Les horreurs de la guerre
Diodore de Sicile, livre XIII
Prise de Sélinonte par Hannibal en 409 avant J.-C.
LVII.. Διὸ καὶ τῆς πόλεως καταλαμβανομένης παρὰ μὲν τοῖς ῞Ελλησιν ἦν ὀδυρμοὺς καὶ δάκρυα θεωρεῖν, παρὰ δὲ τοῖς βαρβάροις ἀλαλαγμὸς ἦν καὶ βοὴ σύμμικτος · οἱ μὲν γὰρ τὸ μέγεθος τῆς περιεστώσης συμφορᾶς ἐν ὀφθαλμοῖς ἔχοντες περιδεεῖς ἦσαν, οἱ δὲ τοῖς εὐημερήμασιν ἐπηρμένοι σφάττειν παρεκελεύοντο. [2] Εἰς δὲ τὴν ἀγορὰν συνδραμόντων τῶν Σελινουντίων, οὗτοι μὲν ἐνταῦθα μαχόμενοι πάντες ἀνῃρέθησαν · οἱ δὲ βάρβαροι σκεδασθέντες καθ' ὅλην τὴν πόλιν τὴν μὲν ἐν ταῖς οἰκίαις εὐδαιμονίαν συνήρπασαν, τῶν δὲ ἐγκαταληφθέντων σωμάτων ἃ μὲν ταῖς οἰκίαις συγκατέκαιον, τῶν δ' εἰς τὰς ὁδοὺς βιαζομένων οὐ διακρίνοντες οὔτε φύσιν οὔθ' ἡλικίαν, ἀλλ' ὁμοίως παῖδας νηπίους, γυναῖκας, πρεσβύτας ἐφόνευον, οὐδεμίαν συμπάθειαν λαμβάνοντες. [3] ἠκρωτηρίαζον δὲ καὶ τοὺς νεκροὺς κατὰ τὸ πάτριον ἔθος, καὶ τινὲς μὲν χεῖρας ἀθρόας περιέφερον τοῖς σώμασι, τινὲς δὲ κεφαλὰς ἐπὶ τῶν γαίσων καὶ τῶν σαυνίων ἀναπείροντες ἔφερον. ὅσας δὲ τῶν γυναικῶν μετὰ τέκνων εἰς τοὺς ναοὺς συμπεφευγυίας κατελάμβανον παρεκελεύοντο μὴ φονεύειν, καὶ ταύταις μόναις πίστιν ἔδοσαν. [4] Τοῦτο δ' ἔπραξαν οὐ τοὺς ἀκληροῦντας ἐλεοῦντες, ἀλλ' εὐλαβούμενοι, μήποτε τὴν σωτηρίαν αἱ γυναῖκες ἀπογνοῦσαι κατακαύσωσι τοὺς ναούς, καὶ μὴ δυνηθῶσι συλῆσαι τὴν ἐν αὐτοῖς καθιερωμένην πολυτέλειαν [5] τοσοῦτο γὰρ ὠμότητι διέφερον οἱ βάρβαροι τῶν ἄλλων ὥστε τῶν λοιπῶν ἕνεκα τοῦ μηδὲν ἀσεβεῖν εἰς τὸ δαιμόνιον διασωζόντων τοὺς εἰς τὰ ἱερὰ καταπεφευγότας Καρχηδόνιοι τοὐναντίον ἀπέσχοντο τῶν πολεμίων, ὅπως τοὺς τῶν θεῶν ναοὺς συλήσειαν. [6] ἤδη δὲ νυκτὸς οὔσης ἡ μὲν πόλις διήρπαστο, τῶν δ' οἰκιῶν αἱ μὲν κατεκαύθησαν, αἱ δὲ κατεσκάφησαν, πᾶς δ' ἦν τόπος αἵματος καὶ νεκρῶν πλήρης. ἑξακισχίλια μὲν πρὸς τοῖς μυρίοις εὑρέθη σώματα πεπτωκότα καὶ χωρὶς αἰχμάλωτα συνήχθη πλείω τῶν πεντακισχιλίων · Enfin, la ville étant absolument prise, on n'entendit plus que des gémissements affreux de la part des Grecs et des cris de victoire et d'allégresse du côté des Barbares. Les premiers sans défense ne voyaient devant eux que la mort et les vainqueurs rendus féroces par leur succès, ne respiraient que le meurtre. Les Selinuntins ramassés dans la place publique, ayant tenté là quelque espèce de résistance, furent égorgés jusqu'au dernier : aussitôt après les Carthaginois se répandirent dans toutes les rues et entrant dans les maisons, ils en enlevaient toutes les richesses et tuaient tous ceux qu'ils y rencontraient. Revenant dans les rues, ils massacraient impitoyablement tout ce qui s'offrait à eux, sans distinction de rang, d'âge ou de sexe, enfants, jeunes hommes, femmes et vieillards. Quelques-uns coupaient les extrémités des membres aux morts, selon la coutume de leur pays et portaient plusieurs mains pendues à leurs ceintures : d'autres avaient mis des têtes coupées sur la pointe de leurs lances. Ils défendirent pourtant de tuer les femmes et les enfants qui s'étaient réfugiés dans les temples, et ce fut là l'unique exception que se permit leur cruauté. Cette réserve ne paraît pas néanmoins d'un principe d'humanité ou de religion : mais ils craignirent que si ces femmes et ces enfants n'espéraient pas de trouver leur salut dans ces asiles, ils n'y missent eux-mêmes le feu pour s'ensevelir dans leurs ruines ; et ils voulaient s'en conserver le pillage d'où ils espéraient de tirer de grandes richesses. Car l'impiété de cette nation allait au point, qu'au lieu que les autres barbares épargnent; par respect pour les dieux, ceux qui se réfugient dans leurs temples, les Carthaginois n'épargnaient le sang humain, que pour violer plus sûrement les demeures consacrées aux dieux. À la fin du jour toute la ville avait été pillée, toutes les maisons brûlées ou abattues et tout le sol était couvert de sang et de morts. On trouva plus de seize mille cadavres, et l'on emmena plus de cinq mille esclaves.
LVIII. θεωροῦντες δὲ τὴν τοῦ βίου μεταβολὴν οἱ τοῖς Καρχηδονίοις ῞Ελληνες συμμαχοῦντες ἠλέουν τὴν τῶν ἀκληρούντων τύχην. Αἱ μὲν γυναῖκες ἐστερημέναι τῆς συνήθους τρυφῆς ἐν πολεμίων ὕβρει διενυκτέρευον, ὑπομένουσαι δεινὰς ταλαιπωρίας · ὧν ἔνιαι θυγατέρας ἐπιγάμους ὁρᾶν ἠναγκάζοντο πασχούσας οὐκ οἰκεῖα τῆς ἡλικίας. [2] ἡ γὰρ βαρβάρων ὠμότης οὔτε παίδων ἐλευθέρων οὔτε παρθένων φειδομένη δεινὰς τοῖς ἠτυχηκόσι παρίστα συμφοράς. Διόπερ αἱ γυναῖκες ἀναλογιζόμεναι μὲν τὴν ἐν τῇ Λιβύῃ μέλλουσαν αὑταῖς ἔσεσθαι δουλείαν, θεωροῦσαι δ' αὑτὰς ἅμα τοῖς τέκνοις ἐν ἀτιμίᾳ καὶ προπηλακισμῷ δεσποτῶν ἀναγκαζομένας ὑπακούειν, τούτους δ' ὁρῶσαι ἀσύνετον μὲν τὴν φωνήν, θηριώδη δὲ τὸν τρόπον ἔχοντας, τὰ μὲν ζῶντα τῶν τέκνων ἐπένθουν, καὶ καθ' ἕκαστον τῶν εἰς ταῦτα παρανομημάτων οἱονεὶ νυγμοὺς εἰς τὴν ψυχὴν λαμβάνουσαι περιπαθεῖς ἐγίνοντο καὶ πολλὰ τὴν ἑαυτῶν τύχην κατωδύροντο · τοὺς δὲ πατέρας, ἔτι δὲ ἀδελφούς, οἳ διαγωνιζόμενοι περὶ τῆς πατρίδος ἐτετελευτήκεισαν, ἐμακάριζον, οὐθὲν ἀνάξιον ἑωρακότας τῆς ἰδίας ἀρετῆς. [3] οἱ δὲ τὴν αἰχμαλωσίαν διαφυγόντες Σελινούντιοι, τὸν ἀριθμὸν ὄντες ἑξκόσιοι πρὸς τοῖς δισχιλίοις, διεσώθησαν Εἰς ᾿Ακράγαντα καὶ πάντων ἔτυχον τῶν φιλανθρώπων · οἱ γὰρ ᾿Ακραγαντῖνοι σιτομετρήσαντες αὐτοῖς δημοσίᾳ διέδωκαν κατὰ τὰς οἰκίας παρακελευσάμενοι τοῖς ἰδιώταις καὶ αὐτοῖς προθύμοις οὖσι χορηγεῖν τὰ πρὸς τὸ ζῆν ἅπαντα. Les Grecs qui servaient dans les troupes des Carthaginois étaient sensiblement touchés de cette désolation. Car les femmes séparées de tous ceux qu'elles pouvaient connaître, passèrent cette nuit au milieu des insultes des soldats, et en craignaient toujours de plus grandes. Quelques-unes voyaient leurs filles prêtes à marier exposées à des traitements qui n'étaient ni de leur condition, ni de leur âge : car les barbares qui ne distinguaient ni l'un ni l'autre sexe, ni les personnes libres, ni celles qui étaient nées esclaves, ne leur laissaient que trop entrevoir ce qu'elles auraient à souffrir dans leur captivité. Aussi les mères qui prévoyaient tous les malheurs qui les attendaient dans la Libye, sentaient tout le poids des humiliations et des mauvais traitements qu'elles allaient essuyer avec leurs filles, sous des maîtres, dont la physionomie sauvage et la voix féroce les faisaient trembler d'avance. Elles pleuraient leurs enfants vivants et éprouvant au fond de l'âme le contre-coup de tous les mauvais traitements qu'on leur faisait, dès lors, elles se plongeaient dans une désolation, dont la cause se renouvelait sans cesse. Au contraire, elles félicitaient leurs pères, leurs frères, leurs maris qui étaient morts en combattant pour la patrie et avant que d'avoir essuyé les affronts auxquels elles se voyaient livrées. Il n'y eut que deux mille six cents Selinuntins qui furent assez heureux pour se sauver à Agrigente, où ils trouvèrent autant d'amis et de bienfaiteurs que de citoyens. Car les Agrigentins, en conséquence d'un décret public , partagèrent avec eux leur propre blé qu'ils leur faisaient distribuer par mesure en chaque maison, recommandant outre cela à tous les particuliers de leur fournir tous les besoins et toutes les commodités de la vie à quoi ils s'étaient déjà portés d'eux-mêmes. |