SÉRIE VI. LETTRES.
A THEOPHILE, PATRIARCHE D'ALEXANDRIE.
Jérôme félicite Théophile d'avoir enfin condamné les origénistes.
Lettre écrite du monastère de Bethléem, en 399.
EPISTOLA LXXXVI. AD THEOPHILUM.
1. Nuper tuae Beatitudinis percepi scripta, emendantia vetus silentium, et me ad solitum officium provocantia. Unde licet per sanctos fratres, Priscum et Eubulum, tuus ad nos sermo cessaverit: tamen quia vidimus illos zelo fidei concitatos, raptim Palaestinae lustrasse regiones, et dispersos regulos (Basiliscos) usque ad suas latebras persecutos, breviter scribimus, quod totus mundus exultet, et in tuis victoriis glorietur: erectumque Alexandriae vexillum crucis, et adversus haeresim trophaea fulgentia, gaudens populorum turba prospectet. Macte virtute, macte zelo fidei: OSTENDISTI, quod hucusque taciturnitas dispensatio fuit, non consensus. Libere enim Reverentiae tuae loquor. Dolebamus te nimium esse patientem, et ignorantes magistri gubernacula, gestiebamus in interitum perditorum. Sed, ut video, exaltasti manum diu, et suspendisti plagam, ut ferires fortius. Super susceptione cujusdam non debes contra
urbis hujus dolere Pontificem: quia nihil tuis litteris praecepisti, et
temerarium fuit de eo quod nesciebat, ferre sententiam: tamen reor illum, nec
audere, nec velle te in aliquo laedere.
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J'ai reçu depuis peu les lettres que
votre béatitude a bien voulu m'adresser, dans lesquelles, après
m'avoir fait d'obligeants reproches du silence que je garde depuis
longtemps, elle m'exhorte à lui écrire à mon ordinaire. Ainsi,
quoique vous ne m'ayez point écrit par nos saints frères Priscus et
Eubulus, cependant, comme je suis témoin du courage et du zèle avec
lesquels l'amour qu'ils ont pour la pureté de la foi leur a fait
parcourir toute la Palestine et chasser dans leurs trous ces
basilics qui s'étaient répandus de toutes parts; je ne puis
m'empêcher de vous marquer, en peu de mots, que tout le monde vous
applaudit, et que les peuples se réjouissent de voir l'étendard de
la croix élevé par vos soins dans Alexandrie., et de la victoire que
vous avez remportée sur l'hérésie. Plein d'ardeur pour la foi, vous
avez fait connaître que le silence que vous aviez gardé jusqu'à
présent était l'effet d'une sagesse consommée, et non pas d'une
lâche condescendance. Car à parler franchement, cette patience
excessive avec laquelle vous avez souffert les hérétiques nous a
l'ait une vraie peine; parce que, ne pouvant pas pénétrer les
raisons que vous aviez de les ménager de la sorte, nous ne
souhaitions rien avec plus de passion et d'empressement que de les
voir exterminer entièrement. Mais, à ce que je vois, vous avez voulu
tenir la main levée et suspendre le coup pour quelque temps, afin de
frapper ensuite plus rudement. |