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ANTHOLOGIE PALATINE

ARCHIAS, ᾿Αρχίας.

Cicéron, dans son discours pro Archia, nous a transmis les principales circonstances de la vie de ce poète. A peine Archias était sorti de l'enfance, qu'il s'essaya dans l'art d'écrire. Antioche vit ses premiers succès. Né dans cette ville de Syrie, 119 ans avant notre ère, il éclipsa de bonne heure ses rivaux par l'éclat de ses talents. Bientôt les autres contrées de l'Asie et de la Grèce se disputèrent l'honneur de le posséder et de l'entendre. Alors florissaient dans toute l'Italie les sciences et les arts de la Grèce. Aussi Tarente, Rhége, Naples, s'empressèrent d'accorder à Archias, avec le droit de cité, tous les privilèges qui en dépendent. Âgé de moins de dix-sept ans, mais précédé de la plus brillante réputation, il vint à Rome sous le quatrième consulat de Marius (1). La maison des Lucullus l'y accueillit ; et ce qui fait l'éloge de son caractère et de ses vertus, c'est au sein de cette même famille qu'il parvint à la vieillesse, honoré de l'amitié des plus illustres personnages de la république. A vingt-sept ans, Archias suivit en Sicile Lucius Licinius Lucullus, et en revint avec lui par Héraclée. Comme cette ville tenait le premier rang parmi les villes fédérées, il désira d'y être inscrit au nombre des citoyens. Ce fut sans peine qu'il obtint cette faveur. C'est alors sans doute que, par reconnaissance pour son illustre patron, il prit le nom de Licinius, et se fit appeler Aulus-Licinius Archias. Trois ans après, il fut porté une loi qui accordait le titre et les droits de citoyen romain à tous ceux qui, inscrits sur les registres civiques d'une des villes fédérées, auraient leur domicile en Italie, et feraient, dans le délai de soixante jours, leur déclaration au préteur. Archias fit sa déclaration et devint citoyen romain. Il partit l'année suivante pour l'Asie avec le même Lucullus, nommé questeur, et y resta sept ans. Il l'accompagna encore dans la guerre contre Mithridate (2). Depuis vingt-huit ans il jouissait du droit de cité romaine, lorsqu'un de ses ennemis lui contesta son titre. L'affaire fut portée devant le prêteur Q. Cicéron, frère du grand orateur; celui-ci défendit Archias son maître et son ami, et il est probable qu'il gagna la cause. On ignore la suite de la vie de ce poète, mais on sait qu'il paya la généreuse adoption de Rome en célébrant ses grands hommes et ses victoires. La guerre Cimbrique, la guerre de Mithridate, l'éloge de Roscius, le consulat de Cicéron sont ses principaux ouvrages ; mais le temps ne nous en a rien laissé que les titres. Ce serait une perte peu regrettable s'il en fallait luger par les trente-cinq épigrammes recueillies et conservées dans les Anthologies de Planude et de Céphalas. Les seules vraiment saillantes sont : sur un sanglier de Calydon en bronze (3) ; sur une statue de Priape élevée près du Bosphore de Thrace (4), sur une hirondelle qui avait fait son nid dans un tableau de Médée (5); sur Diogène le Cynique, voulant passer l'Achéron (6). Le reste est faible d'idée, de style, et sans originalité. Archias pourtant jouissait à Rome d'une réputation immense comme poète ; c'est que sans doute il y était regardé comme le panégyriste de la gloire nationale. Cicéron lui-même, chanté par Archias, a pu s'abandonner aux illusions de la reconnaissance et de la vanité. Assurément sans le plaidoyer prononcé pour sa défense, et qui renferme la plus belle apologie de la poésie et des lettres, la mémoire du poète d'Antioche serait presque oubliée, et chose assez remarquable, c'est à Cicéron qui lui-même fondait sur les vers d'Archias ses espérances d'immortalité, que ce poète doit toute sa gloire.
De l'introduction au discours pro Archia par M. Victor Leclerc, nous extrayons un passage où se révèlent le goût, le talent du spirituel et savant traducteur de Cicéron, où surtout Archias est apprécié à sa juste valeur.
Archias se montre de temps en temps le digne successeur de Léonidas, d'Antipater et de Méléagre. Il a peu d'invention, et il copie ses devanciers; mais on lui accorde l'élégance et la pureté du style. Ce n'est pas une chose aisée de donner une idée de ces petites compositions ; presque toutes, formées d'idées communes, et ne valant que par le choix et l'arrangement des mots, échappent au traducteur dont la langue ne peut pas toujours rendre ce luxe d'harmonie et ce calcul de syllabes. J'essayerai cependant quelques imitations.

Hercule vainqueur du lion, Μηκέτι ταυροβόροιο, Planude, 94. 
Habitants de Némée, enfin des jours plus doux 
Dans le calme et la paix vont s'écouler pour vous. 
Le lion, qui longtemps désola ce rivage, 
Exhale aux pieds d'Alcide une impuissante rage. 
Allez, pasteurs; rendez à la voix des échos 
Le bruit de vos chansons, les bonds de vos troupeaux. 
Et toi, dont les mortels bénissent la victoire, 
Que Junon te contemple et pardonne à ta gloire.

Ces souvenirs mythologiques, trop commodes pour une imagination paresseuse, font quelquefois place, dans les épigrammes d'Archias, à des idées morales énergiquement exprimées.

῞Εκτορι μὲν Τροίη, VIII, 139. 
Hector tomba ; Pergame oublia la victoire. 
Alexandre n'est plus ; Pella pleure sa gloire. 
Un héros de son peuple est l'honneur et l'appui ; 
Le héros disparaît et son peuple avec lui.

Ailleurs, c'est une petite scène philosophique déjà saisie par d'autres poètes ; mais dans le texte l'imitateur a peut-être surpassé ses modèles.

῎Αιδος ὦ νεκυηγέ, VIII, 68.
Nocher des morts, toi que charment les pleurs, 
Toi qui nous fais passer le fleuve des douleurs, 
Quoique ta barque semble pleine, 
Diogène t'attend ; prends aussi Diogène. 
Tiens, voici mon bâton, mon manteau, ma besace;
J'ai même une obole pour toi ; 
Mais c'était tout mon bien, et chez l'humaine race 
Je ne laisse rien après moi.

"Combien de fois, dit Cicéron en parlant d'Archias, l'ai-je vu exprimer les mêmes choses en changeant les mots et les phrases ! " C'est là un bien petit mérite. Il nous reste un exemple de cette facilité. 

Offrandes à Pan, Τρίζυγες οὐφεσίοικε, VI, 16, 179, 180, 181. 
Trois frères, trois chasseurs, que l'amitié rassemble 
Sont venus, ô dieu Pan, te consacrer ensemble 
Les instruments de leurs travaux :
Pigrès, les lacs trompeurs où tombent les oiseaux ; 
Damis, ses toiles redoutables ; 
Et Clitor, les filets qu'il lança sur les eaux.
Daigne, ô dieu Pan, leur rendre favorable 
L'air, la terre et les flots.

Croirait-on que le poète a la patience de rendre cette même idée de quatre manières différentes, dans quatre épigrammes consécutives, où il abuse des synonymes de la plus riche des langues pour rebattre ces frivolités ? Telle était donc alors cette nation qui avait produit Homère et Alexandre ! Virgile naissait. Cicéron disputait à Athènes la palme de l'éloquence, César songeait à l'empire du monde, et le Grec oisif cherchait des paroles pour ne rien dire.

(1) 103 ans av. J. C. 
(2) 75 ans av. J. C.
(3) Anth.plan. 94. 
(4) Anth. palat, X, 7. 
(5) IX, 346. 
(6) Vlll, 68.

1. ΑΡΧΙΟΥ 5.58

Νήπι' ῎Ερως, πορϑεῖς με, τὸ κρήγυον· εἴς με κένωσον  
    
πᾶν σὺ βέλος, λοιπὴν μηκέτ' ἀφεὶς γλυφίδα,  
ὡς ἂν μοῦνον ἕλοις ἰοῖς ἐμὲ καί τινα χρῄζων  
    
ἄλλον ὀιστεῦσαι μηκέτ' ἔχοις ἀκίδα.  

58. ARCHIAS. - Petit amour, tu me cribles à outrance. Sur mon coeur épuise donc ton carquois, sans y laisser un seul trait, afin que seul je périsse sous tes coups, et que, si tu veux blesser quelque autre coeur, tu n'aies plus de flèche.   

2. ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ 5.59

Φεύγειν δὴ τὸν ῎Ερωτα· κενὸς πόνος· οὐ γὰρ ἀλύξω  
    
πεζὸς ὑπὸ πτηνοῦ πυκνὰ διωκόμενος.  

59. LE MÊME. - Fuis l'Amour. Peine inutile ! Comment à pied échapper à un dieu qui pour te poursuivre a des ailes ?

3. AΔHΛON, οἱ δὲ ΑΡΧΙΟΥ 5.98  

᾿Ωμίζευ, Κύπρι, τόξα καὶ εἰς σκοπὸν ἥσυχος ἐλϑὲ  
    
ἄλλον· ἐγὼ γὰρ ἔχω τραύματος οὐδὲ τόπον.  

98. ARCHIAS. - Tends ton arc, Cypris, mais vise un autre but : je n'ai pas un endroit que tu n'aies criblé de tes traits.

4. ΑΡΧΙΟΥ 6.16  

Σοὶ τάδε, Πὰν σκοπιῆτα, παναίολα δῶρα σύναιμοι  
    
τρίζυγες ἐκ τρισσῆς ϑέντο λινοστασίης·  
δίκτυα μὲν Δᾶμις ϑηρῶν, Πίγρης δὲ πετηνῶν  
    
λαιμοπέδας, Κλείτωρ δ' εἰναλίφοιτα λίνα·  
ὧν τὸν μὲν καὶ ἐσαῦϑις ἐν ἠέρι, τὸν δ' ἔτι ϑείης  
    
εὔστοχον ἐν πόντῳ, τὸν δὲ κατὰ δρυόχους.  

16. ARCHIAS. - A toi, Pan, sont offerts par trois frères ces dons divers de trois sortes de filets : Damis, te dédie ses filets de chasse ; Pigrès, ses filets d'oisellerie ; Clitor, ses filets de pêche. Que, grâce à toi, l'un soit habile et heureux dans l'air, l'autre sur les flots, l'autre dans les bois.

5. ΑΡΧΙΟΥ 6.39  

Αἱ τρισσαί, Σατύρη τε καὶ ῾Ηράκλεια καὶ Εὐφρώ,  
    
ϑυγατέρες Ξούϑου καὶ Μελίτης, Σάμιαι·  
ἁ μὲν ἀραχναίοιο μίτου πολυδινέα λάτριν,  
    
ἄτρακτον, δολιχᾶς οὐκ ἄτερ ἀλακάτας,  
ἁ δὲ πολυσπαϑέων μελεδήμονα κερκίδα πέπλων  
    
εὔϑροον, ἁ τριτάτα δ' εἰροχαρῆ τάλαρον,  
οἷς ἔσχον χερνῆτα βίον δηναιόν, ᾿Αϑάνα  
    
πότνια, ταῦϑ' αἱ σαὶ σοὶ ϑέσαν ἐργάτιδες.  

39. ARCHIAS. - O Minerve, les filles de Xuthus et de Mélité, Satyré, Héraclée, Euphro, toutes trois de Samos, te consacrent l'une, sa longue quenouille, avec le fuseau qui obéissait à ses doigts pour se charger des fils les plus déliés ; l'autre, sa navette harmonieuse qui fabrique les toiles au tissu serré ; la troisième, sa corbeille avec ses belles pelotes de laine, instruments de travail qui, jusqu'à la vieillesse, ont soutenu leur laborieuse vie. Voilà, auguste déesse, les offrandes de tes pieuses ouvrières.

6. ΑΡΧΙΟΥ 6.179  

᾿Αγραύλῳ τάδε Πανὶ βιαρκέος ἄλλος ἀπ' ἄλλης  
    
αὔϑαιμοι τρισσοὶ δῶρα λινοστασίης,  
Πίγρης μὲν δειραχϑὲς ἐύβροχον ἅμμα πετηνῶν,  
    
Δᾶμις δ' ὑλονόμων δίκτυα τετραπόδων,  
ἄρκυν δ' εἰναλίων Κλείτωρ πόρεν· οἷς σὺ δι' αἴϑρας  
    
καὶ πελάγευς καὶ γᾶς εὔστοχα πέμπε λίνα.   

179. ARCHIAS. - Trois frères ont suspendu à cette rustique statue de Pan les filets qui les font vivre dans leur diverse profession. Pigrès a offert un lacet dont les noeuds bien travaillés saisissent par leur cou les oiseaux ; Damis a offert des rets où se prennent les quadrupèdes des bois ; et Clitor, un épervier fatal aux poissons. Dieu propice, envoie-leur à ton tour dans l'air, dans la mer et sur terre, une abondante proie qui tombe dans leurs filets.

7. ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ 6.180

Ταῦτά σοι ἔκ τ' ὀρέων ἔκ τ' αἰϑέρος ἔκ τε ϑαλάσσας  
    
τρεῖς γνωτοὶ τέχνας σύμβολα, Πάν, ἔϑεσαν·  
ταῦτα μὲν εἰναλίων Κλείτωρ λίνα, κεῖνα δὲ Πίγρης  
    
οἰωνῶν, Δᾶμις τὰ τρίτα τετραπόδων·  
οἷς ἅμα χερσαίαισιν, ἅμ' ἠερίῃσιν ἐν ἄγραις,  
    
᾿Αγρεῦ, ἅμ' ἐν πλωταῖς, ὡς πρίν, ἀρωγὸς ἴϑι.  

180. LE MÊME. - Trois frères t'ont consacré, ô Pan, les attributs du métier par eux exercé sur les montagnes, dans l'air et sur les flots. Clitor t'a offert ces filets de pêche ; Pigrès , ces filets d'oiseleur ; Damis, ces filets de chasse. Dans leurs explorations terrestres, aériennes, maritimes, dieu des chasseurs, sois-leur, comme par le passé, propice et secourable.

8. ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ 6.181

Τρίζυγες, οὐρεσίοικε, κασίγνητοι τάδε τέχνας  
    
ἄλλος ἀπ' ἀλλοίας σοὶ λίνα, Πάν, ἔϑεσαν,  
καὶ τὰ μὲν ὀρνίϑων Πίγρης, τὰ δὲ δίκτυα ϑηρῶν  
    
Δᾶμις, ὁ δὲ Κλείτωρ εἰναλίων ἔπορεν·  
τῶν ὁ μὲν ἐν ξυλόχοισιν, ὁ δ' ἠερίῃσιν ἐν ἄγραις  
    
αἰέν, ὁ δ' ἐν πελάγει εὔστοχον ἄρκυν ἔχοι.  

181. LE MÊME. - O pan, qui habites la montagne, trois frères t'ont consacré ici chacun les instruments de sa profession : Pigrès, ses filets d'oisellerie ; Damis, ses filets de chasse ; Clitor, ses filets de pêche. Que l'un dans les bois, que l'autre dans les chasses aériennes, que le troisième dans les flots aient des filets qui ne manquent jamais leur proie.

9. ΑΡΧΙΟΥ 6.192

Ταῦτα σαγηναίοιο λίνου δηναιὰ Πριήπῳ  
    
λείψανα καὶ κύρτους Φιντύλος ἐκρέμασεν  
καὶ γαμψὸν Χαίτῃσιν ἐφ' ἱππείῃσι πεδηϑὲν  
    
ἄγκιστρον, κρυφίην εἰναλίοισι πάγην,  
καὶ δόνακα τριτάνυστον ἀβάπτιστόν τε καϑ' ὕδωρ  
    
φελλὸν ἀεί, κρυφίων σῆμα λαχόντα βόλων·  
οὐ γὰρ ἔτι στείβει ποσὶ χοιράδας οὐδ' ἐπιαύει  
    
ἠιόσιν, μογερῷ γήραϊ τειρόμενος.  

192. ARCHIAS. - Phintyle consacre à Priape ces vieux débris de filets, ces nasses, un hameçon crochu attaché à son crin de cheval, piège inaperçu des poissons, un très long roseau, un liége qui surnage toujours, indicateur des engins de pèche cachés sous les eaux. Car il ne foule plus de ses pieds les roches de la plage, il ne dort plus sur les bords de la mer, brisé qu'il est par les fatigues et par l'âge.

10. ΑΡΧΙΟΥ 6.195

Τρῳάδι Παλλαναῖος ἀνηέρτησεν ᾿Αϑάνᾳ  
    
αὐλὸν ἐριβρεμέταν Μίκκος ᾿Ενυαλίου,  
ᾧ ποτε καὶ ϑυμέλῃσι καὶ ἐν πολέμοισιν ἔμελψεν  
    
πρόσϑε τὸ μὲν στοναχᾶς σῆμα, τὸ δ' εὐνομίης.  

195. ARCHIAS. - Miccos de Pallène consacre à Minerve la Troyenne cette flûte de Mars aux sons éclatants, avec laquelle naguère il a charmé les oreilles au théâtre et dans les combats, soit qu'il donnât le signal de la guerre, soit qu'il jouât les fantares de la paix.

11. ΑΡΧΙΟΥ 6.207

Σάνδαλα ταῦτα Βίτιννα· πολυπλέκτου δὲ Φιλαινὶς  
    
πορφύρεον χαίτας ῥύτορα κεκρύφαλον·  
ξανϑὰ δ' ᾿Αντίκλεια νόϑον κεύϑουσαν ἄημα  
    
ῥιπίδα, τὰν μαλερὸν ϑάλπος ἀμυνομέναν·  
λεπτὸν δ' ῾Ηράκλεια τόδε προκάλυμμα προσώπου, 
     τευχϑὲν ἀραχναίῃς εἴκελον ἁρπεδόσιν·  
ἁ δὲ καλὸν σπείραμα περισφυρίοιο δράκοντος  
    
οὔνομ' ᾿Αριστοτέλεω πατρὸς ἐνεγκαμένα·  
ἅλικες ἀγλαὰ δῶρα, γαμοστόλε, σοὶ τάδε, Κύπρι, 
     ὤπασαν αἱ γυάλων Ναυκράτιδος ναέται.  

207. ARCHIAS. - Bitinna offre ces sandales ; Philénis, le réseau de pourpre qui retenait ses longs cheveux ; la blonde Anticlée, l'éventail qui tempère par des brises l'excès de la chaleur ; Héraclée, son voile aussi transparent et léger que la toile d'Arachné; Aristotélie, la fille d'Aristote, le beau serpent entortillé dont elle parait le bas de sa jambe. Telles sont, ô Cypris, déesse de l'hyménée, les brillantes offrandes que te consacrent de jeunes filles, du même âge et du même pays, du nome de Naucrate.

12. ΑΡΧΙΟΥ 7.68

῎Αϊδος ὦ νεκυηγέ, κεχαρμένε δάκρυσι πάντων,  
    
ὃς βαϑὺ πορθμεύεις τοῦτ' ᾿Αχέροντος ὕδωρ,  
εἰ καί σοι βέβριϑεν ὑπ' εἰδώλοισι καμόντων  
    
ὁλκάς, μὴ προλίπῃς Διογένη με κύνα.  
ὄλπην καὶ σκίπωνα φέρω καὶ διπλόον εἷμα  
    
καὶ πήρην καὶ σοὶ ναυτιλίης ὀβολόν.  
καὶ ζωὸς τάδε μοῦνον, ἃ καὶ νέκυς ὧδε κομίζω,  
    
εἶχον· ὑπ' ἠελίου δ' οὔ τι λέλοιπα φάει.  

68. ARCHIAS. - Nocher de Pluton, que réjouissent les larmes des passagers que tu transportes sur les eaux profondes de l'Achéron, bien que ta barque soit déjà chargée d'ombres, ne me laisse pas sur la rive, moi Diogène le chien. Je n'ai qu'une fiole, un bâton, un manteau et l'obole pour te payer mon passage. Mort, je n'apporte ici rien de plus que ce que j'avais vivant : je n'ai rien laissé sous le soleil.

13. ΑΡΧΙΟΥ ΜΑΚΕΔΟΝΟΣ 7.140

Καὶ γενέταν τοῦ νέρϑε καὶ οὔνομα καὶ χϑόνα φώνει,  
    
στάλα, καὶ ποίᾳ κηρὶ δαμεὶς ἔϑανε. –  
Γεννήτωρ Πρίαμος, γᾶ δ' ῎Ιλιον, οὔνομα δ' ῞Εκτωρ,  
    
ὦνερ, ὑπὲρ πάτρας δ' ὤλετο μαρνάμενος.  

140. ARCHIAS. - Stèle, dis-nous le père du défunt, son nom, sa patrie, à quel. destin il a succombé. - Son père est Priam ; sa patrie Ilion ; son nom Hector ; il est mort en combattant pour sa patrie.

14. ΑΡΧΙΟΥ 7.147

Μοῦνος ἐναιρομένοισιν ὑπέρμαχος ἀσπίδα τείνας  
    
νηυσὶ βαρὺν Τρώων, Αἶαν, ἔμεινας ἄρη·  
οὐδέ σε χερμαδίων ὦσεν κτύπος, οὐ νέφος ἰῶν,  
    
οὐ πῦρ, οὐ δοράτων, οὐ ξιφέων πάταγος· 
ἀλλ' αὔτως προβλής τε καὶ ἔμπεδος ὥς τις ἐρίπνα  
    
ἱδρυϑεὶς ἔτλης λαίλαπα δυσμενέων.  
εἰ δέ σε μὴ τεύχεσσιν ᾿Αχιλλέος ὥπλισεν ῾Ελλὰς  
    
ἄξιον ἀντ' ἀρετᾶς ὅπλα ποροῦσα γέρας,  
Μοιράων βουλῇσι τάδ' ἄμπλακεν, ὡς ἂν ὑπ' ἐχϑρῶν  
    
μή τινος, ἀλλὰ σὺ σῇ πότμον ἕλῃς παλάμῃ.  

147. ARCHIAS. - Seul en ligne, couvrant les morts de ton bouclier, tu as soutenu, Ajax, un rude combat près de la flotte contre l'armée troyenne. Tu n'as reculé ni devant le bruit des pierres, ni devant la grêle des flèches, ni devant le feu, ni devant les javelots, ni devant le choc des épées ; mais tu es resté là aussi ferme qu'un roc, qu'une citadelle, bravant l'ouragan de la mêlée. Si la Grèce ne t'a pas décerné les armes d'Achille comme une récompense proportionnée à ton courage, la faute en est aux Parques qui l'ont ainsi voulu, afin que tu ne tombasses sous les coups d'aucun ennemi, afin que tu ne périsses que de ta propre main.

15. [ΑΝΤΙΠΑΤΡΟΥ ΣΙΔΩΝΙΟΥ, οἱ δὲ] ΑΡΧΙΟΥ 7.165

Εἰπέ, γύναι, τίς ἔφυς. –Πρηξώ. –Τίνος ἔπλεο πατρός; –  
    
Καλλιτέλευς. –Πάτρας δ' ἐκ τίνος ἐσσί; –Σάμου. –  
Μνᾶμα δέ σου τίς ἔτευξε; –Θεόκριτος, ὅς με σύνευνον 
     ἤγετο.” –Πῶς δ' ἐδάμης; –῎Αλγεσιν ἐν λοχίοις. –  
Εἰν ἔτεσιν τίσιν εὖσα; –Δὶς ἕνδεκα. –Παῖδα δὲ λείπεις; –  
    
Νηπίαχον τρισσῶν Καλλιτέλην ἐτέων. –  
Ζωῆς τέρμαϑ' ἵκοιτο μετ' ἀνδράσι. –Καὶ σέο δοίη  
    
παντὶ Τύχη βιότῳ τερπνόν, ὁδῖτα, τέλος.  

165. LE MÊME ou ARCHIAS. -Dis, femme, qui es-tu ? - Praxo. - De qui es-tu fille ? - De Callitèle. - Où es-tu née ? - A Samos. - Qui t'a construit ce monument ? - Théocrite, celui lui me prit pour épouse. - Comment es-tu morte ? - En couches. - Ayant quel âge ? - Vingt-deux ans. - Laisses-tu un enfant ? - Un tout petit enfant, Callitèle qui a trois ans. - Puisse-t-il arriver au terme de la carrière dans la classe des vieillards ! - Et toi, passant, que la fortune te donne tout ce qu'on souhaite en cette vie !

16. ΑΡΧΙΟΥ 7.191

῾Α πάρος ἀντίφϑογγον ἀποκλάγξασα νομεῦσι  
    
πολλάκι καὶ δρυτόμοις κίσσα καὶ ἰχϑυβόλοις,  
πολλάκι δὲ κρέξασα πολύϑροον οἷά τις ἀχὼ  
    
κέρτομον ἀντῳδοῖς χείλεσιν ἁρμονίαν,  
νῦν εἰς γᾶν ἄγλωσσος ἀναύδητός τε πεσοῦσα  
    
κεῖμαι, μιμητὰν ζᾶλον ἀνηναμένα.  

191. ARCHIAS. - Moi qui tant de fois ai rivalisé avec les chansons des bergers, des bûcherons et des pêcheurs, et dont la voix railleuse a si souvent contrefait, comme un écho, leurs paroles et leurs chants, me voilà, pauvre pie, gisante, muette et sans voir, ne pouvant plus rien imiter.

17. ΑΡΧΙΟΥ 7.213

Πρὶν μὲν ἐπὶ χλωροῖς ἐριϑηλέος ἔρνεσι πεύκας  
    
ἥμενος ἢ σκιερᾶς ἀκροκόμου πίτυος  
ἔκρεκες εὐτάρσοιο δι' ἰξύος, ἀχέτα, μολπάν,  
    
τέττιξ, οἰονόμοις τερπνότερον χέλυος.  
νῦν δέ σε μυρμάκεσσιν ὑπ' εἰνοδίοισι δαμέντα  
    
῎Αϊδος ἀπροϊδὴς ἀμφεκάλυψε μυχός.  
εἰ δ' ἑάλως, συγγνωστόν, ἐπεὶ καὶ κοίρανος ὕμνων  
    
Μαιονίδας γρίφοις ἰχϑυβόλων ἔϑανεν.  

213. ARCHIAS. - Naguère posée sur un vert rameau de picéa ou sur la cime ombreuse d'un pin harmonieuse cigale, tu chantais ton air aux bergers sur tes flancs, avec tes pattes, plus agréablement que sur une lyre ; mais des fourmis t'ont rencontrée sur leur route, t'ont vaincue, et maintenant les ténèbres inopinées du Styx t'enveloppent. Si tu as succombé, il ne faut pas trop s'en indigner : le prince des poètes, Homère n'a-t-il pas été tué par des énigmes de pêcheurs ?

18. ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ 7.214

Οὐκέτι παφλάζοντα διαΐσσων βυϑὸν ἅλμης,  
    
δελφίς, πτοιήσεις εἰναλίων ἀγέλας,  
οὐδὲ πολυτρήτοιο μέλος καλάμοιο χορεύων  
    
ὑγρὸν ἀναρρίψεις ἅλμα παρὰ σκαφίσιν·  
οὐδὲ σύ γ', ἀφρηστά, Νηρηίδας ὡς πρὶν ἀείρων  
    
νώτοις πορϑμεύσεις Τηϑύος εἰς πέρατα.  
ἦ γὰρ ἴσον πρηῶνι Μαλείης ὡς ἐκυκήϑη 
    
κῦμα, πολυψήφους ὦσέ σ' ἐπὶ ψαμάϑους.  

214. LE MÊME. - En traversant comme un trait l'abîme bouillonnant des mers, dauphin, tu n'effrayeras plus les bandes de poissons ; tu ne feras plus jaillir l'onde amère autour des navires en dansant aux sons d'une flûte harmonieuse ; tu ne prendras plus sur ton dos couvert d'écume les Néréides, tu ne les transporteras plus aux limites de l'empire de Téthys ; car, dans une affreuse tempête, le vent du midi t'a jeté sur la plage, où tu ressembles à un débris du promontoire de Malée.

19. ΑΡΧΙΟΥ ΒΥΖΑΝΤΙΝΟΥ 7.278

Οὐδὲ νέκυς, ναυηγὸς ἐπὶ χθόνα Θῆρις ἐλασϑεὶς  
     
κύμασιν ἀγρύπνων λήσομαι ἠιόνων.  
ἦ γὰρ ἁλιρρήκτοις ὑπὸ δειράσιν, ἀγχόϑι πόντου  
    
δυσμενέος, ξείνου χερσὶν ἔκυρσα τάφου·  
αἰεὶ δὲ βρομέοντα, καὶ ἐν νεκύεσσι, ϑαλάσσης  
    
ὁ τλήμων ἀίω δοῦπον ἀπεχϑόμενον.  
μόχϑων οὐδ' ᾿Αίδης με κατεύνασεν, ἡνίκα μοῦνος  
    
οὐδὲ ϑανὼν λείῃ κέκλιμαι ἡσυχίῃ.  

278. ARCHIAS. - Moi Théris, naufragé que les flots ont jeté à la côte, je n'oublierai pas même après ma mort les rivages où l'on ne peut dormir. Car sous des rochers battus par les vagues, près de la mer en fureur, j'ai obtenu de mains étrangères un tombeau. Mais toujours, et jusque chez les morts, infortuné j'entends le bruit odieux de la mer frémissante. L'enfer même ne me donne pas le calme et le sommeil ; car seul, même après le trépas, je ne repose pas dans un tombeau tranquille.

20. ΑΡΧΙΟΥ [ΜΙΤΥΛΗΝΑΙΟΥ] 7.696

Αἰωρῇ ϑήρειον ἱμασσόμενος δέμας αὔραις,  
    
τλᾶμον, ἀορτηϑεὶς ἐκ λασίας πίτυος,  
αἰωρῇ· Φοίβῳ γὰρ ἀνάρσιον εἰς ἔριν ἔστης  
    
πρῶνα Κελαινίτην ναιετάων, Σάτυρε. 
σεῦ δὲ βοὰν αὐλοῖο μελίβρομον οὐκέτι Νύμφαι,  
    
ὡς πάρος, ἐν Φρυγίοις οὔρεσι πευσόμεϑα.  

696. ARCHIAS. - Te voilà pendu, malheureux, à ce pin épais où ta dépouille velue est le jouet des vents. Pendu ! aussi pourquoi as-tu provoqué Apollon à une lutte inégale, ô Satyre, toi qui habites [non le ciel, mais] les rochers de Célénes ? Et nous, Nymphes, nous n'entendrons plus sur les monts phrygiens, comme autrefois, les doux sons de ta flûte.

21. ΑΡΧΙΟΥ [ΜΙΤΥΛΗΝΑΙΟΥ] 9.19

῾Ο πρὶν ἀελλοπόδων λάμψας πλέον Αἰετὸς ἵππων, 
     ὁ πρὶν ὑπαὶ μίτραις κῶλα καϑαψάμενος,  
ὃν Φοίβου χρησμῳδὸς ἀέϑλιον ἔστεφε Πυϑώ,  
    
ὀρνύμενον πτανοῖς ὠκυπέταις ἴκελον,  
καὶ Νεμέη, βλοσυροῖο τιϑηνήτειρα λέοντος,  
    
Πῖσά τε καὶ δοιὰς ᾐόνας ᾿Ισϑμὸς ἔχων,  
νῦν κλοιῷ δειρὴν πεπεδημένος, οἷα χαλινῷ,  
    
καρπὸν ἀλεῖ Δηοῦς ὀκριόεντι λίϑῳ,  
ἴσαν μοῖραν ἔχων ῾Ηρακλέι· καὶ γὰρ ἐκεῖνος  
    
τόσσ' ἀνύσας δούλαν ζεῦγλαν ἐφηρμόσατο.  
῾Ο πρὶν ἐπ' ᾿Αλφειῷ στεφανηφόρος, ὦνερ, ὁ τὸ πρὶν  
    
δισσάκι κηρυχϑεὶς Κασταλίης παρ' ὕδωρ,  
ὁ πρὶν ἐγὼ Νεμέῃ βεβοημένος, ὁ πρὶν ἐπ' ᾿Ισϑμῷ  
    
πῶλος, ὁ πρὶν πτηνοῖς ἶσα δραμὼν ἀνέμοις,  
νῦν ὅτε γηραιός, γυροδρόμον, ἠνίδε, πέτρον  
    
δινεύω, στεφέων ὕβρις, ἐλαυνόμενος.  

19. ARCHIAS. - Le coursier qui autrefois, digne de son nom d'aigle, éclipsait tous ses rivaux, qui devançait le vol des vents ailés, dont les jambes étaient parées de bandelettes triomphantes, que Pytho, célèbre par son oracle, que Némée, la nourrice du lion terrible, que Pise et l'Isthme au double rivage ont honoré de leurs couronnes, maintenant enchaîné par le cou à un carcan en guise de frein, broie les épis de Cérès sous une rude pierre qu'il traîne. Son sort est semblable à celui d'Hercule : ce demi-dieu, après avoir accompli de nombreux exploits, n'a-t-il pas subi le joug de l'esclavage  ?

22. ΑΡΧΙΟΥ, οἱ δὲ ΠΑΡΜΕΝΙΩΝΟΣ 9.27

Εὔφημος γλώσσῃ παραμείβεο τὰν λάλον ᾿Ηχὼ  
    
κοὐ λάλον, ἤν τι κλύω, τοῦτ' ἀπαμειβομέναν.  
εἰς σὲ γάρ, ὃν σὺ λέγεις, στρέψω λόγον· ἢν δὲ σιωπᾷς,  
    
σιγήσω. τίς ἐμεῦ γλῶσσα δικαιοτέρη;  

27. ARCHIAS ou PARMÉNION. - En silence ou en m'invoquant passe devant moi Écho, qui parle et ne parle pas : je répète ce que j'entends. Oui, je te renverrai le mot que tu auras dit, et à ton silence je répondrai par le silence. Est-il une langue plus loyale que la mienne ?

23. ΑΣΚΛΗΠΙΑΔΟΥ, οἱ δὲ ΑΡΧΙΟΥ 9.64

Αὐταὶ ποιμαίνοντα μεσαμβρινὰ μῆλά σε Μοῦσαι 
    
ἔδρακον ἐν κραναοῖς οὔρεσιν, ῾Ησίοδε,  
καί σοι καλλιπέτηλον, ἐρυσσάμεναι περὶ πᾶσαι,  
    
ὤρεξαν δάφνας ἱερὸν ἀκρεμόνα,  
δῶκαν δὲ κράνας ῾Ελικωνίδος ἔνϑεον ὕδωρ,  
    
τὸ πτανοῦ πώλου πρόσϑεν ἔκοψεν ὄνυξ·  
οὗ σὺ κορεσσάμενος μακάρων γένος ἔργα τε μολπαῖς
    
καὶ γένος ἀρχαίων ἔγραφες ἡμιϑέων.  

64. ASCLÉPIADE OU ARCHIAS. - Les Muses t'ont vu, Hésiode, conduisant tes troupeaux par d'âpres montagnes, en plein midi, et toutes, pour te protéger contre la chaleur, t'ont présenté un rameau sacré d'olivier avec son beau feuillage. Elles t'ont donné aussi à boire de l'eau de la fontaine d'Hélicon que fit jaillir autrefois le pied du cheval ailé ; et c'est abreuvé de cette onde que tu as chanté la race des immortels, les travaux des champs, et la généalogie des anciens héros, demi-dieux.

24. ΑΡΧΙΟΥ ΝΕΩΤΕΡΟΥ 9.91

῾Ερμῆ Κωρυκίων ναίων πόλιν, ὦ ἄνα, χαίροις,
    
῾Ερμῆ, καὶ λιτῇ προσγελάσαις ὁσίῃ.  

91. ARCHIAS. - Mercure, qui habites la ville de Coryce, dieu puissant, salut ! Accepte avec un sourire propice cette modeste offrande.

25. ΑΡΧΙΟΥ [ΜΙΤΥΛΗΝΑΙΟΥ] 9.111  

Θρήικας αἰνείτω τις, ὅτι στοναχεῦσι μὲν υἷας  
    
μητέρος ἐκ κόλπων πρὸς φάος ἐρχομένους,  
ἔμπαλι δ' ὀλβίζουσιν, ὅσους αἰῶνα λιπόντας  
    
ἀπροϊδὴς Κηρῶν λάτρις ἔμαρψε Μόρος. 
οἱ μὲν γὰρ ζώοντες ἀεὶ παντοῖα περῶσιν  
    
ἐς κακά, τοὶ δὲ κακῶν εὗρον ἄκος φϑίμενοι.  

111. ARCHIAS. - Louons les Thraces qui pleurent sur leurs fils, lorsque, du sein de leur mère, ils arrivent à la lumière du jour, et qui, au contraire, préconisent le bonheur de tous ceux qu'enlève avant le temps le Trépas, ministre des Parques. Ceux en effet, qui vivent, passent à travers des maux de toute sorte, et ceux qui meurent en ont trouvé l'infaillible remède.

26. ΑΡΧΙΟΥ [ΜΙΤΥΛΗΝΑΙΟΥ] 9.339

῎Εν ποτε παμφαίνοντι μέλαν πτερὸν αἰϑέρι νωμῶν  
    
σκορπίον ἐκ γαίης εἶδε ϑορόντα κόραξ,  
ὃν μάρψων ὤρουσεν· ὁ δ' ἀίξαντος ἐπ' οὖδας  
    
οὐ βραδὺς εὐκέντρῳ πέζαν ἔτυψε βέλει  
καὶ ζωῆς μιν ἄμερσεν. ἴδ', ὡς, ὃν ἔτευχεν ἐπ' ἄλλῳ,  
    
ἐκ κείνου τλήμων αὐτὸς ἔδεκτο μόρον.  

339. ARCHIAS. - Un corbeau aux noires ailes, du haut des airs où il planait, vit un scorpion qui sortait de terre, et s'élança pour le prendre. Mais au moment où il touchait la terre, le scorpion, qui n'est pas lent, le pique à la patte de son dard acéré ; et de cette blessure il mourut aussitôt. Voilà comme, en machinant la mort d'un autre, de cet autre même l'infortuné a reçu la mort.

27. ΑΡΧΙΟΥ 9.343  

Αὐταῖς σὺν κίχλαισιν ὑπὲρ φραγμοῖο διωχϑεὶς  
    
κόσσυφος ἠερίης κόλπον ἔδυ νεφέλης·  
καὶ τὰς μὲν συνοχηδὸν ἀνέκδρομος ὤχμασε ϑώμιγξ,  
    
τὸν δὲ μόνον πλεκτῶν αὖϑι μεϑῆκε λίνων.  
ἱρὸν ἀοιδοπόλων ἔτυμον γένος· ἦ ἄρα πολλὴν  
    
καὶ κωφαὶ πτανῶν φροντίδ' ἔχουσι πάγαι.  

343. ARCHIAS. - Un merle et deux grives, poursuivis par dessus une haie, entrèrent dans les réseaux à peine visibles d'un filet. L'inévitable noeud se resserra sur les grives, le merle seul s'échappa. Sainte et privilégiée est la race des chanteurs. Aussi les piéges mêmes, tout sourds qu'ils sont, ont grandement soin des oiseaux qui chantent.

28. ΑΡΧΙΟΥ 9.750  

Τὰς βοῦς καὶ τὸν ἴασπιν ἰδὼν περὶ χειρὶ δοκήσεις  
    
τὰς μὲν ἀναπνείειν, τὸν δὲ χλοηκομέειν.  

750. ARCHIAS. Sur des boeufs en cachet. - En regardant à ton doigt les boeufs et le jaspe de cette bague, tu croirais voir les uns respirer et l'autre verdir comme du gazon.

29. ΑΡΧΙΟΥ 10.7

Τοῦδέ με κυμοπλῆγος ἐπὶ σκοπέλοιο Πρίηπον  
    
ναῦται Θρηικίου ϑέντο πόρου φύλακα,  
πολλάκις οἷς ἤιξα ταχὺς καλέουσιν ἀρωγός,  
    
ξεῖνε, κατὰ πρύμνης ἡδὺν ἄγων Ζέφυρον.  
τοὔνεκεν οὔτ' ἄκνισον, ὅπερ ϑέμις, οὔτ' ἐπιδευῆ 
    
εἴαρος ἀϑρήσεις βωμὸν ἐμὸν στεφάνων,  
ἀλλ' αἰεὶ ϑυόεντα καὶ ἔμπυρον· οὐδ' ἑκατόμβη  
    
τόσσον ὅσον τιμὴ δαίμοσιν ἁνδάνεται.  

7. ARCHIAS. - Sur ce rocher que battent les flots, des matelots m'ont placé, moi Priape, comme gardien du Bosphore de Thrace. Que de fois, passant, je suis venu à leur aide quand ils m'invoquaient, amenant le doux zéphyr dans leurs voiles ! Aussi tu verras que mon autel, et c'est justice, ne manque ni de la fumée des sacrifices ni de couronnes printanières, mais que le feu y brûle sans cesse, que sans cesse l'encens le parfume. Or ce que les dieux préfèrent aux hécatombes, c'est un culte permanent.

30. ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ 10.8

Βαιὸς ἰδεῖν ὁ Πρίηπος ἐπαιγιαλίτιδα ναίω 
     χηλήν, αἰϑυίαις οὔποτ' ἐναντίβιος,  
φοξός, ἄπους, οἷόν κεν ἐρημαίῃσιν ἐπ' ἀκταῖς  
    
ξέσσειαν μογερῶν υἱέες ἰχϑυβόλων.  
ἀλλ' ἤν τις γριπεύς με βοηϑόον ἢ καλαμευτὴς 
    
φωνήσῃ, πνοιῆς ἵεμαι ὀξύτερος.  
λεύσσω καὶ τὰ ϑέοντα καϑ' ὕδατος· ἦ γὰρ ἀπ' ἔργων  
    
δαίμονες, οὐ μορφᾶς γνωστὸν ἔχουσι τύπον.  

8. LE MÊME. - Moi, humble et petit Priape, j'habite une jetée que la mer baigne de ses flots, et jamais les mouettes n'ont eu peur de moi ; avec une tête pointue, et sans pieds, je suis tel que, sur une plage solitaire , pouvaient me sculpter de pauvres pêcheurs ; mais si quelque pêcheur au filet ou à la ligne m'appelle à son secours, j'arrive plus prompt que le vent ; je surveille aussi les navires en péril sur les flots. Assurément c'est par leurs services, non par leur forme, que les dieux se font connaître [et aimer].

31. ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ 10.9

Τὸν βραχύν, ἰχϑυβολῆες, ὑπὸ σχίνῳ με Πρίηπον  
    
στειλάμενοι κώπαις τὰν ὀλίγαν ἄκατον,  
–δίκτυ' ἄγ' ἁπλώσασϑε–, πολὺν δ' ἁλινηχέα βῶκα  
    
καὶ σκάρον, οὐ θρίσσης νόσφιν ἀρυσσάμενοι,  
γλαυκὸν ἐνιδρυνθέντα νάπῃ, σημάντορα ϑήρης  
    
τίετ' ἀπ' οὐκ ὀλίγων βαιὸν ἀπαρχόμενοι.  

9. ANONYME. - Pêcheurs, qui avez garni de ses avirons la petite barque,... [implorez-moi, moi] Priape, dont la statue peu haute est dominée par les joncs ; puis allez déployer en mer vos filets ; et lorsque vous aurez pris beaucoup de bogues et de scares, sans parler des sardines, honorez le dieu glauque, placé dans la forêt [de joncs], qui vous signale la proie, et offrez-lui une assez bonne part de votre pêche.

32. ΑΡΧΙΟΥ [ΝΕΩΤΕΡΟΥ]  10.10

Πᾶνά με τόνδ' ἱερῆς ἐπὶ λισσάδος, αἰγιαλίτην  
    
Πᾶνα, τὸν εὐόρμων τῇδ' ἔφορον λιμένων,  
οἱ γριπῆες ἔϑεντο· μέλω δ' ἐγὼ ἄλλοτε κύρτοις,  
    
ἄλλοτε δ' αἰγιαλοῦ τοῦδε σαγηνοβόλοις.  
ἀλλὰ παράπλει, ξεῖνε· σέϑεν δ' ἐγὼ οὕνεκα ταύτης  
    
εὐποΐης πέμψω πρη¿ν ὄπισϑε νότον.  

10. ARCHIAS LE JEUNE. - Les pécheurs m'ont placé sur cette roche unie, moi Pan, le Pan protecteur des rivages, ici le gardien de criques d'un accès facile. Aussi je prends soin tantôt des nasses et des filets, tantôt des pêcheurs mêmes de ces parages. Allons, étranger, double cette roche et longe la côte. En reconnaissance de l'hommage que j'ai reçu, je t'enverrai en poupe un vent doux et propice.

33. ΑΡΧΙΟΥ 15.51  

Χάλκεος, ἀλλ' ἄϑρησον, ὅσον ϑράσος ἄνυσε κάπρου  
    
ὁ πλάστας ἔμπνουν ϑῆρα τυπωσάμενος  
χαίτας αὐχενίους πεφρικότα, ϑηκτὸν ὀδόντα  
    
βρύχοντα, γλήναις φρικτὸν ἱέντα σέλας,  
ἀφρῷ χείλεα πάντα δεδευμένον· οὐκέτι ϑάμβος,  
    
εἰ λογάδα στρατιὴν ὤλεσεν ἡμιϑέων.  

34. ΑΡΧΙΟΥ  16. 94

Μηκέτι ταυροβόροιο βαρὺ βρύχημα λέοντος  
    
πτήσσετε. ληινόμοι γειαρόται Νεμέης·  
ἦ γὰρ ὑφ' ῾Ηρακλῆος ἀριστάϑλοιο δέδουπεν  
    
αὐχένα ϑηροφόνοις ἀγχόμενος παλάμαις.  
ποίμνας ἐξελάσασϑε· πάλιν μυκηϑμὸν ἀκούοι  
    
᾿Ηχώ, ἐρημαίης ἐνναέτειρα νάπης.  
καὶ σύ, λεοντόχλαινε, πάλιν ϑωρήσσεο ῥινῷ  
    
῞Ηρης πρηΰνων μισονόϑοιο χόλον.  

94. ARCHIAS. Sur Hercule vainqueur du lion de Némée. - Laboureurs de la plaine de Némée, ne redoutez plus les rugissements du lion qui dévorait vos boeufs : il est tombé sous l'étreinte d'Hercule, étouffé dans ses bras vigoureux. Conduisez aux champs vos troupeaux. Que de nouveau la déesse qui habite la vallée solitaire, Écho, entende leurs mugissements et toi qui t'es paré de la peau du lion, de nouveau prends le bouclier, et par d'autres exploits calme la colère de ta marâtre Junon.

35. [ΛΟΥΚΙΑΝΟΥ, οἱ δὲ]ΑΡΧΙΟΥ  16. 154

᾿Ηχὼ πετρήεσσαν ὁρᾷς, φίλε, Πανὸς ἑταίρην, 
    
ἀντίτυπον φϑογγὴν ἔμπαλιν ᾀδομένην,  
παντοίων στομάτων λάλον εἰκόνα, ποιμέσιν ἡδὺ  
    
παίγνιον. ὅσσα λέγεις, ταῦτα κλύων ἄπιϑι.  

154. LUCIEN ou ARCHIAS.  - Passant, tu vois Écho qui se plaît dans les rochers, la compagne et l'amie de Pan, qui répète les mots, en reproduit le son, image parlante de toutes les voix, doux jeu des bergers. Ayant entendu ce que tu auras dit, va-t'en.

36. ΑΡΧΙΟΥ 16.179

Αὐτὰν ἐκ πόντοιο τιϑηνητῆρος ᾿Απελλῆς
    
τὰν Κύπριν γυμνὰν εἶδε λοχευομέναν  
καὶ τοίαν ἐτύπωσε διάβροχον ὕδατος ἀφρῷ  
    
ϑλίβουσαν ϑαλεραῖς χερσὶν ἔτι πλόκαμον.  

179. ARCHIAS. - Apelles vit Cypris, toute nue, sortant du sein des ondes où elle avait été conçue, et il l'a représentée pressant encore de ses belles mains les tresses de sa chevelure toute humide de l'écume des mers.

37. ΑΡΧΙΟΥ

῾Ηράκλεια πατρίς, Ζεῦξις δ' ὄνομ'· εἰ δέ τις ἀνδρῶν  
    
ἡμετέρης τέχνης πείρατά φησιν ἔχειν,   
δείξας νικάτω ...  

    
δοκῶ δ' ἡμᾶς οὐχὶ τὰ δεύτερ' ἔχειν.

ACÉRATUS, ᾿Ακήρατος.

Acératus le grammairien ne nous est connu que par le tétrastique sur Hector que l'Anthologie lui attribue, ῞Εκτορ ῾Ομηρείοισιν, VII, 138. C'est une épigramme d'une facture ingénieuse.

38. AKHΡATOΥ ΓΡAMMATIKOΥ 7.139

῞Εκτορ ῾Ομηρείῃσιν ἀεὶ βεβοημένε βίβλοις,  
    
ϑειοδόμου τείχευς ἕρκος ἐρυμνότερον,  
ἐν σοὶ Μαιονίδης ἀνεπαύσατο· σοῦ δὲ ϑανόντος,  
    
῞Εκτορ, ἐσιγήϑη καὶ σελὶς ᾿Ιλιάδος.  

῞Εκτορι μὲν Τροία συγκάτϑανεν οὐδ' ἔτι χεῖρας  
    
ἀντῆρεν Δαναῶν παισὶν ἐπερχομένοις·  
Πέλλα δ' ᾿Αλεξάνδρῳ συναπώλετο. πατρίδες ἆρα  
    
ἀνδράσιν, οὐ πάτραις ἄνδρες ἀγαλλόμεϑα.  

138. ACÉRATE LE GRAMMAIRIEN. - Hector que citent à chaque page les poésies homériques comme la plus forte tour du rempart bâti par les dieux, avec toi Méonide a suspendu ses chants. A peine as-tu cessé de vivre que le poème de l'Iliade s'arrête et se tait. 
139. ANONYME. - Troie mourut avec Hector ; elle ne lutta pas plus longtemps avec les Grecs qui l'assaillaient. Pella périt avec Alexandre. Les cités sont glorifiées par les hommes ; nous autres hommes, nous ne le sommes pas par les cités.