orphée
TRADUITES PAR M. ERNEST FALCONNET.
I.
LE PARFUM DE LA DÉESSE QUI VEILLE AUX PORTES.
Le Styrax.
Écoute mes chants, ô vénérable déesse, toi qui protèges les couches des femmes, toi qui aimes les mystères de la génération ; protectrice du sexe féminin, déesse qui présides aux noces, salut. Tu es douce, tu es bonne, tu es agréable pour tous les hommes. Tu habites les édifices de tous les mortels et tu fréquentes leurs festins. Tu es invisible, mais tu veilles toujours à tous les enfantements. Tu prends pitié de ceux qui sont difficiles et tu te réjouis de ceux qui se multiplient. C'est toi qu'invoquent les femmes enceintes, toi qui peux apporter un allégement à leurs souffrances, car c'est toi qui toujours veilles sur la partie de la femme où cesse le sein. O Artémise bienveillante, de qui dépendent les heureuses délivrances, accorde-moi une agréable progéniture, préside aux douleurs des femmes qui accouchent, et conserve-les comme les conserve Junon l'excellente protectrice.
II.
LE PARFUM DE LA NUIT.
Je t'invoque, ô déesse qui engendres les dieux et les hommes. La nuit est le principe de toutes choses. Écoute-moi, grande déesse, tour a tour voilée d'obscurité ou couverte d'un brillant manteau d'étoiles. Tu aimes les lieux habités par le sommeil silencieux et par l'agréable paresse ; bonne déesse qui te plais aux festins, la mère des songes, ennemis de toutes les inquiétudes, et du repos, la plus tranquille de toutes les choses. Amie de tous, précédée du crépuscule, tu habites tour à tour la terre et le ciel ; tu viens du Tartare et tu retournes à l'Orcus en chassant devant toi la lumière, car les lois éternelles des choses t'y contraignent irrévocablement. Sois présente à nos chants, ô vénérable déesse aimée de tous, écoute les humbles prières de ceux qui te supplient ; déesse, viens à nous en fuyant les images incertaines du crépuscule.
III.
PARFUM D'OURANOS.
L'encens
Ouranos, père de toutes choses, partie éternellement agissante du monde, principe et fin de tout l'univers, toi qui fais rouler la terre dans des cercles immenses, demeure des immortels qui tournes en tourbillonnant dans les sphères infinies, dieu céleste et terrestre qui gardes et qui voiles toutes choses, qui résumes en toi seul toutes les lois éternelles de la nature, père éternel, puissant, indomptable, changeant toujours de forme, protecteur universel, créateur de Saturne, le plus grand des dieux, viens à mes prières et accorde la vie au jeune enfant qui sert les mystères.
IV.
PARFUM DE L'ÉTHER.
Le Safran.
Flamme sacrée, qui veilles éternellement dans les palais élevés de Jupiter, portion toute puissante des étoiles, du soleil et de la lune, Éther dominateur de toutes choses, ardeur vivante de tout ce qui respire, toi qui règnes dans les hauteurs azurées, noble élément du monde, fleur flamboyante, rayon radieux, je te supplie avec prière d'être pour moi innocent et tempéré.
V.
PARFUM DU PRIMIGENIUS (DU PREMIER ÉLÉMENT GÉNÉRATEUR.)
La Myrrhe.
Je t'invoque grand couple primigène, toi qui vogues dans les airs et qui te soutiens sur des ailes d'or, semence génitrice et féconde des dieux et des hommes, divinité célèbre et mémorable sur la terre primitive, noble germe des autres divinités, qui as éloigné de tous les yeux la profonde obscurité qui les aveuglait dans le principe, toi qui planes sur les murailles du monde soutenu par tes ailes qui sont des signes favorables, toi qui répands la lumière et qui as pris de là le nom de Phanète (Lunus), dieu de la nuit, bienheureux immortel, sois-nous favorable, assiste aux sacrifices des prêtres , aux expiations universelles qu'ils te présentent.
VI.
PARFUM DES ASTRES.
Les Aromates.
Lumière flamboyante, signaux brillants du ciel, je vous invoque d'une chaste voix, vous et les génies du firmament arrondi, astres étincelants du monde, compagnons bien-aimés de la nuit, parcourant dans vos immenses orbites toutes les cavités du ciel , origine primitive de toutes choses , vous qui annoncez les destinées et indiquez les lois sévères de l'avenir ! flambeaux de la route du firmament indiquée aux premiers mortels, tribuns aériens du camp céleste, nation inquiète, toujours vague et voyageuse, nation nocturne, éparse sur le manteau sombre des nuits, flammes scintillantes, joyeuses et pleines de vigilance, je vous invoque pour les mystères sacrés de votre culte : faites briller une lueur favorable aux sacrifices par lesquels nous vous adorons.
VII.
PARFUM DU SOLEIL.
L'Encens.
O dieu dont l'œil éternel embrasse tous les ouvrages, Titan illustre, lumière toute-puissante, lumière infatigable, miroir animé de tout ce qui respire, père du matin lorsque tu es sur la droite, et de la nuit quand tu arrives à gauche, modérateur du temps, traîné par quatre chevaux à la course retentissante ; torrent de feu, aimable divinité, achevant la course par un rapide tourbillon ; conducteur favorable des hommes pieux et hostile aux méchants ; toi qui sur ta lyre fais entendre des sons harmonieux , maître des ouvrages qui réussissent, père des tempêtes, dieu tout-puissant , rayonnant et agile, oeil du monde étoilé, qui meurs et revis chaque jour dans des flammes immortelles ; grand inquisiteur de la justice, maître du monde, fils de Jupiter, toujours présent pour les mortels, lumière de la vie , toi qui de ton fouet sifflant précipites la course de ton char attelé de quatre chevaux, nous te supplions, accorde une vie heureuse aux jeunes enfant qui se dévouent à tes mystères.
VIII.
PARFUM DE LA LUNE.
Les Aromates.
O reine puissante, Séléné, la plus illustre des vierges, lune vigilante, habitante des airs, compagne fidèle de la nuit, lune escortée de tes fidèles étoiles, tour à tour nouvelle et devenant plus vieille, toujours brillante ; mère des siècles, toi qui protèges tous les hommes, légère de sommeil, et présidant aux signes enflammés des cieux, amante de la joie aimable et de la paix, sois présente, ô vierge splendide, brillante , étoilée, protège nos sacrifices.
IX.
PARFUM DE LA NATURE.
Les Aromates.
Nature toute-puissante, habile et sachant toutes choses, ouvrière majestueuse, reine superbe, victorieuse et invincible, vivante pour tous, la plus honorable, la plus magnifique de toutes les choses i;vierge née la première, vierge éternelle, force toute-puissante qui guides dans la nuit les étoiles des cieux, vierge dont les pieds rapides ne posent à terre que des traces légères ; toi qui ornes les dieux, fin infinie de toutes choses, commune à tous et inconnue dans tes secrètes profondeurs, née de toi-même sans père, illustre par tes vertus ; divinité merveilleuse et fleurie qui portes en toi toute les divinités ; divinité qui produis et nourris tout, qui habites le ciel et la terre et qui imposes encore tes lois aux ondes toutes-puissantes, toujours redoutable aux méchants et toujours amie des justes ; reine toute-puissante, victorieuse, éternelle ; déesse des jeunes gens et des hommes ; père et mère de tous, nourricière bienfaisante ; toute-puissante et bienheureuse déesse, perfection de toutes choses, sagesse universelle qui te meus régulièrement dans l'univers ; honorable et majestueuse déesse qui prends toutes les formes, qui dictes des lois aux mortels et qui fais courber sous ton sceptre la tête des rois ; reine intrépide, dominatrice universelle, fleur de la vie éternelle, immortelle déesse, toi seule es tout, car toi seule produis toutes choses. Je te supplie, toi et les Saisons bienveillantes, de me donner la paix et la santé et d'accroître toutes choses.
X.
PARFUM DE PAN.
Tous les Encens.
J'invoque Pan, substance universelle du monde, du ciel, de la mer profonde, de la terre aux formes variées et de la flamme impérissable. Ce ne sont là que des membres dispersés de Pan. Pan aux pieds de chèvres, dieu vagabond, maître des tempêtes, qui fais rouler les astres et dont la voix figure les concerts éternels du monde, dieu aimé des bouviers et des pasteurs qui affectionnent les claires fontaines, dieu rapide qui habites les collines, ami du son, dieu chéri des nymphes, dieu qui engendres toutes choses, puissance procréatrice de l'univers, habitant des antres, dieu irascible, armé de cornes de boucs par la volonté de Jupiter ; c'est sur toi que reposent les limites solides de la terre génératrice, les flots bruyants de la mer éternelle et l'océan qui enveloppe la terre de ses ondes salées ; c'est en toi que repose une portion de l'air et le feu, puissant élément de toutes choses, base de la flamme éternelle c'est à toi que sont soumis tous les divins éléments : tes ordres puissants changent les lois de la nature et tu peux augmenter à ton gré le nombre des années de la vie des mortels. Père tout-puissant, père triomphateur, accepte ces libations, permet que ma vie ait une fin juste et favorable, et éloigne des limites de la terre toutes les terreurs paniques.
XI.
PARFUM D'HERCULE.
L'encens.
Salut, père Titan, Hercule au cœur plein de courage, doué d'une force prodigieuse : dieu invincible aux vastes mains, habile aux combats les plus terribles, père du Temps, éternel et bienveillant, dieu aux formes changeantes, dieu sauvage, invoqué par d'innombrables prières, dominateur tout-puissant, au grand cœur, aux membres solides, divinité d'un augure favorable ; dieu procréateur, dieu illustre qui soumets toutes choses et domptes les monstres féroces, né de ton propre génie, race invincible de la terre ; dieu favorable, animé par la flamme éternellement primitive, toi qui portes sur ta tête le matin et la nuit couverte d'épaisses ténèbres, toi qui depuis ta naissance jusqu'à ta mort as supporté douze combats illustres, qui tour à tour as su te passer des immortels et t'es assis parmi eux, sois-nous propice, apporte-nous les remèdes qui charment les maladies, donne-nous des augures favorables, éloigne avec tes mains sacrées les fièvres dangereuses et chasse les maux terribles à l'aide de tes flèches rapides.
XII.
PARFUM DE SATURNE.
Le Styrax.
Souche illustre des hommes et des dieux qui habitent le ciel, Titan tout-puissant, fertile en ruses et doué d'une force prodigieuse, qui résumes toutes choses et qui termines toutes choses, lié par des chaînes mystérieuses à travers les silencieuses plaines de la terre. Saturne père du Temps, Saturne plein de fourberie, engendré par la terre et par le ciel peuplé d'étoiles ; souche primitive, Titan indestructible, dieu favorable, qui par tes membres es présent sur toute la surface du globe, sois propice à nos vœux, apporte aux mortels une fin heureuse pour leur vie.
XIII.
PARFUM DE RHÉA.
Les Aromates.
Vénérable Rhéa mère des dieux primigènes, aux formes variées ; vierge qui aimes le bruit des cymbales et le retentissement des tambours, mère puissante de Jupiter, déesse prompte à secourir les hommes, déesse belle et honorée qui partages la couche auguste de Saturne ; toi qui te plais sur les montagnes et qui aimes les hurlements sacrés des hommes, majesté bienveillante, douée d'une force prodigieuse, mère des dieux qui habitent le ciel et des hommes mortels ! c'est de toi que procèdent la terre et le ciel élevé, et la mer salée et les vents qui courent sur le monde. Déesse illustre, sois-nous favorable, protége-nous, donne-nous la paix et l'abondance de tous les biens et chasse loin de nous les pestes, les dangers et toutes les choses terribles.
XIV.
PARFUM DE JUPITER.
Le Styrax.
O vénérable Jupiter ! Jupiter éternel, nous te présentons nos prières, nos témoignages et nos vœux. O Jupiter ! toutes choses dépendent de ta divinité : la terre et les sommets immenses de la terre, les montagnes et la mer, et tout ce que l'air environne de son fluide élément, tout cela c'est à toi. Jupiter, fils de Saturne, générateur universel , commencement et fin de toutes choses ; Jupiter, qui tiens dans tes mains le tonnerre, les éclairs et la foudre, écoute-moi favorablement, accorde-moi la paix divine et le bonheur des richesses.
XV.
PARFUM DE JUNON.
Les Aromates.
O reine Junon ! illustre épouse de Jupiter, assise dans tes demeures aériennes et voilées d'azur, qui par de doux zéphyrs favorables charme le cœur des mortels, mère des nuages, génératrice des vents ! sans toi le souffle de la vie n'est pas respirable : tu pénètres toutes choses en te mêlant au souffle des vents, seule tu règnes sur toute la nature, tu la domines toute entière ; tu viens jusqu'à nous, divine Junon, dans les sifflements de l'air ; je t'en conjure, divine déesse, grande reine, viens à nous et sois-nous favorable en souriant de ta lèvre bienveillante.
XVI.
LE PARFUM DE NEPTUNE.
La Myrrhe.
Écoute-moi . Neptune à la chevelure mouillée par les ondes salées de la mer, Neptune traîné par de rapides coursiers et tenant dans la main ton trident acéré, toi qui habites toujours les immenses profondeurs de la mer, roi des ondes, toi qui presses la terre de tes eaux tumultueuses, toi qui lances au loin l'écume et qui conduis à travers les flots ton rapide quadrige ; dieu azuré à qui le sort accorda l'empire des mers, toi qui aimes ton troupeau armé d'écailles et les eaux salées de l'océan, arrête-toi sur les bords de la terre, donne un bon souffle aux navires et ajoutes-y pour nous la paix, le salut et les dons dorés des richesses.
XVII.
SUR PLUTON.
Magnanime Pluton, toi qui parcours les espaces sombres des enfers, le Tartare obscur et les immensités silencieuses voilées par les ténèbres, je t'implore en t'offrant un don favorable ; toi qui environnes de tous côtés la terre, qui produis toutes choses, toi qui as obtenu par le sort l'empire de l'Averne, demeure des immortels, dernière demeure des hommes, tu n'as pour empire que des champs environnés de ténèbres, les champs de l'Achéron lointain, éternel, inexorable, et le noir Achéron lui-même, sombre ceinture de la terre ; toi qui tiens tes droits sur les hommes des largesses de la mort, dieu puissant qui, vaincu par l'amour, enlevas la fille de Cérès au milieu d'un pré fleuri et l'entraînas sur ton char à travers les plaines azurées de la mer jusqu'à l'autre d'Ahtide, où sont les portes de l'Averne ; dieu qui sais toutes les choses connues ou inconnues, dieu puissant, dieu illustre, dieu très-saint, qui te réjouis des louanges et du culte sacré de tes autels, sois-nous propice, je t'en supplie, sois favorable à la foule qui te vénère.
XVIII.
PARFUM DE JUPITER TONNANT.
Le Styrax.
O Jupiter, qui parcours les lieux enflammés du monde retentissant, toi dont les flammes pétillantes effraient tous les esprits, dont la foudre sacrée ébranle la demeure des immortels, toi qui roules dans le ciel le torrent retentissant de tes feux, toi qui diriges les nuages, les traits rougis et les tonnerres, et qui enveloppes. de tes traits tout ce qui est animé, toi qui vomis la flamme et le bruit et qui sèmes les ruines sur ton passage ! Foudre terrible accompagnée d'une effroyable crinière, messagère ardente d'une main victorieuse, toi qui dévores tout arme indomptable et horrible, qui plonges toutes choses dans l'horreur et le tumulte, arme de Jupiter, trait rapide qui traverses les cieux précédé d'une flamme vengeresse, la terre nourricière, féconde, l'océan salé, les siècles vivants te craignent lorsque ton bruit épouvantable se fait entendre : alors on voit une lueur et un éclair rouge, et tu lances dans le ciel, dieu puissant, tu lances ta foudre étincelante. O dieu, répands ta colère sur les mers salées et sur les sommets élevés : nous connaissons ta force ! Favorise nos sacrifices, accorde à nos esprits des dons favorables, les biens de la vie, et la force et la santé, et la paix des honorables dieux, et accorde-nous aussi une nourriture toujours conforme à nos désirs.
XIX
PARFUM DE JUPITER FOUDROYANT.
Encens du Liban.
Je supplie Jupiter foudroyant, roi tout-puissant qui régit toutes choses, dieu enflammé, retentissant, qui habite les airs et commande aux nuages qui engendrent la foudre, dieu terrible, indomptable et invincible, d'accorder à mon existence une fin tranquille et heureuse.
XX.
PARFUM DES NUAGES.
La Myrrhe.
Nuages aériens, voyageurs célestes, générateurs de tous les fruits , vous qui renfermez dans votre sein les trésors de la pluie, vous qui parcourez le monde poussés par la forte haleine des zéphyrs, nuages foudroyants, enflammés, retentissants, vous qui tour à tour répandez dans l'air un inimitable murmure ou qui faites entendre d'affreux sifflements sous le souffle des tempêtes, je vous supplie maintenant de verser sur la terre, avec de doux vents, les pluies fertiles qui fécondent les fruits.
XXI.
PARFUM DE LA MER.
L'Encens du Liban.
Je t'en supplie, Thétis aux yeux bleus, à la robe d'azur, qui habites les immensités charmantes de la mer, poussée par de doux zéphyrs jusqu'aux extrémités de la terre, toi qui fais entendre sur tes rives de délicieux murmures, fière des vaisseaux que tu portes, toi qui nourris dans ton sein de nombreux troupeaux de poissons, mère de Vénus, mère des nuages ténébreux, mère de toutes les fontaines qui se répandent en douces ondes, sois-nous propice, bénis nos vœux et envoie à nos vaisseaux les vents favorables.
XXII.
ENCENS DE NÉRÉE.
La Myrrhe.
O toi qui commandes au monde liquide et qui, au sein de ton empire azuré, te réjouis des quatre-vingts vierges qui sont tes filles, dieu de la mer, puissant Nérée, base de l'océan, borne de la terre, principe de toutes choses, foi qui ébranles l'univers quand tu précipites dans les cavernes tes flots tumultueux, sois-nous propice, respecte la terre et envoie à tes prêtres sacrés la paix, les richesses et le bonheur.
XXIII.
PARFUM DES NÉRÉIDES.
Les Aromates.
Filles de Nérée, charmantes nymphes aux beaux yeux, vous qui vivez sous les eaux, habitantes des ondes agitées, vous qui au nombre de quatre-vingts voguez à la surface des mers et suivez les chars des Tritons, en vous mêlant aux génies nombreux demi-monstres que nourrit le liquide élément, à tous ceux qui habitent les mers et parcourent leur immensité, et aux dauphins errants qui regardent d'un oeil bleu, je vous en prie, comblez de vos faveurs les jeunes enfants qui vous offrent des sacrifices, car c'est vous qui les premières avez fait des fêtes avec l'auguste Bacchus, avec la déesse Proserpine, avec la mère Calliope et le puissant Apollon.
XXIV.
PARFUM DE PROTÉE.
Le Styrax.
Je t'honore, Protée, toi qui tiens les clés de la mer, Protée Primigène, toi qui d'abord pousses la nature dans ses limites, toi qui changes de différentes manières les lois sacrées de la matière, toi qui sais toutes les choses qui sont, toutes celles qui furent d'abord et celles que l'avenir nous réserve, car dans le principe la nature te confia tous ses secrets ; c'est pourquoi sois-nous propice, donne-nous des oracles véridiques et accorde à notre vie une fin heureuse.
XXV.
PARFUM DE LA TERRE.
Toutes semences excepté les Fèves et les Aromates.
O Terre, grande déesse, mère des dieux et des hommes, déesse puissante, large, fertile en toutes choses, toujours jeune, toujours chargée de beaux produits ; vierge habile, fondement du monde éternel ; toi qui enfantes tous les fruits différents, déesse auguste, éternelle, bienheureuse, fière d'être ornée des herbes du gazon, avide de pluie ; déesse autour de laquelle flottent les espaces semés d'astres et le ciel éternel, mère déesse, augmente les productions verdoyantes de la terre et soir-nous propice avec les saisons favorables.
XXVI.
PARFUM DE LA MÈRE DES DIEUX.
Plusieurs espèces de parfums.
Mère très-auguste de tous les dieux, viens à nous, grande déesse, accours aux sacrifices que nous t'offrons, attèle à ton char les lions terribles qui tuent les taureaux. Reine éternelle de l'univers, célèbre et justement honorée, toi qui te tiens au centre du monde, parce que, bonne déesse, tu commandes à toute la terre et tu nourris les hommes de ton lait divin ; c'est de toi que les dieux et les mortels tirent leur origine, c'est par toi que coule l'élément liquide et la mer elle-même ; on t'appelle Vesta, on te nomme aussi la dispensatrice généreuse des biens, parce que tu accordes aux hommes tes nombreux bienfaits. Viens à nous, ô déesse qu'on vénère en frappant sur les tambours sacrés, déesse victorieuse, protectrice des Phrygiens, grande épouse de Saturne, habitante du ciel, toi qui nourris les hommes, viens assister au culte sacré que nous t'adressons.
XXVII.
PARFUM DE MERCURE.
L'encens.
Fils bien-aimé de Maïa et de Jupiter, dieu voyageur, messager des immortels, doué d'un grand cœur, censeur sévère des hommes, dieu prudent aux milles formes, meurtrier d'Argus, dieu aux pieds ailés, ami des hommes, protecteur de l'éloquence, toi qui aimes la fourberie et les combats, interprète de toutes les langues, ami de la paix, qui portes un caducée sanglant, dieu heureux, dieu très-utile, qui présides aux travaux et aux nécessités des hommes, généreux auxiliaire pour la langue des mortels, accorde à mes prières une fin tranquille à mon existence, accorde-moi d'heureux travaux, un esprit doué de la mémoire et des discours choisis.
XXVIII.
HYMNE DE PROSERPINE.
Sois-nous favorable, Proserpine, fille illustre du magnanime Jupiter, déesse monogène, sois apaisée par cette libation ; épouse honorée de Pluton, déesse nourricière, qui domines le sombre Arverne dans les profondes entrailles de la terre, descendante illustre de Jupiter, génératrice des Euménides, déesse des enfers, que Jupiter engendra d'une semence mystérieuse ; mère de Velthurnus, toi qui domines les tempêtes, déesse aux belles formes, illustre, front orné de cornes, vierge aimée des mortels toi qui aimes à respirer le souffle délicieux des gazons, toi qui te plais à voir la végétation verdoyante de la terre, toi qui apportes également aux mortels la vie ou la mort , et qu'on appelle à cause de cela Proserpine (Pherséphonie), car tu fais vivre et tu fais mourir également, protége-nous, grande déesse ; fais pousser les moissons hors de la terre, accorde-nous la force et une santé toujours active, une vie heureuse et favorable au pied de tes autels et de ceux du terrible Pluton.
XXIX.
PARFUM DE BACCHUS.
Le Styrax.
J'honore Bacchus, qui fait un bruit effrayant, primigène, ayant une double nature et qui est trois fois revenu au monde. Bacchus, qui portes des cornes, dieu sauvage, agreste, obscur, double forme ; dieu couronné de feuilles d'arbres, dieu au front de taureau, dieu aimable, qui portes une guirlande de roses, dieu prudent, conseiller de Jupiter et de Proserpine ; dieu très-pur, uni aux immortels par des liens mystérieux, écoute favorablement nos supplications, sois-nous favorable, et plein de doux sentiments pour tous ceux qui sont rassemblés ici, viens au milieu de nous.
XXX.
HYMNE DES CURÈTES.
Curètes, habiles danseurs, qui revêtus d'armures précipitez vos pas, et de vos pieds légers faites sur la terre des sauts prodigieux, porteurs d'armes, vigilants, voleurs et prêtres de la grande déesse qui se plaît sur les montagnes, écoutez favorablement nos prières et que votre âme soit toujours bienveillante pour le bouvier.
XXXI.
HYMNE DE MINERVE.
Fille illustre de Jupiter, engendrée toute seule, déesse Minerve, déesse immortelle, terrible, heureuse, qui aimes les bruits retentissants de la guerre, déesse célèbre qui habites les cavernes, qui te plais dans les palais élevés au milieu des rochers et sur les sommets verdoyants des montagnes, déesse puissante par les armes et qui glaces de terreur les cœurs des mortels, vierge Bellone, qui te plais aux terribles exercices des batailles, illustre dans les arts, inaccessible aux ennuis, meurtrière de la Gorgone, redoutable pour les mortels impies, bienveillante et pleine de sagesse pour les hommes de bien, enfantant la guerre, déesse honnête, vengeresse de Titan, vierge inexorable pour les méchants, maintenant dans la nuit comme aux derniers instants de notre vie, sois-nous favorable, accorde-nous une paix heureuse et des jours tranquilles ; déesse illustre et habile, sois propice à nos vœux.
XXXII.
PARFUM DE LA VICTOIRE.
La Manne.
Je te supplie, Victoire toute-puissante, la plus douce des divinités pour tous les mortels, toi qui décides entre les bataillons armés, auquel des deux partis doit être accordé le prix de la bataille, à qui lu dois donner la palme en comblant ainsi tous ses vœux les plus ardents, car c'est toi qui décides tout, c'est toi qui décernes le triomphe couronné de rameaux verdoyants : viens donc à nous, illustre déesse, nous bénirons toujours tes oeuvres et nous t'environnerons de louanges.
XXXIII.
PARFUM D'APOLLON.
La manne.
Je t'implore, Phoebus, dieu illustre dans la médecine ; Phoebus Lycoréen, meurtrier de Titye, dieu vénérable de Memphis, dispensateur de la santé et des honneurs ; Apollon qui portes une lyre ; Titan célèbre, dieu de Smynthée, qui tuas te serpent Python ; toi qui portes la lumière, dieu champêtre, noble, adolescent ; Musagète, chef des muses, toi qui lances au loin tes flèches, dieu jumeau, habitant des collines, roi de Délos, qui d'un regard bienveillant distribues aux hommes les flots de la lumière divine ; dieu à la chevelure d'or, dont les préceptes et les oracles sont infaillibles, regarde-moi favorablement du haut du ciel, moi qui prie pour le peuple : car tu vois au-dessus des plaines immenses du firmament, au-dessus de la terre féconde ; et durant les heures silencieuses de la nuit obscure tu reposes sous les flammes célestes des astres. Tu as planté tes racines plus profondément encore, tu tiens jusqu'aux limites du monde, tu es le principe et la fin. Tout fleurit autour de toi : tour à tour tu chantes sur ta lyre les demeures célestes et tu descends jusqu'aux confins les plus éloignés de ta demeure ; tu conduis le ciel entier suivant le mode dorien, tu varies les générations animées, tu distribues également aux hommes les saisons, tu leur accordes des destinées pareilles, tu entremêles également l'été et l'hiver : pendant que tu donnes l'hiver à ceux qui habitent ce côté de notre globe, tu donnes l'été aux autres, et tu ramènes d'après le mode dorien le printemps délicieux pour les mortels ; aussi les hommes t'ont surnommé avec justice le dieu Pan, qui porte des cornes et qui domine le souffle des vents. Toi qui commandes aux constellations des cieux, sois-nous favorable, écoute les vœux suppliants de tes prêtres.
XXXIV.
PARFUM DE LATONE.
La Myrrhe.
O Latone, qui as engendré deux enfants, déesse vénérable, déesse au voile d'azur, déesse au grand cœur, déesse illustre, comblée de vœux, tu as mérité de concevoir dans les bras de Jupiter et d'enfanter deux enfants, Phoebus et Arthémis-Diane aux flèches puissantes, celui-ci dans l'île de Délos et celle-là dans la Haute-Ortygie, grande déesse, sois-nous donc favorable, regarde d'un oeil propice les sacrifices que nous t'offrons.
XXXV.
PARFUM DE DIANE.
La Manne.
Sois-nous favorable, ô grande reine, vierge célèbre, fille de Jupiter, déesse titanienne, déesse au grand cœur, aux flèches puissantes, déesse de la chasse aux filets, déesse visible pour tous, déesse qui portes une torche, toi qui présides aux enfantements et qui toujours en as été exempte, toi qui délies ta ceinture, toi qui rends furieuse, Diane chasseresse, qui cours la nuit, déesse dangereuse, redoutée et estimée, aux formes masculines, sainte nourrice des hommes, déesse incorruptible, déesse sauvage, puissante et bienheureuse, meurtrière des bêtes féroces, chaste divinité qui habites les forêts et qui tues les cerfs ; reine auguste, et qui jouis d'un âge toujours florissant, déesse des bois, déesse de la Crète, viens à nous, sois-nous favorable, apporte-nous les présents délicieux de la terre, les dons charmants de la paix, la santé précieuse, et relègue toutes les maladies sur des monta gnes éloignées.
XXXVI.
PARFUM DES TITANS.
L'Encens.
Titans, race illustre de la terre et du ciel, ancêtres de nos pères, habitant dans les entrailles du globe des demeures horribles, au milieu de l'empire tartare ; principe et semence de tout ce qui respire, de l'air, de la mer et de la terre qui porte des fruits ; c'est de vous que proviennent toutes les générations des hommes ; je vous adore ; éloignez de nous les colères dangereuses s'il s'en trouvait qui vinssent menacer nos maisons.
XXXVII.
PARFUM DES CURÈTES.
Curètes retentissants, Saliens qui portez les boucliers de Mars, riches habitants de l'air, de la terre et de la mer, souffles générateurs, semences conservatrices du monde, vous qui, demeurant dans les lieux sacrés de la Samothrace, courez à pleines voiles à travers l'océan jusqu'aux extrémités du monde, vous avez les premiers enseigné les sacrifices aux mortels ; Saliens éternels qui portez les boucliers de Mars, vous frappez l'océan, la mer et les chênes élevés ; vous frappez la terre du pied dans vos bonds prodigieux, et vous faites étinceler vos armes en les agitant. Toutes les bêtes féroces tremblent, le bruit et le fracas se répandent à travers les immensités azurées du ciel. Leurs pieds agiles font jaillir des nuages de poussière qui les environnent, et l'éclat des fleurs verdoyantes est terni. O génies éternels, lorsque la colère des dieux tombe sur les hommes, vous leur enlevez aussitôt leurs richesses, leur nourriture et vous frappez les coupables eux-mêmes. Alors l'océan fait entendre d'étranges mugissements, les chênes tombent avec fracas sur le sol, et l'écho céleste retentit du bruit de leur chute. O Curètes, Corybantes, redoutables et tout-puissants princes de la Samothrace, descendants illustres de Jupiter, souffles éternels, vous qui aimez le froid, vous qui habitez les temples des deux ciels, vous dont le souffle est agréable et donne la santé, dieux qui amenez les saisons, qui engendrez les fruits, dieux tout-puissants, salut.
XXXVIII.
PARFUM DE LA MÈRE CÉRÈS D'ÉLEUSIS.
Le Styrax.
Bonne Cérès, mère des dieux, la plus illustre des divinités, vénérable déesse, dispensatrice de tous les biens, toi qui nous donnes les fruits et les moissons, toi qui n'aimes que la paix et les travaux de la campagne, Cérès qui sèmes les guérets, qui les fertilises, et leur fais produire des récoltes, qui règnes dans les sanctuaires de l'étroite Éleusis, nourrice aimable, douce et bienveillante des mortels, qui la première as appris aux laboureurs à joindre les bœufs sous le joug, à les atteler à la charrue, toi qui par tes charmes rends la vie agréable et facile pour les hommes ; amie de Bacchus déesse justement honorée, toi qui fais croître les moissons et te plais à les voir faucher ; déesse qui souris à tous les hommes, mère pleine de tendresse pour ta fille nourricière céleste, qui, joignant des couleuvres sous les rênes de ton char, te promènes par de larges détours dans les champs sacrés ; déesse unigène, vénérée des mortels, à qui s'adressent les prières et les vœux accompagnés d'offrandes et de fruits, me voilà devant toi chargé d'un beau présent d'épis ; accorde-nous la paix et la concorde, qui respecte tous les droits sacrés ; accorde-nous les abondantes richesses de la fertilité et la santé, le plus précieux de tous les dons.
XXXIX.
ENCENS DE MISA.
Le Styrax.
J'invoque Bacchus, porteur d'une férule, Bacchus législateur, illustre divinité à deux sexes, reine pure et sacrée, homme et jeune fille à la fois, femme à doubles formes, soit qu'il s'abandonne à la joie dans le temple odorant d'Éleusis, soit que, dans la Phrygie, il accomplisse des mystères sacrés avec la mère des dieux, soit qu'elle séjourne dans Cypre avec la charmante Cythérée, soit qu'elle se livre à la danse au milieu des champs couverts de moissons avec sa mère sacrée Isis, et qu'elle se trouve au milieu de ses prêtresses sur les bords de l'Égyptus ; sois-nous favorable, grande déesse et accorde-nous des récompenses sacrées.
XL.
PARFUM DES SAISONS.
Les Aromates.
Saisons, filles chéries de Jupiter et de Thémis, paix bienheureuse, la plus féconde des déesses, vous qui nous comblez de biens ; Saisons verdoyantes, fleuries en gazons, pures et délicieuses ; Saisons aux mille couleurs et respirant une charmante haleine ; Saisons toujours vertes, toujours changeantes et bien aimées ; compagnes des jeux de Proserpine, qui portez des fleurs dans vos tuniques ondoyantes de rosée lorsque les parques et les grâces la rappellent des charmants détours des bois afin qu'elle assiste à leurs solennités par l'ordre de Jupiter et de sa mère Cérès, qui produit des fruits, soyez favorables à nos pieux sacrifices, apportez-nous le secours des douces haleines qui font mûrir les fruits.
XLI.
PARFUM DE SÉMÉLÉ.
Le Styrax.
Je t'invoque, fille illustre, née du prince Cadmus, belle Sémélé, beauté au sein ravissant, mère de Bacchus joyeux, qui porte une férule ! Jeune fille, tu conçus de l'éternel Jupiter, et la foudre fit sortir ton fils de tes entrailles. La florissante Proserpine te jugea digne de l'honneur de le faire participer aux Triennales, qui sont instituées pour célébrer ton fils Bacchus Je t'en prie, déesse, née du prince Cadmus, sois favorable à tes prêtres, sois-nous propice.
XLII.
HYMNE DE BACCHUS BASSARÉEN (2) ET TRIENNAL.
Je t'invoque, illustre Bacchus, né par la foudre ; sois-nous favorable, dieu qui portes des cornes, Bacchus Bassaréen, dieu indomptable, toi que charment les épées, les combats et les Ménades sacrées. Bacchus insensé, furieux, qui portes le thyrse, sois favorable aux mortels qui habitent la terre sacrée, accorde-leur des présents qui les rendent heureux.
XLIII.
PARFUM DE LICNITUS (3).
La Manne.
Je vénère et j'adore avec des vœux et des prières Bacchus, dieu sans vêtement, dieu à la poitrine florissante, dieu de la persuasion, dieu bien-aimé des nymphes et de Vénus à la belle chevelure, qui parcourt les bois en frappant la terre du pied en mesure, accompagné de nymphes et de femmes en délire ; toi qui, d'après l'avis de Jupiter, fus élevé par Proserpine et devins la terreur des dieux immortels, sois-nous favorable et regarde d'un oeil propice le présent que nous t'offrons.
XLIV.
PARFUM DE BACCHUS.
Les Aromates.
J'invoque Bacchus, cultivateur de la vigne, lui qui, se promenant autour des maisons des Cadméens, apaisa les incendies de la terre. Lorsque des fleuves de flamme inondaient la terre de leurs flots tourbillonnants, lui seul arrêta leurs progrès. Sois-nous donc favorable, ô Bacchus, et que ta lèvre nous soit souriante.
XLV.
PARFUM DE SALAZIUS.
Les Aromates.
Écoute-moi, Salazius tout-puissant, fils de Kronos (Saturne), toi qui as recélé dans ta cuisse Bacchus, dieu bruyant et inquiet, afin qu'ensuite il pût se retirer sur le mort sacré Tmolus, où se trouvait Ippia sa nourrice aux belles joues. Sois-nous donc favorable, ô roi de Phrygie, le plus puissant des habitants du ciel, et accorde tes faveurs à tes prêtres.
XLVI.
PARFUM D'IPPA.
Le Styrax
J'invoque Ippa, nourrice de Bacchus, déesse qui célèbre les mystères sacrés des Saliens dans des assemblées où brille la flamme et par des chœurs qui se réunissent la nuit. Je t'en supplie, bonne mère, déesse bienveillante, soit que tu parcoures les sommets sacrés du mont Ida en Phrygie, ou le mont Tmolus, bien-aimé des Lydiens, regarde-nous, je t'en conjure, d'un oeil bienveillant.
XLVII.
HYMNE DE BACCHUS LENÉUS, ( DIEU DU PRESSOIR ), QUI DÉLIVRE DE TOUS LES MAUX.
Race illustre de Jupiter, écoute-moi, ô Bacchus, qui as eu deux mères ; semence digne d'honneurs, dieu célèbre, dieu très-saint, germe secret des dieux, joyeux Bacchus, toi qui augmentes et fécondes les fruits et les moissons de la terre ; dieu magnanime, dieu redoutable, dieu aux formes variées, remède des mortels, fleur sacrée, toi qui les délasses de leurs travaux, heureux sujet de joie pour tous les hommes, dieu à la chevelure bien soignée, toi qui délivres de tous les chagrins, ami de tous, soit que tu favorises les dieux où les hommes, je t'en prie, sois-nous propice.
XLVIII.
PARFUM DES NYMPHES.
Les Aromates.
Nymphes, illustres déesses, race de l'illustre océan, qui demeurez sous les profondeurs de la terre dans des habitations liquides ; nourrices secrètes de Bacchus, joyeuses divinités des pénates , divinités fleuries qui errez aux angles des chemins, habitantes des cavernes et des antres, vous qui volez dans les airs, nymphes des fontaines, nymphes errantes qui répandez la rosée, nymphes aux pieds ailés, visibles et invisibles, courant et dansant avec les faunes sur le sommet des montagnes ; nymphes des rochers, des forêts ; nymphes qui animez toutes choses, nymphes à la douce odeur, à la blancheur éclatante et qui respirez de doux zéphyrs, amies des bergers et des chevriers, tendres nourrices qui habitez au fond de toutes choses, amadriades dont la demeure est dans les chênes ; ô vous qui volez dans les airs, amies du printemps, soyez favorables aux mortels avec Cérès et Bacchus, et, nous regardant d'un oeil bienveillant, envoyez-nous les haleines agréables des douces saisons.
XLIX.
PARFUM DE BACCHUS TRIENNAL.
Les Aromates.
Je t'implore, Bacchus, dieu célèbre qui portes plusieurs noms, dieu au front de taureau, foudre redoutable, élève de la mère, Licnitus, dieu qui vomis des flammes, dieu nocturne qui portes une férule et qui es armé du thyrse ; race terrible de Jupiter, dieu à la forme terrible, dieu primigène, père et racine des dieux ; toi qui portes un sceptre et qui présides aux chœurs des Saliens, toi qui célèbres tes mystères divins dans tes fêtes triennales, dieu qui te plais aux bruits effrayants, dieu ardent comme la flamme, fils de deux mères, dieu solennel qui portes des cornes au front, dieu armé d'une lance d'or, dieu à la chevelure dorée, dieu revêtu d'une peau de faon, dieu qui longtemps es resté vierge, Bacchus, ami du vin, sois favorable à tes prêtres, sois-nous toujours propice.
L.
PARFUM DE L'ANNIVERSAIRE DE BACCHUS.
Tout excepté l'Encens.
J'implore Bacchus qui revient chaque année, j'implore en même temps les tendres nymphes ses compagnes : réunies autour des autels de la terrible Proserpine, elles célèbrent tous les trois ans les mystères de Bacchus. Dieu illustre accepte dans ces fêtes, comme dans les fêtes triennales les hymnes sacrés que nous chantons en ton honneur, conduis les chœurs avec tes nourrices à la tunique retroussée et avec les heures rapides ; dieu toujours verdoyant, dieu qui portes des cornes, dieu bienveillant, accepte ces offrandes sacrées d'un oeil favorable et fais jaillir pour nous les fruits éternels de la terre.
LI.
PARFUM DU SATYRE SILÈNE.
La Manne
Écoute-moi , père nourricier de Bacchus, illustre Silène dont les dieux prennent un soin tout particulier, estimé et adoré des mortels, ô le plus célèbre des Sylvains ! toi qui portes une peau de bouc pour vêtement et qui présides aux fêtes sacrées, dieu vigilant, toujours jeune au milieu de tes faunes, chef de toutes les bacchantes revêtues de lierre, viens avec tous tes compagnons dont le corps se termine en bêtes fauves, viens avec tes bacchantes prendre place à nos mystères, et fais retentir les airs du cri des bacchanales ; accompagne nos mystères sacrés, joins-toi à nos orgies de la nuit, préside à nos rites solennels, ô toi qui portes un thyrse et présides aux chœurs des bacchantes.
LII.
HYMNE D'APHRODITE.
Aphrodite, fille du ciel, fille illustre et souriante, déesse née de l'écume de la mer, vénérable déesse qui aimes les ténèbres de la nuit, Vénus, déesse de l'hyménée et de la nuit, habile sans ruses, mère de la nécessité, toutes choses viennent de toi, car tu donnes des lois au monde entier, tu commandes même aux trois parques, et tu engendres toutes les choses du ciel, de la terre et de l'élément salé ; conseillère sacrée de Bacchus, toi qui te plais aux joies et aux festins, mère des amours, merveilleuse conciliatrice, toi qui accordes le don de la grâce, déesse à la belle chevelure, déesse visible et invisible, déesse des noces et des festins, la plus illustre des divinités, déesse qui te plais aux embrassements des hommes et qui engendres les enfants ; toi qui domines les mortels par tes charmes séducteurs, et qui frappes tout ce qui respire de l'éternelle blessure de l'amour, sois-nous favorable, déesse née dans l'île de Chypre, soit que tu parcoures les immensités du ciel en souriant de ta lèvre séductrice, soit que tu visites tes temples heureux dans la Syrie, soit que, traînée par tes coursiers éclatants, tu erres sur les bords augustes du fleuve Egyptus, soit que près des bords de la mer tu te réjouisses, reine divine, au milieu de la foule empressée des nymphes, soit que courant sur le gazon de la terre, tu te précipites, montée sur ton char rapide, aux bords sablonneux du rivage, ou bien enfin que tu te rendes dans Chypre, ta patrie, où les jeunes vierges et les jeunes mariées le célèbrent toutes les années en des rites sacrés ainsi qu'Adonis. Heureuse déesse, sois-nous donc favorable, je t'en supplie avec des prières sacrées et un cœur pur.
LIII.
PARFUM D'ADONIS.
Les Aromates.
Écoute-moi, illustre Adonis, que j'invoque sous différents noms, dieu à la belle chevelure, qui te plais dans la solitude et qui brilles par les grâces les plus délicates, conseiller bienveillant, dieu aux formes variées, noble aliment de toutes choses, jeune vierge et jeune homme tout à la fois, Adonis toujours florissant, toi qui as succombé et qui renais au retour des saisons annuelles, dieu toujours jeune et aimable, toi qu'on adore en versant des larmes, dieu charmant qui aimes la chasse, dieu à la magnifique chevelure, cœur bien-aimé de Cypris, germe d'amour, toi qu'enfanta la divine Proserpine aux beaux cheveux, toi qui habites maintenant dans les profondeurs du Tartare, reviens de nouveau dans l'Olympe et accorde à tes prêtres les fruits délicieux de la terre.
LIV.
PARFUM DE MERCURE INFERNAL.
Le Styrax
Toi qui habites la route de l'Averne inexorable et qui conduis les âmes des mortels dans les profondeurs de la terre, Mercure, fils bien-aimé de Bacchus et de la vierge de Paphos, la charmante Vénus, toi qui fréquentes les sanctuaires sacrés de Proserpine, voyageur éternel, compagnon des âmes sous la terre , dieu du sommeil dont le caducée adoucit tous les maux et ferme éternellement par la mort les yeux de ceux qui souffrent, car Proserpine t'a confié le soin d'accompagner toujours les âmes qui s'engagent dans la route de l'Averne, accorde à tes prêtres dans leurs travaux les secours de ta protection bienveillante.
LV.
PARFUM DE CUPIDON.
Les Aromates.
Je t'invoque, pur, aimable, charmant Cupidon, enfant ailé, armé d'une lance, prompt, rapide, impétueux comme la flamme, qui te joues également des dieux et des hommes. Enfant rusé, qui tiens les clés du monde entier, du ciel, de l'éther, de la mer et de la terre ; toi que la déesse mère universelle, qui produit toutes choses, et l'Averne, et la mer aux flots limpides reconnaissent également ; car toi seul tu commandes à tous ces éléments, sois-nous favorable, sois propice à tes ministres, dont l'âme est pure, éloigne d'eux les souffles dangereux des passions illégitimes.
LVI.
PARFUM DES PARQUES.
Les Aromates.
Parques infinies, filles de la nuit obscure , je vous implore, ô vous qui sur les bords du marais céleste, aux lieux où une eau sombre coule éternellement d'une fontaine infernale sous un épais brouillard, présidez aux âmes des morts qui sont réfugiées dans les profondeurs de la terre, vous venez aux demeures tumultueuses des hommes, accompagnées de l'Espoir et les yeux couverts de voiles de porphyre ; ainsi traînées par vos rapides coursiers, vous arrivez dans le champ fatal, aux limites de la Justice, de l'Espoir et des Inquiétudes, car la Parque est la maîtresse de la vie. Aucune autre des divinités qui habitent les sanctuaires du ciel n'accompagne aussi fidèlement Jupiter. La Parque sait tout ce que l'avenir nous réserve, tout ce qui est connu à la pensée habile de l'éternel Jupiter. O vierges de la nuit, soyez-nous favorables, soyez-nous bienveillantes ; Atropos, Lachesis, Clothos, déesses invisibles, redoutables, toujours inquiètes, car tout ce que vous donnez aux mortels c'est vous-mêmes qui le leur enlevez ; ô Parques, écoutez les prières des prêtres, écartez de l'âme d'Orphée tous les chagrins terribles.
LVII.
PARFUM DES GRÂCES.
Le Styrax.
Écoutez-moi, Grâces illustres, dignes d'honneur, aimables filles de Jupiter et d'Eunomie au beau sein, Aglaé, Thalie et Euphrosine, vierges augustes, mères de la joie, pures, bienveillantes et souriant avec délicatesse, déesses aux formes variées, toujours florissantes et agréables aux mortels, déesses invoquées de tous, déesses aimables et aux beaux yeux, daignez assister aux mystères de vos prêtres et leur être favorables.
LVIII.
HYMNE DE NÉMÉSIS.
Je t'implore, Némésis, déesse victorieuse, grande reine qui vois toutes choses ! Tu scrutes les mystérieuses pensées des cœurs mortels. Éternelle et redoutable, rigide observatrice des droits sacrés, tu changes selon ton gré les volontés humaines. Tous les hommes attachés cette vie reconnaissent ton pouvoir ; tu pénètres dans l'intérieur des âmes, rien ne t'est caché tu rends à la raison tout son empire lorsqu'une passion mauvaise a fait secouer son joug. Tu vois tout, tu entends tout, tu gouvernes tout. En toi reposent les droits des mortels, déesse puissante ; sois favorable aux prêtres qui célèbrent tes mystères, prête-leur ton secours ; accorde de la force à la raison pour qu'elle chasse loin de nous les conseils ennemis, insidieux , superbes et néfastes.
LIX.
PARFUM DE LA JUSTICE.
J'invoque la Justice, dont l'œil embrasse toutes choses ; elle est assise au trône sacré de l'illustre Jupiter ; du haut des cieux elle surveille les mœurs de tous les hommes ; vengeresse inexorable, elle punit les actions mauvaises ; elle éloigne tout ce qui n'est pas selon la juste vérité. Elle impose son joug à tous les hommes injustes qui sont poussés par une mauvaise résolution et qui veulent commettre des actions coupables aux yeux des immortels ; elle est l'ennemie des méchants et l'amie des justes : déesse de la vérité, sois-nous toujours propice pour que nous arrivions heureusement à la fin de notre vie que nous a annoncée la Parque.
LX.
PARFUM DE L'ÉQUITÉ.
Bonne conseillère des hommes, vierge opulente et très juste, amie des hommes qui respectent la justice, ô déesse vénérable et bienheureuse, illustre Équité, tu partages entre tous des droits égaux selon des jugements sacrés. Tu brises tous ceux qui ne veulent pas se soumettre à ton char, et qui, indomptables pour toi, échappent aux coups terribles de ton fouet. Divinité pleine de concorde, équitable pour tous, bienveillante, amie de la paix, le plus désirable des dons de cette vie ; tu hais tout ce qui est faux, tu chéris le vrai ; tu es le but de la vertu et de la sagesse. Sois-moi favorable, déesse qui détruis les actions audacieuses des hommes pour que tous ceux qui jouissent des présents de la terre, tous ceux qui respirent et que l'univers nourrit dans son sein, tous ceux que retient le Dieu puissant de la mer, dirigent leur vie dans le sentier de la justice.
LXI.
HYMNE DE LA LOI.
J'invoque la Loi divine, génie des hommes et des immortels ; déesse céleste, gubernatrice des astres, signe commun de toutes choses, fondement de la nature, de la mer et de la terre. Déesse constante, conservant les lois éternelles du ciel et lui faisant accomplir fidèlement ses immenses révolutions ; toi qui accordes aux mortels les bienfaits d'une vie prudente et qui gouvernes tout ce qui respire ; toi dont les sages conseils dirigent toutes choses selon l'équité, déesse toujours favorable aux justes, mais accablant les méchants de punitions sévères, douce déesse qui distribues les biens avec une délicieuse largesse, souviens-toi de nous et prononce notre nom avec amitié.
LXII.
PARFUM DE MARS.
L'Encens.
Mars magnanime, terrible, invincible et sans crainte, Mars indomptable, puissant par les armes, impétueux ami du fracas et dégouttant de sang, dieu redoutable qui as toujours soif du sang humain, toi qui te plais au cliquetis des épées, au bruit des combats et des disputes, suspends tes batailles, laisse reposer tes tumultes effrayants. Abandonne-toi aux charmes de Cypris et de Bacchus, livre-toi aux travaux de Cérès et sois ami de la Paix, qui distribue largement une copieuse nourriture et les richesses bienheureuses.
LXIII.
PARFUM DE VULCAIN.
L'encens du Liban.
Vulcain tout-puissant, dieu très-fort, flamme éternelle, toujours alimentée par des souffles enflammés, dieu de la lumière, dieu brillant, dieu éternel et-rempli d'habileté ; toi qui travailles le fer, pur élément, portion du monde qui dévores tout, qui domptes tout, qui surpasses tout, qui envahis tout. Le soleil, la lune, les étoiles, ne reluisent aux yeux des mortels, ô Vulcain, que comme les membres enflammés de ton corps. Tu fréquentes toutes les maisons, toutes les villes, tous les peuples ; dieu bienheureux et aimable, tu t'insinues dans les membres des mortels. Sois heureux, sois favorable à nos libations, viens à notre secours dans les travaux difficiles, éteins les incendies rapides, et conserve cependant en nous une lumière génératrice.
LXIV.
PARFUM D'ESCULAPE.
La Manne.
Esculape, médecin de tous les hommes, dieu bienveillant, dieu favorable, qui adoucis les contagions mauvaises de toutes les maladies, toi qui apportes de doux présents et qui viens toujours accompagné de la Santé , toi qui éloignes les flammes dévorantes des pestes meurtrières dieu aimable, distributeur des biens, fils honoré de Phébus Apollon, ennemi de la Maladie, époux de l'aimable Santé, sois nous favorable, accorde-nous d'aimables destinées.
LXV.
PARFUM D'HYGIÉE (LA SANTÉ).
La Manne.
Santé féconde et aimable et qui règnes sur tous les hommes, écoute-moi, ô mère opulente qui nous apportes tous les biens. C'est toi qui chasses la maladie loin des hommes souffrants, c'est toi qui par ta grâce ramènes la joie sous les toits des mortels. Le monde, frappé de ta puissance, te désire et la divinité infernale qui préside aux termes de la vie te poursuit de sa haine. O bien-aimée et désirée, tu es la consolation de toutes choses. Sans toi le vieillard n'a aucun bonheur durant ses vieux jours ; Plutus n'est rien pour lui ; toi seule tu gouvernes tout, tu règnes sur tout. 0 déesse sois donc favorable aux vœux de tes prêtres, écarte d'eux les terribles fléaux et les maladies.
LXVI.
PARFUM DES EUMÉNIDES.
Les Aromates.
Je vous invoque, déesses redoutées de tous, déesses horribles, Alecton, Tisiphone et toi vénérable Mégère, déesses amies de la nuit, qui habitez des demeures souterraines, dans un antre obscur sur lus bords sacrés du Styx, déesses cruelles, terribles, toujours accompagnées des Nécessités impitoyables, déesses vengeresses, inexorables, vêtues de peaux de bêtes, féroces, filles de l'Orcus, déesses aux mille formes, aériennes, invisibles, plus légères que la pensée. Ni les travaux rapides du soleil et de la lune, ni la vertu puissante par sa sagesse, ni la vieillesse aimable, ni la jeunesse éclatante de puberté, ne pourraient inspirer malgré vous à notre cœur les jouissances de la joie. Vous gouvernez toujours sur cette terre les générations mortelles des hommes, et vous leur rendez scrupuleusement la justice dorée. O déesses terribles, déesses aux cheveux de serpents, déesses aux formes variées, que votre pensée bienveillante soit apaisée au fond de votre cœur.
LXVII.
PARFUM DES EUMÉNIDES,
Les Aromates.
Écoutez-moi, Euménides au grand cœur, à la pensée prudente, filles chéries du grand Jupiter infernal et de Proserpine aux beaux cheveux bouclés, qui jugez toutes les fautes des mortels, déesses au regard foudroyant, reines éternelles, puissantes, redoutables, déesses terribles à voir, filles de la nuit, aux cheveux de serpents, au visage effroyable, je vous supplie d'être favorables à nos sacrifices respectueux.
LXVIII.
PARFUM DE MÉLINOË.
Les Aromates.
J'invoque Mélinoë, nymphe souterraine au voile de safran, que Proserpine, unie par un amour secret à l'immortel Jupiter, enfanta sur les bords du Cocyte. Plutus s'unit aussi à elle emporté par la violence de sa passion, et alors elle prit dans le sein de Proserpine un double corps de couleurs différentes. Toi qui chasses tes ombres des mortels et qui changes à volonté ton horrible visage, tantôt d'une couleur transparente, tantôt noir comme la nuit, et parcourant ainsi les ténèbres de ta nuit profonde ; je t'invoque aussi, reine de l'Averne souterrain, qui conduis aux extrémités de la terre les âmes humaines, tourne vers tes prêtres un visage favorable.
LXIX.
PARFUM DE LA FORTUNE.
Je t'invoque ô Fortune, douce reine dispensatrice des biens, et Diane ennemie née du sang de la sagesse. Nul ne peut lutter contre toi : tu es obscure et mystérieuse pour tous les mortels. C'est en toi que consiste l'opulence des hommes. Aux uns, tu donnes abondamment tous les biens ; aux autres, dans ta colère, tu donnes une dure pauvreté. Je t'en prie, ô déesse, sois-moi favorable, accorde-moi tes richesses et tes bienfaits.
LXX.
PARFUM DU DU GÉNIE PROTECTEUR.
L'Encens.
J'invoque le Génie au grand cœur, dieu vénérable, Jupiter bienveillant, qui engendres toutes choses et qui distribues la vie aux mortels, Jupiter tout-puissant, maître universel, présent dans tout l'univers ; dispensateur des richesses, entre sous mon toit avec un signe de bon augure. C'est toi qui fais cesser les infirmités de la vie humaine, tu tiens dans les mains la clé de la joie et des chagrins, Ainsi, dieu puissant, daigne éloigner de moi tous les chagrins et accorde-moi d'arriver jusqu'au terme de ma vie avec un cœur calme et une pensée tranquille.
LXXI.
PARFUM DE LEUCOTHÉE.
Les Aromates.
J'invoque Leucothée, née du prince Cadmus, illustre divinité, nourrice de Bacchus à la belle couronne. Sois-moi favorable ô dominatrice des flots azures, toi qui te plais dans les ondes, protectrice des nautoniers. A travers les dangers terribles c'est vers loi que se dressent tous les navires ; c'est toi qui viens au secours des hommes engagés à travers les périls des mers, et qui les aides dans les pénibles tourmentes. Sois-nous donc favorable, à nous, au milieu de nos dangers, sois favorable aux navires qui sillonnent la mer à pleines voiles, accorde un vent propice à tes prêtres.
LXXII.
PARFUM DE PALÉMON.
La Manne.
Toi qui as sucé le même lait que Bacchus, toi qui habites les plaines liquides et orageuses, ô Palémon, nous t'invoquons : que tes lèvres nous sourient et que Ion visage nous soit favorable, conserve tes prêtres sur la terre comme dans les flots. C'est toi qui protèges les navires au milieu de la tempête sonore, et tu éloignes loin des mortels avides les colères tumultueuses de l'Océan.$
LXXIII.
PARFUM DES MUSES.
L'Encens.
Filles de Mnémosyne et de Jupiter foudroyant, ô Muses célèbres et illustres, déesses qui engendrez tous les arts, nourricières de l'esprit, qui inspirez de droites pensées, qui gouvernez avec sagesse les âmes des hommes et qui leur avez enseigné les sacrifices divins ; Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Érato, Polymnie, Uranie et Calliope, venez avec votre mère auguste ; venez auprès de nous et soyez-nous favorables, amenez-nous la Gloire toute puissante et la Sagesse.
LXXIV.
PARFUM DE MNÉMOSYNE.
J'invoque Mnémosyne, épouse du puissant Jupiter qui a enfanté les Muses au doux langage, et qui guérit de ses erreurs un cerveau dérangé. Amie de la raison, elle inspire les âmes de tout ce qui respire ; elle augmente la force des hommes ; vigilante et sans jamais se reposer, elle donne une mémoire fidèle à ceux qui aiment à cultiver les arts ; elle réveille la pensée de ceux qui la respectent. Accorde donc à tes prêtres un esprit qui se souvienne toujours, éloigne d'eux l'oubli fatigant.
LXXV.
PARFUM DE L'AURORE.
La Manne.
Écoute-moi, déesse qui guides pour les mortels le char de la lumière, blanche déesse qui fais rayonner sur le monde un doux éclat, messagère dorée du grand Titan le Soleil. Toi qui par ta présence renvoies les épaisses ténèbres de la nuit dans les entrailles de la terre. Conductrice de tous les travaux, distributrice de la vie des hommes, tu fais la joie des mortels ; aucun ne voudrait fuir ton charmant visage. Quand tu chasses loin des paupières le sommeil aimable, les hommes, les reptiles, les quadrupèdes, les oiseaux et tout ce qui habite le sein des mers, tout se réjouit. Tu donnes aux hommes la nourriture qui leur est agréable. Bienveillante pour tes dieux, augmente pour eux l'éclat de ton char sacré.
LXXVI.
PARFUM DE THÉMIS.
L'encens.
J'invoque Thémis, fille du ciel engendrée par la terre, déesse aux beaux yeux qui la première dévoila aux hommes les prophéties de l'avenir et annonça les oracles aux dieux dans la ville de Delphes. Elle régnait aussi dans Pythos et sur les Pythiens, et c'est là qu'elle accorda à Phébus le don d'annoncer l'avenir. Déesse auguste, vénérable, qui erres durant l'obscurité des nuits, la première tu as appris aux hommes à honorer les dieux et à offrir à Bacchus des sacrifices nocturnes. C'est de toi en effet que viennent les mystères des immortels. Viens à nous, ô déesse, avec une pensée favorable, assiste aux mystères que les prêtres célèbrent en ton honneur.
LXXVII.
PARFUM DE BORÉE.
L'encens
Borée glacial dont le souffle horrible loi, tourmente l'immensité des cieux, abandonne les montagnes neigeuses de la Thrace, écarte les nuages noirs qui couvrent le ciel, chasse bien loin les nuées qui engendrent la pluie ; toi qui rassérénis, essuie l'immense Éther.
LXXVIII.
PARFUM DE ZÉPHIRE.
L'encens
Souffles charmants de Zéphire, habitants du ciel, vous qui glissez doucement sur les mers et nous consolez de nos durs travaux ; vous qui exhalez une odeur agréable, vous qui faites germer et fleurir la terre ; souffles bien aimés des ports, vous qui ouvrez aux vaisseaux sur l'immensité des mers une route facile, je vous en supplie, respirez doucement auprès de nous, souffles aériens, invisibles, aux ailes légères, rapides comme l'air.
LXXIX.
ENCENS DE NOTUS.
Le Liban.
Vents rapides, impétueux, aux pieds allés, venez à nous, vous qui roulez précipitamment avec les immenses nuages ; car Jupiter vous confie cette portion de l'air pour que vous ameniez vers la terre les nuées qui enfantent la pluie. Versez vos flots bienfaisants sur la terre aride, je vous en prie par le sacrifice que je vous offre.
LXXX.
PARFUM DE L'OCÉAN.
Les Aromates.
Je t'implore Océan, père dont l'origine est immortelle, père des dieux éternels et des hommes, qui environnes de tes replis les immenses contours de la terre. C'est de toi que viennent tous les fleuves et les flots de la mer ; c'est dans ton sein que croissent en foule les écueils. Écoute-moi, dieu illustre, purificateur des immortels, fin de la terre, bornes extrêmes du monde, je t'en prie, regarde d'un oeil favorable tous les prêtres qui t'invoquent.
LXXXI.
PARFUM DE VESTA.
Illustre Vesta, chaste fille du vieux Saturne, toi qui conserves dans ta maison le feu éternel, donne à tes prêtres qui s'approchent pour le sacrifice, un cœur pur, la chasteté, la richesse, et la force des membres. Sois-nous propice, ô fondement inébranlable de tous les dieux. Toute-puissante, éternelle, aimable et douée d'une belle forme ; heureuse et souriante, assiste à tes sacrifices, accorde-nous des biens abondants et le bonheur d'une douce santé.
LXXXII.
PARFUM DU SOMMEIL.
Le Pavot.
Sommeil, père éternel, roi de tous les mortels et de tous les dieux et de tous les animaux que nourrit la terre ! tu règnes sur tous, vainqueur tout puissant, tu enchaînes tous les corps dans des liens agréables. Tu domptes toutes les inquiétudes, tu es le repos agréable après les fatigues, tu chasses les chagrins de tous les cœurs malades. Tu éloignes la crainte de la mort et tu calmes les esprits, car tu es bien vraiment le frère de l'oubli et de la mort. Je t'en supplie, comble-nous de tes douces faveurs, nous qui t'offrons de pieux sacrifices.
LXXXIII.
PARFUM DE LA MORT.
La Manne.
Écoute-moi, reine de tous les hommes, plus tu accordes de temps à leur vie, plus tu es proche d'eux. Tu tues les corps et les âmes par un sommeil éternel ; tu romps les liens de la nature humaine et tu fermes éternellement les yeux des hommes. Tu es communs à tous, et tu brises par une fin rapide les fleurs les plus charmantes. C'est en toi que viennent se résoudre toutes choses. Tu ne te laisses fléchir ni par les supplications, ni par les vœux. Bienheureuse et redoutable, ne viens à nous que bien tard, nous t'en prions par de pieux sacrifices, et accorde aux hommes une longue et heureuse vieillesse.
FIN DES HYMNES
(1) Les hymnes d'Orphée sont plutôt des prières que des oeuvres de poésie : il est probable qu'elles se chantaient dans les mystères sacrés et qu'on présentait en même temps le parfum qui s'adressait à chaque divinité.
(2) Ce nom est donné à Bacchus parce qu'il était adoré à Bassarée, petite ville de la Lybie.
(3) Licnitus, nom donné à Bacchus et tiré d'un vin mystique qu'on employait dans ses fêtes.