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 Athénée : les deipnosophistes 

De l'amour

Livre XIII

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Harpalus et Pythionicé

 

67. ῞Αρπαλος δ' ὁ Μακεδὼν ὁ τῶν ᾿Αλεξάνδρου πολλὰ χρημάτων συλήσας καὶ καταφυγὼν εἰς ᾿Αθήνας ἐρασθεὶς Πυθιονίκης πολλὰ εἰς αὐτὴν κατανάλωσεν ἑταίραν οὖσαν · καὶ ἀποθανούσῃ πολυτάλαντον μνημεῖον κατεσκεύασεν· « κφέρων τε αὐτὴν ἐπὶ τὰς ταφάς, ὥς φησι Ποσειδώνιος ἐν τῇ δευτέρᾳ καὶ εἰκοστῇ τῶν ῾Ιστοριῶν, τεχνιτῶν τῶν ἐπιστημοτάτων χορῷ μεγάλῳ καὶ παντοίοις ὀργάνοις καὶ συμφωνίαις παρέπεμπε τὸ σῶμα. » Δικαίαρχος δ' ἐν τοῖς περὶ τῆς εἰς Τροφωνίου Καταβάσεώς φησι· « Ταὐτὸ δὲ πάθοι τις ν ἐπὶ τὴν ᾿Αθηναίων πόλιν ἀφικνούμενος κατὰ τὴν ἀπ' ᾿Ελευσῖνος τὴν ἱερὰν ὁδὀν καλουμένην. Καὶ γὰρ ἐνταῦθα οὗ ν φανῇ τὸ πρῶτον ὁ τῆς ᾿Αθηνᾶς ἀφορώμενος νεώς καὶ τὸ πόλισμα, ὄψεται παρὰ τὴν ὁδὸν αὐτὴν ῴκοδομήμενον μνῆμα οἷον οὐχ ἕτερον οὐδὲ σύνεγγυς οὐδέν ἐστι τῷ μεγέθει. Τοῦτο δὲ τὸ μὲν πρῶτον, ὅπερ εἰκός, ἢ Μιλτιάδου φήσειεν <ν> σαφῶς ἢ Περικλέους ἢ Κίμωνος ἢ τινος ἑτέρου τῶν ἀγαθῶν ἀνδρῶν εἶναι <καὶ> μάλιστα μὲν ὑπὸ τῆς πόλεως δημοσίᾳ κατεσκευασμένον, εἰ δὲ μή, δεδομένον κατασκευάσασθαι. Πάλιν δ' ὅταν ἐξετάσῃ Πυθιονίκης τῆς ἑταίρας ὄν, τίνα χρή προσδοκίαν λαβεῖν αὐτόν; » Θεόπομπος δ' ἐν τῇ πρὸς ᾿Αλέξανδρον ᾿Επιστολῇ τὴν ῾Αρπάλου διαβάλλων ἀκολασίαν φησίν· « πίσκεψαι δἐ καὶ διάκουσον σαφῶς παρὰ τῶν ἐκ Βαβυλῶνος ὃν τρόπον Πυθιονίκην περιέστειλεν τελευτήσασαν. βακχίδος μὲν ἦν δούλη τῆς αὐλητρίδος, ἐκείνη δὲ Σινώπης τῆς Θρᾳττης τῆς ἐξ Αἰγίνης ᾿Αθήναζε μετενεγκαμένης τὴν πορνείαν · ὥστε γίνεσθαι μὴ μόνον τρίδουλον, ἀλλὰ καὶ τρίπορνον αὐτήν. ᾿Απὸ πλειόνων δὲ ταλάντων ἢ διακοσίων δύο μνήματα κατεσκεύασεν αὐτῆς · ὃ καὶ πάντες ἐθαύμαζον, ὅτι τῶν μὲν ἐν Κιλικίᾳ τελευτησάντων ὑπὲρ τῆς σῆς βασιλείας καὶ τῆς τῶν ῾Ελλήνων ἐλευθερίας οὐδέπω νῦν οὔτε ἐκεῖνος οὔτ' ἄλλος οὐδεὶς τῶν ἐπιστατῶν κεκόσμηκε τὸν τάφον, Πυθιονίκης δὲ τῆς ἑταίρας φανήσεται τὸ μὲν ᾿Αθήνησι, τὸ δ' ἐν Βαβυλῶνι μνῆμα πολὺν ἤδη χρόνον ἐπιτετελεσμένον. ν γὰρ πάντες ᾔδεσαν ὀλίγης δαπάνης κοινὴν τοῖς βουλομένοις γιγνομένην, ταύτης ἐτόλμησεν ὁ φίλος εἶναι σοῦ φάσκων ἱερὸν καὶ τέμενος ἱδρύσασθαι καὶ προσαγορεῦσαι τὸν ναὸν καὶ τὸν βωμὸν Πυθιονίκης ᾿Αφροδίτης, ἃμα τῆς τε παρὰ θεῶν τιμωρίας καταφρονῶν καὶ τὰς σὰς τιμὰς προπηλακίζειν ἐπιχειρῶν. » Μνημονεύει τούτων καὶ Φιλήμων ἐν Βαβυλωνίῳ·
Βασίλισσ' ἔσῃ Βανυλῶνος, ν οὕτω τύχῃ·
τὴν Πυθιονίκην οἶσθα καὶ τὸν ῞Αρπαλον.

Μνημονεύει δ' αὐτῆς καὶ ῎Αλεξις ἐν Λυκίσκῳ.

67. 

Harpalos, le Macédonien, qui avait détourné les richesses d'Alexandre avant de trouver refuge à Athènes, fut éperdument amoureux de Pythionicé, au point qu'il dilapida des fortunes rien que pour elle. C'était une courtisane. Quand elle mourut, il lui fit élever un monument fort coûteux. A ce sujet, relisons ce passage tiré du vingt-deuxième livre des Histoires de Posidonios  :

 

« En l'accompagnant au cimetière, il suivit le corps de sa bien-aimée, escorté par un chœur d'artistes talentueux, où l'on jouait toutes sortes d'instruments avec une belle harmonie. »

 

Quant à Dicéarque, dans sa Descente dans la caverne de Trophonios, il rapporte ceci :

 

« On aurait la même sensation en arrivant à Athènes par la route d'Eleusis, ce chemin qu'on appelle "route sacrée". En faisant un arrêt à l'endroit précis où l’on aperçoit le temple d'Athéna et la citadelle, on remarquera, sur le bord de la route, un monument, qui, par son aspect grandiose, est sans égal dans la région. A première vue, on pourrait croire qu'il s'agit là, tout naturellement, d'un monument élevé à la gloire de Miltiade, de Périclès, de Cimon, ou de tout autre personnage prestigieux, et qu'il a été élevé aux frais de l'Etat, ou tout au moins avec sa permission. Mais, quand on y regarde de plus près, on se rend compte que c'est un monument à la courtisane Pythionicé : décidément, on aura tout vu ! »

 

Théopompe, dénonçant dans sa Lettre à Alexandre la corruption d’Harpalos, dit ceci :

 

« Va t'informer auprès des espions babyloniens pour savoir de quelle façon il procéda aux funérailles de Pythionicé, après sa mort. Elle était l'esclave de la joueuse de flûte Bacchis, une femme qui fut elle-même au service de Sinopé de Thrace, une prostituée qui transféra de d'Egine à Athènes son commerce infect. Ainsi donc, Pythionicé était, non seulement triplement esclave, mais aussi triplement putain.

Sachez qu'avec plus de deux cents talents, Harpalos fit ériger deux monuments rien que pour elle. C'est une chose qui ne manque pas de sel quand on sait que, pour les hommes morts en Cilicie pour défendre ton royaume et la liberté de la Grèce, aucun de tes intendants n’a encore eu l’idée de construire un quelconque mausolée. Or, sache que depuis longtemps déjà, la courtisane Pythionicé possède, rien que pour elle, un double monument, l'un à Athènes, l'autre à Babylone.
Nous avons affaire à une femme qui a offert ses charmes à tout le monde et pour un prix modique. Et c'est pour cette créature qu'il a eu le toupet, lui, qui se prétend ton ami, d'élever un mausolée et un sanctuaire et de lui donner le nom d'Aphrodite Pythionicé. Par cette action, il a montré son mépris à l'égard des dieux et souillé la fonction que tu lui as confiée. »

 

Ces femmes sont aussi mentionnées par Philémon dans son Babylonien :

 

« Vous serez reine de Babylone, si la chance vous sourit : n'avez-vous pas entendu parler de Pythionicé et d'Harpalos. »

 

Alexis parle d'elle encore dans Lykiskos.

HARPALUS.

XXX. Peu de temps après, Harpalus, à qui l'amour du luxe avait fait commettre de grandes malversations , et qui craignait la colère d'Alexandre, devenu redoutable à ses amis mêmes, abandonna ce prince, et s'en alla d'Asie à Athènes. Il venait implorer la protection de cette ville et se remettre à la discrétion du peuple avec ses richesses et ses vaisseaux. Les autres orateurs, éblouis par l'éclat de son or, se déclarèrent pour lui et conseillèrent aux Athéniens d'admettre sa demande et de le protéger. Démosthène ouvrit sur-lechamp l'avis de renvoyer Harpalus, de peur d'attirer sur leur ville une guerre dangereuse pour un sujet injuste et sans aucune nécessité. Peu de jours après, comme on faisait l'inventaire des richesses d'Harpalus, il s'aperçut que Démosthène considérait avec plaisir une coupe du roi, dont il admirait la forme et le travail ; il pria cet orateur de la prendre dans ses mains pour juger de ce qu'il y avait d'or. Démosthène, étonné de son poids, lui demanda de combien elle était: « Elle est de vingt talents, » lui répondit Harpalus en souriant; et le soir même, à l'entrée de la nuit, il lui envoya la coupe avec vingt talents : tant Harpalus était habile à juger, par l'épanouissement du visage et par la vivacité des regards, du caractère d'un homme et de son amour pour l'argent! Démosthène ne résista point à cet appât: frappé de ce présent comme s'il eût reçu une garnison chez lui, il soutint les intérêts d'Harpalus, et se rendit le lendemain à l'assemblée, le cou tout enveloppé de laine et de bandelettes. Le peuple lui ayant ordonné de se lever et de dire son avis, il signe fit qu’il avait une extinction de voix. Quelques plaisants le raillèrent sur cette prétendue maladie, et dirent que leur orateur avait été pris la nuit, non d'une esquinancie , mais d'une argyrancie.
XXXI. Le lendemain , tout le monde sut le présent que lui avait fait Harpalus; et Démosthène ayant voulu parler pour sa défense, le peuple refusa de l'écouter; il commençait même à faire beaucoup de mouvement et à témoigner son indignation, lorsqu'un plaisant s'étant levé dans l'assemblée: « Athéniens, dit-il, refuserez-vous d'écouter celui qui tient la coupe ? » Le peuple obligea Harpalus de sortir de la ville; et craignant qu'Alexandre ne demandât compte des richesses que les orateurs avaient pillées, on en fit une recherche sévère dans leurs maisons, excepté dans celle de Calliclès, fils d'Arrhénidas , qu'on respecta , dit Théopompe, parce qu'il venait de se marier, et que la nouvelle épouse était dans sa maison. Démosthène, croyant en imposer, proposa lui-même un décret qui chargeait l'aréopage d'informer de cette affaire et de punir tous ceux qui seraient convaincus de s'être laissé corrompre. Il se présenta donc à ce tribunal; mais il fut le premier que le sénat trouva coupable, et qu'il condamna à une amende de cinquante talents; la sentence le constituait prisonnier jusqu'à ce qu'il eût payé cette somme.

Plutarque, Vie de Démostène.

Quelque temps avant la journée d'Issus, les conseils d'un homme pervers, de Tauriscus, qui finit ses jours en Italie auprès d'Alexandre, roi des Épirotes, entraînèrent Harpalus dans sa défection. Retiré à Mégare, Harpalus, sur la promesse qu'Alexandre lui donna d'oublier le passé, retourna vers lui. Loin d'en recevoir aucun mauvais traitement, il fut rétabli dans sa charge.

ARRIEN,  III

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