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Flavius Josèphe

Guerre des Juifs - livre VI

Siège de Jérusalem par  Titus

Incendie du temple

 


 

[252] Ἔνθα δὴ τῶν στρατιωτῶν τις οὔτε παράγγελμα περιμείνας οὔτ' ἐπὶ τηλικούτῳ δείσας ἐγχειρήματι, δαιμονίῳ ὁρμῇ τινι χρώμενος ἁρπάζει μὲν ἐκ τῆς φλεγομένης † φλογός, ἀνακουφισθεὶς δὲ ὑπὸ συστρατιώτου τὸ πῦρ ἐνίησι θυρίδι χρυσῇ, καθ' ἣν εἰς τοὺς περὶ τὸν ναὸν οἴκους εἰσιτὸν ἦν ἐκ τοῦ βορείου κλίματος. [253] αἰρομένης δὲ τῆς φλογὸς Ἰουδαίων μὲν ἐγείρεται κραυγὴ τοῦ πάθους ἀξία, καὶ πρὸς τὴν ἄμυναν συνέθεον, οὔτε τοῦ ζῆν ἔτι φειδὼ λαμβάνοντες οὔτε ταμιευόμενοι τὴν ἰσχύν, δι' ὃ φυλακτικοὶ πρότερον ἦσαν οἰχομένου.

(6)[254] Δραμὼν δέ τις ἀγγέλλει Τίτῳ· κἀκεῖνος, ἔτυχεν δὲ κατὰ σκηνὴν ἀναπαυόμενος ἐκ τῆς μάχης, ὡς εἶχεν ἀναπηδήσας ἔθει πρὸς τὸν ναὸν εἴρξων τὸ πῦρ. [255] Κατόπιν δὲ οἵ τε ἡγεμόνες εἵποντο πάντες, καὶ πτοηθέντα τούτοις ἠκολούθει τὰ τάγματα· βοὴ δὲ ἦν καὶ θόρυβος ἅτε τηλικαύτης δυνάμεως ἀτάκτως κεκινημένης. [256] Ὁ μὲν οὖν Καῖσαρ τῇ τε φωνῇ καὶ τῇ δεξιᾷ διεσήμαινε τοῖς μαχομένοις τὸ πῦρ σβεννύειν, οὔτε δὲ βοῶντος ἤκουον μείζονι κραυγῇ τὰς ἀκοὰς προκατειλημμένοι καὶ τοῖς νεύμασι τῆς χειρὸς οὐ προσεῖχον, οἱ μὲν τῷ πολεμεῖν, οἱ δὲ ὀργῇ περισπώμενοι. [257] Τῶν δὲ ταγμάτων εἰσθεόντων οὔτε παραίνεσις οὔτ' ἀπειλὴ κατεῖχεν τὰς ὁρμάς, ἀλλ' ὁ θυμὸς ἁπάντων ἐστρατήγει· καὶ περὶ τὰς εἰσόδους συνωθούμενοι πολλοὶ μὲν ὑπ' ἀλλήλων κατεπατοῦντο, πολλοὶ δὲ θερμοῖς ἔτι καὶ τυφομένοις τοῖς ἐρειπίοις τῶν στοῶν ἐμπίπτοντες ἡττωμένων συμφοραῖς ἐχρῶντο. [258] Πλησίον δὲ τοῦ ναοῦ γινόμενοι τῶν μὲν τοῦ Καίσαρος παραγγελμάτων προσεποιοῦντο μηδὲ κατακούειν, τοῖς πρὸ αὐτῶν δὲ τὸ πῦρ ἐνιέναι παρεκελεύοντο. [259] Τῶν δὲ στασιαστῶν ἀμηχανία μὲν ἦν ἤδη τοῦ βοηθεῖν, φόνος δὲ πανταχοῦ καὶ τροπή. Τὸ δὲ πλέον ἀπὸ τοῦ δήμου λαὸς ἀσθενὴς καὶ ἄνοπλος ὅπου καταληφθείη τις ἀπεσφάττετο, καὶ περὶ μὲν τὸν βωμὸν πλῆθος ἐσωρεύετο νεκρῶν, κατὰ δὲ τῶν τοῦ ναοῦ βάθρων αἷμά τ' ἔρρει πολὺ καὶ τὰ τῶν ἄνω φονευομένων σώματα κατωλίσθανε.

(7)[260] Καῖσαρ δ' ὡς οὔτε τὰς ὁρμὰς ἐνθουσιώντων τῶν στρατιωτῶν κατασχεῖν οἷός τε ἦν καὶ τὸ πῦρ ἐπεκράτει, παρελθὼν μετὰ τῶν ἡγεμόνων ἔνδον ἐθεάσατο τοῦ ναοῦ τὸ ἅγιον καὶ τὰ ἐν αὐτῷ, πολὺ μὲν τῆς παρὰ τοῖς ἀλλοφύλοις φήμης ἀμείνω, τοῦ δὲ κόμπου καὶ τῆς παρὰ τοῖς οἰκείοις δόξης οὐκ ἐλάττω. [261] Τῆς φλογὸς δὲ οὐδέπω διικνουμένης οὐδαμόθεν εἴσω, τοὺς δὲ περὶ τὸν ναὸν οἴκους νεμομένης, νομίσας, ὅπερ ἦν, ἔτι σώζεσθαι τὸ ἔργον δύνασθαι προπηδᾷ, [262] καὶ αὐτός τε παρακαλεῖν τοὺς στρατιώτας ἐπειρᾶτο τὸ πῦρ σβεννύειν καὶ Λιβεράλιον ἑκατοντάρχην τῶν περὶ αὐτὸν λογχοφόρων ξύλοις παίοντα τοὺς ἀπειθοῦντας ἐκέλευσεν εἴργειν. [263] Τῶν δὲ καὶ τὴν πρὸς τὸν Καίσαρα αἰδῶ καὶ τὸν ἀπὸ τοῦ κωλύοντος φόβον ἐνίκων οἱ θυμοὶ καὶ τὸ πρὸς Ἰουδαίους μῖσος, καὶ πολεμική τις ὁρμὴ λαβροτέρα· [264] τοὺς δὲ πολλοὺς ἐνῆγεν ἁρπαγῆς ἐλπίς, δόξαν τε ἔχοντας ὡς τὰ ἔνδον ἅπαντα χρημάτων μεστὰ εἴη, καὶ τὰ πέριξ ὁρῶντας χρυσοῦ πεποιημένα. [265] Φθάνει δέ τις καὶ τῶν εἴσω παρεληλυθότων ἐκπηδήσαντος τοῦ Καίσαρος πρὸς ἐποχὴν τῶν στρατιωτῶν πῦρ εἰς τοὺς στροφέας ἐμβαλὼν τῆς πύλης † ἐν σκότῳ· [266] τότε γὰρ ἐξαπίνης ἔνδοθεν ἐκφανείσης φλογὸς οἵ τε ἡγεμόνες μετὰ τοῦ Καίσαρος ἀνεχώρουν, καὶ τοὺς ἔξωθεν οὐδεὶς ὑφάπτειν ἐκώλυεν. Ὁ μὲν οὖν ναὸς οὕτως ἄκοντος Καίσαρος ἐμπίπραται.

 

C'est alors qu'un des soldats, sans attendre d'ordre, sans scrupule devant une telle entreprise, mais poussé par une sorte d'impulsion surhumaine, saisit un tison enflammé, et, soutenu par un de ses camarades, lança le feu à travers une fenêtre dorée, située du côté du nord et donnant accès aux habitations construites autour du Temple. Quand la flamme jaillit, les Juifs poussèrent un cri qui répondait à leur douleur : ils coururent en foule pour l'éteindre, sans souci de leur vie, sans ménager leurs forces, en voyant se consumer le monument qui avait été jusque-là l'objet de toute leur vigilance.

6. [254] Un coureur vint annoncer la nouvelle à Titus, qui se reposait alors sous sa tente des fatigues du combat : il s'élança tel qu'il était et courut vers le Temple pour arrêter l'incendie. Derrière lui vinrent tous ses lieutenants, que suivaient les légions frappées de stupeur : dans une troupe si nombreuse, subitement mise en branle, il y avait de la confusion et des cris. César, de la voix et de la main, ordonnait aux soldats d’éteindre le feu ; mais on n'entendait pas sa voix parmi les clameurs plus fortes encore qui assourdissaient les oreilles ; on ne prenait pas garde non plus aux signes que faisait sa main, car les uns étaient distraits par le combat ; les autres par leur propre fureur. Ni l'exhortation, ni la menace ne retenaient l'élan des légions qui avançaient ; tous se laissaient conduire par leur seule colère. Beaucoup, pressés autour des portes, se foulèrent aux pieds les uns les autres ; beaucoup, qui tombaient parmi les débris encore brûlants et fumants des portiques, éprouvèrent le malheureux sort des vaincus. Quant ces soldats furent arrivés près du Temple, ils feignirent de ne pas même entendre les ordres de César et crièrent à ceux qui les précédaient de jeter les tisons. Cependant les factieux étaient dès lors impuissants à porter secours ; le massacre et la déroute régnaient partout. On égorgeait un très grand nombre de gens faibles et sans armes, partout où on les rencontrait ; autour de l'autel une multitude de cadavres s'amoncelaient ; sur les degrés du Temple le sang coulait à flots, et les corps de ceux que l'on venait de massacrer roulaient d'une marche à l'autre.

7. [260] Comme il n'était pas capable de contenir l'impétuosité des soldats en délire, et que le feu gagnait, César, entouré de ses lieutenants, se rendit à l'intérieur du Temple et contempla le sanctuaire avec son contenu, trésor bien supérieur à ce que la renommée avait publié à l'étranger et non inférieur à sa glorieuse réputation parmi les gens du pays. Comme l'incendie n'avait pas encore pénétré à l'intérieur de la nef et dévorait les habitations élevées autour du Temple, il pensa, non sans raison, que l'édifice pouvait encore être sauvé ; il s'élança donc et essaya de persuader lui-même aux soldats qu'il fallait éteindre le feu. Il ordonne même à Liberalius, centurion de ses porte-lances, de frapper à coups de bâton ceux qui désobéiraient. Mais leur respect pour César et leur crainte de l'officier chargé de les retenir cédèrent à leur rage, à leur haine des Juifs, à un élan guerrier plus violent encore. La plupart étaient aussi stimulés par l'espoir du butin : ils croyaient que tout l'intérieur du Temple regorgeait de richesses, en voyant les dehors de l'édifice revêtus d'or. Un des soldats qui étaient entrés au moment où César s'élançait lui-même pour arrêter les incendiaires mit le feu, dans l'obscurité[26], aux gonds de la porte. Aussitôt la flamme jaillit à l'intérieur ; les lieutenants de César se retirèrent avec lui, et personne n'empêcha plus les troupes, placées hors du Temple, d'activer l'incendie. C'est ainsi que le Temple fut brûlé malgré César.