’éleva à la dignité d'empereur et lui donna la jeune fille, sa sœur, en mariage. Ensuite ils partirent tous deux, l'empereur Honorius et Constance, de Ravenne, prirent la ville de Rome et firent mettre à mort les hommes, au nombre de quatre[139] qui avaient été les auteurs de la sédition contre leur maître, l'empereur Honorius. Celui-ci confisqua leurs biens et brisa le pouvoir du rebelle. Ensuite l'empereur Honorius, l'ami de Dieu, remit son empire à Constance, l'époux de sa sœur, et se rendit à Constantinople, où il fut le collègue de son neveu, Théodose le jeune, en partageant son gouvernement. Mais peu de temps après, il retourna à Rome, étant tombé gravement malade, à la suite de ses exercices multipliés d'ascétisme et de mortification, par le jeûne et la prière ; ses membres se tuméfièrent et il mourut, quittant ce monde périssable, dans sa virginité et sans laisser de fils. Constance, empereur de Rome, eut de Placidie, sœur de l'empereur Honorius, un fils à qui il donna le nom de Valentinien. Mais il surgit un usurpateur, nommé Jean, qui s'empara de ses États par la force.[140]

Théodose le jeune, après la mort de son oncle Honorius, régna seul à Constantinople. Lorsqu'il fut parvenu à l'âge de virilité, comme il n'était pas encore marié, il était en butte aux obsessions de ses sœurs, Arcadia, Marina et Pulchérie, qui l'engageaient à prendre une épouse et à se donner des enfants. Mais il leur répondait qu'il n'épouserait qu'une jeune fille distinguée, belle, aimant Dieu, intelligente et instruite. Sur cette déclaration, on chercha pour lui, dans toute la ville impériale, et il n'y avait pas (une telle femme) ni parmi les filles de sang royal, ni parmi celles de parents illustres, et l'on parcourut toutes les contrées.[141] Enfin on rencontra une femme qui était arrivée à Constantinople, et qui surpassait par sa beauté toutes les femmes de l’époque. Elle avait une contestation avec ses frères au sujet de l'héritage de son père et elle était venue pour se plaindre à l'empereur de l'injustice qu'elle avait subie. Le nom de la jeune fille était Athénaïs ou Eudocie. Son père, nommé Héraclite, avait deux fils, dont l'un s'appelait Valérien, l'autre Genesius, et une fille, celle dont nous venons de parler. Leur père, en mourant, ayant recommandé à ses deux fils, de remettre, comme sa part de l'héritage, cent livres d'or à sa fille, celle-ci, mécontente, refusa d'accepter cet argent, disant : « Ne mérité-je pas d'être l'égale de mes frères dans l'héritage ? » Mais les frères refusèrent de lui accorder ce droit et la chassèrent de la maison de son père. Alors la sœur de sa mère la prit, et la conduisit de la province d'Hellade dans la ville de … chez un frère de son père. Là se trouvait la sœur d'un nommé…,[142] le philosophe, et cette femme, qui résidait habituellement à Byzance, par des démarches habiles, mit la jeune fille en présence des sœurs de l'empereur. Celles-ci, ayant su qu'elle était vierge, la firent venir auprès d'elles, au palais, et en parlèrent à l'empereur. Théodose se rendit auprès elle, la regarda sans se cacher et elle lui plut. Alors il la convertit au christianisme, et elle reçut le nom d'Eudocie ; car elle était païenne, de la secte des philosophes ; puis il l'épousa selon la loi des chrétiens, célébra des fêtes de noces en son honneur, et la proclama impératrice. Lorsque ses frères apprirent qu'elle était devenue la femme de l'empereur Théodose et qu'elle avait été proclamée impératrice, ils eurent peur et s'enfuirent, se cachant dans l'intérieur de l'Hellade. Elle leur adressa une lettre les engageant à venir d'Athènes à Constantinople, et elle leur donna de hautes positions auprès de l'empereur : elle nomma Genesius préfet de l'Illyrie, et Valérien général de l'armée. Et elle leur dit : « Si vous n'aviez pas mal agi envers moi, je ne serais pas venue dans la capitale et je ne serais pas devenue impératrice ; c'est par la volonté de Dieu que je suis venue ici. Or je n'agirai pas avec vous comme vous avez agi envers moi. » Alors ils s'inclinèrent vers la terre et lui rendirent hommage. Ensuite elle mit au inonde une fille qu'elle appela, du nom de la mère de Théodose, Eudoxie.[143]

Sous le gouvernement de l'empereur Théodose, il y eut des dissensions dans l'Eglise de Constantinople, à cause de l'exil du bienheureux patriarche Jean Chrysostome, qui avait été exilé du temps d'Arcadius, père de Théodose, parce que l'impératrice Eudoxie avait été irritée contre lui, au sujet de l'affaire de la vigne d'une veuve.[144]

Il y eut ensuite un grand tremblement de terre dans la capitale : l'empereur manifestait une profonde douleur, ainsi que tous les sénateurs, le clergé et le peuple, et ils marchaient pendant plusieurs jours les pieds nus.[145]

Les Isaures s'emparèrent inopinément et par surprise, de la ville de Séleucie de Syrie, ainsi que de la ville de Tibériade, et, après avoir complètement pillé la contrée, ils s'en retournèrent en Isaurie, leur pays, en passant par la montagne appelée Amanus (?).

Toute la population (de Constantinople) ignorait pour quelle cause saint Jean Chrysostome avait été exilé pendant si longtemps et jusqu'à la mort de l'impératrice Eudoxie. A cette époque, il y avait à Constantinople un patriarche nommé Atticus, qui, par sa conduite pleine de sagesse et de prudence, réussit à persuader à l'empereur Théodose d'écrire au saint et sage patriarche d'Alexandrie, Cyrille, successeur de Théophile, pour qu'il consentît à ce que le nom de saint Jean Chrysostome fût inscrit dans les diptyques de l'Eglise avec ceux de tous les patriarches morts avant lui. Saint Cyrille accueillit cette proposition avec une grande joie ; car il aimait l'ami de Dieu, saint Jean Chrysostome, l'orthodoxe, et le vénérait comme un grand docteur. Et dans cette circonstance, il y eut une grande joie dans l'Église, l'empereur Théodose fit de nombreuses libéralités aux églises et fît reconstruire dignement celles qui avaient été détruites.

A cette époque, les habitants orthodoxes d'Alexandrie, remplis d'un saint zèle, rassemblèrent une grande quantité de bois et brûlèrent le lieu des philosophes païens.[146]

L'empereur Théodose n'oublia pas non plus, ni n'abandonna la ville de Rome. Il y envoya un officier, nommé Aspare, avec une nombreuse armée, afin de combattre l'usurpateur Jean. Il vainquit ce rebelle, et délivra Valentinien, le fils de sa tante Placidie et de Constance, le fit demeurer auprès de lui et le maria avec sa fille, celle qui lui était née de l'impératrice Eudocie. Valentinien eut d'elle deux filles ; il nomma l'une Eudocie, et l'autre Placidie.[147]

Théodose choisit un homme d'entre les philosophes nommé Cyrus et le nomma préfet. C'était un homme sage, de mœurs austères, incorruptible, attaché à la probité et à la justice. De plus, il aimait à élever des constructions nouvelles. Les murs (de Constantinople) étant en ruines depuis longtemps, il les releva en peu de temps. Il n'était point orgueilleux et il était très aimé de tous les habitants de Constantinople. Lors d'une famine, l'empereur Théodose fut témoin comme toute la population acclamait et honorait Cyrus, le préfet. Alors certaines gens furent jaloux de lui et l'accusaient auprès de l'empereur Théodose, disant qu'il avait l'intention de se révolter pour usurper son trône. L'empereur ayant accueilli leurs calomnies, fit arrêter cet homme, l'accabla de mauvais traitements et confisqua tous ses biens. Ces accusations n'étaient pas le seul motif qui le firent agir ainsi. Il était irrité contre lui et voulait le tuer, parce qu'on avait crié : « Il est comme un autre empereur Constantin l'ancien I » Cyrus ayant été prévenu, se réfugia dans une église, et là on le fit métropolitain de la ville de Smyrne, dans la province d'Asie, où les habitants venaient de tuer leur évêque. Lorsqu'il eut pris possession de son siège de métropolitain de Smyrne, il adressa une longue et ardente prière au Dieu du ciel, pour lui rendre grâces de l'avoir sauvé d'une mort imméritée. Sur ces entrefaites, le jour solennel de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ étant arrivé, le peuple et le clergé l'engagèrent à monter en chaire, selon la coutume des évêques, et lui demandèrent de leur parler de la grandeur, de la majesté et de la gloire du maître de l'univers et de sa sainte Nativité. Cyrus leur parla d'abord du péril de mort auquel il venait d'échapper, puis il continua son sermon ainsi : Sachez, mes frères, qu'aujourd'hui est le jour de la Nativité de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Nous l'honorons comme il convient parce qu'en vertu de sa seule volonté, il a été conçu dans le sein de la sainte Vierge Marie, lui qui est le Verbe primordial, créateur ; qu'il soit glorifié avec son Père éminemment bon et son Saint-Esprit qui donne la vie, Trinité consubstantielle, éternellement ! Tous les habitants de la ville vénéraient Cyrus, qui s'appliquait sans relâche à accomplir les devoirs du ministère et les fonctions sacrées ; il remplit sa fonction sacerdotale d'une façon parfaite jusqu'à ce qu'il mourût, entouré de vénération.[148]

Il arriva encore, sous le règne de l'empereur Théodose, qu'après la mort des patriarches de Constantinople, Atticus et Sisinnius, on fit venir, d'Antioche à Constantinople, pour y enseigner, Nestorius, qui se donnait pour un ascète et docteur versé dans les Écritures ; on le nomma patriarche et il devint un fléau pour les chrétiens dans tous les pays. Aussitôt il se mit à enseigner et à blasphémer contre Dieu, et il refusait de croire que la sainte Vierge Marie eût enfanté Dieu : il l'appelait mère du Christ, disant que le Christ avait deux natures. Il y avait à ce sujet, à Constantinople, de graves dissensions et de grands troubles. On détermina l'empereur Théodose à convoquer à Éphèse, un concile composé d'évêques du monde entier.[149] Deux cents évêques s'étant réunis, ils excommunièrent et déposèrent Nestorius et ses adhérents. Ceux-ci, avec lesquels était d'accord Jean, patriarche d'Antioche, revinrent ensuite à notre sainte religion. Ils communiquèrent avec les deux cents évêques et avec notre saint Père Cyrille, patriarche d'Alexandrie ; ils confirmèrent la (profession de) foi et rejetèrent Nestorius, parce qu'il enseignait la même fausse doctrine qu'Apollinaire. Il ne restait qu'un petit nombre de ceux qui avaient soulevé ces querelles et qui avaient suivi Nestorius, tandis que les croyants orthodoxes gagnèrent en force et devinrent de plus en plus nombreux, sous le règne de l'empereur Théodose ; enfin, Archélaüs, comte d'Orient, se joignit à eux, et devint l'un des nôtres dans la foi orthodoxe, de sorte qu'il n'y eut plus que quelques personnes qui persévéraient dans l'erreur de Nestorius. L'Église demeura ensuite en paix et dans la concorde, pendant tout le règne de l'empereur Théodose, l'ami de Dieu.[150]

Les patriarches qui occupaient (ensuite) le siège de Constantinople, du temps de Théodose, furent les sages patriarches Maximien et Proclus. Le sage Proclus avait, dans son enfance, étudié avec une grande application, et, lorsqu'il était plus âgé, il eut le privilège de demeurer dans la ville (impériale) en se vouant au service de Dieu. Alors il fréquentait assidûment le patriarche Atticus, et écrivait et apprenait tous les enseignements de Dieu. Puis il fut ordonné diacre et, lorsqu'il eut atteint l'âge, on le fit prêtre. Le patriarche Sisinnius, successeur d'Atticus, le nomma évêque au siège de Cyzique ; mais les habitants de cette ville refusèrent le précieux don dont il les favorisait ainsi, car ils n'étaient pas dignes de recevoir cet instrument choisi de Dieu. En conséquence, Proclus demeura dans la retraite, à Byzance, à l'époque où Nestorius, étant patriarche, troublait l'Eglise, en manifestant sa haine contre Notre-Dame la sainte Vierge Marie, mère de Dieu. Or saint Proclus composa une homélie sur Notre-Dame la sainte Vierge Marie, mère de Dieu, qu'il prononça dans l'église de Constantinople, devant le peuple assemblé, et dans laquelle il attaquait vivement Nestorius, parce que son esprit allait à la perdition. Son homélie commençait ainsi : Nous célébrons la fête de la Vierge et nous proclamons avec notre langue ces paroles : Aujourd'hui, louons Marie, la mère de Dieu[151] ! En entendant ces paroles, tout le peuple glorifiait Notre-Dame, lui adressait des louanges et manifestait un grand enthousiasme. Quant à Proclus, comme il avait touché le cœur de l'empereur Théodose et de tout le peuple, ils voulaient, après l'exil et la déposition de Nestorius, l'élever au siège patriarcal de Constantinople. Mais certains habitants d'entre les principaux de la ville s'y opposaient, en disant dans leur zèle : Cet homme a été évêque d'une petite ville ; comment pourrait-il être le pasteur de cette grande ville ? En conséquence, on nomma patriarche de Constantinople, Maximien, qui, lui aussi, était un prêtre craignant Dieu, mais qui n'était pas pareil à Proclus en sagesse et en science. Il occupa le siège patriarcal pendant deux ans et six mois, vivant dans la retraite et dans la dévotion, puis il mourut en paix. Alors l'empereur Théodose fit venir Proclus, avant que l'on eût enterré Maximien, et ordonna de le nommer au siège de Constantinople. Célestin, patriarche de Rome, écrivit, au sujet de Proclus, au patriarche d'Alexandrie et aux autres évêques. Ceux-ci lui répondirent en ces termes : La loi de l'Église ne s'y oppose pas ; que Proclus occupe le siège patriarcal, à Byzance ; car c'est la volonté de Dieu ! En conséquence Proclus occupait le siège patriarcal avec honneur et dignité, dirigeant avec sagesse les intérêts de son troupeau, dans la capitale de l'empire, et combattait les partisans de l'erreur de Nestorius. Il adressa une lettre à l’illustre Armenius, dans laquelle il réfutait Théodore de Mopsueste et Nestorius l'hérétique, et il les excommunia et les rejeta.[152] Déjà du temps du bienheureux Maximien, l'Orient avait été délivré de la souillure de Nestorius l'hérétique, et la paix régnait désormais dans l'Eglise.

Proclus ramena aussi le corps de saint Jean Chrysostome à Constantinople : il y avait quarante-cinq ans depuis que ce patriarche avait été exilé dans une île appelée Thrace, sous le gouvernement de l'empereur Théodose l'ancien, l'ami du Christ. Proclus fit placer le corps du saint dans l'église des saints Apôtres où reposaient les corps de nos saints Pères les patriarches, qui avaient terminé leur carrière dans la piété et dans la foi orthodoxe, à Constantinople. Il ramena également les (corps des) autres évêques, qui avaient été injustement exilés avec lui et que l'on n'avait pas pu ramener, du temps du bienheureux Atticus.[153] C'est ainsi que la discorde disparut de l'Église, les membres séparés se joignirent, et Proclus les réunit ensemble. Il composa une homélie, digne de la gloire de saint Jean Chrysostome, dans laquelle il demandait à Dieu de pardonner aux parents de l'empereur Théodose le jeune, le péché qu'ils avaient commis envers saint Jean Chrysostome.[154]

Il arriva aussi, sous le règne de cet empereur, que les barbares qui avaient échappé à la défaite de Jean l'usurpateur, se réunirent et envahirent le territoire de Rome. Lorsque l'empereur ami de Dieu en fut informé, il méditait, selon son habitude, et sa pensée se tourna vers Notre-Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ (qu'il soit loué !), et il jeûnait et priait ; il se montrait plein de pitié pour les pauvres, était charitable envers les malheureux, accomplissait assidûment et avec piété des œuvres agréables à Dieu et pratiquait beaucoup d'autres exercices semblables. Il recommanda à Proclus, aux prêtres et aux moines de prier Dieu pour lui, afin qu'il lui donnât la victoire sur ses ennemis et pour que ses peines et ses œuvres ne fussent pas vaines. Dieu exauça sa supplication, et le capitaine barbare nommé Rhoïlos mourut. En effet, Dieu le frappa d'un coup de foudre, et il fut anéanti ; et un grand nombre de barbares moururent de cette mort envoyée par Dieu. Puis un feu descendit du ciel et consuma ceux qui étaient restés. Tous les peuples de la terre reconnurent par cet événement, la puissance du Dieu des chrétiens, et l'on constata la piété et la foi de Théodose, le pieux empereur.[155]

En ces temps il y avait à Alexandrie une femme païenne, philosophe, nommée Hypathie, qui, constamment occupée de magie, d'astrologie et de musique, séduisait beaucoup de gens par les artifices de Satan. Le préfet de la province l'honorait particulièrement, car elle l'avait séduit par son art magique : il cessait de fréquenter l'église, comme il en avait l'habitude ; il y venait à peine une fois par hasard. Et non seulement, il agissait ainsi en ce qui le concernait personnellement, mais il attirait auprès d'Hypathie beaucoup de fidèles et lui-même faisait bon accueil aux mécréants. Or, un certain jour, alors que, sur l'ordre d'Oreste, le préfet, qui suivait la coutume des juifs habitant Alexandrie, l'on donnait un spectacle, et que tous les habitants de la ville étaient assemblés au théâtre, Cyrille, qui avait succédé comme patriarche à Théophile, cherchait à être exactement renseigné à ce sujet. Un chrétien, nommé Hiérax, homme instruit et capable, qui avait l'habitude de railler les païens, qui était dévoué au vénérable patriarche et recevait ses avis, et qui était versé dans la science de la religion chrétienne, ayant été aperçu au théâtre par les juifs, ceux-ci s'écrièrent : Cet homme ne vient pas ici dans une bonne intention, mais pour apporter du trouble ! Oreste, le préfet, qui haïssait les enfants de la sainte Eglise, fit saisir Hiérax et le fit battre publiquement au théâtre, quoique cet homme n'eût commis aucun crime. Cyrille fut très irrité contre le préfet non seulement à cause de ce fait, mais aussi parce qu'il avait fait mettre à mort un vénérable moine du couvent de Pernôdj,[156] nommé Ammonius, et d'autres moines. Le gouverneur de la province,[157] ayant été informé de cet événement, fit dire aux juifs : Cessez vos hostilités contre l'Eglise ! Mais les juifs, qui se prévalaient de l'appui de cet autre magistrat qui était d'accord avec eux, ne tinrent aucun compte de cet avertissement ; puis, accumulant crime sur crime, ils complotèrent un massacre au moyen d'un guet-apens. Ils prirent avec eux des hommes et les postèrent pendant la nuit, dans toutes les rues de la ville, tandis que certains d'entre eux criaient : L'église de Saint-Athanase l'apostolique est en feu ! Chrétiens, au secours ! Les chrétiens, ne se doutant point du piège, sortirent à leur appel, et aussitôt les juifs tombèrent sur eux, les massacrèrent et firent un grand nombre de victimes. Au matin, les autres chrétiens, en apprenant le crime commis par les juifs, se rendirent auprès du patriarche, et tous les fidèles réunis se portèrent, pleins de colère, vers les synagogues des juifs, s'en emparèrent, les sanctifièrent et les transformèrent en églises, l'une desquelles reçut le vocable de saint Georges. Quant aux assassins juifs, ils les chassèrent de la ville, pillèrent leurs propriétés et les firent partir dans le plus grand dénuement, sans que le préfet Oreste pût les protéger. Ensuite la foule des fidèles du Seigneur, sous la conduite de Pierre le magistrat, qui était un parfait serviteur de Jésus-Christ, se mit à la recherche de cette femme païenne qui, par ses artifices de magie, avait séduit les gens de la ville et le préfet. Ayant découvert l'endroit où elle se trouvait, les fidèles, en y arrivant, la trouvèrent assise en chaire. Ils l'en firent descendre et la tramèrent à la grande église, nommée Cœsaria.[158] Cela se passait pendant le carême. Puis, l'ayant dépouillée de ses vêtements, ils la firent sortir, la traînèrent dans les rues de la ville jusqu'à ce qu'elle mourût et la portèrent à un lieu appelé Cinaron, où ils brûlèrent son corps. Tout Je peuple entourait le patriarche Cyrille et le nommait le nouveau Théophile, parce qu'il avait délivré la ville des derniers restes de l'idolâtrie.[159]

Chapitre LXXXV. Peu de temps après cet événement, les juifs d'un endroit nommé Cimétéria, situé entre Chalcédoine[160] et Antioche de Syrie, alors que, suivant leur habitude, occupés à se divertir, à s'enivrer et à se livrer au libertinage, ils jouaient des jeux de théâtre, prirent l'un d'entre eux, rappelèrent le Christ et l'adorèrent, par dérision, et ils blasphémèrent contre la croix et contre ceux qui donnent leur foi au crucifié. Après avoir audacieusement commis un tel sacrilège, ils prirent un enfant, l'attachèrent à une croix et s'en amusèrent ; puis, comme ils étaient lâches, ils tuèrent cet enfant, qui mourut courageusement. Les chrétiens en apprenant les crimes que venaient de commettre les juifs, se précipitèrent sur eux avec fureur, et il y eut beaucoup de morts des deux côtés. Lorsqu'il fut rendu compte à l'empereur Théodose de ces crimes commis par les juifs, il ordonna aux magistrats de la ville de punir les coupables. En conséquence, on prit des mesures sévères contre les juifs qui demeuraient en Orient, et l'on punit tous ceux qui avaient outragé le Christ et ses fidèles.[161]

A cette époque, beaucoup de juifs de Crète devinrent croyants et se firent chrétiens, à la suite d'une grande calamité qui les avait frappés.

Chapitre LXXXVI. Un juif, nommé Phîskis, s'attribua par imposture le rôle suivant. Il disait : Je suis Moïse, le prince des prophètes ; je suis envoyé du ciel par Dieu, et viens pour conduire les juifs qui habitent cette île, à travers la mer, et veux vous établir dans la terre de promission. Il séduisit ainsi les juifs, en leur disant : C'est moi qui ai délivré vos pères de la main du Pharaon, alors qu'ils étaient esclaves des Égyptiens. Il passa une année entière à parcourir la Crète, à leur annoncer cet événement et à les séduire, dans toutes les villes et dans tous les villages ; il les détermina à abandonner leurs industries et à mépriser les propriétés et les biens ; et, en conséquence, ils dissipèrent leurs fortunes. Lorsque le jour qu'il leur avait fixé pour les emmener fut proche, il leur ordonna de le suivre avec leurs femmes et leurs enfants au bord de la mer, puis il leur donna l'ordre de se précipiter dans la mer. Beaucoup d'entre eux périrent, les uns dans leur chute, les autres engloutis au fond de la mer. Cependant Dieu, qui aime les hommes, eut pitié de ses créatures et ne permit pas qu'ils mourussent tous de cette façon terrible. Plusieurs chrétiens qui se trouvaient là, en ce moment, pour regarder, en sauvèrent un grand nombre des flots de la mer ; les autres, qui ne s'étaient pas précipités dans la mer, furent préservés par cette circonstance. Les juifs, voyant que le faux prophète avait péri dans les flots, reconnurent que c'était un imposteur, et, sur-le-champ, ils abandonnèrent leur croyance erronée. A cette occasion un grand nombre de juifs vinrent à Notre-Seigneur Jésus-Christ, reçurent la lumière du saint baptême qui procure le salut, et crurent en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cet événement eut lieu sous le règne de l'empereur Théodose le jeune, l'ami de Dieu, et sous le pontificat d'Atticus, patriarche de la grande ville de Constantinople.[162]

Chapitre LXXXVII. L'empereur Théodose, lorsque, dans son enfance, il apprenait les saintes Ecritures inspirées par Dieu, avait eu pour compagnon d'études un enfant, nommé Paulin, fils d'un ministre, et les deux enfants avaient grandi ensemble. L'empereur Théodose aimait Paulin, et il lui avait conféré le troisième rang après l'empereur, c'est-à-dire la dignité de domesticos.[163] Paulin était maintes fois couché à table avec l'empereur et l'impératrice, tant était grande l'intimité qui existait entre eux. Puis il arriva qu'il tomba malade, et, pendant sa maladie, on apporta à l'empereur, de la part d'un fonctionnaire qu'il estimait, une pomme, bien que ce ne fût pas la saison des fruits, dont l'empereur et les officiers de la cour[164] admiraient la beauté. L'empereur donna cent pièces d'or à celui qui l'avait apportée, et l'envoya à sa femme. Celle-ci l'envoya à Paulin, parce qu'il était souffrant et qu'elle avait une grande affection pour lui. Paulin ignorait que ce fruit avait été donné à l'impératrice par l'empereur. Celui-ci, étant venu bientôt après pour lui rendre visite, vit chez lui la pomme. Il rentra aussitôt au palais, fit appeler l'impératrice et lui dit : Où donc est la pomme que je t'ai donnée ? L'impératrice, craignant que l'empereur ne fût mécontent d'elle, ne voulut pas avouer et dit : Je l’ai mangée, ne croyant pas que tu m'en demanderais compte. — Ne l'as-tu pas envoyée à quelqu'un ? demanda l'empereur. Elle nia de nouveau. Alors il fit chercher la pomme, et l'impératrice Eudocie fut couverte de confusion. Les deux époux vécurent pendant longtemps dans le chagrin et la discorde, puis» l'impératrice exposa à l'empereur ce qui s'était passé, en appuyant ses paroles par un terrible serment, et elle sut le convaincre que c'était par crainte qu'elle ne lui avait pas d'abord dit la vérité, parce qu'elle avait redouté son mécontentement.

Paulin, de son côté, fut très inquiet et il dit en lui-même : Il vaut mieux pour le malade de demeurer en sa maladie. Lorsqu'il fut, rétabli, il conçut de mauvais desseins, et il maltraita Mar-Basilios, l'un des solitaires du désert, que les hérétiques avaient rejeté.[165] Quelque temps après, l'empereur fut averti que Paulin formait des projets coupables, qu'il aspirait au trône et qu'il préparait une révolte. En conséquence il lui fit trancher la tête, ainsi que Paulin avait voulu agir lui-même avec l'empereur, l'ami de Dieu. L'impératrice Eudocie et l'empereur Théodose l'avaient affectionné et l'avaient honoré d'une manière extraordinaire.[166] Des historiens qui altèrent les faits, des hérétiques, qui ne se tiennent pas à la vérité, ont prétendu que Paulin a été mis à mort, à cause de l'impératrice Eudocie. Mais l'impératrice Eudocie était sage et chaste, sans tache et parfaite en toutes ses actions.

L'empereur Théodose envoya une lettre au désert de Scété, en Egypte, pour consulter les saints, parce qu'il n'avait pas d'enfant mâle qui pût lui succéder sur le trône. Les saints lui répondirent : Lorsque tu auras quitté ce monde, la foi de tes pères sera changée. Or, comme Dieu t'aime, il ne te donne pas d'enfant mâle, afin qu'il ne soit pas dans le péché. En conséquence, l'empereur Théodose et sa femme, très affligés de cette prophétie, cessèrent tout commerce conjugal, et vécurent, d'un commun accord, dans une parfaite chasteté.[167] Ensuite, après qu'ils eurent marié leur fille aînée Eudoxie avec Valentinien, empereur d'Occident, ainsi que nous l'avons rapporté précédemment, et qu'ils eurent achevé de célébrer le mariage à Constantinople, les deux époux étant partis pour Rome, l'impératrice Eudocie demanda au pieux empereur Théodose l'autorisation de visiter les lieux saints de Jérusalem et d'y adorer pieusement ; car elle avait fait un vœu en ces termes : Quand j'aurai mené à bonne fin le mariage de ma fille, je visiterai les lieux saints. J'accomplirai, disait-elle, mon vœu envers Dieu dans le parvis de la maison de Dieu, en présence de tout le peuple, au milieu de Jérusalem ; et j'implorerai Dieu pour qu'il conserve ton gouvernement, pendant longtemps, en paix. L'empereur, lui ayant donné son consentement, écrivit aux gouverneurs de toute la province, leur ordonnant de recevoir l'impératrice d'une manière digne d'elle, et il la fit accompagner à Jérusalem par Cyrille, patriarche d'Alexandrie, pour qu'il la bénît et la dirigeât dans l'accomplissement des bonnes œuvres. C'est ainsi que se réalisa pour elle tout ce qu'elle avait demandé à Dieu : elle arriva à Jérusalem, restaura les églises et les habitations, et fit construire un couvent pour les vierges et un hospice pour les pèlerins, et leur attribua de grands biens. Elle fit aussi relever les murs de Jérusalem qui étaient tombés en ruines depuis longtemps. Tout ce qu'elle entreprenait, elle l'exécutait avec autorité. Ensuite l'impératrice se retira du monde et elle vivait dans la solitude.[168] L'empereur, de son côté, se livrait au jeûne et à la prière, chantant des cantiques et des hymnes et menait une vie pieuse. Ses sœurs non mariées, plus âgées que lui, les bienheureuses Arcadia et Marina, étaient mortes et étaient allées auprès de Jésus-Christ qu'elles aimaient, avant que l'impératrice eût quitté le palais. Pendant le séjour de l'impératrice à Jérusalem, mourut saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, ainsi que Jean, patriarche d'Antioche. Alors reparurent les hérétiques nestoriens, les douze évêques d'Orient, qui s'étaient cachés devant le saint patriarche Cyrille, ceux qui reniaient la sainte Trinité et qui divisaient le Christ en deux natures.[169] Les évêques hérétiques de Constantinople et d'autres provinces se réunirent aussi à part et à l'insu de tout le monde, et ils disaient que la séparation de l'empereur et de l'impératrice n'avait pas Dieu pour motif, mais qu'ils s'étaient séparés à cause de Paulin et en inimitié. C'est pourquoi l'empereur fut très mécontent du patriarche Flavien et de ses partisans et il leur dit : Le feu allumé par les nestoriens qui était éteint, vous l'avez rallumé de nouveau. En effet, ils avaient suscité de grands troubles dans l'Eglise. Pulchérie, sœur de l'empereur Théodose, protégeait le patriarche Flavien. Mais elle ne pouvait pas le protéger ouvertement, parce qu'elle craignait la ferme autorité de l'empereur Théodose, qui haïssait ceux qui prétendaient que le Christ avait deux natures, après avoir été un ; et ceux qui avaient formé cette conception coupable travaillaient en vain.

La sœur de l'empereur, Pulchérie, dans sa perversité, lui demanda un jardin, et l'empereur lui accorda l'objet de son désir. Alors elle écrivit un acte frauduleux en ces termes : Le palais de l'impératrice, ses clos et ses jardins, tout cela m'est donné par l'empereur. Et elle remit ce document à l'empereur pour qu'il le signât. Lorsqu'on en fit la lecture devant le Sénat assemblé, Pulchérie se leva, et, se tenant au milieu des hommes, sans pudeur, reprocha d'une manière insolente à l'empereur d'accomplir avec négligence les actes du gouvernement. Puis, lorsqu'il prit le document pour le lire et le signer, il y trouva écrits ces mots : En ce qui concerne l'impératrice Eudocie, elle devient mon esclave.[170] L'empereur très irrité, à cause de ce qu'il venait de lire, et aussi parce que Pulchérie était insolente et qu'elle manquait de pudeur, la fit transporter dans un local et donna au patriarche l'ordre de lui imposer la main et de la consacrer diaconesse. A la suite de cet événement, il y eut une grande inimitié et une grande haine entre l'impératrice Eudocie et Pulchérie, et l'empereur se sépara de sa sœur Pulchérie.[171]

Ensuite l'empereur donna l'ordre de convoquer un autre concile dans la ville d'Ephèse et il y fit venir Dioscore, qui avait été nommé patriarche d'Alexandrie après Cyrille. Flavien, patriarche de Constantinople ; Eusèbe, évêque de Dorylée ; Domnus, patriarche d'Antioche ; lhas, Jean, Théodoret et…[172] , évêques d'Orient, furent déposés.

Après cet événement, l'excellent empereur Théodose tomba malade et mourut : il quitta cette vie pour aller auprès de Dieu. Tandis que l'impératrice Eudocie vivait dans la retraite, aux saints lieux de Jérusalem, Pulchérie, audacieusement, sans avoir pris l'avis de Valentinien, empereur de Rome, ni celui des magistrats et du Sénat, publia un décret impérial, épousa Marcien général de l'armée (le tribun), plaça sur sa tête la couronne impériale et le fit empereur ; elle devint sa femme et sacrifia sa virginité.[173] L'empereur, de son vivant, l’avait surveillée, malgré elle, afin d'empêcher que quelqu'un n'eût commerce avec elle et n'usurpât ensuite sa couronne.

Le jour de l'avènement de Marcien, il y eut, sur toute la terre, une obscurité, depuis la première heure du jour jusqu'au soir, pareille à l'obscurité qui était tombée sur l'Egypte, du temps de Moïse, le prince des prophètes. Les habitants de Constantinople, saisis d'une immense frayeur, étaient consternés ; ils pleuraient, se lamentaient, et manifestaient leur affliction par des cris et des gémissements extraordinaires ; il leur semblait que la fin du monde était proche. Le Sénat, les magistrats, l'armée, et toute la population, grands et petits, qui étaient dans la ville, en plein désordre, s'écriaient : Jamais, sous les règnes précédents, dans l'empire romain, nous n'avons entendu ni vu un événement pareil ! Et ils murmuraient beaucoup, sans parler ouvertement. Le lendemain, Dieu, dans son amour pour les hommes, eut pitié d'eux : le soleil se leva et la lumière du jour reparut.[174]

L'empereur Marcien convoqua dans la ville de Chalcédoine, un concile, composé de six cent trente-six évêques. Ceux-ci déposèrent Dioscore, patriarche d'Alexandrie, et décidèrent que Flavien, qui avait été déposé autrefois et qui était mort dans l'exil, du temps de Théodose, l'empereur bienheureux, fût mentionné dans les diptyques ; et l'on inscrivit son nom, comme patriarche orthodoxe, dans les diptyques de l'Eglise. Puis, lorsque des troubles éclatèrent à Constantinople et parmi toutes les populations, Marcien tomba gravement malade ; il resta malade pendant cinq mois, ses pieds se tuméfièrent et il mourut. La durée de son règne avait été de six ans. Pulchérie était morte avant Marcien.

A cette époque s'endormit, dans la sainte ville de Jérusalem, l'impératrice Eudocie, pleine du mérite des bonnes œuvres et de la foi pure. Elle avait refusé de communiquer avec Juvénal, évêque de Jérusalem, et avec les hommes qui avaient été assemblés à Chalcédoine ; car elle savait qu'ils avaient altéré la vraie religion de nos saints Pères et des empereurs orthodoxes. Au contraire, elle demandait la bénédiction aux moines-prêtres qui étaient en communion avec Théodose, patriarche d'Alexandrie.[175] Après avoir ainsi accompli ces choses, elle mourut, et l’on déposa son corps, avec honneur et avec des panégyriques, dans le tombeau qu'elle avait construit de son vivant. C'est ainsi qu'elle alla vers Dieu le très glorieux.

Chapitre LXXXVIII. Après la mort de Marcien, régna l'empereur Léon l'ancien. Sous son règne, la ville d'Antioche fut profanée [et couverte de ruines] à la suite d'un tremblement de terre. Il tomba du ciel, dans la ville de Constantinople, au lieu d'eau, une pluie d'éclairs, et (les flammes) s'élevaient au-dessus des toits. Les habitants, consternés, vinrent à Dieu avec des prières et des supplications. Or ces éclairs avaient été du feu ardent, que Dieu, à cause de son amour pour les hommes, avait éteint et changé en éclairs. Après cette pluie d'éclairs, il y eut de nouveau, à Constantinople, un feu, tombé du ciel, comme il n'y en avait jamais eu auparavant : il s'étendait d'une mer à l'autre. L'empereur, craignant d'être atteint par les flammes, quitta le palais et demeura dans une église, consacrée à saint Mammès, pendant six mois, se livrant à des prières et à des supplications, ainsi que l'on avait fait du temps de Marcien.

L'empereur Léon défendit, le saint jour du dimanche, pour la sanctification du sabbat, tous les jeux de théâtre et des musiciens. Il expulsa aussi les Ariens de toutes les provinces de son empire et défendit à tous ses sujets de les laisser entrer dans les églises.[176]

Il arriva aussi, sous le règne de cet empereur, que l'on accusa un philosophe, nommé Isocase, fils de [177]…. C'était un homme d'une haute sagesse et un juge intègre ; comme il était païen, il favorisait les gens de Cilicie, alors qu'il remplissait les fonctions d'Interprète[178] à Antioche. L'empereur le livra entre les mains de Pusaeus, le préfet, général en chef (préfet de prétoire), pour l'expulser. Mais on l'arracha d'entre les mains du préfet, et on le conduisit, nu et les mains attachées au dos, à la porte appelée Zeuxippe, où il y avait une foule de gens assemblés. Le préfet, se tenant sur le tribunal, lui adressa la parole en ces termes : Vois-tu bien quel triste spectacle tu offres au milieu de cette assemblée ? Il répondit : Je le vois et ne m'en étonne pas ; car je suis homme et suis tombé dans la souffrance du corps ; ainsi que je jugeais les hommes, je méjuge maintenant moi-même. En entendant cette fière réponse, les gens du peuple qui assistaient (au jugement), l'arrachèrent d'entre les mains du préfet et le conduisirent dans une église et, sans qu'on lui fît subir aucune violence, il crut en Jésus-Christ, disant : Mes pères étaient des idolâtres, me voilà devenu chrétien ! On l'instruisit dans la religion chrétienne et on le baptisa et il devint chrétien ; puis on le mit en liberté, il reprit ses fonctions et retourna dans sa province, avec l'amitié de l'empereur.[179]

Lorsque l'empereur Léon fut instruit des troubles qui avaient eu lieu à Alexandrie, du temps de Marcien, et des meurtres qui avaient été commis à cause du concile de Chalcédoine, et qu'il apprit que les habitants avaient rétabli la vraie foi en une seule nature de Jésus-Christ et qu'ils avaient tué Protérius, l'évêque des Chalcédoniens, qui avait donné prise contre lui (cet évêque avait d'abord été archiprêtre à Alexandrie ; puis, lorsqu'il eut signé le rescrit impérial, les Chalcédoniens l'avaient nommé évêque, mais la population orthodoxe s'était soulevée contre lui, l'avait tué et avait brûlé son corps) ; lorsque l'empereur Léon eut appris tout cela, il nomma patriarche d'Alexandrie, Timothée, disciple du patriarche Dioscore. Timothée, auparavant, avait vécu pieusement comme moine au couvent de Cal-môn et il était prêtre ; il fut nommé patriarche après la mort de Dioscore, qui avait été déposé illégalement par l'empereur Marcien et son concile. Or Timothée refusa d'adhérer au concile des Chalcéniens qui troublait le monde entier.

L'empereur Léon adressa ensuite à tous les évêques une lettre, les adjurant de lui faire connaître exactement leur opinion au sujet de ce qui s'était passé au concile de Chalcédoine. Mais, comme les évêques craignaient l'empereur, ils se dérobèrent et ne se prononcèrent point vis à-vis de lui, au sujet du concile. Il n'y eut que deux évêques qui lui exprimèrent leur sentiment : l'un, nommé Eustathe, de Béryte, homme plein de savoir et d'expérience, et versé dans les Écritures saintes, déclara à l'empereur que ce fut par crainte de Marcien que (les évêques de Chalcédoine) avaient altéré la foi, de sorte que le monde entier a été troublé, ainsi que toute l'Eglise. Le second (qui répondait de cette manière), était un évêque nommé Amphiloque, de la ville de….[180] Les autres évêques, ses sujets, s'abstinrent de parler ouvertement à l'empereur de la tyrannie de l'empereur Marcien, et de lui dire que ce que l'on avait fait à Chalcédoine avait été fait par crainte de l'autorité impériale et du pouvoir.

En ce temps se fit connaître Eutychès le Nestorien, qui recherchait la perdition ; c'était un homme qui ignorait les saintes Ecritures, parce qu'il ne s'appliquait pas à les apprendre.

Or le patriarche Timothée, à son arrivée à Alexandrie, fut enlevé et conduit dans un lieu appelé Chersonèse (?), où on le fit demeurer. Il y eut du mécontentement et des émeutes à Alexandrie. Le préfet de la ville qui avait usé de violence envers le saint patriarche Timothée, tomba en pourriture et mourut.[181] Alors les habitants disaient entre eux que tout ce malheur qui l'avait frappé était un châtiment de Dieu glorieux et très haut, à cause du traitement que l'on avait infligé au serviteur de Dieu, le patriarche Timothée, afin que tout le monde reconnût que Dieu veille sur ses élus et qu'il rend justice aux opprimés.

Après l'empereur Léon et les empereurs ses successeurs, régna Basilisque, lequel proclama Auguste son fils Marc et le prit pour collègue, pendant peu de temps.[182] Comme sa sœur Vérine avait agi d'accord avec lui, elle lui demanda (de proclamer Auguste) le chef des magistrats (le maître des offices) de l'empereur, et elle obtint pour lui la dignité de Patrice.[183]

Or l'empereur fit chercher le saint patriarche Timothée, dans le lieu d'exil où Pavait envoyé Léon l'ancien, et l'appela auprès de sa personne. Lorsqu'il fut amené à Constantinople avec les honneurs et les égards dus à sa dignité sacerdotale, le Sénat et le peuple lui firent grand accueil. Une lettre fut envoyée dans toutes les provinces et à tous les évêques avec l’ordre d'expulser tous ceux qui professaient la foi des Chalcédoniens, de les excommunier et de les rejeter. De son côté, saint Timothée, ainsi que ses pieux compagnons firent à l'empereur Basilisque cette déclaration prophétique : Du jour où tu auras renié la profession de foi contenue dans cet écrit, ton gouvernement ne subsistera plus et ton règne déclinera rapidement. Il répondit : Je ne renierai jamais cette profession de foi ; au contraire, je réunirai un concile dans la ville de Jérusalem, afin que la foi orthodoxe soit définitivement établie. Le saint patriarche Timothée, ayant entendu ces paroles, se rendit à Alexandrie, portant avec lui la profession de foi écrite au nom de l'empereur, et occupa son siège. Mais l'empereur Basilisque, s'étant laissé séduire par des dons, manqua à sa parole, détruisit ce qu'il avait précédemment établi, et ne convoqua point de concile dans la ville de Jérusalem, ainsi qu'il Pavait promis au patriarche Timothée ; au contraire, il écrivit une autre lettre, par laquelle il ordonna de laisser les Chalcédoniens dans leur foi et de les respecter. En conséquence, la prophétie du vénérable Père Timothée et des religieux, ses compagnons, s'accomplit ; il y eut, à Constantinople, une peste (si meurtrière) qu'il manquait de gens pour enterrer les cadavres qui pourrissaient ; puis la ville de Gabala, en Syrie, fut détruite par un tremblement de terre. Enfin Zénon, empereur de Rome, se mit en campagne et souleva la province d'Isaurie, et, ayant rassemblé une nombreuse armée, il marcha sur Constantinople. En arrivant dans la ville d'Antioche, il fit arrêter le patriarche Pierre, qui devait le renseigner sur les desseins de l'empereur Basilisque à son égard. Basilisque apprenant la marche de Zénon, envoya pour le combattre les généraux Armatius et Serbâtôs (?)[184] avec un grand nombre de soldats qu'il avait au palais, à Byzance. Lorsque ces officiers s'étaient présentés, il les avait adjurés par le saint baptême de ne pas le trahir, ni de mal agir envers lui. Mais ils s'abstinrent de combattre l'empereur Zénon et lui firent dire secrètement : « Nous nous retirerons vers un endroit, rends-toi complètement maître de la ville. De plus, ils avaient donné à Basilisque un conseil insidieux en lui disant : Prends une route différente et livre bataille à Zénon, à la porte de Constantinople. Puis, au moment où Zénon approcha des murs, tous les sénateurs allèrent au-devant de lui, et il fut très heureux d'être ainsi accueilli par eux. La belle-mère de Zénon, nommée Vérine, fit jeter son frère Basilisque dans une citerne. Comme il y était en danger, ainsi que sa femme Zénonide et ses enfants, ils se réfugièrent auprès du baptistère d'(une) église. Tous les sénateurs rendirent hommage à l'empereur Zénon et le proclamèrent leur empereur. Celui-ci envoya à l'église (dans laquelle s'était réfugié Basilisque), lui enleva les attributs de l'empire qu'il portait sur lui, l'attira par une fallacieuse promesse, lui et ses enfants, puis il chassa les malheureux du palais et les fit transporter dans la province de Cappadoce, dans un château nommé Limnès. Le préfet de la province, lorsqu'ils lui furent amenés, les enferma dans une tour, suivant l’ordre de l'empereur, et les y laissa sans nourriture et sans eau ; on les laissa mourir sans pitié et on les enterra au même endroit.[185] Quant au patriarche Pierre, on le transporta, chargé de chaînes, dans la ville d'Euchaïtès du Pont, parce qu'il avait été dans les bonnes grâces de l'empereur Basilisque, et l'avait soutenu ; c'est lui aussi qui l'avait couronné ; c'est pourquoi Basilisque l'avait nommé patriarche. [On nom nia ensuite patriarche d'Antioche Etienne,][186] qui proscrivait la secte de Nestorius. En conséquence tous les habitants de la ville le détestaient, et il fut massacré par la population d'Antioche et le clergé, dans un endroit appelé…[187], le jour de la commémoration des Quarante martyrs ; après l'avoir tué, on jeta son corps dans le fleuve appelé Oronte. L'empereur Zénon désigna, à sa place, un autre patriarche nommé Calandion, en le distinguant d'une manière particulière.[188] Lorsque l'empereur retourna dans sa ville, il distribua beaucoup d'aumônes aux pauvres et établit en ce lieu comme son lieutenant, Armace ainsi que son fils, César, conformément à la promesse qu'il leur avait donnée. Cet Armace, étant maître du gouvernement, adopta des allures tyranniques et devint très puissant ; personne n'osa lui résister et il forma de coupables projets. L'empereur, informé de ses actions criminelles, le fit tuer dans la galerie du palais. Puis, comme il se proposait de marcher contre la Perse, considérant la jeunesse du césar Basilisque, fils d'Armace, il lui ôta la couronne d'investiture, ordonna de le créer métropolitain de Cyzique et distribua ses biens au peuple.[189]

Voyant toutes ces choses, Théodoric, l'un des patrices,[190] …. craignant de subir, de la part de l'empereur Zénon, le même sort qu'Armace, se mit à la tête de ses guerriers, qui étaient des Goths de la province de Mésie ; Théodoric avait été élevé dans la capitale, et connaissait la science profane. Il marcha sur la ville de Sélymbrie, soumit les habitants et s'empara de toute la province de Thrace. Il vint ensuite avec une force formidable, de la ville de Sycène, et demeura longtemps sans pouvoir rien entreprendre contre la ville de Byzance ni contre l'empereur Zénon. Alors il marcha sur la ville de Rome, se fit amener le chef des barbares, qui portait le titre de rex, nommé Odoacre, sur l'avis du Sénat, s'empara de la ville de Rome par la force, tua tous les barbares et y résida pendant quarante-sept ans à titre de roi : il n'admit aucun autre roi à côté de lui et y fit reconnaître la souveraineté de l'empereur Zénon ; il ne prenait aucune mesure sans l'avis de l'empereur, et était respecté par les magistrats et par le Sénat.

Une femme patricienne de Rome, nommée Juvenalia, qui avait été l'épouse de …,[191] vint trouver Théodoric et lui dit : Voilà trois ans, que je suis sous le coup d'une injustice et que j'ai un procès avec le patrice Firmus, et l'on ne m'a pas rendu justice. Théodoric fit appeler les juges et leur dit : Je vous avertis que si, dans deux jours, vous n'avez pas terminé le procès de cette femme avec ses adversaires, et si vous ne rendez pas justice aux deux parties avec équité et selon la loi, je vous fais trancher la tête. Les juges se retirèrent immédiatement, et demeurèrent deux jours à terminer selon la justice le procès de cette femme. Alors celle-ci alluma un cierge et (tenant ce cierge), vint trouver le roi pour lui rendre grâces et lui dit : Voici mon procès qui est demeuré si longtemps en suspens terminé grâce à tes ordres. Le roi fit alors appeler les juges et leur parla ainsi : Hommes pervers, qui venez de terminer en deux jours une affaire que vous n'avez pu terminer en trois ans ! Puis il donna l'ordre de leur trancher la tête. La crainte se répandit dans la ville, et Théodoric délivra les citoyens de Rome de toute injustice. Ensuite, après la mort de Théodoric, régna Athalaric, qui était de la secte des Ariens.

L'empereur Zénon envoya ensuite un officier, appelé Quœstor, à Alexandrie, afin de lui amener le patriarche Timothée, l'homme de Dieu. Lorsque le questeur se présenta devant le patriarche Timothée et lui dit que l'empereur l'appelait auprès de lui, le patriarche lui répondit : L'empereur ne me verra pas. Et aussitôt il tomba malade et mourut, ainsi qu'il avait dit.[192] Alors la population orthodoxe se leva et élut comme patriarche l'archidiacre Pierre, surnommé Mongus.[193] Les magistrats de la ville voulurent l'arrêter, mais il s'échappa d'entre les mains des soldats et se réfugia dans la maison (de l'un) des fidèles ; et il y eut des troubles dans la ville. Les partisans de Proterius le chalcédonien, de leur côté, élurent un patriarche, nommé Ayes,[194] qui mourut peu de temps après, tandis que les fidèles… [puis les Chalcédoniens élurent un patriarche][195] nommé Jean, l'un des Tabionnésiotes.[196] Celui-ci, également, s'était emparé du siège d'Ayes, en corrompant les magistrats par des dons. Il déclarait avoir pris l'engagement solennel de ne point rechercher l'agrément de l'empereur Zénon pour sa nomination au gouvernement de l'Église. Lorsque l'empereur Zénon fut informé de ce propos, il fut très mécontent et donna l'ordre de l'expulser. Jean, en apprenant que l'empereur avait ordonné de l'expulser, prit la fuite et se rendit dans la ville de Rome. A cette époque, Acacius, patriarche de Constantinople, étant en faveur auprès de Zénon, détermina l'empereur à faire écrire l'Hénotique, c'est-à-dire la profession de foi des trois conciles de Nicée, de Constantinople et d'Ephèse, et à faire rejeter les autres conciles. C'est pourquoi il fit revenir, de la ville de … à Antioche, le patriarche Pierre, qui autrefois avait pris la fuite.[197] Calandion, patriarche d'Antioche, dans la crainte d'être tué parce qu'il était chalcédonien, s'enfuit ; car les habitants avaient déjà tué le patriarche Etienne, son prédécesseur. Le clergé et le peuple priaient pour l'empereur Zénon, et le patriarche Pierre accepta l'Hénotique de l'empereur. Cependant il y eut, sous son pontificat, des troubles dans la ville au sujet de la profession de foi écrite par l'empereur, parce que nous maudissons le concile de Chalcédoine et la profession de foi réprouvée de (ses évêques) qui proclame que le Christ a deux natures, tandis que l'écrit de Zénon déclare (seulement) que le verbe de Dieu qui a été fait chair est d'une seule nature et que l'on devait mentionner (dans les diptyques) les évêques qui avaient été expulsés.

L'empereur Zénon, lorsqu'il eut reçu en grâce Armace, père du César, avait fait un pacte avec Illus[198] et était d'accord avec lui. Puis l'armée d'Illus avait combattu contre l'empereur Zénon. Illus, voyant qu'Armace qui aimait l'empereur Zénon, avait été mis à mort, et craignant le même sort, se réfugia en Isaurie. Il avait fait demander à l'impératrice Vérine, belle-mère de Zénon, de fléchir l'esprit de l'empereur en faveur d'Armace ; mais Vérine n'y avait pas réussi. L'empereur Zénon avait caché à son frère Longin les mauvais desseins qu'il nourrissait contre celle-ci, pour qu'il n'y eût pas de mécontentement et une cause de troubles à Byzance, car elle avait été autrefois impératrice ; dans le plan qu'il avait ourdi, il était convenu avec Illus qu'il l'éloignerait et l'enverrait en Isaurie, et l'y ferait mourir. Lorsque Vérine se rendit dans ce lieu, Illus vint et s'enferma dans le château, plaça un grand nombre de soldats pour le garder et prit avec lui Longin, le frère de l'empereur. Lorsqu'elle sut ces circonstances, elle envoya un message à sa fille, l'épouse de l'empereur, et celle-ci demanda à l'empereur de permettre à Vérine de demeurer dans le château d'Isaurie. L'empereur lui répondit : Je ne puis mécontenter Illus le patrice ; mais adresse-toi toi-même à lui, et, s'il consent, je le lui permettrai. Alors l'impératrice lui envoya un message et le pria avec des larmes de pardonner à sa mère, et de la laisser demeurer dans ce lieu. Mais Illus refusa de lui accorder sa demande et lui dit : Sans doute, tu veux que j'élève un autre empereur pour remplacer ton mari ! L'impératrice extrêmement irritée contre lui, alla trouver l'empereur et lui dit : Est-il possible que je demeure dans le palais en même temps qu'Illus ? L'empereur lui répondit : Fais ce que tu voudras ; car je t'aime bien plus qu'Illus et que beaucoup d'autres. L'impératrice, encouragée par cette parole de l'empereur, ordonna à Adrianus[199] de le tuer. Adrianus, le chef des eunuques, en chargea un homme appelé Scholarius,[200] qui, étant général de l'armée, avait avec ses gens libre accès à la résidence de l'empereur. Il arriva et tira son sabre pour frapper Illus et lui trancher la tête, dans la galerie du palais. L'un des officiers, voyant cela, accourut et lui arracha le sabre, après qu'il eut, au lieu d'atteindre la tête, coupé l'oreille droite d'Illus. L'eunuque Scholarius qui avait frappé Illus fut tué, et Illus emporté par ses gens dans sa maison. L'empereur Zénon, informé de cet événement, déclara par serment qu'il avait, ignoré cet attentat de l'eunuque contre Illus. Lorsque Illus fut guéri, il demanda à l'empereur Zénon de lui permettre de se rendre en Orient, pour changer d'air, afin d'éviter un retour de sa maladie. Dissimulant ses desseins perfides, il lui parla avec humilité, pour qu'il le laissât partir, et Zénon, sans reconnaître la ruse, lui en donna l'autorisation. Il nomma à sa place un homme nommé … et lui donna le pouvoir. Or, Illus désirait emmener avec lui Léonce et Pamprepius, sous le prétexte qu'ils négocieraient la conciliation entre Vérine, mère de l'impératrice, et l'empereur Zénon, pour qu'elle revînt auprès de lui honorablement. L'empereur agréa cet arrangement et laissa partir ces trois personnes, ainsi que (deux) autres personnages illustres, nommés Marsos et Valianos (?),[201] magistrats de l'Isaurie, et plusieurs préfets et beaucoup de troupes. Lorsqu'ils furent arrivés à Antioche la grande, Illus y demeura pendant une année, et les habitants de la ville le comblèrent d'honneurs. Puis, s'étant rendu en Isaurie, il fit descendre Vérine du château et ils se lièrent par des serments réciproques. D'accord avec Pamprepius qui était adonné à la magie et au mensonge des démons,[202] il détermina les officiers à créer empereur Léonce, et ils le proclamèrent dans l'oratoire de Saint-Pierre, hors des murs de Tarse, capitale de la Cilicie. Or Vérine adressa une lettre à toutes les villes, aux préfets et aux troupes d'Orient, ainsi qu'aux villes d'Egypte, pour les engager à reconnaître le gouvernement de Léonce sans opposition. Puis l'impératrice Vérine, Auguste, écrivit une lettre ainsi conçue : Je vous fais savoir, au sujet de notre empire, qu'à la mort de l'empereur Léon, d'heureuse mémoire, nous avons nommé empereur Trascalissée, qui est Zénon, pour être l'exécuteur fidèle de notre autorité et pour qu'il gouvernât bien le peuple. Voyant à présent qu'il a abandonné la probité, et reconnaissant qu'il est insatiable, nous le considérons comme un tyran et (nous le déclarons) usurpateur et rebelle. Maintenant nous avons nommé un autre empereur, chrétien, aimant Dieu, distingué par la piété et la justice, afin qu'il relève le pays par sa bonne conduite, qu'il mette fin à la guerre, et pour qu'il protège ses sujets, selon la loi établie. Nous avons donc couronné de la couronne impériale, Léonce, pour être empereur de l'empire romain, lequel s'appliquera à faire le bien. Lorsque cette lettre eut été lue dans la ville d'Antioche, toute la population s'écria : Agis avec bonté envers nous, ô Seigneur ; fais ce qui est pour notre bien ! On envoya aussi la lettre à Alexandrie. Léonce vint ensuite à Antioche, résida dans le palais et nomma Lilianus préfet et juge (préfet du prétoire). Après y être resté quinze jours, il se rendit à Chalcis, ville de l'Isaurie,[203] pour attaquer les habitants de cette ville qui refusaient de le reconnaître et l'appelaient rebelle à l'empereur. Quand il eut lutté un mois et demi contre les habitants de la ville sans réussir à s'en emparer, l'empereur Zénon, ayant connu la situation, envoya contre ces conjurés un officier scythe, nommé Jean, vaillant homme de guerre, avec de nombreuses troupes. Illus, qui se trouvait en Cilicie, en apprenant que Léonce n'était pas en mesure de résister au général Jean, se transporta auprès de Léonce et de Vérine, et ils résolurent de fuir ensemble et de s'enfermer dans un château d'Isaurie appelé Papyris. En conséquence, Léonce quitta, dans une fuite précipitée, la province d'Orient, et ces trois personnages, c'est-à-dire Léonce, Illus et Pamprepius, accompagnés de Vérine, se retirèrent dans ce château, auquel les troupes de l'empereur Zénon vinrent mettre le siège. Vérine mourut dans ses murs. Les gens du château ayant su que Pamprepius avait l'intention de se tourner contre eux, le tuèrent et jetèrent son corps du haut des murs. Les troupes, après de grands efforts, s'emparèrent enfin du château, et en firent sortir ces rebelles, c'est-à-dire Léonce, qui s'était perdu lui-même, et Illus qui était cause de tout le mal. On les plaça sur le tribunal, au milieu de la foule, on les condamna à mort, on les décapita et on porta leurs têtes à l'empereur Zénon, à Constantinople.

On rapporte encore de l'empereur Zénon que, causant (un jour) avec Maurianus l'astrologue, avec lequel il était lié d'amitié et qui lui prédisait tout ce qui arrivait, il lui demanda qui obtiendrait l'empire après lui. Maurianus lui répondit : C'est Silentiaire[204] qui prendra ton empire ainsi que ton épouse. En conséquence, il croyait que c'était un homme illustre nommé Pelage, qui avait été autrefois patrice et que l'on avait injustement déposé. L'empereur, ayant confié Silentiaire à la garde de six hommes dévoués, leur donna l'ordre d'étrangler cet homme innocent pendant la nuit. Après l'avoir étranglé, ils jetèrent son corps dans la mer. Lorsque cet affreux meurtre fut connu, personne ne sut garder le silence sur cette affaire ; notamment Arcadius, magistrat très honoré, fidèle à la justice, qui était un juge intègre et haïssait la violence, blâmait l'empereur à cause du crime qu'il venait de commettre avec cruauté, en faisant mourir le patrice Silentiaire. L'empereur Zénon, informé de ces propos, fut très irrité contre Arcadius et donna l'ordre (de l'arrêter et) de le tuer, lorsqu'il entrerait au palais. (Les gardes) firent comme l'empereur l'avait ordonné, mais Arcadius s'échappa d'entre leurs mains.[205]

L'empereur Zénon, en se rendant à l'église pour prier et implorer Dieu, tomba (subitement) malade d'une dysenterie et il mourut.

Chapitre LXXXIX. Le pieux empereur Zénon étant mort, Anastase, l'empereur chrétien, qui vivait dans la crainte de Dieu, lui succéda sur le trône ; c'était l'un des chambellans de l'empereur, qui, par la grâce de Dieu et par l'effet des prières de nos Pères égyptiens, devint empereur. En effet, l'empereur Zénon l'avait exilé dans l'île de Saint-Iraï, située dans le fleuve de Menouf. Les habitants de la ville de Menouf, par humanité, le traitaient avec bonté. Amonios, de la ville de Hezênâ, dans la province d'Alexandrie, et les habitants de cette ville se liaient d'amitié avec lui, l'honoraient et lui témoignaient une grande affection. Or, un jour, les gens de Menouf et ceux de Hezênâ convinrent, comme Anastase était en disgrâce auprès de l'empereur Zénon, de monter à son intention sur la hauteur, au couvent du saint Théophore Abbâ Jérémie d'Alexandrie. En effet, sur le territoire de ces deux villes demeurait un homme qui avait été favorisé par Dieu de la connaissance de toutes choses. Ils parlaient de la sainte vie de cet homme de Dieu ; ils voulaient être bénis par lui et désiraient qu'il priât pour eux le Christ son maître. Ils se rendirent donc à la demeure d'Abbâ Jérémie, l'homme de Dieu, qui les bénit tous, mais n'adressa aucune parole à Anastase. Celui-ci, au moment où tous partirent, fut très affligé ; il pleurait amèrement, disant en lui-même ; C'est à cause de mes nombreux péchés que l’homme de Dieu, en bénissant tous, m'a refusé sa bénédiction. Les gens de Menouf et Amonios de la ville de Hezênâ retournèrent auprès du saint homme de Dieu et lui firent part du chagrin d'Anastase. Abbâ Jérémie l'appela, le prit à part avec ses amis fidèles et avec Amonios, et lui dit : Ne t'afflige pas, en croyant et disant : C'est à cause de mes péchés que ce vieillard ne m'a pas béni. Il n'en est pas ainsi ; au contraire, je me suis abstenu de te bénir, parce que j'ai vu la main de Dieu sur toi. Comment oserais-je, moi qui commets tant de péchés, bénir celui qui est béni et honoré par Dieu ? Dieu t'a choisi entre des milliers pour être son oint ; car la main de Dieu, le Seigneur, est marquée sur la tête des rois ; et il a mis sa confiance en toi pour que tu sois son lieutenant sur la terre, afin que tu protèges son peuple. Seulement, quand tu te rappelleras mes paroles et que tu auras réalisé la prophétie, exécute fidèlement le mandat que je te donne aujourd'hui, afin que Dieu te sauve de tes ennemis, à savoir : Ne commets aucun péché, n'entreprends rien contre la religion chrétienne, la religion de Jésus-Christ, et n'adopte point la foi chalcédonienne, qui offense Dieu. Or ces recommandations qu'Abbâ Jérémie donna à Anastase, celui-ci les reçut et les grava sur les parois de son cœur, ainsi que Moïse, le prophète, reçut de Dieu les tables de l'alliance sur lesquelles étaient gravés les commandements de la loi. Quelque temps après, Anastase fui rappelé de l'exil auquel l'avait condamné l'empereur de cette terre en vertu de son pouvoir, puis il fut nommé empereur. Lorsqu'il fut sur le trône, il envoya un message aux disciples du saint Abbà Jérémie et les fit venir auprès de lui. Parmi eux se trouvait Abbâ Vâryânôs, qui était parent d'Abbâ Jérémie. Or l'empereur leur demanda avec instance d'accepter de lui des provisions pour la route et pour le monastère ; mais ils refusèrent, leur père, saint Jérémie, leur ayant défendu d'accepter aucun objet, si ce n'est de l'encens pour célébrer la messe et pour offrir le sacrifice, et quelques objets sacrés. Anastase envoya aussi des gens dans l'île dans laquelle il avait été autrefois exilé et fit construire par eux une grande et superbe église consacrée à saint Irai ; c'était auparavant une petite église. Il y fit porter beaucoup de vases d'or et d'argent et des étoffes précieuses. Il envoya aussi beaucoup d'or et d'argent à ses amis de Menouf et de Hezênâ, leur conféra des magistratures et fit entrer quelques-uns d'entre eux dans le clergé.[206]

Cet ami de Dieu, Anastase, envoya à Antioche et dans toutes les autres villes des ordres, et fît cesser la guerre civile qui existait entre les habitants et les amena à respecter l'autorité, ainsi qu'il convient à des chrétiens. Il écrivit à tous les magistrats de son empire d'exécuter cette ordonnance et de veiller à ce que les habitants respectassent l'autorité, comme il convient à des chrétiens.

Il y eut ensuite, par l'effet de l'inimitié de Salan, des troubles dans sa résidence. Le peuple demanda tumultueusement que l'on ne mît pas en prison les émeutiers et les factieux ; car le préfet en avait livré un grand nombre pour les faire lapider. L'empereur refusa de les faire relâcher ; il fut très irrité et les fit charger par des cavaliers.[207] Lorsque ceux-ci descendirent pour charger (les émeutiers), un esclave eut l'audace de s'approcher du siège de l'empereur et lança contre lui une pierre, pour le tuer ; puis il reprit sa place, pensant que personne ne l'aurait reconnu. L'assistance de Dieu avait protégé l'empereur ; la pierre était tombée sur l'enceinte du siège et l'avait brisée. Ayant remarqué cet esclave qui avait lancé la pierre contre l'empereur, (les gardes) se précipitèrent sur lui, le saisirent et le coupèrent en morceaux. La sédition devint très grave et les émeutiers brûlèrent le cirque de bronze, où se trouvaient les sièges des soldats, des cavaliers et de la foule, jusqu'au siège de l'empereur et jusqu'au portique de l'Hexaïppion, qui se trouvait à côté du siège construit par saint Constantin. Après de grands efforts, on devint maître des émeutiers par la force : un grand nombre d'entre eux furent punis, et le calme et la tranquillité furent rétablis dans toute la ville.

Les habitants d'Antioche agirent comme ceux de Constantinople. Ils mirent le feu à la synagogue des Juifs qui se trouvait à Daphné, y plantèrent la croix vénérée de Notre-Seigneur Jésus-Christ, transformèrent la synagogue en une église, consacrée à saint Léonce, et tuèrent un grand nombre d'entre les Juifs. En apprenant ces faits, l'empereur envoya Procope, comte d'Orient, pour agir contre les factions séditieuses. Lorsque ce dernier arriva à Antioche…,[208] les chefs des factions s'enfuirent de la ville et se retirèrent dans le sanctuaire de Saint-Jean. Menas, le préfet, s'y rendit pendant la nuit, à la tête d'une nombreuse troupe ; il y eut une grande résistance et il tua l'un d'entre eux, nommé Éleuthère, dont la tête fut portée à Procope, le gouverneur ; les factions furent vaincues et l'on brûla le lieu de leur réunion, c'est-à-dire le prétoire. Alors il y eut une lutte terrible, le peuple tua le préfet Menas et brûla son corps. Procope prit aussitôt la fuite, et ne s'arrêta qu'à Constantinople. L'empereur, ayant appris sa fuite, le remplaça par un homme nommé Irénée, auquel il ordonna de se rendre à Antioche. Lorsque celui-ci arriva, il punit un grand nombre d'émeutiers et leur inspira une grande terreur, de sorte que les factions cessèrent de lutter les unes contre les autres, et il rétablit la paix parmi les habitants d'Antioche. L'empereur, de son côté, fit restaurer les édifices qui avaient été brûlés et construire plusieurs beaux portiques ; car il aimait, dans sa générosité, construire des édifices : il fît élever un grand nombre de constructions en Egypte, ainsi qu'une citadelle, au bord de la mer Rouge. Il s'appliquait à exécuter toutes sortes d'œuvres utiles, afin de demeurer en paix. Aux habitants de Daras, il fît construire un mur et pratiquer dans ce mur des ouvertures, semblables à des ponts, pour empêcher l’eau du fleuve de se répandre dans leurs champs.

Il arriva aussi, sous le règne de cet ami de Dieu, que des barbares impies, anthropophages et sanguinaires, vinrent du côté de l'Arabie vers les bords de la mer Rouge, (puis) se jetèrent sur les moines de la région de l'Euphrate, massacrèrent ou emmenèrent en esclavage les uns, et enlevèrent aux autres ce qu'ils possédaient, car ils haïssaient les saints et avaient les mêmes sentiments que les idolâtres et les païens ; et, après avoir fait un butin considérable, ils retournèrent dans leur pays. En apprenant ces faits, l'empereur fit construire de fortes tours pour protéger les demeures des moines, qu'il combla de bienfaits, ainsi que tous les moines de l'empire romain.

Certaines gens de la ville d'Alexandrie s'étant audacieusement révoltés, tuèrent le préfet de la ville nommé Théodose, qui avait été élevé dans la maison du patriarche d'Antioche. L'empereur, en apprenant cet événement, fut très irrité et punit plusieurs habitants de la ville.

Les belles actions de cet empereur sont innombrables ; car il était un croyant orthodoxe, il était fidèle a Notre-Seigneur et sauveur Jésus-Christ, et il abolit la doctrine des Chalcédoniens, ainsi que le lui avait recommandé saint Jérémie, le serviteur de Dieu. Les gens de l’Illyrie avaient refusé de recevoir la lettre que Léon avait envoyée de Rome. Mais, comme la tyrannie de Marcien et de ses magistrats pesait sur eux, ils avaient craint de subir la même violence que Dioscore, patriarche d'Alexandrie[209] …. Or l'empereur Anastase, le serviteur de Dieu, approuvait l'édit de l'empereur Zénon. En conséquence il ordonna de tenir pour établie la profession de foi des trois conciles qui avaient eu lieu à Nicée, à Constantinople et à Ephèse, la première fois. Mais Euphémius, patriarche de Constantinople, à cette époque, était un chalcédonien qui séparait la nature du Christ qui est une en deux natures distinctes dans ses manifestations, disant que c'est le Verbe de Dieu qui opérait les miracles et que la misérable nature humaine subissait la passion. Il changea aussi le trisagion, que nous récitons ainsi : Saint Dieu, saint fort, saint immortel, qui as été crucifié pour nous, aie pitié de nous 1 Euphémius ne le récitait pas comme nous, mais il le récitait ainsi : Saint Dieu, saint fort, saint immortel, aie pitié de nous ! En effet, il disait : Je ne le récite pas comme vous, pour éviter que (cette formule) ne s'applique à la sainte Trinité en trois personnes ; celui qui a été crucifié, nous l'adorons avec le Père et avec le Saint-Esprit. Car celui qui est devenu chair, sans se séparer (de la Trinité) est impassible en tant que Père, Fils et Saint-Esprit ; celui qui est consubstantiel au Père et au Saint-Esprit a souffert, mais non en sa qualité divine, et nul autre que lui, à Dieu ne plaise ! C'est bien l'une des personnes de la sainte Trinité, en son corps qui est uni avec elle et qui a une âme rationnelle, constituant une seule personne, qui est passible, mais elle est impassible dans sa divinité, qui est consubstantielle avec le Père et le Saint-Esprit, ainsi que nos saints Pères nous l'ont enseigné. Le savant Proclus s'était joint aux Nestoriens en disant : Si le Christ était complètement impassible après son incarnation, il n'a pas plus souffert en son corps que n'a souffert la divinité du Fils. Or, en disant ainsi, il enseigne une erreur, et le Fils de Dieu n'aurait pas souffert en réalité. Voilà la proposition absurde de ceux qui proclament quatre personnes, au lieu de trois, comme ces imposteurs qui ont enseigné, au sujet du Fils, que c'est un autre qui a été crucifié, opinion abominable qui a été produite par des hérétiques. En conséquence, l'empereur Anastase destitua Euphémius de sa dignité, l'expulsa de Constantinople et l'exila à Euchaïtès du Pont. Il nomma à sa place Macédonius, qui accepta de sa main l'édit de l'empereur Zénon et qui n'admettait pas le concile de Chalcédoine ; il réussit à endormir l'esprit de l'empereur Anastase, en renfermant dans son cœur ses pensées perfides au sujet de la foi. L'empereur le força d'employer dans le trisagion la formule : O toi, qui as été crucifié pour nous, aie pitié de nous ! C'est ainsi qu'il établit cette règle.

Or les moines orthodoxes de Palestine avaient abandonné l'étude des Ecritures, et il s'éleva un schisme parmi eux ; car ils déclaraient qu'ils refusaient de recevoir l'édit de l'empereur. Alors, comme ils eurent à subir des persécutions, à l'instigation d'un moine, grand fauteur de troubles, nommé Néphalios, ils députèrent à Constantinople des moines du désert, de vénérables anachorètes, et parmi eux Sévère, l'archimandrite,[210] homme savant, versé dans les Ecritures et prêtre parfait, afin de demander à l'empereur qu'il ordonnât aux moines de rester en paix dans leurs demeures et leurs cloîtres et de prier pour lui. Lorsqu'ils vinrent pour parler à l'empereur, ils furent reconnus par les officiers, qui les conduisirent auprès du patriarche Macédonius, et ils eurent avec lui un entretien au sujet de la foi. Aussitôt il confessa ouvertement ce qui était renfermé dans son cœur, relativement à la doctrine corrompue qu'il suivait ; car il n'était pas possible qu'il la dissimulât toujours et qu'elle restât ignorée de tous. Il y avait un habitant d'Alexandrie nommé Dorothée qui possédait le traité sur la foi de saint Cyrille ; il s'était entretenu avec Sévère et l'avait trouvé imbu de la doctrine de saint Cyrille ; alors ils exhortèrent, l'un et l'autre, Macédonius et les Chalcédoniens, qui attribuaient à Jésus-Christ, le fils de Dieu, qui est un, deux natures ; et le livre leur ayant paru admirable, ils l'appelèrent Philalétès.[211] Mais Macédonius et ceux, qui étaient avec lui, ainsi que les partisans des Nestoriens, disaient avec emportement : Le trisagion (que nous récitons) est celui que les anges prononcent dans leur sanctification. Sévère leur répondit : Les anges disent : Dieu saint, saint fort, saint immortel, aie pitié de nous ! En effet, les anges ne sont pas obligés de dire : qui as été crucifié pour nous ; car le crucifiement de Notre-Seigneur n'a pas eu lieu pour les anges ; c'est pour nous, pour les hommes, que Jésus-Christ, Notre-Seigneur et Sauveur, a été crucifié. C'est pour notre rédemption qu'il est descendu du ciel, qu'il est devenu chair, et qu'il a revêtu l'humanité ; c'est pour nous qu'il a été crucifié, du temps de-Ponce-Pilate, et qu'il est ressuscité des morts, le troisième jour, ainsi qu'on lit dans les écrits sacrés rédigés par nos saints Pères de Nicée, de Constantinople et d'Ephèse, qui nous ont donné une parfaite définition de sa divinité. C'est pourquoi, nous autres chrétiens, nous sommes obligés de dire : 0 toi, qui as été crucifié pour nous, aie pitié de nous ! Nous croyons aussi que c'est Dieu, le saint, le fort, l'immortel, qui a été crucifié pour nous. De même, nous croyons en vérité que la sainte Vierge Marie a enfanté Dieu lui-même ; que ce n'est pas un autre que la Vierge a enfanté et un autre que les Juifs ont crucifié ; mais qu'il est le même dans la naissance, dans le crucifiement et dans la résurrection. Beaucoup d'autres (arguments) semblables furent adressés par écrit à l'empereur et aux magistrats, et (les moines) détruisirent jusqu'à leur base les opinions des impies Nestoriens. Comme ils avaient, par leur argumentation orthodoxe, réduit Macédonius au silence, et que son opinion s'était évanouie devant le langage de la vérité, il cherchait à circonvenir l'empereur et les magistrats en leur disant qu'il avait la même croyance que les orientaux et que, dans l'Eglise, il employait la formule : 0 toi qui as été crucifié pour nous, aie pitié de nous ! Mais en secret il excitait les hérétiques contre l'empereur et leur disait : On a apporté un changement à la religion de nos pères, les chrétiens. Alors les hérétiques se rassemblèrent et se rendirent au palais de l'empereur, afin de soulever une révolte avec l'intention de chasser Platon, qui dirigeait toutes les affaires de son empire et qui jouissait d'une grande et universelle considération. Cédant à la crainte, Platon s'enfuit et se cacha. Les hérétiques et les soldats qui étaient avec eux poussaient des cris et acclamaient le nom d'un autre empereur des Romains. Ils coururent à la maison de Marin le syrien, qui était l'un des Illustres, et brûlèrent sa maison et ses biens ; ils voulurent Je tuer lui-même, mais ils ne le trouvèrent pas, car il avait pris la fuite et fut sauvé par l'assistance de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cet homme pieux avait été calomnié auprès du peuple par le patriarche Macédonius, l'imposteur, qui disait : C'est Marin qui détourne l'esprit de l'empereur de la vraie religion. Poussés par une haine féroce les gens du peuple le cherchaient pour le tuer sans qu'il s'y attendît. Or, au moment de pénétrer dans la maison de cet illustre magistrat, qu'ils saccageaient et dont ils enlevaient, en les partageant entre eux, tous les objets en argent qu'il possédait, les gens du peuple y trouvèrent un moine d'Orient. Ils le firent sortir et le tuèrent, croyant que c'était Sévère, l'ami de Dieu. Ils prirent sa tête et ils la promenaient dans toute la ville en criant : Voici l'ennemi de la sainte Trinité ! Ils se rendirent ensuite à la maison de Julienne qui était de la famille de l'empereur Léon, afin de proclamer empereur son mari, nommé Ariobinde. Celui-ci, en apprenant qu'ils venaient chez lui, s'enfuit. Le peuple continua à se livrer sans frein à ces excès. L'empereur Anastase, l'ami de Dieu, qui était guidé par la vraie religion, celle du Christ, se décida à agir : il convoqua le Sénat et vint occuper le trône, revêtu des vêtements impériaux. Le peuple, en le voyant, ressentit une grande douleur ; tous, pleins de tristesse et de repentir, et craignant la colère de l'empereur, lui demandèrent pardon, en confessant leur faute. L'empereur, élevant la voix, leur dit : Soyez sans crainte, je vous pardonne ! Aussitôt tous les gens du peuple se dispersèrent, chacun regagna sa demeure et l’ordre était rétabli. Après quelques jours, ces mêmes gens s'insurgèrent de nouveau. Alors l'empereur Anastase réunit un grand nombre de soldats et fit arrêter ces émeutiers. Ayant été amenés devant l'empereur, certains d'entre eux furent condamnés à avoir tous leurs membres brisés, d'autres furent décapités, d'autres encore exilés. L'ordre régna désormais, et les habitants de la ville apprirent à craindre l'empereur.[212] C'est alors que l'on exila Macédonius, qui avait été une cause de perdition pour beaucoup de gens ; il fut dépouillé de sa dignité épiscopale, considéré comme un meurtrier et expulsé de la communauté (des fidèles).

Les évêques d'Orient arrivèrent à Byzance et portèrent plainte auprès de l'empereur Anastase contre Flavien, patriarche d'Antioche. Ils l'accusaient d'être nestorien après avoir accepté l'Hénotique de l'empereur Zénon, et, en outre, de s'être uni aux chalcédoniens et d'avoir accepté la lettre détestable de Léon qui, dans cet écrit, attribue deux natures et deux opérations à celui qui est un et indivisible, à Jésus-Christ, vrai Dieu. Le pieux empereur Anastase l'exila également, et le fit conduire à Pétra en Palestine, parce qu'il maudissait les orthodoxes et avait embrassé la foi des misérables hérétiques.

Or Vitalien, commandant des troupes de la province de Thrace, homme d'un mauvais cœur, haïssait Sévère, le saint de Dieu, que l'empereur Anastase, alors que les évêques orthodoxes d'Orient avaient porté témoignage en sa faveur, avait nommé patriarche d'Antioche, à la place de Flavien l'hérétique, qu'il avait exilé. Vitalien, que nous venons de nommer, se révolta contre l'empereur Anastase, s'empara de la province de Thrace, de la Scythie et de la Mésie, et rassembla une nombreuse armée. L'empereur envoya contre lui un général, nommé Hypatius, qui, dans une bataille, fut vaincu par Vitalien et pris vivant. On paya une grande somme pour sa rançon et Vitalien le renvoya. Lorsqu'il revint auprès de l'empereur Anastase, celui-ci le destitua et nomma à sa place un autre général nommé Cyrille, qui était de la province d'Illyrie. Lui aussi livra bataille à Vitalien, et il y eut un grand nombre de morts des deux côtés. Le général Cyrille se rendit dans une ville appelée Odyssus, et y demeura, et Vitalien dans la province de Bulgarie.[213] Il donna beaucoup d'argent aux hommes qui gardaient les portes d'Odyssus, puis il alla pendant la nuit, tua le général Cyrille et s'empara de cette ville. Il envahit aussi la province de Thrace, qu'il pilla, et les villes d'Europe, ainsi que Syques, le détroit de Constantinople et le Sosthenium, et il s'établit dans l'église de l'archange Saint-Michel, en réfléchissant par quel moyen il pourrait se rendre maître de la ville impériale de Byzance.

L'empereur Anastase manda le philosophe Proclus, afin qu'il prêtât son concours à Marin. Lorsqu'il lui fit part des entreprises audacieuses du rebelle Vitalien, Marin tranquillisa l'empereur en lui disant : Je vaincrai ce rebelle avec l'aide de Dieu ; donne-moi seulement des combattants et que Proclus le philosophe vienne avec moi ; et fais-moi apporter du soufre brut vif, pareil à de la poudre d'antimoine. L'empereur le lui fit donner. Marin broya ce soufre et le réduisit en poudre, puis il dit avec assurance : Si tu jettes cela sur un édifice ou sur un vaisseau, il sera embrasé, lorsque le soleil se lève, et le feu le fera fondre comme de la cire. Marin prépara un grand nombre de vaisseaux, rassembla toutes les troupes qu'il put trouver à Constantinople, et partit pour aller attaquer Vitalien, selon l'ordre de l'empereur. En voyant approcher Marin, le rebelle prit tous les vaisseaux qu'il put trouver, embarqua un grand nombre d'archers, scythes et goths, et se dirigea vers Byzance, croyant pouvoir vaincre ses adversaires. Mais Marin et ses compagnons, avec l'aide de Dieu, vainquirent cet ennemi, le dessein de l'audacieux rebelle ne se réalisa point, et Vitalien, le fauteur de guerres civiles, dut s'enfuir. En effet, Marin remit le soufre brut aux matelots, et leur ordonna de le jeter sur les vaisseaux de l'ennemi, pour qu'ils fussent consumés par les flammes. Lorsque les vaisseaux de Marin et ceux du rebelle se trouvaient en présence, les matelots, vers la troisième heure du jour, jetèrent le soufre sur les vaisseaux de Vitalien, qui immédiatement prirent feu et coulèrent au fond. En voyant cela, Vitalien fut stupéfait, et les troupes qui lui restaient se mirent à fuir. Le général Marin poursuivit les rebelles, tuant tous ceux qu'il put atteindre, jusqu'à l'église de Saint-Mammès, et, comme la nuit approchait, il s'y arrêta, en en gardant la route. Vitalien, après sa défaite, marcha pendant toute la nuit, et, en proie aune grande terreur, se réfugia avec ses gens dans un lieu appelé Anchiale. Il avait parcouru, cette nuit, un espace de soixante milles, dans la crainte d'être poursuivi par Marin et de tomber entre ses mains. Le lendemain, il était complètement abandonné, ses gens l'avaient quitté et il demeura seul.

L'empereur Anastase distribua, dans le faubourg du Sosthenium, de nombreuses aumônes aux pauvres et aux malheureux. Il sortit de la capitale et vint demeurer dans l'église Saint-Michel, rendant grâces à Dieu pour tous les bienfaits dont il l'avait comblé et pour la victoire qu'il venait de lui accorder sur ses ennemis, et manifestant une foi strictement orthodoxe. Il ordonna ensuite de remettre une grande somme d'argent au philosophe Proclus. Mais celui-ci refusa de recevoir de l'argent, salua respectueusement l'empereur, et s'excusa en disant : Celui qui aime les richesses n'est pas digne d'être philosophe, et le mépris des richesses est l'honneur de ceux qui cultivent la philosophie. L'empereur le congédia et le tint en grand honneur.[214]

Tous les croyants orthodoxes qui avaient accepté l'Hénotique du pieux empereur Zénon, étaient en grande estime auprès de l'empereur. A cette époque se signalait Jean, prêtre et moine, de la ville de Nikious ; carie patriarche (d'Alexandrie) avait refusé de recevoir (l'Hénotique) ; et ce prêtre Jean, qui était savant, qui aimait Dieu et était très versé dans les Ecritures, demeurait dans le couvent de Fâr.[215]

Les gens de la ville de Sâ et ceux d'Aqêlâ étaient en désaccord. Alors les évêques des deux villes se mirent en route, se rendirent auprès de l'empereur Anastase et lui demandèrent de leur donner des règles convenables, de tenir un concile, de chasser les Chalcédoniens et d'effacer de l'Eglise leur mémoire, et d'éloigner tous les évêques qui s'étaient unis à Léon l'hérétique, lequel proclamait deux natures. Mais l'empereur, par bonté, n'employait contre les hérétiques aucune contrainte ; chacun pouvait suivre son inclination. Cependant il traitait avec beaucoup d'honneur ceux qui étaient d'accord avec lui dans la foi orthodoxe, distribuait de nombreuses aumônes et il atteignit à la vertu parfaite.

Ensuite l'empereur tomba malade, étant parvenu à une haute vieillesse ; il mourut entouré d'une grande vénération, à l'âge de quatre-vingt-dix ans, ainsi que dit l'Ecriture : « Toute la beauté de l'homme est comme l'herbe ; dès que le soleil se lève, l'herbe se sèche, sa fleur tombe et la beauté de son aspect se perd ; mais la parole de Dieu demeure éternellement. »

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[112] Le texte de cette lettre ne s'accorde pas entièrement avec celui que nous possédons en grec. (S. Athan, opera, Patrol gr., t. XXVI, col. 813.)

[113] Comparez Joann. Mal., col. 505 et 508. — Chron. Pasch., col. 757.

[114] Comparez Joann. Mal., col. 508 et 509. — Chron. Pasch., col. 760.

[115] Joann. Mal., col. 509.

[116] Joann. Mal., col. 512 A.

[117] Cf. Sozomène, Hist. eccl., lib. VI, cap. ii. Cette inondation est probablement celle qui eut lieu sous le règne de Julien (Voyez Juliani imperat. quœ supersunt, éd. Hertlein, Leipzig, 1875, t. I, p. 555. Comparez Eutychii Annales, t. I, p. 481. — Chronique de Georges Ibn al-Amid. ms. arabe de la Bibliothèque nationale, supplément n° 751, fol. 218.

[118] Comparez Théodoret, Hist. eccles., lib. V, cap. vi. — Georg. Hamart, l. c., col. 692 B. — Il s'agit de l'empereur Gratien et de-son collègue.

[119] Il s'agit, non d'un seul Arien, mais d'une communauté d'Ariens, de ceux qui étaient appelés Exocionites.

[120] Comparez Sozomène, Hist. eccles., lib. VII, cap. vi. — Théodoret, Hist. eccl., lib. V, cap. xvi.

[121] Il y a peut-être une lacune dans cette phrase.

[122] Quoique le renseignement soit erroné, je ne pense pas que cela représente un autre nom que Milan.

[123] Comparez Socrate, Hist. ecclesiast., lib. V, ch. xiv. — Sozomène, Hist. eccl., lib. VII, ch. xiv.—Théophane, Chronogr., ad ann. 5877.

[124] D'après Jean Malalas, l'église de Théodose à Alexandrie aurait été construite par Théodose le jeune. (Voy. Joann. Mal. chron., col. 533.)

[125] Comparez Eutychii Annales, t. I, p. 529 et 549.

[126] Peut-être, dans le texte original, était-il question du « quartier de la ville » que formaient les constructions du temple de Sérapis.

[127] D'après les autres chroniques, Théodose fit relier le nouveau mur au mur construit par Tibère.

[128] Joann. Mal., col. 517.

[129] ἀρχόντων τινές (Théodoret.)

[130] Mélèce, au lieu d'Ambroise, erreur qui probablement a été amenée par le mot du texte original (ὁ ἐπίσκοπος) Μεδιολάνων.

[131] Il n'est pas douteux que les mots suivants « le cercueil de bronze qui renfermait le corps… » ne soient un malentendu de la traduction, au lieu de statue de bronze.

[132] Transcription fautive de l’arabe.

[133] Je ne saurais expliquer l'origine de ce renseignement erroné.

[134] Telle est la vraie version de cet événement qui a été défigurée dans l'Histoire ecclésiastique de Socrate, dont le récit a été reproduit par différents auteurs. (Cf. Socrate, Hist. eccles., lib. V, cap. xviii. — Théophane, Chronogr., ad ann. 5885. —Hist. miscella (Patrol lat., t. XCV), col. 939 et suiv. — Cedrenus, Hist. comp., col. 617 D. — Bar Hebræus, Chron. eccl., éd. Abbeloos et Lamy, t. I, p. 115.)

[135] Comparez Théodoret, Hist. eccles., lib. V, ch. xxvi.

[136] Cf. Joann. Mal. chron., col. 520.

[137] συγκλητικοί.

[138] Cette même erreur se trouve dans Théophane (Chronogr. ad ann. 5895).

[139] Les mss. portent  et l'on pourrait croire qu'il manque un chiffre. Mais il est possible aussi qu'il s'agisse des quatre usurpateurs de la Gaule, Constantin, Julien, Jovin et Maxime.

[140] Cf. Joann. Mal., col. 521 et suiv.

[141] Dans la Chronique pascale on lit un texte probablement plus authentique.

[142] Je ne connais pas les formes authentiques des deux noms évidemment corrompus.

[143] Joann. Mal. Chron., col. 525 et suiv. — Chron. Pasch., col. 792 et suiv.

[144] D'après une certaine tradition, S. Jean Chrysostome, dans un sermon, aurait comparé l'impératrice Eudoxie à Jézabel, parce qu'elle s'était approprié la vigne d'une veuve.

[145] Comparez Joann. Mal., col. 541.

[146] Voyez, en ce qui concerne ce paragraphe, mon mémoire sur la Chronique de Jean, évêque de Nikiou, Journal asiatique, 7e série, t. XII, p. 275. Comme c'est précisément vers cette époque que paraît avoir disparu d'Alexandrie la grande collection de livres du Musée, le renseignement de notre texte serait un témoignage très important, s'il n'était pas sujet à caution. On peut se demander s'il n'y a pas quelque relation entre ce passage et le passage suivant de la chronographie de Jean Malalas (l. c., col. 536 A)

[147] Cf. Joann. Mal. chr., col. 532 A.

[148] Comparez Joann. Mal., col. 537 et suiv. — Chron. Pasch., col. 809. — Théophane, Chronogr. ad ann. 5937. — Georg. Cedren. comp., col. 652, — Suidas, s. v. Θεοδόσιος et Κῦρος.

[149] Comparez Joann. Mal., col. 545 A

[150] Cf. Socrate, Hist. eccles., lib. VII, ch. xli.

[151] C'est l'homélie qui, dans les collections de conciles, a été placée en tête des actes du concile d'Éphèse.

[152] C'est la lettre aux Arméniens, περὶ πίστεως, voyez Labbe, Collect. concil., t. III, col. 1737 et suiv.

[153] La version exacte est qu'à la suite de cette translation, les fidèles partisans de S. Jean Chrysostome, qui s'étaient séparés de l'Eglise, rentrèrent dans son sein. (Voy. Socrate, Hist. eccles., lib. VII, cap. xlv.)

[154] Voyez la traduction latine de cette homélie dans Baronius, Annal, t. VII, ad ann. 438, § 3.

[155] Comparez Socrate, Hist. eccl., lib.VII, ch. xliii. — Théodoret, Hist. eccles., lib. V, ch. xxxvii.

[156] Nom copte du désert de Nitrie.

[157] C'est-à-dire, le gouverneur militaire (dux Aegypti). D'après le récit de Socrate, cet avertissement aurait été donné aux juifs par le patriarche Cyrille.

[158] L'église de Césarion.

[159] Cf. Socrate, Hist. eccles., lib. VII, ch. xiii-xv. —Joann. Mal., col. 536 A.

[160] Chalcis.

[161] Cf. Socrate, Hist. eccl., lib. VII, ch. xvi. — Théophane, Chronogr. ad annum 5908. — Georg. Cedren., Hist. comp., col. 641. —Georges Ibn al-Amid, dans sa chronique (ms. arabe de la Bibliothèque nationale, suppl. n° 761, fol. 230 v°) rapporte un fait analogue dont il place la scène à Alexandrie.

[162] Comparez Socrate, Hist. eccl., lit. VII, cap. xxxviii. Historia miscella, col. 958 et suiv. — Georges Ibn al-Amid, ms. de la Bibliothèque nationale, suppl. n° 751, col. 229.

[163] Paraît être la transcription de δομέστικος. Mais le renseignement n'est pas exact. Paulin avait la dignité de maître des offices. C'est son père qui avait été κόμης δομεστίκων.

[164] Jean Malalas et la Chronique pascale portent καὶ πᾶρα ἡ σύγλητος αὐτοῦ.

[165] Je ne suis pas certain du sens de cette phrase, qui ne serait pas plus clair, si l'on traduisait : « car il avait maltraité Mar. »

[166] Comparez Joann. Mal. chron., col. 532. — Chron. Pasch, col. 861 et suiv. — Théophane, chron. ad ann. 5940.

[167] Cette tradition a été recueillie par le Synaxaire jacobite (au 26e jour du mois de touba; ms. arabe de la Bibliothèque nationale, suppl. n° 90, fol. 122 v°; — ms. éthiopien de la Bibliothèque nationale, n° 126, fol. 160 et suiv.) Le même fait est rapporté de l'impératrice Théodora, à qui S. Sabas aurait fait une réponse analogue. (Voy. Cyrill. Scythopol., Vita Sabae, dans Cotelier, Eccles. Grœcœ monum., l. III, p. 342.)

[168] Joann. Mal., col. 532 et suiv. — Chron. Pasch., col. 804 et suiv, — Socrate, Hist. eccles., lib. VII, cap. xlvii. — Théophane, ad ann. 5927 et 5942. — Evagrius, Hist eccles., lib. I, cap. xx-xxii. — Cedrenus, col. 653.

[169] Il est probable que les douze évêques n mentionnés dans cette phrase, et la phrase tout entière, sont la reproduction inexacte d'un passage du texte original, dans lequel il était question des douze Chapitres de Cyrille d'Alexandrie qui étaient le sujet de nombreuses controverses parmi les évêques d'Orient. Cependant il est possible que ces a douze évêques » soient les mêmes que ceux dont il est fait mention dans la quatrième action du concile de Chalcédoine.

[170] Comparez Georg. Hamart., Chron., col. 748. — Suidas, s. v. Πουλχερία. — Georges Cedrenus, col. 653 A. — (Voyez, sur ce passage, le mémoire inséré dans le Journal asiatique, l. c., p. 289.)

[171] Comparez Théophane, Chronogr., ad. ann. 5940. — Georg. Cedrenus, col. 653 C. — Joann. Zonar.,éd. de Paris, t. II, p. 44.

[172] Je ne connais pas la forme authentique du nom.

[173] Cf. Grégoire Bar Hebræus, Chron. Syr., éd. Bruns et Kirsch, p. 77.

[174] Ce récit a probablement été imaginé par quelque auteur monophysite.

[175] Il s'agit de Théodose, moine d'Alexandrie, qui avait chassé de Jérusalem l'évêque Theodorus.

[176] Joann. Mal., col. 552 C, 553 B. — Chron. Pasch., col. 825 et 828. — Théod. le Lecteur, l. c., col. 173. — Cod. Just., C. L. III, tit. xii, 9. De diebus festis.

[177] Transcription fautive de l'arabe, et traduction inexacte de κυεστώριος du texte original que le traducteur a pris pour un nom propre, pour le nom du père d'Isocase.

[178] Le traducteur arabe a ignoré le sens du mot κτήτωρ qu'on lit dans le récit parallèle des autres historiens, et il paraît l'avoir rendu, au hasard. Il est possible, cependant, que ce dernier mot soit employé pour désigner le questeur ou πάρεδρος (qui, à une certaine époque, remplissait les fonctions de greffier).

[179] Il s'agit probablement d'Amphiloque, évêque de Sidon. Les deux formes paraissent être, l'une et l'autre, des altérations du seul nom d'Amphiloque.

[180] Il s'agit probablement d'Amphiloque, évêque de Sidon.

[181] C’était, d'après Liberatus et Zacharie le Rhéteur (l. c. p. 144), Stilas, commandant de l'armée.

[182] Joann. Mal., col. 561 et suiv.

[183] Nous savons par un extrait de l'Histoire de Candidus conservé par la Bibliothèque de Photius (voyez Patrol. grœca, t. LXXXV, col. 1749) que Vérine, lors de sa conspiration contre le gouvernement de Zénon, avait voulu mettre sur le trône Patrice, son amant, il paraît, d'après notre texte, qu'elle avait demandé ensuite à Basilisque, pour Patrice, le titre d'Auguste, Mais le traducteur a pris le titre d'Auguste pour un nom propre et il a confondu le nom de Patrice avec la dignité de patrice.

[184] Le nom du second officier, qui n'est mentionné par aucun autre document, est évidemment corrompu.

[185] Joann. Mal., col. 564 et suiv. —Chron. Pasch., col. 833 et suiv.

[186] La phrase que j'ai suppléée, pour rendre la narration intelligible, ne suffit pas pour en rétablir l'entière exactitude ; car la lacune est plus considérable.

[187] Etienne fut massacré dans l'église de S. Barlaam.

[188] Comparez Joann. Mal. chron., col. 565. — Théophane, l. c., ad annum 5969 suiv. — Cedrenus, col. 672.

[189] Evagrius, Hist. eccles., lib. III, cap. xxiv. — Chron. Pasch., col. 837 et suiv. — Joann. Mal., col. 565 et suiv.

[190] Théodoric était maître de la garde et ami de l'empereur.

[191] Transcription altérée du nom de Théodoric.

[192] Cf. Liberatus, Breviarum, ch. xvi. — Journ. asiat., 7e série, t. XII (1878), p. 303 et suiv.

[193] Μογγός des auteurs grecs.

[194] Transcription altérée du surnom de Timothée Salofaciole que l’on trouve sous les formes les plus variées dans les différents auteurs : Zacharie le Rhéteur; Evagrius (lib. II, ch. xl); Théophane (ad ann. 5952); Liberatus (Brev., cap. xvi), Salophaciolus sive Asbus (Albus) ; (ms. ar. de la Biblioth. nat., suppl. n° 751, fol. 233) et Eutychius, (Ann., t. II, p. 103).

[195] Ces mots ne remplissent qu'en partie la lacune qui se trouve ici dans le texte.

[196] Erreur de transcription qui se rencontre encore plusieurs fois dans notre texte. Il s'agit du couvent des Tabionnésiotes à Alexandrie.

[197] Il s'agit du patriarche d'Antioche, Pierre Foulon qui, exilé à Pityonte, avait quitté cette ville et s'était réfugié dans l'église de S. Théodore (c'est ce nom qui a donné naissance à la forme de notre texte) d'Euchaïtès. On voit que le traducteur a complètement dénaturé le sens du texte original.

[198] Toute la première partie de ce récit, dans notre texte, n'est qu'un tissu d'erreurs : le pacte conclu entre Zénon et Armace est confondu avec l’accommodement de Zénon et d'Illus; le refus d'Illus de consentir au séjour de Vérine dans le palais impérial à Constantinople, est confondu avec la détention de Vérine en Isaurie, etc.

[199] Le traducteur a confondu le nom de l'impératrice Αριάδνη avec le nom du chambellan Urbice.

[200] Le nom de ce scolaire, mot que le traducteur a pris pour un nom propre, était Sporacius.

[201] Le premier de ces deux noms est la transcription fautive de Μάρσος ; le second n'est pas mentionné ailleurs.

[202] C'est-à-dire, aux oracles.

[203] Au lieu de Syrie.

[204] Le traducteur a pris ce mot pour un nom propre.

[205] Joann. Mal. chron., col. 577 et suiv. — Chron. Pasch., col. 845 et suiv.

[206] Voyez Journal asiat., 7e série, t. XII (1878), p. 3o8 et suiv. — Le couvent de S. Jérémie, à Memphis (Menouf), est mentionné par un auteur occidental du commencement du vie siècle. (Voyez Théodosius, Du situ terrœ sanctœ, éd. Gildemeisler, p. 22 et suiv.)

[207] Tout ce passage a été mal compris par le traducteur.

[208] Procope, qui était citoyen d'Antioche, emmena avec lui, comme préfet des vigiles, Menas, natif de Byzance.

[209] Il manque le passage essentiel, et nous ne savons pas ce que le texte original a pu contenir en cet endroit. Il n'est pas probable qu'il y fut question du retour des évêques d'Illyrie à la communion avec l'Église romaine, qui eut lieu vers cette époque.

[210] Sévère n'était que simple moine, remplissant les fonctions d'apocrisiaire.

[211] Voyez, sur ce passage, Journal asiat., l. c., p. 313.

[212] Cf. Joann. Mal. col. 601 et suiv. — Chron. Pasch. col. 853 et suiv. — Evagrius, Hist. eccles., lib.III, cap. xxxii, xxxiii et xuv. — Théophane, Chronogr., ad ann. 5002-5004. — Grégoire Bar Hebræus, Chron. eccles. éd. Abbeloos et suiv.

[213] L’armée de Vitalien était composée en grande partie de Huns et de Bulgares.

[214] Comparez Joann. Mal. chron, col. 596 et suiv. — Zonaras, Annales, lib. XIV, ch. iii. — Cramer, Anecdota paris., t. II, p. 316.— Georg. Hamart., Chron., col. 764.

[215] Il est probable que le texte original contenait d'autres renseignements sur la personne de ce moine, connu sous le nom de Jean Nicéote, qui, plus tard, fut nommé patriarche d'Alexandrie et qui se signalait par son zèle contre les adhérents du concile de Chalcédoine. D'après Sévère d'Aschmoûnaïn (Hist. des patriarches jacobites d'Alexandrie, ms. arabe de la Bibliothèque nationale, n° 139, p. 73) et le Synaxaire éthiopien (ms. éthiop. de la Bibliothèque nationale, n° 128, fol. 103), il a composé plusieurs ouvrages et homélies.