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Appien, guerres civiles

livre II

Comparaison entre César et Alexandre

ΧΧΙ.[149] Οὕτω μὲν δὴ Γάιος Καῖσαρ ἐτελεύτησεν ἐν ἡμέραις αἷς καλοῦσιν εἰδοῖς Μαρτίαις, ᾿Ανθεστηριῶνος μάλιστα μέσου, ἥν τινα ἡμέραν αὐτὸν ὁ μάντις οὐ περιοίσειν προύλεγεν· ὁ δ' ἐπισκώπτων αὐτὸν ἔφη περὶ τὴν ἕω· "πάρεισιν αἱ εἰδοί." καὶ ὁ μὲν οὐδὲν καταπλαγεὶς ἀπεκρίνατο· "ἀλλὰ οὐ παρεληλύθασιν," ὁ δὲ καὶ τοιῶνδε προαγορεύσεων αὐτῷ σὺν τοσῷδε τοῦ μάντεως θάρσει γενομένων καὶ σημείων ὧν προεῖπον ἑτέρων ὑπεριδὼν προῆλθε καὶ ἐτελεύτησεν, ἔτος ἄγων ἕκτον ἐπὶ πεντήκοντα, ἀνὴρ ἐπιτυχέστατος ἐς πάντα καὶ δαιμόνιος καὶ μεγαλοπράγμων καὶ εἰκότως ἐξομοιούμενος ᾿Αλεξάνδρῳ. ἄμφω γὰρ ἐγενέσθην φιλοτιμοτάτω τε πάντων καὶ πολεμικωτάτω καὶ τὰ δόξαντα ἐπελθεῖν ταχυτάτω πρός τε κινδύνους παραβολωτάτω καὶ τοῦ σώματος ἀφειδεστάτω καὶ οὐ στρατηγίᾳ πεποιθότε μᾶλλον ἢ τόλμῃ καὶ τύχῃ. ὧν ὁ μὲν ἄνυδρόν τε πολλὴν ἐς ῎Αμμωνος ὥδευεν ὥρᾳ καύματος, καὶ τὸν Παμφύλιον κόλπον τῆς θαλάσσης ἀνακοπείσης διέτρεχε δαιμονίως, καὶ τὸ πέλαγος αὐτῷ τοῦ δαίμονος κατέχοντος, ἔστε παρέλθοι, καὶ καθ' ὁδὸν ὁδεύοντι ὕοντος. ἀπλώτου τε θαλάσσης ἐν ᾿Ινδοῖς ἀπεπείρασε, καὶ ἐπὶ κλίμακα πρῶτος ἀνέβη καὶ ἐς πολεμίων τεῖχος ἐσήλατο μόνος καὶ τρισκαίδεκα τραύματα ὑπέστη. καὶ ἀήττητος αἰεὶ γενόμενος ἑνὶ σχεδὸν ἢ δύο ἔργοις ἕκαστον πόλεμον ἐξήνυσε, τῆς μὲν Εὐρώπης πολλὰ βάρβαρα ἑλὼν καὶ τὴν ῾Ελλάδα χειρωσάμενος, δυσαρκτότατον ἔθνος καὶ φιλελεύθερον καὶ οὐδενὶ πρὸ αὐτοῦ πλην Φιλίππῳ κατ' εὐπρέπειαν ἐς ἡγεμονίαν πολέμου δόξασαν ὑπακούειν ἐπ' ὀλίγον· τὴν δὲ ᾿Ασίαν σχεδὸν εἰπεῖν ὅλην ἐπέ δραμε. καὶ ὡς λόγῳ τὴν ᾿Αλεξάνδρου τύχην καὶ δύναμιν εἰπεῖν, ὅσην εἶδε γῆν, ἐκτήσατο καὶ περὶ τῆς λοιπῆς ἐνθυμούμενός τε καὶ διανοούμενος ἀπέθανε.

149 Ainsi périt Caius César, le jour que les Romains appellent « ides » de mars, à peu près au milieu du mois d'anthéstérion, jour auquel un devin lui avait prédit qu'il ne survivrait pas ; César lui dit en raillant le matin : « Elles sont là, les ides ! », à quoi le précédent, sans se démonter, répliqua : « Mais elles ne sont pas passées. » Toutefois César, méprisant ces prédictions, malgré l'assurance avec laquelle le devin les lui adressait, ainsi que les autres présages dont j'ai parlé, s'en alla et périt, à l'âge de cinquante-six ans. Il était le favori du succès dans toutes ses entreprises, un être surhumain, un homme de grands desseins et que l'on peut comparer à Alexandre. Tous deux étaient, en effet, les plus ambitieux et les plus belliqueux qui fussent, très rapides à prendre leurs décisions, très intrépides face aux dangers, ménageant très peu leur corps, et tous deux comptant moins sur des calculs stratégiques que sur leur audace et leur bonne fortune. Le premier d'entre eux traversa un grand désert pour aller au temple d'Ammon pendant la canicule, et il franchit avec l'aide d'un dieu, en courant, le golfe de Pamphylie, à un moment où la mer s'en était retirée, et le dieu retint les eaux pour lui jusqu'à ce qu'il fût passé ; il fit aussi pleuvoir pendant sa traversée du désert. Aux Indes, Alexandre traversa une mer inconnue ; il monta aussi le premier à l'échelle sur un rempart ennemi, en descendit seul et reçut treize blessures. Et, restant toujours invaincu, il termina chaque guerre en une ou deux opérations ; il soumit de nombreuses nations barbares d'Europe et se rendit maître des Grecs, peuple extrêmement difficile à gouverner, épris de liberté et qui n'avait accepté d'obéir à personne avant lui, si ce n'est à Philippe, pour peu de temps, par convenance, pour la direction d'une guerre ; quant à l'Asie, il l'envahit pour ainsi dire tout entière. Pour définir en un mot la bonne fortune et la puissance d'Alexandre, il conquit toutes les terres qu'il avait vues, et c'est en projetant et concevant la conquête des autres qu'il mourut.

[150] Καίσαρι δὲ ἥ τε ᾿Ιόνιος θάλασσα εἶξε, χειμῶνος μέσου πλωτὴ καὶ εὔδιος γενομένη, καὶ τὸν ἑσπέριον ὠκεανὸν ἐπὶ Βρεττανοὺς διέπλευσεν οὔπω γενόμενον ἐν πείρα, κρημνοῖς τε τῶν Βρεττανῶν τοὺς κυβερνήτας ἐποκέλλοντας ἐκέλευε τὰς ναῦς περιαγνύναι. καὶ πρὸς ἄλλον κλύδωνα μόνος ἐν σκάφει σμικρῷ νυκτὸς ἐβιάζετο καὶ τὸν κυβερνήτην ἐκέλευε προχέαι τὰ ἱστία καὶ θαρρεῖν τῇ Καίσαρος τύχῃ μᾶλλον ἢ τῇ θαλάσσῃ. ἔς τε πολεμίους προεπήδησε μόνος ἐκ πάντων δεδιότων πολλάκις, καὶ τριακοντάκις αὐτὸς ἐν Κελτοῖς μόνοις παρετάξατο, μέχρι τετρακόσια αὐτῶν ἐχειρώσατο ἔθνη, οὕτω δή τι ῾Ρωμαίοις ἐπίφοβα, ὡς νόμῳ τῷ περὶ ἀστρατείας ἱερέων καὶ γερόντων ἐγγραφῆναι 'πλὴν εἰ μὴ Κελτικὸς πόλεμος ἐπίοι'. τότε δὲ καὶ γέροντας καὶ ἱερέας στρατεύεσθαι. περί τε τὴν ᾿Αλεξάνδρειαν πολεμῶν καὶ ἀποληφθεὶς ἐπὶ γεφύρας μόνος καὶ κακοπαθῶν τὴν πορφύραν ἀπέρριψε καὶ ἐς τὴν θάλασσαν ἐξήλατο καὶ ζητούμενος ὑπὸ τῶν πολεμίων ἐν τῷ μυχῷ διενήχετο λανθάνων ἐπὶ πολύ, μόνην ἐκ διαστήματος ἀνίσχων τὴν ἀναπνοήν, μέχρι φιλίᾳ νηὶ προσπελάσας ὤρεξε τὰς χεῖρας καὶ ἑαυτὸν ἔδειξε καὶ περιεσώθη.
᾿Ες δὲ τὰ ἐμφύλια τάδε ἢ διὰ δέος, καθάπερ αὐτὸς ἔλεγεν, ἢ ἀρχῆς ἐπιθυμίᾳ συμπεσών, στρατηγοῖς τοῖς καθ' αὑτὸν ἀρίστοις συνηνέχθη καὶ στρατοῖς πολλοῖς τε καὶ μεγάλοις, οὐ βαρβάρων ἔτι, ἀλλὰ ῾Ρωμαίων ἀκμαζόντων μάλιστα εὐπραξίαις καὶ τύχαις· καὶ ἁπάντων ἐκράτησε, διὰ μιᾶς καὶ ὅδε πείρας ἑκάστων ἢ διὰ δύο, οὐ μὴν ἀηττήτου καθάπερ ᾿Αλεξάνδρῳ τοῦ στρατοῦ γενομένου, ἐπεὶ καὶ ὑπὸ Κελτῶν ἡττῶντο λαμπρῶς, ὅθ' ἡ μεγάλη σφᾶς συμφορὰ κατέλαβε Κόττα καὶ Τιτυρίου στρατηγούντων, καὶ ἐν )Ιβηρίᾳ Πετρήιος αὐτοὺς καὶ ᾿Αφράνιος συνέκλεισαν οἷα πολιορκουμένους, ἔν τε Δυρραχίῳ καὶ Λιβύῃ λαμπρῶς ἔφευγον καὶ ἐν ᾿Ιβηρίᾳ Πομπήιον τὸν νέον κατεπλάγησαν. ὁ δὲ Καῖσαρ αὐτὸς ἦν ἀκατάπληκτος καὶ ἐς παντὸς πολέμου τέλος ἀήττητος· τήν τε ῾Ρωμαίων ἰσχύν, γῆς ἤδη καὶ θαλάσσης ἐκ δύσεων ἐπὶ τὸν ποταμὸν Εὐφράτην κρατοῦσαν, ἐχειρώσατο βίᾳ καὶ φιλανθρωπίᾳ πολὺ βεβαιότερον καὶ πολὺ ἐγκρατέστερον Σύλλα βασιλέα τε αὑτὸν ἀπέφηνεν ἀκόντων, εἰ καὶ τὴν προσηγορίαν οὐκ ἐδέχετο. καὶ πολέμους ἄλλους καὶ ὅδε διανοούμενος ἀνῃρέθη.

150 César vit la mer Adriatique lui céder, se faire navigable et calme en plein hiver, il traversa l'océan Occidental pour passer en Bretagne, ce qui n'avait jamais été tenté, et il ordonna aux pilotes de lancer les navires sur les rochers de Bretagne pour les y briser. Une autre fois, il affronta une tempête, de nuit, seul dans un petit bateau, et il ordonna au pilote de déployer les voiles et de tenir compte de la bonne fortune de César plus que de la mer. Face aux ennemis, il lui arriva souvent, alors que tous cédaient à la panique, d'être le seul à se lancer, et il livra trente batailles rangées aux seuls Gaulois, dont il finit par soumettre les quatre cents peuplades, que les Romains tenaient pour si redoutables que, dans la loi exemptant les prêtres et les vieillards de la mobilisation, il était écrit : « sauf en cas de guerre avec les Gaulois », car alors prêtres et vieillards étaient également mobilisés. Lors de la guerre d'Alexandrie, il se retrouva seul sur un pont, en position difficile : il se débarrassa alors de son vêtement de pourpre et se jeta dans la mer ; comme les ennemis le recherchaient il se cacha en nageant sous l'eau un long moment, ne remontant que de temps en temps pour respirer, et pour finir, il arriva près d'un bateau ami, tendit les mains vers lui, se fit reconnaître et fut sauvé. Lors des guerres civiles où il s'engagea soit par crainte, comme lui-même le prétend, soit par désir du pouvoir, il se mesura avec les meilleurs généraux de son temps, de nombreuses et considérables armées constituées non de barbares, mais de Romains au mieux de leur forme et de leur bonne fortune. Et il les vainquit tous, lui aussi, à chaque fois, en un ou deux engagements ; pourtant son armée n'était pas invincible comme celle d'Alexandre : les Gaulois lui infligèrent une cuisante défaite lors de l'échec considérable subi par ses lieutenants Cotta et Titurius ; et en Espagne, Afranius et Petreius la bloquèrent et la mirent en situation d'assiégée ; à Dyrrachium et en Afrique, ses débandades furent remarquables, et en Espagne elle céda à la panique devant Pompée le Jeune. Mais César lui-même était inaccessible à la panique et il sortit invaincu de toutes les guerres. La puissance romaine dominait désormais sur terre et sur mer de l'Occident jusqu'à l'Euphrate, et, par la force ainsi que par l'humanité, il l'établit beaucoup plus solidement que ne l'avait fait Sylla ; il se conduisit en roi, malgré les oppositions, même s'il n'en accepta pas le titre. Et c'est, lui aussi, en projetant d'autres guerres, qu'il trouva la mort.

[151] Συνέβη δ' αὐτοῖς καὶ τὰ στρατόπεδα ὁμοίως πρόθυμα μὲν ἐς ἄμφω καὶ μετὰ εὐνοίας γενέσθαι καὶ ἐς μάχας θηριώδεσιν ἐοικότα, δυσπειθῆ δὲ πολλάκις ἑκατέρῳ καὶ πολυστασίαστα διὰ τοὺς πόνους. ἀποθανόντας γε μὴν ὁμοίως ὠδύραντο καὶ ἐπεπόθησαν καὶ θείων τιμῶν ἠξίωσαν. ἐγένοντο δὲ καὶ τὰ σώματα εὐφυεῖς ἄμφω καὶ καλοί. καὶ τὸ γένος ἐκ Διὸς ἤστην ἑκάτερος, ὁ μὲν Αἰακίδης τε καὶ ῾Ηρακλείδης, ὁ δὲ ἀπ' ᾿Αγχίσου τε καὶ ᾿Αφροδίτης. φιλονικότεροι δὲ τοῖς ἐξερίζουσιν ὄντες ταχύτατοι πρὸς διαλύσεις ἦσαν καὶ συγγνώμονες τοῖς ἁλοῦσιν, ἐπὶ δὲ τῇ συγγνώμῃ καὶ εὐεργέται καὶ οὐδὲν ἢ κρατῆσαι μόνον ἐνθυμούμενοι.
Καὶ τάδε μὲν ἐς τοσοῦτον συγκεκρίσθω, καίπερ οὐκ ἐξ ἴσης δυνάμεως ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ὁρμήσαντος αὐτῶν ἑκατέρου, ἀλλὰ τοῦ μὲν ἐκ βασιλείας ἠσκημένης ὑπὸ Φιλίππῳ, τοῦ δ' ἐξ ἰδιωτείας, εὐγενοῦς μὲν καὶ περιφανοῦς, χρημάτων δὲ πάνυ ἐνδεοῦς.

151 Il connurent tous deux des armées pareillement zélées à leur service, pleines de sympathie à leur égard, et, dans les batailles, comparables à des fauves ; par ailleurs elles se montrèrent souvent, pour l'un et pour l'autre, désobéissantes et disposées à la mutinerie, sous l'effet de leurs fatigues. Mais, quand ils moururent, leurs armées les pleurèrent et les regrettèrent pareillement, puis leur accordèrent des honneurs divins. Physiquement également, ils étaient tous deux forts et beaux, l'un et l'autre issus de la race de Jupiter, le premier par Éaque et Héraclès, le second par Anchise et Aphrodite. Très prompts à en découdre avec leurs rivaux, ils l'étaient aussi à conclure la paix et à accorder leur pardon aux vaincus, et non contents de leur pardonner, ils se faisaient leurs bienfaiteurs, ne désirant rien de plus que la victoire. Sur tous ces points ils ont été comparables, même s'ils n'avaient pas les mêmes atouts au départ pour se lancer à la conquête de la puissance : le premier disposait d'une royauté forgée par Philippe, le second était initialement un simple particulier, de bonne et illustre famille, mais totalement dépourvu de fortune.

[152] )Εγένοντο δὲ καὶ σημείων τῶν ἐπὶ σφίσιν ἑκάτερος ὑπερόπτης καὶ τοῖς μάντεσι τὴν τελευτὴν προειποῦσιν οὐκ ἐχαλέπηναν, καὶ τὰ σημεῖα αὐτὰ ὅμοιά τε πολλάκις καὶ ἐς τὸ ὅμοιον ἀμφοῖν συνηνέχθη· ἐγένετο γὰρ ἑκατέρῳ δὶς ἄλοβα, καὶ τὰ μὲν πρῶτα κίνδυνον σφαλερὸν ὑπέδειξεν, ᾿Αλεξάνδρῳ μὲν ἐν ᾿Οξυδράκαις, ἐπὶ τὸ τῶν ἐχθρῶν τεῖχος ἀναβάντι πρὸ τῶν Μακεδόνων, καὶ τῆς κλίμακος συντριβείσης ἀποληφθέντι τε ἄνω, καὶ ὑπὸ τόλμης ἐς τὸ ἐντὸς ἐπὶ τοὺς πολεμίους ἐξαλομένῳ καὶ πληγέντι τὰ στέρνα χαλεπῶς καὶ ἐς τὸν τράχηλον ὑπέρῳ βαρυτάτῳ, καὶ πίπτοντι ἤδη καὶ περισωθέντι μόλις ὑπὸ τῶν Μακεδόνων ἀναρρηξάντων τὰς πύλας ὑπὸ δέους, Καίσαρι δὲ ἐν ᾿Ιβηρίᾳ, τοῦ στρατοῦ περιφόβου τε ὄντος ἐπὶ Πομπηίῳ τῷ νέῳ καὶ ὀκνοῦντος ἐς μάχην ἰέναι, προδραμόντι πάντων ἐς τὸ μεταίχμιον καὶ διακόσια ἀναδεξαμένῳ δόρατα ἐς τὴν ἀσπίδα, μέχρι καὶ τόνδε ὁ στρατὸς ἐπιδραμὼν ὑπὸ αἰδοῦς καὶ φόβου περιέσωσεν. οὕτω μὲν αὐτοῖς τὰ πρῶτα ἄλοβα ἐς κίνδυνον ἦλθε θανάτου, τὰ δεύτερα δὲ ἐς τὸν θάνατον αὐτόν. Πειθαγόρας τε γὰρ ὁ μάντις ᾿Απολλοδώρῳ δεδοικότι ᾿Αλέξανδρόν τε καὶ ῾Ηφαιστίωνα θυόμενος εἶπε μὴ δεδιέναι, ἐκποδὼν γὰρ ἀμφοτέρους αὐτίκα ἔσεσθαι· καὶ τελευτήσαντος εὐθὺς ῾Ηφαιστίωνος ὁ ᾿Απολλόδωρος ἔδεισε, μή τις ἐπιβουλὴ γένοιτο κατὰ τοῦ βασιλέως, καὶ ἐξήνεγκεν αὐτῷ τὰ μαντεύματα. ὁ δὲ ἐπεμειδίασε καὶ Πειθαγόραν αὐτὸν ἤρετο, ὅ τι λέγοι τὸ σημεῖον· τοῦ δὲ εἰπόντος, ὅτι τὰ ὕστατα λέγει, αὖθις ἐπεμειδίασε καὶ ἐπῄνεσεν ὅμως ᾿Απολλόδωρόν τε τῆς εὐνοίας καὶ τὸν μάντιν τῆς παρρησίας.

152 Ils étaient également l'un comme l'autre insoucieux des présages les concernant, et ne maltraitaient pas les devins qui leur prédisaient leur fin. De plus, les présages eux-mêmes ont souvent été identiques pour les deux hommes et connurent le même aboutissement. Il arriva en effet deux fois à chacun qu'il manque un lobe au foie de la victime, et la première fois, cela annonça un grave danger : Alexandre, se trouvant chez les Oxydraques était monté sur les remparts en tête des Macédoniens, mais l'échelle tomba et il se retrouva seul en haut ; intrépidement il se laissa tomber à l'intérieur pour attaquer les ennemis, fut blessé gravement à la poitrine, puis reçut à la nuque le coup d'une lourde massue : il était en train de s'écrouler quand il fut à grand-peine sauvé par les Macédoniens qui, craignant pour lui, avaient brisé les portes. Quant à César, se trouvant en Espagne avec une armée terrorisée par Pompée le Jeune et qui hésitait à marcher au combat, il se précipita en courant le premier dans l'espace entre les lignes, reçut deux cents traits dans son bouclier, et, en fin de compte, fut sauvé, lui aussi, par son armée, accourue sous l'effet de la honte et de la peur. Ainsi donc, si les premiers lobes manquants précédèrent pour eux un danger de mort, les seconds précédèrent la mort elle-même : le devin Pythagoras, auquel Apollodore, qui craignait Alexandre et Héphestion, avait demandé de procéder à un sacrifice, lui avait dit de ne pas avoir peur, car il serait sous peu débarrassé des deux hommes ; quand, tout de suite après, mourut Héphestion, Apollodore, craignant que quelque conspiration ne fût en cours contre le roi, lui communiqua la prophétie : ce dernier fit un sourire moqueur et demanda à Pythagoras lui-même ce que signifiait le présage ; le devin lui ayant répondu qu'il signifiait : « ses derniers moments », il reprit son sourire moqueur et remercia néanmoins Apollodore pour sa sollicitude et le devin pour sa franchise.

[153] Καίσαρι δ' ἐς τὸ ἔσχατον βουλευτήριον ἐσιόντι, καθά μοι πρὸ βραχέος εἴρηται, τὰ αὐτὰ σημεῖα γίγνεται· καὶ χλευάσας ἔφη τοιαῦτά οἱ καὶ περὶ ᾿Ιβηρίαν γεγονέναι. τοῦ δὲ μάντεως εἰπόντος καὶ τότε αὐτὸν κινδυνεῦσαι καὶ νῦν ἐπιθανατώτερον ἔχειν τὸ σημεῖον, ἐνδούς τι πρὸς τὴν παρρησίαν ἐθύετο ὅμως αὖθις, μέχρι βραδυνόντων αὐτῷ τῶν ἱερῶν δυσχεράνας ἐσῆλθε καὶ ἀνῃρέθη. τὸ δ' αὐτὸ καὶ ᾿Αλεξάνδρῳ συνέπεσεν. ἐπανιόντα γὰρ ἐξ ᾿Ινδῶν ἐς Βαβυλῶνα μετὰ τοῦ στρατοῦ καὶ πλησιάζοντα ἤδη παρεκάλουν οἱ Χαλδαῖοι τὴν εἴσοδον ἐπισχεῖν ἐν τῷ παρόντι. τοῦ δὲ τὸ ἰαμβεῖον εἰπόντος, ὅτι "μάντις ἄριστος, ὅστις εἰκάζει καλῶς," δεύτερα γοῦν οἱ Χαλδαῖοι παρεκάλουν μὴ ἐς δύσιν ὁρῶντα μετὰ τῆς στρατιᾶς ἐσελθεῖν, ἀλλὰ περιοδεῦσαι καὶ τὴν πόλιν λαβεῖν πρὸς ἥλιον ἀνίσχοντα. ὁ δ' ἐς τοῦτο μὲν ἐνδοῦναι λέγεται καὶ ἐπιχειρῆσαι περιοδεῦσαι, λίμνῃ δὲ καὶ ἕλει δυσχεραίνων καταφρονῆσαι καὶ τοῦ δευτέρου μαντεύματος καὶ ἐσελθεῖν ἐς δύσιν ὁρῶν. ἐσελθών γε μὴν καὶ πλέων κατὰ τὸν Εὐφράτην ἐπὶ ποταμὸν Παλλακότταν, ὃς τὸν Εὐφράτην ὑπολαμβάνων ἐς ἕλη καὶ λίμνας ἐκφέρει καὶ κωλύει τὴν )Ασσυρίδα γῆν ἄρδειν, ἐπινοοῦντα δὴ τοῦτον διατειχίσαι τὸν ποταμὸν καὶ ἐπὶ τοῦτο ἐκπλέοντά φασιν ἐπιτωθάσαι τοῖς Χαλδαίοις, ὅτι σῶος ἐς Βαβυλῶνα ἐσέλθοι τε καὶ ἐκπλέοι. ἔμελλε δ' ἐπανελθὼν αὐτίκα ἐν αὐτῇ τεθνήξεσθαι. ἐπετώθασε δὲ καὶ ὁ Καῖσαρ ὅμοια. τοῦ γὰρ μάντεως αὐτῷ τὴν ἡμέραν τῆς τελευτῆς προειπόντος, ὅτι μὴ περιοίσει τὰς Μαρτίας εἰδούς, ἐλθούσης τῆς ἡμέρας ἔφη, τὸν μάντιν χλευάζων, ὅτι πάρεισιν αἱ εἰδοί· καὶ ἐν αὐταῖς ὅμως ἀπέθανεν. οὕτω μὲν δὴ καὶ σημεῖα τὰ περὶ σφῶν ἐχλεύασαν ὁμοίως, καὶ τοῖς προειποῦσιν αὐτὰ μάντεσιν οὐκ ἐχαλέπηναν, καὶ ἑάλωσαν ὅμως ὑπὸ τῷ λόγῳ τῶν μαντευμάτων.

153 César, quand il entra pour la dernière fois au Sénat, comme je l'ai raconté un peu plus haut, eut affaire aux mêmes présages, et il s'en moqua, disant qu'il avait déjà connu cela en Espagne. Le devin lui répondit que, à ce moment-là aussi, il avait couru un grand danger, et que présentement le présage annonçait encore plus nettement la mort: César alors, concédant cela à sa franchise, fit recommencer les sacrifices, mais il s'emporta contre les prêtres qui, disait-il, le retardaient, entra et fut assassiné. La même chose était arrivée à Alexandre : il revenait des Indes à Babylone avec son armée, et comme il s'approchait de la ville, les Chaldéens lui conseillèrent de différer pour lors, son entrée ; il leur répondit par le vers iambique : « le meilleur devin est celui qui prédit du biens » ; alors, les Chaldéens lui conseillèrent au moins de ne pas entrer avec son armée en se dirigeant vers l'ouest, mais de contourner la ville et d'y entrer en regardant vers l'est. Il céda, dit-on, sur ce point et entreprit de la contourner ; mais ayant du mal à traverser une zone d'étangs et de marais, il dédaigna aussi cette seconde prophétie, et fit son entrée en regardant vers l'ouest. Puis, une fois entré, il descendit l'Euphrate en bateau jusqu'à la Pallacotta, une rivière qui prend les eaux de l'Euphrate et les détourne vers des marais et des étangs, empêchant par là l'irrigation du territoire assyrien ; il envisageait d'endiguer cette rivière, et tandis qu'il naviguait dans cette intention, il aurait, dit-on, raillé les Chaldéens en soulignant qu'il était entré dans Babylone puis en était ressorti sain et sauf. Or il devait, dès son retour, y trouver la mort. César se livra au même genre de railleries : comme le devin lui prédisait le jour de sa fin, déclarant qu'il ne survivrait pas aux ides de mars, lorsque ce jour-là fut venu, il dit, en se moquant du devin, que les ides étaient arrivées : et cependant, c'est ce jour-là qu'il mourut.Ainsi donc ils méprisèrent pareillement les présages les concernant, ils ne s'emportèrent pas contre les devins qui les leur avaient signalés, et ils tombèrent cependant sous le verdict des prophéties.

[154] ᾿Εγένοντο δὲ καὶ ἐς ἐπιστήμην τῆς ἀρετῆς, τῆς τε πατρίου καὶ ῾Ελληνικῆς καὶ ξένης, φιλόκαλοι, τὰ μὲν ᾿Ινδῶν ᾿Αλέξανδρος ἐξετάζων τοὺς Βραχμᾶνας, οἳ δοκοῦσιν ᾿ΙΙνδῶν εἶναι μετεωρολόγοι τε καὶ σοφοὶ καθὰ Περσῶν οἱ Μάγοι, τὰ δὲ Αἰγυπτίων ὁ Καῖσαρ, ὅτε ἐν Αἰγύπτῳ γενόμενος καθίστατο Κλεοπάτραν. ὅθεν ἄρα καὶ τῶν εἰρηνικῶν πολλὰ ῾Ρωμαίοις διωρθώσατο καὶ τὸν ἐνιαυτὸν ἀνώμαλον ἔτι ὄντα διὰ τοὺς ἔσθ' ὅτε μῆνας ἐμβολίμους (κατὰ γὰρ σελήνην αὐτοῖς ἠριθμεῖτὀ) ἐς τὸν τοῦ ἡλίου δρόμον μετέβαλεν, ὡς ἦγον Αἰγύπτιοι. συνέβη δὲ αὐτῷ καὶ τῶν ἐς τὸ σῶμα ἐπιβουλευσάντων μηδένα διαφυγεῖν, ἀλλὰ τῷ παιδὶ δοῦναι δίκην ἀξίαν, καθάπερ ᾿Αλεξάνδρῳ τοὺς Φίλιππον ἀνελόντας. ὅπως δὲ ἔδοσαν, αἱ ἑξῆς βίβλοι δεικνύουσιν.

154 Ils avaient aussi de l'intérêt pour la science, celle de leur pays, celle des Grecs et celle des autres nations : concernant celle des Indiens, Alexandre consulta les Brahmanes, qui sont, semble-t il, les astronomes et les sages chez les Indiens, comme les Mages chez les Perses ; concernant celle des Égyptiens, César procéda de même, lorsqu'il demeura en Égypte pour y restaurer le pouvoir de Cléopâtre. Et il tira de ce séjour, également dans d'autres domaines que la guerre, de nombreux avantages pour les Romains : entre autres, il rectifia le calendrier, qui était encore irrégulier, par suite des mois intercalaires (les Romains se réglaient en effet sur la lune), et le régla selon la course du soleil, comme le faisaient les Égyptiens. Il advint aussi qu'aucun de ceux qui attentèrent à sa vie ne passa au travers du châtiment : son fils leur fit payer le juste prix de leur acte, comme Alexandre aux assassins de Philippe. Leur châtiment sera relaté dans les livres qui suivent.