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 Athénée : les deipnosophistes 

De l'amour

Livre XIII

texte français seul mis en page par Philippe Renault

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Livre XIII

Les plus belles filles du monde.

 

89. ᾿Επὶ κάλλει δὲ - « ἔτι γὰρ γέρων ἀοιδὸς κελαδεῖ Μναμοσύναν » κατὰ Εὐριπίδην - διαβόητοι γεγόνασι γυναῖκες. Θαργηλία ἡ Μιλησία, ἥτις καὶ τεσσαρεσκαίδεκα ἀνδράσιν ἐγαμήθη, οὖσα καὶ τὸ εἶδος πάνυ καλὴ καὶ σοφή, ὥς φησιν ῾Ιππίας ὁ σοφιστὴς ἐν τῷ ἐπιγραφομένῳ Συναγωγή. Δίνων δ' ἐν τῇ πέπτῃ τῶν Περσικῶν τῆς πρώτης συντάξεώς φησιν ὅτι ἡ Βαγαβάζου γυνή, ἥτις ἦν ὁμοπάτριος Ξέρξου ἀδελφή, ὄνομα ᾿Ανοῦτις, καλλίστη ἦν τῶν ἐν τῇ ᾿Ασίᾳ γυναικῶν καὶ ἀκολαστοτάτη. Φύλαρχος δὲ ἐν τῇ ἐννεακαιδεκάτῃ Τιμῶσάν φησι τὴν ᾿Οξυάρτου παλλακίδα πάσας γυναῖκας ὑπερβεβληκέναι κάλλει. Ταύτην δ' ἀπεστάλκει δῶρον ὁ τῶν Αἰγυπτίων βασιλεὺς Στρατίρᾳ τῇ βασιλέως γυναικί. Θεόπομπος δὲ ἐν τῇ ἕκτῃ καὶ πεντηκοστῇ τῶν ῾Ιστοριῶν Ξενοπείθειαν τὴν Λυσανδρίδου μητέρα πασῶν τῶν κατὰ Πελοπόννησον γυναικῶν γεγονέναι καλλίονα ἀπέκτειναν δὲ αὐτὴν Λακεδαιμόνιο καὶ τὴν ἀδελφὴν αὐτῆς Χρύσην, ὅτε καὶ τὸν Λυσανδρίδαν ἐχθρὸν ὄντα ᾿Αγησίλαος ὁ βασιλεὺς καταστασιάτας φυγαδευθῆναι ἐποίησεν ὑπὸ Λακεδαιμονίων. Καλλίστη δ' ἦν καὶ Παντίκα ἡ Κυπρία, περὶ ἧς φησι Φύλαρχος ἐν τῇ δεκάτῃ τῶν ῾Ιστοριῶν ὅτι παρ' ᾿Ολυμπιάδι οὖσαν τῇ ᾿Αλεξάνδρου μητρὶ ᾔτει πρὸς γάμον Μόνιμος ὁ Πυθίωνος. Καὶ ἐπει ἦν ἀκόλαστος ἡ γυνή, ἔφη ἡ ᾿Ολυμπίας· « πόνηρε, τοῖς ὀφθαλμοῖς γαμεῖς καὶ οὐ τῷ νῷ. »  
Καὶ τὴν καταγαγοῦσαν δὲ Πεισίστρατον ἐπὶ τὴν τυραννίδα, ὡς ᾿Αθηνᾶς πειραν εἶδος ἔχουσαν, καλήν φησι γεγονέναι, ἥτις καὶ τῇ θεῷ εἶκαστο τὴν μορφήν. Στεφανόπωλις δ' ἦν· καὶ αὐτὴν ἐξέδωκε πρὸς γάμου κοινωνίαν ὁ Πεισίστρατος ῾Ιππάρχῳ τῷ υἱῷ, ὡς Κλείδημος ἱστορεῖ ἐν η' Νόστων. «᾿Εξέδωκεν δἐ καὶ ῾Ιππάρχῳ τῷ υἱεῖ τὴν παραιβατήσασαν αὑτῷ γυναῖκα Φύην τὴν Σωκράτους θυγατέρα, καὶ Χάρμου τοῦ πολεμαρχήσαντος θυγατέρα ἔλαβεν ῾Ιππίᾳ περικαλλεστάτην οὖσαν τῷ μετ' αὐτὸν τυραννεύσαντι. Συνέβη δέ ὥς φησι, τὸν Χάρμον ἐραστὴν τοῦ ῾Ιππίου γενέσθαι καὶ τὸν πρὸς ᾿Ακαδημίᾳ ῎Ερωτα ἱδρύσασθαι πρῶτον, ἐφ' οὗ ἐπιγέγραπται·
Ποικιλομήχαν' ῎Ερως, σοὶ τόνδ' ἱδρύσατο βωμὸν
Χάρμος ἐπὶ σκιεροῖς τέρμασι γυμνασίου. »

῾Ησίοδος δ' ἐν τρίτῳ Μελαμποδίας τὴν ἐν Εὐβοίᾳ Χαλκίδα καλλιγύναικα εἶπεν. Εὐπρεπεῖς γὰρ αὐτόθι γίγνονται γυναῖκες, ὡς καὶ Θεόφραστος εἴρηκεν. Καὶ Νυμφόδωρος δ' ἐν τῷ τῆς ᾿Ασίας Περίπλῳ καλλίονάς φησι γίνεσθαι γυναῖκας τῶν πανταχοῦ γυναικῶν ἐν Τενέδῳ τῇ Τρωικῇ νήσῳ.

 

89. Bien des femmes ont acquis la célébrité grâce à leur beauté : je ne le nie pas, au contraire ! Euripide n’a-t-il pas dit qu’un poète, même vieux, sait encore dignement les honorer ?
   Parmi ces femmes superbes, je rappellerai Thargélia de Milet, qui se maria pas moins de quatorze fois, et dont la beauté était légendaire, s’il faut en croire le sophiste Hippias dans son Répertoire.
   Dinon, dans le cinquième livre de son Histoire de la Perse, affirme au début de son ouvrage, qu’Anoutis, l'épouse de Bagabaze, demi-sœur de Xerxès – ils eurent le même père - était la plus belle femme de l’Asie, mais aussi la plus débauchée.
   Quant à Phylarchos, il déclare dans son dix-neuvième livre, que Timosa, la concubine d'Oxyartès, surpassa toutes les autres femmes en beauté. Elle avait été offerte gracieusement par le roi d'Égypte à Statira, l'épouse royale.
   Théopompe, au cinquante-sixième livre de ses Histoires, prétend que Xénopeithéia, la mère de Lysandridas, était considérée comme la plus belle femme du Péloponnèse. Mais les Lacédémoniens la supplicièrent avec sa sœur Chrysé lorsque le roi Agésilas, à la suite d’une sédition, détrôna et bannit Lysandridas, son ennemi politique.
  
Très belle aussi était Pantica de Chypre. Phylarchos rapporte à son sujet, dans le dixième livre de son Histoire, qu’elle vivait à la cour d'Olympias, mère d'Alexandre, quand elle fut demandée en mariage par Monimos, le fils de Pythion. Comme cette femme n’était pas d’une moralité exemplaire, Olympias lança à Monimos : 

« Pauvre imbécile, tu te maries avec tes yeux et non avec ta raison. » 

   N’oublions pas d’évoquer celle qui ramena Pisistrate à la tyrannie, dont la beauté et les formes admirables, selon Phylarchos, la faisaient comparer à Athéna. Ce n’était pourtant qu’une marchande de fleurs ; et Pisistrate la donna en mariage à son fils Hipparque, d’après Cléidémos, dans le huitième livre de ses Retours :

« À son fils Hipparque, il offrit la main de sa propre maîtresse, Phyé, la fille de Socrate, et à Hippias, qui fut tyran à son tour, il donna la fille de l'ancien polémarque Charmos, une fort belle femme,. Or il advint que ce Charmos tomba amoureux d'Hippias, tant et si bien qu’il fut le premier à ériger, non loin de l'académie, un Éros, sur le socle duquel furent inscrits ces vers : 

« Éros aux ruses multiples, Charmos t’a élevé cet autel à la lisière ombragée de la palestre. » 

   Hésiode, dans le troisième livre de sa Mélampodie, assure que Chalcis d’Eubée recèle les femmes les plus charmantes de Grèce. Je n’en doute point : les femmes de cette cité ont un port majestueux. Théophraste en était aussi convaincu.
   Pour continuer sur le même sujet, Nymphodoros prétend dans sa Description de l’Asie qu’à Ténédos, une ville située aux environs de Troie, les femmes sont plus belles qu’ailleurs. 
 

LX. Ce fut ainsi que Pisistrate pour la première fois se rendit maître d'Athènes, et qu'il fut dépouillé de la tyrannie, qui n'avait pas encore eu le temps de jeter de profondes racines. Ceux qui l'avaient chassé renouvelèrent bientôt après leurs anciennes querelles. Mégaclès, assailli de toutes parts par la faction contraire, fit proposer par un héraut à Pisistrate de le rétablir, s'il voulait épouser sa fille. Pisistrate accepta ses offres ; et, s'étant engagé à remplir cette condition, il imagina, de concert avec Mégaclès, pour son rétablissement, un moyen d'autant plus ridicule, à mon avis, que dès la plus haute antiquité les Hellènes ont été distingués des barbares comme plus adroits et plus éloignés de la sotte bonhomie ; et que les auteurs de cette trame avaient affaire aux Athéniens, peuple qui a la réputation d'être le plus spirituel de la Grèce. Il y avait à Paeania, bourgade de l'Attique, une certaine femme, nommée Phya (34), qui avait quatre coudées de haut moins trois doigts (35), et d'ailleurs d'une grande beauté. Ils armèrent cette femme de pied en cap ; et, l'ayant fait monter sur un char, parée de tout ce qui pouvait relever sa beauté, ils lui firent prendre le chemin d'Athènes. Ils étaient précédés de hérauts qui, à leur arrivée dans la ville, se mirent à crier, suivant les ordres qu'ils avaient reçus : « Athéniens, recevez favorablement Pisistrate ; Minerve, qui l'honore plus que tous les autres hommes, le ramène elle-même dans sa citadelle. » Les hérauts allaient ainsi de côté et d'autre, répétant la même injonction. Aussitôt le bruit se répand que Minerve ramenait Pisistrate. Les bourgades en sont, imbues, la ville ne doute pas que cette femme ne soit la déesse. On lui adresse des voeux, on reçoit le tyran de sa main.

(34) Cette Phya était fille d'un nommé Socrates, et vendait des couronnes. Pisistrate la maria à son fils Hipparque, comme le raconte Clidémus, au huitième livre des Retours. Elle fut accusée de crime d'État, après qu'on eut chassé Pisistrate. J'aurais pu, dit le dénonciateur, l'accuser aussi d'impiété pour avoir représenté Minerve d'une manière impie. (L.)

Hérodote, Clio

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