Aristote : Topiques

ARISTOTE

LOGIQUE. TOME QUATRE

TOPIQUES : LIVRE VI : LIEUX COMMUNS DE LA DÉFINITION..

Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

chapitre VII

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TOPIQUES.

LIVRE SIXIÈME.

LIEUX COMMUNS DE LA DÉFINITION.

 

 

 

 

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CHAPITRE VII.

Sept lieux pour attaquer la définition.

1 Σκεπτέον δὲ καὶ εἰ καθ´ ἕτερόν τι μᾶλλον λέγεται τὸ ὁρισθὲν ἢ κατὰ τὸν ἀποδοθέντα λόγον, οἷον εἰ ἡ δικαιοσύνη δύναμις τοῦ ἴσου διανεμητική. Δίκαιος γὰρ μᾶλλον ὁ προαιρούμενος τὸ ἴσον διανεῖμαι τοῦ δυναμένου, ὥστ´ οὐκ ἂν εἴη  [146a] ἡ δικαιοσύνη δύναμις τοῦ ἴσου διανεμητική· καὶ γὰρ δίκαιος εἴη ἂν μάλιστα ὁ δυνάμενος μάλιστα τὸ ἴσον διανεῖμαι.

2 Ἔτι εἰ τὸ μὲν πρᾶγμα δέχεται τὸ μᾶλλον, τὸ δὲ κατὰ τὸν λόγον ἀποδοθὲν μὴ δέχεται, ἢ ἀνάπαλιν τὸ μὲν κατὰ τὸν λόγον ἀποδοθὲν δέχεται, τὸ δὲ πρᾶγμα μή· δεῖ γὰρ ἢ ἀμφότερα δέχεσθαι ἢ μηδέτερον, εἴπερ δὴ ταὐτόν ἐστι τὸ κατὰ τὸν λόγον ἀποδοθὲν τῷ πράγματι. 3 τι εἰ δέχεται μὲν ἀμφότερα τὸ μᾶλλον, μὴ ἅμα δὲ τὴν ἐπίδοσιν ἀμφότερα λαμβάνει, οἷον εἰ ὁ ἔρως ἐπιθυμία συνουσίας ἐστίν· ὁ γὰρ μᾶλλον ἐρῶν οὐ μᾶλλον ἐπιθυμεῖ τῆς συνουσίας, ὥστ´ οὐχ ἅμα ἀμφότερα τὸ μᾶλλον ἐπιδέχεται· ἔδει δέ γε, εἴπερ ταὐτὸν ἦν.

4 Ἔτι εἰ, δύο τινῶν προτεθέντων, καθ´ οὗ τὸ πρᾶγμα μᾶλλον λέγεται τὸ κατὰ τὸν λόγον ἧττον λέγεται, οἷον εἰ τὸ πῦρ ἐστι σῶμα τὸ λεπτομερέστατον. Πῦρ μὲν γὰρ μᾶλλον ἡ φλόξ ἐστι τοῦ φωτός, σῶμα δὲ τὸ λεπτομερέστατον ἧττον ἡ φλὸξ τοῦ φωτός· ἔδει δ´ ἀμφότερα μᾶλλον τῷ αὐτῷ ὑπάρχειν, εἴπερ ταὐτὰ ἦν. 5 Πάλιν εἰ τὸ μὲν ὁμοίως ἀμφοτέροις ὑπάρχει τοῖς προτεθεῖσι, τὸ δ´ ἕτερον μὴ ὁμοίως ἀμφοτέροις ἀλλὰ τῷ ἑτέρῳ μᾶλλον.

6 Ἔτι ἐὰν πρὸς δύο τὸν ὁρισμὸν ἀποδῷ καθ´ ἑκάτερον, οἷον τὸ καλὸν τὸ δι´ ὄψεως ἢ δι´ ἀκοῆς ἡδύ, καὶ τὸ ὂν τὸ δυνατὸν παθεῖν ἢ ποιῆσαι· ἅμα γὰρ ταὐτὸν καλόν τε καὶ οὐ καλὸν ἔσται, ὁμοίως δὲ καὶ ὄν τε καὶ οὐκ ὄν. Τὸ γὰρ δι´ ἀκοῆς ἡδὺ ταὐτὸν τῷ καλῷ ἔσται, ὥστε τὸ μὴ ἡδὺ δι´ ἀκοῆς τῷ μὴ καλῷ ταὐτόν· τοῖς γὰρ αὐτοῖς καὶ τὰ ἀντικείμενα τὰ αὐτά· ἀντίκειται δὲ τῷ μὲν καλῷ τὸ οὐ καλόν, τῷ δὲ δι´ ἀκοῆς ἡδεῖ τὸ δι´ ἀκοῆς οὐχ ἡδύ. Δῆλον οὖν ὅτι ταὐτὸν τὸ οὐχ ἡδὺ δι´ ἀκοῆς τῷ οὐ καλῷ. Εἰ οὖν τί ἐστι δι´ ὄψεως μὲν ἡδὺ δι´ ἀκοῆς δὲ μή, καλόν τε καὶ οὐ καλὸν ἔσται. μοίως δὲ δείξομεν καὶ ὅτι ταὐτὸν ὄν τε καὶ οὐκ ὄν ἐστιν.

Ἔτι τῶν γενῶν καὶ τῶν διαφορῶν καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων τῶν ἐν τοῖς ὁρισμοῖς ἀποδιδομένων λόγους ἀντὶ τῶν ὀνομάτων ποιοῦντα σκοπεῖν εἴ τι διαφωνεῖ.

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1 II faut voir encore si le défini ne serait pas d'une autre chose plutôt que de la définition donnée : par exemple, on se trompe si l'on dit que la justice est la faculté distributrice de l'équité; car celui qui se résout à donner l'équitable est plus juste que celui qui peut le donner. Ainsi, la justice n'est pas précisément la faculté distributrice de l'équité; car alors celui-là serait le plus juste qui peut répartir l'équité.

2 Et encore il faut voir si la chose reçoit le plus, quand ce qui est donné dans la définition ne le reçoit pas; ou réciproquement, si ce qui est donné dans la définition le reçoit, et que la chose ne le reçoive pas; car il faut que les deux termes le reçoivent, ou qu'aucun des deux ne le reçoive, puisque ce qui a été donné dans la définition est identique à la chose définie. 3 Il faut voir, en outre, si les deux termes reçoivent le plus, sans que tous deux prennent en même temps l'accroissement. Par exemple, c'est une faute si l'on dit que l'amour est un désir de cohabitation; car celui qui aime plus ne désire pas plus la cohabitation. Ainsi, les deux termes ne reçoivent pas en même temps le plus, et il faudrait qu'ils le reçussent, puisqu'ils sont une même chose.

4 Il faut voir, deux termes étant donnés, si la définition n'est pas dite en moins de celui dont le définition-même est dit en plus. Par exemple, si l'on dit que le feu est le corps dont les parties sont les plus ténues; car la flamme est plus feu que la lumière, et cependant la flamme est un corps à parties moins ténues que la lumière; or, il faudrait que les deux termes fussent en plus à la même chose, puisqu'ils sont identiques. 5 De plus, il faut voir si, l'une des deux définitions étant également aux deux termes avancés, l'autre est non pas également aux deux, mais plus à l'un ou à l'autre.

6 Regardez encore si la définition relative à deux termes se rapporte bien à l'un et à l'autre : par exemple, quand l'on appelle beau ce qui est doux à voir ou doux à entendre ; et être, ce qui peut souffrir ou agir; car alors le beau et le non beau seront la même chose. Et de même pour l'être et le non être. Dès lors, en effet, l'agréable à entendre sera la même chose que le beau; ainsi, ce qui n'est pas agréable à entendre sera identique à ce qui n'est pas beau; car pour des choses identiques, les opposés sont identiques, et à beau est opposé le non beau et à agréable à entendre le non agréable à entendre; mais il est évident que ce qui n'est pas doux à entendre est identique à ce qui n'est pas beau. Si donc, quelque chose agréable à voir ne l'est pas à entendre, ce sera tout à la fois beau et non beau. Nous pourrions démontrer de même, qu'en ce sens, l'être et le non être sont identiques.

7 Enfin, il faut voir, si, quand au lieu de noms on substitue les définitions des genres, des différences, et de tous les autres éléments qu'on met dans les définitions, il n'y a pas quelque discordance.

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§ 1. Est la faculté distributrice, C'est dans le mot faculté qu'il faut chercher le vice de cette définition : la justice consiste, non pas à pouvoir rendre à chacun ce que veut l'équité: la justice n'est pas une simple puissance, une simple faculté; c'est la résolution bien arrêtée, et passée en acte, de rendre à chacun ce que l'équité réclame. Autrement, il s'ensuivrait, chose absurde, que celui-là est le plus juste qui peut rendre à chacun ce qui est équitable, sans d'ailleurs le rendre réellement: l'acte seul constitue vraiment la justice.

§ 2. Si la chose, C'est-à-dire le défini.

§ 6. La définition relative à deux termes, Qui renferme deux termes auxquels le défini s'applique également, qui définit la chose par deux termes compris dans une seule et même définition.

§ 7. Enfin il faut voir, Le sens de ce paragraphe est un peu obscur; le voici sous forme plus claire: Pour attaquer la définition, il faut parfois, à la place des noms des genres, des différences, etc., substituer la définition; et si la définition ainsi substituée ne s'accorde pas avec le nom antérieurement posé, on peut alors attaquer sous ce rapport la définition d'abord donnée.

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