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PROCOPE.

HISTOIRE SEcrète.

Un COUPLE INFERNAL : BÉLISAIRE ET ANTONIA

 

ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α'

1. Ἦν τῷ Βελισαρίῳ γυνὴ,  ἧς δὴ ἐν τοῖς ἔμπροσθεν λόγοις ἐμνήσθην,  πάππου μὲν καὶ πατρὸς ἡνιόχων,  ἔν τε Βυζαντίῳ καὶ Θεσσαλονίκῃ τὸ ἔργον τοῦτο ἐνδειξαμένων,  μητρὸς δὲ τῶν τινος ἐν θυμέλῃ πεπορνευμένων.  Αὕτη τὰ πρότερα μάχλον τινὰ βιώσασα βίον, καὶ τὸν τρόπον ἐξερρωγυῖα,  φαρμακεῦσί τε πατρῴοις πολλὰ ὡμιληκυῖα,  καὶ τὴν μάθησιν τῶν οἱ ἀναγκαίων ποιησαμένη,  ἐγγυητὴ ὕστερον Βελισαρίῳ γυνὴ γέγονε,  μήτηρ ἤδη παίδων γενομένη πολλῶν. 

CHAPITRE PREMIER.

1. Bélisaire eut pour épouse, comme je l'ai dit dans mes écrits antérieurs, Antonina, fille et petite-fille de conducteurs de chars, qui avaient exercé leur art (dans le cirque) à Byzance et à Thessalonique : celle-ci eut pour mère une des prostituées du théâtre. Elle commença sa propre vie par des moeurs semblables, et se livra à la débauche avec emportement; elle pratiqua (en outre) les philtres usités dans sa famille, et ayant acquis ceux qui étaient nécessaires à ses projets, elle devint la fiancée, puis l'épouse de Bélisaire, quoiqu'elle eût déjà donné le jour à plusieurs enfants.

  2. Εὐθὺς μὲν οὖν ἠξίου μοιχεύτρια τὸ ἐξ ἀρχῆς εἶναι,  ξυγκαλύπτειν μέντοι τοὔργον τοῦτο ἐν σπουδῇ εἶχεν,  οὐ καταδυομένη τοῖς οἰκείοις ἐπιτηδεύμασιν,  οὐδέ τι πρὸς τοῦ ξυνοικοῦντος δειμαίνουσα δέος, (οὔτε γὰρ αἰδῶ τινα ἔργου ὁτουοῦν ἔλαβε πώποτε, καὶ τὸν ἄνδρα μαγγανείαις πολλαῖς κατείληφεν),  ἀλλὰ τὴν ἐκ τῆς βασιλίδος ὑποπτεύουσα τίσιν.  Λίαν γὰρ ἐς αὐτὴν ἡ Θεοδώρα ἠγριαίνετό τε, καὶ ἐσεσήρει.  Ἐπεὶ δὲ αὐτὴν ἐν τοῖς ἀναγκαιοτάτοις ὑπουργήσασα χειροήθη πεποίηται,  πρῶτα μὲν Σιλβέριον διαχρησαμένη τρόπῳ, ᾧπερ ἐν τοῖς ὄπισθεν λόγοις εἰρήσεται,  ὕστερον δὲ Ἰωάννην κατεργασαμένη τὸν Καππαδόκην,  ὥσπερ μοι ἐν τοῖς ἔμπροσθεν λόγοις ἐρρήθη,  ἐνταῦθα δὴ ἀδεέστερόν τε καὶ οὐκέτι ἀποκρυπτομένη ἅπαντα ἐξαμαρτάνειν οὐδαμῆ ἀπηξίου.

2. Aussitôt après son mariage, elle se créa des relations adultérines, sans attendre davantage : mais elle eut soin de cacher cette conduite, en s'enveloppant d'artifices qui lui étaient familiers, non qu'elle fût effrayée de la crainte de son époux (jamais elle n'éprouva de honte de quelque mauvaise action que ce fût), mais elle redoutait le châtiment que pourrait lui faire infliger l'impératrice. Théodora était très aigrie alors contre elle, et lui était ouvertement hostile. Lorsque plus tard elle eut conquis sa familiarité, par les services qu'elle lui rendit dans les circonstances les plus impérieuses, d'abord en sacrifiant Silvère (pontife de Rome), ainsi que je l'expliquerai plus tard, et ensuite en perdant le Cappadocien Joannès (Jean, préfet du prétoire), ainsi que je l'ai déjà raconté, elle fut moins craintive; et sans cacher désormais sa conduite, elle se livra sans scrupule à toutes sortes de déportements.

3. Ἦν δέ τις νεανίας ἐκ Θρᾴκης  ἐν τῇ Βελισαρίου οἰκίᾳ,  Θεοδόσιος τοὔνομα,  δόξης γεγονὼς ἐκ πατέρων Εὐνομιανῶν καλουμένων.  Τοῦτον,  ἡνίκα ἐς Λιβύην ἀποπλεῖν ἔμελλεν,  ἔλουσε μὲν ὁ Βελισάριος τὸ θεῖον λουτρὸν, καὶ χερσὶν ἀνελόμενος ἐνθένδε οἰκείαις, εἰσποιητὸν ἐποιήσατο ξὺν τῇ γυναικὶ παῖδα·  ᾗπερ εἰσποιεῖσθαι Χριστιανοῖς νόμος·  καὶ ἀπ'  αὐτοῦ ἡ Ἀντωνίνα τὸν Θεοδόσιονἅτε παῖδα ὄντα ἱερῷ λόγῳ, ἠγάπα τε ὡς τὸ εἰκὸς, κἀν τοῖς μάλιστα ἐπιμελομένη ἀμφ'  αὑτὴν εἶχεν.  Εὐθύς τε ἐρασθεῖσα αὐτοῦ ἐκτόπως, ἐν τῷ διάπλῳ τούτῳ, καὶ κατακορὴς γεγονυῖα τῷ πάθει, ἀπεσείσατο μὲν θείων τε καὶ ἀνθρωπίνων πραγμάτων δέος τε καὶ αἰδῶ ξύμπασαν·  ἐμίγνυτο δὲ αὐτῷ τὰ μὲν πρῶτα ἐν παραβύστῳ,  τελευτῶσα δὲ, καὶ οἰκετῶν καὶ θεραπαινίδων παρόντων.  Κάτοχος γὰρ ἤδη τῷ πόθῳ τούτῳ γεγενημένη καὶ διαφανῶς ἐρωτόληπτος οὖσα, οὐδὲν ἔτι τοῦ ἔργου κώλυμα ἔβλεπε. 

3. Il y avait dans la maison de Bélisaire un jeune Thrace, nommé Théodose, appartenant, par ses pères, à la croyance de ceux qu'on appelait les Eunomiens. À la veille de s'embarquer pour la Libye (l'Afrique), Bélisaire l'avait tenu sur les fonts sacrés (du baptême), l'avait reçu dans ses bras, et l'avait, ainsi que sa femme, adopté comme son fils et son commensal, selon les rites adoptés par les chrétiens. Antonina avait donc accepté Théodose comme un fils consacré par les saintes paroles. Elle le traitait en conséquence avec tendresse, et en s'occupant de lui avec un soin tout particulier, elle s'était emparée d'une autorité absolue sur sa personne. Ensuite elle en devint éprise pendant la traversée; et, sa passion dépassant toutes les bornes, elle s'y abandonna, en bravant sans crainte et sans honte tous les sentiments divins et humains. Elle livra sa personne au jeune homme d'abord en secret; à la fin, ce fut en présence de ses serviteurs et de ses femmes : tout entière déjà à sa passion, elle affichait ouvertement son amour, sans qu'aucun obstacle l'empêchât de s'y livrer.

4. Καί ποτε ὁ Βελισάριος  ἐπ'  αὐτοφώρῳ τὴν πρᾶξιν λαβὼν ἐν Καρχηδόνι,  ἐξηπάτητο πρὸς τῆς γυναικὸς ἑκών γε εἶναι.  Ὁ μὲν γὰρ ἄμφω ἐν δωματίῳ καταγείῳ εὑρὼν ἐμεμήνει·  ἡ δὲ οὔτε ἀποδειλιάσασα οὔτε καταδυσαμένη τῷ ἔργῳ τούτῳ,  « Ἐνταῦθα, ἔφη,  τῶν λαφύρων τὰ τιμιώτατα σὺν τῷ νεανίᾳ κρύψουσα ἦλθον,  ὡς μὴ ἐς βασιλέα ἔκπυστα γένηται ».  Ἡ μὲν οὖν ταῦτα σκηπτομένη εἶπεν·  ὁ δὲ ἀναπεισθῆναι δόξας ἀφῆκε,  καίπερ τῷ Θεοδοσίῳ ἐκλελυμένον τὸν ἱμάντα ὁρῶν, τὸν ἀμφὶ τὰ αἰδοῖα τὰς ἀναξυρίδας ξυνδέοντα.  Ἔρωτι γὰρ τῆς ἀνθρώπου ἀναγκασθεὶς, ἐβούλετό οἱ τὴν τῶν οἰκείων ὀφθαλμῶν θέαν ὡς ἥκιστα ἀληθίζεσθαι.

4. Bélisaire s'aperçut de ce commerce à Carthage ; mais il feignit d'être détrompé par sa femme. Il les avait surpris: ensemble, dans une chambre inférieure, et s'en était montré très ému; mais la femme, sans s'effrayer ni rougir du flagrant délit : « Je suis venue, lui dit-elle, avec ce jeune homme, afin de cacher les plus précieux objets du butin, et d'empêcher qu'ils n'arrivent à la connaissance de l'empereur. » Voilà ce qu'elle dit pour sa justification; son époux, simulant la conviction de son innocence, se retira, quoiqu'il vît Théodose rattacher dans son manteau entr'ouvert ses caleçons à la hauteur de ses reins. Subjugué en effet par l'amour qu'il avait pour sa femme, Bélisaire voulait, le moins possible, s'en rapporter au témoignage de ses propres yeux.