APPIEN,
Guerres civiles livre II
Mort de Caton d'Utique
98. Ἐξαγγελθέντων δὲ τούτων ἐς Ἰτύκην τρίτῃ μάλιστα ἡμέρᾳ καὶ τοῦ Καίσαρος εὐθὺς ἐπὶ τὴν Ἰτύκην ἰόντος ἐγίγνετο φυγὴ πάντων. Καὶ οὐδένα κατεῖχεν ὁ Κάτων, ἀλλὰ καὶ ναῦς ἐδίδου τοῖς αἰτοῦσι τῶν ἐπιφανῶν· αὐτὸς δ' εὐσταθῶς ὑπέμενε καὶ τοῖς Ἰτυκαίοις ὑπισχνουμένοις πρὸ ἑαυτῶν ὑπὲρ ἐκείνου δεήσεσθαι ἐπιμειδιῶν ἀπεκρίνατο οὐ δεήσειν αὑτῷ πρὸς Καίσαρα διαλλακτῶν καὶ τοῦτο εἰδέναι καὶ τὸν Καίσαρα καλῶς. Σημηνάμενος δὲ τοὺς θησαυροὺς ἅπαντας καὶ συγγραφὰς ὑπὲρ ἑκάστου τοῖς Ἰτυκαίων ἄρχουσιν ἐπιδοὺς περὶ ἑσπέραν ἀμφὶ λουτρὰ καὶ δεῖπνον ἦν καθεζόμενός τε ἐγεύετο, ὥσπερ εἴθιστο, ἐξ οὗ Πομπήιος ἀνῄρητο· οὐδέν τε τῶν συνήθων ἐναλλάσσων οὐδ' ἐλάσσω προσφερόμενος ἢ πλείω, συνελεσχήνευε τοῖς παροῦσι περὶ τῶν ἐκπεπλευκότων καὶ ἠρώτα περὶ τοῦ πνεύματος, εἰ κατὰ πρύμνην ἔσοιτο αὐτοῖς, καὶ τοῦ διαστήματος, εἰ φθάσουσι πόρρω γενέσθαι, πρὶν ἐς ἕω Καίσαρα ἐπελθεῖν. Οὐ μὴν οὐδ' ἐς ὕπνον ἀπιὼν ἐνήλλαξέ τι τῶν συνήθων, πλὴν ὅτι υἱὸν ἠσπάσατο φιλοφρονέστερον. Τὸ δὲ ξιφίδιον τῇ κλίνῃ τὸ σύνηθες οὐχ εὑρὼν παρακείμενον ἐξεβόησεν, ὅτι προδιδοῖτο ὑπὸ τῶν οἰκείων τοῖς πολεμίοις· τίνι γὰρ ἔφη χρήσεσθαι προσιόντων, ἂν νυκτὸς ἐπίωσι; Τῶν δὲ αὐτὸν παρακαλούντων μηδὲν ἐφ' ἑαυτὸν βουλεύειν, ἀλλ' ἀναπαύεσθαι χωρὶς ξιφιδίου, ἀξιοπιστότερον ἔτι εἶπεν· « Οὐ γὰρ ἔστι μοι θέλοντι καὶ δι' ἐσθῆτος ἐμαυτὸν ἀποπνῖξαι καὶ ἐς τὰ τείχη τὴν κεφαλὴν ἀπαράξαι καὶ ἐς τράχηλον κυβιστῆσαι καὶ τὸ πνεῦμα κατασχόντα ἐκτρῖψαι; » Πολλά τε ὅμοια εἰπὼν παρήγαγεν αὐτοὺς παραθεῖναι τὸ ξιφίδιον. Ὡς δὲ ἐτέθη, Πλάτωνος αἰτήσας τὴν περὶ ψυχῆς συγγραφὴν ἀνεγίνωσκε. 99. Καὶ ἐπεὶ τέλος εἶχε τῷ Πλάτωνι ὁ λόγος, ἀναπαύεσθαι τοὺς περὶ θύρας ὑπολαβὼν ἔτρωσεν αὑτὸν ὑπὸ τὰ στέρνα· προπεσόντων δ' αὐτῷ τῶν σπλάγχνων καὶ στόνου τινὸς ἐξακουσθέντος ἐσέδραμον οἱ περὶ θύρας· καὶ οἱ ἰατροὶ τὰ σπλάγχνα ἔτι σῶα ὄντα ἐνέθηκαν ἔνδον καὶ τὰς πληγὰς ἐπιρράψαντες ἐπέδησαν. Ὁ δὲ ἀνενεγκὼν αὖθις ὑπεκρίνετο καὶ κατεμέμφετο μὲν ἑαυτῷ πληγῆς ἀσθενοῦς, χάριν δ' ὡμολόγει τοῖς περισώσασι καὶ καταδαρθεῖν ἔφη δεῖσθαι. Οἱ μὲν δὴ τὸ ξίφος ἔχοντες ᾤχοντο καὶ τὰς θύρας ὡς ἠρεμοῦντι ἐπέκλεισαν· ὁ δ' ὕπνου δόξαν αὐτοῖς παρασχὼν τὰ δεσμὰ ταῖς χερσὶ μετὰ σιγῆς ἀπερρήγνυ καὶ τὰς ῥαφὰς τοῦ τραύματος ἀνέπτυσσεν, οἷα θηρίον τό τε τραῦμα καὶ τὴν γαστέρα εὐρύνων ὄνυξι καὶ δακτύλοις ἐρευνῶν καὶ τὰ σπλάγχνα διαρρίπτων, μέχρι ἐτελεύτησεν, ἔτη μὲν ἀμφὶ πεντήκοντα γεγονώς, ὁμολογούμενος δὲ τήν τε γνώμην, ἐς ὅ τι κρίνειε, πάντων ἀνδρῶν ἐπιμονώτατος φῦναι καὶ τὸ δίκαιον ἢ πρέπον ἢ καλὸν οὐκ ἔθεσι μᾶλλον ἢ μεγαλοψύχοις λογισμοῖς ὁρίσαι. Μαρκίᾳ γέ τοι τῇ Φιλίππου συνὼν ἐκ παρθένου καὶ ἀρεσκόμενος αὐτῇ μάλιστα καὶ παῖδας ἔχων ἐξ ἐκείνης ἔδωκεν ὅμως αὐτὴν Ὁρτησίῳ τῶν φίλων τινί, παίδων τε ἐπιθυμοῦντι καὶ τεκνοποιοῦ γυναικὸς οὐ τυγχάνοντι, μέχρι κἀκείνῳ κυήσασαν ἐς τὸν οἶκον αὖθις ὡς χρήσας ἀνεδέξατο. Τοιόσδε μὲν δὴ Κάτων ἦν, καὶ αὐτὸν οἱ Ἰτυκαῖοι λαμπρῶς ἔθαπτον· ὁ δὲ Καῖσαρ ἔφη μέν οἱ φθονῆσαι Κάτωνα καλῆς ἐπιδείξεως, Κικέρωνος δὲ ποιήσαντος ἐγκώμιον ἐς αὐτὸν ἐπιγράψαντος Κάτων, ἀντέγραψε κατηγορίαν ὁ Καῖσαρ καὶ ἐπέγραψεν Ἀντικάτων.
98 Comme la nouvelle de ces événements parvint à Utique trois jours après tout au plus, et que César s'était sans délai mis en marche pour Utique, une fuite générale commença. Et Caton ne chercha à retenir personne : il donna même des navires aux aristocrates qui lui en demandèrent ; mais personnellement, il demeura, de pied ferme, et quand les habitants d'Utique lui promirent de demander grâce pour lui avant de le faire pour eux-mêmes, il répondit en souriant qu'il n'aurait pas besoin qu'on intercédât en sa faveur auprès de César, et que César aussi le savait parfaitement. Puis il fit poser les scellés sur toutes les caisses publiques, et confia les documents concernant chacune d'elles aux autorités d'Utique ; le soir, il prit son bain, puis son dîner, qu'il mangea assis, comme il le faisait depuis le meurtre de Pompée. Et, sans rien changer à ses habitudes, sans consommer ni plus, ni moins, il s'entretint avec les convives de ceux qui avaient pris la mer, demanda des informations sur le vent, pour savoir s'ils ne l'avaient pas contraire, et sur la dis-tance à parcourir, pour savoir s'ils seraient assez loin avant l'arrivée de César au début de la matinée. Puis, même en allant se coucher, il ne modifia en rien ses habitudes, si ce n'est qu'il étreignit son fils avec plus de tendresse. Mais comme il ne trouvait pas son poignard à sa place habituelle près de son lit, il se mit à crier qu'il était livré à ses ennemis par ses domestiques : de quoi se servirait-il, disait-il, en cas d'attaque, s'ils survenaient pendant la nuit ? Comme on le suppliait de ne rien entreprendre contre lui-même, mais d'aller se reposer sans poignard, il ajouta, de façon encore plus convaincante : « Ne m'est-il donc pas possible, si je le désire, de m'étouffer avec mes vêtements, de me casser la tête contre le mur, de me précipiter pour me briser le cou ou de retenir ma respiration pour en finir ? » D'autres arguments du même ordre amenèrent ses amis à lui remettre son poignard. Quand celui-ci fut à sa place, il demanda le traité de Platon sur l'âme et se mit à lire.
99.
Quand il eut terminé le dialogue de Platon, comprenant que ceux qui se tenaient
à sa porte étaient endormis, il se frappa au-dessous du sternum : ses
entrailles tombèrent et il laissa entendre quelque gémissement qui fit
accourir ceux qui se tenaient à sa porte ; les médecins remirent en place les
entrailles, qui étaient intactes, cousirent la blessure et la bandèrent. Quand
il eut repris connaissance, il se remit à jouer son rôle : il se reprochait,
en son for intérieur, la faiblesse de sa blessure, mais exprimait sa gratitude
à ceux qui l'avaient sauvé et déclarant qu'il n'avait besoin que de dormir.
On s'en alla donc en emportant le poignard et, comme il semblait calmé, on
ferma les portes. Lui, après leur avoir fait croire qu'il dormait, déchira de
ses mains en silence les bandages, défit les sutures de sa blessure, puis,
comme une bête sauvage, élargit l'ouverture de son ventre avec ses ongles, y
plongea ses doigts et en arracha les entrailles jusqu'à ce qu'il mourût, âgé
d'environ cinquante ans, reconnu pour l'homme le plus fermement attaché à sa
conviction une fois qu'il avait tranché, et définissant ce qui était juste,
convenable ou bien, non d'après l'usage, mais d'après des considérations de
haute morale. Il avait, par exemple, épousé Marcia, la fille de Philippus, au
sortir de l'adolescence, lui vouait la plus grande affection et avait eu d'elle
des enfants : il la céda néanmoins à Hortensius, un de ses amis, qui
désirait des enfants mais dont l'épouse était stérile ; et quand elle lui en
eut donné un, Caton la reprit chez lui, comme s'il l'avait prêtée.
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