. Définition de la Livre. -
Emploi
du mot Libra.
Toi
qui admires ces vastes corps du monde suspendus dans la sphère sublime du ciel
qui les enserre, masses immenses dont rien n’ébranle l’équilibre, voici
qui te paraîtra plus admirable encore. Ces masses ont pour principes des molécules
très-déliées qui échappent à nos regards, et qui se composent de
l’assemblage d’une série de petits atomes. Mais ces infiniment petits sont
des corps solides, ces divisions de la matière sont indivisibles. C’est ce
qui conserve leur force et leur vigueur, et leur perpétuelle mobilité dont les
âges ne pourront vaincre la durée. Il est permis de comparer aux choses célestes
les choses d’ici-bas. Ainsi l’as
est de même un solide, puisqu’il se compose de douze parties égales, et que
séparément chacune des plus petites de ces parties égales conserve la même
force. Car si on en retranche quelqu’une du nombre, le tout chancelle, et les
parties se détachent et s’écroulent avec le corps. C’est comme si on
arrachait d’une voûte la pierre du milieu sur laquelle tout repose : les
autres la suivraient dans sa chute et entraîneraient dans une ruine commune le
faîte de l’édifice. Il n’en est pas autrement de la livre. S’il y manque
une once, l’as n’est plus un tout
; il n’aura plus alors que le vain nom de deunx. De même, le dextans
ne peut garder son nom si on écarte le sextans.
Le dodrans, par la perte du quadrans,
perd sa valeur première. Le triens
enlevé, le bes ne compte plus. Le quincunx
est nul si on retire les premières parties du tout. Et le semis,
sera-t-il encore le semis ; le septunx,
qui n’a que sept parties de la livre, formera-t-il seul une livre, si les
autres éléments de l’as
disparaissent ? Ainsi la livre n’existe que si aucune de ses parties ne lui
manque. Le mot libra s’emploie pour
les poids, les nombres, la morale, les ouvrages et les eaux : il n’est pas de
mesure que ce mot ne désigne. Libra, c’est le balancement régulier de la terre suspendue au
milieu des airs ; libra détermine la
marche du soleil et de la lune ; libra, c’est la balance qui rend égales les heures du jour et du
sommeil ; libra, c’est le mouvement
réglé qui contient, sans le secours du rivage, les vagues de la Calédonie.
Demeure aussi pour moi, libra, la règle certaine de mes moeurs.
II. Explication d’un
accouchement à terme.
Tous
nos actes, dans les diverses carrières que nous parcourons en cette vie, sont
dirigés par la puissance des astres ; l’homme n’a reçu de la terre que ses
membres. La destinée et le souffle lui viennent d’en haut, et subissent
l’influence du chœur des sept planètes, auxquelles préside le soleil doré,
souverain maître de l’empire resplendissant des airs. Et le soleil ne
gouverne pas seulement nos jours dans le temps que nous traversons le court
espace d’une vie agitée ; on croit que son regard développe encore la
conception secrète et la vie mystérieuse qui se forme dans le ventre maternel
; et qu’il règle les lois de cette existence intérieure. En effet, au moment
où le germe est déposé dans le champ de la génération, il est certain que
le soleil se trouve dans quelqu’un des signes. Il prend bientôt position dans
le signe voisin, et ne verse encore aucune lumière sur le lieu de la
conception, trop rapproché de lui, Mais quand, après un espace d’un mois, il
tourne ses rênes, et que son char de pourpre s’élève vers la troisième
constellation, une faible lueur glisse obliquement ses rayons sur l’inerte
embryon dont elle éveille les premiers mouvements. Dans le quatrième signe, sa
généreuse influence a plus de force : le soleil pénètre jusqu’au tendre fœtus
dont il active la croissance ; car, au quadrat aspect, la pure et douce lumière
dont il brille, épanche de vivifiantes clartés. Quand il touche au cinquième
signe, l’enfant plus vigoureux tressaille dans le sein de sa mère étonnée.
Le sixième signe n’a aucune influence, parce qu’alors le regard de Phébus
ne peut suivre une ligne équilatérale. Mais dès que, parvenu au centre de la
cohorte des signes, il atteint la septième section d’où son camp lumineux
dirige d’aplomb ses dards enflammés, il échauffe de ses pleins rayons le développement
du germe : il ne lui lance plus quelques éclairs d’une lumière avare, il
l’embrase de tous les feux de sa couronne. De là vient que Lucine devance
l’époque régulière de ses travaux, et que la mère, surprise avant le terme
désiré, ressent les sourdes et douloureuses approches de sa délivrance. Mais
si, dans le temps qu’il verse ses feux de la septième constellation, le
soleil n’a point rompu les obstacles qui retardent l’enfantement, il ne peut
ensuite ce qu’il pouvait d’abord. Est-ce parce que, pareil à celui du sixième
signe, l’inutile aspect du huitième ne peut former de lignes équilatérales
? Mais, quand il envahit le neuvième signe, il accomplit bientôt les désirs
impatients des mères, car le trine aspect alors lui prête un surcroît de
puissance. Si enfin Ilithyia diffère encore une délivrance difficile, le
quadrat brisera les derniers liens de ce douteux enfantement.
III.
Les signes célestes.
Vers
la région boréale, sont les deux Ourses et le Dragon. Après les Ourses, leur
gardien, le Bouvier ; puis la Couronne, l’Agenouillé, la Lyre, le Cygne, Céphée,
Cassiopée, le Cocher, Persée, le Triangle et la constellation d’Andromède,
Pégase, le Dauphin, la Flèche, l’Aigle, le Serpentaire. Vient ensuite cette
zone de signes que composent douze constellations : le Bélier, le Taureau, les
Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire,
le Capricorne, le Verseau, et les Poissons. Après eux et dans la région
australe, Orion, Procyon, le Lièvre, l’ardent Sinus, Argo, l’Hydre, le
Centaure, l’Encensoir et le grand Poisson, suivi de la Baleine et du fleuve Éridan.
Il y a encore les sept planètes appelées errantes : la Lune et Mercure, Vénus,
le Soleil, et Mars qui brille aussi ; puis Jupiter, l’astre éclatant
par-dessus tous les astres ; Saturne enfin, plus élevé, mais plus lent que
tous les autres.
IV. Calcul des jours compris
dans la révolution d’une année.
Le
soleil emploie quatre-vingt-quatorze jours et demi à passer d’un tropique
dans un autre, quand il quitte le Bélier de Phryxus pour le Cancer aux huit
pattes : c’est dans cet intervalle que l’été voit ses beaux jours s’écouler
et finir. Il parcourt un autre trajet de quatre-vingt-douze jours et demi, pour
passer du Cancer dans les Serres : c’est le temps où les jours et les nuits
sont d’égale durée, où le soleil doré confond l’été qui s’achève
avec l’automne qui commence. Puis il traverse successivement les mois de
l’automne, et se dirige vers le tropique glacé du Capricorne en
quatre-vingt-huit jours et un quart ; et ce quart, tous les cinq ans, forme un
jour qui prend à la fin du mois de Numa le nom de jour intercalaire. S’élançant
ensuite vers les cornes du Taureau d’Agénor, le soleil doré gravit le
tropique du Bélier dans l’espace fixe de quatre-vingt-dix jours. Ainsi chaque
révolution annuelle décrit toujours un cercle de trois cent soixante-cinq
jours.
V.
Sur les noms des sept jours.
Les
noms appliqués dans l’année aux sept jours de chacune des révolutions
hebdomadaires, sont dus à autant de planètes errantes entraînées dans la
perpétuelle rotation du monde, et condamnées à parcourir sans cesse
l’oblique région des signes. Le Soleil radieux occupe le premier jour qui est
aussi le dernier. La Lune succède immédiatement au disque de son frère. Mars
suit, le troisième, la lumière de Titan. Mercure revendique le quatrième
jour. L’astre doré de Jupiter éclaire la cinquième zone de la semaine. La
belle Vénus survient la sixième après l’astre bienfaisant de son père. La
lumière de Saturne, qui domine toutes les lumières, est la septième, et le
cercle révolu ramène au huitième jour le Soleil.
VI.
Vers d’un auteur inconnu, qui désigne ce qu’on doit retrancher du corps en
certains jours.
Coupe
tes ongles le jour de Mercure, ta barbe le jour de Jupiter, et tes cheveux le
jour de Cypris.
Ce
vers doit se réfuter ainsi :
Mercure
aime pour le larcin les ongles toujours crochus ; il ne permet pas qu’on ôte
leur pointe aux doigts effilés. Jupiter est fier de sa barbe et Vénus de sa
chevelure : ils ne peuvent donc vouloir qu’on enlève ce qui fait leur parure.
Mars a aimé des mentons sans barbe, et la Lune des fronts chauves : ils ne défendent
point de raser et la tête et les joues. Le Soleil et Saturne ne
s’embarrassent guère des ongles. Ainsi supprimons ce monostique qui ne plaît
point aux dieux.
VII. Sur les mois et les quatre
saisons de l’année.
Les
mois qui ramènent éternellement les quatre saisons de l’année sont désignés
dans les quatre vers que tu vas lire. Mars, Avril et Mai sont les mois du
printemps : Juillet, Août, et Juin avec eux, ceux de l’été : Septembre,
Octobre et tout Novembre, ceux de l’automne : les mois d’hiver sont Janvier,
Février et Décembre.
VIII. Monostiques sur les mois.
Le
premier, ô Janus, tu commences les Calendes romaines. Numa institua dans le
mois suivant les fêtes expiatoires (Februa).
Mars ramenait le commencement de l’ancienne année. La belle Vénus revendique
Avril, père des fruits. Mai a pris son nom de celui des ancêtres (majores),
et Juin qui vient ensuite doit le sien au jeune âge. Juillet ajoute à
Quintilis le prénom de Jules César : Auguste suit le mois que César a nommé.
Ô Pomone, Septembre enrichit ton automne : Octobre dispense aux champs les trésors
que le blé doit rendre avec usure. Tu précipites les astres dans la mer,
infertile Novembre, et toi, joyeux Décembre, tu ramènes les plaisirs de
l’hiver.
IX. Autres monostiques sur les
mois.
Janus
ouvre à Rome
la redoutable porte de la guerre ; Février a des vœux expiatoires pour le dieu
Dis. Commence, ô Mars, le cours heureux de l’année que tu ramènes. Le Bélier
cueille à Vénus sa compagne des guirlandes dorées. Les doux essaims, ô Mai,
reviennent avec tes nones. Voici Juin qui place les Gémeaux dans les hauteurs
du ciel. Juillet rebrousse dans les airs embrasés les feux du soleil. Tout brûle
quand le Lion répand ses flammes. La Vierge cueille les fruits savoureux qu’a
mûris le soleil. Octobre emplit les cuves des vins de Falerne. Toute la surface
du sol se dessèche endurcie sous les rigueurs du Scorpion. Décembre aviné,
l’hiver t’a choisi pour ses fêtes.
X.
Distiques
sur les mois.
Ô
Janus, tu parais pour donner ton nom au premier mois ; Janus au double front, tu
vois deux années à la fois. Après le culte des dieux du ciel, Numa donne au
mois suivant les Februa, hommage funèbre
aux mânes des parents. Mars, qui présida jadis à l’origine de Rome et de
son année, donnait aux consuls du Latium la date de leur entrée en fonctions.
Le mois voisin, Avril, doit son nom à la mère des Romains, à Vénus ; car
Aphrodite aime la compagnie de Mars. Est-ce la déesse Maïa ou l’âge des
vieillards, ô Mai, qui t’a donné ton nom ? Je ne sais ; mais l’une et
l’autre origine en est bonne. Juin vient ensuite, et mérite un double
hommage, que ce soit Junon ou la Jeunesse qui l’ait ainsi nommé.
Resplendissant des feux de l’astre de Dioné, Juillet a sa place marquée au
milieu de l’été. Août, qui porte le nom d’un parent de César, est aussi
rapproché de Juillet par son rang dans l’année que par son origine. Après
eux se succèdent les mois qui paraissent dans l’ordre que leur nom désigne.
Septembre arrose les pressoirs des présents de Bacchus. Octobre, qui sourit aux
jours de la semaille, flatte l’avare laboureur de l’espoir du profit.
Novembre précipite dans l’onde amère les astres accoutumés qui reparaîtront
bientôt dans leur ciel. Décembre enfin,
qui ferme la liste, met un terme aux fêtes joyeuses pour que l’année
nouvelle commence avec l’hiver.
XI.
Quatrains sur les mois.
JANVIER.
(Ce
mois
est représenté
sous la forme d'un consul avec la loge ; il tient de la main gauche une fleur,
ou une feuille de trèfle, et, de la droite,
il jette de l’encens
sur le foyer d’un autel)
Ce
mois est consacré à Janus. Vois comme l’encens brûle sur les autels, comme
les Lares reçoivent un pieux encens. C’est le commencement de l’année et
des siècles ; c’est le mois qui voit naître les honneurs de ces magistrats
que la pourpre inscrit dans les Fastes.
FÉVRIER.
(Une femme, revêtue d’une tunique relevée par une ceinture, tient une cane entre ses mains ; une urne, dans l’air, verse de l’eau en
abondance : cette urne et cette cane désignent un mois pluvieux)
Mais
ce mois qui porte un vêtement bleu serré par une ceinture, qui presse avec
joie entre ses mains l’habitant ailé des marécages, et qu’une Iris bigarrée
enveloppe de jets de pluie, est le mois où Rome célèbre les rites
expiatoires.
MARS.
(Mars est représenté
recouvert d’une peau de louve arrêtée par une ceinture. Il retient du bras
gauche un jeune bouc pétulant, de la main droite il montre une hirondelle :
deux vases de lait sont à ses pieds)
Ce
mois ceint d’une peau de louve est facile à reconnaître : Mars lui a donné
son nom, Mars lui a donné sa dépouille. Le chevreau qui bondit, l’hirondelle
qui gazouille, le vase de lait, l’herbe verdoyante, tout indique le printemps.
AVRIL.
(Avril paraît sous la figure
d’un homme qui danse devant la statue de Vénus dressée sous un berceau de
myrte. Un cierge brûle devant la déesse)
Avril
honore Vénus couverte de myrte. Il voit luire ce flambeau des campagnes qui échauffe
la bienfaisante Cérès. A droite, un cierge jette des flammes odorantes. Les
parfums que Vénus exhale ne manquent pas ici.
MAI.
(Habillé d’une robe de
toile, Mai tient de la main gauche une corbeille de fleurs. De l’autre main il
porte une fleur à son nez)
Tous
les trésors du printemps et les rubis nuancés de la rose, voyez, Mai vêtu de
lin les a dans ses corbeilles. Ce mois s’appelle ainsi du nom de Maïa, fille
d’Atlas : il est, avec raison, bien aimé d’Uranie.
JUIN.
(Juin,
tout nu, tenant de la main gauche un flambeau allumé, montre de la droite un
cadran solaire. Devant lui, un lis dont les fleurs sont en partie tombées à
terre)
Les
membres nus, Juin regarde le cadran solaire, et nous montre que Phébus va détourner
ses pas. Ce flambeau présage la maturité des épis de Cérès, et ces lis
effeuillés nous apprennent que les fleurs passent vite.
JUILLET.
(Juillet,
couronné d’épis, porte de la main gauche une corbeille pleine de raisins ou
de mûres)
Voici
Juillet qui montre ses membres hâlés et ses cheveux roux enlacés de tiges et
d’épis. Le mûrier sanglant étale ses lourdes grappes, car il verdit joyeux
sous le signe du Cancer.
AOÛT.
(Ce mois est représenté par un homme nu, cheveux épars, et qui tient
sous son menton une tasse pleine d’eau, où il semble prêt à plonger ses lèvres)
Vers
l’eau de la fontaine, vers ce vase au cristal transparent, vois comme, pour
boire, il plonge sa bouche que brûle la soif, ce mois qui porte le nom éternel
des empereurs, et qui dit-on, vit naître Hécate, fille de Latone.
SEPTEMBRE.
(Septembre tient de la main
droite un lézard suspendu à un fil. A ses pieds sont deux cuves préparées
pour la vendange)
Septembre
cueille les grappes gonflées et les raisins divers : en ce mois tombent les
fruits mûrs. Il est tout joyeux d’avoir attaché à un fil ce lézard captif,
qui, suspendu à sa main, se démène et l’amuse.
OCTOBRE.
(Octobre tient un lièvre de la
main droite. Au-dessus de sa tête est un oiseau perché sur une espèce de
faisceau. A ses pieds est un vase plein de fruits)
Octobre
donne le lièvre qu’il a pris, et le fruit avec la branche : il te donne
l’oiseau gras des campagnes. Déjà on voit écumer les cuves de Bromius et le
moût qui bouillonne. Voici un vase où fermente le vin nouveau.
NOVEMBRE.
(Novembre est couvert d’un vêtement
de toile : c’est un homme chauve qui tient un plat rond, sur lequel est un
serpent roulé qui dresse sa tête. Dans sa main droite est un sistre. On voit
aussi une oie qui regarde ce prêtre d’Isis)
Celui
qui vient ensuite vêtu d’un habit de lin, est un adorateur de la déesse et
des mystères de l’antique Memphis. Il peut à peine contenir de son sistre
une oie avide, habitante de tes bords, ô Memphis, et consacrée en tes mystères.
DÉCEMBRE.
(Décembre, vêtu d’une
tunique fort courte et relevée par une ceinture, tient une torche allumée.
Devant lui, des dés sur une table)
Déjà
l’hiver nourrit les semences annuelles confiées aux sillons. De ses pluies,
Jupiter inonde tout. C’est maintenant que Décembre ramène les fêtes de
Saturne et de l’âge d’or ; c’est maintenant, esclave, que tu peux jouer
avec ton maître.
XII. Combien de jours en chaque
mois.
Trente
jours complètent la durée de chacun des mois de Juin, Avril, Septembre et
Novembre. Il faut à ces trente jours en ajouter un, pour sept autres mois, aux
calendes de Janvier, de Mars, de Mai, de Juillet, d’Août, d’Octobre et de Décembre,
qui finit l’année. Un seul mois sera de vingt-huit jours, c’est celui que
la volonté de Numa fit succéder à Janvier. Ainsi, trois cent soixante-cinq
jours et un quart forment le compte de l’année entière.
XIII. Sur les trois divisions
du mois.
Junon
renouvelle douze fois les Calendes dans l’année, et Jupiter fait courir douze
fois aussi les Ides au milieu des mois. Le nombre qui suit le nombre huit désigne
le jour des Nones. Tels sont les trois seuls noms du mois romain : on désigne
les autres jours par des nombres.
XIV. Dates des Nones et des
Ides dans le mois.
C’est
tantôt le quatrième jour qui commence les Nones, tantôt le sixième qui les
ramène. Le sixième les ramène au retour de Mai, d’Octobre, de Mars, et de
Juillet, qui reparaît toujours avec le solstice. Les autres mois ont les Nones
le quatrième jour. Quant aux Ides, elles reviennent toutes huit jours après.
XV. Combien les Calendes ont de
jours dans le mois.
Après
les Ides particulières à chacun des mois selon son rang, reviennent les
Calendes, variables comme elles, avec un nombre de jours qui diffère
lorsqu’on énumère ces jours l’un après l’autre, en remontant jusqu’à
leur point de départ, qui offre le compte exact de leur durée. L’hiver qui
commence prolonge pendant dix-neuf jours les divertissements et les fêtes,
avant d’amener Janvier toujours lent à paraître. Les Calendes ont cette même
durée quand revient le mois de Numa, et le nourrisson de Bacchus, Septembre,
qui ramène le commencement de l’automne. Celles de Juillet, de Mai, d’Octobre
et de Décembre qui finit l’année, sont réduites d’un jour. Les Calendes
ont un jour de moins encore quand reparaissent les quatre mois dont l’énumération
va suivre : Août, Juin, Avril et Novembre, l’avant-dernier des mois. Seize
jours de Calendes suffisent, ô Mars, fils de Junon, pour te ramener et te
rendre une vie nouvelle. Ce nombre atteint, l’année est au complet et sa révolution
recommence.
XVI. En quels mois le soleil
passe en chaque signe.
Le
tropique du Capricorne marque le commencement de Janvier. Le signe du Verseau
s’arrête et finit son cours au milieu du mois de Numa. Les deux Poissons
traversent le mois de Mars. Tu vois derrière toi, Bélier de Phryxus, les
Calendes d’Avril. Mai admire les cernes du Taureau d’Agénor. Juin voit les
Gémeaux de Laconie marcher dans les cieux. Juillet subit les ardeurs du Cancer
que le solstice enflamme. Le Lion brûlant embrase de ses feux le mois d’Août.
Septembre nourrit Bacchus, ô Vierge, sous ton signe. Octobre, au temps des
semailles, ajuste la Balance. Novembre, qui sent l’hiver, précipite la marche
du Scorpion, et le Sagittaire achève sa course au milieu de Décembre.
Les
vers suivants de Q.
Cicéron ont pour but de nous faire connaître en quel temps chaque signe
se montre : ce qu’on peut voir aussi dans nos vers qui précèdent.
Les Poissons à la lueur
obscure gonflent les fleuves au printemps. Le Bélier rend la durée du jour égale
à celle de la nuit ; il disparaît devant les cornes du Taureau qui nous
annonce les fleurs. Les Gémeaux ouvrent l’aride carrière de l’été. Le
Cancer éclatant diminue déjà la longueur des jours, et le Lion farouche
exhale de sa gueule les chaleurs énervantes. La Vierge se lève ensuite,
chassant peu à peu les vapeurs qui se dissipent. La Balance ouvre les portes de
l’automne, et mesure un espace égal au jour et à la nuit. La flamme du
Scorpion dépouille les rameaux qui ont porté leurs fruits. Le Sagittaire darde
sur la terre le froid qui l’engourdit. Sous le signe du Capricorne, la bise
souffle les gelées glaciales suivies des grandes ondées que le Verseau fait
pleuvoir des nues, et qui donnent tant de force aux fleuves du monde pour déborder
et pour s’étendre. Cependant, à droite et à gauche, la roue étincelante du
soleil poursuit sa mobile carrière, et les phases variées de la lune se succèdent.
L’écaille du Dragon tortueux brille de son éternelle clarté : près de lui,
la Grande Ourse projette les feux de ses sept étoiles, et le Bouvier, qui la
garde, se plonge le dernier, avec le jour, dans les hautes vagues de l’Océan.
XVII. Calcul des jours compris
entre les solstices et les équinoxes.
Le
soleil, parti du tiède équinoxe de printemps, secoue ses rênes brûlantes et
achève en quatre-vingt-quatorze jours et demi le cours de l’été. Ensuite,
l’automne, qui mesure également les heures du jour et de la nuit, accomplit
sa révolution en quatre-vingt-huit jours et trois heures.
………………
Puis
le printemps fleuri, détournant son char, revient à nous, en ajoutant deux
jours de plus au nombre qui précède.
XVIII.
Les fêtes romaines.
Maintenant
je dirai les jeux Apollinaires célébrés aux bouches du Tibre, et les mystérieuses
Mégalésies de la mère des dieux. Je parlerai des journées de Vulcain qui
commencent l’automne, des Quinquatries de la déesse Pallas, des Ides qui
reviennent au milieu de mai et d’août, et que Mercure et Diane se sont réservées
; du saint culte des matrones en l’honneur des héros, quand reparaissent les
premiers jours de mars. Je rappellerai les fêtes célèbres des nones
Caprotines, où les matrones quittent la longue robe pour en couvrir les
esclaves ; et ces quatre divisions qui partagent l’année les solstices et les
équinoxes. Il n’est pas permis de taire le Régifugium, ce jour où l’on
chassa les tyrans de la ville, joyeux jour pour les Romains. Veux-tu que je
chante d’abord Ops et son rite, ou bien les Saturnales, cette fête des
esclaves où les maîtres servent à leur tour ? Et ces solennités qui ne
reviennent jamais à jour fixe, où chacun par les rues offre son hommage aux
dieux des carrefours ? Ou ce double culte rendu à Neptune, et dans les
Neptunales et dans cette fête qui a pris son nom de Consus et des Conseils, célébrée
sur des navires ou des quadriges en mémoire de l’alliance des chefs de Rome
avec les peuplades voisines ? J’ajouterai le culte et les rites des dieux étrangers,
la naissance d’Hercule, ou le vaisseau d’Isis ; puis les Florales, ces
divertissements d’un théâtre lubrique, qu’on brûle de voir, mais qu’on
n’avoue pas avoir vus. On fête encore aujourd’hui les Equiries, ces jeux
antiques, les premiers que le cirque romain ait connus. Rome célèbre sous un
surnom latin les jeux Dionysiaques, dont Liber revendique l’hommage. Les édiles
plébéiens et les édiles curules observent le saint usage des rites
Sigillaires. On sait que les gladiateurs ont exécuté des luttes funèbres dans
le forum : maintenant l’arène réclame ces combattants qui, vers les derniers
jours de décembre, apaisent avec du sang le fils de Coelus qui porte la faux.
XIX. Jeux qui reviennent par
lustres.
L’Achaïe
célébrait quatre jeux autrefois : deux en l’honneur des dieux, et deux en
l’honneur des hommes. Ces fêtes étaient consacrées à Jupiter, à Phébus,
à Palémon, à Archemorus ; les couronnes étaient de pin, de pommier,
d’olivier, d’ache.
XX. Lieux où se célèbrent
ces jeux.
Les
premiers, les jeux Olyntpiques en l’honneur du grand Jupiter, se célèbrent
à Pise ; le Parnasse a consacré les jeux Pythiques à Phébus, dieu de Claros.
Le rivage de Corinthe aux deux mers a dédié les jeux Isthmiques à Portunus,
et c’est Thèbes qui honore Archemorus de l’hommage funèbre des jeux Néméens.
XXI. Fondateurs de ces jeux.
Jupiter
institua le premier la fête des couronnes Olympiques, dans le stade le plus
long des cirques de la Grèce. Alcide, après lui, consacra les jeux Néméens.
Ces solennités quinquennales servaient aussi à marquer les époques. On
attribue les jeux Isthmiques à Neptune, et les Pythiques à Phébus : doubles
honneurs rendus aux dieux et aux hommes après leur mort.
XXII. Que
ces rites sacrés sont aussi des jeux funèbres.
L’Élide
consacre un culte funèbre à Pélops, fils de Tantale. Thèbes honore tous les
cinq ans de ses jeux Néméens la mémoire d’Archemorus. Les jeux Isthmiques
se célèbrent depuis la mort de Palémon, on le sait ; et Delphes institua les
jeux Pythiques pour apaiser les mânes du serpent Python.