Diogène Laërce

DIOGÈNE DE LAERTE



LIVRE I

 

CHAPITRE VIII. ANAXIMÈNE - ΑΝΑΞΙΜΕΝΗΣ

LIVRE II (1 Anaximandre) - LIVRE II (3 Anaxagore)

Autre traduction - Traduction Genaille sur le site de Ugo Bratelli

 

 

 

 

 

DIOGENE DE LAERTE.

 

LIVRE II.

CHAPITRE II.

ANAXIMÈNE.

ΑΝΑΞΙΜΕΝΗΣ

 

 

[3] Ἀναξιμένης Εὐρυστράτου, Μιλήσιος, ἤκουσεν Ἀναξιμάνδρου. ἔνιοι δὲ καὶ Παρμενίδου φασὶν ἀκοῦσαι αὐτόν. Οὗτος ἀρχὴν ἀέρα εἶπε καὶ τὸ ἄπειρον. Κινεῖσθαι δὲ τὰ ἄστρα οὐχ ὑπὸ γῆν, ἀλλὰ περὶ γῆν. Κέχρηταί τε λέξει Ἰάδι ἁπλῇ καὶ ἀπερίττῳ. Καὶ γεγένηται μέν, καθά φησιν Ἀπολλόδωρος, περὶ τὴν Σάρδεων ἅλωσιν, ἐτελεύτησε δὲ τῇ ἑξηκοστῇ τρίτῃ Ὀλυμπιάδι.

Γεγόνασι δὲ καὶ ἄλλοι δύο, Λαμψακηνοί, ῥήτωρ καὶ ἱστορικός, ὃς ἀδελφῆς υἱὸς ἦν τοῦ ῥήτορος τοῦ τὰς Ἀλεξάνδρου πράξεις γεγραφότος. Οὗτος δὴ ὁ φιλόσοφος, καὶ ἐπέστειλεν ὧδε·

Ἀναξιμένης Πυθαγόρῃ

[4] Θαλῆς Ἐξαμύου ἐπὶ γήρως οὐκ εὔποτμος οἴχεται· εὐφρόνης, ὥσπερ ἐώθει, ἅμα τῇ ἀμφιπόλῳ προϊὼν ἐκ τοῦ αὐλίου τὰ ἄστρα ἐθηεῖτο· καὶ - οὐ γὰρ ἐς μνήμην ἔθετο - θηεύμενος ἐς τὸ κρημνῶδες ἐκβὰς καταπίπτει. Μιλησίοισι μέν νυν ὁ αἰθερολόγος ἐν τοιῷδε κεῖται τέλει. Ἡμέες δὲ οἱ λεσχηνῶται αὐτοί τε μεμνώμεθα τοῦ ἀνδρός, οἵ τε ἡμέων παῖδές τε καὶ λεσχηνῶται, ἐπιδεξιοίμεθα δ’ ἔτι τοῖς ἐκείνου λόγοις. Ἀρχὴ μέντοι παντὸς τοῦ λόγου Θαλῇ ἀνακείσθω.

[5] Καὶ πάλιν·

Ἀναξιμένης Πυθαγόρῃ

Εὐβουλότατος ἦς ἡμέων, μεταναστὰς ἐκ Σάμου ἐς Κρότωνα, ἐνθάδε εἰρηνέεις. Οἱ δὲ Αἰακέος παῖδες ἄλαστα κακὰ ἔρδουσι καὶ Μιλησίους οὐκ ἐπιλείπουσι αἰσυμνῆται. Δεινὸς δὲ ἡμῖν καὶ ὁ Μήδων βασιλεύς, οὐκ ἤν γε ἐθέλωμεν δασμοφορέειν· ἀλλὰ μέλλουσι δὴ ἀμφὶ τῆς ἐλευθερίης ἁπάντων Ἴωνες Μήδοις κατίστασθαι ἐς πόλεμον· καταστᾶσι δὲ οὐκέτι ἐλπὶς ἡμῖν σωτηρίης. Κῶς ἂν οὖν Ἀναξιμένης ἐν θυμῷ ἔτι ἔχοι αἰθερολογέειν, ἐν δείματι ἐὼν ὀλέθρου ἢ δουλοσύνης; σὺ δὲ εἶ καταθύμιος μὲν Κροτωνιήτῃσι, καταθύμιος δὲ καὶ τοῖσι ἄλλοισι Ἰταλιώτῃσι· φοιτέουσι δέ τοι λεσχηνῶται καὶ ἐκ Σικελίης.

[3] Anaximène, de Milet, fils d’Eurystrate, fut disciple d’Anaximandre. Quelques auteurs lui donnent aussi pour maître Parménide. Il admettait deux principes, l’air et l’infini, et croyait que les astres tournent autour de l’horizon au lieu de passer sous la terre. Il a écrit dans le dialecte ionien pur. Il était né, au dire d’Apollodore, dans la soixante-troisième olympiade (1), et mourut à l’époque de la prise de Sardes.

Il y a eu deux autres Anaximène, un rhéteur et un historien, tous deux de Lampsaque. L’historien était neveu du rhéteur et a écrit la vie d’Alexandre. On a du philosophe les lettres suivantes :

64 ANAXIMENE A PYTHAGORE.

[4] Un funeste accident nous a enlevé Thalès au milieu d’une belle vieillesse (2). Il était sorti la nuit, selon sa coutume, en compagnie d’une servante, pour étudier les astres. Mais, trahi par sa mémoire, il tomba , tout en observant, dans une fosse profonde. Telle fut la fin de l’astronome de Milet. Nous qui l’avons eu pour maître, conservons le souvenir de ce grand homme; transmettons-le à nos enfants et à nos disciples, et que sa doctrine soit toujours notre règle. Saluons dans Thalès celui qui a inauguré tous nos travaux.

[5] ANAXIMENE A PYTHAGORE.

Tu as agi plus sagement que nous en émigrant de Samos à Crolone où tu vis en paix; car les descendants d’Eacus accablent de maux tes compatriotes. Milet n’est pas non plus délivré de la tyrannie. Joins à cela les menaces que nous adresse le roi des Mèdes pour nous forcer à devenir ses tributaires. Les Ioniens se préparent à déclarer la guerre aux Mèdes pour la liberté commune ; mais, la guerre engagée, nous n’avons plus aucune espérance de salut. Comment donc Anaximène pourrait-il s’appliquer à la contemplation des choses célestes, menacé qu’il est de la mort ou de l’esclavage ? Quant à toi, les Crotoniates t’aiment; les habitants de la grande Grèce t’estiment; la Sicile même te fournit des disciples.

(1) C’est-à-dire en 528 , ce qui ne peut s’accorder avec la fin de la phrase ; car Sardes fut prise en 538 ; Suidas dit au contraire, au mot Anaximène, qu’il naquit l’année de la prise de Sardes. Cette date s’accorde assez bien avec le récit de presque tous les historiens qui le font maître d’Anaxagore, né en 500.

(2) Je lis Θαλῆς ἐκ καλοῦ ἔτι γήρως.