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 Athénée : les deipnosophistes 

De l'amour

Livre XIII

texte français seul mis en page par Philippe Renault

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 Athénée 

De la polygamie  

 

traduction revue et corrigée par Philippe Renault

3. Παρὰ δὲ Πέρσαις ἀνέχεται ἡ βασίλεια τοῦ πλήθους τῶν παλλακίδων διὰ τὸ ὡς δεσπότην ἄρχειν τῆς γαμετῆς τὸν βασιλέα, ἔτι δὲ καὶ διὰ τὸ τὴν βασιλίδα, ὥς φησιν Δίνων ἐν τοῖς Περσικοῖς, ὑπὸ τῶν παλλακίδων θρησκεύεσθαι · προσκυνοῦσι γοῦν αὐτην. Καὶ ὁ Πρίαμος δὲ πολλαῖς χρῆται γυναιξὶ καὶ ἡ ῾Εκάβη οὐ δυσχεραίωει. Λέγει γοῦν ὁ Πρίαμος
ἐννεακαίδεκα μέν μοι ἰης ἐκ νηδύος ἦσαν, 
τοὺς δ' ἄλλους μοι ἔτικτον ἐνὶ μεγάροισι γυναῖκες. 
Παρὰ δὲ τοῖς ῞Ελλησι οὐκ ἀνέρχεται ἡ τοῦ Φοίνικος μήτηρ τὴν τοῦ ᾿Αμύντορος παλλακίδα. Μήδεια δὲ καίπερ εἰδυῖα τὸ ἔθος ὅτι ἐστὶ βαρβαρικὸν οὐ φέρει οὐδε αὐτὴ τὸν Γλαύκης γάμον, ἤδη εἰς τὰ ἀμείνω καὶ ῾Ελληνικὰ ἐκδεδιῃτημένη. Και ἡ Κλυταιμνήστρα δὲ περιπαθὴς γενομένη τὴν Κασσάνδραν σὺν αὐτῷ τῷ ᾿Αγαμέμνονι ἀποκτείνει, ν εἰς τὴν ῾Ελλάδα ὁ κρείων ἐπηγάγετο, ἐν ἔθει γενόμενος βαρβαρικῶν γάμων. 'Θαυμάσαι δ' ἄν τις, φησὶν ᾿Αριστοτέλης ὅτι οὐδαμου τῆς ᾿Ιλιάδος ῞Ομηρος ἐποίησε Μενελάῳ συγκοιμωμένην παλλακίδα, πᾶσι δοὺς γυναῖκας. Κοιμῶνται γοῦν παρ' αὐτῷ καὶ οἱ γέροντες μετὰ γυναικῶν, Νέστωρ και Φοῖνιξ. Οὐ γὰρ ἦσαν οὗτοι ἐκλελυμένοι τοῖς σώμασι ἐν τοῖς τῆς νεότητος χρόνοις ἢ διὰ μέθης ἢ δι' ἀφροδισίων ἢ καὶ διὰ τῆς ἐν ταῖς ἀδηφαγίαις ἀπεψίας, ὥστε εἰκότως ἔρρωντο τῷ γήρᾳ. ῎Εοικεν οῦν ὁ Σπαρτιάτης αἰδεῖσθαι γαμετὴν οὖσαν τὴν ῾Ελένην, ὑπερ ἧς καὶ τὴν στρατείαν ἤθροισεν · διόπερ φυλάτταται τὴν πρὸς ἄλλην κοινωνίαν. ῾Ο δ' ᾿Αγαμέμνων ὡς πολυγύναιος ὑπὸ Θερσίτου λοιδορεῖται ·
Πλεῖαί τοι χαλκοῦ κλισίαι, πολλαὶ δὲ γυναῖκες
εἰσὶν ἐνὶ κλισίῃς ἐξαίρετοι, ς τοι ᾿Αχαιοὶ
πρωτίστῳ δίδομεν.
λλ' οὐκ εἰκός, φησὶν ὁ ᾿Αριστοτέλης, εἰς χρῆσιν εἶναι τὸ πλῆθος τῶν γυναικῶν, ἀλλ' εἰς γέρας · ἐπεὶ οὐδὲ τὸν πολὺν οἶνον εἰς τὸ μεθύειν παρεσκευάσατο.'

3. Chez les Perses, la reine accepte une multitude de concubines parce que le roi, en tant que monarque absolu, est le maître de son épouse. Mais Dinon, dans son Histoire de la Perse, dit aussi que la reine est traitée par les concubines avec infiniment d’égards : en effet, celles-ci lui doivent obéissance.

On sait que Priam eut de nombreuses épouses, et Hécube ne s’en formalisa guère. Priam, en effet, dit ceci : « J'ai eu dix-neuf fils d'un seul ventre ; quant aux autres, ce sont des femmes qui les ont engendrés dans les chambres de mon palais. »

En revanche, chez les Grecs, la mère de Phénix ne put souffrir la concubine d'Amyntor.

Médée, très au fait de la pratique du concubinage, une chose courante chez les barbares, refusa le mariage de Glauké parce qu'elle-même avait renoncé à ses usages pour adopter, ceux, autrement plus civilisées, des Grecs.

N’oublions pas Clytemnestre, qui, dans un moment de crise passionnelle, tua Cassandre et Agamemnon lui-même, parce que son seigneur et maître, ayant en Grèce ramené Cassandre, avait fait siennes les coutumes barbares relatives au mariage.

 

« On ne peut que s'étonner, dit Aristote, que nulle part dans l'Iliade, Homère ne fasse mention d'une concubine couchant avec Ménélas, bien que ce prince ait donné des femmes à tout le monde. Pourtant, tout au long du poème, on voit des vieillards, tels que Nestor et Phénix, qui sont au lit avec des femmes. Il est vrai qu’au temps de leur jeunesse, ces deux personnages n’avaient guère soumis leur corps aux excès de l’ivresse, ni aux désordres nés de la sensualité ou de la gloutonnerie, tant et si bien que, tout naturellement, ils étaient restés fort vigoureux jusque dans leur vieillesse. Bien entendu, on peut penser que le spartiate avait un grand respect pour Hélène, sa femme légitime : d’ailleurs, c’est à son intention qu’il leva une armée. Il s’abstint donc de fréquenter une autre femme. Par contre, Agamemnon est raillé par Thersite pour avoir eu moult liaisons féminines : « Les tentes regorgent de bronze, dit-il, mais aussi de femmes de choix que nous, les Achéens, t'avons offert en tant que roi.» Toutefois, il est bien improbable, poursuit Aristote, qu’il se soit vu offrir un grand nombre de femmes pour son usage personnel : non, c’était une marque d’honneur, comme le fait de recevoir d’énormes quantités de vin, pas forcément destinées à l'enivrement collectif... »  

À Athènes, les lois permettent en revanche au mari d'introduire dans sa maison une concubine (παλλακή), qui est généralement une femme libre, étrangère de naissance, ou originaire de la cité mais dépourvue de dot. En principe, ses enfants sont des bâtards (nothoi). Mais, si l'épouse reste stérile ou si la cité, dépeuplée par les guerres, vient à manquer d'hommes, ils peuvent être légitimés. C'est ainsi qu'en 404, au lendemain de la défaite dans la guerre du Péloponnèse, une loi encourage les citoyens à prendre des concubines pour repeupler la cité. En dépit du caractère acariâtre et violent de son épouse Xanthippe, Socrate, une fois de plus, fait preuve d'un civisme exemplaire et prend une seconde femme, Myrto.

Aristote dit qu’il eut deux femmes : Xanthippe, qui lui donna un fils, Lamproclès, et Myrto, fille d’Aristide le juste, qu’il épousa sans dot et dont il eut deux enfants : Sophronisque et Ménéxène. D’autres auteurs disent que ce fut Myrto sa première femme, et quelques-uns (cf. Satyros et Hiéronyme de Rhodes) prétendent qu’il les épousa toutes deux à la fois. Ces derniers, pour justifier leur opinion, disent que les Athéniens, voulant augmenter leur population décimée, avaient prescrit par une loi aux citoyens de prendre, outre une épouse véritable originaire de la cité, des concubines pour leur faire des enfants ; et ils affirment que Socrate se conforma à ce décret.

http://perso.wanadoo.fr/nimispauci/Laerce/SocrateDisciples/Socrate.htm

Dans la cité grecque de l'époque classique (5e et 4e siècle av. J.-C.), le mariage monogamique est depuis longtemps un des fondements de la société. Déjà chez Homère - bien que les pratiques matrimoniales n'aient pas été encore nettement fixées -, chaque héros a une femme et une seule. Cette femme est destinée à lui donner des enfants qui hériteront du patrimoine. C'est à elle que le héros confie sa maison lorsqu'il part au loin. C'est elle qui, entourée de ses servantes, veille sur les biens dont elle a la garde. Ainsi se présente l'épouse modèle qu'est Pénélope dans L'Odyssée.
Ce rôle reste inchangé à l'époque classique, trois siècles plus tard, et c'est bien là ce que rappelle notre orateur athénien. Mais, désormais, la légitimité de l'union est définie de façon précise il ne suffit pas que l'époux ait reçu sa jeune femme des mains du père ou du tuteur de celle-ci, accompagnée généralement d'une dot plus ou moins importante il faut encore que les deux parties en présence, le gendre et le beau-père, soient toutes deux de naissance athénienne - cela depuis le décret pris par Périclès en 451 av. J.-C. C'est qu'en effet le père ne transmet pas seulement à ses fils son patrimoine - les filles quant à elles sont dotées et mariées -, il leur transmet également la qualité de citoyen, un privilège que la cité n'accorde qu'avec parcimonie. Dès lors, aucune relation avec une femme étrangère ne saurait être légitime.
Cependant, si l'adultère de la femme était sévèrement puni, le complice pouvant être mis à mort sans autre forme de procès en cas de flagrant délit, l'époux, quant à lui, a tout loisir d'introduire dans sa maison une concubine, généralement une femme libre, mais pauvre ou étrangère reçue sans dot des mains de son tuteur. Il lui fera éventuellement des enfants qui seront tenus pour des bâtards (nothoi), à moins que l'épouse en titre ne soit stérile ou que la cité vienne à manquer d'hommes, auxquels cas ils peuvent être légitimés.
Selon Diogène Laérce, c'est ce qui se serait produit après 404 av. J-C., au lendemain de la défaite d'Athènes dans la guerre du Péloponnèse. Les Athéniens auraient alors été invités à prendre des concubines pour en avoir des enfants. Et c'est ainsi que Socrate, par exemple, aurait introduit dans sa maison une seconde femme, Myrto, au côté de son épouse légitime Xanthippè. Il est significatif d'ailleurs que le droit pour le mari de mettre à mort impunément l'homme surpris en flagrant délit d'adultère avec son épouse légitime s'étende aussi, si l'on en croit une loi rapportée par Démosthène, à la concubine. Celle-ci, autant que la femme légitime, fait partie de maison (oikos) du chef de famille. 

http://www.idee-k.com/historiart/courtisanes.html

 

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