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BACCHYLIDE

 

ODE III

 

vie et oeuvre

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

texte grec

 

 

 

BACCHYLIDE

ODE 3

 

A HIERON DE SYRACUSE,

VAINQUEUR DE LA COURSE DE CHARS A OLYMPIE

 

Chante, ô Clio aux doux présents, la reine de Sicile aux excellents fruits, Déméter et sa fille à la couronne de violettes, et les rapides cavales de Hiéron aux courses d’Olympie.

Elles se sont précipitées, en effet, accompagnées de Niké, la triomphante et d’Aglaé, le long de l’Alphée au large cours, où grâce à elles la race fortunée de Dinomène a obtenu des couronnes.

Et le peuple innombrable s’écria : « Ha ! Trois fois heureux l’homme qui, ayant obtenu de Zeus l’honneur d’être le plus puissant souverain parmi les Hellènes, sait ne point cacher ses trésors amoncelés, sous le voile noir de l’obscurité. »

Les autels regorgent de victimes sacrifiées dans les fêtes; les rues regorgent d’hôtes amis.

L’or éblouissant des hauts trépieds ciselés brille devant le sanctuaire, là où près des sources de Castalie, les Delphiens régissent le grand temple de Phébus. C’est la divinité, oui, la divinité qu’il faut honorer ; c’est la félicité suprême.

Tel fut jadis le souverain de la Lydie qui dompte les chevaux. Lorsque s’accomplit le destin fixé par Zeus et que Sardes fut ravagée par l’armée des Perses, Apollon au couteau d’or sauva Crésus. Quand vint en effet le jour inespéré, il ne voulut pas subir encore la servitude lamentable et fit dresser un bûcher devant son palais aux murs d’airain, où il monta avec son épouse vénérable et ses filles à la belle chevelure, qui se lamentaient sans cesse. Puis levant les mains vers l’éther élevé il s’écria : Violent destin, où est la reconnaissance des Dieux ? où est le tout puissant fils de Léto ?

Les demeures d’Alyatte sont détruites …..

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… le Pactole aux flots dorés est rouge de sang, les femmes sont emmenées ignominieusement en dehors des palais bien construits. Ce qui m’était odieux jusqu’ici m’est cher : mourir est ce qu’il y a de plus doux. » Il dit et ordonna à un eunuque d’allumer l’édifice de bois. Et les jeunes filles criaient et jetaient leurs bras autour de leur mère ; car la mort qu’on voit venir est la plus odieuse aux mortels. Mais lorsque s’élança la force brillante du feu terrible, Zeus, arrêtant au-dessus une nuée noire, éteignit la blonde flamme.

Rien n’est incroyable de ce que crée la volonté des Dieux. Alors, Apollon, le Dieu né à Délos, transportant le vieillard chez les Hyperboréens, l’y établit avec ses sveltes filles pour prix de sa piété, puisqu’il avait consacré à la divine Pytho les plus riches offrandes d’entre les mortels. Or, de tous ceux qui habitent l’Hellade, personne, ô Hiéron tant vanté, n’osera prétendre avoir offert à Loxias plus d’or que toi.

Il est permis à quiconque n’est pas rongé par l’envie, de vanter l’ami des dieux, l’homme belliqueux, qui aime les chevaux, qui tient le sceptre de Zeus hospitalier et participe aux Muses à la tresse de violettes….

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Mais l’espérance trompeuse se glisse dans le cœur des mortels. Et le tout puissant Apollon qui lance ses traits au loin, dit au fils de Phérès : « Mortel, tu dois nourrir la double pensée, que demain tu verras pour la dernière fois la lumière du soleil et que cinquante ans encore tu mèneras une vie opulente, car c’est là le suprême des gains.

A un homme sensé je dis des choses sensées :

L’éther profond ne peut être souillé ; l’eau de la mer ne se corrompt pas ; l’or est une jouissance : mais il n’est pas permis à l’homme de rejeter la vieillesse grisonnante pour recouvrer la jeunesse florissante. Cependant l’éclat de la vertu ne diminue pas avec le corps des mortels, la muse l’entretient. Et toi, ô Hiéron, tu as offert aux mortels le spectacle des plus belles heures de la prospérité. Mais à l’homme joyeux, le silence n’apporte aucun éclat, et l’on vantera aussi la grâce de celui qu’en toute vérité on appellera le rossignol de Céos à la voix mielleuse.